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Amis du Diocèse du Sahara (ADS)

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Edition du 10 mars 2015

Communiqué de la CERNA
Conférence des Évêques de la Région Nord de l'Afrique
au terme de leur visite ad limina à Rome 1er au 8 mars 2015

Le Pape aux Evêques de la CERNA: Vous êtes « aux périphéries » 2015-03-02 RadioVatican
CERNA: la Conférence épiscopale régionale en visite ad limina (texte intégral)
"Serviteurs de l'espérance"
lettre pastorale des évêques de la
Conférence Episcopale de la Région Nord-Afrique (CERNA)
présentée au Pape François le 1er Mars 2015.

(in La Croix), Mgr Jean-Paul Vesco: « Les divorcés remariés ne devraient plus être un sujet pour l’Eglise » 2 mars 2015

Les migrants, « nouvelles couleurs » des Églises du Maghreb Radio Vatican 3 mars 2015


Communiqué de la CERNA
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Conférence des Évêques de la Région Nord de l'Afrique
au terme de leur visite ad limina à Rome 1er au 8 mars 2015

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      Les évêques et les vicaires généraux de la CERNA se sont retrouvés à Rome le dimanche 1er mars, sous la présidence de Mgr Vincent LANDEL, archevêque de Rabat, en présence du nonce apostolique d'Algérie et Tunisie, Mgr Thomas YEH SHENG NAN, à l'occasion de leur visite ad limina apostolorum, la précédente s'étant déroulée en 2007.

Ils ont commencé par échanger sur la situation de leurs pays et de leurs Eglises :

◊ l'Eglise au Maroc se réjouit de ce que le pays s'attache à trouver un statut pour les migrants qui y deviennent résidents, et du bon élan pris par l'institut oecuménique Al Mowafaqa.
◊ l'Eglise en Algérie rend grâce pour les fruits de l'Année Interdiocésaine D'Algérie (AIDA), et la belle collaboration avec les pouvoirs publics pour la restauration de trois sanctuaires : Notre-Dame d'Afrique à Alger, Saint-Augustin à Annaba, et bientôt Santa-Cruz à Oran.
◊ l'Eglise en Tunisie se félicite de la mise en place des institutions et de la poursuite du processus démocratique en cours depuis la révolution de 2011.
◊ le préfet apostolique de Laayoune-Sahara nous a rappelé la situation douloureuse des familles séparées depuis 40 ans.
◊ en ce qui concerne la Libye, Mgr Giovanni MARTINELLI, vicaire apostolique de Tripoli, n'a pas pu se joindre à nous pour des raisons de santé, mais aussi pour être présent au peuple libyen et à la communauté chrétienne qui reste dans ce pays, qui traverse des moments tellement tragiques et douloureux ; le frère Marcello GHIRLANDO, son vicaire général, a participé pour la première fois aux travaux de la CERNA, qui l'a accueilli avec émotion, ainsi que Mgr Sylvester MAGRO, qui a pu venir de Benghazi où il est depuis quatre mois hébergé dans un lieu sécurisé, l'évêché et la cathédrale étant pour l'heure inaccessibles. La plupart des communautés de religieuses ont quitté le pays, 5 prêtres et les deux évêques s'efforcent de soutenir la communauté chrétienne : plusieurs centaines de travailleurs philippins et indiens, et des milliers de subsahariens migrants ou résidents accompagnés, en particulier à Sebha, par des catéchistes.

    Une visite ad limina (au seuil des basiliques des Apôtres), c'est d'abord un pèlerinage au centre de l'Église catholique pour y apporter la vie des chrétiens de nos pays, et celle de toutes les personnes qui nous accueillent et parmi lesquelles nous sommes appelés à témoigner de l'amour du Christ. Nous avons célébré dans chacune des 4 basiliques majeures : au tombeau de saint Pierre ; à Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale du pape ; à Saint- Paul-hors-les-murs où sont venues prier avec nous de nombreuses petites sœurs de Jésus et à Sainte-Marie- Majeure pour clore cette visite.

    Une visite ad limina, c'est une rencontre des évêques avec le Saint-Père : le pape François nous a accueillis longuement dans une atmosphère très fraternelle. Il s'est montré à la fois très à l'écoute et très au courant de la situation de nos pays. Le président de la conférence lui a remis la nouvelle lettre pastorale des évêques du Maghreb « Serviteurs de l'Espérance » : « le titre me plaît bien » a-t-il dit...    ce que nous avons souvent entendu de la part des responsables de dicastères auxquels elle a été remise. Le Saint-Père, mettant de côté les discours préparés, a surtout échangé avec les évêques à propos de la situation en Libye et des migrants si nombreux dans nos pays. Cet échange nous a beaucoup touchés, communion effective et affective avec l'évêque de Rome. Après cette visite, nous avons lu avec joie le message qu'il nous a offert, qui est un vrai signe d'encouragement pour nos communautés chrétiennes.

    Une visite ad limina, c'est encore la rencontre avec les collaborateurs du Saint-Père pour leur permettre de mieux comprendre les situations humaines et ecclésiales du Maghreb, et approfondir avec eux les points qui nous apparaissent plus importants, plus problématiques ou difficiles. Chaque jour de la semaine fut l'occasion de nombreux rendez-vous. Au début de chacun, un membre de la CERNA a présenté nos Églises du Maghreb et remis « Serviteurs de l'Espérance », avant de poser quelques questions concernant le champ de ce dicastère, afin de permettre un dialogue plus approfondi. Nous avons été marqués par l'accueil fraternel que nous avons reçu partout, et par le désir des membres de la Curie d'échanger en profondeur.

Voici quelques points abordés dans ces échanges, dans l'ordre chronologique :

 - à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal MÜLLER a souligné : « nous comprenons très bien le sens de votre présence, qui n'est pas une question de statistiques. Vous permettez que l'amour du Christ soit connu par tous. » En écho à ses propos, nous avons souhaité que continue la réflexion sur le sens d'une présence d'Eglise en milieu musulman.

- au Conseil pontifical pour la famille, nous avons surtout partagé à propos du synode sur la famille. Mgr PAGLIA nous a encouragés à faire connaître et à réfléchir la vocation des familles islamo-chrétiennes, pour laquelle « Serviteurs de l'Espérance » constitue un apport important. Le président du Conseil pontifical nous a invités à aider le synode à approfondir la question de l'accès aux sacrements, au regard de toutes nos réalités (couples islamo-chrétiens, couples de fait, migrants, mariage coutumier...).
Mgr VESCO lui a remis alors (comme au Saint-Père) son livre sorti le 5 mars « Tout amour véritable est indissoluble ».

- au Conseil pontifical pour les laïcs, le cardinal RYLKO a été très sensible au témoignage de nos Eglises : « nous avons beaucoup appris de vos Eglises, une Eglise peu nombreuse, qui me fait penser aux propos de Vittorio MESSORI : pour nous chrétiens, être minoritaires n'est pas le problème principal ; le problème serait d'être insignifiants, sel qui a perdu sa saveur ». Le cardinal nous a encouragés au cœur des sociétés où nous vivons à être des minorités créatives.

- à Caritas Internationalis, nous avons été accueillis par Michel ROY, secrétaire général : « Caritas est l'instrument de l'Eglise au service de sa pastorale sociale ». Nous avons examiné avec lui les perspectives de développement et de coordination de nos Caritas diocésaines.

- à la Congrégation pour les évêques, la CERNA a partagé au cardinal OUELLET son désir que tous nos diocèses aient la même tutelle. Nous avons réfléchi aux manières d'améliorer la communication entre les diocèses et les dicastères. Dans la perspective du renouvellement prochain de plusieurs évêques de la CERNA, nous avons demandé l'amélioration des procédures de consultation diocésaine.

- à la Congrégation pour le clergé, avec le cardinal STELLA et ses collaborateurs, nous avons réfléchi sur les conditions du discernement et de la formation des prêtres, religieux et candidats au sacerdoce qui expriment le désir de servir au Maghreb ou que des évêques et supérieurs religieux nous envoient. Nous avons exprimé notre souci de l'accompagnement spirituel de nos prêtres.

- à la II° section de la Secrétairerie d'Etat, avec Mgr GALLAGHER, responsable des Relations du Saint-Siège avec les Etats, nous avons fait un point approfondi sur les statuts juridiques de nos Eglises et les perspectives des relations bilatérales avec les Etats.

- au Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, nous avons parlé aux collaborateurs du cardinal TAURAN (retenu auprès du Saint-Père) du renouvellement de la physionomie de nos Eglises et des enjeux du dialogue : « Nous voudrions être porteurs d'une espérance que des croyants de religions différentes peuvent vivre ensemble » avons-nous souligné. Nous avons en particulier relevé que des milliers d'étudiants subsahariens sont le visage de l'Eglise dans les universités du Maghreb, et nous avons à cœur de les former à cette présence et au dialogue avec leurs camarades musulmans.

- à la Congrégation pour l'éducation catholique, nous avons évoqué les dizaines de milliers d'élèves musulmans des écoles catholiques au Maroc et en Tunisie, et insisté sur les nombreuses œuvres éducatives dans tous nos diocèses (bibliothèques, soutien scolaire, formation féminine, crèches, jardins d'enfants, apprentissage des langues, centre pour handicapés, auxiliaires de vie...) qui nous permettent de rencontrer des jeunes maghrébins et de contribuer ainsi à leur formation humaine.

- au Conseil pontifical Justice & Paix, avec le cardinal TURKSON et ses collaborateurs, nous nous sommes rappelés que « la lutte pour la justice fait partie de l'évangélisation » (le cardinal DUVAL au Synode de 1976) en échangeant beaucoup sur la situation des migrants. Comment mieux sensibiliser les pays d'origine des migrants à la détresse de leurs ressortissants ? Comment coordonner notre pastorale auprès des migrants ? A l'occasion du prochain Forum Social Mondial à Tunis, nous avons souligné les enjeux de l'économie inclusive chère au pape François.

- à la Congrégation pour la cause des saints, avec le cardinal AMATO, nous avons fait le point sur les causes en cours : Pierre Claverie et ses 18 compagnons, le bienheureux Charles de Foucauld, Petite Soeur Magdeleine, et Jean Le Vacher (lazariste à Alger au XVIIème siècle). Nous avons évoqué aussi les 21 coptes martyrisés dernièrement en Libye et que l'Eglise copte orthodoxe a aussitôt canonisés : « Nous admirons aussi les témoignages des saints des Eglises soeurs » a souligné le cardinal.

- au Conseil pontifical pour l'unité des chrétiens, avec son secrétaire, nous avons évoqué l'hospitalité entre les Églises où la soif de prier et de faire communauté prime sur l'appartenance à telle ou telle Église, et nos relations parfois complexes avec certaines communautés évangéliques. Nous avons partagé notre joie de voir grandir l'institut œcuménique Al Mowafaqa.

- à la Congrégation pour les instituts de vie consacrée, le secrétaire et les autres collaborateurs nous ont encouragés à vivre l'Année de la vie consacrée. Nous avons souligné l'importance des communautés religieuses dans nos diocèses, qui deviennent de plus en plus internationales, et nous avons évoqué la refonte de « Mutuæ relationes » (document qui régit les relations entre les évêques et les congrégations religieuses).

- à la Congrégation pour l'Évangélisation des peuples, nous avons été reçus par le cardinal FILONI et ses collaborateurs. Le cardinal nous a encouragés : « Vous êtes une Église en service, serviteurs de la Parole de Dieu, serviteurs du peuple de Dieu, mais aussi serviteurs de la communauté humaine dont la plupart sont des musulmans ». En écho, nous avons souligné que ce que nous vivons n'est pas d'abord ordonné à la croissance de l'Église, mais à la manifestation de l'amour de Dieu pour toute personne, et à la croissance du Royaume.

- au Conseil pontifical pour les migrants et itinérants, les collaborateurs du cardinal nous ont présenté leur dicastère et ses différentes missions. Ils ont exprimé le souhait que nous leur partagions toujours plus ce que vivent les migrants, les étudiants internationaux, les marins, les expatriés, et ce que les pays et les communautés chrétiennes font pour eux et avec eux.

- au Conseil pontifical de la culture, le cardinal RAVASI a souligné, avec nous, que le dialogue interreligieux passe essentiellement par le dialogue interculturel. Nous avons partagé les initiatives que nos Eglises prennent pour participer à la mise en valeur de la richesse et de la diversité culturelle de nos pays, dont elles se sentent elles- mêmes partie prenante. Nous avons évoqué nos efforts d'inculturation, dans nos Eglises multiculturelles.

- à la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, nous avons rencontré le secrétaire et ses collaborateurs. Nouvelles traductions liturgiques, mise au point du nouveau missel francophone, fêtes spécifiques à notre région, révision des martyrologes, lien entre baptême et confirmation, mariages mixtes, mariage coutumier et mariage chrétien... les sujets n'ont pas manqué. Nous avons aimé entendre : « le curé est en dernière instance responsable des âmes plus que des structures ».

- au Secrétariat du Synode, le cardinal BALDISSERI nous a entretenus des enjeux de cette période intersynodale sur la famille. Nous avons insisté sur l'opportunité d'inviter comme auditeurs des couples représentatifs de la diversité des manières de vivre en famille aujourd'hui, et il nous a encouragés à lui faire des propositions, en particulier dans le contexte de la mixité religieuse.

- avec Mgr BECCIU, Substitut, responsable de la I° section de la Secrétairerie d'Etat, nous avons évoqué à nouveau les situations juridiques de nos Églises, dans une conférence épiscopale très particulière (4 pays, 3 nonces, plusieurs langues d'usage, 2 dicastères de tutelle... et essentiellement des fidèles non-nationaux), et de la responsabilité respective des Églises locales et du Saint-Siège dans l'avancée de ces dossiers.

Toutes ces nombreuses rencontres, nous avons pu les vivre sereinement grâce à l'admirable service que nous ont rendu les prêtres de « la Obra de la Iglesia » pour nous conduire à chacun de ces rendez-vous, et à l'accueil fraternel de la communauté du Séminaire pontifical français.

La CERNA a renouvelé son bureau pour 3 ans : Mgr Paul DESFARGES, évêque de Constantine – Hippone, est le nouveau président ; Mgr Ilario ANTONIAZZI, archevêque de Tunis, le vice-président ; Mgr Santiago AGRELO MARTINEZ, archevêque de Tanger, membre du bureau. Elle a désigné le P. Michel GUILLAUD comme nouveau secrétaire général. Elle remercie les sortants, en particulier le président Mgr Vincent LANDEL et le secrétaire général Daniel NOURISSAT.

La prochaine CERNA se tiendra à Tanger, à l'invitation de l'archevêque, du 2 avril 2016 au soir, au 7 avril au matin.

À Rome, le 7 mars 2015

adlimina15_fichiers/vincentlandel.jpg  +Vincent LANDEL, président de la CERNA
***
Vous trouverez –

- le discours du Saint Père aux Évêques de la CERNA (anglais, espagnol, français, italien et portugais) à l'adresse
http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2015/march/documents/papa-francesco_20150302_ad-limina- cerna.html
- (ndlr : cidessous sur le site ADS)

- le site du diocèse de Rabat : www.dioceserabat.org

- le site du diocèse de Tanger : www.diocesistanger.org

- le site du diocèse de Tunis : www.diocesetunisie.org.

- le site de l'Église catholique en Algérie : www.eglise-catholique-algerie.org donnant accès aux 4 diocèses d'Algérie

- le site de l'Eglise catholique en Libye : www.catholicinlibya.com

- la Lettre pastorale de la CERNA « Serviteurs de l'Espérance » à l'adresse :
http://eglise-catholique-algerie.org/articles.php?lng=fr&pg=185

ndlr: clichés, caractères et liens de la Rédaction du site ADS
Edition du 3 mars 2015

De la part de Mgr Claude Rault, évêque du Sahara Algérien , déclarations et articles, qui retracent bien les premières journées à Rome de la Conférence des Evêques de la Région du Nord de l'Afrique, avec surtout la rencontre du pape François...
Afrique du Nord : le courage des pasteurs de ces "périphéries"

CERNA: la Conférence épiscopale régionale en visite ad limina (texte intégral)

ROME, 2 mars 2015 (Zenit.org) - Le pape salue « le courage, la fidélité et la persévérance des évêques » d'Afrique du Nord, en particulier de Libye, qui « demeurent dans le pays malgré les dangers multiples » : « Ils sont d’authentiques témoins de l’Évangile » dans les « périphéries », affirme-t-il.

Le pape François a reçu les évêques de la Conférence épiscopale des régions du Nord de l'Afrique (C.E.R.N.A.), à l'occasion de leur visite "ad limina apostolorum", ce lundi matin, 2 mars 2015, au Vatican.

Le Saint-Siège donne la liste des participants, parmi lesquels quatre provenant d'Algérie : Mgr Claude Rault, M. Afr., évêque de Laghouat, Mgr Ghaleb Moussa Abdalla Bader, archevêque d'Alger, Mgr Paul Desfarges, S.I., évêque de Constantine, Mgr Jean-Paul Vesco, O.P., évêque d'Oran ; Mgr Sylvester Carmel Magro, O.F.M., vicaire apostolique de Benghazi en Libye ; deux du Maroc : Mgr Vincent Landel, S.C.I. De Béth, archevêque de Rabat, Mgr Santiago Agrelo Martínez, O.F.M., archevêque de Tanger ; ainsi que Mgr Ilario Antoniazzi, archevêque de Tunis en Tunisie et le P. Mario León Dorado, O.M.I., préfet apostolique du Sahara occidental.

Dans le texte qui leur a été remis en français au cours de la rencontre, le pape encourage les fidèles des diocèses du Nord de l’Afrique dans « le généreux témoignage qu’ils rendent à l’Évangile de paix et d’amour de Jésus ».

Il assure « du soutien de toute l’Église » : « Vous êtes "aux périphéries", avec le service particulier de manifester la présence du Christ en son Église dans cette région. Votre témoignage de vie dans la simplicité et la pauvreté est un signe éminent pour toute l’Église. Soyez sûrs que le Successeur de Pierre vous accompagne sur votre rude chemin et qu’il vous encourage à être toujours des hommes de l’espérance. »

Encourageant « à poursuivre les efforts pour contribuer à la paix et à la réconciliation » dans la région, il souligne le rôle « d'un dialogue en vérité et dans l’amour entre chrétiens et musulmans » : « Vous savez combien la méconnaissance mutuelle est la source de tant d’incompréhensions et parfois même d’affrontements... L’antidote le plus efficace contre toute forme de violence est l’éducation à la découverte et à l’acceptation de la différence comme richesse et fécondité. »

Le pape appelle à être « une Église de la rencontre et du dialogue, au service de tous sans distinction » et à « manifester la charité du Christ et de l’Église auprès des plus pauvres, des malades, des personnes âgées, des femmes dans le besoin, des prisonniers et des nombreux immigrants originaires d’Afrique ».

A.K.

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Le Pape aux Evêques de la CERNA: Vous êtes « aux périphéries » 2015-03-02 Radio Vatican(RV)adlimina15_fichiers/cernapape1.jpg

                      Immigration, dialogue interreligieux, situation des chrétiens en Afrique du Nord, tels sont quelques thèmes abordés par le Pape François lors de sa rencontre, lundi matin au Vatican, avec les Membres de la Conférence Episcopale de la Région du Nord de l’Afrique (CERNA) en Visite ad Limina.
              
                       Dans la Lettre pastorale qu’il leur a consignée, le Saint-Père François a notamment demandé aux Pasteurs de la CERNA (Conférence Episcopale qui rassemble les pays du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et de Libye) de porter aux fidèles de cette région qui vivent actuellement des moments difficiles son « assurance qu’il demeure proche d’eux et qu’il les encourage dans le généreux témoignage qu’ils rendent à l’Évangile de paix et d’amour de Jésus ». Le Pape ne manque pas de rappeler, en outre, que l’histoire de ces Eglises a été marquée par de nombreuses « figures de sainteté « y compris les « religieux et religieuses qui ont tout donné à Dieu et à leurs frères jusqu’au sacrifice de leur vie. »

                    En encourageant les efforts entrepris dont la création de deux Instituts – dont un pontifical et l’autre œcuménique – François leur a aussi demandé en s’inspirant de l’Exhortation apostolique Africae munus, de lutter contre toute forme de « discrimination, d’intolérance et de fondamentalisme confessionnel ». Les migrants, les pauvres, les malades, les personnes âgées, les femmes dans le besoin ou les prisonniers, ne sont pas oubliées dans son message à tous les chrétiens et à tout le clergé de la zone de la CERNA, qu’ils confient « à la protection de Notre-Dame d’Afrique ».

      Rappelons que Mgr Vincent Landel, Archevêque de Rabat et Président de cette Conférence Episcopale a notamment souligné l’absence à cette Visite ad Limina, de Mgr Giovanni Innocenzo Martinelli, Vicaire Apostolique de Tripoli en Libye.

L’intégralité du Message du Pape François

Chers Frères dans l’épiscopat,

C’est avec joie que je vous accueille en ces jours où vous accomplissez votre visite ad limina. Je souhaite que votre pèlerinage auprès du tombeau des Apôtres raffermisse votre foi et consolide votre espérance afin de poursuivre le ministère qui vous a été confié dans chacun de vos pays. Je remercie Monseigneur Vincent Landel, Archevêque de Rabat et Président de votre Conférence, qui a exprimé au nom de tous vos sentiments de communion avec le Successeur de Pierre. À travers vous, je rejoins les fidèles de vos diocèses du Nord de l’Afrique. Portez-leur l’affection du Pape et l’assurance qu’il demeure proche d’eux et qu’il les encourage dans le généreux témoignage qu’ils rendent à l’Évangile de paix et d’amour de Jésus. Mon salut cordial s’adresse aussi à tous les habitants de vos pays, particulièrement aux personnes qui souffrent.

Depuis plusieurs années, votre Région connaît des évolutions significatives, qui permettaient alors d’espérer voir se réaliser certaines aspirations à une plus grande liberté et à la dignité et favoriser une plus grande liberté de conscience. Mais parfois aussi ces évolutions ont conduit à des déchainements de violence. Je voudrais saluer particulièrement le courage, la fidélité et la persévérance des Évêques de Libye, ainsi que des prêtres, des personnes consacrées et des laïcs qui demeurent dans le pays malgré les dangers multiples. Ils sont d’authentiques témoins de l’Évangile. Je les en remercie vivement, et je vous encourage tous à poursuivre vos efforts pour contribuer à la paix et à la réconciliation dans toute votre région.

Votre Conférence épiscopale, qui rassemble régulièrement les pasteurs du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et de Libye, est un lieu d’échange et de concertation important, mais elle doit aussi être un instrument de communion qui permet d’approfondir des relations fraternelles et confiantes entre vous. Votre pèlerinage à Rome est une heureuse occasion pour renouveler votre engagement commun au service de la mission de l'Église dans chacun de vos pays. Cette mission vous l’accomplissez avec vos prêtres, vos collaborateurs directs. Originaires de nombreux pays, il leur est parfois difficile de s’adapter à des situations très nouvelles pour eux. Il est donc particulièrement nécessaire que vous soyez proches de chacun d’entre eux et attentifs à leur formation permanente pour qu’ils puissent vivre leur ministère pleinement et sereinement. À chacun d’eux j’adresse mon salut le plus cordial et l’assurance de ma prière.

Les religieuses et les religieux ont aussi une place de choix dans la vie et la mission de vos Églises. Je leur suis reconnaissant de leur témoignage de vie fraternelle et de leur engagement si généreux au service de leurs frères et sœurs. En cette Année de la Vie consacrée, je les invite à prendre une conscience renouvelée de l’importance de la contemplation dans leur vie et à faire ainsi resplendir la beauté et la sainteté de leur vocation.

Au cœur de votre mission et à la source de votre espérance, il y a d’abord la rencontre personnelle avec Jésus Christ et la certitude qu’il est à l’œuvre dans le monde où vous avez été envoyés en son nom. La vitalité évangélique de vos diocèses dépend donc de la qualité de la vie spirituelle et sacramentelle de chacun. L’histoire de votre région a été marquée par de nombreuses figures de sainteté depuis Cyprien et Augustin, patrimoine spirituel de toute l’Église, jusqu’au bienheureux Charles de Foucauld, dont nous fêterons l’an prochain le centenaire de la mort, et plus proches de nous par ces religieux et religieuses qui ont tout donné à Dieu et à leurs frères jusqu’au sacrifice de leur vie. Il vous revient de développer cet héritage spirituel d’abord parmi vos fidèles, mais aussi en l’ouvrant à tous. Je me réjouis d’ailleurs de savoir que ces dernières années, plusieurs sanctuaires chrétiens ont pu être restaurés en Algérie. En y accueillant chacun, tel qu’il est, avec bienveillance et sans prosélytisme, vos communautés manifestent qu’elles veulent être une Église aux portes ouvertes, toujours « en sortie » (cf. Evangelii gaudium nn. 46-47).

Dans les situations parfois difficiles que connaît votre région, votre ministère de pasteur connaît de nombreuses joies. Ainsi, l’accueil de nouveaux disciples qui vous rejoignent, ayant découvert l’amour de Dieu manifesté en Jésus, est un beau signe donné par le Seigneur. En partageant avec leurs compatriotes le souci de l’édification d’une société toujours plus fraternelle et ouverte, ils montrent que tous sont les enfants d’un même Père. Je les salue particulièrement et je les assure de mon affection, souhaitant qu’ils tiennent toute leur place dans la vie de vos diocèses.

L’universalité est aussi une caractéristique de vos Églises, dont les fidèles viennent de nombreuses nations pour former des communautés bien vivantes. Je les invite à manifester sur leur visage la joie de l’Évangile, la joie d’avoir rencontré le Christ qui les fait vivre. C’est aussi pour vous une occasion de vous émerveiller devant l’œuvre de Dieu, qui se répand parmi tous les peuples et dans toutes les cultures. Je voudrais apporter mes encouragements aux nombreux jeunes étudiants venant d’Afrique sub-saharienne, qui forment une partie importante de vos communautés. En demeurant forts dans la foi ils seront capables d’établir avec tous des liens d’amitié, de confiance et de respect et ils contribueront ainsi à l’édification d’un monde plus fraternel.

Le dialogue interreligieux est une part importante de la vie de vos Églises. Dans ce domaine aussi, l’imagination de la charité sait ouvrir d’innombrables chemins pour porter le souffle évangélique dans les cultures et dans les milieux sociaux les plus divers. (cf. Lettre Apostolique à tous les consacrés à l’occasion de l’Année de la Vie consacrée, 28 novembre 2014). Vous savez combien la méconnaissance mutuelle est la source de tant d’incompréhensions et parfois même d’affrontements. Pourtant, comme l’a écrit Benoît XVI dans l’Exhortation apostolique Africae munus « si nous tous, croyants en Dieu, désirons servir la réconciliation, la justice et la paix, nous devons œuvrer ensemble pour bannir toutes les formes de discrimination, d’intolérance et de fondamentalisme confessionnel » (n. 94). L’antidote la plus efficace contre toute forme de violence est l’éducation à la découverte et à l’acceptation de la différence comme richesse et fécondité. Aussi est-il indispensable que dans vos diocèses prêtres, religieuses et laïcs soient formés dans ce domaine. Et à ce propos, je suis heureux de relever que l’Institut pontifical d’Etudes arabes et islamiques (PISAI), qui célèbre cette année son cinquantième anniversaire, est né dans votre région, à Tunis. Soutenir et utiliser cette institution si nécessaire pour s’imprégner de la langue et de la culture permettra d’approfondir un dialogue en vérité et dans l’amour entre chrétiens et musulmans. Le dialogue, vous le vivez aussi au jour le jour avec les chrétiens de diverses confessions. Que l’Institut œcuménique, Al Mowafaqa, fondé au Maroc afin de promouvoir le dialogue œcuménique et interreligieux dans le contexte qui est le vôtre, contribue lui aussi à une meilleure connaissance réciproque !

Église de la rencontre et du dialogue, vous voulez aussi être au service de tous sans distinction. Avec des moyens souvent humbles, vous manifestez la charité du Christ et de l’Église auprès des plus pauvres, des malades, des personnes âgées, des femmes dans le besoin ou des prisonniers. Je vous remercie vivement pour la part que vous prenez afin de venir en aide aux nombreux immigrants originaires d’Afrique qui cherchent dans vos pays un lieu de passage ou d’accueil. En reconnaissant leur dignité humaine, et en travaillant à réveiller les consciences face à tant de drames humains, vous manifestez l’amour que Dieu porte à chacun d’entre eux.

Chers Frères dans l’épiscopat, je voudrais enfin vous assurer du soutien de toute l’Église dans votre mission. Vous êtes « aux périphéries », avec le service particulier de manifester la présence du Christ en son Église dans cette région. Votre témoignage de vie dans la simplicité et la pauvreté est un signe éminent pour toute l’Église. Soyez sûrs que le Successeur de Pierre vous accompagne sur votre rude chemin et qu’il vous encourage à être toujours des hommes de l’espérance.

Je vous confie à la protection de Notre-Dame d’Afrique, qui veille sur tout le continent et à l’intercession de saint Augustin, du bienheureux Charles de Foucauld et de tous les saints d’Afrique. De grand cœur je vous adresse une affectueuse Bénédiction apostolique, ainsi qu’à tous vos diocésains.

Au Vatican, le 2 mars 2015.
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Cité du Vatican – 02/03/2015
   « Notre région est en pleine mutation, l’Eglise universelle connaît d’importantes transformations, nos Eglises locales sont en évolution : nous ressentons fortement l’appel du Seigneur à être, plus que jamais en Afrique du Nord, « Serviteurs de l’Espérance » affirment les Evêques de la Conférence Episcopale d’Afrique du Nord dans leur Lettre pastorale envoyée à l’Agence Fides, laquelle a été présentée au Pape François aujourd’hui, 2 mars, à l’occasion de leur visite Ad Limina.

   « La région du nord de l’Afrique se situe géographiquement et culturellement au carrefour de l’Afrique, de l’Europe et du Proche-Orient » affirme le document. « La dynamique des « printemps arabes », les questions de sécurité régionale et proche orientale, la crise économique européenne et les migrations provenant d’Afrique sub-saharienne, comportent de profondes mutations et de nouveaux défis pour notre région ». En particulier, ce qu’il est convenu d’appeler « printemps arabes » ont eu des dynamiques nettement différentes dans les deux pays faisant partie de la zone de la CERNA : « Si au cours d’un processus de dialogue national, la Tunisie s’est dotée d’une nouvelle Constitution en janvier 2014, la Libye connaît une situation très préoccupante, où perdurent des tensions et des violences sur un fonds de profonde déstabilisation de l’Etat » affirment les Evêques qui réaffirment cependant : « ces difficultés ne remettent pas en cause ce regard d’espérance » ayant son origine dans les « printemps arabes ».

   Les Evêques soulignent en effet que le processus de démocratisation est un phénomène de longue haleine, « toujours en devenir, dans le cadre duquel toute tentative de copier ou d’imposer des modèles existants serait vain et inadapté ». Le document réaffirme la spécificité de l’Eglise en Afrique du Nord, engagée dans le « dialogue de vie » avec les musulmans et dans le fait d’être une « Eglise citoyenne » qui entend « apporter sa contribution à la vie et à la construction de la société, sans militance politique ni recherchée ni désirée ».
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Mgr Jean-Paul Vesco: « Les divorcés remariés ne devraient plus être un sujet pour l’Eglise »
2 mars 2015


Dans son ouvrage « Tout amour véritable est indissoluble » (1), l’évêque d’Oran Mgr Jean-Paul Vesco, affirme que l’Église peut changer la discipline sur les divorcés remariés sans remettre en cause la doctrine de l’indissolubilité du mariage,mais au contraire pour l’honorer davantage.
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Rares sont les evêques qui ont décidé d’apporter leur contribution publique au débat lancé par le pape François entre les deux Synodes sur la famille.

Pourquoi avoir écrit un livre sur les divorcés remariés ?
Mgr Jean-Paul Vesco : La discipline de l’Église à l’égard des divorcés remariés me blesse et, à vrai dire, me révolte depuis longtemps en raison de la violence inutile qu’elle fait subir aux personnes concernées, sans aucune distinction de leur situation individuelle.
Je souffre aussi du mal que fait cette disposition à l’image de l’Église, car elle est de l’ordre du contre-témoignage. Il ne s’agit pas pour moi de remettre en cause l’indissolubilité du mariage sacramentel. Celui-ci est la plus haute concrétisation du projet de Dieu pour l’homme et la femme.

Je crois cependant que la doctrine classique sur le mariage autorise une autre discipline en cas de remariage. L’actuelle, qui prive ceux qui se remarient du sacrement de réconciliation et de l’eucharistie, n’est respectée par quasiment personne. Je connais très peu de parents, dont les enfants ont divorcé, qui prient pour qu’ils ne se remarient pas.

Certaines personnes, par fidélité au premier « oui » qu’elles ont prononcé, décident de ne pas se remarier. C’est très bien que l’Église encourage le choix du célibat parce qu’il représente un signe magnifique de l’indissolubilité de l’amour. Mais il relève de l’appel personnel et ne peut être la voie unique imposée de l’extérieur.
Entrer dans une nouvelle alliance après l’échec d’un premier mariage, ce n’est pas renoncer à l’appel à la sainteté de tout baptisé. On ne peut pas fermer toutes les portes après un premier mariage, sous peine d’absolutiser, voire d’idéologiser l’indissolubilité du mariage. Au nom de l’indissolubilité, l’Église n’a pas le pouvoir de demander de se séparer à des personnes qui ont scellé une deuxième alliance fidèle.

Cela ne risque-t-il pas de décourager tous ceux qui cherchent à rester fidèles à leur première alliance ?
Mgr J.-P. V. : L’Église reconnaît, dans le n° 83 de Familiaris Consortio, qu’un mariage peut échouer, qu’il vaut mieux parfois rompre une alliance et que l’on peut être innocent dans cette rupture. Elle dit aussi qu’il convient de distinguer les responsabilités mais elle ne tire pas les conséquences de ces distinctions. Et elle assimile à un adultère toute autre relation après le divorce. Pour moi, ces mots sont terribles. Une doctrine vraie ne peut pas entrer en contradiction avec la vérité des personnes.

En prenant cette position entre les deux Synodes sur la famille, ne craignez-vous pas d’ajouter à la confusion et de focaliser le débat sur
la seule question des divorcés remariés ?
Mgr J.-P. V. : En réalité, ce livre n’aurait jamais dû être écrit car il y a longtemps que l’Église ne devrait plus traiter d’adultères des personnes qui sont fidèles depuis des années à une deuxième alliance, au nom du Christ. Les divorcés remariés ne devraient plus être un sujet pour le Synode qui, effectivement, a de nombreux autres enjeux à aborder. Traitons-le rapidement et passons au reste.

En tant qu’évêque, n’avez-vous pas peur de participer à une forme d’opposition dans l’Église ?
Mgr J.-P. V. : Ce dont j’ai peur, c’est d’être instrumentalisé par ceux qui jugent l’Église rétrograde. Or, je m’inscris totalement à l’intérieur de l’Église.Ce qui me révolte, c’est de la voir abîmée, caricaturée sur cette question-là.
Je me situe dans le débat ouvert par le pape François lui-même en envoyant un questionnaire à tous les baptisés. Au titre de la synodalité, j’apporte des éléments au débat. Le pape pose des questions, j’y réponds.

Qu’attendez-vous du prochain Synode ?
Mgr J.-P. V. : J’aimerais que l’Église puisse donner aux ministres de la réconciliation l’autorisation de permettre à certains de faire face à leur passé,de regarder les raisons de la rupture, d’examiner leur responsabilité, afin de pouvoir demander pardon de cette brisure. Non pas un droit au pardon mais un droit à pouvoir demander pardon.

En touchant à la discipline, ne remettez-vous pas en question la doctrine de l’Église ?
Mgr J.-P. V. : Personne ne remet en cause la doctrine de l’indissolubilité. Les personnes qui souffrent de ne pouvoir communier en souffrent
précisément parce qu’elles y croient. Mais l’indissolubilité ne peut être réduite au mariage sacramentel. Le sacrement est une consécration de l’indissolubilité d’un amour véritable entre l’homme et la femme. Cet amour est le signe d’une réalité plus haute, et il est infiniment fort et fragile.
Qu’on marque ce signe en disant qu’on ne se marie qu’une fois, très bien, mais qu’en revanche on ne permette pas l’accès au sacrement de réconciliation, alors c’est une doctrine qui devient écrasante et ce n’est pas juste. Or je crois qu’elle est juste. Donc c’est notre manière de la recevoir qui ne l’est pas.
Aussi je crois qu’on peut changer la discipline pour servir mieux la doctrine. Si quelque chose, dans mes propos, met en jeu l’essence de la foi, alors je me rétracterai et je demanderai pardon. Mais qu’on me l’explique car, aujourd’hui, je ne comprends pas.

Recueilli par Bruno Bouvet et Céline Hoyeau


AVEC CET ARTICLE, in Urbi & Orbi Lacroix

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Les migrants, « nouvelles couleurs » des Églises du Maghreb

2015-03-03 Radio Vatican

 

Entretien - L’aéroport de Tripoli, en Libye, a été bombardé mardi par les forces loyales au général Khalifa Haftar. Les raids sont la réponse à l’attaque des miliciens de Fajr Libya contre un terminal pétrolier.

Aucune de ces opérations n’a fait de victimes.

Le général Haftar a été nommé lundi à la tête de l’armée loyale au Parlement reconnu par la communauté internationale et siégeant à Tobrouk, dans l’Est du pays. Ce parlement a annoncé le même jour qu'il reprenait sa participation au dialogue politique parrainé par l'ONU, une semaine après l'avoir suspendu.

Le pays, dont la situation sécuritaire s’est fortement dégradée ces dernières semaines, est dirigée par deux parlements et deux gouvernements rivaux, dont un seul est reconnu à l’étranger.

 

 

La Libye est au cœur des préoccupations du Pape François, comme l’explique à Antonino Galofaro Mgr Paul Desfarges, l’évêque de Constantine et Hippone, en Algérie, et membre de la Conférence Épiscopale de la Région du Nord de l’Afrique (CERNA) en Visite ad Limina cette semaine. Ainsi que les conséquences sur les migrants, au centre de drames réguliers en mer Méditerranée.

 

Transcription du témoignage de Mgr Desfarges :

La situation est vraiment dramatique ; à Benghazi, l'évêque a quitté son église d'une façon très rapide, un peu brutale ; il est réfugié avec deux ou trois autres personnes, dans un hôpital. On m'a appris récemment que l'église de Tripoli sert d'entrepôt d'armes ou d'autres choses pour les groupes qui occupent maintenant cette région.

Notre grosse attention maintenant, - et le pape,  a été très très attentif à la situation des migrants. Ca, c'est une réalité de nos Eglises du Maghreb, depuis quelques années : des migrants venus du sud du Sahara et qui traversent le pays ; les situations des migrants sont vraiment un grand drame, humain, spirituel, grave, profond. Ce que nous voulions dire, ce qu'on a dit au Saint Père, c'est que maintenant, on a des migrants qui restent dans nos pays, qui prennent place dans nos pays, et certains dans nos Eglises ; et on sent qu'en Algérie, le nombre des migrants qui probablement vont rester, vont chercher à s'installer, grandit. Nos pays deviennent des pays d'immigration, et ça donne aussi une nouvelle couleur à notre Eglise. Donc avec le souci de ces personnes, quand ils rejoignent nos lieux de rencontre ecclésiale, églises ou rassemblements, enfin, ils se retrouvent eux-mêmes : ils recommencent à exister en ce qu'ils sont, et à retrouver un peu de dignité. C'est la première chose que nous leur offrons : de sentir qu'ils sont des personnes humaines, dignes ; dignes d'être écoutées, dignes de parler, dignes de participer à quelque chose.

 

Le Souverain Pontife a confié aux évêques, comme le raconte toujours le prélat, « beaucoup prier pour les deux évêques de Libye » et « être attentif à la souffrance de l’Église et du peuple libyens ».

 

(Tratto dall'archivio della Radio Vaticana)

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