Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
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BILLET MENSUEL JANVIER 2016

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Année du centenaire de la mort de Charles de Foucauld (1er décembre 2016)
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Livret de l' exposition à El Meniaa ( El Goléa) , lieu de sépulture de Frère Charles
pour plus: rédaction ADS
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Mgr Paul Desfarges, Evêque de Constantine et Administrateur d’Alger,
 Mgr Jean Paul Vesco, Evêque d’Oran.
Mgr Claude Rault, Evêque de Laghouat-Ghardaia.

Bien chers Amis.

        Le 1er Décembre 2016, l’ Eglise d’Algérie célèbrera le centenaire de la mort de Charles de Foucauld. Son corps repose depuis 1929 à El Meniaa auprès duquel une église a été édifiée. C’est là qu’une petite délégation du Diocèse du Sud s’est rendue le 4 décembre et a célébré l’ouverture d’une année que nous voulons lui consacrer, conjointement à l’Année de la Miséricorde.

Le parcours d’un intrépide disciple de Jésus

            Né le 15 septembre 1858 à Strasbourg (France), son enfance est marquée à l’âge de 6 ans par la mort de ses deux parents dans la même année. Inscrit par son grand-père maternel à l’école militaire de Saint Cyr, il s’avère peu enthousiaste pour les études et la perspective d’une carrière militaire. Adolescent, il s’éloigne de la foi chrétienne de son enfance et mène une vie désordonnée, facilitée par une grande aisance matérielle héritée de sa famille. Il est officier mais il devra quitter l’armée en raison de son inconduite. Réintégré peu après et engagé sur une opération militaire dans l’Ouest du territoire de l’Algérie française, il démissionnera définitivement de l’armée à 23 ans pour entreprendre une exploration au Maroc. Il se met à étudier avec ardeur les coutumes des populations du pays qu’il parcourt sous le déguisement d’un juif ambulant. Cette étude scientifique sera reconnue et couronnée de succès à Paris. Au contact des musulmans et de leur foi, il commence une quête spirituelle profonde. Fin octobre 1886, de retour à Paris, il fait une rencontre déterminante avec un prêtre, l’Abbé Huvelin, qui restera longtemps son guide spirituel. Se confessant à lui, il se convertit à la foi chrétienne et cherche avec force comment répondre à l’appel de Dieu dans une vie totalement donnée à Jésus. Il a 28 ans.

            Sa recherche l’amène en Terre Sainte. Il y découvrira la vie de Nazareth qui le conduit à entrer dans la vie monastique à Notre Dame des Neiges, en Ardèche le 15 janvier 1890. Sur sa demande, il est envoyé à Akbès, dans un monastère de Syrie. Voulant se conformer le plus possible à la vie de Jésus à Nazareth, il choisit de quitter la Trappe pour vivre dans une plus grande pauvreté à Nazareth même pendant trois ans. De retour en France, il est ordonné prêtre à Viviers en en 1901.

            Il demande alors à ses supérieurs d’être envoyé en Algérie. Il s’installe à Béni Abbès, oasis du sud algérien, près du Maroc. Son temps est alors partagé entre la prière et l’accueil notamment des plus pauvres. Il y dénonce l’esclavage encore en cours, devient aumônier des militaires français qui occupent ce gros village, se met à soigner des malades ou des blessés. Apprenant qu’une femme touarègue a recueilli des rescapés d’une expédition armée dans le Hoggar, il décide en 1904 de répondre à la proposition d’un de ses amis officiers d’aller s’installer dans le Hoggar.

            Ce ne sera possible que l’année suivante au cours d’un second voyage pendant lequel il fera connaissance avec le nouvel amenokal qui acceptera de l’accueillir dans un petit village qui ne compte que quelques familles, Tamanrasset, en aout 1905. Il y construit un petit ermitage non loin des villageois. Il continue à étudier la langue des touarègues. Homme de prière et de relations, il organise un emploi du temps exigeant entre le travail de la langue Tamahaq, la prière, l’accueil des visites de villageois ou de passagers et une abondante correspondance. Il se fait l’homme de tous et rayonne par ce qu’il appelle lui- même « l’apostolat de la bonté », loin de tout prosélytisme. Il attend des autorités romaines l’autorisation de pouvoir célébrer la messe seul ; Il recevra avec une grande joie cette autorisation fin janvier 1908.


            Dans cette même année 1908 survient une grave période de sécheresse et de famine. Ayant donné ses vivres, il est atteint de scorbut, et se prépare à mourir. Ce sont ses amis du village qui vont lui sauver la vie en lui apportant le lait des maigres chèvres des environs. Sans qu’il s’en rende compte Cela marque un grand tournant dans sa vie. Habitué à donner, il apprend à recevoir ; il « reçoit la vie » des gens du village. Il se remet au travail et poursuit jusqu’à la veille de sa mort son œuvre linguistique. Tout est prêt pour une édition en quatre volumes d’un dictionnaire touareg-français. Il a aussi relevé plus de 6000 vers de poésie ! Devant le danger qui plane dans la région, il construit un fortin pour protéger les gens du village des attaques répétées des pillards venant de l’ouest saharien. Et il meurt tragiquement lors d’un rezzou venu cette fois du Fezzan (Lybie) le 1er décembre 1916. Comme le grain de blé jeté en terre, il a donné sa vie pour porter du fruit.

Les fruits de l’œuvre du frère Charles de Foucauld.

            Charles de Foucauld, après son retour à la foi, a mené une existence marquée par l’imitation de Jésus à Nazareth, la prière et le souci des pauvres. Pour vivre cette vocation il a choisi d’aller vers les plus lointains, d’abord à Béni Abbès, puis à Tamanrasset. Il a vécu les meilleures années dans le souci de privilégier une relation fraternelle avec tous, la prière et l’étude de la langue des touarègues. Son désir était d’être le « frère universel », à l’exemple de Jésus, ouvert à l’accueil de tous, quelles que soient les conditions sociales, religieuses ou ethniques. En cela, il a marqué profondément non seulement notre Eglise d’Algérie, mais aussi l’Eglise Universelle. Il continue de nous inspirer dans le contexte où nous vivons.

            Le frère Charles de Jésus a désiré de son vivant fonder une famille spirituelle pour témoigner de Jésus partout où il n’est pas connu et aimé. Cela ne lui a pas été donné, mais aujourd’hui une vingtaine de familles spirituelles s’inspirent de son esprit, dont quelques- unes sont présentes en Algérie. Frère Charles de Jésus est vraiment un « saint » pour notre temps! Reconnaissant ses vertus spirituelles et humaines, l’Eglise a l’a déclaré « Bienheureux » le 13 novembre 2005 à Rome en présence d’un délégué spécial du Président de la République Algérienne. Le citant dans le discours inaugural de la dernière assemblée générale du synode des évêques, le 3 octobre dernier, le Pape François reconnaissait l’action particulière de Charles de Foucauld soulignant
qu’il comprit qu’on ne grandit pas dans l’amour de Dieu en évitant la servitude des relations humaines. Parce que c’est en aimant les autres qu’on apprend à aimer Dieu ; c’est en se penchant vers son prochain qu’on s’élève jusqu’à Dieu. À travers la proximité fraternelle et solidaire avec les plus pauvres et les plus abandonnés, il comprit que, finalement, ce sont eux qui nous évangélisent, en nous aidant à grandir en humanité. »

            A partir du 1er décembre 2015, l’ Eglise d’Algérie a ouvert une année de préparation au centenaire de sa mort (le 1er décembre 2016). Une célébration aura lieu en présence du Cardinal Philippe Ouedraogo, membre de la Fraternité Sacerdotale « Jesus Caritas ». Il nous a confirmé sa participation.

            Déjà, nous sommes tous invités dans chaque diocèse à célébrer sa mémoire et à chercher à mieux connaître sa vie et son témoignage. Une exposition sous la forme de panneaux retraçant sa vie est déposée en permanence dans l’église d’El Meniaa, tout près du cimetière où il repose. Une autre exposition itinérante est disponible et circule en différents lieux de culte ou d’activités de notre Eglise. Il est possible qu’ici et là nous organisions une conférence ouverte au public dans le cadre de nos lieux d’activité. Des célébrations religieuses et autres manifestations lui seront aussi consacrées dans les différents Diocèses pour mieux connaître sa vie et célébrer sa mémoire.

            Charles de Foucauld reste une figure exemplaire pour notre monde et pour le témoignage de l’ Evangile. Son existence a été marquée par la prière, l’adoration, le sens profond de l’Eucharistie mais aussi par la présence de Jésus dans les plus pauvres. Il a franchi les barrières de l’appartenance religieuse, s’est fait l’homme de tous. Il a aussi apporté un soin particulier à l’étude de la langue pour mieux entrer en relation avec les gens de son entourage : en avons-nous le même souci ? Homme de prière, il a mis Jésus au centre de sa vie, une vie donnée jusqu’au bout. Il nous est une lumière pour continuer la route. Il a cherché le plus sincèrement possible et au plus proche de l’ Evangile de Jésus à répondre à tous les défis de son temps. Le suivrons-nous sur ce chemin ardu d’une imitation de Jésus, comme l’un ou l’une des témoins par excellence de la Miséricorde de Dieu au-delà de toute frontière ?

+Paul, Jean Paul et Claude. Evêques.

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Célébration à  El Meniaa le 4 décembre 2015, avec les évêques d'Algérie
sur les murs, tableaux de l'exposition sur la vie de Frère Charles

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Tableaux (en réduction) de toute l' exposition à El Meniaa
Pour plus, secrétariat évêché
courriel
 
Nouvelles…. Pour rester proches
* Nous avons pensé en Conseil Rapproché, en raison de la succession que notre évêque Claude espère assez rapide..., ne pas prévoir d’Assemblée Diocésaine en Avril comme nous en avions l’habitude. Cette Assemblée sera plutôt programmée au mois d’octobre. Une commission se constitue pour sa préparation (et des propositions pour les rencontres de secteurs). Sa composition vous sera communiquée dès que possible.

* La Pte Sœur Louisa d’El Abiodh a dû partir auprès de sa sœur souffrante. Et nous apprenons que la maman du P. Krzysztof de Ouargla est assez malade. Nous les recommandons à votre prière. Que le Seigneur guérisse ces malades et fortifie ceux et celles qui les accompagnent.

* Dans les derniers jours de janvier, la maison diocésaine et l’évêché accueillent une dizaine de personnes pour une session à l’intention des nouveaux arrivé(e)s du diocèse. Elle fait suite à une autre session qui a lieu à Alger (du 21 au 27 janvier) pour l’ensemble des « Nouveaux Arrivants » de ces derniers mois dans notre Église d’ Algérie. Merci au P. Michel Guillaud (vicaire général de Constantine) d’avoir accepté de bien vouloir l’animer.

* Les actes de l'assemblée diocésaine d'avril 2015 sont enfin terminés ! Normalement, tous les membres actuels du diocèse et les intervenants les ont reçus en format électronique. Si nos amis, anciens ou non du diocèse, veulent en recevoir un exemplaire sous cette forme, qu'ils le demandent par courriel à Marie, la secrétaire. Nous préférons ce format numérique à l'impression, et nous n'en avons imprimé que quelques exemplaires, car nous essayons de ne pas gâcher papier et encre !
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Calendrier de Mgr Rault Janvier- février 2016

Janvier.  retour d’Allemagne.
 visites dans le sud et l'ouest
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Conseils à Ghardaia  puis Alger. Assemblée (COSMADA). Rencontre évêques et vicaires généraux
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Evêché du Diocèse de Laghouat-Ghardaïa quartier El Hofra B.P. 62DZ - 47008 Ghardaïa CTR  & courriel
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de la Rédaction du site ADS ,

Quelques voeux reçus  pour 2016, en particulier ceux d'anciens du diocèse du Sahara

janv16_fichiers/hoggarjg.jpgMeilleurs vœux 2016,  

Que cette année 2016 abonde en joie, paix et bonheur, pour chacun et chacune d’entre vous, pour vos familles, vos proches, vos amis et tous les habitants de notre planète ! Bonne santé à notre terre !





Non ! La photo ci-dessus n’est pas un cliché unique dont la partie droite serait colorée. Ce sont deux photos d’un même paysage, prises du plateau de l’Assekrem au cœur du massif du Hoggar, mais à des époques différentes bien entendu : la première, par moi-même, alors que je passais quelques jours dans ce haut-lieu, au printemps 2014 : il n’avait pas plu depuis très longtemps ; la deuxième, par une des Petites Sœurs du Sacré-Cœur (de la grande famille spirituelle issue du bienheureux Charles de Foucauld), travaillant à Tamanrasset : des pluies diluviennes (au moins 16 morts) étaient tombées sur le Hoggar en septembre 2015. Le résultat en est extraordinaire. Lieu de prières, de solitude et de beauté tout simplement.

Ces deux photos, je vous les présente comme une parabole de nos vies. Que tout ce que vous ferez de beau et de bon jaillisse de vos terres où vous êtes plantés pour fleurir nos déserts !

Depuis un an et demi, je me suis posé en Anjou d’où j’étais parti il y a plus de 50 ans ; ayant découvert combien le monde de la campagne me semblait en marge dans un monde qui n’a souvent pour but que l’efficacité, le profit, je souhaitais partager un peu de la vie auprès de ceux qui vivent souvent isolés. Je donne des coups de main à la paroisse qui comprend 17 clochers, 5 maisons de retraite et quelques autres lieux où j’assure de temps en temps un service. Dans la mesure du possible, je ne tiens pas à participer à l’animation pastorale proprement dite de la paroisse, mais je suis suffisamment (et même un peu plus) pris par les autres activités : eucharisties dominicales, sépultures (54 en 2015 et déjà 4 depuis janvier), ….

Pas facile de trouver quelques jours de tranquillité pour une escapade, une visite ou un voyage, même court, en France et, à plus forte raison, en Algérie. !

 

Jean Gaignard

 pour lui écrire:

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de Soeur Dominique, au Carmel de Lisieux
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Les carmélites de Lisieux vous souhaitent
un joyeux Noël et une belle année de la Miséricorde 2016
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de la Rédaction du site ADS,

OPINION D'ICI ET D'AILLEURS

de l'ARCRE-PECRE
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 L’islam et les musulmans ne réclament ni plus d’honneur, ni ne méritent plus d’indignité que les autres croyances ou les fidèles d’autres religions. Comme tous les citoyens ils sont soumis à la loi commune. Il n’y a pas deux laïcités, mais bien une seule, tout entière résumée. Elle repose sur la neutralité confessionnelle de l’Etat et sur la garantie de la liberté de conscience associée à la liberté pour chacun de pratiquer le culte de son choix, voire de n’en pratiquer aucun ou d’en changer, sous les seules réserves de l’ordre public démocratiquement défini.

Voici le débat laïque relancé, et de la pire des façons qui soit, pourvu d’un mot étendard, l’islamophobie, et d’un enjeu, l’avenir du remarquable travail conduit par l’Observatoire de la laïcité sous la présidence de Jean-Louis Bianco. Le débat s’est noué autour des propos tenus par Elisabeth Badinter interrogée sur une radio publique et qui affirmait qu’il convenait de « défendre la laïcité sans avoir peur d’être traité d’islamophobe ».

Le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, réagissait, sans mentionner ni la phrase prononcée, ni son auteur, en publiant un tweet dans lequel il soulignait que quelques mots prononcés à une heure de grande écoute pouvaient ruiner trois ans de patient travail pédagogique.

Trois des membres de l’Observatoire publiaient alors une tribune, un rien méprisante, dans laquelle ils prenaient à partie le rapporteur de l’Observatoire l’accusant d’une sorte de crime de « lèse philosophe ». Le premier ministre décidait de relayer la polémique lors d’un discours prononcé devant les amis du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), reprenant à son compte les propos d’Elisabeth Badinter et adressant une sèche remontrance au président de l’Observatoire de laïcité et aux travaux conduits par cette autorité, placée, certes, auprès de lui, mais doté de l’indépendance nécessaire à l’exécution de ses missions.

Contrairement à ce que laissent supposer tant ceux qui contestent les travaux conduits par l’Observatoire de la laïcité que le premier ministre, il n’y a pas deux laïcités, mais bien une seule, tout entière résumée dans les deux premiers articles de la loi du 9 décembre 1905. Elle repose sur la neutralité confessionnelle de l’Etat et sur la garantie de la liberté de conscience associée à la liberté pour chacun de pratiquer le culte de son choix, voire de n’en pratiquer aucun ou d’en changer, sous les seules réserves de l’ordre public démocratiquement défini. Il est aussi certain qu’un tel cadre juridique n’aurait pu être construit puis mis en œuvre sans le souci constant de faire de la laïcité un instrument d’affranchissement et d’émancipation. L’arbitrage politique opéré en 1905 au profit d’une loi de liberté contre une stratégie de caporalisation des consciences conserve, aujourd’hui, toute sa pertinence.

L’islam et les musulmans ne réclament ni plus d’honneur, ni ne méritent plus d’indignité que les autres croyances ou les fidèles d’autres religions. Comme tous les citoyens ils sont soumis à la loi commune.

Faut-il cependant considérer, au motif qu’un certain nombre de criminels assassinent ici par haine de la liberté d’expression, de la démocratie ou ailleurs réduisent des hommes et des femmes à une soumission totalitaire par mépris pour la dignité humaine, en se prévalant d’une lecture politique insupportablement rétrograde de l’islam dont ils font la justification de leurs crimes, que les musulmans dans leur ensemble devraient être tenus pour comptables de leurs dérives ?

Au-delà du fait qu’ils sont les principales victimes de ces dérives criminelles, le danger d’articuler le propos autour du concept d’islamophobie conduit à une essentialisation de l’islam et des musulmans comme la pratique, depuis des années, l’extrême droite qui, on l’aura noté, conserve un silence gourmand sur le débat qui vient d’être ouvert.

Certes, il ne s’agit pas de taire les dérives idéologiques, ni les stratégies de radicalisation se prévalant de l’islam qui nourrissent ces projets criminels, ni les ambiguïtés d’une diplomatie qui continue de faire la part belle aux Etats qui les financent ou favorisent leur financement. Il ne s’agit pas non plus de réduire à de rapides explications sociologiques la compréhension de ces dérives ou de ces processus. Mais, à tout le moins, peut-on faire l’économie du sentiment que la réponse résiderait dans la construction d’un ordre public réduit à la fonction d’assurer la sauvegarde d’une identité nationale refermée sur elle-même, exclusive de toute influence qui la viendrait pervertir, hostile à toute immigration ou à toute singularité cultuelle ou cultuelle qui ne ferait pas acte de capitulation devant son propre récit.

La tâche est difficile, elle est faite d’explication, elle impose la mise en œuvre d’une stratégie émancipatrice, elle exige une attention sans cesse renouvelée à lutter contre les discriminations, vécues ou ressenties. Elle ne peut être conduite que débarrassée des commodités essentialisatrices qui ne rassurent que ceux qui y recourent.

C’est à cette tâche d’éducation, d’élucidation et de compréhension que s’est attaché l’Observatoire de la laïcité. En ces temps de crispation un tel travail mérite d’être poursuivi, hors des polémiques inutiles et des procès d’intention.

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extraits de  Hebdo-Lettre du RMF

Cologne : Viols, racisme, xénophobie et islamophobie

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(extraits)

        Il est étrange de constater combien les événements qui se sont déroulés à Cologne la nuit de la Saint Sylvestre ont fait de bruit. En quoi ces viols commis à Cologne et ailleurs en Europe sont-ils différents des autres crimes. Un viol est un viol, qu’il soit commis par un noir ou un blanc, un musulman ou un chrétien, au Caire sur la place Tahrir ou près de la gare centrale de Cologne, ne change rien à la nature du crime.


        Il est étrange de constater combien les événements qui se sont déroulés à Cologne la nuit de la Saint Sylvestre ont fait de bruit. En France par exemple, les viols ou tentatives de viols (considérés comme des crimes dans le droit français) exercés sur les femmes se font au rythme de 230 par jour (1) ! Mais ces crimes sont souvent passés sous silence par les médias bourgeois et les intellectuels de l’ordre établi. Pire, non seulement les femmes sont violées chaque jour, mais elles sont aussi humiliées, stigmatisées et moquées (" elles l’ont évidemment bien cherché ") sans que cela ne déchaîne l’hystérie médiatique et politique actuelle.

        Les viols des femmes par des personnalités célèbres comme Dominique Strauss-Khan ou Roman Polanski entre autres, ne sont que l’arbre qui cache la forêt. D’ailleurs ces hommes ne sont pas considérés comme des violeurs. Dominique Strauss-Khan par exemple est présenté tout bonnement comme «L’homme qui aime les femmes sans modération» (2). Ce genre de crime n’est que rarement condamné par les tribunaux et encore moins dénoncé par les médias. Silence assourdissant par contre sur tous les autres viols ! Les images des femmes violées sont rares. Elles doivent rester invisibles. 90 % des agressions sexuelles ne sont pas déclarées à la police (3).

        Pourquoi alors tant d’indignation sur les viols de la Saint-Sylvestre ? En quoi ces viols commis à Cologne et ailleurs en Europe sont-ils différents des autres crimes. Un viol est un viol, qu’il soit commis par un noir ou un blanc, un musulman ou un chrétien, au Caire sur la place Tahrir ou près de la gare centrale de Cologne, ne change rien à la nature du crime. Pourquoi cette dénonciation à géométrie variable ? En fait, derrière ces condamnations hypocrites se cachent des raisons et des mobiles détestables. Les agresseurs de Cologne, alors que les enquêtes ne sont pas encore terminées et les zones d’ombre nombreuses, sont présentés d’abord comme des arabes, des immigrés, des réfugiés, des musulmans voire des terroristes et non comme des violeurs qui doivent, si les faits sont avérés, être traduit devant la justice et condamnés pour leur crime. L’accent mis par les médias sur l’origine ethnique des agresseurs montre bien que ce n’est pas la dignité des femmes que l’on cherche à défendre mais plutôt à montrer du doigt le réfugié qui est en même temps immigré, musulman et pourquoi pas terroriste alimentant ainsi les préjugés les plus répugnants. Il est violeur parce qu’il est réfugié !

        Le réfugié est un violeur congénital, un violeur-né. Le colonisateur français disait la même chose du Nord-Africain en général et de l’algérien en particulier : " le Nord-Africain est un violent, héréditairement violent. Oui, l’algérien est un impulsif congénital. Cette impulsivité est fortement agressive et généralement homicide "(4). Les médias bourgeois et certaines féministes convenaient de façon unanime que la violence sexuelle du réfugié pose un véritable problème à la société et à la civilisation européenne. Barbara Sichtermann, écrivaine et journaliste allemande considère les agressions sexuelles de Cologne comme «une déclaration de guerre contre notre civilisation» (5). D’autres se sentent même menacées par ces hordes de violeurs musulmans qui mettent en danger l’heureuse spécificité des femmes françaises : " Et bien entendu, quand cette culture religieuse/patriarcale/identitaire/anti-femmes prétend s’exercer chez nous, en France, nous devons être vent debout à défendre notre heureuse spécificité " (5). Les forces les plus rétrogrades et les plus obscures tiennent à peu près le même discours (6). L’hebdomadaire islamophobe et raciste Charlie Hebdo est tombé très bas avec sa caricature «Migrants» présentant le petit Aylan s’il n’était pas mort noyé sur une plage turque de violeur en devenir: « Que serait devenu le petit Aylan s’il avait grandi ? Tripoteur de fesses en Allemagne». (...)

        En période de crise économique, la classe dominante cherche toujours des boucs émissaires. Hier c’était le juif, aujourd’hui c’est le réfugié, l’immigré, le musulman, le Rom etc. Le racisme, la xénophobie, l’islamophobie sont instrumentalisés par la classe dominante pour maintenir, vaille que vaille, l’accumulation et la concentration des richesses entre les mêmes mains et pour mieux détourner les masses populaires des vrais combats et des vrais problèmes : chômage de masse, , suppression progressive des acquis sociaux, précarisation de l’emploi, criminalisation des luttes syndicales etc. etc.(8). La défense des droits des femmes et la lutte contre le terrorisme relèvent de la même démarche...(...)

     

Mohamed Belaali
Source : Mediapart
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