Ensemble, vers un nouvel avenir pour notre communauté
diocésaine
Bien chers
amis,
Arrivant juste de Rome, à l’issue de la Visite Ad Limina, je
viens vous partager la joie que j’ai d’accueillir notre
jeune frère italien Davide ! Je l’ai même amené
dans mes valises ! Il se présentera lui-même, mais je voudrais
commencer cette lettre en vous parlant de lui. Davide a trente ans,
il a fait ses quatre années d’études de théologie
chez
les PIME aux Philippines. Il a été ordonné prêtre
l’an dernier, et a passé une année en Belgique pour apprendre
le
français. Avec Miguel, il a célébré dimanche
dernier, dans sa paroisse (près de Venise), son « envoi »
et le voici parmi
nous ! Si vous aviez vu le visage rayonnant de Silvano l’accueillant
à l’aéroport ! Nous attendons maintenant le troisième
compagnon de la communauté, Emmanuele, qui finit ses études
d’anglais en Amérique du Nord. Il devrait rejoindre
Touggourt en septembre.
Nous aurons aussi le bonheur d’accueillir en septembre Daniel Archambaud,
prêtre de l’Eglise de Luçon (France), pour
prendre le relais d’Antoine. Ils se sont rencontrés à
Paris, pour la plus grande joie de l’un et de l’autre.
Deux nouvelles Sœurs des SMNDA (Sœurs Blanches), Anastasie et
Apolline sont venues se joindre à la communauté de
Ghardaia, et nous attendons prochainement Gloria une ancienne du Sahara.
Une nouvelle compagne rejoindra à la rentrée nos Sœurs
de Ouargla.
La communauté d’Ain Sefra devrait aussi accueillir une nouvelle
Sœur originaire de l’Inde, ayant travaillé en Tunisie.
Une Sœur coréenne devrait aussi renforcer la fraternité
des Petites Sœurs de Touggourt.
Les démarches faites pour accueillir une communauté des
Sœurs de l’Immacolata sont en bonne voie.
Dans cette Lettre du Diocèse, nous avons aussi le témoignage
de personnes qui nous sont chères et qui nous ont
quittées. Leur vie et leur engagement ont profondément
marqué les gens, souvent les plus petits, ainsi que nous-mêmes
:
Claude Giraud , qui a dû se résigner au départ
à cause d’ennuis de santé, Sr Christiane et Sr Marcella
qui ont laissé El
Meniaa, après avoir transmis leur flamme à la nouvelle
communauté des Srs de la Charité Maternelle. Il est aussi
question du départ du Pt Frère Alain de l’Assekrem,
mais ce sera sans doute pour l’automne.
Une nouvelle vague est déjà là, variée par
l’âge et l’origine. Non, je ne crie pas victoire, même si comme
l’apôtre
Paul je reconnais ne pas m’être dépensé en vain
! J’ai bien conscience que ces nouveaux et nouvelles disciples qui ont
rejoint notre communauté diocésaine sont un Don gratuit
de Dieu, fruit aussi de votre prière, de votre effort. Il nous faut
savoir dire merci, à la façon de Jésus priant pour
ses disciples : « Ils étaient à toi et tu me les as donnés
! » (Jn 17, 6).
Nous les reconnaissons et nous les recevons donc comme un Don qui nous
est confié. Et nous devons ce Merci à Dieu, la
source de tout don.
Mais qu’allons nous faire de ce Don ? Il ne suffit pas d’accueillir
ces nouvelles énergies comme de simples
visiteurs ou visiteuses de passage ! C’est le poids d’une nouvelle responsabilité,
d’un nouveau service qui pèse
maintenant sur nos épaules. Ce n’est pas rien de les aider à
passer d’un univers si différent du nôtre à cette petite
Eglise
« humble passerelle » et à cette société
algérienne où il va falloir les aider à prendre racine.
Beaucoup de pièges nous menacent, celui du paternalisme (ou du
maternalisme...), celui de la mise en avant de notre
expérience, celui de notre savoir et du pouvoir que peut donner
le poids de notre ancienneté, celui de notre propre
enracinement et d’activités souvent crées au prix d’une
patience et d’un travail de fourmi, et que sais-je encore !
Ce renouvellement du visage de notre communauté chrétienne
nous mène sur les pas de Jean Baptiste, dont nous
célébrerons la fête dans quelques jours. Il est
face à Jésus comme un coureur distancé : «Il
faut qu’il croisse et que je diminue
», dit-il. Mais il a préparé la route, aplani le
chemin et tracé un sentier dans le désert. Comment allons-nous,
à
notre tour, laisser Jésus passer devant ?
Sûrement pas en faisant nos valises ni en jouant une
fausse humilité ... ni encore moins en laissant cette génération
montante se débrouiller toute seule ! Ce serait trahir notre
vocation d’ouvriers et d’ouvrières de l’évangile, et de la
vraie
dé-mission !
Du côté de la « nouvelle vague» - et ce
n’est pas une question d’âge : je n’aurai qu’un conseil : armez-vous
de
patience, d’une « patience géologique » pour apprendre
la langue, les coutumes du pays, toute cette façon de vivre,
d’agir, de se comporter en société que l’on appelle la
« culture », très imbriquée, dans ce pays, à
la tradition religieuse.
Soyez curieux et curieuses d’apprendre, de savoir, observez, mais sans
« voyeurisme » -nous ne sommes pas des
touristes- pour en découvrir toutes les richesses. C’est une
« bain de culture « qui commence et qui ne s’achèvera
jamais
car nous le savons, les cultures évoluent, au contact des moyens
modernes de communication, même si elles gardent
leur spécificité. Les plus jeunes se retrouveront peut-être
plus en harmonie avec la nouvelle génération algérienne,
vivant
davantage au rythme de la mondialisation... de toute façon, le
plongeon culturel est de taille, et il faut nous donner les
moyens d’y faire face.
Il est un effort qui vous est demandé, et qui a toujours été
une priorité : c’est celui de l’apprentissage de la langue .
Une
nouvelle initiative heureuse va commencer dans quelques jours, à
Ghardaïa, celle d’une session d’arabe dialectal, avec
un bon nombre de membres de notre communauté chrétienne.
La langue, rappelait l’une de nos Sœurs plus ancienne
récemment arrivée, c’est la clé ! La clé
qui ouvre la bouche, les oreilles et les cœurs. C’est une démarche
d’amour, de
reconnaissance de l’autre. C’est aussi la marque d’une intention
de s’enraciner, du désir de demeurer et de s’incarner au
milieu de ce peuple ! Je mentionne ici la démarche de Charles
de Foucauld qui a travaillé avec tant d’ardeur la langue
touarègue. Il ne s’est pas mis à donner des cours de français
à la population qui l’accueillait, il s’est mis à leur école,
et
des années de travail ont abouti à un dictionnaire de
quatre volumes, qu’une grande maison d’édition vient d’ailleurs
de
rééditer ! Cet effort d’apprentissage de la langue
est incontournable. Lavigerie recommandait aussi à ses premiers
missionnaires de ne parler entre eux que la langue de la région
où ils étaient engagés !
Mais il y a un autre langage, et qui ne trompe pas : celui du cœur
et de l’amitié qui vient suppléer à notre faiblesse,
et
celui-ce est absolument irremplaçable il est à la base
de nos motivations profondes ! Il s’acquiert par l’estime et l’amour de
l’autre, le respect de sa personne, de sa culture et de sa religion,
de ses coutumes, mais aussi la prière et la
contemplation de Jésus lui-même venant, dans l’autre, à
notre rencontre. Nous n’avons pas à renier les valeurs de nos
cultures d’origine, pas plus que celles que nous dicte notre foi. En
cela nous avons beaucoup à recevoir les un(e)s des
autres.
Au cours de notre Assemblée Diocésaine (dont vous aurez
les Actes en Septembre), nous avons proposé
d’intensifier les moyens pour une meilleure initiation à la langue
et à la culture . Il y a là une urgence ! N’hésitons
pas à être
créatifs dans ce domaine.
Nous avons donc à mettre en œuvre les moyens de trans-mission,
d’accompagnement, et aussi de préparation.
Commençons par nous écouter les un(e)s les autres, à
nous asseoir ensemble, à nous connaître. Nos différences
sont
une véritable chance, une grâce pour notre Eglise. Nous
voulons entrer dans ce « dialogue » reconnu comme une voie
privilégiée pour rejoindre l’autre différent. Nos
communautés sont cette première école de dialogue
et de rencontre à
laquelle nous avons tous et toutes à nous inscrire. Je sais tout
l’effort qui est fait pour cela. Je le constate sans cesse, nos
communautés sont de vrais laboratoires de vie évangélique....
C’est la façon dont Jésus a initié ses disciples :
Il a partagé
leur vie, leur a appris à vivre ensemble avant de les envoyer
sur les chemins du monde... Cette vie ensemble est pour
nous le premier témoignage, comme Jésus le disait lui-même
: « A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples, à
cet
amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13, 35)
Point n’est besoin de prosélytisme tapageur et indiscret. Nous
avons à faire de nos vies une vivante page d’Evangile !
Pour vivre entre nous cette fraternité qui se veut universelle,
pour nous ressourcer ensemble dans la prière et la messe quotidienne
ou dominicale, nous avons besoin de nous retrouver régulièrement,
comme le font tous les autres
croyants.
Nos rassemblements liturgiques réguliers se font dans le cadre
de l’Eglise Catholique d’Algérie. Elle existe d’ailleurs sous
l’appellation de « l’Association Diocésaine d’Algérie
». Cette Association est dûment reconnue par le Ministère
de
l’Intérieur. L’interprétation du récent décret
d’application paru au Journal Officiel du 20 mai 2007 n’est pas à
prendre, je le
pense, au sens le plus rigoureux et le plus strict du terme. Ce serait
alors nous condamner à l’étouffement et à la
marginalisation. Nous vivons dans la plus grande transparence, et les
Autorités Locales le savent. Notre intention n’est
pas de braver la loi ni de troubler l’ordre public ! Lorsqu’une manifestation
religieuse sortant de l’ordinaire a lieu, et inclut
des personnes en déplacement, nous en informons les autorités
en en charge. Je ne pense pas que l’intention des plus
Hautes Autorités Algériennes soit de nuire à notre
Eglise ou de nous faire vivre dans un climat de suspicion ou de
persécution ! Ce serait nuisible aussi bien pour l’Algérie,
pour les croyants que nous sommes, que pour les étrangers qui
sont de plus en plus nombreux à venir visiter le pays.
Si par hasard quelque difficulté survenait dans telle ou telle
de nos communautés chrétiennes, ne manquez pas d’en
informer tout de suite votre Evêque, ou le Vicaire Général.
Nous pourrions alors contacter Mgr Henri Teissier,
l’Archevêque d’Alger, ou Mgr le Nonce Apostolique.
.
Mais je suis sûr que nous pourrons, dans ce pays, continuer à
vivre dans la confiance, la fraternité, le respect
basés sur la reconnaissance mutuelle de ce Dieu Unique qui nous
rassemble tous en une seule et grande famille.
+Claude. Votre frère évêque.
|
Il y avait
des observateurs dans la salle
Arrivés de Bretagne -avec nos papiers !- et accueillis par une
chaude amitié à Ghardaïa, nous avons infiltré
l’Assemblées diocésaine 2007, qui avait lieu en ces jours
de Pentecôte ; qu’allait donc pouvoir faire l’Esprit avec ces 50
sédentarisés, arrivés tout pliés de longs
trajets de car ?
Son premier coup de grâce a été que Claude (l’évêque)
était présent ; ses fièvres et soucis de santé
avaient fait
craindre son absence ; et bien, non, il était revenu de France,
sûr que le meilleur remède est d’être entouré
de ceux dont il
est le serviteur ! Ensuite on a senti que l’Assemblée
Diocésaine était déjà commencé, dans
les cœurs et les têtes de
chacun et grâce à un comité discret et efficace
qui faisait que tout semblait « normal » : les couchages, les
mouvements,
l’organisation de Félix et son équipe, les repas (il y
a bien une remarque récurrente à prendre en compte qui dit
que
Bahmed devrait être moins généreux dans ses menus
: on n’est pas des touristes !)
Et puis 3 jours durant, l’Esprit les a mis au travail avec des journées
intenses, chaudes et bien remplies
d’exposés, de « tempête des cerveaux » en groupe
ou en atelier (nuance à respecter !), de temps de prière
et
d’Eucharistie préparés par différentes paroisses
ce qui enrichit les expressions et le répertoire de chacun.
La cloche sonnait pour interrompre les échanges et bavardages
des temps de pause, Marie-Christine assumait
avec maestria sa tâche d’animatrice et la bonne humeur était
partout ! Nous avons été frappés de voir se modifier,
un
chouïa, la moyenne d’âge ; certes René Le Clerc reste
notre doyen fidèle au poste mais les jeunes DCC, les Sœurs
africaines, René et le futur bébé de Jean-Michel
et Maëlys ouvrent le diocèse à un temps nouveau.
Les exposés de Claude, de Mohamed Bendara, de Jean Toussaint
ont été des apports très en prise sur ce qui se
vit dans chaque coin du diocèse. Entendre parler de l’Hospitalité
en Islam, à la lumière des sourates du Coran
a semblé
répondre à cette soif de comprendre de l’intérieur
la lecture du Coran qui anime nos frères musulmans. L’exposé
de Jean,
debout ! était nourri des rencontres d’inter secteurs qui lui
ont permis de faire décoller la réflexion. Les convictions
ont été
mises en relation, ont été énoncées dans
leur dimension spirituelle et anthropologique...On est entré dans
un mouvement
dynamique et il nous a semblé à la lecture des échanges
en groupe et atelier, qu’il y a eu du neuf à se dire, à penser
pour
vivre « cette grâce d’être disciple » et qu’ensemble
vous avez perçu des engagements à poursuivre et d’autres
à mettre
en œuvre.
Beaux moments aussi où quelques ‘porte-parole’ ont parlé
de ce que vivent certains avec les migrants, aux cours
de français, dans les bibliothèques, avec les femmes...
Oui l’Esprit est à l’œuvre ; il tient chacun dans l’espérance
et le
courage de regarder en face les questions, les souffrances ; nous avons
entendu des réalités nouvelles dont vous êtes
témoins douloureux.
Le plaisir de se retrouver était évident ; il y
en avait 14 pour qui c’était la première Assemblée
Diocésaine (ceux dont on a su le 1er soir ce qu’ils aimaient
le plus et leur lieu de naissance) et 2 pour qui c’était la dernière
Assemblée (qu’on a chanté, fêté avec émotion
!) Claude Giraud et Marcella. Les photos de Jeanne Borotra toujours fidèle
à ces rencontres étaient douces à regarder. Et la
ferme décision de l’évêque de faire de l’apprentissage
de l’arabe une priorité pour tout nouvel arrivant, une bonne nouvelle
qu’on a savourée. L’annonce des perspectives d’accueil des nouvelles
communautés ouvre les cœurs et l’avenir au souffle de l’Esprit. Quelle
joie !
Puisqu’on parle de plaisir, évoquons les soirées qui ont
manifesté la créativité de plus d’un ! il y a eu les
confitures
faites avec des céréales, des aubergines et quoi encore...
Bernard avec ses instruments en tout genre qui remplissait ou
vidait son sac magiquement, Emmanuel qu’on prenait pour la Belle Hélène
(en fermant les yeux et ouvrant nos oreilles à ses
roucoulades), une religieuse confirmée qui s’est couverte de
plumes pour nous montrer la danse de son île natale, une autre qui
a avoué publiquement qu’elle avait rêvé de Jean Toussaint
avec qui elle prétendait entrer au paradis , notre frère évêque
qui nous a révélé le secret de sa santé... spirituelle
: se tenir longuement la tête en bas et les pieds au plafond chaque
matin...
Ce sont quelques extraits de ce que nous avons vu, entendu avec tant
de plaisir !
Il y a même eu, hors soirée festive, un moment de délire
de notre économe Emmanuel : dans les ’E’ du titre de l’Assemblée
qui était « Ensemble vers l’avenir » il voyait des Euros
et transformait donc le message en invitation à remplir les caisses
... ensemble !
Enfin alors que l’assemblée se tenait dans la prière et
dans la pénombre, dans la moiteur aussi, en raison d’une panne d’électricité
dont Ghardaïa a le secret pour les moments importants, Miguel invoquant
l’Esprit, la lumière est revenue ! Quand je vous dis que ce diocèse
du Sahara a quelque chose à voir avec la Baraka...
C’est pour cela qu’on aime y revenir. Pourtant on est prévenu
: l’an prochain il n’y aura pas d’Assemblée Diocésaine...
Il va falloir trouver une autre raison ; peut-être pourrions nous
proposer une session de yoga à ceux qui voudraient être évêque
un jour ? Affaire à suivre !
Merci à chacun d’être si vivants de vie partagée,
d’attentions, d’être « signes de la grâce que vous avez
reçus
d’être disciples de Jésus-Christ ». Nous restons
paroissiens par le cœur et la prière.
Cécile et Alain Mignot
|
Au revoir Claude !
Dans le dernier billet diocésain nous avions annoncé que
Claude Giraud avait été hospitalisée d’urgence le
14 Avril à Ghardaïa à la suite d’un sérieux problème
cardiaque Les soins qu’elle a reçus lui ont permis d’être
assez vite « sur pied » mais, ayant désormais besoin
d’un sérieux suivi médical, elle a pris , en concertation
avec Mgr Rault, la décision de retourner vivre en France auprès
de sa famille. Voici quelques échos de la soirée « d’au
revoir à Claude »qui coïncidait avec l’ouverture de notre
Assemblée diocésaine, soirée commencée par un
temps de prière et d’action de grâces pour la vie de Claude
et qui s’est poursuivie par une petite « fête de famille »
Temps de prière
Notre assemblée diocésaine nous oriente résolument
vers l’Avenir. Cet avenir n’est pas issu du néant, il a été
préparé par une nuée de témoins, de prophètes,
d’ouvriers du Royaume.
C’est pourquoi, au début de cette Assemblée, je vous invite
à tourner vos regards un instant vers celle que beaucoup connaissent
sous le nom de Keltoum « Mademoiselle » pour les gens du quartier
de la Hofra , qui au terme de 50 ans de présence à Ghardaïa
, va retrouver son pays natal.
Claude ! Keltoum ! Plusieurs passages de l’Ecriture me viennent à
l’esprit au moment de souligner ce que fut ta vie ici :
- Tout d’abord c’est, au chapitre 18 du livre de la Genèse, la
figure d’Abraham au chêne de Mambré, accueillant au plus chaud
du jour trois hommes envoyés de Dieu. Ta porte Keltoum était
toujours entr’ouverte, invitant quiconque à entrer à n’importe
quelle heure du jour !
- Puis c’est le « Bon Samaritain », au chapitre 20 de Saint
Luc qui illustre pour moi tous les services que tu as rendus au cours
de ta longue vie ici. Tous se souviendront de « ta monture à
toi », ton inoubliable 2 CV ! Que de kilomètres parcourus (Zelfana,
Sebseb, Metlili, Mansoura, Berriane, Guerara...) au service de ceux et celles
qui en avaient besoin : éducation, formation féminine, handicapés,
scoutisme.... Combien de pneus usés à ce service !
- Et puis, pourrais-je taire ce passage de Luc 1,39 : Marie en sa Visitation
: Comme elle, Keltoum, tu portais en toi le secret d’une présence
que tu ne pouvais dire, mais tu rejoignais si bien, dans leur foi, les femmes
de ton entourage qu’elles soient musulmanes ou chrétiennes comme
« Khalti » Marie. Tu étais, sans toujours en avoir conscience,
une « humble passerelle » permettant de faire se rejoindre deux
mondes, deux cultures, deux religions.
Keltoum, cette brève évocation de ce que fut ta vie ici
à Ghardaïa illustre à merveille les trois convictions
sur lesquelles notre Assemblée Diocésaine veut bâtir
son Projet Pastoral : « Accueil – Service - Humble Passerelle »
Avons- nous besoin d’inventer autre chose ? Les pierres de fondation sont
choisies, le Maître d’œuvre est là ! Qu’Il nous guide dans
une fidélité créatrice, une audace sans limites, une
patience géologique !
Sr Anne Christine
Soirée festive
C’est avec cette mélodie, composée spécialement
par Cécile Mignot, que nous avons pu dire « au revoir »
à Claude, espérant bien qu’elle pourra prochainement revenir
saluer tous ses amis de la Hofra !
R/ Claude, toi qui connais tous les
secrets des maisons d’Ghardaïa,
Sûr qu’à la Hoffra, dans tous les cœurs,
tu resteras !!!!
(Sur l’air des amants de la Saint Jean)
Plutôt que d’mal vivre enrhumée, dans la grisaille
de Champigny,
T’as préféré vivre et tousser à Ghardaïa
dev’nue ta vie.
R/ Keltoum, toi qui connais...
D’abord arrivée toute pimpante sous la houlette des Sœurs
blanches,
T’es vite dev’nue indépendante,pour l’croissant rouge t’étais
une chance ! R/ Claude, toi qui ...
Plutôt qu’à l’école la lecture, tu as préféré
la couture,
Et laissé tes souliers usés pour une 2 CV souvent malmenée.
R/ Keltoum, toi qui connais...
Bien au-delà de Ghardaïa, ton rire se mêlait
au repas,
Les joies, les misères, les attentes... à tout cela t’étais
présente ! R/ Claude, toi qui
connais...
Tu as vu passer des curés, des évêques et
des baptisés,
Des Sœurs et des Pères bien trop Blancs, pour ton esprit récalcitrant.
R/
Keltoum, toi qui ...
La r’traite c’est pas pour s’reposer, on t’a demandé d’tricoter,
de continuer d’pouponner, de rencontrer, de débrouiller...
R/ Claude, toi qui
connais...
Maint’nant va falloir s’habituer à ne plus t’entendre protester,
à ne plus t’entendre raconter la vie d’tous ceux qu’ici t’a aimés.
R/ Keltoum, toi qui connais..
.
D’lautre côté dl’a Méditerannée, tu
vas leur apprendre à chanter
à dire « labes » et « Hamdullah » même
à aimer les marlugas !
R/ Claude, toi qui connais...
|
Mot d’adieu de Christiane Baulieu
Me voici sur le départ. Mes valises sont bouclées, les
adieux terminés. Dans quelques jours je serais de l’autre coté
de la mer !
Départ définitif... retour en France après plus
de 50 ans de présence en Algérie.
Sans doute j’ai eu le temps de me préparer à ce départ
! Depuis plusieurs années il en était question, ce qui ne
m’a pas empêché de vivre pleinement ma vie avec les enfants,
les familles, tout en préparant chacun et chacune à cette
séparation.
Dans notre communauté d’El Menea il y a eu cette année
les départs successifs de Cécile, Teresa, Zawadi, mais aussi
la joie d’accueillir celles qui nous remplacent, les sœurs de la Charité
Maternelle. Ce furent des moments très riches en émotions
! Aujourd’hui le chagrin de la
séparation se mêle à la confiance pour l’avenir
!
En quittant l’Algérie tout un mode de vie va changer pour moi
! Il y aura une vie de diocèse, sans doute bien différente de
celle d’ici ! J’aimais beaucoup les contacts tout simples, les réunions
de secteur, les échanges, la prière commune qui malgré
les distances nous rendait
proches les uns des autres. J’aimais les visites régulières
de notre évêque, si simples, fraternelles et profondes qui
nous aidaient à vivre dans le quotidien le « pourquoi »
de
notre présence .
Là bas, il me faudra continuer d’aller de l’avant : je sais que
je ne pourrai pas oublier et vous serez très présents dans
ma prière ! Je vous confie ma nouvelle mission qui sera toute autre
et pourtant semblable : celle d’écouter afin de mieux répondre,
avec mes possibilités actuelles, aux besoins de ceux et celles qui
seront devenus « mon prochain » et de leur dire par ma vie et
ma parole combien Dieu les aime !
|
Le Père
Jean Le Vacher (Missionnaire d’Afrique), ancien de notre diocèse,
vivant maintenant en Ouganda nous envoie de ses nouvelles. Il s’occupe d’une
école qui accueille des réfugiés soudanais dans le
diocèse de Hoima (Nord Est de
l’Ouganda).
« Blessed Damian » l’école des réfugiés
soudanais a ouvert le 5 Février 07. Les sœurs et les enseignants
se préparaient
depuis 15 jours et le démarrage a été bon.
Les soudanais viennent des camps de réfugiés en Ouganda,
de régions du Sud Soudan proches de la frontière et parfois
de plus loin (région des Monts Nuba).Le Sud Soudan ne peut pas
encore accueillir ses réfugiés, car il leur manque nombre
d’infrastructures (écoles, dispensaires, routes....). Il leur manque
aussi la nourriture et un peu de vie « normale ».
Cela va venir peu à peu nous l’espérons ! En attendant
l’école accueille un grand nombre d’enfants soudanais qui désirent
apprendre l’anglais (ce qu’ils n’ont pas encore dans les écoles
qui fonctionnent à Juba -au Sud Soudan- et qui sont fort
arabisées). Je suis content du travail d’éducation et
d’instruction qui se fait à « Blessed Damian ».
Nous insistons auprès des gouvernements d’Ouganda et du Soudan
pour qu’ils procurent aux enfants une instruction de qualité et
pas trop chère. Les parents n’en peuvent plus et souvent n’arrivent
pas à payer les scolarités des 2e et 3e trimestres ! Aussi,
pour les soudanais, l’internat et les frais de scolarité sont-ils
gratuits à « Blessed Damian ».
Merci de prier pour nous. Je vous envoie toutes mes amitiés.
|
Echos de la session d’El Abiodh
Voici un témoignage qui illustre bien ce que nous
désirons vivre à l’avenir dans le diocèse...et qui,
notons le bien s’est déroulé deux mois avant l’Assemblée
diocésaine
C’est avec joie que je viens vous partager quelques « flashs »
de notre séjour à El Abiodh. Nous étions sept, venues
de différents coins du diocèse (Ouargla, El Goléa,
Ghardaia, Adrar, El Abiodh) pour une session de macramé animée
par Sr Josepha venue tout spécialement d’Alger
La session, préparée par Spéciosa, nous a, bien
sûr, permis d’apprendre de nouvelles techniques de (macramé
et smocks), de faire le point de notre activité « Caritas »
avec Spéciosa , mais bien au delà de tout cela, elle a été
l’occasion d’accueil et de rencontres.
Rencontres entre nous qui sommes insérées dans la Promotion
Féminine. Grâce à nos échanges, nous avons pu
« élargir l’espace de notre tente », échanger
nos savoirs, nous laisser interroger les unes par les autres et mieux nous
connaître! Vraiment nous avons beaucoup reçu et appris les
unes des autres ! Accueil des petites sœurs qui nous a permis de «
connaître de l’intérieur »ce qui fait leur quotidien
! Là encore un grand merci pour cette porte ouverte !
Accueil de toutes ces femmes qui sont venues nous saluer, de ces femmes
et jeunes filles qui apprennent la
couture avec Louisa, accueil de cette famille vivant si pauvrement sous
la tente. Pour ma part, je reste très marquée par la rencontre
avec Fatima, cette femme médecin originaire d’une autre région
d’Algérie. Elle nous a largement partagé ce qu’elle
vivait ici... Sa proximité avec les gens pauvres et simples d’ici
est vraiment remarquable! Quelle chance de l’avoir rencontrée ! Une
autre rencontre nous a toutes marquées : celle de cette famille vivant
si pauvrement sous la tente... ce qui ne l’a pas empêchée de
nous accueillir vraiment chaleureusement autour d’un verre de thé,
une galette et un bon verre de lait de leurs vaches ! Comment ne pas être
interpellés par des conditions de vie aussi précaires ?
Durant cette semaine, nous avons beaucoup appris les unes des autres
! Quel bonheur aussi de pouvoir célébrer en groupes plus nombreux
la Vie donnée, offerte à Celui qui s’est fait l’un de nous
! Soirée inoubliable aussi que celle où les Filles de la Charité
venant de Ténès nous ont rejoint pour le partage de l’Evangile.
Un bon repas clôturait notre semaine ensemble. Le lendemain au cours
de l’Eucharistie nous terminions vraiment « en beauté »
avec la célébration des 40 ans de vie religieuse de Franca
et Louisa et le renouvellement des voeux des Filles de la Charité
Comment ne pas relire toutes ces signes comme autant de grâces
offertes... en rêvant de pouvoir nous retrouver à nouveau...
pourquoi pas plus nombreuses, pour continuer ce chemin de partage et fraternité.
Anne Marie Soulard
|
Jeudi 1°
février 2007, munie, non pas de cierges mais de gâteaux, notre
communauté de Ghardaia partait en direction du Sud, tandis que celle
de Timimoun se dirigeait vers le Nord .Où allions-nous donc ? A El
Goléa, où, comme Marie offrant son Fils au Temple, nous allions
offrir au Tout Puissant les 50 années de grâces accordées
à MAGDALENA. Oui, notre Sœur allait fêter son jubilé
d’or !
L’événement valait bien le déplacement. Nos trois
communautés S.B. allaient se rassembler (une dernière fois
?) avant la « passation « d’El Goléa ». Deux Sœurs
de la Charité Maternelle de Blida étaient de la fête,
ainsi nous étions 12 (comme les 12 apôtres) autour du Père
Leclerc. Agapes fraternelles dès le jeudi soir, soirée festive
avec danses au son du tam-tam, cadeaux.
Le lendemain matin, fête de la Présentation, nous «
démarrions » avec une partie très sérieuse :
Marie- Christine nous faisait partager les richesses qu’elle avait glanées
au cours d’une session biblique sur l’étude de l’évangile
de Luc. Partage clair qui nous disait en peu de mots (une heure et demie)
comment étudier l’évangile de Luc. Puis ce fut la célébration
liturgique festive, au cours de laquelle nous avons renouvellé toutes
ensembles notre consécration La chapelle rayonnait d’une multitude
de fleurs : « Chacune d’elles me rappelait un des postes où
j’avais vécu » nous dira Magdalena .Les chants s’élevaient
joyeux, au son du tam-tam. Nous exultions de joie dans
l’action de grâces pour cette fidélité du Seigneur.
Après un repas de fête, c’était le chemin inverse : les
Sœurs de Ghardaia vers le Nord, celles de Timimoun vers le Sud. A quand le
prochain jubilé ? Sans doute en 2009... ce n’est pas tellement loin
!
Sr Anne-Christine
|
Echos du pèlerinage diocésain
à Tamanrasset (Mars 2007)
Du 10 au 20 Mars 2007 un groupe de « récents
arrivés » du diocèse de Laghouat s’est vaillamment
lancé sur les traces de « Frère Charles ». Qui
étaient ces équipiers ? René de Ouargla, un bon groupe
de Ghardaïa : Guy, Krzysztof, Benoit, Marie-Christine et enfin P.S
Odile Claude de Beni Abbes. Expérience marquante voire inoubliable
pour tous ceux qui y ont participé !
Durant ce pèlerinage, nous avons été en effet invités
à traverser le désert à l’écoute de l’Esprit,
en comptant sur Dieu : «
Ne crains pas je suis avec toi »... Bonne méditation pour
le temps de Carême où nous nous trouvions ! La grandeur, la
beauté aride de la Création, le silence impressionnant de
l’Assekrem nous ont permis d’aller au plus profond de nous mêmes, d’être
vraiment « à l’écoute », de retrouver l’essentiel.
Comme dans la vie quotidienne, les difficultés ont surgi là
et au moment où on ne s’y attendait pas : points d’eau taris, chutes,
troubles digestifs, entorse au début de la descente vers Tamanrasset...
tout ce qu’il fallait pour mesurer notre faiblesse, petitesse... éprouver
ce que nous sommes : petits grains de sable perdus dans l’immensité
!
Comment dire la richesse de cette expérience humaine et spirituelle
qu’il nous a été donné de vivre ?
Nous avons pu, à coup sûr, expérimenter :
- La prévenance du « Dieu Amour » qui sait donner
au moment voulu ce dont chacun a besoin : l’eau fraîche de
gueltas, les nuages qui passent au bon moment rendant la marche moins
aride, le frère qui vous aide à porter un sac
devenu trop lourd, les fleurs blotties au milieu des cailloux de l’Oued...
Dieu qui met aussi sur nos chemins tant « d’anges gardiens »
lorsque nous sommes faibles ou en difficulté !
- Dieu « accueil » que nous avons vraiment pu toucher du
doigt à travers l’accueil « impromptu » reçu sous
la tente de
Salah et sa famille, soirée inoubliable emplie de chants targuis,
au terme d’une longue journée de marche !
Merci au Seigneur qui nous a donné de vivre ce temps fort de
fraternité entre nous !
Merci à tous ceux et celles qui nous ont si bien accueilli à
Tamanrasset et à l’Assekrem !
Merci à vous, Ventura et Martine qui nous avez permis chaque
jour a travers vos « topos » de mieux connaître de l’intérieur
Frère Charles. Les liens faits entre ses écrits et des citations
de Mgr Teissier sur la mission de l’Eglise en Algérie ou avec des
citations de notre évêque, les parallèles faits avec
les orientations retenues à l’Assemblée diocésaine de
2006 nous ont aidé à découvrir au fil des jours combien
la spiritualité de Charles de Foucauld « collait bien »
avec ce que nous cherchons à vivre dans le diocèse.
Sr Marie-Christine
Traverser le désert, c'est toute une aventure
: ne pas perdre la piste, ne pas passer à côté de l'eau,
trouver le bon abri... mais il
y a aussi une chose à côté de laquelle il ne faut
pas passer, c'est soi-même.
Heureusement, nous avions un bon guide qui nous a laissé 4 conseils
pour traverser le désert : Ecoute, Regarde, Souviens-toi,
Mets en pratique.
Et nous avons eu l'occasion d'appliquer ces conseils, au cours des différentes
étapes de notre route : sur le plateau de
l'Assekrem, sur les chemins caillouteux qui nous ramenaient à
Tamanrasset, et dans tous les partages qui ont ponctué ces
jours.
- Ecoute ! Ecoute le silence troublant de l'Assekrem, un silence total,
qui nous libère de tout trouble extérieur et nous permet
d'entendre l'essentiel à l'intérieur. Ecoute de nos pas
sur la piste, de notre respiration, de notre rythme... une marche qui nous
renvoie aussi à l'essentiel de notre corps, (sans oublier l'essentiel
dans nos sacs à dos, car nos épaules l'ont senti aussi).
Première leçon qui m'a marqué : le désert
nous apprend à retourner à l'essentiel.
- Regarde ! Regarde ces paysages incroyables, magnifiques, parfois étranges.
Cette nature, forte, maître de tout, nous rappelle
notre petitesse, notre fragilité. Je n'ai pu traverser le désert
sans qu'il m'apprenne une seconde leçon : l'humilité.
- Souviens-toi ! Souviens-toi de ceux qui t'ont précédé
ici. Souviens-toi de ce peuple touareg, ici depuis des millénaires,
qui a
même confié son art aux pierres. Souviens-toi de frère
Charles, de sa vie, de sa mort et de toutes ces communautés qui
l'ont
suivi. Nous avons découvert que pour tous, à leur manière,
leur vie était accueil. Accueillir et aussi se laisser accueillir,
voilà
ma troisième leçon du désert.
Il me reste maintenant le 4ème conseil et non le moindre : Mets
en pratique ! Car le désert est fait pour être traversé
et pour
retourner vers ses frères et ses soeurs.
Benoît
En guise de conclusion, voici un
extrait du « chapelet de mercis » de Pte Sr Odile Claude
Pour les petits gestes attentionnés de nos frères et
sœurs au départ et au retour Merci !
Pour la montée à l’Assekrem, l’accueil au thé fumant
des petits frères Merci !
Pour le temps en ermitage, la prière, la Parole reçue
et donnée, les partages dans la confiance, les Eucharisties quotidiennes
Merci !
Pour le groupe de jeunes pèlerins de France qui nous a précédé
et nous a laissé tant de « victuailles » (céréales,
fromage, saucisson....) pour la route Merci !
Pour les péripéties du retour, la patience et la gentillesse
de nos chauffeurs Merci !
Le Seigneur nous a gardés au départ comme au retour, chemin
par le cœur, chemin par les pieds .... Qu’il soit loué et remercié
!
|
Un petit bout de la famille d’Anne-Marie à Ouargla
Depuis un an que nous préparions le voyage, nous étions
impatients de retrouver Anne-Marie, de découvrir son lieu d’habitation
et sa vie au quotidien !
Après 6 heures d’attente à l’aéroport d’Alger (merci
Père Teissier de nous avoir libérés !) et une nuit
dans le bus nous avons enfin découvert, à 7 heures du matin,
Ouargla et les sourires d’Anne-Marie et Gisèle qui nous ont vite
fait oublier les déboires de la veille.
Déjà la première journée fut riche en rencontres...
L’accueil très chaleureux, sincère que nous recevions nous
a beaucoup marqués (comme d’ailleurs les jours suivants).
Nous avons découvert le caractère majestueux du désert,
son immensité et surtout sa beauté ; un sentiment d’abandon
de soi avec, paradoxalement, la joie d’y rencontrer des habitants accueillants,
ouvrant leur maison aux étrangers que nous étions, prenant
le temps de nous faire découvrir leur pays avec sa culture, ses traditions,
ses difficultés, et nous partageant leur vécu.
Nous (les femmes du groupe) sommes allées à la rencontre
de femmes du village. Nous avons eu le plaisir de faire la connaissance,
entre autre, de Jemma qui nous a fait visiter son jardin et avec qui nous
avons été heureuses de partager le thé.
Nous avons assisté à un mariage. Totale découverte
et surprises, hommes et femmes étant séparés pour les
festivités...
Nous avons eu la chance de faire la rencontre de Nadia et sa fille,
Wahiba et ses 2 filles à Ouargla ainsi que celle de Katia et sa famille
à Guérara, où pour la première fois depuis
notre arrivée nous avons visité une palmeraie, véritable
havre de paix contrastant avec la chaleur et le paysage lunaire de Guérara.
Merci à tous pour leur générosité, leur
accueil et pour nous avoir fait découvrir la réalité
de l’Algérie ! Nous ne voulons pas oublier dans notre merci les
Sœurs et les Pères Blancs de Ghardaïa avec qui nous avons partagé
des moments riches en histoire, en architecture (avec la visite de la ville
de Béni Isguen et la nouvelle ville), ainsi que des repas animés
et très joyeux . Merci encore à petite sœur Myriem (de la
communauté de Touggourt) qui nous a accompagné jusqu’à
Taïbet dans une famille d’une grande ouverture ! A notre retour
nous avons fait une halte à Témacine pour y visiter la
belle mosquée des Tidjanis...
Nous gardons un souvenir inoubliable des rencontres avec Tharcilla,
Denys, Miguel, Ludo et René avec qui nous avons partagé des
moments très forts,notamment lors des cérémonies de
la Semaine Sainte, et qui ont
particulièrement aidé Jacques à accepter la fin de
vie de son papa. Nousavons découvert le sens de leur engagement avec
tout ce que cela représente au quotidien et nous pouvons témoigner
aujourd’hui de cette foi qui les anime etles porte à donner chaque
jour davantage au peuple algérien.
A travers toutes ces rencontres, nous avons reçu une vraie leçon
de vie que nous essaierons de mettre en application dans notre pays ô
combien matérialiste !
Pardon à ceux que nous n’avons pas nommés et avec qui
nous avons également tant partagé. Nous n’avons pas de mots
pour remercier profondément Anne-Marie et Gisèle qui ont
réussi à faire de ce voyage une accumulation d’instants et
de partages privilégiés. MERCI !!!
Au plaisir de vous revoir tous... inch’allah !
Marie-Claude (sœur), Marie-Claude et Jean-François,
Isabelle et Jacques (les nièces et conjoints)
|
Annonce : Une retraite
à Ben Smen fin octobre
Les fraternités
séculières de France organisent à Ben Smen du 22 au
31 octobre 2007 une
retraite ayant pour thème : De la soumission à l’abandon
jusqu’au désir « que votre volonté se
fasse... » Les animateurs seront Armand Garin, Antoine Chatelard
et Paul Desfarges.
Les membres des fraternités séculières de France ayant
la priorité, les personnes vivant en Algérie peuvent s'inscrire,
dans la mesure des places disponibles auprès des personnes suivantes
:
Josette Fournier, 21 parc Germalain, 49080 Bouchemaine
tél/fax 02 41 48 34 17 courriel :
Josette.FOURNIER3@wanadoo.fr
Gisèle Pollard, 16 rue Albert Camus, 56530 Quéven tél
02 97 05 17 13
Monique Héliot, 10 rue de la Halle, 59000 Lille,
tél 03 20 31 29 65 ou 06 89 86 91 58 courriel : vxlille@yahoo.fr
|
Interview du Père Philippe
Thiriez
Père Philippe, vous avez déjà publié
les souvenirs du séjour de Charles de Foucauld chez les Clarisses
de Nazareth (1897-1900), puis sa correspondance avec les Pères Blancs,
les Soeurs Blanches et son évêque, Mgr Guérin (1901-
1916)**. Ce fut un très gros travail, où beaucoup ont déjà
puisé. Maintenant, vous venez de publier, pour sa béatification,
les Lettres de Charles de Foucauld à sa sœur Marie de Blic***. Qu'est-ce
qui vous a poussé à entreprendre cette publication?
Mes six années à Ste Anne de Jérusalem m’avaient
amené, comme délégué de la DCC, à passer
chaque mois à Nazareth où les Clarisses m’avaient ouvert
leurs trésors. Revenu au Sahara en 1995, j’ai publié, à
la demande de Michel Gagnon et sous la direction d’Antoine Chatelard,
les 400lettres échangées entre l’ermite et son évêque,
les P. Blancs et les S. Blanches qu’il connaissait.
A mon retour en France, fin 2000, Pierre Sourisseau, de la Postulation,
m’a proposé d’ouvrir la correspondance familiale du Fr. Charles.
J’ai accepté, mais à condition de laisser de côté
les 250 lettres adressées à Raymond de Blic(dont le contenu
était déjà connu) pour ne garder que les 350 envoyées
à Marie ou aux deux époux. Finalement je me (suis limité
à des extraits de 240 lettres inédites que je présente
et accompagne de notes et d’illustrations...
Comment avez-vous réussi à réunir des
tels documents? Je suppose que vous vous êtes mis en lien avec sa
famille, et que vous avez puisé dans les archives.
Les archives de la Postulation gardaient une copie dactylographiée
de cette correspondance dont Bertrand de Postulation de Blic,
petit-fils de Marie et fils de Charles, le filleul du Fr. Charles, possède
les originaux. J’avais eu entre les mains un cahier où
Marie avait elle même recopié des extraits des lettres de son
frère qui pouvaient intéresser ses six enfants. Je me
suis vite aperçu que, par pudeur, elle omettait tout ce qui la touchait
plus particulièrement. Et ces omissions ont orienté
mes choix...
J’ai tenu, par discrétion, à laisser de côté
ce qui touchait aux relations familiales et sociales, au patrimoine, à
la politique.... En échange, la famille de Blic m’a largement offert
ses collections de photos, ses souvenirs et ses suggestions, en
réponse à mes interrogations. Cela m’a passionné.
Dans cette correspondance, qu'est-ce que vous avez découvert
de neuf et de plus particulier dans la personnalité du Frère
Charles?
Je croyais, comme beaucoup, que la trajectoire du Fr. Charles, de son
adolescence à sa mort brutale, avait été marquée
par de multiples tournants : son exil à Nancy, sa conversion,
son départ de l’armée, puis de la Trappe,puis de Nazareth,
puis de Beni Abbès...Je me demandais si cette ligne brisée
tenait du caprice, du scrupule ou d’une incessante quête d’absolu...
Je savais qu’il avait le goût du déguisement et du secret...
Et j’ai découvert, au fil de ces lettres à sa petite sœur
Mimi, une grande tendresse pour un homme de sa trempe, orphelin comme elle,
et d’étonnantes fidélités: à son terroir,
à ses racines, aux rites, au calendrier et aux complicités
de l’enfance, à ses amitiés, à des principes de vie
intérieure et d’éducation basés sur la confiance
et le bonheur de Dieu.
Il me semble aussi qu’il rejoint les jeunes (dans un tout autre contexte
!) par son goût des voyages et la rencontre d’autres cultures,
son refus d’un monde tout fait, souvent conventionnel, sa passion pour
la technique et les moyens de communication, ses réflexes de discrétion
pour mener la vie comme il l’entend, sa quête de Dieu au creux d’une
société artificielle et sceptique...
A la suite de ce travail, quel message pourriez-vous laisser
à ceux et celles qui oeuvrent en Algérie, dans leur rapport
avec leur famille?
Si le courriel a remplacé les courriers (toujours incertains...),
ils peuvent encore partager aux parents et amis, leur expérience
et leur goût de vivre, leurs découvertes, leurs inévitables
conversions, leur foi dans l’avenir et dans l’action incessante de l’Esprit
dans la vie des pauvres et des petits qu’ils accompagnent. «Nazareth,
disait Charles à Mimi, là où tu vis entre Jésus
et Marie... Confiance, ma bonne chérie ! Garde-toi de toute
inquiétude! Elève bien tes enfants ! pour le Bon Dieu
et Lui, il arrangera leur avenir cent mille fois mieux que tu ne saurais
jamais le faire... » (lettre 78 )
N.B. : On peut se procurer ces ouvrages chez Ph. Thiriez (770, rue Dehau
59830 Bouvines. T 03 20 41 22 11) ou par l’intermédiaire d’ A. Gruson
(2, rue Y. Belhayat 16035 Hydra T 021 60 06 74)
* Ch. de Foucauld à Nazareth (1897-1900). Monastère
des Clarisses. Nazareth 1994. 80 p.
** Ch. de Foucauld. Correspondances sahariennes. Cerf.
Paris 1998. 1060 p.
*** Ch. de Foucauld. Lettres à sa sœur Marie de Blic.
Livre Ouvert, Mesnil-St Loup 2005. 230 p.
|
La ville et le désert
(Le bas Sahara algérien)
Sous la direction de Marc Côte - Editions IREMAM – Karthala –
2005
Cet ouvrage collectif concerne la région de Biskra,
El Oued, Touggourt et accessoirement Ouargla. Il comporte 14 études
réparties en 4 approches : espaces, environnement, architecture et
analyse socio-économique, suivies d’une synthèse générale.
Sans vouloir donner ici une recension d'ensemble, voici d'abord quelques
notations. De 1977 à 1998, la population s'est accrue de 30% à
Biskra, de 39 % à Touggourt et de 42% à El Oued. On compte
1 commerçant pour 15 habitants à El Oued, 1 pour 16 à
Biskra et 1 pour 47 à Touggourt. Sur 1700 emplois industriels, il
y en a 1 pour 51 habitants à Biskra, 1 pour 98 à El Oued
et 1 pour 70 à Touggourt où l'industrie est plus diversifiée.
Le chapitre 5 intitulé « Les villes sahariennes et
les ressources en eau », rédigé par J.L.Ballais, comporte
des indications intéressantes sur El Oued, Taïbet et Touggourt.
La plupart des extraits qui suivent sont tirés du chapitre 6 «
Eau, urbanisation et
mutations sociales dans le Bas Sahara » où l’auteur, Ali
ben Saad, parle « du don miraculeux qui devient maladie »
(....) « Ce n'est pas l'eau qui a fait l'oasis, c'est la vie relationnelle
(voyages, commerce) qui a suscité l’oasis, laquelle a été
créée là où l'eau existait.» « Jadis
le débit moyen puisé dans la nappe phréatique était
d'1 litre/seconde. Actuellement, les nappes supérieures donnent 40
L/s et les nappes profondes (l’albien) 250 L/s [...] Les dynamiques
urbaines et agricoles s'alimentent mutuellement, quitte à créer
des déséquilibres comme c’est le cas à El Oued où
l'apport en eau «exogène» peut dépasser largement
1000 L/s, là où la culture était livrée à
l'équilibre naturel de la nappe phréatique qui nourrit les
palmiers et se renouvelle sans intervention de l'homme. Les pompages provoquent
une première rupture d'équilibre par le rabattement (baisse)
de la nappe. Une deuxième rupture d'équilibre intervient
par saturation à cause de l'abondance des eaux profondes qui gonflent
la nappe. Ainsi un millier de « ghouts » (cuvettes où
sont plantés les palmiers) sont noyés, 120000 palmiers ont
dépéris par excès d'eau et 200000 sont en voie de dépérissement.
65 ghouts urbains (soit 10% du secteur urbain) sont noyés, pollués
et devenus décharges sauvages d’où l’apparition de typhoïdes,
leishmanioses, de paludisme (jadis inconnu) et 28 noyades ! [...]
A Ouargla, Touggourt, El Oued, la ville est noyée et engorgée
par ses propres rejets d'eau d'irrigation et d'eaux usées. Autant
de dégâts urbanistiques, esthétiques, de qualité
de vie et de confort et touristiques ! [...]
Le raccourci technique d'accès à l'eau a entraîné
un court-circuit du cheminement social d'appropriation, de gestion et de
consommation de l'eau. Cela finit par bloquer le système hydraulique
lui-même ». L’auteur dénonce le « mythe de la
surconsommation urbaine » : la population gaspille ! En fait, les
pertes sont très élevées sur le réseau d'alimentation
dont le rendement est « estimé » officiellement à
75 % : la consommation est surévaluée à 500 L par
habitant et par jour (L/h/j). La production d'eaux usées montre
que la consommation moyenne réelle est de 74 L/h/j (soit un rendement
d’environ 20%).Par ailleurs les eaux usées représentent seulement
20% des eaux rejetées : la nappe phréatique est donc relativement
propre et pourrait être mise au service de l'agriculture. La population
ne gaspille pas ; elle est plutôt à la limite de la pénurie
! »
L’eau coûte cher à la population puisque depuis 1987, la
même masse d'eau est distribuée mais à une population
accrue et sur des villes plus étendues, d'où baisse de pression
et utilisation de moteurs, sur presseurs et citernes, investissement deux
à deux fois et demie plus cher que l'eau facturée. [...]
De plus cette eau, chargée en éléments corrosifs à
forte agressivité sur le réseau, provoque sa dégradation
rapide.
La réaction aux problèmes est différente à
Touggourt ou à El Oued, fonction essentiellement de la structuration
sociale et des traditions.
Autre conséquence : l’importation d’eau pour la consommation
: « Pour les 4 villes du Bas-Sahara : Biskra, El Oued, Touggourt
et Ouargla, il y a une dizaine de grossistes importateurs d'eau et
près de 200 détaillants distributeurs à domicile. A
El Oued, la consommation domestique est à 90% d'eau importée,
question de goût avec, accessoirement, des considérations sanitaires
»
Conclusion : Une urbanisation
fortement concentrée s'est faite dans un milieu vulnérable
très artificialisé. Une nouvelle phase et une nouvelle logique
de développement s'instaurent ; quelle en sera la durabilité
? Celle-ci exige économie et préservation de l'eau. Les risques
du volontarisme sont réels mais aussi ceux du conservatisme. Une
fois encore, le développement saharien dépend plus de ses relations
que de ses ressources.
(D’après une recension faite par le Père Denys
Pillet)
|