Une Eglise à la
rencontre de l’Islam
+ Fr.
Santiago Agrelo “Un évêque à la rencontre de l’Islam, dans l’esprit franciscain (Damiette)”, tel était le thème que l’on m’avait demandé de développer. Le côté “esprit franciscain” était attirant et suggestif. Et Damiette évoquait dans le cœur du franciscain que je suis une tranche de vie de famille, belle et simple comme un “fioretti”, et si surprenante que ce furent les poètes qui en assumèrent la narration, plutôt que les historiens, à la plume plus sévère. Mais la partie du titre, “un évêque à la rencontre de l’Islam”, me parut trop personnelle. Ainsi, en demandant au frère Mariano de pouvoir modifier le titre, j’ai pris comme excuse une évidente incapacité de langage ; je lui dis : “Comment un évêque qui ne parle pas l’arabe, qui ne le comprend pas et ne le comprendra jamais, peut-il aller à la rencontre de l’Islam ? Je ne peux qu’aimer ce monde, ses habitants, ses pauvres et, avec ou sans langage, faire pour eux ce qui est en mon pouvoir pour que leurs vies soient un peu plus dignes, si possible plus humaines”. C’est ainsi qu’est né un nouveau titre : « Une Eglise à la rencontre de l’Islam ». Parce que l’histoire de la relation de l’Eglise qui est en pèlerinage à Tanger avec son environnement islamique vaut bel et bien la peine d’être considérée1. Le profil de cette Eglise : L’Eglise de Tanger est une petite communauté chrétienne, qui compte environ 2'500 fidèles et s’étend sur un territoire d’un peu plus de 20'000 kilomètres carrés. C’est un territoire vaste pour un petit troupeau. Cette communauté est composée de familles européennes, pour la plupart des familles espagnoles qui restèrent au Maroc après l’indépendance ; de jeunes venus d’autres pays africains pour suivre des études universitaires au Maroc ; du personnel travaillant dans les écoles et instituts étrangers – espagnols, français, américains - ; du personnel d’entreprises étrangères, de délégations diplomatiques ; et de prisonniers ! Si on érigeait une paroisse dans la prison de Tanger, elle serait, parmi toutes celles de l’archevêché, celle qui compterait le plus grand nombre de fidèles. Et, bien entendu, le pourcentage de pratiquants y serait le plus élevé. Il faut encore mentionner le plus récent de ces groupes de personnes, celui des immigrants, hommes, femmes et enfants pleins d’espoirs et chargés de souffrances, traités comme des marchandises dans un monde qui sacrifie les personnes à l’argent, parias de la dernière génération vivant dans des sociétés soi-disant égalitaires. Remarquons-nous que dans cette Église il n’y a pas des fidèles marocains. Si en tout lieu la foi fait d’une communauté chrétienne une communauté d’étrangers et de pèlerins2, au Maroc, la loi y contribue efficacement. Ce sont les religieux et les laïcs qui façonnent le profil particulier de cette Eglise en pèlerinage au milieu des musulmans, ces religieux et laïcs qui, à cause de leur foi, y consacrent leur vie au service des autres. A la rencontre de l’Islam : Pour parler de la relation de cette Eglise avec son environnement islamique, nous nous sommes orientés vers une idée de mouvement : “Une Eglise à la rencontre de l’Islam”. ‘Aller à la rencontre de quelqu’un’, cela implique l’idée d’‘aller à sa recherche’.
La grâce d’aller vers : Au Maroc, le chrétien est étranger. Et ce n’est pas seulement une condition sociale mais également une condition théologale. Cette Eglise, qui aujourd’hui est étrangère et émigrante de par la loi, l’a toujours été de par sa foi. Si au Maroc une restriction des libertés nous rend étrangers, nous le sommes en tout lieu par vocation. Nous sommes pèlerins par grâce, comme le fut Abraham, comme le fut Jésus de Nazareth. Abraham avait une terre natale et une maison paternelle. Mais un jour, l’appel de Dieu fit de lui un homme arraché à sa terre par la force d’une espérance. “Il partit ne sachant où il allait. Par la foi, il vécut dans le pays que Dieu lui avait promis comme s’il était un étranger, y vivant sous des tentes, comme Isaac et Jacob, héritiers avec lui de la même promesse. Abraham attendait la cité qui a de solides fondations, celles dont Dieu est l’architecte et le constructeur”3. La parole de Dieu fait sortir l’homme de son monde, il le ‘dé-terre’, il le rend “étranger et émigrant” : “Quitte ton pays”4. Et la promesse qui lui est révélée lui donne la force nécessaire pour le mettre en chemin : “Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai… C’est à ta postérité que je donnerai ce pays”5. Le Messie Jésus ‘sortit’ aussi de Dieu pour aller vers l’homme. Les paroles de Jésus à ses disciples expriment le mystère de son pèlerinage : “vous m’aimez et vous croyez que je suis sorti d’auprès de Dieu. Je suis sorti d’auprès du Père et je suis venu dans le monde. A présent je quitte le monde et je vais vers le Père”6. Entre ce ‘sortir d’auprès’ et ce ‘aller vers’, le mystère de l’incarnation fut révélé au monde, mystère de la Parole qui est sorti d’auprès du Père pour venir à la rencontre de l’homme. C’est une grâce de Dieu cette vocation à sortir ; grâce de Dieu est aussi la promesse qui meut celui qui sort ; grâce est la mission qui lui est confiée ; grâce, le message qu’il porte ; grâce, le don que reçoivent ceux à qui le messager est envoyé. Descendre, condition nécessaire pour aller vers : Pour discerner la nature du chemin par lequel nous devons aller à la rencontre des autres, il faut considérer le chemin qu’a parcouru le Christ pour venir à nous. Il ‘sortit’ d’auprès de Dieu pour aller vers l’homme, il ‘sortit’ de l’éternité pour entrer dans le temps, de la lumière de gloire pour pénétrer l’obscurité de la nuit, de la condition divine pour rejoindre les profondeurs de la condition humaine, comme l’exprime l’hymne que l’apôtre Paul inséra dans sa lettre aux Philippiens : “Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave, et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom”7. Le chemin que parcourut le Messie Jésus pour aller à la rencontre de l’homme, ce chemin d’anéantissement, est le chemin de l’incarnation, que nous devons considérer sous les deux aspects soulignés par l’évangéliste lorsqu’il dit : “Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous”8. L’hymne de la lettre aux Philippiens considère le Messie Jésus comme un homme nouveau en parallèle et en opposition au vieil homme dont parlent les premiers chapitres de la Genèse. Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, Adam voulut être comme Dieu. Le Christ, en dépit de sa “condition divine…ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu”. Adam désobéit au commandement du Seigneur. Le Christ se fit “obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix !”. Suivant jusqu’au bout le chemin d’anéantissement du Messie Jésus, nous le voyons ‘s’abaisser’, non seulement par rapport à Dieu, mais également par rapport aux autres hommes. Le quatrième évangile a souligné cet aspect d’abaissement par rapport à l’homme, en utilisant l’expression “s’est fait chair”. En Jn 1,14, le terme ‘chair’ “exprime ce qui est rattaché à la terre, ce qui est caduque et périssable, quelque chose de propre au mode humain d’exister”9. À la lumière du mystère de l’incarnation du Verbe, nous ne pouvons plus concevoir d’autre grandeur que celle d’être petits, d’autre rêve que celui d’être humains, ni d’autre ambition que celle de marcher dans le monde en suivant les humbles pas de Jésus de Nazareth. Pour aller à la rencontre de l’homme, le Messie de Dieu ne choisit pas le chemin du dialogue entre égaux10. Il n’imposa pas non plus aux hommes les conditions de participation à une table ronde qui réunirait des interlocuteurs respectueux les uns des autres11. Dialogue et respect, sont des catégories nécessaires pour réguler les relations entre les hommes, mais seront pas suffisants pour aller à la rencontre de ceux qui, mêmes s’ils appartiennent à la Parole, ne la connaissent pas ; de ceux qui, même s’ils ont besoin de nous, ne nous attendent pas ; de celui qui a son monde fermé, et qui n’a pas besoin de toi ; de celui qui a sa vérité et ne croit pas qu’il faille en chercher une autre. “Dialoguer à partir de nos différences”, nous respecter dans nos différences, cela aidera à discerner “la façon d’orienter les relations” avec autrui, mais cela ne nous portera pas à la rencontre de cet autre12. Le chemin d’anéantissement parcouru par le Messie Jésus, son abaissement, n’est pas seulement son propre chemin ; il doit être celui de l’Eglise qui est son corps. C’est en cherchant une coexistence pacifique qu’il faut avancer sur le chemin de l’affirmation de vérités ou de revendications de droits. Mais le Messie Jésus n’est pas venu cohabiter en paix avec ses voisins. Il est venu pour donner la vie à tous. Et pour cela, il faut se donner. Il ne suffit pas d’être un bon voisin. C’est ce que dit le quatrième évangile : “Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle”13. “Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive”14.“En vérité, en vérité, je vous le dis, ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain qui vient du ciel, mais c’est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai ; car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde”15. Le dialogue et le respect ne nous transforment pas en pain sur la table d’autrui. Et l’Eglise, comme le Christ, est envoyée pour être du pain sur la table de tous.
Aller pour évangéliser : Entrons maintenant dans le mystère de ce don, de cette nourriture que l’amour de Dieu a préparé pour la vie des pauvres. Un cadeau n’a pas d’autonomie. Il vient toujours de quelqu’un pour quelqu’un. Il en va de même pour celui qui est envoyé et sa mission : il est toujours envoyé par quelqu’un et pour d’autres16. Plusieurs textes de l’Ecriture Sainte parlent de la mission du Messie. Parmi ces textes, j’estime que celui dont Jésus, à la grande surprise de ses voisins, dit qu’il s’accomplit en lui, est spécialement significatif : “L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour annoncer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, pour renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur”17. Jusqu’alors, il s’agissait de la lecture habituelle du texte du prophète ; ce qui surprend, c’est que, lorsque le lecteur s’assied, il dit à ses auditeurs : “Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture”18. Le Messie de Dieu, l’Oint de l’Esprit Saint, a été envoyé. Il est dans la synagogue, avec une bonne nouvelle à annoncer aux pauvres. L’Oint doit proclamer la liberté aux captifs et la vue aux aveugles. L’Oint proclame le jubilé de Dieu pour tous ceux qui ont besoin de rédemption. En réalité, l’Oint est la bonne nouvelle. Il est, lui, la liberté et la lumière. Il est la grâce que l’on attendait. Il est le don de Dieu à son peuple. La liberté, la lumière, la grâce ne sont pas le sujet d’un dialogue entre experts, ni la cause de respect entre représentants de pouvoirs politiques, militaires ou économiques. La liberté, la lumière et la grâce sont des dons de Dieu. Et ce don de Dieu s’accepte, ou se refuse. Ainsi, les hommes auxquels l’Oint est envoyé ne sont pas les philosophes, ni les puissants de la terre, ni les hommes politiques, les militaires ou encore les commerçants. Ce sont les pauvres auxquels l’Oint est envoyé. J’ai dit les pauvres, et cela nous oblige à mettre entre parenthèses la partie du titre de cet article qui fait référence à l’Islam. Nous ne sommes pas envoyés aux religions de la terre mais aux pauvres de la terre. C’est une loi universelle pour le corps du Christ qu’est l’Eglise. Le paradoxe que nous vivons, en tant que chrétiens, dans notre relation avec le monde musulman, c’est que nous portons l’évangile de la liberté, de la lumière et de la grâce à des personnes que, légalement, nous n’avons pas le droit d’évangéliser19. Et, autre paradoxe, les mêmes personnes que la loi nous empêche d’évangéliser par la parole, nous pouvons les évangéliser par le service de la charité. En tous lieux, évangéliser, c’est nécessairement servir. Auprès des musulmans, c’est uniquement servir. Comme son Seigneur, l’Eglise n’est pas envoyée pour être servie, mais pour servir20. Celui qui rejoint les derniers par le mystère de l’incarnation continue à descendre jusqu’aux derniers dans le mystère de son Eglise. Qui dit Eglise, dit communauté “incarnée”, communauté d’hommes et de femmes qui descendent jusqu’au plus profond, jusqu’aux derniers, jusqu’à ceux que le Christ Jésus a d’abord rejoints. Dans ce chemin d’incarnation, les paroles de la rencontre sont définies dans le dictionnaire de l’amour.
Bénis pour devenir bénédiction : L’amour qui nous choisit et nous appelle, celui qui nous arrache à notre terre, cet amour nous consacre à Dieu et aux hommes. Par la foi, Abraham et Jésus devinrent pèlerins et furent bénis, pour qu’en eux, nous puissions tous recevoir la bénédiction. A Abraham, le Seigneur dit : “Par toi serons bénis tous les clans de la terre”21. La foi nous apprend à dire que Jésus est le Fils de Dieu livré pour la vie du monde. Il est la source d’eau vive que Dieu a fait jaillir pour que boivent les assoiffés, le pain descendu du ciel pour que l’homme mange et vive. Jésus est le chemin, la vérité et la vie. Il est le bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis, la lumière qui est venue au monde pour que nous ne marchions plus dans les ténèbres, la résurrection et la vie pour ceux qui croient en lui. L’Eglise confesse que Jésus est descendu jusqu’au plus bas, jusqu’à la demeure de son épouse, “jusqu’à sa mort, jusqu’à sa croix”. L’Eglise sait que son Seigneur n’est pas venu à elle pour l’abandonner à son sort sur un sol maudit22. Celui qui l’aime s’est chargé de sa malédiction pour qu’à son tour elle soit bénie en lui : “Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ”23. Comme Abraham, comme Jésus, l’Eglise est aussi consacrée à Dieu et aux hommes, choisie et appelée à entrer en pèlerinage pour être bénie et devenir bénédiction.
Notre pèlerinage dans le monde musulman :
Pèlerins au milieu des musulmans : Je dois parler maintenant de cette Eglise qui est en marche au Maroc et qui, ici, témoigne du Christ au milieu des musulmans. Je ne sais pas si l’on peut dire de ses enfants ce qu’écrivit son biographe au sujet de S. François d’Assise : “Brûlant d’amour pour Dieu, le très bienheureux père François s’appliquait toujours à mettre la main à des entreprises courageuses”. Je ne sais pas si la flamme du désir du martyre a embrasé le cœur de l’un de ces enfants24. Mais je sais que la foi les anime et que c’est la parole de Dieu qui les dé-terre et les envoie. On pourra penser que cette formulation ne nous engage pas, mais ce n’est pas le cas : si je confesse que la parole de Dieu m’envoie, cette simple confession fait de moi un missionnaire, elle me prive de mon message pour me rendre serviteur du message qui m’a été confié – l’évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ –, elle me rend semblable au Fils qui fut envoyé par le Père et m’associe à l’œuvre d’évangélisation de l’Eglise, corps du Christ, qui continue dans le monde la mission de son Seigneur. Paradoxe ! Notre pèlerinage – notre mission –, nous le vivons parmi des musulmans, dans un pays, le Maroc, qui, comme de nombreux pays islamiques, s’est doté de lois contre le prosélytisme, dont le but est, à ce qu’on dit, de défendre la foi des fidèles musulmans. J’avoue que je n’ai pas encore lu les lois anti-prosélytisme du Royaume du Maroc. On y apprend, néanmoins, qu’il faut vivre la foi simplement et de manière radicale. Et si un jour, à cause de notre vie de foi, on nous accuse d’avoir fait du prosélytisme, alors non seulement nous nous sentirons en paix avec notre conscience, mais nous saurons également que nous aurons respecté la loi du pays qui nous a accueillis. L’Eglise qui est en pèlerinage au Maroc a su maintenir un équilibre qui n’est pas toujours facile à vivre, entre la fidélité à sa mission et le respect des lois auxquelles nous sommes tous soumis. La fidélité à notre mission exige que nous soyons fiers de notre foi, reconnaissants de l’avoir reçue, que nous la professions avec humilité et joie, de sorte que tous puissent savoir ce que nous croyons. Et le respect des autres exige que nous vivions parmi eux “soumis à tous”, travaillant avec tous à l’édification de la cité future, plus juste, plus solidaire, plus humaine, plus divine. Voici une Eglise qui évangélise par la vie de ses fidèles ; par leur “présence affable et respectueuse au milieu des musulmans”, par la prière liturgique, par la sobriété solidaire, par le témoignage de la charité. Voici une Eglise qui évangélise en écoutant, en se laissant évangéliser, en apprenant des pauvres. Car il n’y aurait plus de mission là où l’envoyé cesserait de porter la bonne nouvelle aux pauvres. L’évangile que nous annonçons à ceux qui ne le connaissent pas, ils ne le recevront pas à travers ce que nous pourrions leur dire par des paroles mais à travers ce qu’ils pourront voir dans nos vies. Nous annoncerons l’évangile si nous portons le Christ en nous, si nous communiquons la paix qu’il donne, si nous offrons le bien qu’il apporte, l’espérance avec laquelle il a rempli le cœur de ses fidèles.
Pèlerins avec les musulmans : Avec un autre, on peut être pèlerin de bien des manières. Chrétiens, nous n’allons pas à La Mecque avec les musulmans ; je suppose qu’ils ne nous permettraient même pas de participer à leur pèlerinage. En revanche, nous pouvons les accompagner toujours, et aussi à La Mecque, dans notre cœur, c’est-à-dire par la prière, l’affection, le respect, l’admiration, la sympathie. C’est le pèlerinage intérieur qu’il faut entreprendre bien avant que, chrétiens et musulmans, nous ne parvenions à marcher ensemble “au vu de tous”. Je crois que cela fait déjà de nombreuses années que l’Eglise de Tanger s’est engagée dans ce nécessaire pèlerinage du cœur. Nous n’allons pas à La Mecque avec les musulmans mais nous marchons avec eux sur le chemin de la vie. Lorsque l’on partage du pain, lorsque l’on se salue, se respecte, lorsque l’on devient familier, on crée de forts liens de communion, de nouveaux espaces de relation. Les vieux murs de la séparation s’effondrent. Il est plus difficile de faire des préjugés. Les musulmans ne se rendent pas non plus en pèlerinage dans aucun sanctuaire chrétien. Mais le Christ est proche d’eux dans cette Eglise, il s’y fait leur compagnon, leur proche, leur bon samaritain sur un chemin dans lequel il y a toujours des pèlerins à moitié morts dont il faut prendre soin. C’est du moins ce que nous voulons ici : être sacrement du Christ pour ceux qui ne le connaissent pas, le rendre présent, le rendre visible, le rendre familier. Nous n’allons pas à La Mecque avec les musulmans mais nous nous unissons à eux dans la confession de la seigneurie de Dieu sur nous, dans la soumission au Dieu Clément et Miséricordieux, dans la pratique de la prière, dans la solidarité avec les plus défavorisés, dans la lutte pour la justice.
Pèlerins à la rencontre des musulmans : C’est dans l’évangile de S. Luc que je m’inspire pour dégager les lignes principales de cet aspect de notre pèlerinage. Dans la synagogue de son village, un jour de sabbat, Jésus, debout, lit un texte d’Isaïe : “L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, pour libérer les opprimés et proclamer une année de grâce du Seigneur”25. Et au moment d’expliquer ce qu’il a lu, il dit : “Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture”26. Le récit, interprétation croyante de la vie de Jésus de Nazareth, nous le présente comme pèlerin, oint de Dieu et envoyé auprès des pauvres, pour porter la bonne nouvelle à des captifs, des aveugles, des opprimés, des personnes qui ont besoin de rédemption. C’est à la lumière de ce texte que je veux considérer notre pèlerinage de croyants chrétiens au Maroc : envoyés par le Christ pour continuer sa mission dans le monde. C’est le même Esprit qui nous donne l’onction. C’est la même mission qui nous est confiée. Nous pourrions parler des mêmes catégories de destinataires, les désigner avec les mêmes substantifs. Mais nous allons leur donner d’autres noms, vu que nous sommes dans un autre lieu, en un autre temps, plongés dans une autre culture, confrontés à d’autres pauvretés. Cette partie s’intitule “pèlerins à la rencontre des musulmans”. En réalité, l’Eglise de Tanger est en marche vers un monde marqué par de graves carences, dans lequel vivent de nombreux frères, qui sont la chair de notre chair, le corps réel du Christ Jésus : des handicapés profonds, souffrant de graves lésions cérébrales ; des handicapés de naissance – enfants trisomiques – ; des handicapés sensoriels – enfants sourds-muets – ; des handicapés sociaux – enfants de la rue, mères célibataires – ; des handicapés culturels – personnes qui, faute d’une formation adéquate, risquent d’être victimes de nombreuses formes d’oppression – ; des handicapés civils – personnes qui, n’ayant pas de papiers, ne jouissent pas des droits civils dont jouissent normalement les citoyens d’un pays. J’ai écrit : “pèlerins à la rencontre des musulmans”, parce que ces personnes vers lesquelles nous sommes en marche sont habituellement de religion musulmane, bien que, pour venir en aide à toute personne qui en a besoin, nous n’interrogeons aucune sur sa religion. Pour parler de la présence de l’Eglise au Maroc, il ne suffit pas de dire qui nous sommes ni combien nous sommes. Il faudra surtout considérer ce que nous faisons et combien de personnes nous touchons, avec ce que nous sommes et ce que nous faisons. L’Eglise de Tanger, même si aucun de ses membres n’a la nationalité marocaine – cela est interdit –, est une Eglise bien enracinée dans la société marocaine. Ses institutions sont respectées et son travail auprès des pauvres est facilité de bien des manières.
Clés pour la rencontre avec l’Islam :
C’est avec François d’Assise que, franciscains, nous avons commencé à aller “chez les Sarrasins” et, depuis lors, nous avons toujours été parmi eux, comme s’ils faisaient partie de notre vocation. Ce qui est certain, c’est qu’ils font partie de notre Règle et de notre profession religieuse : “Que tous ceux des frères qui, par inspiration divine, voudront aller chez les Sarrasins et autres infidèles, y aillent avec la permission de leur ministre et serviteur”27. Avant de prononcer les vœux simples dans la Province Franciscaine à laquelle j’appartiens, agenouillé devant le Provincial et la communauté du noviciat, j’ai juré d’aller en Terre Sainte et au Maroc au moment où mes supérieurs décideraient de m’y envoyer. Cette sorte de vocation au sein de la vocation exige de la part du missionnaire non seulement les qualités nécessaires pour l’exercice de son ministère ainsi qu’une disposition personnelle pour le don de sa propre vie mais également d’entrer dans un chemin de purification et de recherche qu’il n’a jamais été facile de parcourir.
La purification du langage : Pour saint François et ses compagnons, le mot “Sarrasin” évoquait un monde hostile, un monde de conquérants qui menaçaient non seulement des terres ou une autorité mais également et surtout la foi chrétienne. Les écrits des premiers frères comportent de nombreux passages qui reflètent cette perception du monde musulman comme une menace. En effet, pour fonder dans l’évangile la mission des moines franciscains auprès des Sarrasins et des infidèles, saint François aurait pu simplement choisir cette parole du Christ “Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création”28, qui exprime clairement la volonté de Jésus et qui ne qualifie pas l’humanité auprès de laquelle sont envoyés les missionnaires. Mais saint François ne choisit pas ce verset de l’évangile. Pour sa Règle, il choisit des textes qui soulignent la difficulté ou le danger qui accompagnent toute mission : “Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; montrez-vous donc prudents comme les serpents et candides comme les colombes”29. “Qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera30 pour la vie éternelle31. Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux”32. “S’ils m’ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront”33. “Si l’on vous pourchasse dans une ville, fuyez dans une autre34. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïront, vous maudiront et vous persécuteront, quand ils vous frapperont d’exclusion et qu’ils insulteront et proscriront votre nom comme infâme et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi”35. Malgré tout, seuls les “Sarrasins” sont appelés “infidèles”36 dans la Règle et dans d’autres écrits de François. Ce genre de langage, qui crée des barrières au moins psychologiques entre nous et ceux que, d’un autre côté, nous souhaitons rencontrer, se maintient aujourd’hui sous d’autres formes pour désigner ceux que nous percevons comme différents de nous ; et il me semble que ce langage conditionne plus particulièrement nos relations avec le monde musulman. Dans ce domaine, l’Eglise de Tanger a parcouru un long chemin de purification, purification que l’on ne doit jamais considérer comme acquise une fois pour toutes car de la peur ne peuvent que sortir des paroles de méfiance.
La purification des motivations : La relation de saint François d’Assise avec les musulmans est très marquée par “le désir d’un martyre sacré”37. C’est ce désir qui l’a poussé à leur prêcher la foi chrétienne et la pénitence. Il tenta d’arriver jusqu’en Syrie ; il tenta d’aller au Maroc ; quelques années plus tard, ne pouvant “encore se reposer à moins de suivre, avec encore plus de ferveur qu’auparavant, le bienheureux élan de son esprit”38 – c’est-à-dire le martyre – “alors que chaque jour des combats plus forts et rudes survenaient entre les chrétiens et les païens”39, il parvint enfin à se présenter devant le sultan des Sarrasins, Malik-al-Kamil, à Damiette en Egypte. Et il s’en fallut de peu qu’il ne trouvât alors le repos qu’il recherchait : “Avant d’accéder au sultan, il fut fait prisonnier par ses gardes, soumis à des outrages, roué de coups ; il n’est pas terrifié, les menaces de supplices ne lui donnent pas de crainte, la mort brandie contre lui ne l’épouvante pas”40. Le désir du martyre n’excite plus aujourd’hui l’ardeur missionnaire des disciples de Jésus ; et cela n’est pas dû à une diminution de la foi, à une faiblesse de l’espérance ni à une imperfection de la charité mais plutôt à une meilleure compréhension des exigences de ces trois vertus. Si on considère le désir du martyre, la première mission franciscaine ne peut pas être un modèle pour la mission actuelle. En revanche, elle l’est quant à l’amour passionné du Christ dont elle témoigne, le désir d’obéir à son commandement, l’ardeur avec laquelle les missionnaires cherchaient à suivre au plus près les pas du Christ.
La purification de l’esprit : Pour qualifier les relations entre les frères et les musulmans, certains franciscains font une distinction entre l’esprit de Damiette et l’esprit de Marrakech, entre la manière dont François se présenta devant le sultan et la manière dont ses frères prêchèrent la foi catholique à Séville et au Maroc. De ce point de vue, l’approche de François aurait été conciliatrice tandis que celle des missionnaires de Marrakech aurait été, à tout le moins, un procédé imprudent. Je ne crois pas que l’on puisse fonder cette distinction sur des sources fiables. Au contraire, les documents que nous considérons comme des sources franciscaines reflètent un esprit commun à toute la communauté. Commun était le désir de plaire à Dieu, commun le désir d’annoncer le Christ, commun le désir de réaliser de grandes entreprises, commun le désir de perfection, commune la soif du martyre. De cette histoire de la mission auprès des musulmans, nous gardons l’esprit qui anima saint François et ses compagnons, leur recherche de chemins pour aller à la rencontre de ceux qui ne connaissaient pas encore le Seigneur, leur passion pour la vérité, leur liberté face aux menaces et aux flatteries. S’il y eut quelque chose de différent à Damiette, c’est que saint François trouva la manière de regarder le sultan sans l’offenser, sans l’apeurer, sans l’humilier, et qu’il ouvrit le chemin pour que le sultan le regarde, lui, comme un homme différent des autres41. C’est dans cet échange de regards que se concentre l’esprit de la mission franciscaine parmi les musulmans.
La recherche de ce qui unit : Comme toute religion, l’Islam prêche la soumission des hommes à Dieu. Suivant l’évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, François d’Assise pratique et enseigne la soumission des frères à toute créature humaine. Le premier mode d’évangélisation que doivent pratiquer les frères est le témoignage de vie ou la proclamation silencieuse du Royaume de Dieu : “Les frères qui partent ont, du point de vue spirituel, deux façons de se conduire parmi les infidèles. La première est de ne soulever ni débats ni discussions, mais d’être ‘soumis à toute créature à cause de Dieu’ et de se proclamer chrétiens”42. Soumission et confession impliquent le service de celui qui confesse sa foi chrétienne à celui qui n’est pas chrétien. Le second mode d’évangélisation est l’annonce de la parole de Dieu, lorsque les frères estiment que Dieu le veut. Ce comportement est plus problématique et risqué. Plus problématique parce que le Seigneur, nous ne l’entendons pas. De plus, il n’a pas l’habitude de protester lorsque nous n’interprétons pas bien sa volonté. Et c’est un comportement plus risqué parce que le sultan peut comprendre notre interprétation de la volonté divine comme du prosélytisme et qu’il peut nous chasser de son pays ou nous enfermer dans ses prisons. Dans tous les cas, ce qui fonde les formes de prédication de François, c’est un excès d’amour pour Dieu et pour les hommes. Et pour les fils de François, cet excès d’amour est loi, vocation, manière de vivre.
La vie comme lieu de rencontre : On pourrait penser que, pour une communauté chrétienne en pays musulman, l’obligation d’annoncer l’évangile et l’interdiction du prosélytisme sont inconciliables. Mais ce n’est pas le cas. La forme principale, la plus importante, la forme fondamentale de l’évangélisation, c’est la vie du disciple de Jésus. Ce n’est pas tant ce que nous disons que ce que nous vivons qui évangélise, suivant la parole du Seigneur : “Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux”43. La connaissance de la langue parlée par les marocains, le darija, instrument nécessaire pour découvrir leur culture, leur psychologie, leur monde, serait également nécessaire pour faire connaître l’évangile, si les lois anti-prosélytisme ne l’interdisaient pas. Si le chemin de la langue parlée est fermé à l’évangélisation, le chemin de l’exemple reste toujours ouvert, suivant ce qu’il est dit du bienheureux François : “Il remplissait toute la terre de l’Evangile du Christ… apportant à chacun l’Evangile du Royaume de Dieu ; comme il n’édifiait pas moins par l’exemple que par la parole ceux qui l’écoutaient, de tout son corps il avait fait une langue”44. Pour cette évangélisation, il n’y a ni lieux ni temps réservés. Car c’est une mission de tous les temps et de tous les lieux et elle doit être accomplie, quelle que soit l’activité du croyant. En revanche, il y a des attitudes et des activités dont la nature fait qu’on les associe plus facilement à l’action missionnaire. J’en citerai quelques unes qui sont particulièrement visibles dans l’Eglise de Tanger :
CONCLUSION : Si la présence de l’Eglise au nord du Maroc peut être aujourd’hui considérée comme déterminante et significative, je ne pourrais rien dire au sujet de son avenir. C’est une Eglise très belle – à mon avis – mais elle manque de personnel et sent le poids des années. Je ne suis pas préoccupé par les lois anti-prosélytisme bien que je les considère injustes ; je ne crains pas l’absence de liberté religieuse ni de liberté de conscience ; ce qui me préoccupe, c’est que demain il n’y ait plus ici de mains chrétiennes qui puissent faire partager aux pauvres le pain de l’espérance. Je vous remercie pour votre attention.
--------------------------- ---------------------------- Prof. Dr. Dr. Mariano Delgado Doyen / Dekan Faculté de Théologie / Theologische Fakultät Université de Fribourg / Universität Freiburg Av. de l'Europe 20 CH-1700 Fribourg http://www.unifr.ch/theo http://www.unifr.ch/skg http://www.unifr.ch/ird http://www.unifr.ch/zmr e.mail: mariano.delgado@unifr.ch Tel.: ++41/26/ 300 74 03 Fax: ++41/26/300 96 62
1 Au sujet de la mission des franciscains au Maroc, le Secrétariat de la Curie Générale OFM pour l’Evangélisation Missionnaire a publié un mélange d’écrits sous le titre Los franciscanos en Marruecos. Vivir el encuentro con el otro (Roma 2004). 2 Cf. 1 P 1,1; 2,11. 3 He 11,8-10. 4 Gn 12,1-2. 5 Gn 12,2.7. 6 Jn 16,27-28. 7 Ph 2,6-9. 8 Jn 1,14. 9 R. SCHNACKENBURG, Das Johannesevangelium, I, 284. La traduction est la nôtre. 10 Pour une bonne réflexion sur la nature du dialogue, cf. J. LEVRAT, La force du dialogue (Rabat 2003). 11 Cf. CONCILE VATICAN II, Déclaration Nostra Aetate. Ce document, déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, se meut dans le terrain de ce “que les hommes ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée”. Mais, personne ne l’ignore, on ne parvient pas par ce chemin à une véritable rencontre avec les autres. C’est pourquoi, dans son dernier numéro, la déclaration conduit la relation avec les autres religions sur le terrain de l’amour : “Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l’image de Dieu. La relation de l’homme à Dieu le Père et la relation de l’homme à ses frères humains sont tellement liées que l’Ecriture dit : ‘Qui n’aime pas ne connaît pas Dieu’ (1 Jean 4,8). Par là est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent”. 12 Cf. CHRISTIAN W. TROLL, Dialogar desde la diferencia. Cόmo orientarse en las relaciones entre cristianos y musulmanes. Presencia Teolόgica 179 (Santander 2010). 13 Jn 3,16. 14 Jn 4,10. 15 Jn 6,32-33. 16 “Vous me connaissez et vous savez d’où je suis ; et pourtant ce n’est pas de moi-même que je suis venu, mais il m’envoie vraiment, celui qui m’a envoyé” (Jn 7,28). 17 Lc 4, 18-19. 18 Lc 4, 21. 19 Lois contre le prosélytisme en vigueur dans la plupart des pays islamiques. 20 Cf. Mt 20,28. 21 Gn 12,3. 22 Gn 3,17. 23 Ep 1,3. 24 THOMAS DE CELANO, Vita prima, 55. La traduction française que nous reprenons ici est tirée de : THOMAS DE CELANO, Les Vies de saint François d’Assise, Vie du bienheureux François, Légende de chœur, Légende ombrienne, Mémorial dans le désir de l’âme, Introduction par J. Dalarun, Traduction par D. Poirel et J. Dalarun, Révision par J. Dalarun, J.-F. Godet-Calogeras, J.-B. Lebigue et D. Poirel, Concordances et index par J. Poirel, (Sources franciscaines), Ed. franciscaines – Ed. du Cerf, Paris, 2009, p. 166. 25 Lc 4,18-19. 26 Lc 4,21. 27 1 R (= Première règle ou Regula non bullata ) XVI,3. La traduction que nous reprenons ici est tirée de : Règles des moines, Pâcome – Augustin – Benoît – François d’Assise – Carmel, Introduction et présentation par Jean-Pie Lapierre, Editions du Seuil, Paris, 1982, p. 158. 28 Mc 16,15. 29 1 R XVI,1-2. Mt 10,16. 30 Lc 9,24. 31 Mt 25,46 ; Jn 12,25. 32 Mt 5,10. 1 R XVI,11-12. 33 1 R XVI,13. Jn 15,20. 34 Mt 10,23. 35 Cf. Mt 5,11 ; Lc 6,22. 1 R XVI,15. 36 2 R (= Seconde Règle ou Regula bullata) XII,1 ; THOMAS DE CELANO, Vita prima, 55 (p. 166). 37 THOMAS DE CELANO, Vita prima, 55 (p. 166). 38 THOMAS DE CELANO, Vita prima, 57 (p. 169). 39 THOMAS DE CELANO, Vita prima, 57 (p. 169). 40 THOMAS DE CELANO, Vita prima, 57 (p. 170). 41 Cf. THOMAS DE CELANO, Vita prima, 57 (p. 169-170). 42 1 R XVI,6 (p. 158). 43 Mt 5,13.14.16. 44 THOMAS DE CELANO, Vita prima, 97 (p. 220-221). 45 Ac 4,32. 46 Jn 17,21. |