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l' évêque du SAHARA
& les caricatures de Mohammed, Prophète de l'Islam

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Samedi 18 février 2006


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( extraits messe TV du samedi soir sur KTO)
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HOMELIE ( textes ordinaires de la messe du jour,  samedi 18 février 2006)
Jc 3,1-10.         ( " Vous qui enseignez, tenez votre langue " )

Mc 9,2-13.
   (" la Transfiguration" )

Chers Frères et Sœurs en Jésus,
   
Merci d’avoir donné au petit évêque du désert l’occasion d’ouvrir devant vous l’Evangile. Je pense que le cœur est le plus grand et le plus beau désert qui puisse exister, le plus aride aussi. Nous sommes tous porteurs de ce désert, ce grand espace où Dieu parle. Il m’est donc facile de vous y rejoindre ce soir.
Merci de m’avoir offert cet espace de parole… La parole est un vrai risque, au dire de la lettre de St Jacques : " nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement ". Je compte seulement sur votre indulgence si ma langue s’égare. Je voudrais qu’elle ne blesse personne.

J’ai répondu avec joie à l’appel qui m’a été fait par le Fr. Pierre Marie. Je l’ai connu non pas lors de son séjour saharien, mais lorsqu’en 1974, il cherchait des compagnons et un lieu pour étaler, comme il le disait à l’époque, un  " tapis de prière sur le macadam parisien ". Ce tapis a donc été déroulé au cœur du désert de la ville.
J’avoue qu’à un moment, j’avais été tenté de m’y joindre. Il y a souvent dans notre vie missionnaire une " tentation monastique ", qui n’a rien de satanique, et j’ai résisté à cette tentation! L’appel des hommes et des femmes de l’Islam et du désert ont été les plus forts. La suite m’a confirmé que c’était bien là bas que le Seigneur m’attendait.
    Permettez-moi, pendant quelques instants, de vous rejoindre, dans cette volontaire mise à l’écart que vous avez voulu vivre ce soir. Toute Eucharistie, d’une certaine façon, est cela : une expérience de Transfiguration. Un regard porté sur l’au-delà et sur le dedans. Un regard autre que celui de l’habitude. Et, sortant de cette mise à l’écart, nous  serons plus en mesure de le percevoir dans notre prochain le plus proche, comme le plus éloigné. Et nous regagnerons la plaine sans relief de notre existence, pour ne plus y voir que Jésus seul, dépouillé de tout attrait.  Le visage de Jésus  s’est désormais confondu avec notre humanité tout entière.   

Parlons-en, de cette humanité si diverse, dans l’esprit même où St Jacques nous invite à en parler : avec un infini respect et une langue maîtrisée et retenue, bienveillante. " Créés à l’image de Dieu ", comme il l’écrit lui-même,  nous nous reconnaissons tous pour ses enfants, sans faire aucune distinction.
Je suis présentement en France au milieu d’un peuple pour qui Liberté, Egalité et Fraternité représentent une trilogie susceptible d’établir entre les hommes quels qu’ils soient une véritable paix et une vraie justice sociale et raciale. Cette trilogie n’est pas absente de l’Evangile, même si elle s’exprime dans un autre langage.
Universelle, elle est présente au cœur de toute personne, elle doit être vécue avec détermination, justesse et équilibre. Mais ce n’est pas toujours le cas.
" Notre langue, dit  St Jacques, est une si petite partie de notre corps : elle peut se vanter de faire de grandes choses. Voyez encore : une toute petite flamme peut mettre le feu à une grande forêt… "
Cette langue parle, juge, apprécie, démontre, accueille avec bienveillance, ou refuse, condamne et tourne en dérision. Elle fait vivre, mais elle provoque aussi la mort.
Cette langue peut être aussi une plume, traçant sur le papier des traits qui sont une injure à l’autre dans ce qu’il a de plus précieux :  sa foi, ses convictions religieuses, les symboles auxquels il s’accroche et qui le font vivre.
Notre langue, comme notre plume peuvent en quelques traits défigurer l’autre en le caricaturant et en l’humiliant.
Elles peuvent nous dérider les uns les autres par des traits ou des propos pleins d’humour.
Elles peuvent aussi transfigurer l’autre, en réveillant ce qu’il y a de grand, de beau, et de meilleur en lui.

Nous venons d’assister à des événements partis de petits traits de plume, d’abord perçus comme insignifiants, mais leur résonance n’a fait que creuser en beaucoup de lieux l’écart qui existe entre un Occident regardé comme puissant et un Orient souvent déstabilisé, déchiré et humilié. L’inévitable amalgame a crée un écart de plus entre croyants musulmans et croyants chrétiens.
Je dois vous dire qu’avec nombre de nos amis musulmans, nous, chrétiens vivant au cœur de l’Islam, nous en avons été profondément blessés. Nous savons tous combien les retombées en ont été manipulées, utilisées, et ont prêté le flanc à des répliques de violence qui ne sauraient en aucun cas se justifier. La violence et le meurtre,  commis au nom de Dieu sont  aussi défigurants, intolérables et odieux, et pour les croyants de toute religion, et pour l’humanité tout entière. Mais nous vivons sur un baril de poudre, et nous voyons des inconscients jouer avec des allumettes !

Oui, nous devons défendre la liberté d’expression. Mais pas celle qui dessine des caricatures réductrices qui blessent, humilient des innocents, les tournent en dérision en s’attaquant au fondement même de leur foi, même si cette foi peut être détournée de son sens par des manipulateurs qui n’attendent que cela. En Algérie, comme en beaucoup d’autres endroits, nous en savons quelque chose.
Est-ce vraiment cela, la Liberté ? Celle de tout dire, ou de dire n’importe quoi au risque de blesser, d’humilier en piétinant les symboles ou les figures symboliques de la religion de l’autre ?  
Oui, j’ai la liberté de penser ce que je veux. Mais pas celle de dire publiquement n’importe quoi. Surtout si en même temps je piétine Egalité et Fraternité inscrites en effigie sur les frontons de nos monuments publics !
Ce que nous venons de vivre à ce sujet doit nous inviter à nous garder de toute caricature réductrice, en traits ou en paroles, amalgame ironique de l’autre, qui ne conduit qu’à une humiliation de plus et qui vient alimenter une violence déjà trop criante entre sociétés, ethnies et religions.
Ceux qui détiennent le pouvoir de la communication, de la politique, de la presse, de la langue " publique " ont une belle vocation, mais une grave responsabilité. Elle est encore plus grave si ce pouvoir se mêle à celui du non-respect de la vie et se prête à de bas intérêts de commerce et d’argent.
St Jacques nous le rappelle aujourd’hui : " la langue, aucun homme n’est arrivé à la dompter. Vraie peste toujours en mouvement… Elle nous sert à bénir le Seigneur notre Père, elle nous sert aussi à maudire les hommes, eux qui ont été crées à l’image de Dieu "…

En Afrique du Nord, nous vivons dans des pays où nous avons appris, au nom de  notre foi, à respecter et à aimer la culture, la langue, la religion, la personne dans la complexité de son enracinement humain, si différent du nôtre. Et je dois dire que globalement nous y sommes respectés et accueillis pour ce que nous sommes.

Charles de Foucauld, le Bienheureux, disait " Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs, à me regarder comme leur frère… "  Et il dit ailleurs : " Mon apostolat doit être celui de la bonté… Je voudrais être assez bon pour qu’on dise : " si tel est le serviteur, comment donc est le maître ".  Et il écrivait à un  ami :
" Je suis certain que le Bon Dieu accueillera au ciel ceux qui furent bons et honnêtes, sans qu’il ait besoin d’être catholique romain. Vous êtes protestant, d’autres incrédules, et les Touaregs sont musulmans. Je suis persuadé que Dieu nous recevra tous si nous le méritons ".
Son regard était réaliste. Il savait bien de quoi est pétrie toute humanité. Mais il a tout fait pour regarder l’autre comme un frère, pour contempler dans l’autre le visage transfiguré de Jésus. Ses propres limites rejoignent les nôtres. Nous ne pouvons pas le faire spontanément. C’est un exercice évangélique difficile. Mais Jésus nous demande de le rejoindre désormais dans l’humanité qui nous entoure. C’est là que nous retrouvons son visage.

Jésus transfiguré, je vois dans Tayeb. Père d’une grande famille, il a accueilli chez lui pendant plus de 20 ans le " fou du village "qui passait dehors les nuits glacées de l’hiver des Hauts Plateaux.
Jésus transfiguré, je l’ai vu tout récemment dans cette jeune autiste qui fréquente un petit atelier de couture tenu par l’une de nos sœurs au Sahara. Cette jeune autiste n’avait jamais esquissé un signe de joie, elle est devenue toute souriante lors de l’achèvement de la petite robe confectionnée de ses mains. Elle qui n’était rien aux yeux des siens est devenue une personne au sein de sa famille.
Je pourrais prolonger cette énumération et y faire défiler tant et tant de visages, maintenant évanouis dans le temps et dans l’espace.
 
Mais chaque visite nos communautés du Sahara me révèle ainsi un trait de Son visage !
 " On ne rencontre l’autre qu’au niveau où on le cherche ", disait Christian de Chergé, le prieur de Tibhirine.

La présence de notre petite Eglise au Sahara, au sein d’un peuple exclusivement musulman,  peut paraître insignifiante : une centaine de chrétiens et de chrétiennes, pour la plupart religieux, prêtres et religieuses, répartis par petites communautés sur une superficie quatre fois grande comme la France.
L’important, nous disait Jean Paul II, ce n’est pas que vous fassiez nombre, c'est que vous soyez signe.
Et je voudrais rendre un hommage fraternel à tous ces musulmans, toutes ces musulmanes, frères et sœurs en humanité, " créés à l’image de Dieu ", qui au jour le jour nous accueillent, nous ouvrent l’espace de leurs maisons et de leur cœur, dans une confiance totale. En eux nous pouvons aussi y reconnaître Jésus transfiguré.

Chers amis, ce que nous vivons n’est pas de l’ordre du privilège. Ceci  vous aussi, vous pouvez le vivre là où vous êtes. Notre vocation chrétienne n’est-elle pas de mettre tout notre effort à transfigurer le monde ?
Nous le pouvons tous à partir du regard que nous portons sur l’autre. Le regarder avec respect, avec compassion, avec amour, c’est à la fois le transfigurer, lui, et nous transfigurer nous aussi. 
Ce que je peux vous dire, c’est que cela ne peut se faire sans un regard qui s’inspire directement de l’Evangile et de la force du Ressuscité.
 Et si nous regardions notre humanité comme nous Le regardons, Lui ? Et si nous avions pour elle la même compassion, la même disposition intérieure, la même ouverture ? Travaillant à la transfiguration de notre regard, nous travaillons en même temps à la transfiguration de notre société et de notre monde.
Avec admiration et étonnement, nous pourrons alors y rejoindre Jésus transfiguré, sous les traits de toute humanité.


+Claude Rault
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Evêque du Sahara (Algérie)

(les passages en gras et en italique sont de la rédaction ADS)
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Lettre de saint Jacques Jc 3,1-10.      

Mes frères, ne croyez pas avoir tous la mission d'enseigner : vous le savez bien, nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement.
2 Car nous commettons tous beaucoup de fautes. Si quelqu'un ne commet pas de fautes en paroles, c'est un homme parfait, capable de mettre un frein à tous les instincts de son corps.
3 En mettant un frein dans la bouche des chevaux pour qu'ils nous obéissent, nous dirigeons tout leur corps.

4Voyez aussi les navires : quelles que soient leur taille et la force des vents qui les poussent, ils sont dirigés par un tout petit gouvernail au gré de celui qui tient la barre.

5 De même notre langue, qui est une si petite partie de notre corps : elle peut se vanter de faire de grandes choses. Voyez encore : une toute petite flamme peut mettre le feu à une grande forêt.

6 La langue aussi est un feu, elle est le monde de la méchanceté ; cette langue est une partie de nous-mêmes, et c'est elle qui contamine le corps tout entier, elle met le feu à toute notre existence, un feu qu'elle tient de l'enfer.

7 Les humains sont arrivés à dompter et à domestiquer toutes les espèces de bêtes et d'oiseaux, de reptiles et de poissons ;
8 mais la langue, aucun homme n'est arrivé à la dompter, vraie peste, toujours en mouvement, remplie d'un venin mortel.
9 Elle nous sert à bénir le Seigneur notre Père, elle nous sert aussi à maudire les hommes, eux qui ont été créés à l'image de Dieu.

10 Bénédiction et malédiction sortent de la même bouche. Mes frères, il ne doit pas en être ainsi.



EXCEPTIONNEL

L'EVEQUE DU SAHARA  SUR VOTRE ÉCRAN D'ORDINATEUR

Pour les personnes n'ayant pu suivre la messe ,voir & entendre l' HOMELIE




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vêpres et messe du samedi soir, puis
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durée totale  des vêpres & de la messe : 1 h40

Évangile selon saint Marc Mc 9,2-13.

2( Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.

3 Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

 4 Élie leur apparut avec Moïse, et ils s'entretenaient avec Jésus. 5 Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : " Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. " 6 De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur.

 7 Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. " 8 Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

9 En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. 10 Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : " ressusciter d'entre les morts ".

11(Ils l'interrogeaient : " Pourquoi les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d'abord ? " 12 Jésus leur dit : " Certes, Élie viendra d'abord pour remettre tout en place. Mais alors, pourquoi l'Écriture dit-elle, au sujet du Fils de l'homme, qu'il souffrira beaucoup et sera méprisé ? 13 Eh bien ! je vous le déclare : Élie est déjà venu, et ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu, comme l'Écriture le dit à son sujet. "


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