srcolettechalle Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
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Edition 25 janvier 2012
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Décès de Soeur Colette

Soeur Missionnaire de la Société de Marie (smsm)
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Homélie du P. Claude Rault à l’inhumation de Soeur Colette

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Soeur Colette
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Message envoyé par la Provinciale des Soeurs Missionnaires de la Société de Marie (SMSM)
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Soeur Colette avec Mgr Rault  et lors de la dernière assemblée générale diocésaine
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Avec sa famille -son frère-, Soeur Colette croise Père René Le Clerc (+2010)
lors des fêtes du jubilé à Poilley en 2008 

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De Ghardaia.
 
Bien chers amis.
Déjà plusieurs d'entre vous ont appris le départ vers le Seigneur de Sr Colette au petit matin du 1er janvier. Rien ne laissait prévoir un départ aussi rapide, et une telle nouvelle nous laisse dans la stupéfaction.
 
La vie de Colette a été une existence toute donnée, d'une activité sans relâche aussi bien comme infirmière dans les villes du Nord (notamment Tiaret) et à In Salah, que comme animatrice d'un petit groupe de femmes dans un gros village situé près d'Adrar.
Elle était aussi femme de grande Foi, une Foi incarnée dans la prière. Sa prière très en lien avec ce qu'elle vivait, aussi bien dans la supplication que dans le Merci à Dieu. Proche des gens, et en particulier des femmes, très sobre dans sa façon de vivre, elle était très attentive aux signes du Royaume qu'elle pressentait dans leur vie.
Elle avait décidé après sa retraite d'infirmière, de continuer à œuvrer au service dans le Diocèse, apprenant elle-même couture et broderie pour les transmettre aux femmes qui venaient suivre cette formation. Elle s'apprêtait même à "passer la main", ayant formé des personnes pour continuer ce qu'elle avait entrepris.
 
Ce départ m'affecte d'autant plus que je connais Colette depuis... 1973, année où nous nous étions retrouvés pour le cours d'arabe intensif aux Glycines.
Et, de Ghardaia, il m'est souvent arrivé d'aller passer quelques jours à In Salah pour célébrer l'Eucharistie et partager amitié et Parole de Dieu avec elle et sa compagne de communauté, Sr Yolande.
In Salah est l'un des coins les plus chauds de la Planète... et elle continuait son service d'infirmière même au plus chaud de l'été.
Elle a donc fait le don de sa vie, et le Seigneur est venue la cueillir au milieu de la nuit... Nous ne savons ni le jour ni l'heure... Mais elle était prête, fidèle servante du Seigneur et des autres, à l'exemple de Marie, à qui elle avait confié sa vie.
 
Prions pour elle, avec elle aussi. Et prions surtout pour Patricia et Christiane, ses deux compagnes. Prions aussi pour toutes ces solidarités qui se sont manifestées à cette occasion à Adrar pour faciliter à la petite communauté les démarches administratives et matérielles. Leur maison a beaucoup été visitée aussi pour manifester à Patricia et à Christiane leur amitié et leur soutien.
 
Nous pouvons déjà dire que Colette sera inhumée à Ghardaia, dans le cimetière chrétien, le jeudi 5 janvier 2012 à 9h00.
 
La messe sera ensuite célébrée à la paroisse (Salle Ghennai) à 11 heures.
 
Le repas sera servi à 12h30 après la messe.
 
Merci aux personnes qui auraient l'intention de venir, de se manifester dès maintenant au Secrétariat de l'évêché pour prévoir un éventuel hébergement (dire le jour et l'heure d'arrivée)et aussi pour que nous puissions prévoir le nombre de repas à commander.
 
En très fraternelle communion avec vous tous et toutes.
 
+Claude RAULT.
Evêque de Laghouat-Ghardaia.

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le cimetière chrétien de Ghardaïa

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Sainte Foy-lès-Lyon, le 05 janvier 2012

Sœur Marie Colette SMSM (Madeleine CALLE) 
5 juillet 1941 – 1 janvier 2012
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Née à Arzal (Morbihan), Sœur Marie Colette est la troisième d’une famille de neuf enfants, dont deux sont décédés en bas âge.

A 12 ans, elle entre au Juvénat des Filles de Sainte Marie de la Présentation à Broons (Côte-d’Armor). Elle avait déjà le désir d’être missionnaire, mais cet appel est devenu plus clair suite à l’entrée chez les SMSM d’une de ses compatriotes, S. M. Thérèse d’Avila, et à la lecture de revues missionnaires. Poussée par ce désir de se donner totalement au Seigneur pour la Mission , elle décide de quitter les Filles de Sainte Marie de la Présentation, où elle est novice, pour entrer dans notre Congrégation. Elle a 19 ans. Dans sa lettre de demande d’admission, elle écrit à Mère Marie Bruno : «  …Mon désir est de me donner totalement au Seigneur au service des Missions des Îles où et comme il lui plaira ». Elle arrive au Postulat SMSM à Sainte Foy-lès-Lyon, le 10 mars 1961 et fait Profession le 8 septembre 1963.

Son « OUI » la conduit à découvrir l’Algérie. Le 1er octobre 1963, elle est envoyée pour un stage missionnaire de trois ans à Hydra. A la suite de cette expérience, elle poursuit sa formation religieuse pendant une année (Scolasticat) à Sainte Foy. Après un envoi de deux ans à Meftah, où elle travaille auprès de femmes et des enfants, elle fait ses études d’infirmière à Casablanca (Maroc).

Elle passe deux ans dans la communauté d’Hydra : une année pour étudier l’Arabe et une au travail dans une clinique. Le 1er mai 1974, elle est nommée avec S. Christiane Barcelo pour une nouvelle ouverture à Tiaret. Elle y reste sept ans et elle travaille comme infirmière en PMI à Sougeur, avec les plus démunis. A Tiaret, travaillent aussi deux Pères jésuites ; l’un d’entre eux écrit : « A travers tous ces contacts, nous sommes un peu l’Eglise à l’écoute et au service d’un peuple ami de Dieu... Ici, nous avons des amis, ce sont «les « pauvres », comme on dit, des gens de petites ressources et de vie très dure ». Avec eux, nos sœurs vivent une relation de confiance et partagent leurs conditions de vie, en se donnant sans compter. L’engagement de S. M. Colette pour ses frères et sœurs algériens est total, ce qui n’est pas sans faire surgir, chez elle, des prises de position « tranchées » et des relations parfois conflictuelles avec certaines sœurs et plus particulièrement avec celles qui portent la responsabilité de la province.

En 1978, elle fait son second noviciat. Le 10 octobre 1980, un grand séisme secoue El Asnam, ville et sa région. S. M. Colette quitte Tiaret pour rejoindre pendant quelques mois les secouristes. « Qu’on se sent petit et inefficace devant l’ampleur de tant de détresse, de souffrances accumulées en si peu de temps… Une ville vidée de ses 130 000 habitants, recasés dans des camps, des jardins, sous des tentes ou des abris de fortune. Que l’hiver va être long sous la tente. Il fait très froid. »

Elle rejoint plus tard S. M. Françoise Le Mignot à El Biar et travaille pendant deux ans en PMI.

En 1986, la communauté de Meftah est fermée et une nouvelle communauté est ouverte à In-Salah dans le Sahara avec S. M. Yolande Birgentzle, S. Christiane Barcelo et S. M. Colette. Pendant dix ans, S.M. Colette y poursuivra son travail auprès des femmes et des enfants.

En septembre 1997, S.M. Colette, qui a atteint l’âge de la retraite, aspire à un temps fort de renouvellement avant d’aborder une autre étape. Elle suit une année l’Ecole de la Foi à Fribourg , qui sera pour elle  « un approfondissement intensif de la Parole de Dieu et une relecture apostolique, au sein d’une équipe de vie très diversifiée.» Au cours de l’année 1998, elle rejoint la fraternité des Petites Sœurs de St François à Ouargla. Là, elle se forme à l’artisanat car, comme infirmière, elle a atteint l’âge de la retraite professionnelle. Elle apprécie cette expérience intercommunautaire et écrit : « C’est une grâce de vivre cette année… Ensemble nous vivons une expérience de vie au désert et nos spiritualités spécifiques, loin d’être un handicap, sont un enrichissement réciproque au service de la mission. »

En septembre 1999, elle fait partie du premier groupe SMSM qui prend la relève des sœurs de St Joseph à Adrar, au cœur du désert, avec S. Piera Ungari, S M. Koleti Kiutau et S. Sita Savea. La proximité qu’elle a toujours vécue avec la population s’exprime, dans ce nouveau contexte, à travers la formation en couture, broderie, macramé… qu’elle donne à des groupes de femmes et à travers la relation d’amitié que la communauté vit avec des familles de leur entourage.

A la fin des Exercices ignaciens des trente jours, à la suite du décès subit du père d’un des retraitants, elle écrivait : « L’heure de Dieu passe par-dessus les âges et nos prévisions ». C’est ainsi que l’Heure de Dieu est venue pour elle, à l’aube du dimanche 1er janvier 2012.

« Parce que nous aimons nos frères, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie  (1 Jn 3,14) » nous dit la liturgie d’aujourd’hui. Cette Parole, vécue par S. M. Colette, nous est adressée par le Seigneur comme une source à laquelle nous tous, qui sommes sous le choc de son départ, pouvons puiser réconfort et consolation. Notre pensée et notre prière rejoignent particulièrement S. Christiane Barcelo, S. Patricia Stowers, Monseigneur Claude Rault et toute l’Eglise d’Algérie, ainsi que la grande famille de S. M. Colette.

« Je vais la conduite au désert et je parlerai à son cœur ». (Osée 2, 16)

Qu’elle repose en paix dans cette terre d’Algérie qu’elle a tant aimée et où elle désirait demeurer pour toujours »

S. Cristina Giustozzi smsm
Supérieure provinciale

Sainte Foy- lès-Lyon, le mercredi 4 janvier 2012

Bien chères Christiane et Patricia,
Chers frères et sœurs du diocèse de Laghouat-Ghardaia,


Comme j’aimerais être avec vous pour accompagner Colette à sa dernière demeure, à côté de Mgr Gagnon et de tous ceux qui ont voulu sur cette terre « créer pour demain le climat d’un dialogue plus paisible entre la foi chrétienne et la foi musulmane »1. Avec toutes les sœurs de notre communauté, je serai unie à vous par la pensée et la prière.

Le 10 mars 1961, voici bientôt 51 ans, Madeleine Calle arrivait ici pour entrer au postulat, dans cette maison qui accueille aujourd’hui les sœurs âgées ou malades. De ce demi-siècle vécu dans notre congrégation, elle a passé plus de quarante-cinq ans en Algérie. Elle s’y est donnée totalement avec amour et générosité. Colette est SMSM mais aussi Sœur de l’Eglise qui est au Sahara.

« Dans nos journées, tissées de rencontres
avec le Seigneur et sa Mère,
l’Esprit nous aide à discerner et choisir le meilleur
pour la gloire de Dieu et le bien de nos frères.
Peu à peu, prière et action s’unifient
et toute la vie devient prière
. » 2

Il me semble que notre chère Colette a bien vécu cet article de nos Constitutions, et cette prière qu’est devenue sa vie, je veux aujourd’hui l’offrir avec vous au Seigneur.

Oui, elle a toujours voulu discerner et choisir le meilleur pour le bien de ceux que le Seigneur a mis sur sa route : les bambins de la maternelle à Hydra, les jeunes filles de Meftah, ses collègues et ses professeurs de l’école d’infirmière, les victimes du séisme d’El Asnam, les malades et les voisins de Tiaret et d’Aïn Salah, ses compagnons de l’Ecole de la Foi, les femmes et les amis d’Adrar, les religieux du secteur dont elle était responsable avec S. Gertrud, les SMSM qu’elle rencontrait lors de ses congés en France, les membres de sa famille dont elle était si proche…

Les événements douloureux vécus par l’Eglise en Algérie - sans doute aussi l’âge - lui avaient un peu fait perdre son rire sonore et son plaisir de jouer des tours et de faire des farces. Mais elle a toujours gardé la joie profonde que le Seigneur donne avec sa paix à ceux qui l’aiment.

Colette, tu étais à Beni Abbès pour l’adieu à Xavier, aujourd’hui, c’est toi que tes frères et sœurs d’Algérie pleurent. Mais notre peine se changera en joie. Tu es dans la paix auprès de ton Seigneur et tu t’immerges dans Sa tendresse. Prie Marie, notre Mère de veiller sur l’Algérie, sur ta famille, sur notre Congrégation, sur notre monde en quête de paix.


Marie Claude, smsm


1 Frère Christophe Lebreton

2 Constitutions smsm n° 133

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Homélie du P. Claude Rault à l’inhumation de Soeur Colette

Chers frères et chères sœurs en Jésus, bien chers tous et toutes,

Tout à l’heure, j’ai essayé de retracer les grands étapes de la vie de Sr Colette, une vie bien remplie mais dont le départ a de quoi nous laisser sans mots ! C’est l’évangile qui vient nous parler au milieu de notre silence.

Comme Pierre le demandait à Jésus, elle a pu dire, elle aussi : « Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre… » Et ce n’était pas une parole en l’air. Je crois qu’il en est de même pour nous, qui que nous soyons, consacrés dans la vie religieuse ou laïcs engagés à la suite de Jésus. Nous nous situons tous et toutes comme disciples de ce « Rabbi Jésus », comme le faisaient ses premiers compagnons.

Colette a eu sa façon à elle de « tout quitter ». Nous avons vu que très tôt est né en elle le désir d’une vie consacrée au Seigneur et aux autres dans la vie religieuse. Pour d’autres, c’est une autre vie consacrée au Seigneur, dans le mariage, dans une existence et un engagement au cœur du monde. C’est finalement notre lot à tous et l’on a trop facilement attribué ce passage d’évangile qui vient de nous être lu aux personnes engagées dans la vie religieuse. Cette vocation à « tout quitter pour suivre le Christ » est notre lot à tous et à toutes. Ce sont les modalités, les styles de vie qui changent et nous avons chacun et chacune de nous à réaliser ce « tout quitter » à notre mesure, dans la fidélité à notre appel. […]

Alors nous pouvons regarder Colette dans ce constant effort, cette constante tension pour « tout quitter » et nous laisser remplir de cette plénitude qui nous fait tendre vers Dieu et les autres. Quelle extraordinaire tension en avant que la vie de Colette, spécialement dans le service ! […]  « Tout quitter », c’est vite dit, mais cela ne peut pas se faire sans arrachement, sans souffrance, comme celle d’une mère qui met un enfant au monde ?

« Voici que nous avons tout quitté pour te suivre »Il ne suffit pas de « tout quitter », il faut « suivre Jésus ». C’est cela qui est important. Autrement, notre vie se transforme en ascèse, peut-être admirable, mais inimitable et sans signification. L’essentiel devient alors de « suivre Jésus ». Nous quittons « tout »… ou du moins tout ce que nous pouvons… pour cela. C’est en Lui que tout prend un sens nouveau et que se comble ce vide laissé par ce qui a été quitté. Je crois que ce qui provoquait cette tension en avant de Colette, c’était cela. Suivre Jésus avait rempli sa vie. Elle l’a fait à sa façon, avec la personnalité qui était la sienne, avec son don à elle, sa capacité à créer des liens, à transmettre son savoir, sa passion pour les petits, les humbles, les femmes les plus éloignées.

Elle était aussi une fidèle priante. Suivre Jésus ne peut se concevoir sans une certaine intimité avec Lui. C’est dans la prière qu’elle refaisait ses énergies et gardait ce lien si nécessaire avec le Seigneur, que ce soit la prière communautaire ou la prière personnelle, en seule à seule avec Lui. Elle n’en faisait certes pas état… c’était son jardin secret, qu’elle disait parfois aride comme le désert qui l’entourait. Mais à la façon dont Marie ruminait les événements dans son cœur… elle faisait le lien entre son existence et sa prière.

Enfin, nous pouvons dire, dans la foi, qu’elle a déjà reçu le centuple de ce qu’elle a quitté. Elle n’a plus à subir les souffrances et la douloureuse tension qui l’animait. Elle est dans ce « monde à venir » dont parle Jésus, c'est-à-dire dans « la Vie Eternelle ».

J’aimerais conclure par une citation d’un mail reçu du P. Raphaël Deillon, un ancien compagnon de communauté et je m’y retrouve pleinement. Voilà dit en quelques mots de ce qu’elle a donné, sous forme de prière que nous adressons au Seigneur. Je cite Raphaël :

« Colette restera pour moi avec Soeur Yolande sa compagne d'alors, l'incarnation de l'accueil généreux et chaleureux des grandes latitudes. Seigneur tu te rappelleras leur sourire rafraîchissant qui nous ouvrait la porte après 400 km de vent grisant par la fenêtre de notre 4 L. Seigneur, entends le témoignage de cette fillette handicapée que Colette et son amie Aïcha ont sauvée en la sortant de derrière les chèvres où sa famille l'avait abandonnée à son malheur. Seigneur, que les deux jeunes mariés français, qui sont morts de soif avec dix autres passagers sur une piste oubliée empruntée par un taxi clandestin te disent avec quel amour Colette, Yolande et quelques infirmières de l'hôpital leur ont fait une première sépulture dans les sables du désert. Seigneur, que la vie donnée de Colette et celle que donnent encore ses compagnes de vie, montent vers toi comme une offrande pour la paix entre les peuples et le rapprochement de tous ceux qui croient en Ta grande Bonté pour toute personne de bonne volonté ».

Merci, Raphaël, pour cette prière qui est tienne et qui est devenue nôtre.

Et à toi, Colette, dans ce monde à venir, la Vie Eternelle. Amen !


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