Bien chers sœurs, frères et amis,
Désormais
le
1er décembre, nous commémorons à la messe l’anniversaire
de la mort de Charles de Foucauld. Depuis sa béatification, il m’a
été souvent demandé de partager ce qui, de son héritage
spirituel, marque le plus notre église du Sahara. Je voudrais en
quelques lignes, et dans l’esprit de notre A. D. de mars, vous tracer ce
que je vois de plus saillant de cet héritage transmis par notre bienheureux
et vécu dans nos communautés.
C’est tout d’abord son
attachement
profond et viscéral à Jésus, son " Bien Aimé
Frère et Seigneur ". Rien d’original, penseront certains : n’est-ce
pas tout naturel pour un homme de Dieu? Mais vivre cet attachement contre
vents et marées avec un acharnement continuel, dans la solitude,
l’éloignement, l’épreuve ! Vivre cet amour têtu de
Jésus au fil de sa vie… alors que Lui se tait ! Voilà une
interpellation qui nous touche et nous rejoint dans notre quotidien. Une
jeune algérienne à qui je demandais ce qui l’avait le plus
touchée dans la vie du Frère Charles, me répondait
en ces termes : " Il avait tout et il a tout quitté pour ce qu’il
n’avait pas " ! Et ce sont des musulmans qui ont fait redécouvrir
à Charles la foi de son enfance. Que d’interpellations reçues
de leur part, qui nous ramènent à l’essentiel de notre Foi
!
Un autre trait que je souligne
volontiers, c’est son continuel souci d’incarnation à travers
l’apprentissage de la langue et l’enfouissement dans la culture de
l’autre. Il n’est pas allé vers les Touaregs pour leur apprendre
le français, mais pour se mettre à leur école. Que
d’heures passées ainsi à l’étude : un dictionnaire
de 4 volumes et 6000 vers de poésie touarègue recueillis
! Nous qui sommes sollicités pour donner des cours de rattrapage
de français ou d’anglais, des leçons de broderie et de couture…
que ce travail entrepris ne nous fasse pas démissionner de cet effort
de nous mettre sans cesse à l’école de la langue et de la
culture l’autre !
Charles de Foucauld est allé
en priorité vers les plus pauvres de son entourage. C’est
pour eux qu’il est parti au désert, pour mêler sa vie à
la leur, dans un réel souci de promotion humaine. Il avait même
tout donné de ce qu’il avait en vivres au moment d’une grande
disette. Et ce sont ses proches qui lui ont sauvé la vie ! Nous
voulons mettre ce choix au centre de nos priorités : promotion
féminine, aide aux personnes handicapées, souci des migrants
en détresse… Cela reste infime au regard des besoins qui se manifestent
autour de nous… Mais il nous faut rester ouverts et savoir recevoir,
nous aussi, des pauvres que nous côtoyons.
Une autre dimension de son
héritage, c’est
sa vie eucharistique. Prêtre, il
célébrait la messe régulièrement pour les
chrétiens de son entourage. Il passait de longues heures dans l’adoration.
La privation de cette possibilité, pendant cinq ans, lui
a été une souffrance. Il n’a pu la surmonter que dans un
amour sans cesse renouvelé de son prochain le plus proche et le
plus défiguré. C’est sur le visage de l’autre qu’il lui a
été donné alors de reconnaître Celui de son
Seigneur.
Enfin, il a voulu se définir
comme
le " Frère universel ". Grâce à Dieu,
le visage de notre Eglise s’est diversifié. Des vocations laïques
et religieuses, originaires de nombreux pays sont venu nous rejoindre
: ceci a universalisé notre présence, changé le visage
de notre Eglise, mais non sans bouleverser nos habitudes. Il est possible
de vivre ensemble, dans les différences que nous portons, l’Amour
universel de Dieu pour toute personne, et de le crier par toute notre
vie.
L’héritage reste ouvert. Qu’allons-nous faire de tant de défis
?
+ Claude, votre frère évêque
Nouvelles…. Pour rester proches
* Mr Raymond Davienne, qui a vécu longtemps à
Ouargla et a travaillé dans le cadre de la Jeunesse et
des Sports, nous a quittés. Avec son épouse il avait décidé
de rejoindre son fils Youcef en France. Il s’était montré
un fidèle pilier de la petite communauté chrétienne
de Ouargla, et a vécu jusqu’au bout son profond attachement au Seigneur,
dans un parcours souvent difficile à assumer. Nous adressons à
sa famille, et spécialement à son épouse, l’assurance
de notre amical et fraternel soutien, et aussi de notre fidèle attachement.
* A la suite d’une chute malencontreuse,
Jeanne Borotra, retirée
à
Metlili où elle a enseigné pendant de nombreuses
années, s’est cassé le col du fémur. Une opération
assez délicate a pu être faite sur place. Malheureusement,
une autre chute de son lit a compromis les effets de l’opération.
Elle est dans un état semi-comateux. Bien entourée de ses
nombreux et fidèles amis, nous espérons qu’elle pourra se
remettre, malgré l’incertitude du moment.
* Deux
Sœurs de la Charité Maternelle ont à
ce jour obtenu leur visa pour l’Algérie ! Le temps se rapproche
donc où le relais pourra être donné par les Sœurs d’
El
Goléa. Déjà notre
chère Sr Theresa
se prépare à partir pour l’Espagne. Les jeunes personnes handicapées
dont elle s’occupe avec assiduité et amour sont bien tristes, mais
ils savent qu’elles ne seront pas abandonnées. La relève est
assurée. Comment manifester à Sr Theresa notre reconnaissance
pour son service discret et combien efficace dans notre Diocèse ?
* Voici quelques jours, le
P.Félix a été
pris de malaises et le médecin lui a conseillé un retour
en Espagne pour y subir l’ablation d’un caillou au niveau de la vésicule.
Le
P.Leclerc réclame ce caillou pour son musée !
Nous espérons que Félix va nous revenir sans trop tarder,
après un temps de repos nécessaire.
* Le
P.Michel Santier, évêque de Vendée,
accompagné de
Christine (ma nièce) et de
Marie
Jo, deux membres de la Communauté " Réjouis-toi " fondée
par lui, vient de passer une belle semaine parmi nous. Ils ont apprécié
la qualité de l’accueil et aussi notre façon de " faire Eglise
" dans ce vaste diocèse. Ensemble nous avons pu célébrer
le
renouvellement des vœux de Sr Zawadi à
El Goléa. Peu à peu, prend forme un partenariat entre
notre Diocèse et celui de Luçon. Nous attendons de leur part
un témoignage plus détaillé de leur séjour.
*Alain et Cécile sont fidèles aux nouvelles.
Ils arrivent à renoncer pour le moment aux nombreuses sollicitations
qui leur sont faites ! Ils ont besoin de se poser, d’atterrir sur la terre
bretonne et de réfléchir sur leurs futurs engagements. Ils
continuent de nous porter dans l’amitié et la prière.
*Nous avons eu notre
premier nouveau " Conseil rapproché
". Il est donc constitué du P.Miguel (absent, en temps de formation
continue jusqu’à la fin de l’année), d’Emmanuel, de Sr Speciosa,
et aussi de Sr Gisèle (de Ouargla), et de Sr Marie Christine pour
le secrétariat. Ce fut bon et assez intense. Je me réjouis
d’avoir de tels collaborateurs ! Nous avons aussi un
Conseil Financier
renouvelé et élargi : le P.Miguel, Emmanuel (Econome diocésain),
le Fr. Tahar de Tam, le Fr. Henri de Beni Abbès, le Fr. Raymond
d’El Abiodh, et Sr Marie Christine dont nous pourrons bénéficier
des compétences. Merci à tous pour leur disponibilité.
*Calendrier. Je vous écris ce mot d’El Goléa.
6-8/12(matin) à Timimoun ; 8(Soir)-11(matin) à Adrar ;
11(soir)-16(matin à Beni Abbès). 16 à Ain Sefra ;
17 (soir)-20(matin) à El Abiodh ; 21-25 à Ain Sefra. Retour
vers Ghardaia via El Abiodh, El Bayadh, et Laghouat. J’aimerais être
de retour à Ghardaia le 28/12. In shâ Allah !