![]() Mercredi des Cendres, entrée en Carême le 18 février 2015 |
Bien chers amis, frères et sœurs de
notre Communauté Diocésaine.
Nous commençons la traversée du Carême qui nous fera entrer dans la semaine Sainte et vivre la toujours étonnante Bonne Nouvelle de la Résurrection. Et après les fêtes pascales, notre Assemblée Diocésaine se dessinera déjà. Mais je pense qu’elle est inscrite dans votre vaste horizon et aussi dans vos rencontres de Secteurs. J’ai pensé, pour nous y préparer, offrir quelques réflexions et questions qui nous aideront à nous préparer à Pâques et à cette Assemblée dont le thème se définit autour de “Appelés pour faire Église”. Pour cela, je vous propose une lecture attentive de l’appel des disciples dans l’Évangile et de Cana dans l’Évangile de Jean (1,19 à 2,12) Pourquoi ce choix? Parce que c’est la “Semaine des origines”: La place du Baptiste qui laisse Jésus passer devant, l’appel des cinq premiers disciples et Cana avec la mère de Jésus. Cette fête est située “le troisième jour”, en harmonie avec Pâques. Tout cela peut nous dire le sens de notre appel et de notre vie d’Église. Je ne voudrais pas être long, mais simplement vous donner quelques points -soit pour votre réflexion personnelle -soit pour un partage communautaire. Cela donc en vue de
faire ensemble une route vers Pâques et de nous
préparer à notre Assemblée Diocésaine.
INTRODUCTION. Je vous invite à lire ce passage mentionné dans Jean 1,19 à 2,12. Soyez attentifs dans cette lecture aux points de repères qui structurent ce passage en “UNE SEMAINE”. 1-Reportez-vous à la première “Semaine” de la Création au début de la Genèse. Quel rapport y voyez-vous? Comment Dieu crée-t-il? Qu’est-ce qui est en mouvement en Lui? 2-Regardez les différents personnages du récit de Jean, à commencer par celui de Jésus. Quel rapport entre Jésus et le Verbe Créateur? 3-Que peut signifier dans notre existence chrétienne et dans notre vie de disciples cette “première semaine”?
1ère semaine de Carême (22-27 fév.): Jean Baptiste. Jn. 1,19-34. 2ème semaine (1-7 mars): Appel d’André et de l’autre disciple (Jn 1,35-39) 3ème semaine (8-14 mars): Appel de Pierre (Jn 1,40-42) 4ème semaine (15-21 mars):Appel de Philippe (Jn 1,43-44) 5ème semaine (22-28 mars): Appel de Nathanaël (Jn 1,45-51) Semaine
Sainte (29 mars –Dimanche de Pâques 5
avril): Cana (Jn 2,1-12)
Bonne
route vers Pâques. Et appelés par le Christ,
ensemble, “Faisons Église”
Fraternellement vôtre, |
![]() ![]() 1ère
semaine de Carême (22-27 fév.): Jean
Baptiste. Jn. 1,19-34.
![]() 19 Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » 20 Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » 21 Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. » 22 Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » 23 Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » 24 Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. 25 Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » 26 Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; 27 c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. » 28 Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait. 29 Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; 30 c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. 31 Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » 32 Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. 33 Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” 34 Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » ***
Bien chers amis,
Pour cette première semaine de Carême, nous nous laissons interpeller par Jean Baptiste, le « Patron » de notre Diocèse du Sahara. Ce n’est pas pour rien qu’il est présenté juste après le Prologue, où il est d’ailleurs mentionné deux fois. Je vous laisse vous y reporter. Nous sommes au premier jour(19-28). Je vous ai signalé que le passage du 4° Evangile que choisi pour nous préparer à l’Assemblée Diocésaine était structuré en une semaine. Qu’est-ce que ce «premier jour » évoque dans la Genèse ? Aux Juifs venus l’interroger, le Baptiste est sommé de dire qui il est. Il intrigue. En fait il se montre comme un homme de « passage », qui ne s’arrête pas à lui-même. Voyez comment il de définit : « Je ne suis pas… » Il est une voix qui annonce un Autre, connu de lui seul : « Au milieu de vous il est quelqu’un que vous ne connaissez pas » (26). Devant Lui, il ne fait pas le poids, comme on dit. Son baptême est transitoire, comme de l’eau qui s’écoule. Et son humilité est vraie, au ras des sandales de Jésus. Celui-ci lavera les pieds de ses disciples, mais Jean Baptiste se dit indigne de délier la courroie Ses sandales! Il nous est interpelle fort par cet effacement, et cette discrétion.
Et vient « le lendemain » (29-34). Nous sommes au deuxième jour. Cette fois-ci, Jésus lui apparaît dans une lumière nouvelle. Il déclare « Voici l’Agneau de Dieu ». Pourtant Jésus ne lui était pas inconnu : c’est son cousin ! Et puis il est fort probable que l’homme de Nazareth ait été son propre disciple : on dit cela de quelqu’un qui « marche derrière » un autre. Le disciple va devenir le Maître, le « Rabbi ». Jean Baptiste se pose en témoin « J’ai vu l’Esprit, tel une colombe… » (32). Il ne peut dire que ce qu’il a vu : l’Esprit en personne reposer sur la tête de celui qu’il ne nommera jamais, mais qu’il laissera deviner ! Une belle manière, n’est-ce pas, de témoigner de Jésus ! La meilleure façon de le dire n’est-elle pas de le laisser se découvrir ?
Arrêtons-nous à ce passage. Que nous dit cette belle figure du Baptiste, dans notre condition de disciple de Jésus ? Et comme membres de cette Église du Sahara algérien ? En quoi nous est-il proche ? Seulement parce qu’il est se dit comme « une voix qui crie dans le désert » ? Que peut vouloir dire aujourd’hui « aplanissez le chemin du Seigneur ? » Tout un programme, n’est-ce pas ? Comment vivre notre vocation ici et maintenant en le contemplant ? Bonne première semaine dans notre marche vers Pâques !
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![]() ![]() 2ème semaine (1-7
mars): Appel d’André et de l’autre disciple
(Jn 1,35-39)
35 Le lendemain encore, Jean se trouvait là avec deux de ses disciples. 36 Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » 37 Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. 38 Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » 39 Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi). ***
Bien chers amis,
Dans le début de cet épisode, c’est
encore le Baptiste que nous retrouvons. Il va
faire le passage de l’Ancien au Nouveau… Vous remarquerez la mention du temps
« Le lendemain », ce qui signifie que
nous sommes au troisième
jour de cette semaine initiale. Jean est en compagnie de deux de
ses disciples. Et de nouveau il présente Jésus comme
« L’Agneau de Dieu ». Une désignation
qui n’est pas, d’ailleurs, sans référence
pascale. A quoi nous fait-elle penser ? Entendant ce « Voici », les
deux disciples
emboitent le pas à Jésus. Il y a là un tournant
radical dans la vie et la mission de Jean
Baptiste. Il envoie ses disciples à Jésus !
Bel exemple de détachement : sa mission est
accomplie. Le verbe «suivre » caractérise la
condition de disciples. Il y en aura d’autres
dans ce court passage, pleins de mouvement.
Appliquez-vous à les trouver dans le texte. Notez aussi la
première parole de Jésus dans cet
Évangile : « Que
cherchez-vous ? ». Une question. Le
« Rabbi » n’est pas une réponse toute
faite. Jésus se fait question plus que réponse.
Une question donne en effet une large part à
notre liberté. Soyez attentifs à la densité de ce
petit dialogue entre ces trois hommes. Déjà
Jésus est qualifié de « maître ». Sa
réponse est une invitation « venez et
voyez »… Le verbe « demeurer »
est important dans le 4° Évangile. Où Jésus
demeure-t-il ? Dans une maison ? Sous
un abri ? Dans une tente ? Recherchez dans cet Évangile quelle
est la « demeure » de Jésus. Vous
trouverez pourquoi les deux premiers disciples
sont « demeurés » chez Lui ce jour
là ! Et vous noterez la mention de l’heure…
signe bien repérable d’un moment décisif dans la
vie d’André et de l’autre disciple.
Arrêtons-nous à ce passage.
Le geste du Baptiste est un bel exemple
de détachement lorsque le temps est venu pour
nous de lâcher prise et de prendre une autre
orientation, n’est-ce pas ? Nous pouvons
nous y arrêter, si pour nous aussi le temps est
venu de « passer la main ». Il n’est
jamais facile de laisser Jésus passer devant, et
de devoir quitter nos amis. L’essentiel n’est-il
pas que la Mission continue ?
A partir de ce premier appel, nous
pouvons déjà cerner le sens de notre vocation de
disciples. Il est intéressant pour cela de
prendre en compte le caractère concret des
verbes utilisés : « Suivre, se
retourner, demeurer, rester »… cela nous
ramène au caractère bien palpable et dynamique
de notre marche à la suite de Jésus. Cela peut être bon de m’arrêter sur
chacun de ces verbes et de voir comment une
relation se noue entre Jésus et moi…
Comment puis-je recevoir ce premier appel
des disciples ? Comment cela ma parle-t-il
dans mon cheminement quotidien à la suite de
Jésus ? Bonne deuxième semaine dans la marche
vers Pâques. |
![]() ![]() 3ème semaine (8-14 mars): Appel de Pierre (Jn 1,40-42) 40 André, le frère de
Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui
avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi
Jésus.
41 Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ. 42 André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre. *******
Puisque nous faisons attention au temps, vous remarquerez que nous changeons de jour. Il est en effet noté dans ce passage que nous sommes « au lever du jour ». Une autre journée commence (v.41). Nous voici donc à la quatrième de cette « semaine initiale ». La Nouvelle Genèse se poursuit. Nous connaissons donc maintenant l’identité de l’un de ces deux disciples qui ont rencontré Jésus. C’est André. Il l’a suivi sur l’indication de Jean le Baptiste qui a joué le rôle de « passeur » dans cette aventure. Le nom du second disciple ne nous est pas révélé. Il se cachera toujours sous l’appellation de « l’autre disciple » ou encore (à partir de la Semaine de la Passion) « le disciple que Jésus aimait ». Peut-être pouvons-nous deviner qui se cache derrière de disciple anonyme ? A vous de trouver !Une belle découverte comme celle qu’André a faite, cela se partage ! Il a un frère, Simon-Pierre. Le deuxième nom de ce frère apparaît ici avant même qu’il lui soit donné ! Le IV° Evangile s’adresse en effet à une Communauté qui le connait. La rencontre entre André et son frère se fait « au lever du jour ». Importance de cette notation. En d’autres circonstances, cette indication du temps révèlera un autre événement capital. Serait-ce à dire que Simon-Pierre est déjà associé au Mystère Pascal ? André fait une révélation à son frère : « Nous avons trouvé le Messie – c'est-à-dire le Christ ». Ce n’est pas rien quand l’on sait l’attente du Peuple Juif à cette époque tourmentée. Imaginons ce face à face entre Jésus et Pierre. « Jésus le regarda »… Un regard dont nous devinons la profondeur, et une parole qui va bouleverser la vie du disciple : « Tu es Simon, fils de Jean. Tu t’appelleras ‘’Képhas’’ - ce qui veut dire Pierre ». Képhas, cela n’est pas un petit caillou. Cela veut dire en grec du rocher. Du solide ! Rien n’est dit de plus. C’est tout au long de cet Evangile que Pierre (souvent appelé « Simon » ou « Simon-Pierre » ou « Pierre ») que nous découvrirons sa place au sein du groupe des disciples. Jésus, lui, n’appellera ce disciple par son nom qu’à la fin de l’Evangile, dans l’ultime face à face avec lui… mais à vous de le découvrir. En tout cas ce changement de nom est saisissant. Pierre aura une place privilégiée dans le groupe des disciples Arrêtons-nous à ce passage. Vous serez sensible à l’enchaînement des rencontres. Jusqu’ici, le lien avec Jésus se passe dans la médiation de personnes. Une personne rencontre une personne, lui confie sa conviction, et cette personne en rencontre une autre… et elle fait de même. Notre vocation chrétienne ou religieuse ne trouve-t-elle pas son origine dans ce tissu de rencontres ? Arrêtons-nous au regard de Jésus sur Simon qui devient « Pierre ». Ce regard est transformant. A travers lui, se devine le lien entre Jésus et celui qui sera le « chef », la « tête » de l’Eglise. Qu’est-ce qui fait la solidité de cette Eglise ? Le seul nom de « Pierre » (parfois bien fragile !) ou le regard de Jésus sur Pierre ? Ou peut-être les deux ? Si Pierre prend déjà du relief, c’est que sans doute Jésus a un projet commun sur ces disciples qu’il appelle.
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parution
du 14 mars Cette quatrième semaine de carême nous met en présence de Jésus et de Philippe, presque en face à face. Vous constaterez qu’une fois encore, nous changeons de jour. C’est le cinquième de la semaine initiale. Nous sommes en effet une fois de plus, « le lendemain ». Cette fois-ci - et c’est la première fois - l’initiative de la rencontre revient à Jésus. Cette rencontre pourrait être le fruit du hasard puisque l’intention de Jésus était de se rendre en Galilée (mais… le hasard existe-t-il… ?) Cela veut dire qu’il doit encore se trouver sur les bords du Jourdain, dans les environs où Jean baptisait. Sans doute est-il désormais accompagné des trois premiers disciples déjà appelés. Toujours est-il que la parole de Jésus est impérative : « Suis-moi ! ». Aucun autre détail ne nous est donné. Une parole est dite, qui ne semble admettre ni contestation ni explication de la part de Philippe. Nous saurons cependant par la suite que celui-ci ira partager lui aussi sa découverte. Il est à remarquer que « Philippe » est un nom grec, et non pas araméen comme les autres. Jésus introduit la différence ! Déjà semble poindre à travers cet appel la dimension universelle de sa Communauté. C’est d’ailleurs à lui, Philippe, que s’adresseront des Grecs pour voir Jésus (12,22).Un certain nombre en effet se convertissaient au judaïsme, et avaient souvent du mal à se situer au sein même de la Communauté juive. Jésus prend donc ce risque de la différence ! A travers l’appel de Philippe, c’est aussi l’universalité qui entre dans la petite communauté naissante. Un petit détail. On nous dit que Philippe est de « Bethsaïde », la ville d’André et de Pierre. Bethsaïde signifie « la maison de la pêche »…
Arrêtons-nous à ce passage.
Dans ces quelques lignes, très denses, qu’est-ce qui nous rejoint le plus dans notre vocation de disciples ? Quoi de neuf par rapport aux autres appels ? Dans la façon de Jésus d’appeler de façon si impérative ? Dans l’attitude et les origines de Philippe ? Et par là même, quel regard pouvons-nous porter sur notre vie et notre vocation communautaire ? Et que vous dit « maison de la pêche »… la ville de Pierre et d’André ?
Bonne semaine !
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![]() ![]() parution du 21 mars 2015
5ème semaine (22-28 mars): Appel de Nathanaël (Jn 1,45-51) ![]() 45 Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » 46 Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et vois. » 47 Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. » 48 Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » 49 Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » 50 Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. » 51 Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. » Nous restons dans le même jour de la semaine. Vous remarquerez le caractère assez instantané de la rencontre suivante, entre Philippe le grec et Nathanaël, le « véritable israélite ». Pour présenter Jésus à son compagnon, Philippe prend du temps, et donne un certain nombre d’explications. Il a en effet à faire avec un « lettré » à qui on ne la fait pas. Le nouveau disciple prépare le terrain : « Celui dont il est parlé dans la Loi de Moïse et les Prophètes… Nous l’avons trouvé, c’est Jésus le fils de Joseph, de Nazareth » (45). Le Messie est donc présenté sur la toile de fond de toute l’Écriture, et cet effort de Philippe se comprend. C’est le dernier renseignement qui va faire réagir Nathanaël : « de Nazareth ». Étonnement de cet homme qui connaît l’Écriture : Nazareth est une ville, une petite bourgade non loin de Cana… D’où la réaction de notre homme : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? ». On ne la fait pas à ce savant ! La discussion est bloquée, les arguments inutiles. Et Philippe met son ami au pied du mur, « Viens et vois ». C’est d’ailleurs l’invitation que Jésus avait donné aux deux premiers disciples : « Venez et voyez ! ». Remarquez le retournement dans le récit. Qui voit venir l’autre ? Jésus a devancé notre homme. Et la qualification du Maître est élogieuses : « Voici un véritable Israélite, un homme sans artifice ». Quel peut être le fondement de cette réflexion de Jésus ? Surprise de Nathanaël ébranlé dans ses certitudes. Jésus le connaît déjà ! Son regard le précède. Vient alors la confirmation de ce qu’il affirme de Nathanaël. «…quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu ! ». De quel figuier s’agit-il ? Le figuier dans la tradition rabbinique contemporaine signifie la Loi. Nous en avons des traces lorsque Jésus maudit le figuier qui ne lui a pas donné de fruits (Mc 11,13 et suivants). Nathanaël est un « spécialiste de la Loi », et l’on comprend les explications de Philippe pour lui parler de Jésus ! Notre « professeur » est confondu. Et il attribue à Jésus les plus hauts titres que l’on pouvait donner au Messie : « Fils de Dieu », « Roi d’Israël », en le reconnaissant son « Rabbi ». Jésus le renvoie à l’Ecriture et s’attribue l’énigmatique appellation de « Fils de l’Homme » (Dn 7,13). C’est pratiquement le seul titre qu’il se donnera. Pourquoi ?
Arrêtons-nous à ce passage. Remarquons pourquoi cet appel « tranche » sur les autres. Une autre différence dans l’appel de Jésus, qui se fait encore par l’intermédiaire d’un autre. N’y-t-il pas quelque chose de commun avec notre propre vocation ? Quel rôle jouent les relations humaines, les intermédiaires ? L’appel de Jésus est rarement immédiat. Ici, joue l’importance de la référence à l’Ecriture. Elle a aussi son rôle dans l’appel du Seigneur. Mais rien ne remplace ce « regard » de Jésus posé sur chacun et chacune d’entre nous ! Comment sommes-nous rejoints par cet appel de Nathanaël ? Revenons à l’appel des autres disciples et à la présentation que Jean fait de Jésus. De quels noms Jésus est-il qualifié ? Qu’est-ce que cela nous dit sur la façon de percevoir et d’accueillir Jésus ? Bonne semaine ! Bientôt nous entrerons dans la Semaine Sainte. Préparons-nous. |
Semaine Sainte (29 mars
–Dimanche de Pâques 5 avril): Cana (Jn
2,1-12)
parution du 27 mars ![]() 01 Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. 02 Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. 03 Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » 04 Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » 05 Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » 06 Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). 07 Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. 08 Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. 09 Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié 10 et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » 11 Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. 12 Après cela, il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils demeurèrent là-bas quelques jours. Pour cette fois encore, vous remarquerez la notation du temps. Nous sommes « le troisième jour ». Cette expression parle d’elle-même ! A quoi vous fait-elle penser ? Il nous est dit plus loin que Jésus « y manifesta sa gloire » (v.11). Nous voici plongés dans une ambiance pascale, et cela convient tout à fait à la semaine que nous allons vivre. Je ne pourrai que m’y arrêter brièvement, tant est grande la richesse de ce récit. Un personnage central est désigné d’emblée : c’est la « mère de Jésus » ! Il est à ces noces mais « aussi » ainsi que ses disciples, qui sont cinq. Sept avec Jésus et sa mère, chiffre bien symbolique : c’est la Communauté messianique rassemblée symboliquement au terme de cette semaine. Et voici qu’un événement va déclencher une crise : le manque de vin ! Pour une noce, c’est une catastrophe ! Et c’est sa mère qui vient l’en informer. « Ils n’ont plus de vin ». Simple constatation, mais qui va enclencher la suite. Le fils réagit : « Quoi à toi et à moi, femme ? » Réaction ambigüe de Jésus. Que veut bien dire cette expression ? Renvoie-t-il sa mère à ses casseroles ? Non. Cette expression dans le Nouveau Testament est « prophétique » et en général adressée à Jésus par des mauvais esprits qui dévoilent sa messianité (cf. Mt 8,29). Toujours est-il que s’établit entre Jésus et sa mère une sorte de complicité. Ils se sont compris ! La réponse de Jésus est claire : « Mon heure n’est pas encore venue… ». Je vous renvoie alors à cette « Heure » de Jésus qui est celle de sa « glorification » et nous met en présence du moment où il va manifester sa gloire… à quel prix ! La recommandation de sa mère aux « servants » marque bien cette profonde complicité : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Je vous renvoie à Gn 41,55. Vous verrez là le sens de l’intervention de Marie. La suite va effectivement se poursuive dans le sens de la « glorification » de Jésus. Il prend les choses en main. Sa mère reste dans l’ombre. Et les « servants » exécutent ce que leur a recommandé Jésus. Lisez attentivement la suite et simplement essayez de goûter la saveur « eucharistique » de cet événement : l’eau changée en vin, le rôle des « servants », la convocation de l’époux par le maître du festin. Mais qui est l’époux ? (cf. un peu plus loin ce que dit le Baptiste en 3,29). 29 Celui à
qui l’épouse appartient, c’est l’époux ; quant à
l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la
voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle
est ma joie : elle est parfaite.(*) Il semble qu’il y ait une transformation radicale du récit qui prend une signification symbolique saisissante ! Je vous laisse deviner. Ce signe, le premier (il n’y a pas de « miracle » dans le 4° évangile) entraine la «glorification» de Jésus. Nous sommes mis là en lien direct avec le mystère pascal. Une des variantes du texte primitif note que Jésus descend à Capharnaüm avec sa mère (remise au rang des disciples) et « les frères ». Il y a là une transformation significative. Les disciples sont désormais « les frères ».
Arrêtons-nous à ce passage.
Le début du récit est marqué d’une « crise » angoissante, d’un manque, en lien avec l’ « Heure » en pleine cérémonie de noces. Ce terme est aussi évocateur de quoi ?. A l’Heure décisive, nous retrouverons la Mère de Jésus (Jn 19,25-27) 25 Or, près de la croix de Jésus se
tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie,
femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Quelle place joue-t-elle dans notre vie de disciples ? Et à quoi sommes-nous appelés, comme les disciples, face à ce Signe qu’est le Mystère pascal que nous allons vivre ? Voyez le glissement : disciples, servants… et « frères ». Puissent ces jours nous rappeler ce que
nous sommes devant ce Signe par excellence, celui de
la « Glorification » de Jésus. Avec tous mes vœux de belles fêtes pascales. |
(*)
= ndlr
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