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Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
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(Mise à jour du 20 août 2007)

Visite « Ad limina » de la Conférence Episcopale Régionale du Nord de l'Afrique (CERNA)


 “Il faut approfondir la connaissance réciproque pour créer un monde dans lequel on vit la paix fondée sur le respect de l’autre” affirme Mgr Landel président des évêques du Nord de l’Afrique, à Rome


Adresse de Mgr  Landel, archevêque de Rabat (Maroc) et président de la Conférence épiscopale régionale du Nord de l’Afrique au Pape Benoit XVI, lors de la visite ad limina
Discours du St Père le 9 Juin au matin.

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ROME, Vendredi 8 juin 2007 (ZENIT.org) – Ce matin le pape Benoît XVI a également reçu 5 évêques de la conférence épiscopale régionale d’afrique du Nord (C.E.R.N.A.), en visite « ad limina »:
Mgr Maroun Elias Lahham, évêque de Tunis (Tunisie);
Mgr Claude Rault, M. Afr., évêque de Laghouat (Algérie);
Mgr Gabriel Piroird, évêque de Constantine (Algérie);
Mgr Giovanni Innocenzo Martinelli, O.F.M., évêque titulaire de Tabuda, vicaire apostolique de Tripoli (Lybie);
Mgr Alphonse Georger, évêque d’Oran (Algérie).
Cet après-midi, le pape a reçu en audience 3 autres représentants de la conférence épiscopale régionale d’afrique du Nord:
Mgr Sylvester Carmel Magro, O.F.M., évêque titulaire de Salde, vicaire apostolique (Lybie);
Mgr Acacio Valbuena Rodríguez, O.M.I., Préfet apostolique du Sahara occidental;
Et le P. José Seijas Torres, administrateur apostolique de Tanger (Maroc).
Lundi dernier, Benoît XVI avait reçu Mgr Henri Teissier, archevêque d’Alger (Algérie) et Mgr Vincent Landel, S.C.I. de Bétharram, archevêque de Rabat (Maroc).
La visite « ad limina » s’est ouverte lundi 4 juin par une célébration eucharistique en la basilique Saint-Pierre.

Des Évêques de la Région Nord de l'Afrique

Communiqué de la CERNA - visite ad limina à Rome
au terme de leur visite ad limina à Rome.
3 au 9 juin 2007


Les évêques et vicaires généraux de la CERNA se sont retrouvés à Rome le dimanche 3 juin pour étudier le programme de leurs rencontres dans les différents dicastères et se répartir les interventions au cours de la visite "ad limina apostolorum".
Une visite ad limina, c'est d'abord un pèlerinage au centre de l'Église catholique pour y apporter la vie des chrétiens de nos pays, et celle de toutes les personnes qui nous accueillent et parmi lesquelles nous sommes appelés à témoigner de l'amour du Christ. C'est ainsi que cette rencontre a débuté, le lundi 3 juin au petit matin, par la messe auprès de la tombe de l'apôtre Pierre. Le mardi matin, nous célébrions à Ste Marie Majeure auprès de la Mère de Jésus. Le mercredi, la liturgie à St Paul hors les Murs nous rappelait que nous sommes envoyés auprès de tous. Vendredi, nous étions à St Jean de Latran pour nous rappeler que nous avons à vivre dans l'intimité avec Jésus. Et samedi nous avons eu le privilège de célébrer dans une chapelle du pape, Redemptoris Mater, dont la mosaïque évoque toute l'histoire du salut, y compris celle des martyrs contemporains, dont Christian de Chergé.

Une visite ad limina, c'est aussi pour chaque évêque une rencontre personnelle avec le Saint-Père avec lequel il partage la charge de la mission. Dès le lundi matin, les deux archevêques de Rabat et Alger vivaient cette rencontre, avant que chacun des évêques ne soit reçu durant 15 minutes le vendredi. Le samedi, le Saint-Père a accueilli la conférence épiscopale – archevêques, évêques et vicaires généraux : après l'adresse du président de la CERNA, Mgr Vincent Landel, Benoît XVI leur a livré son message aux Églises du Maghreb.
Une visite ad limina, c'est encore la rencontre avec les collaborateurs du Saint-Père pour leur permettre de mieux comprendre les situations humaines et ecclésiales du Maghreb, et approfondir avec eux quelques points qui apparaissent aux évêques plus importants, plus problématiques ou difficiles.

Chaque jour de la semaine fut l'occasion de nombreux rendez-vous. Au début de chacun, un membre de la CERNA a présenté nos Églises du Maghreb, avant de poser quelques questions concernant le champ de ce dicastère, afin de permettre un dialogue plus approfondi. Voici l'essentiel de ces échanges, dans l'ordre chronologique :

- à la Congrégation du Clergé, nous avons été reçus par le Secrétaire. Notre clergé comporte quelques prêtres incardinés, mais surtout des religieux et des prêtres Fidei Donum, dont quelques-uns proviennent désormais des Églises subsahariennes. Nous avons souligné la nécessité d'une formation plus adaptée afin qu'ils puissent vivre leur ministère au sein d'une société majoritairement musulmane. Nous avons évoqué la nécessité d'une formation continue pour faire l'unité de presbyteriums de plus en plus internationaux.

- à la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée : nous avons souligné auprès du Préfet l'importance de la vie religieuse comme signe de la charité du Christ dans nos différents pays, mais aussi la difficulté du renouvellement des communautés. La très grande difficulté dans plusieurs pays pour des étrangers de trouver un emploi qui permette aux personnes de vivre et de s'insérer décourage certains jeunes. La fragilité de nos communautés chrétiennes nécessite une communion toujours plus grande entre les instituts religieux et les évêques. Quand une communauté religieuse ferme, un signe d'Église s'éteint, une confiance s'interrompt, qui risque d'être difficile à rétablir.

- à la Congrégation pour l'Éducation Catholique, nous avons souligné l'importance de nos écoles (Maroc, Tunisie), de nos centres culturels et de nos bibliothèques. Nous voulons y donner notre contribution à la formation d'une nouvelle génération de Maghrébins ouverts, qui croient au dialogue et à la diversité.

- à la Congrégation des Évêques, nous avons présenté les mêmes convictions en insistant particulièrement sur la place que l'évêque tient pour donner à l'Église un visage et une voix dans une société qui ne partage pas notre foi.

- à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi furent abordés avec le cardinal-préfet et ses collaborateurs plusieurs questions difficiles à propos des mariages mixtes, du baptême de désir, mais aussi d'une approche théologique de nos relations aux musulmans. Nous nous rendons compte que nos mots chrétiens pour dire en arabe le mystère de Dieu sont souvent incompris de nos amis musulmans.

- au Conseil Pontifical pour les Communications sociales, le projet de l'Église d'Algérie de rendre son site internet plus interactif a reçu un écho très positif et la promesse d'un appui. Nous avons surtout exprimé le désir que les chaînes catholiques en langue arabe (très regardées au Maghreb) produisent des émissions destinées à un public plus large.

- au Conseil Pontifical pour les Laïcs, nous avons partagé au Secrétaire et à ses collaborateurs le rôle essentiel des laïcs qui sont l'Église auprès des musulmans avec lesquels ils sont étudiants subsahariens, cadres ou employés dans les entreprises. Comment les aider à en prendre conscience ?… Nous avons besoin aussi de volontaires laïcs compte tenu de la fragilité de nos communautés, pour assumer nos tâches d'Église. Ce Conseil a bien compris que dans notre contexte, il est difficile de proposer à des jeunes subsahariens de participer aux JMJ, mais il nous a encouragés à travailler le thème des prochaines JMJ et à lui partager nos expériences.

- au Conseil Pontifical "Justice et Paix", nous avons surtout fait le point sur la situation dramatique des migrants clandestins, et demandé comment l'Église Universelle pourrait intervenir auprès des organisations de l'ONU.

- au Conseil Pontifical pour la Famille, le président a remis à chaque évêque le "Lexique" que vient de rédiger ce dicastère et qui aborde les principaux problèmes d'éthique familiale de notre temps. Nous avons surtout parlé des mariages islamo-chrétiens, et par ailleurs des difficultés liées au SIDA.

- au Conseil Pontifical pour la pastorale des Migrants, malgré le très grand éventail de situations humaines dont s'occupe ce Conseil, nous nous sommes consacrés à la situation dramatique des migrants clandestins qui concerne nos 4 pays. Le Secrétaire a encouragé les évêques à continuer de s'investir dans la pastorale de la mobilité humaine.

- à la Congrégation pour l'Évangélisation des Peuples, le Cardinal a souhaité que chaque évêque exprime la situation propre de son diocèse, qu'on peut résumer en deux expressions : Dieu travaille au cœur de tout homme et il nous faut nous adapter à son rythme, et avec les jeunes subsahariens nous découvrons que l'essentiel de notre mission n'est pas tant de faire du travail social que d'être témoins par notre vie. Le Cardinal nous a encouragés, nous invitant à prier pour nos frères musulmans "car nous sommes ensemble en pèlerinage vers la patrie céleste".

- à la Congrégation pour la Cause des Saints, nous nous sommes réjouis auprès du Président de la béatification de frère Charles, et appris la progression de la cause d'un franciscain en Tunisie, et le nihil obstat accordé à la cause des 19 victimes de la crise algérienne, dont le procès diocésain en béatification peut s'ouvrir.

- au Secrétariat du Synode des Évêques, le Président nous a fortement encouragés à apporter notre contribution originale sur le dialogue islamo-chrétien au Synode Africain, et nous a remis les "lineamenta" (document préparatoire) du Synode de 2008 sur la Parole de Dieu.

- au Conseil Pontifical pour l'Unité des Chrétiens, les évêques ont fait le point de leurs relations avec les autres Églises présentes au Maghreb : Églises orthodoxes russe et grecque, Église copte, Église anglicane, Églises protestantes, et nouveaux groupes chrétiens.

- à la Congrégation pour le Culte divin, le délégué de la CERNA à la Commission Francophone des Textes Liturgiques a souligné le travail important qu'accomplit cette Commission, et souhaité une approbation plus rapide de ces documents. Les évêques ont présenté certaines questions propres à la vie liturgique de communautés très minoritaires.

- à la Secrétairerie d'État, chaque évêque a fait le point des relations entre l'Église et les responsables de la société dans son pays. Mgr Mamberti, responsable des relations avec les États, a souligné l'attachement du Saint Père au dialogue islamo-chrétien.

- au Conseil Pontifical "Cor Unum", les évêques ont présenté certains besoins de leurs diocèses, en particulier des projets appelés "diakonia" qui doivent soutenir l'engagement des permanents de l'Église dans la société. Un débat s'est engagé sur le lien étroit qui existe dans notre région entre le témoignage et le travail social.

- au Conseil Pontifical pour le Dialogue Inter-Religieux et Conseil Pontifical pour la Culture, nous avons centré notre échange avec le Cardinal et ses collaborateurs sur le dialogue inter-religieux, et ses évolutions récentes dans chacun des pays. Au plan de la Culture, le Cardinal nous a encouragés à envoyer des délégués à la rencontre des Centres culturels catholiques de la Méditerranée qui doit se tenir en octobre 2007 à Dubrovnik.

- à la Congrégation pour les Églises Orientales, les évêques du Maghreb ont présenté les communautés orientales présentes dans leurs diocèses, et ont demandé que la Congrégation répercute dans les Églises du Moyen-Orient leur appel à ce que des prêtres et religieuses de langue arabe viennent servir dans leurs pays.

Plusieurs évêques ont eu aussi à répondre aux nombreuses demandes d’interviews qui leur ont été adressées par Radio Vatican, l'agence FIDES, etc… Et nous avons eu la bonne surprise de découvrir une brochure éditée par Radio Vatican pour présenter l'Église au Maghreb, reprenant 30 ans d'histoire de la CERNA.

Les membres de la CERNA ont vécu 2 belles soirées de rencontre :
- au PISAI (Institut Pontifical d'Études arabes et d'Islamologie), ce fut la joie de découvrir le dynamisme renouvelé de cet institut si précieux pour former les permanents d'Église en pays d'Islam : la nouvelle équipe en charge du PISAI nous a exprimé son désir de travailler en lien étroit avec nos Églises.
- chez les Petites Sœurs de Jésus, nous avons partagé une soirée très fraternelle grâce aux liens étroits entre cette congrégation, nos Églises et le monde de l'islam. La présence des jeunes sœurs en année commune nous a conduits à leur faire découvrir nos diocèses.

A l'occasion de la Fête-Dieu, nous avons vécu une belle journée de pèlerinage à Subiaco, ermitage de saint Benoît et lieu de naissance de l'ordre bénédictin. Le soir, plusieurs membres de la Conférence se sont joints à l'Église de Rome pour la messe présidée par le Pape et la procession de Saint Jean de Latran à Sainte Marie Majeure.

Les membres de la CERNA ont élu Mgr Silvester MAGRO, vicaire apostolique de Benghazi, comme leur délégué au Synode ordinaire de 2008 sur la Parole de Dieu ; Mgr Maroun LAHHAM, évêque de Tunis, sera son suppléant.

La prochaine CERNA aura lieu à Malte, à l'invitation des Évêques de Libye, du 26 au 31 janvier 2008 sur les thèmes suivants : préparation du Synode ordinaire sur la Parole de Dieu et du 2ème Synode spécial pour l'Afrique, et le point sur notre pastorale auprès des migrants.
Mgr Georger, Mgr Lahham, Mgr Landel et Mgr Martinelli, sont heureux d'aller imposer les mains à leur nouveau frère dans l'Épiscopat, Mgr Santiago AGRELO MARTINEZ, nouvel archevêque de Tanger, le dimanche 17 juin.

À Rome, le 9 juin 2007


Vous trouverez –
- Le discours du Saint Père aux Évêques de la CERNA à l'adresse www.vatican.va
- le site du diocèse de Rabat : www.dioceserabat.org
- le site du diocèse de Tunis : www.diocesetunisia.com
- le site de l'Église catholique en Algérie : www.ada.asso.dz
- le site du diocèse de Laghouat : www.amisdiocesesahara.free.fr
Des Évêques de la Région Nord de l'Afrique (2007-06-13)

Discours du St Père le 9 Juin au matin            Texte Pris sur le site Zénith

Chers Frères dans l'Épiscopat,

Je suis heureux de vous accueillir, Pasteurs de l'Église catholique dans les pays du Nord de l'Afrique. En accomplissant votre visite ad limina, vous venez auprès du tombeau des Apôtres afin de raviver votre foi et de confirmer les liens de vos Églises locales avec le Successeur de Pierre et avec l'Église universelle. Je remercie le Président de votre Conférence épiscopale, Mgr Vincent Landel, Archevêque de Rabat, pour ses paroles, qui expriment la diversité des engagements de l'Église dans vos pays et l'amour de vos communautés pour la terre où elles résident. En rentrant dans vos diocèses, transmettez les sentiments affectueux du Pape aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les fidèles, particulièrement à ceux que des liens plus étroits rattachent à vos pays. Je salue aussi chaleureusement chacun des peuples au milieu desquels vous vivez. Que Dieu les bénisse et les aide à progresser dans leurs efforts pour édifier une société toujours plus fraternelle et plus juste.

La diversité des situations humaines et ecclésiales de vos pays n'est pas un obstacle à la fraternité que vous avez à cœur de vivre dans votre Conférence épiscopale, y trouvant un soutien appréciable pour votre ministère, particulièrement dans les épreuves qui ont marqué certaines de vos Églises locales. Votre unité est un témoignage véridique rendu à l'enseignement du Seigneur: "Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé" (Jn 17, 21). Avec les prêtres de vos diocèses, confrontés à des situations qui demandent souvent un grand sens ecclésial et de profondes convictions spirituelles, ainsi qu'une attention constante aux nouveaux appels de l'Esprit, vous assumez courageusement le service du peuple qui vous est confié. Que le Seigneur, qui vous accompagne chaque jour, soit la force et la joie de votre ministère.
La rencontre fraternelle des hommes et des femmes au milieu desquels vous vivez est l'un des thèmes que vous aimez développer pour exprimer la mission de l'Église dans votre région. Dans cette perspective, je vous encourage vivement à guider les fidèles vers une authentique rencontre du Seigneur, qui les conduit à la rencontre de leurs frères et de leurs sœurs, Lui qui est déjà mystérieusement présent au cœur de chacun et dans la recherche par tout homme de la vérité et du bonheur (cf. Ad gentes, n. 11). Pour cela, comme l'a vécu intensément le Père Charles de Foucauld, que vos Églises diocésaines ont eu la joie de voir béatifier il y a quelques mois, puisse l'Eucharistie être au centre de la vie de vos communautés. En effet, dans la célébration de ce grand mystère comme dans l'adoration eucharistique, qui sont des actes de rencontre personnelle avec le Seigneur, mûrit un accueil profond et véritable de l'aspect de la mission qui consiste à briser les barrières entre le Seigneur et nous, ainsi que les barrières qui nous séparent les uns des autres.

Au cours des premiers siècles, les communautés chrétiennes de votre région ont contribué à créer des ponts entre les rives de la Méditerranée. Aujourd'hui encore, saint Cyprien, saint Augustin et tant d'autres témoins de la foi demeurent des références spirituelles, intellectuelles et culturelles incontestées. Actuellement, les membres de vos communautés sont d'une grande diversité, aussi bien par leur origine qu'en raison de la durée et des motifs de leur présence au Maghreb. Ils donnent ainsi une image de l'universalité de l'Église, dont le message évangélique s'adresse à toutes les nations. Je voudrais saluer particulièrement ici les jeunes chrétiens de l'Afrique subsaharienne qui étudient dans vos pays. Que la solidarité qu'ils entretiennent entre eux, avec l'appui fraternel de leurs accompagnateurs, les aide à témoigner généreusement de leur foi de disciples du Christ parmi leurs frères. La vigueur et l'authenticité du témoignage ecclésial des fidèles de vos diocèses, dans leurs familles, sur leurs lieux de travail, d'études ou d'habitation, exigent que les Pasteurs soient proches de leurs préoccupations et qu'ils leur apportent l'aide spirituelle nécessaire. Cela leur fera aussi prendre conscience de la signification ecclésiale de leur présence dans la société, tout en assumant les responsabilités qui leur reviennent dans la communauté. En soutenant leur foi par la célébration des Sacrements et par une solide formation chrétienne, ainsi que par la recherche d'un regard évangélique sur les réalités sociales, culturelles et religieuses du pays, vous leur donnez les moyens de vivre courageusement les situations souvent difficiles qu'ils rencontrent dans l'existence quotidienne et dans le travail. La qualité spirituelle des communautés chrétiennes, fondée sur la certitude que le Seigneur est toujours présent et qu'il agit en elles et par elles, est essentielle pour leur permettre de rendre compte de l'espérance qui les anime. Unies à leurs Pasteurs, dans un climat de charité fraternelle, qu'elles soient véritablement des lieux où se vit la communion, comme manifestation de l'amour de Dieu pour tous les hommes.

Dans cette perspective, le dialogue interreligieux tient une place importante dans la pastorale de vos diocèses. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le souligner, "nous avons impérativement besoin d'un dialogue authentique entre les religions et entre les cultures, capable de nous aider à surmonter ensemble toutes les tensions, dans un esprit de collaboration fructueuse" (Discours à des Ambassadeurs de pays musulmans, 25 septembre 2006). Je me réjouis donc de constater que, par des initiatives de dialogue et par des lieux de rencontres, comme les Centres d'études et les bibliothèques, vous êtes résolument engagés dans le développement et l'approfondissement des relations d'estime et de respect entre chrétiens et musulmans, en vue de promouvoir la réconciliation, la justice et la paix. D'autre part, dans le partage de la vie quotidienne, chrétiens et musulmans peuvent trouver la base essentielle d'une meilleure connaissance mutuelle. Par une participation fraternelle aux joies et aux peines les uns des autres, notamment dans les moments les plus significatifs de l'existence, ainsi que par des collaborations multiples dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la culture, ou dans le service des plus humbles, vous manifestez une authentique solidarité, qui raffermit les liens de confiance et d'amitié entre les personnes, les familles et les communautés.

Parmi les grandes questions auxquelles votre région est confrontée, l'émigration de personnes venant d'Afrique subsaharienne, tentant de passer la Méditerranée pour entrer en Europe à la recherche d'une vie meilleure, doit aussi susciter des collaborations, au service de la justice et de la paix. La situation de ces personnes, particulièrement préoccupante et parfois dramatique, ne peut pas ne pas interpeller les consciences. L'aide généreuse que vos Églises diocésaines leur apportent est une contribution à la reconnaissance de leur dignité et un témoignage rendu au Seigneur. Je souhaite vivement que les pays concernés par ces migrations cherchent des moyens efficaces pour permettre à tous d'avoir l'espérance de construire un avenir pour eux-mêmes et pour leurs familles, et que la dignité de chaque personne soit toujours respectée.

Je voudrais aussi souligner l'importance de la vie consacrée dans vos diocèses. Le dévouement désintéressé des religieux et des religieuses dans leur service de la population, sans distinction d'origine ni de croyance, est apprécié de tous. Cette vie toute donnée, dans le détachement de soi et dans la liberté intérieure, est avant tout le témoignage d'une appartenance radicale à Dieu, qui suscite l'ardent désir d'aller vers le prochain, et de manière privilégiée vers les plus abandonnés. Cette appartenance au Christ prend une signification encore plus radicale dans le témoignage des moines et des moniales, que je voudrais particulièrement saluer et encourager. Leur vie de prière et de contemplation est une grâce pour l'ensemble de l'Église dans votre région. Leur fidélité discrète à la population qui les accueille, comme l'a montré l'exemple bouleversant de la communauté de Tibhirine, est un signe éloquent de l'amour de Dieu, qu'ils veulent manifester à tous.

La collaboration de plus en plus large de vos diocèses avec les Églises du Moyen-Orient et d'Afrique est un témoignage de grand prix pour votre région, qui est un point de rencontre entre l'Afrique, l'Europe et le monde arabe. Le développement de ces relations est aussi une mise en œuvre effective de la solidarité de l'Église en Afrique et au Moyen-Orient, dans son souci apostolique à l'égard de votre région. L'accueil de prêtres et de religieuses, que vous avez soin de former en vue de situations ecclésiales souvent très différentes de celles de leurs pays d'origine, est pour vous un appui pastoral précieux et pour tous une ouverture à la dimension universelle de la mission.

Chers Frères dans l'Épiscopat, je vous encourage chaleureusement dans votre ministère au service des peuples de votre région. À l'exemple du Bienheureux Charles de Foucauld, que les chrétiens de vos pays soient des témoins crédibles de la fraternité universelle que le Christ a enseignée à ses disciples. Je confie vos communautés à la protection maternelle de Notre-Dame d'Afrique, et de grand cœur je vous accorde, ainsi qu'aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les fidèles de vos diocèses, une affectueuse Bénédiction apostolique


landel.jpg  "Adresse" de Mgr  Landel , président de la CERNA , au pape Benoit XVI

 Très Saint Père,                                                                                                                  
 
Évêques de la CERNA, nous tenons à vous remercier de nous avoir invités à venir faire notre pèlerinage « ad limina » pour pouvoir nous ressourcer au berceau de l’Église en prenant toujours plus conscience que nous sommes membres d’une Église Universelle que vous confortez par votre témoignage et vos enseignements.
 
Nous sommes heureux de pouvoir vivre ce moment fort d’intimité avec vous après avoir pu prendre le temps de réfléchir avec vos plus proches collaborateurs. Nos rencontres particulières avec vous , nous ont mieux fait comprendre votre sollicitude paternelle pour chacun de nos diocèses.
 
Nous avons accueilli avec joie Monseigneur Santiago AGRELO MARTINEZ comme archevêque de Tanger. Nous savons que votre cœur continue à se porter sur notre région, car plusieurs d’entre nous ont atteint ou vont atteindre bientôt leurs 75 ans. Humblement, nous nous permettons de croire que, malgré une population chrétienne très minoritaire, la présence d’un évêque est importante, même pour la population musulmane qui nous accueille.
 
En béatifiant le Père Charles de Foucauld qui a voulu « vivre l’Évangile par toute sa vie » dans nos pays du Maghreb, vous nous le donnez, plus que jamais, comme un frère à suivre. Nous aimons nous rappeler souvent qu’il a retrouvé la foi de son enfance en rencontrant ces croyants et priants musulmans sur les routes du Maroc.
 
Notre Église au Maghreb, malgré son très petit nombre, et sa grande fragilité et mobilité, veut être ce « signe de la tendresse de Dieu pour tous les hommes », et en particulier auprès de nos frères et sœurs musulmans. Tout cela se fait tout simplement par les rencontres que nous vivons dans le quotidien. Nous apprenons ainsi à nous connaître, à nous estimer et à nous respecter. Par notre travail dans la vie économique de nos pays, par notre présence dans les universités, par notre participation à de très nombreuses Associations (développement, alphabétisation, promotion de la femme, accompagnement des handicapés, enfants de la rue....), par une présence dans le monde de
l’éducation (en particulier dans nos écoles), de la culture ( à travers nos centres culturels et nos
bibliothèques) et de la santé (en particulier dans nos centres de santé) , nos Églises partagent avec nos frères musulmans ce souci du développement de l’homme aimé de Dieu.
 
Ainsi comme nous le rappelle « Nostra aetate » (3) nous voulons manifester que « L’Église regarde avec estime les Musulmans... » ; nous voulons nous « efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle, ainsi qu’à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté ». C’est dans cet esprit que se poursuit notre réflexion théologique et pastorale. Nous sentons combien beaucoup de musulmans profondément croyants et menant une vie spirituelle authentique, sont heureux d’entendre cette parole d’estime et de compréhension de la part de l’Église. Tout cela nous essayons de le vivre, malgré des incompréhensions qui entraînèrent des prises de position et des actes, parfois difficiles à vivre.
 
Cette collaboration quotidienne est un enrichissement humain et nous invite à approfondir chaque jour un peu plus notre foi. Cette relation à Dieu nous donne un regard nouveau sur ces pays qui nous accueillent. Comme nous le rappelait Jean Paul II dans sa lettre apostolique « Mane Nobiscum Domine », notre relation à Dieu ne peut se vivre sans une solidarité avec l’humanité : « L’Eucharistie n’est pas seulement une expression de communion dans la vie de l’Église ; elle est aussi un projet de solidarité pour l’humanité tout entière » (27).
 
Cette proximité et ce travail ne se vivent pas seulement par des agents pastoraux, mais par tous les chrétiens, venant de tous les continents, qui vivent dans nos Églises pour quelques années.
 
Parmi ces chrétiens, certains sont là de longue date. Quelques-uns même, dans l’un ou l’autre pays de notre région, sont des enfants de leur nation. Ils ont voulu rester malgré tous les soubresauts politiques, parfois douloureux. Ils sont la mémoire vivante de nos Églises qui ont parfois traversé des moments tragiques. Des femmes qui ont épousé des nationaux participent, à leur façon, à notre vie ecclésiale. Elles sont, à l’intérieur de leur couple, ces témoins permanents de la rencontre possible entre les religions et les cultures, même si la notion de « liberté religieuse » n’est pas vue sous le même angle.
Plusieurs milliers d’étudiants subsahariens viennent étudier de nombreuses années dans les universités de nos pays. Parmi eux, nombreux sont des forces vives de nos Églises qu’ils découvrent tellement différentes des leurs. Mais en même temps, pour eux, l’Église est une bouffée d’oxygène et un lieu important de formation humaine et chrétienne. Par eux le Christ se rend présent au cœur des Universités de nos pays. Mais par eux aussi, nos Églises reçoivent tout un dynamisme de vie. Malheureusement aussi, depuis plusieurs années, nous sommes les témoins de la migration de nombreux subsahariens qui viennent se heurter à la muraille européenne. En Libye, la situation particulière de l’Eglise s’identifie avec celle des nombreux émigrés tous clandestins venant de toute l’Afrique. En réalité, ce sont eux l’Église vivante surtout dans les assemblées liturgiques, non seulement à Tripoli mais surtout dans le sud où une Église s’est fondée à travers les différents centres de prière avec la permission tacite des autorités libyennes.
Nos « Caritas », unies à d’autres organismes, s’ingénient au jour le jour à inventer des moyens de leur venir en aide. Animés par le souffle donné par votre Encyclique « Deus Caritas Est », elles participent à toute la réflexion qui se fait aussi bien en Europe qu’en Afrique sur le sujet. C’est au coeur de ces souffrances que nous vivons un œcuménisme très concret avec les Églises sœurs présentes dans nos pays. Des « expatriés », aussi bien cadres supérieurs (venant de tous les continents) que simples ouvriers (originaires, en particulier, du Proche Orient ou d’Asie du Sud Est), participent pour quelques années au témoignage de nos Églises ; nous essayons de les accompagner sur ce chemin de présence et de témoignage pas toujours facile à comprendre.
 
Devant vous, Très Saint Père, nous tenons à remercier tous ces prêtres, religieux, religieuses, membres d’Institut de Vie Apostolique, coopérants laïcs ; à l’image de nos Églises, ils viennent aussi de toutes les nations pour partager notre sollicitude pastorale. Plusieurs, dont l’évêque de Tunis, viennent du monde arabe. En cette année du cinquantième anniversaire de l’Encyclique « Fidei Donum », nous voulons leur témoigner toute notre reconnaissance. Et nous sommes heureux de constater que, depuis quelques années, des Églises d’Afrique subsaharienne nous envoient des prêtres et des religieuses. Cette dynamique « Fidei Donum » continue, et est une grande richesse.
 
Tout en prenant conscience de la spécificité de nos Églises, nous sommes de plus en plus unis au SCEAM en partageant sa réflexion et ses soucis humains et pastoraux. Nous nous préparons avec joie à vivre le Synode Africain pour participer, à partir de la réalité qui est la notre, à la réflexion de toute l’Église d’Afrique.
 
Nous demandons à Notre Dame d’Afrique de continuer à nous guider sur la route de son Fils qui aime tous les hommes, de toutes races, de toutes cultures et de toutes religions.
 
En vous renouvelant notre merci, Très Saint Père, nous implorons, non seulement pour les chrétiens, mais pour tout ce peuple avec qui nous cheminons, votre Bénédiction Apostolique.
 
+Vincent LANDEL s.c.j. Archevêque de Rabat Président de la CERNA




voir aussi site ADA
( église catholique d' Algérie) sur :  qu'est-ce qu'une visite "Ad Limina " ?

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b16crmano.jpg Salutations de Mgr Rault


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