La Mauritanie,
pays situé au Sud-Ouest du Sahara, entre le Maroc
et le Sénégal, est un pays à 100 % musulman.
Il fait partie des pays les plus pauvres de la planète. Au
fil des années, la sécheresse récurrente
a amené les populations de tous les coins du pays,
dans les quartiers périphériques de Nouakchott,
la capitale.
C'est dans l'un de ces
quartiers que je commence, comme médecin, a assuré
des consultations pour les enfants souffrant de malnutrition.
Là, je découvre les difficultés auxquelles
sont confrontées les familles de ces enfants. Sans
ressources, sans les appuis traditionnels de la famille, et
luttant quotidiennement pour leur survie.
C'est alors que je suis
sollicitée par " Caritas Mauritanie " pour collaborer
à la mise en place d'un projet de nutrition, en
zone rurale. Ce projet a pour but d'aider les populations
d'une des régions les plus pauvres de la Mauritanie. Ses
objectifs : le développement de techniques agricoles simples
et l'octroi de rations supplémentaires, données
aux enfants en bas âge, aux femmes enceintes et à
celles qui allaitent.
Par ce biais, le projet
veut éviter aux familles des quartiers, de venir grossir
les rangs des populations, déjà trop pauvres,
de la capitale. A travers ce projet, je comprends ce qui amène
les hommes et les femmes de ces régions, à quitter
leur terroir natal. Je suis très fort impressionnée
par l'absence de structure de soins.
Des villages de 500 habitants,
ne disposant d'aucun agent de santé et des malades
devant parcourir 30 ou 50 km, pour être soignés
au poste de santé voisin. Je décide alors d'entreprendre,
en accord avec les autorités sanitaires du département,
une formation pour les agents sanitaires, dans une
quinzaine de villages.
Entreprise formidable ! puisqu'au fil des
années, ces agents deviennent capables de prodiguer
des soins tout à fait valables. Certains réussissent
même à obtenir le diplôme de soignants,
reconnu par l'Etat ! Parallèlement, je participe aux
activités d'un important centre de santé (géré
par Caritas). L'équipe d'infirmier(e)s et techniciens
de santé, responsable de ce centre, cherche alors les
moyens d'assurer des soins de santé de qualité,
accessibles à tous, même à ceux dont
les revenus sont très faibles. Avec eux, et après
mûre réflexion, nous nous lançons dans
l'aventure de mettre en place, au niveau du quartier :
LA PREMIERE
MUTUELLE DE SANTE DU PAYS.
Certes, les choses ne sont pas simples.
D'autant que contrairement à d'autres pays africains,
aucune " solidarité traditionnelle " ne lie les personnes
habitant dans ce quartier. Avec l'équipe médicale,
nous sillonnons les différents secteurs du quartier.
Prospection qui nous conduit à rencontrer les représentants
des associations et organisations déjà en place,
sans oublier d'écouter les attentes de la population.
Munis de ces données concrètes, nous pouvons alors
proposer des " modèles " de fonctionnement.
Dès lors, enquêtes,
tâtonnements, longues palabres, jalonnent cette longue
démarche, pour que les populations du quartier deviennent
les acteurs de ce projet et le prennent vraiment en main.
Avec eux, je connais les enthousiasmes des commencements et les
découragements face à l'hostilité ou à
l'incompréhension de certains… ou encore les "
dérapages "…
Avec eux, je risque
cette " aventure " qui aujourd'hui prend son essor, puisqu'elle
sert de modèle à d'autres mutuelles de santé
démarrant dans le pays ! Ma plus grande joie est de
voir un des responsables, issu d'un des secteurs les plus
pauvres du quartier, devenir Président de cette Mutuelle
et se dévouer " corps et âme ", pour la réussite
de l'œuvre entreprise.
Aujourd'hui, j'espère
que dans mon nouveau pays d'adoption - l'Algérie -
j'aurai autant de joie à voir les progrès d'une
population résolument décidée à se prendre
en charge, pour une meilleure qualité de vie, dans
un monde plus juste.