Bien chers sœurs, frères et amis,

Une petite horde de hérissons venait de se former pour éviter la solitude et les chasseurs friands de leur chair. Ils menaient dans la palmeraie une joyeuse existence, chacun allant à ses occupations. Il faisait beau, il faisait bon vivre ensemble. Mais ils n'avaient pas encore connu les affres de l'hiver. Celui-ci arriva sans crier gare. Le vent était glacial, et nos petits hérissons eurent tout de suite le réflexe de se serrer les uns contre les autres. Ce qui eut pour effet, en se frottant ainsi, de se piquer et de se blesser mutuellement.  Leur précipitation fut vite suivie d'un mouvement de recul, mais la rigueur du vent les ramenait les uns contre les autres, avec les mêmes effets gênants. Finalement, après un certain nombre de tâtonnements fructueux, ils réussirent à trouver la bonne distance pour ne pas se piquer et la juste proximité pour se tenir bien au chaud.

    Toute vie sociale et communautaire est faite de distance et de proximité, d’attrait et de répulsion, et l'équilibre à trouver ne va pas de soi. Je continue à penser et à constater  que le grand défi de notre vie évangélique, c’est de vivre la communauté.Le défi de la vie contemplative en communauté, ce n’est pas la contemplation… c’est la communauté.
 Le défi de la vie apostolique en communauté, ce n’est pas l’apostolat… c’est la communauté !
 Et cette difficulté est accentuée par la situation un peu particulière de notre existence d’Eglise ici au Sahara. Nos communautés sont petites, peu nombreuses dans le même environnement géographique, et il faut parfois un certain héroïsme pour vivre en vérité le commandement de Jésus de  nous aimer les uns les autres ! Une trop forte proximité tourne vite à la promiscuité et ne respecte pas l'autre dans son identité. Une trop forte distance peut faire de l'autre un gêneur que l'on évite, voire même que l'on marginalise. Au fond nous ne faisons en cela que de partager la vie de toute collectivité, de tout groupe humain. Les difficultés que nous pouvons éprouver ne seraient-elles pas le signe de notre véritable incarnation ?

    En Algérie, un grand débat est engagé autour du projet de constitution sur la réconciliation nationale, et nous suivons de très prés cette démarche importante pour le pays et pour l’avenir de la Nation. Comment vivre ensemble après tant de blessures ?

Sans doute, nous ne pouvons pas participer directement à ce débat, mais nous pouvons nous interroger sur notre capacité à accepter l’autre tel qu’il est, dans sa différence, encore plus s’il nous a blessé, s’il nous dérange, s’il ne répond pas à nos attentes. Oui, le pardon peut exiger de nous un véritable héroïsme et nous engager dans un vrai combat spirituel si cet(te) autre est membre de notre propre communauté ! Nous sommes tous de petits hérissons en quête d’équilibre entre proximité et distance… et nos communautés sont de bons laboratoires de vie évangélique ! Dans cette reprise après l’été… où nous n’éprouvons pas encore le besoin de nous serrer les uns contre les autres… vivons joyeusement les retrouvailles et faisons provision d’humour pour l’avenir qui nous attend.     
     + Claude, votre frère évêque.

Nouvelles…. Pour rester proches

*Comme prévu, Charles de Foucauld sera béatifié à St Pierre de Rome le 13 novembre prochain. Une veillée de prière est prévue la veille à Tre Fontane et le 14 une messe d’action de grâces, à Tre Fontane également. Un certain nombre de nos amis algériens a tenu à s’inscrire pour cet heureux événement. Le Président Bouteflika a eu la délicatesse de désigner un représentant pour participer à cette célébration.

*Prochaine Lettre du Diocèse : paraissant au cours du mois de juin, elle risquait de rester dans les boîtes… nous la faisons paraître dans quelques jours. Vous aurez ainsi le compte rendu et le suivi de l’Assemblée Diocésaine.

*Mgr Fouad Twal, évêque de Tunis, est nommé coadjuteur de Mgr Sabbah, Patriarche latin de Jérusalem. Son successeur, le P. Maroun Elias, supérieur du Grand Séminaire de Bethléem sera ordonné le 2 octobre. Il sera intronisé à Tunis le 30 octobre.

*Les Sœurs Franciscaines de Marie (FMM) ont reçu le feu vert de leur congrégation pour une nouvelle implantation à In Sefra. Notre cher François Cominardi doit se réjouir avec nous de cette bonne nouvelle !

*A Ghardaia, Sr Jeanne nous a quitté pour rejoindre Alger où de nouvelles tâches l’attendent. Son séjour saharien lui fera de temps en temps regarder vers le Sud ! Nous nous réjouissons du retour proche de Sr Marie Christine et espérons pour elle un retour à la vue complète, suite à une opération subie à Paris… qui ne l’a pas empêchée de participer au Chapitre des Sœurs Blanches.

*A Ouargla, nous avons fait nos adieux à Sr Jacqueline, mais Sr Gisèle est de retour ! Elle avait pris un temps " sabbatique " bien occupé pour accueillir cette nouvelle étape de la vie où il y a tant de choses à faire : celle de la retraite ! La communauté des Pères Blancs attend l’arrivée de Lambert Basabose, nouvellement ordonné. Il avait fait son stage de langue à Ouargla et était rattaché à la communauté d’Oran.

*Les Petits Frères de Jésus ont dû quitter Tazrouk, suite à l’aggravation de la santé du Fr. Abdallah, hospitalisé actuellement à Marseille. Le Fr. Riquet a rejoint la Fraternité de La Thoberte, près de Marseille. Leur présence aura marqué profondément cette localité du grand sud. Le Fr. Tahar est venu renforcer la fraternité de Tamanrasset. Le Fr. Ventura est pour 3 mois à Beni Abbès avant de rejoindre l’Assekrem.

*Au cours de l’été, nous avons appris le décès de Mlle Guillemin, qui vivait depuis plusieurs années déjà à El Oued. Il lui avait semblé bon de réduire au minimum ses relations avec l’extérieur pour vivre dans la prière et dans le dénuement. Elle est inhumée dans le cimetière chrétien d’El Alia à Alger.

*La communauté des Pères Blancs de Ghardaia, après le départ de Dieudonné pour les études, accueille un nouveau stagiaire, Guy Sawadogo, originaire du Burkina Faso. Il vient de terminer son année spirituelle à Kasama, en Zambie. Il va bientôt se mettre à Alger à l’étude de l’arabe dialectal, au Centre des Glycines.

*En plein mois de juillet, nous avons accueilli à Ghardaia deux membres de la Société des PIME d’Italie, le Fr Fabio, Assistant général (déjà venu en mars), et le P. Achille, Provincial d’Italie,  venus explorer de plus près les possibilités d’une implantation à Touggourt. L’un et l’autre se sont montrés vivement intéressés par cette possibilité. Leur congrégation tient actuellement son Conseil Plénier et va prendre une décision à ce sujet… Prions pour que l’Esprit souffle dans le bon sens !