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Amis du Diocèse du Sahara
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En partenariat avec croire.com   - en exclusivité - une courte interview télévisuelle de Mgr Claude RAULT, et en conclusion, le Notre Père chanté en arabe lors de la messe d'actions de grâce célébrée à l'abbaye de Tre Fontane le lendemain de la Béatification.

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LDCtitre  OFFICIEL
mldune cliché P.M Laurent
ASSEMBLEE DIOCESAINE : 26-27 Mai 2005
OUVERTURE.
Mgr Claude RAULT
 septembre 2005
Lettre du diocèse Laghouat-Ghardaïa

   Bien chers amis.

    " Faire caravane ensemble ", ensemble avec vous, et avec toutes ces personnes avec lesquelles nous sommes rattachés par des liens visibles ou invisibles. C’est la vocation qui m’a été offerte au moment où j’ai accepté de prendre le bâton de pèlerin laissé par Michel Gagnon, dont nous allons célébrer la mémoire et la présence, ensemble ce soir au cours de l’Eucharistie.

Bienvenue à la caravane du Hoggar, arrivée dans la nuit d’hier, bienvenue à la caravane de la Saoura, bienvenue à la caravane du Nord Ouest, bienvenue à la caravane de l’Est… et à celle du Centre déjà présente sur place en  grande partie.
La maison diocésaine est devenue une sorte de caravansérail, et tout a été fait pour que les chameaux puissent se reposer, et que les chameliers et chamelières puissent se rencontrer, prier, échanger, mais aussi… travailler ensemble avant de reprendre la route pour une nouvelle étape de notre vie d’Eglise en marche.
   
Grâce à Dieu et à vous, j’ai pu faire le tour du Diocèse. J’ai commencé en février, et j’ai pu terminer voici quelques jours par un voyage à Rome… cela ne pouvait pas mieux se faire, pour une béatification reportée, mais des rencontres pleines de promesses. J’espère seulement que les promesses pourront prendre chair dans notre vie diocésaine.
Ce voyage à Rome m’a permis de cueillir sur la place St Pierre la bénédiction de notre grand Cheikh Benoît, qui je l’espère, va déborder jusqu’à vous ! Je vous la transmets dès maintenant !
   
Je voudrais avant le travail dans nos différentes assemblées et carrefours, dresser devant vous quelques traits de cette Eglise diocésaine telle que je la vois maintenant, telle qu’elle m’est apparue au cours de cette première visite, avec ses beautés, ses points de solidité, mais aussi ses défis et points d’inquiétude.

1- La vie des différents Secteurs.
   
    Les Secteurs constituent, après chacune des communautés chrétiennes et des communautés religieuses, notre premier relais d’Eglise Diocésaine. D’une façon générale, c’est là que s’exprime d’abord notre vécu de communauté diocésaine.
Les rencontres de Secteurs ont été de bons moyens pour mettre en œuvre les orientations de l’Assemblée Générale de septembre dernier à Alger, préparée déjà au niveau de ces mêmes Secteurs. Nous vivons dans le souffle qui a traversé cette Assemblée.
C’est dans la foulée de cette Assemblée diocésaine que nous allons travailler pendant ces deux jours. Un bon travail s’y est déjà fait, qui facilitera et nos échanges et les orientations que nous prendrons pour aller plus loin sur la piste.
Je porterai donc un regard sur chacun des Secteurs, notant ce que j’y vois de particulier, puis une vue d’ensemble plus globale.

Le Secteur Est : Ouargla et Touggourt.
Il s’est élargi cette année de deux nouveaux membres, et ce fut une grande joie partagée que de les accueillir parmi nous.
Les Petites Sœurs de Touggourt ont accueilli au cours de l’année quelques Ptes Sœurs qui ont élargi leur horizon et qui leur a permis de partager leur vécu avec une Fraternité plus élargie. Elles n’ont pas été sans épreuve puisque Virginia et Hénia ont failli perdre leur travail, heureusement repris grâce à la solidarité des personnes de leur entourage professionnel.
Touggourt attend l’arrivée espérée d’une communauté de PIME, congrégation missionnaire italienne. Ce n’est encore qu’un projet, mais qui prend forme peu à peu et notre espérance prend la tournure d’une réalité. Attendons.
A Ouargla, les Ptes Sœurs de St François ont peu accueillir pour une année une nouvelle compagne, ce qui a renforcé la fraternité en l’absence de Gisèle… dont nous espérons le retour.
La communauté des Pères Blancs devrait se renforcer grâce à l’arrivée d’un nouveau confrère, ancien stagiaire à Oran, et par un nouveau stagiaire. La reconstruction de la maison du Ksar est en cours. La communauté assure toujours le service pastoral de Hassi Messaoud.

Le secteur Centre : Laghouat, Ghardaia, El Goléa.
Nous voici sur place. A Laghouat, nous signalons la présence d’un petit groupe d’étudiants subsahariens, suivi par la communauté des Pères de Ghardaia, en lien avec le service pastoral de Hassi R’Mel.
Ghardaïa a bénéficié de nouvelles énergies grâce à l’arrivée d’Alain et de Cécile, pour le service du Diocèse. Egalement, la communauté des Sœurs Blanches s’est renforcée grâce à l’arrivée de Sr Marie Christine. La communauté des Pères Blancs est assez engagée dans l’accueil au niveau de la Maison Diocésaine, ce qui n’est pas sans influence sur les différents engagements déjà pris sur la ville. Un nouveau stagiaire devrait venir nous rejoindre en septembre. Vous pouvez voir que le chantier du futur évêché avance bien. D’autres projets sont en vue dans le quartier de la Hoffra. Nous avons aussi la présence de quelques laïcs si bien enracinés dans le pays depuis longtemps.
La présence assez consistante de permanents et de permanentes de l’Eglise à Ghardaia m’a permis de constituer assez vite un " Conseil rapproché " constitué de Miquel (qui a accepté d’être reconduit dans sa charge de Vicaire Général jusqu’en juin 2007), de Speciosa (engagée dans le service Caritas), et d’Alain et Cécile Mignot. Nous faisons de notre mieux pour nous réunir dans une fréquence  de 15 jours ou 3 semaines. Je tiens à remercier de Conseil pour toute l’aide qu’il apporte à la bonne marche du Diocèse.
Une autre initiative a été de créer un Service Caritas rattaché directement au Diocèse, en accord avec le P. Denys Gonzalès. Un petit bureau a été constitué avec Speciosa comme responsable, Alain comme économe, Anne Marie et Félix comme membres. Déjà, les personnes travaillant dans une action sociale dans le Diocèse avaient été contactées pour une enquête qui a beaucoup aidé pour la constitution de ce service au niveau du Diocèse.
A El Goléa, le Père LeClerc scrute l’horizon pour voir si un directeur n’est pas en vue pour prendre le musée en main… rien de précis jusqu’à ce jour.
Les Sœurs Blanches sont engagées dans plusieurs activités et auprès des femmes et auprès des handicapés, soit sur place, soit dans les familles.
Le corps de Charles de Foucauld repose toujours paisiblement à l’ombre de l’église de Bel Bachir… un courant venu de Tamanrasset et émanant de membres de la population fait un peu pression pour ramener le corps à Tamanrasset. Je me suis exprimé auprès d’eux à ce sujet en disant que je ne prendrai aucune initiative dans ce sens, mais si les autorités de Tam font les démarches et prennent les choses en main, je ne m’y opposerai pas en tant qu’évêque puisque la volonté de Charles de Foucauld était de reposer sur les lieux mêmes de sa mort. A eux de s’arranger avec les autorités d’El Goléa.
   
Le Secteur Ouest : El Abiodh et Ain Séfra.
C’est le Secteur le plus fragilisé du Diocèse. Et pourtant sans doute à la fois le plus peuplé et le plus pauvre. Les Petites Sœurs de Jésus à El Abiodh continuent d’assure leur présence et leur activité auprès des populations nomades sédentarisées ou encore sur le terrain. Les Petits Frères de Jésus ne sont pas sûr de pouvoir continuer à assurer une présence dans ce lieu qui est pourtant celui de leur fondation. Un appel a été fait en direction d’une autre communauté semi-monastique… nous espérons une réponse positive, mais jusqu’ici aucune réponse n’a été faite à mon courrier. Peut-être les Petits Frères pourront-ils reconsidérer la chose, au moins pour quelques années, le temps de trouver une trans-mission. Il est certain que la présence d’une communauté masculine dont l’un des membres soit prêtre nous permettrait de renforcer une présence dans ce secteur.
A Ain Séfra, nous faisons le deuil après le décès de François Cominardi, qui avait une présence et des activités assez élargies. Nous avons contacté les Sœurs Franciscaines pour une nouvelle implantation. Elles ont retenu favorablement notre demande, et au niveau de leur Conseil Général (que j’ai pu contacter à Rome) et au niveau de leur Conseil Provincial. Prions donc pour que cette espérance prenne corps ! Il est évident que cela posera encore plus la question d’un service eucharistique et d’une animation spirituelle  de l’ensemble de ce secteur. Mais il y a urgence !

 Le Secteur Saoura (Sud Ouest)
J’ai pu séjourner dans ce secteur, pas aussi longtemps que je l’aurais voulu, mais assez pour être bien accueilli ! A Adrar, la communauté des Sœurs a pu être renforcée grâce à la présence de Sr Michèle. J’ai pu lors de mon séjour à Rome voir la Responsable Générale et un membre du Conseil et posé la question d’un relais pour aider cette communauté. La demande est faite… espérons toujours.
Philippe assure le service eucharistique et à Adrar et à Timimoun, mais s’est aussi improvisé professeur de français avec un succès qui dépasse ses possibilités, mais le voici bien ancré dans cette capitale du grand sud.
A Timimoun, la communauté des Sœurs Blanches s’est bien investie dans la promotion féminine et à Timimoun même et dans quelques ksour voisins.
A Beni Abbès, les deux communautés des Petits Frères de l’Evangile et des Petites Sœurs de Jésus, continuent leur vie bien enracinée dans cette oasis du sud ouest. Elles sont sollicitées par l’accueil de quelques pèlerins sur les pas du Frère Charles, mais aussi par des personnes de leurs Instituts ou de l’Eglise d’Algérie qui leur demande une hospitalité spirituelle de quelques jours ou de plusieurs semaines. Le fr. Xavier donne une aide appréciée aussi pour l’apprentissage de l’arabe… les inscriptions sont ouvertes !

Le Secteur Hoggar.
Jusqu’ici, la présence de l’Eglise dans ce secteur a surtout été " foucauldienne ". Les fraternités (surtout le Fr. Antoine et les Ptes Srs du Sacré Cœur)  tout en étant bien enracinées, assurent aussi l’accueil des touristes – pèlerins, qui se font plus nombreux. Les Petites Sœurs de Jésus ne pensent pas pouvoir renouveler et renforcer leur présence, mais continuent d’avoir de bonnes relations avec l’environnement. Emmanuel, d’abord prévu pour l’accueil des pèlerins de passage, est en train de mettre au point un projet de cours de français pour adulte, ce qui est assez demandé actuellement. Nous avons envisagé la possibilité de l’engagement d’une communauté apostolique pour l’avenir… il est vrai que Tamanrasset a beaucoup changé et que de nouveaux défis nous invitent à nous engager autrement, sans pour autant mettre de côté ce qui s’y vit déjà depuis longtemps. Je reviendrai sur la présence des Africains subsahariens.
A l’Assekrem, Alain et Edouard ont vu arriver Ventura dans la joie de Siméon qui peut partir en paix, mais il faudra renforcer cette présence sur le Plateau.
Tazrouk devra sans doute fermer, suite au départ du Fr. Abdallah à Marseille pour des problèmes de santé. Ce sera un départ douloureux vu l’enracinement profond de la Fraternité dans ce village du Hoggar.
J’ai sûrement oublié des noms, des visages, je n’ai pas mentionné chacun et chacune dans ce long parcours. Je demande pardon pour mes omissions, mes oublis, mes distractions qui ne sont pas l’effet de l’âge mais d’un trait de caractère qui je traîne depuis mon enfance !

2- Les points de solidité et d’espérance.

Je devrais peut-être finir par là, mais nous risquerions de reposer sur nos lauriers…
Je me suis senti accueilli, attendu, et aussi dans un grand climat de confiance et de simplicité. Et j’aimerais que nous puissions continuer dans ce climat fraternel et convivial. Je sais que chaque jour vous priez pour votre évêque, et ce m’est un réconfort inimaginable. Je n’ai même pas eu à passer par une période d’adaptation… De cette attention, je vous remercie.
Je voudrais rendre une fois encore hommage à Michel Gagnon qui a été au service de la vie, qui a maintenu la vie de ce diocèse dans des temps si difficiles, allant jusqu’à l’épuisement de ses forces. J’y reviendrai ce soir où nous ferons mémoire de son service et de sa présence totalement donnée au service de la vie Diocèse.
J’ai rencontré une église à la fois fragile et pleine de vitalité au regard de ses membres souvent avancés en âge. Chacun et chacune donne le meilleur de soi-même, c’est assez fantastique d’être témoin de cette vitalité.
Cette Eglise est profondément enracinée dans le pays, j’ai pu souvent le constater dans les nombreuses rencontres d’Algériens et d’Algériennes que vous avez tenu à me faire rencontrer. Cela aussi m’a été un sujet de joie profonde de partager vos amitiés. Souvent c’est l’occasion d’échanges et de débats qui sortent vraiment de la banalité, dans la confiance et le respect mutuels.
J’ai rencontré une Eglise Diocésaine profondément engagée, à la mesure de ses pauvres moyens, dans le défi de la rencontre, du service de la croissance des personnes, femmes, enfants handicapés, vous êtes aux frontières de tant de pauvretés ! Même si vous vous entez dépassés par elle, même si mes moyens mis en place sont dérisoires au regard des besoins exprimés. A travers ces petits moyens des hommes et des femmes se remettent debout.
J’ai rencontré une Eglise Diocésaine qui prie, qui aime se rencontrer seulement pour cela et partage cette prière avec les personnes de passages, souvent surpris et même bouleversés de rencontrer des hommes et des femmes de Dieu vivre leurs engagements humains dans ce ressourcement spirituel et mutuel si nécessaire. Il y a là un témoignage mutuel à vivre qui passe largement les frontières de nos communautés chrétiennes.
J’ai rencontré une Eglise Diocésaine qui veille au soutien mutuel de ses membres, notamment à travers ces rencontres de Secteur, qui exigent souvent beaucoup et des personnes qui prennent la route et de celles qui accueillent. C’est un premier jalon pour faire caravane ensemble, à la suite de Jésus partagé, rencontré, à la façon des pèlerins d’Emmaüs. Il nous faut ces temps de rencontre pour Le reconnaître à travers la banalité de nos existences. Le désert a ses endroits exceptionnellement beaux, il a aussi ses longs espaces secs et arides, ennuyeux où il est facile de s’endormir. Il nous faut des oasis paisibles et frais pour y refaire nos forces. Merci aux communautés d’accueil qui offrent leur espace pour ces moments de convivialités et de partage de notre Essentiel.
J’ai rencontré une Eglise Diocésaine dont l’insignifiance et la vitalité parlent à notre Eglise universelle infiniment plus qu’elle ne l’imagine. Elle parle par sa présence, par sa pauvreté, par son rayonnement, par cette Présence Réelle dont je vous parlais dans mon dernier billet mensuel. Il ne faut pas parler en terme d’influence, mais notre rayonnement dépasse notre petit nombre. Nous ne savons pas ce que nous rayonnons, et nous n’avons pas à le savoir… de cette façon nous n’avons aucun orgueil à en tirer.
Notre seule fierté, c’est de servir cette humanité au cœur de laquelle nous sommes immergés, et qui nous le rend au centuple.

3- Les défis et points d’inquiétude.

    Mais… il y a aussi des zones d’ombre, des défis ardus, des points d’inquiétude, même, que je voudrais vous partager, et dont je vous sais très conscients.
Le premier est celui de notre avenir. Peut-être suis-je enclin à m’en trop soucier ? Mais je suis venu pour, à vos côtés, avec vous, faire vivre ce Diocèse, faire la route avec vous et avec ce peuple qui a besoin de notre présence et qui est indispensable aussi à notre vie évangélique, à notre vie ecclésiale. Alors… il nous faut être là, il nous faut vivre, et pas seulement continuer à survivre. Assurer notre avenir, donc, avec la grâce de Dieu, prier le maître de la Moisson, mais aussi appeler. C’est ce que j’ai fait sans trop tarder, prenant le relais de Michel et de Miguel. Appel auprès de la famille spirituelle de Charles de Foucauld, appel à la communauté de Bose, auprès des Sœurs Blanches, des Pères Blancs, appel auprès des Sœurs Franciscaines, des Filles de la Charité, des Missionnaires Italiens PIME et des Sœurs de Marie Immaculée, de la même famille spirituelle.
Il nous faudra dans ce domaine relancer un peu plus le laïcat, et d’autres familles spirituelles qui peuvent peut-être nous rejoindre dans notre projet apostolique et évangélique. Que cet appel soit le fait de toute notre Eglise, interpellant à temps et à contre temps le Maître de la Moisson, mais aussi les familles spirituelles et les bonnes volontés que nous pouvons connaître. Cela ne peut se faire qu’en faisant des projets, dans la ligne de ce service de l’Evangile que nous voulons vivre dans notre Eglise.
Il y a un autre défi que je voudrais mentionner, c’est celui de la qualité de notre vie communautaire et fraternelle. Le témoignage le plus fort que Jésus indique dans l’Evangile de Jean est celui de l’amour mutuel. Il ne s’agit pas de vivre enfermés et bien confortablement installés dans nos bulles (d’ailleurs je crois que cela ne durerait pas longtemps et que ces bulles éclateraient bien vite), mais de travailler davantage à la vitalité de nos communautés chrétiennes, de nos communautés religieuses, de nos fraternités. Je crois qu’il n’y a pas de meilleur laboratoire évangélique que nos communautés. Elles sont réduites, fragiles, et nous ne pouvons pas échapper les uns les autres à ce défi de l’amour mutuel qui témoigne de la présence de Celui qui est au milieu de nous. Tout effort dans ce sens donne une dimension indicible à notre témoignage. Plus que partout ailleurs nous sommes invités à le rayonner. C’est dans nos communautés que nous pouvons faire savoir, comme le disait Christian de Chergé, que nos différences prennent le sens d’une vraie communion.   
Le dernier défi que je voudrais mentionner est celui de la présence au cœur de notre Diocèse, de zones humaines et géographiques de pauvretés sans doute plus criantes qu’ailleurs. En tout cas, elles sont là, à notre portée, au cœur de notre Diocèse.
C’est d’abord la présence des migrants subsahariens. Parfois leur  nombre diminue, au gré des renvois aux frontières, parfois leur nombre augmente… ce flux et reflux nous interpellent. Je ne sais pas ce qu’il faut faire. Mais il y a là une interpellation criante que nous ne pouvons pas ignorer, et surtout à la quelle il ne faut pas nous habituer, ce serait terrible, aussi terrible que le riche qui ne voit plus au pas de sa porte le pauvre Lazare. Nous faisons déjà ce qu’il nous semble urgent de faire. Comment aller plus loin ? Comment rendre plus inventive notre charité ?
C’est aussi la présence, mais plus loin de nous, de 200 000 réfugiés sahraouis. Depuis près de 35 ans ils vivent dans des camps. La mortalité infantile est alarmante, les jeunes adultes n’ont connu que les camps. Des étudiants rentrent avec des diplômes inutiles. La situation politique, ne semble pas s’améliorer entre les protagonistes. Les Nations Unies semblent avoir oublié ce coin de la terre, comme tant d’autres à travers le monde. La population vit sous perfusion des Nations Unies et des ONG qui n’ont pas oublié ces camps. Je ne vous dis pas cela pour engendrer une sorte de culpabilité maladive, simplement pour rappeler à notre mémoire et à notre souci ces milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui attendent que justice leur soit faite.
Enfin rappelons-nous que nous vivons sur le trésor financier de l’Algérie. Le Sahara renferme près de 90% de la richesse du pays de par la production pétrolière et gazière. Et pourtant nous continuons à voir des milliers de jeunes errer sur les trottoirs de nos villes, attendant que justice soit faite, que leur dignité soit reconnue par satisfaction de leur droit au travail. Vont-ils rester indéfiniment, attendant l’âge d’une retraite qui ne viendra jamais, assis sur les trottoirs ou à la terrasse des cafés ? Quel avenir pour eux ? Quelle justice pour eux ? Ils se nourrissent de petits boulots ou d’expédients qui ne peuvent satisfaire leur besoin de justice et de dignité. Comment les rejoindre, sans avoir la prétention de changer le monde, mais en apportant nos pauvres moyens, nos mains nues, même si nous n’avons que cela à offrir.
J’achève ce regard qui reste partiel, modeste. Vous voyez que la moisson est abondante et les ouvriers aussi peu nombreux que ceux que Jésus avait sous la main.
C’est cela qui nourrit notre espérance et nous invite à ne pas baisser les bras : il était aussi démuni que nous ! Et pourtant avec la poignée d’hommes et de femmes dont il disposait, il a changé la face du monde. A eux il a dit "Sois sans crainte, petit troupeau parce qu’il a plu au Père de vous donner le Royaume ". Il nous le redit aussi aujourd’hui.
C’est sur cette parole d’espérance que nous sommes invités à aller de l’avant. L’Assemblée Interdiocésaine nous a lancés dans ce flot d’espérance, et elle ne déçoit point. Je vous laisse sur cette lancée pour inscrire dans la vie de notre Eglise Diocésaine une nouvelle page pour ces temps qui viennent. Vos suggestions aideront le Conseil Diocésain de samedi de prendre les orientations nécessaires pour aller de l’avant.
Merci à Jean Toussaint d’être venu nous rejoindre pour nous aider à bien vivre ce temps de réflexion. Merci à Miguel, Anne Marie, Alain et Zawadi pour leur travail de préparation, et comme Job, mettant la main sur ma bouche, je leur laisse le relais pour la suite.

                                                                                                                                       +Claude.

ASSEMBLEE DIOCESAINE A GHARDAIA!
                               26 et 27 Mai 2005
LE SOUFFLE DE L’ESPRIT ETAIT CHAUD !
                                
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 septembre 2005
Lettre du diocèse Laghouat-Ghardaïa

" Esprit de Pentecôte, emporte nous dans ton élan ",  c’était l’invitation reçue par chacun pour cette assemblée diocésaine…l’élan a été grand : nous étions uns cinquantaine, arrivés de bien loin et reçus dans toutes les bonnes maisons (et terrasses !) de Ghardaïa !  Joie de se retrouver,de découvrir les nouveaux arrivés, de saluer le départ (déjà) de Jacqueline de Ouargla… d’être rassemblés par Claude Rault, ce pasteur qui déjà nous a visités et mis en route  lors des réunions de secteur.  Joie d’être accueillis par l’équipe de préparation dans cette bonne " maison des Pères " qui avait préparé avec attention de quoi nous faire travailler dans la convivialité et …les courants d’air pour lutter contre la chaleur! et d’être " sonné " par Zawouadi à chaque changement d’activité!et de retrouver Gérard Chanron venu " en tenue de service " donner un coup de main avec Jean, son beau frère, pour vider la maison de François Cominardi à Aï-Sefra.

Vous pourrez lire l’introduction de Claude redisant le lien de cette assemblée avec l’AID de septembre et  l’intervention de Jean Toussaint nous donnant son témoignage : sa présence et les rencontres, en Egypte, puis en Algérie l’ont ouvert à un dialogue qui le change.

 Jeudi, nous avons travaillé en groupe mêlé, sur les questions que nous posent notre présence/dialogue au quotidien.
 Vendredi, les carrefours rassemblaient les personnes vivant des solidarités proches (promotion féminines, présence aux handicapés, cours de français et bibliothèque, présence aux étudiants, besoins de formation…) pour partager et s’interroger.
Ayant chacun dans vos communautés un participant, nous vous laissons l’interroger sans le lasser ; faites le parler des extras gastronomiques préparés par chaque secteur, de la soirée sous le palmier où, à défaut de musiciens, Marie-Claude a fait un show pour l’anniversaire de Miguel, Claude R. a joué de la clarinette ! et lu quelques drôleries.., de la célébration de jubilé de Christiane Baulieu avec de beaux symboles et le pain fait sous la tente….

Et nous, nous vous donnons quelques échos synthétiques des évaluations :
Pour continuer la route, ce qui revient le plus souvent, c’est le désir d’aller de l’avant ensemble, d’écouter ceux qui nous interpellent, de  progresser dans le discernement.   
 Ce qui a manqué, c’est la présence des étudiants (en examen), encore plus de temps pour les rencontres, les carrefours, et... la fraîcheur !
Merci aux organisateurs fatigués et pourtant " sur le pont " sans cesse, merci à chacun de ce temps privilégié de vie en église, nous devons nous tourner avec confiance et lucidité sur ce qu’il y a à mettre en œuvre pour poursuivre et appeler de nouvelles présences. L’Esprit nous emportera dans son élan !
Un conseil financier le mercredi, et un conseil des délégués de secteur, ont " bordés " ces deux jours!
Notre nouveau pasteur serait-il infatigable ?!!
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Amis du Diocèse du Sahara
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