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Amis du Diocèse du Sahara (ADS)

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Edition du 14 janvier 2015
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BILLET MENSUEL JANVIER 2015


Bien chers Amis.

Avec quelques membres du Diocèse, nous avons célébré à Tizi Ouzou le 20ème anniversaire de la mort tragique des quatre Pères Blancs assassinés le 27 décembre 94 : les Pères Alain Dieulangard, Jean Chevillard, Charles Deckers et Christian Chessel. J’avais eu la chance de les connaître et de collaborer étroitement avec l’un ou l’autre. J’ai été profondément touché de voir l’engagement de leurs amis de Tizi, en collaboration étroite avec la communauté des Pères Blancs. Les autorités locales ont tenu à être des nôtres à cette occasion, et leur présence a été un hommage et un encouragement à aller de l’avant.

Le crime innommable perpétré sur la personne des journalistes de l’hebdomadaire français « Charlie Hebdo » nous remet à l’esprit les événements tragiques que nous avions vécus alors. C’est la même folie humaine, la même barbarie qui ont arraché à leurs familles des artisans de ce journal, même si les raisons et les circonstances ont été différentes. Rien ne peut justifier cet acte odieux qui risque en plus de discréditer l’Islam et nombre de croyants musulmans, touchés eux aussi dans leurs convictions profondes. Beaucoup ont manifesté ouvertement leur réprobation, voire même leur colère, aux côtés des citoyens qui ont tenu à le faire en France et dans d’autres pays.

Revenant à la mémoire de nos quatre confrères Pères Blancs, ces figures nous interpellent comme chrétiens engagés aux côtés de la population musulmane de ce pays. Célébrer une mémoire, c’est une responsabilité. Souvent des amis évoquent le souvenir et la marque profonde qu’on laissés nos anciens par leur vie et leur engagement humain, religieux, professionnel et social. 

Que de références aux valeurs qu’ils ont inculquées à ceux qu’ils côtoyaient dans le domaine de l’éducation notamment ! Ils n’ont certes pas été les seuls à mettre en avant ces valeurs d’humanité et de citoyenneté : respect de l’autre dans son identité culturelle, ethnique et religieuse, dans ses biens, mais aussi sens de la valeur du travail, de l’honnêteté, de la ponctualité et de la droiture de conscience dans les engagements professionnels et sociaux. Nous nous retrouvons tous dans ces convictions humaines respectives !

Même si nos moyens demeurent modestes dans nos différents engagements, nous, Prêtres, Religieuses, Laïcs, ressentons le poids de notre responsabilité pour continuer dans cette direction. Et je suis heureux de voir que notre nouvelle génération va toujours de l’avant. La greffe du vieil olivier s’est chargée de toutes ces valeurs qui aident à construire notre commune humanité. Merci à nos partenaires algériens de nous aider à continuer dans ce mouvement.

Notre Église, elle aussi, a pour but de collaborer à construire cette humanité pour qu’elle soit plus à l’image de celle que Dieu veut voir sur notre terre. Le message et l’œuvre de Jésus qui nous inspirent s’appuient sur ces profondes valeurs qui construisent l’homme et les rapports humains. Nous n’avons pas la prétention d’être les seuls à les promouvoir. Je demeure persuadé que l’Islam est porteur lui aussi de ces nobles vertus qui structurent l’homme et la société, et il ne faut pas le réduire, comme le font certains, aux déviations meurtrières dont nous sommes les témoins.

A nous chrétiens et musulmans, hommes et femmes de bonne volonté, de donner une priorité à ce qui édifie la personne et les sociétés, sans arrière-pensée de récupération. Nous sommes conscients du poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules : celui de la fidélité à ce que nos anciens ont toujours prôné dans le respect des consciences : faire grandir l’autre, collaborer à sa promotion, nous enrichir mutuellement en nous stimulant dans le bien. Le Cardinal Lavigerie, fondateur des Pères Blancs et des Sœurs Blanches, écrivait : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». C’est à cette humanité commune que nous nous référons, en nous appuyant sur les valeurs spirituelles qui nous habitent.

Notre Pape François redit souvent qu’« il nous faut construire des ponts et non pas des murs ». Nous avons besoin d’unir nos forces pour continuer cette œuvre. Nous le faisons au nom de notre humanité commune, au nom de nos convictions les plus profondes, qu’elles soient puisées dans notre Foi ou dans le sens que nous portons en nous d’une fraternité qui va au-delà de toute frontière.

C’est cela que nos quatre frères tragiquement disparus ont vécu. C’est ce bel héritage qu’ils nous laissent. Puissions-nous y rester attachés. C’est la meilleure façon de célébrer leur mémoire et d’y être fidèles.


ltjav15_fichiers/cr130.jpg +Claude, votre frère évêque.

Nouvelles…. Pour rester proches

Un double heureux événement dont nous nous réjouissons tous : la naissance d’une petite Lucile chez la fille d’Emmanuel Auphan et d’un petit Jérémie chez son fils en Nouvelle Zélande. Le voilà grand-papa ! Tous nos vœux aux papas et aux mamans ! Une autre naissance nous réjouit : Philippine, chez Eric et Hélène Perrodon. La famille diocésaine expatriée s’agrandit !

Luc et Marie sont allés faire leur premier grand voyage dans le Diocèse, et ont visité le P. Philippe à Adrar. Ils ont aussi été accueillis par la « communauté Notre Dame » des Sœurs de Timimoun. Dommage, ils n’ont pas pu rester pour la fête du « Sbou’ », manifestation célèbre qui a lieu dans cette petite ville une semaine après le Mouloud, et qui fait revivre à tous une réconciliation entre zaouïas sévèrement affrontées par le passé.
 
Georges Vimard nous annonce que sa santé va mieux et lui permet un retour parmi nous dans le courant de ce mois. Une bonne nouvelle qui nous réjouit, à commencer par nos Sœurs d’El Goléa.
Pour déjà nous mettre à nos calendriers, nous prévoyons notre Assemblée Diocésaine, en espérant que rien ne viendra la contredire cette fois. Elle aura lieu à Ghardaia du mardi 21 avril au soir au dimanche 26 au matin.

Cette fois-ci nous y consacrerons 4 journées pleines. La première sera consacrée à une information sur l’évolution de l’Islam dans ses relations avec les Eglises en Europe, au Proche et Moyen Orient et en Afrique. Nous avons demandé à Christophe Roucou, actuellement Secrétaire du SRI (Secrétariat pour les Relations avec l’Islam à Paris) qui a accepté de nous donner quelques informations sur ce sujet. Il se trouve très engagé dans ce domaine.
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Les trois autres journées seront consacrées au prolongement de l’AIDA et à la vie de notre Communauté Diocésaine. Une plus large information vous sera donnée ultérieurement.

La seconde session d’arabe dialectal va reprendre à Ouargla avec le P. Krzysztof, après la session des nouveaux arrivants à Alger du 17 au 23 janvier.
Nous avons eu en décembre, à Touggourt et à Hassi Messaoud, la visite du P. Ferruccio Brambillasca, Supérieur Général des PIME et de l’un de ses Assistants, le P. Paolo, plus spécialement chargé des communautés PIME d’Algérie. Egalement, nous avons eu la visite de Sr Mia Dombrecht, coresponsable des Communautés des SMNDA (Sœurs Blanches) pour leur nouvelle entité Maghreb-Afrique de l’Ouest. Elle était accompagnée de Sr Marie-Alice Perrettaz, Assistante générale de leur Conseil à Rome.

Nous avons relancé les Rencontres de Secteur, avec la proposition d’un programme qui nous situe dans la suite de l’AIDA. Merci de vous mettre à vos calendriers si ce n’est déjà fait. C’est une façon de continuer à faire fructifier ce qui a été semé durant l’Année Interdiocésaine et l’Assemblée Générale à Alger.

La situation sécuritaire à Ghardaia continue d’être préoccupante. Les émeutes récurrentes dans la vallée jusqu'ici se déroulaient surtout dans des quartiers éloignés d’El Hoffra (où sont la Maison d’accueil « Dar Keltoum » et la Maison des Sœurs). Mais la situation s’est aggravée à partir du week-end de la fête du Mouloud. Les deux maisons donnent toutes deux sur une place. Là, une grande partie de la journée et de la nuit de samedi 10 janvier et la nuit du 11 au 12, se sont déroulées des échauffourées entre jeunes mozabites et gendarmes. Les assaillants (de 12 à 30 ans, venus pour beaucoup d’autres quartiers), ont tout fait (incendie de maisons et de voitures, jets de pierres) pour en faire partir les familles arabes, installées ici depuis des générations. Non seulement les familles arabes, mais la plupart des familles mozabites, installées depuis des générations tout près de nos maisons ont donc déménagé dimanche et lundi. Les deux communautés vivaient en effet dans une bonne entente, et sont toutes les deux victimes de ces violences.

          Pour le moment, les membres de notre communauté chrétienne ne se sentent pas en danger, car, beaucoup de voisins le disent, nous ne sommes pas concernés par ces conflits. Actuellement, les gendarmes (présents dans toute la ville depuis des mois), installés en grand nombre sur les toits et dans les maisons, nous protègent donc d’éventuels pillages ou autres exactions. Leur présence et leur vigilance sont rassurantes et efficaces. Cependant, nous sommes très attentifs à la moindre évolution et nous sommes en relation étroite avec les autorités locales, notamment les forces de l’ordre qui nous portent une attention toute particulière.


                                                                       Calendrier de Mgr Rault
                                                                               janvier 2015

       Visite des communautés de l'Est jusque mi janvier, puis préparation de l'assemblée Diocésaine d'Avril & conseil Episcopal rapproché.

De la mi-janvier au début février, Paris. Démarches diverses. Préparation de la « Commission Mixte » de Madrid. Retraite aux prêtres du Diocèse de Valence. Marseille : visite à la communauté des Pères Blancs et participation à la fête du 2 février à Marseille.

                                                                           (liens & illustrations de la Rédaction du Site ADS)

Pour +:  20ème anniversaire de l'assassinat des 4 pères blancs à Tizi-Ouzou. sur le site de l'Eglise Catholique d'Algérie (4 pages)

De la Rédaction du Site ADS

Hommage à nos Frères de Tizi Ouzou.

par Mgr Claude Rault. Evêque de Laghouat-Ghardaia (Wilayas du Sud)

Bien chers Amis.

Je voudrais tout d’abord dire ma gratitude à tous ceux et celles qui ont tenu à faire de ces deux jours une célébration qui rassemble.

Célébration non seulement de mémoire mais de fidélité dans l’amitié que nous nous portons les uns aux autres.

Je ne puis que louer le dévouement et l’engagement de toutes les personnes qui ont contribué à la préparation de ces journées du plus haut au plus humble niveau.

J’ai tenu, depuis que j’ai su que cette célébration se préparait, à venir vous accompagner, et mêler mes sentiments aux vôtres.

J’ai eu la chance de connaître nos quatre frères, les Pères Alain, Charles, Jean, et Christian.

J’ai eu aussi la grâce d’accompagner le P. Christian pendant son stage, et de continuer cette proximité dans l’amitié spirituelle lors de son retour en Algérie.

J’ai collaboré plusieurs années avec le P. Jean comme conseiller lorsqu’il était Provincial des Pères Blancs.

J’ai moins connu le P. Charles, et le P. Alain, mais nous nous sommes souvent rencontrés. Et je les ai encore mieux connus grâce au témoignage de leurs nombreux amis.

Au cours de ces journées, leur mémoire vivante a été et sera longuement évoquée par divers témoignages. Je ne vais pas développer ce que d’autres diront mieux que moi.

Je voudrais vous dire comment aujourd’hui ces quatre figures nous interpellent et comme Pères Blancs et comme membres de cette Eglise d’Algérie et comme hommes et femmes engagés dans ce pays.

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Je le ferai pour vous rappeler que célébrer cette mémoire n’est pas seulement un hommage mais une responsabilité.

Souvent des amis évoquent le souvenir et la marque profonde qu’on laissé nos anciens dans leur vie et leur engagement humain, religieux professionnel et social.

J’ai souvent le sentiment que nous récoltons là où nous n’avons pas semé, même si je me trouve parmi les plus anciens maintenant.

Que de références aux valeurs qu’ils ont inculquées à ceux dont ils avaient la responsabilité dans le domaine de l’éducation notamment !

Souvent même l’évocation que nos amis font à ces valeurs passe avant la qualité qu’ils ont montrée dans leur enseignement et dans leur professionnalisme.

Ils n’ont certes pas été les seuls à inculquer ces valeurs d’humanité et de citoyenneté : respect de l’autre dans son identité et dans ses biens, respect de la citoyenneté, de l’identité culturelle et de la religion de l’autre quel qu’il soit. Mais aussi importance de l’honnêteté, de la ponctualité et de la droiture de conscience dans les engagements professionnels et sociaux.

Même si nos moyens demeurent modestes dans nos différents engagements, nous, Pères, Sœurs, Chrétiens, ressentons le poids de notre responsabilité pour continuer dans cette direction. Et je suis heureux de voir que notre nouvelle génération continue dans ce sens.

Hôte de cette communauté pour quelques jours, je me disais que la greffe du vieil olivier porte fruit. La nouvelle génération continue de s’appuyer sur toutes ces valeurs qui aident à construire notre commune humanité. Aidez-les à continuer dans cette direction.

Notre Eglise a pour but d’abord d’aider à construire cette humanité pour qu’elle soit plus à l’image de celle que Dieu veut voir sur notre terre.

Le message et l’œuvre de Jésus qui nous inspirent s’appuie sur ces profondes valeurs qui construisent la personne humaine.

Et nous n’avons pas la prétention d’être les seuls à les promouvoir.

Je demeure persuadé que l’Islam est porteur lui aussi de ces valeurs profondes qui construisent l’homme et la société.

A nous chrétiens et musulmans mais aussi hommes et femmes de bonne volonté, de donner une priorité à ces valeurs qui édifient la personne et les sociétés, sans arrière pensée de récupération.

Devenu évêque et responsable des petites communautés catholiques des Wilayas du Sud, je suis conscient du poids de responsabilité qui pèse sur nos épaules : celui de la fidélité à ce que nos Anciens ont toujours prôné dans le respect des consciences : faire grandir l’autre, collaborer à sa promotion, nous enrichir mutuellement en nous stimulant dans le bien.

Si quelques citoyens de ce pays ont fait le choix de nous rejoindre, et si nous les avons accueillis, c’est dans le plus grand respect de leur conscience. Et je salue la Constitution Algérienne de garantir le respect de cette liberté de conscience.

Je salue aussi tous les citoyens et citoyennes de ce pays qui collaborent avec nous, que ce soit au nom de leur foi religieuse ou au nom des valeurs profondes qui constituent le fond le plus précieux de leur humanité de nous aider à nous maintenir dans cet esprit.

Le Cardinal Lavigerie, fondateur des Pères Blancs et des Sœurs Blanches, écrivait : « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». C’est à cette humanité commune que nous nous référons, appuyés par les valeurs religieuses qui nous habitent et que notre sens de l’humanité ne peut contredire.

Merci, mes frères et sœurs en humanité, de nous aider à nous maintenir sur ce chemin du respect, de la collaboration, d’une fraternité qui passe les frontières et ne peut pas être partisane.

Merci de nous aider à faire fructifier ce que nos prédécesseurs nous ont laissé comme héritage : l’ardeur à construire ensemble une humanité plurielle, respectueuse, fraternelle.

Notre Pape François disait récemment qu’il nous fallait construire des ponts et non pas des murs.

Nous avons besoin d’unir nos forces pour continuer cette œuvre.

Nous le faisons au nom de notre humanité commune, au nom de nos convictions les plus profondes, qu’elles soient puisées dans notre Foi religieuse ou dans le sens que nous portons en nous de la fraternité au-delà de toute frontière.

C’est cela que nos quatre frères tragiquement disparus ont vécu.

C’est ce bel héritage qu’ils nous laissent. Puissions-nous y rester attachés. C’est la meilleure façon de célébrer leur mémoire et d’y être fidèles.

Merci de votre aimable attention.

+Claude Rault. Evêque de Laghouat-Ghardaia (Wilayas du Sud)


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De la Rédaction du Site ADS
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Mgr Michel Dubost : « Ce qu’on a vu à Gaza, rien ne peut le justifier »
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Une délégation d’évêques, de 11 pays différents, est en visite en Terre sainte, du 10 au 15 janvier, à l’invitation du patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal.


Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry (Essonne), raconte leur passage par la bande de Gaza.

À l’invitation du patriarche latin de Jérusalem Mgr Fouad Twal, la Coordination catholique pour la Terre sainte est venue sur place, du samedi 10 au jeudi 15 janvier, pour sa visite annuelle. Elle réunit 15 délégués de Conférences épiscopales nationales provenant de 11 pays, et tous doivent visiter différents points chauds en Israël, à Jérusalem et dans les Territoires palestiniens occupés.

La délégation devait notamment se rendre à Gaza, dimanche 11 janvier, pour y célébrer la messe à la paroisse de la Sainte-Famille et rencontrer les fidèles au cours d’un déjeuner. Les autorités israéliennes n’ont d’abord laissé passer que 10 membres sur la quarantaine de personnes composant la délégation.

Maisons rasées ou qu’on fait exploser

« J’ai fini par passer, mais au bout de sept heures d’attente pendant lesquelles les autorités, les militaires n’ont cessé de discuter », raconte Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry (Essonne), pour qui « les Israéliens voulaient surtout montrer qu’ils sont les patrons ». Ceux-ci n’ont d’ailleurs fait aucune difficulté, le lendemain, pour laisser la délégation se rendre dans la localité israélienne de Sderot, visée par les roquettes palestiniennes.

« Nous avons vu les destructions, qui sont inimaginables », témoigne l’évêque d’Évry. Au Nord de la bande de Gaza, près de la frontière, les maisons de 180 familles ont été rasées au bulldozer ou « explosées ». Le Catholic Relief Service, l’agence catholique humanitaire américaine, vient d’y installer une quarantaine de petits « chalets », dans lesquels les familles disposent en tout et pour tout de nattes de paille et de quelques matelas de mousse...

« Personne ne nous croit »

Déclenchée après l’enlèvement et de l'assassinat des trois adolescents juifs, l’opération « Bordure protectrice » a fait plus de 2 000 morts, dont 500 enfants, et plusieurs centaines de milliers de sans-abri. « Tout est exactement dans le même état que cet été puisque le ciment ne peut passer la frontière  : les Palestiniens ne peuvent rien reconstruire », constate Mgr Dubost. Dans l’une des trois écoles catholiques de Gaza, les seuls établissements mixtes et qui accueillent 1 000 élèves au total, les évêques ont rencontré des lycéens. « Ils nous ont demandé de raconter dans nos pays ce que nous avons vu, mais en nous prévenant que personne ne nous croirait ».

Les jeunes lycéens se sont également montrés très sensibles aux attentats qui se sont produits à Paris - tueries à Charlie Hebdo, à Montrouge puis dans le supermarché casher de la Porte de Vincennes - sans doute « parce qu’ils se sentent très fragiles face aux attaques islamistes et qu’ils sont payés pour savoir leurs dégâts », estime l’évêque d’Évry.

« C’est un rêve »

À eux comme aux juifs israéliens rencontrés de l’autre côté de la frontière, ils ont demandé si « la paix est possible ». « C’est un rêve », répondent invariablement Palestiniens et Israéliens. « Il y a eu tant de tentatives, tant de destructions qu’il faut vraiment être chrétien pour se dire que cela vaut quand même la peine de reconstruire », reconnaît Mgr Dubost, en soulignant le travail « extraordinaire » des organismes de solidarité catholique pour rétablir l’eau potable. La centrale ayant été bombardée, les Gazaouis n’ont que « quatre heures d’électricité par jour ».

Le curé de Gaza, le P. Jorge Hernandez, que le pape François avait reçu fin août à Rome, a raconté à la délégation qu’il éprouvait parfois l’envie de « prendre deux bus, d’y mettre la centaine de catholiques qui restent et d’essayer de partir ». Mais à chaque fois, il s’est ravisé, convaincu que « c’est notre pays, qu’il faut qu’on reste ».

Destruction de l’autre

« Ce qu’on a vu à Gaza, rien ne peut le justifier », résume Mgr Dubost, au nom des évêques de la Coordination en Terre sainte. « Les Israéliens ont raison de vouloir la sécurité, mais la sécurité aux prix de la destruction de l’autre ne peut être juste ».

Les membres de la délégation ont également pu constater à quel point les échecs du secrétaire d’État américain, John Kerry, ont laissé des traces, côté palestinien  : « Le sentiment d’injustice est très profond, car pendant les négociations, les juifs ne cessent de continuer à construire des colonies ».

« Chacun craint l’autre, chacun méprise l’autre, personne ne croit à une solution », constate encore Mgr Dubost, pour qui l’absence de rencontres entre les deux peuples constitue l’un des problèmes majeurs de ce conflit. « Plutôt que de partir du sommet, ne faut-il pas repartir de la base, rouvrir des points de passage  ? Puisque personne n’y croit, nous, chrétiens devons croire à la paix, mais c’est difficile. »
Anne-Bénédicte Hoffner

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