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page 1-  lettre du Diocèse janvier 2006
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LDCtitre


OFFICIEL

janvier 2006


Lettre du diocèse Laghouat-Ghardaïa

page 2

*Témoignages de
 Sr Anne Christine, Ghardaïa
*Qui sont les Petites Soeurs de St François ?

* réunion de secteur Est , Henia,
 *Information: le Sboua de Timimoun
*Réflexion: Théologie de la rencontre inter-religieuse/ l'évolution de la  pensée de  Jean Paul II  par Denys Pillet)

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Partage de...

Sr Anne-Christine,

Sœur Blanche à Ghardaïa

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Sœur Anne-Christine.
OFFICIEL
janvier 2006
Lettre du diocèse
Laghouat-Ghardaïa

Témoignages



 Le 11 Septembre de cette année 2005, je recevais, de mes supérieures, une nouvelle nomination ; j’étais " envoyée ", chargée d’un nouveau ministère, au sein de ma Congrégation des Sœurs Missionnaires de  Notre Dame d’Afrique : celui de la prière, de l’adoration, de la compassion, et cela en lien avec les croyants et les priants de l’Islam.
Peut-être cet envoi, au sein d’une Congrégation Apostolique Missionnaire vous surprend-elle, et vous voudriez en savoir plus ? En réalité j’ai toujours désiré donner une grande place à la prière et à la contemplation dans ma vie de " Sœur Blanche " et cet envoi n’est que l’aboutissement d’un long cheminement au souffle de l’Esprit.
Les quinze premières années passées de ma vie de religieuse, passées en Algérie, ont été débordantes d’activités apostoliques, au service des malades : à travers elles, la prière frayait un chemin tandis que je découvrais l’Islam vécu au quotidien.
Les années suivantes passées à Rome au Pisaï, m’ont plongée intellectuellement et spirituellement, dans la culture et la spiritualité musulmanes, me donnant d’en apprécier les valeurs et d’en percevoir la portée spirituelle pour les croyants de l’Islam.
Puis se furent les vingt cinq ( 25) années de grâce vécues au Yémen : longue préparation ( au désert) à une vie de prière et de contemplation. C’est là que, en l’année 1997, en période de terrorisme islamique, aux lendemains du massacre de nos Frères Trappistes de Tibhirine, j’ai perçu un véritable appel de l’Esprit. Fascinée par le Christ et désireuse de continuer à cheminer avec les croyants de  l’Islam, j’envisageais désormais, lorsque les événements le permettraient, de donner une plus grande place à la prière et à la contemplation, au sein même de ma Congrégation, en lien avec les croyants et les priants de  l’Islam. Dès 1998, ce projet était pris en considération par mes supérieures, tant au niveau général que provincial.
En 2001, nous quittions le Yémen et, après un temps de récupération de mes forces, je revenais en Algérie et Ghardaïa m’ouvrait ses portes.
Comment cet APPEL est-il devenu " envoi " de ma congrégation ? Voilà en quels termes mes supérieures d’Alger m’écrivaient ce 11 Septembre 2005 : " Tu es dépositaire d’un appel personnel que tu ressens depuis plusieurs années et que tu nous avais formulé. C’est un appel à  une vie plus contemplative à l’intérieur même d’une vie communautaire apostolique. Cet appel est pour toi d’avoir comme premier ministère celui de  la prière, de l’adoration et de la compassion, et cela en lien avec les croyants et les priants de l’Islam…Le moment est venu où cet appel devient réalité, prend vie. Nous ne voulons pas seulement t’encourager mais te demander de poursuivre ce chemin comme une obédience qui t’est donnée… "
Peu après, mes supérieures du Conseil Général de  Rome m’écrivaient : " Nous te remercions de tout cœur de répondre à cet appel du Seigneur et de participer ainsi à notre Mission commune, en te consacrant plus particulièrement à la prière, à la contemplation. Tu as un ministère de compassion à vivre, en communion avec les priants de  l’Islam et tu intercéderas pour la Congrégation, l’Eglise et le monde. Tu seras notre Moïse sur la montagne de l’Horeb. "
Vous l’aurez compris : ce nouveau ministère qui m’est confié, ne me met pas hors de notre communion ecclésiale, bien au contraire, il m’enracine dans notre diocèse. Notre Mission est UNE, chacun et chacune y a sa place privilégiée. Si je me sens interpellée cinq fois par jour pour une prière, comme un travailleur veille à ses heures de travail, c’est en votre nom à tous et toutes. Vos intentions, à moi confiées, m’aideront à rester fidèle à cette part de notre Mission qui me revient ; je compte sur  vous, me mettant tout particulièrement sous la protection de Notre Dame d’Afrique.

Décembre 2005,
            Sœur Anne-Christine.


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Qui sont les Petites Sœurs de Saint François à Ouargla ???


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Sœurs Gisèle Anne-Marie, et Marie-Thérèse
OFFICIEL
janvier 2006
Lettre du diocèse
Laghouat-Ghardaïa

Témoignages

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 Le 10 Septembre 2005


    La Congrégation est née le 8-12-73, fondée par une Tertiaire Franciscaine. Nombre total des Petites Sœurs : 205 ( en France :189, RCA de Euro-Africaine: 9 ; Algérie : 3 ). . Nombre de fraternités : 22 en France ; 3 en RCA et 1 en Algérie.
    Constitutions n°5 : " La Congrégation est, dans l’Eglise, une Fraternité de Famille Franciscaine. En chaque fraternité les Petites Sœurs vivent, ensemble, l’Evangile, à la suite du Christ-Serviteur…, elles se renouvellent sans cesse dans une volonté de minorité et s’engagent dans une recherche constante de présence fraternelle à tous, de préférence aux petits et aux pauvres.
    La congrégation est en chemin de fédération depuis 1996. Les Sœurs de la fédération présentes à la session des 22-23 Juillet 2005 confient au Conseil Fédéral de prendre tous les moyens nécessaires pour intensifier la vie de la fédération :
v Assurer l’animation et la formation à tous les niveaux dans tous les pays où nous sommes implantées.
v Faire passer l’information concernant la vie de la fédération à toutes les Sœurs.
v Favoriser et multiplier les fraternités inter congrégations et ou fédérales.
v Regarder l’ensemble de  nos implantations.

La fédération est composée de trois quatre congrégations et de trois provinces. Le chapitre de Juillet 2005 a souligné l’importance de soutenir la mission en Algérie et en R.C.A. Où que nous soyons, la vie en fraternité est déjà témoignage par notre manière d’être Petites et Sœurs.

A Ouargla, nous sommes bien perçues comme vivant ensemble par l’accueil que nous offrons et les nombreuses visites dans les familles. Nous sommes en relation avec des gens très divers ; cependant nous mettons une préférence pour les plus démunis : les femmes seules, les personnes handicapées moteur, les personnes malades mentales… et la population vers laquelle les gens vont le moins. Dans les villages, nous rejoignons les femmes et les jeunes filles pour leur apprendre le tricot, la broderie, la couture… Avec ce peuple, nous vivons en ‘Eglise de la rencontre’. Toute cette vie est offerte quotidiennement à l’Eucharistie, c’est à la tendresse de Dieu que nous confions ce peuple de croyants.

Anne-Marie, Gisèle et Marie-Thérèse

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Réunion du
secteur  Est

PS Henia

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OFFICIEL
janvier 2006
Lettre du diocèse
Laghouat-Ghardaïa
Témoignages


A Touggourt, la réunion de secteur est un week end de partage et de communion. Nous étions seize à Touggourt les 13 et 14 Octobre pour notre première réunion de secteur. En plus des habitués (pères, sœurs, laïcs), étaient là Aurélia (PSJ du Rwanda, en préparation de ses vœux perpétuels), Guy (stagiaire P.B. du Burkina Faso) et Marie-Christine (SMNDA), venus de Ghardaïa pour étudier l’arabe algérien avec Cheikh Denys.
Le Jeudi 13 vers 16h30mn, dans un premier temps, on s’est partagé différentes nouvelles de l’été : chapitre pour les S.B., les PSSF et les PSJ (espérons que d’ici peu, nous en saurons un peu plus !) ; session et retraite, vacances au pays ou sur place…nous é_voquons entre autres, l’absence de Josèphe-Emmanuelle retenue pour un an sur Alger ; le retour de Gisèle après un an en France (travail à mi-temps, cinq sessions de ressourcement…, toute réinsertion n’est pas forcément facile) ; le départ de Virginia pour un temps de prière et de ‘renaissance’ dans la communauté des PS de Grandchamps en Suisse (que le Seigneur l’accompagne !) , le retour de Magda pour quelques mois. Bref, chacun a pu simplement, avec quelques ou beaucoup de paroles, nous partager dans la simplicité, des moments de joie (joyeux anniversaire à Meriem pour ses 57ans !), les découvertes de différentes Eglises, les heures difficiles avec la maladie, le décès de personne proches… A l’heure du ftour, dans la communion avec nos frères et sœurs d’Islam, nous avons célébré l’Eucharistie et après le repas, continué cette soirée en famille.
Le Vendredi 14 fut consacré à un partage sur l’Eucharistie, partage de ce qui a été lu, ou réfléchi à partir du questionnement de Gaby, et surtout de notre vécu. Nous étions divisé en deux groupes. Il est difficile de transmettre de façon discrète une expérience de sa vie personnelle et partager dans la simplicité quelques mots ou expressions partagés dans les groupes :

L’Eucharistie est un mystère de foi et de vie, un don dont on n’a jamais fini de découvrir la richesse, qu’il est bon de goûter, dont on a soif sans pouvoir en être rassasié.
Dans l’Eucharistie, Jésus se donne totalement et gratuitement comme il l’a fait sur la croix. Il se livre entre nos mains, se laisse toucher et par ce contact se réalise une connaissance en profondeur. Il donne sa vie pour tous, pour notre monde qui a tant besoin de rédemption et de résurrection.
Dans l’Eucharistie comme dans le lavement des pieds, il y a un appel à une réponse : ‘ce que j’ai fait, faites le’, prolongé dans le témoignage d’une vie donnée, cette œuvre d’incarnation et rédemption pour aller jusqu’où le Seigneur appelle ; dans l’Eucharistie ou l’adoration eucharistique, c’est le monde entier qui est là.
Les circonstances de notre vie en terre d’Islam et le charisme de nos congrégations donnent une coloration particulière à ces temps d’Eucharistie ou et d’adoration : dépouillement, gratuité, universalité… Ils renforcent notre soif, notre action de grâce et louange et notre prière d’intercession.
L’Eucharistie est don du Seigneur pour rejoindre le Père et tous les hommes (offrande de ta famille entière : Prière eucharistique n°1). C’est la prière la plus parfaite et  la plus pure, l’offrande du Christ qui nous assume avec le monde tels que nous sommes. Nous ne pouvons pas aller à l’Eucharistie sans les autres.
L’Eucharistie fait rendre grâce pour tout avec Jésus et repartir vers la réalité. Alors que ma prière est très pauvre, j’ai, nous avons là, celle de Jésus.
L’Eucharistie donne de passer de la banalité de l’habitude collective à une démarche personnelle où même le manque (par exemple à travers les para-liturgies) peut contribuer à mieux saisir le mystère vécu par les fidèles.
Dans cette ‘rencontre’, recevoir et transmettre, prendre et donner, se donner par le don de l’Esprit Saint.

Le célébrant agit et parle in persona Christi…et ecclesiae, en la personne du Christ et de l’Eglise   qui ne font qu’un, l’Eglise étant l’humanité déjà rassemblée mais aussi celle encore dispersée mais invitée à se rassembler ‘pour la gloire de Dieu et le salut du monde’.
Il faudrait ‘relire, revisiter’ l’Eucharistie à travers quatre paradoxe (ou tensions, polarités, distinctions, inclusions) :
            Dieu transcendant-Dieu immanent
            Dieu caché-Dieu révélé
            Dieu tout puissant-Dieu faible
            Dieu silence-Dieu parole
Et bien d’autres aspects encore :
            Temps (passé, présent, avenir) et éternité
            Sainteté ‘justice’-Amour
            Devenir, vie en devenir-Etre éternel, vie éternelle
            Présent-Absent
‘        Rien’-‘Tout’
Tout cela fut ensuite porté dans l’Eucharistie à la fin de la matinée dans l’accueil du Don de Dieu et l’action de grâces puis continué dans un repas fraternel.
             Merci à tous et à chacun qui ont contribué à faire de ce week-end un temps de partage et de communion profonde.

PS Henia
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le Sboua de
 Timimoun

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(cliché ml)
OFFICIEL
janvier 2006
Lettre du diocèse
Laghouat-Ghardaïa
Information


Chaque année a lieu le Sboua de Timimoun ! Si cette année nous avons mis dans nos " désirs à réaliser ", le projet de vivre cette fête, regardons de quoi il s’agit :

I-Un peu d’histoire

    Chaque année, le septième jour après le Mouloud, se déroule à Timimoun une fête qui attire une foule énorme venant de toute la région, mais aussi d’Adrar, de Béchar, d’El Goléa… et de plus loin. Les gens originaires de  la région d’Alger, d’Oran et même de France viennent à cette occasion, sans compter les touristes. Il faut dire que pour cet te fête, la télévision a donné des images de celle de l’an dernier, et incite les gens à s’y rendre. A Timimoun, chaque maison du ksar et du village regorge d’hôtes et les femmes, deux mois à l’avance, commencent à rouler le couscous en prévision du stock. Malheur à celles qui n’ont pas fait leurs provisions de farine, de gaz et à ceux qui n’ont pas fait leurs provisions d’essence… Pendant les jours de la fête, tout cela sera impossible à trouver.
    De toute évidence, cette fête est très ancienne et nous avons voulu essayer, autant que possible, d’en rechercher les sources. Pour cela, nous avons consulté des documents sur l’histoire, bien approximative du peuplement du Gourara.
    Dans cette région où l’on trouve beaucoup de vestiges d’une civilisation néolithique, deux éléments ethniques composaient déjà la population à une période antéhistorique : un peuplement très ancien, vraisemblablement composé d’éléments noirs proches des populations soudanaises et un second élément de population blanche qui s’est introduit dans le Gourara, mais quand ? Les Gétules de l’Afrique du Nord ? En tout cas, des Berbères que l’on appellera plus tard les Zénètes.
    Au deuxième siècle, la répression romaine de Trajan contre les Juifs de Cyrénaïque les disperse vers le Sud, à travers le Sahara, d’oasis en oasis, probablement jusqu’au Niger. A ce moment-là, les Berbères Zénètes se judaïsent à leur contact.
    Au huitième siècle, le Gourara constitue une étape commerciale reliant la Berbérie musulmane au Soudan : les Zénètes ont acquis une place privilégiée dans l’économie africaine : ils sont sur la route du sel et de l’or. Les bouleversements intervenus dans les tribus berbères à la suite de la conquête arabe amenèrent un nouveau peuplement zénète au Gourara qui passa ainsi  sous la double influence des Kharijites de Sigilmassa dans le Tafilelt et des Ibadites de Tahert. Le Touat-Gourara devint alors une étape sur la route commerciale qui reliait la Berbérie musulmane au Soudan et d’où elle tirait ses esclaves et son or.
    Ce n’est qu’au douzième siècle que les Arabes commencent à nomadiser dans le M’guid et à s’installer dans le Tinerkouk. Parmi eux se distinguent des personnages religieux qui acquièrent une grande influence : ce sont les ‘merabtine’ (saints). Dans le même temps des ‘chorfa’, descendants du Prophète, arrivent du Maroc.
    Au quinzième siècle, apparaissent les premiers représentants des confréries. Les zaouias se multiplient avec des rivalités entre elles, pour établir leur influence religieuse, mais aussi économique. En concurrence directe avec les confréries, les communautés judaïsées ont entre leurs mains la plus grande partie du commerce transsaharien, ce qui entraîne la réaction du saint réformateur de Tlemcen, Al Maghili, qui fait massacrer en 1492 les Juifs du Gourara, principalement à Tamentit, près d’Adrar.

II-La fête du SBOUA à la zaouia de Sidi El Hadj Belqacem, près de Timimoun

    Le premier jour après le Mouloud, trois délégations portant les drapeaux de leurs saints marabouts partent de Tinerkouk dans le grand Erg. La première part de Zaouiet-Derbagh et va à Ouled Saïd où elle récupère le premier jour les drapeaux des ancêtres. Le sixième jour, elle arrive à Macine pour la nuit, à cinq jour de Timimoun. C’est toute une de fête où ont lieu ‘hadra’ et baroud. La deuxième délégation part de Tabelkoza et la troisième d’Anguellou, et par Semouta et Hadjelman, arrivent directement à Timimoun.
    Le jour du SBOUA, les gens de Macine, portant les drapeaux de leurs saints, se joignent aux délégations précédentes et arrivent à Timimoun vers midi. Mais les gens restent à l’entrée de la ville pour le guet en souvenir du temps où les rezzous profitaient de la fête pour venir piller les greniers. Vers seize heures, la fête étant déjà avancée, on viendra les relever, et Macine se joindra à la fête.
    Après le repas de midi donc, la population se rassemble à proximité de Timimoun, autour des drapeaux bariolés des marabouts vénérés. Les baroudeurs se relaient : deux équipes se croisent, tirent des coups de fusil devant les drapeaux et s’en vont recharger leurs armes. Pendant ce temps, un autre groupe arrive.
    Spectatrices et spectateurs portent leurs plus beaux habits. Autrefois, chevaux et chameaux les accompagnaient. Il y en a moins maintenant. Ils sont remplacés par un nombre immense de voitures…car la fête se passe à quatre kilomètres plus loin, à la zaouia de Sidi El Hadj Belqacem.
    Dès que le drapeau de Macine arrive, le cortège s’ébranle, précédé des méharistes et cavaliers. Les drapeaux sont entourés d’une foule compacte. A travers le reg, c’est un imposant défilé jusqu’à la zaouia. Mais déjà, une partie de  la foule a contourné la piste en voiture et envahi les abords du ksar installé sur une petite hauteur afin d’avoir une bonne place. Un éminent théologien, qui assistait à la fête, a comparé la montée vers le ksar à la ‘montée vers Jérusalem’, quand la foule y affluait pour la Pâque au chant des psaumes. Il l’a comparée aussi à la foule qui attendait comme au sermon sur la montagne. Pour les derniers kilomètres, tous arrivent en dansant la ‘hadra’.
    Les baroudeurs annoncent l’arrivée des drapeaux par quelques coups de fusil. Un chérif à cheval travers l’aire et les porte-drapeaux vont à la rencontre de ceux d’Ouled Aïssa, de M’sahel, d’Ouajda qui sortent avec ceux de la zaouia : il y en a deux salles pleines. Tous les drapeaux mentionnées sont ceux des disciples de Sidi El Hadj Belqacem, opposés à Sidi Othman de Timimoun. Les premiers qui rentrent sont ceux de Zaouiet Debbagh, Ouled Saïd et Macine, puis ceux de Timimoun et des environs, ainsi que ceux de Tabelkoze. Les gens se rassemblent en un cercle compact autour d’eux. Les drapeaux se font face avec des gestes de provocation. Ils simulent une bataille. Peut-être rappellent-ils l’inimitié de la zaouia avec Timimoun, les deux localités appartenant autrefois à deux ‘çoffs’ différents… En tout cas, avec ceux de Timimoun il y a le drapeau d’Anguellou et celui-là on ne veut pas qu’il entre pour qu’il n’ait pas la baraka ; chaque année il est cassé dans la bagarre.
    Le mouvement se met à tourner alors vers la droite à une vitesse croissante et les porte-drapeaux courent jusqu’à la koubba du saint. Vous vous trouvez debout, tous seuls dans cette foule prosternée. Heureusement, de nombreuses mains amies vous agrippent et vous plaquent au sol avec  tout le monde pour que vous participiez à la baraka générale. La fête se termine au coucher du soleil, parce qu’il faut qu’à ce moment-là, les drapeaux de Timimroun et de Macine soient rentrés à Timimoun…à cause des rezzous. Les autres drapeaux passent la nuit à zaouia où se déroulent ‘zelfa, ahelli, karkabou et hadra’. Seul le drapeau de Ouled Aïssa reste jusqu’à la prière du Vendredi.

III-La fête du SBOUA à zaouia Echcheikh, entre Zaouiet Kounta et Reggane
 
    Le même SBOUA se déroule dans le Timmi (Touat), à zaouia Echcheikh entre Zaouiet Kounta et Reggane : c’est le SBOUA du Cheikh Abdelkrim El Maghili, celui-là même qui combattit les Juifs du Touat en 1492.
Si vous venez, la communauté de Timimoun vous accueillera avec plaisir !

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Pour une théologie de la

rencontre interreligieuse

par Denys Pillet
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Jean Paul II et les évêques de la CERNA
OFFICIEL
janvier 2006
Lettre du diocèse
Laghouat-Ghardaïa

Réflexion…

L’évolution de la pensée de Jean Paul II, au fil du temps.

Il y a trente ans, ce 8 Décembre 1976 , le Pape Paul VI, dix ans après le Concile, adressait à l’Eglise catholique l’Encyclique ‘‘Evangelii Nuntiandi’’, faisant suite au synode de 1974 sur l’évangélisation.
Le P. Jacques Dupuis dans son livre Jésus-Christ à la rencontre des religions (1), passe en revue les diverses opinions au sujet des religions non-chrétiennes :
" Les religions de l’humanité sont des expressions variées de l’homo naturaliter religiosus, et donc ‘religion naturelle’, le christianisme seul, en tant que réponse divine à la quête humaine de Dieu est ‘religion surnaturelle’. Et il continue :  " Cette première opinion peut être illustrée par des auteurs écrivant durant la première moitié de ce siècle dans un contexte asiatique(…)Elle est reprise et appuyée par nombre de théologiens occidentaux tels J. Daniélou, H. de Lubac, H. Urs von Balthasar et autres. Elle se retrouve également dans l’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi (1975) de Paul VI, faisant suite au synode des évêques de 1974 sur l’évangélisation du monde moderne. Tout en reconnaissant que les religions contiennent certaines valeurs positives, le pape les réduit néanmoins à porter l’écho d’une quête sincère de Dieu par l’homme. Il poursuit : même ‘les expressions religieuses naturelles les plus dignes d’estime’ ne réussissent pas à établir avec Dieu ‘un rapport authentique et vivant’ - que seul le christianisme instaure effectivement – ‘bien qu’elles tiennent pour ainsi dire leurs bras tendus vers le ciel’ (Ev. Nun. N°53). Les autres religions expriment donc, de bas en haut l’aspiration humaine vers Dieu ; elles sont naturelles. Le Christ et le christianisme sont la réponse donnée par Dieu à l’aspiration humaine ; là seulement est la religion surnaturelle "
(2). 

Dès 1979
, soit quatre ans après Evangelii Nuntiandi, dans l’Encyclique Redemptor hominis au n°6, Jean-Paul II parle de ‘la fermeté de la croyance des membres des religions non chrétiennes, effet, elle aussi, de l’Esprit de vérité opérant au-delà des frontières visibles du Corps mystique (qui) devrait faire honte aux chrétiens si souvent portés à douter…’
Nous sommes loin d’une humanité divisée en naturel et surnaturel où ‘les bras tendus vers le ciel ne réussissent pas à établir un rapport authentique et vivant avec Dieu’. C’est de Dieu Père de tous que vient le don de la prière vraie, ‘car il n y a pour nous qu’un seul Dieu, le Père de qui tout vient et vers qui nous allons et un seul Seigneur, Jésus Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes’
(3). C’est ‘de Dieu Père des lumières que vient tout don de valeur et tout cadeau parfait’(4).

Le 21 Février 1981, Jean Paul II s’adressant aux peuples d’Asie leur dit :
" Nous sommes sûrs que chaque fois que l’esprit humain s’ouvre dans la prière à ce Dieu inconnu, un écho sera entendu de cet Esprit qui, connaissant les limites et les faiblesses de la personne humaine, prie lui-même en nous et pour nous en gémissements inexprimables "
(5).

Le 19 Août 1985, à l’invitation du roi du Maroc Hassan II, Jean Paul II s’adresse à 90000 jeunes marocains rassemblés sur le stade de Casablanca et leur dit :
"j’invoque tout d’abord le Très Haut, le Dieu tout-puissant qui est notre créateur. Il est à l’origine de toute vie, comme il est à la source de tout ce qui est bon, de tout ce qui est beau, de tout ce qui est saint… " (n°2) " L’Eglise catholique regarde avec respect et reconnaît la qualité de votre démarche religieuse, la richesse de votre tradition spirituelle… " (n°10) et il termine son discours concret et pratique pour ces jeunes par une prière inspirée du langage traditionnel de la prière musulmane.

Le 18 Mai 1986 paraît l’Encyclique Dominum et Vivificantem, sur l’Esprit Saint dans la vie de l’Eglise et du monde. Au n°65, cette magistrale affirmation : " Il est beau et salutaire de penser que partout où l’on prie dans le monde, l’Esprit Saint, souffle vital de la prière est présent. "

Puis a lieu l’événement majeur de la prière pour la paix à Assise, le 27 Octobre 1986, où cent trente représentants de douze religions différentes répondent à l’invitation de Jean Paul II. Qu’il nous soit permis de faire remarquer qu’on n’invite pas à prier des gens d’autres religions dont on estime que " leurs bras tendus vers le ciel ne réussissent pas à établir un rapport authentique et vivant avec Dieu. " C’est donc que dans l’invitation de Jean Paul II il y a implicitement mais indubitablement une reconnaissance de la valeur que peut avoir la prière de non-chrétiens et également la valeur de la prière faite ensemble, chacun selon sa conscience et sa tradition religieuse.

Aux Cardinaux, dans son discours du 22 Décembre 1986 où il leur partage sa réflexion sur la journée d’Assise, il est très explicite :
" …Il n y a qu’un seul dessein divin pour tout être humain…un principe et une fin uniques…Les différences sont un élément moins important par rapport à l’unité qui, au contraire, est radicale, fondamentale et déterminante. "(n°3) " A la lumière de ce mystère, les différences de tout genre, en premier lieu, les différences religieuses, dans la mesure où elles sont réductrices du dessein de Dieu, se révèlent en effet comme appartenant à un autre ordre. Si l’ordre de l’unité est celui qui remonte à la création et à la rédemption et s’il est donc en ce sens ‘divin’, ces différences même religieuses remontent plutôt à un ‘fait humain’ et doivent être dépassées dans le progrès vers la réalisation du grandiose dessein d’unité qui préside à la création. Il y a certes des différences dans lesquelles se reflètent de génie et les ‘richesses’ spirituelles données par Dieu aux nations (AG 11). Ce n’est pas à elles que je me réfère. J’entends faire allusion aux différences dans lesquelles se manifestent les limites, les évolutions et les chutes de l’esprit humain tenté par l’esprit du mal dans l’histoire (LG 16). " " Les hommes peuvent souvent ne pas être conscients de leur unité radicale d’origine, de destin et d’insertion dans le plan même de Dieu et, lorsqu’ils professent des religions différentes et incompatibles entre elles, ils peuvent même ressentir leurs divisions comme insurmontables. Mais malgré cela, ils sont inclus dans le grand et unique dessein de Dieu, en Jésus Christ, qui ‘s’est uni d’une certaine manière à tous les hommes’ (GS 22), même si ceux-ci n’en sont pas conscients. " (n°5)
" Là – à Assise – on a découvert, de manière extraordinaire, la valeur unique qu’a la prière pour la paix et même que l’on ne peut obtenir la paix sans la prière et la prière de tous (souligné dans le texte), chacun dans sa propre identité et dans la recherche de la vérité. C’est en cela qu’il faut voir à la suite de ce que nous venons de dire, une autre manifestation admirable de cette unité qui nous lie au-delà des différences et des divisions de toutes sortes. Toute prière authentique se trouve sous l’influence de l’Esprit ‘qui intercède avec insistance pour nous car nous ne savons que demander pour prier comme il faut’ mais ‘Lui prie en nous (cf. LG n°4) avec les gémissements inexprimables et Celui qui scrute les cœurs sait quels sont les désirs de l’Esprit (Rom8, 26-27). Nous pouvons en effet retenir que toute prière authentique est suscitée par l’Esprit Saint qui est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme. " (n°11)
" C’est ce que l’on a également vu à Assise : l’unité qui provient du fait que tout homme et toute femme sont capables de prier, c'est-à-dire de se soumettre totalement à Dieu et de se reconnaître pauvre devant lui. La prière est un des moyens pour réaliser le dessein de Dieu parmi les hommes (AG n°3).
" Il a été rendu manifeste de cette manière que le monde ne peut pas donner la paix (Jn14, 27) mais qu’elle est un don de Dieu et qu’il faut l’obtenir de lui par la prière de tous ."


En 1990, dans l’Encyclique Redemptoris Missio au n°29, après avoir réaffirmé " la rencontre inter-religieuse d’Assise(…)a été l’occasion de redire ma conviction que ‘toute prière authentique est suscitée par l’Esprit Saint, qui est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme’, il ajoute, l’action universelle de l’Esprit n’est pas à séparer de l’action particulière qu’il mène dans le Corps du Christ qu’est l’Eglise. En effet, c’est toujours l’Esprit qui agit quand il vivifie l’Eglise et la pousse à annoncer le Christ ou quand il répand et fait croître ses dons en tous les hommes et en tous les peuples, amenant l’Eglise à les découvrir, à les  promouvoir et à les recevoir par le dialogue. Il faut accueillir toutes les formes de la présence de l’Esprit avec respect et reconnaissance, mais le discernement revient à l’Eglise à laquelle le Christ a donné son Esprit pour la mener vers la vérité tout entière. "

Tout ceci est d’ailleurs repris en un raccourci vigoureux lors de l’audience générale du 9 Septembre 1998 dont voici les extraits les plus signifiants :
 " L’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoi qu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes (Nostra Aetate n°2)…Les ‘semences du Verbe’ présentes et agissantes dans les diverses traditions religieuses sont un reflet de l’unique Verbe de Dieu ‘qui illumine chaque homme’ (Jn1,9)…Elles sont à la fois ‘un effet de l’Esprit Saint au-delà des limites visibles du Corps mystique’ et qui ‘souffle où il veut’ (Jn3,8)
(6)…Il faut tout d’abord avoir à l’esprit que toute recherche de l’esprit humain dans le sens de la vérité et du bien, et en dernière analyse de Dieu, est suscitée par l’Esprit Saint…Dans toutes les expériences religieuses authentiques, la manifestation la plus caractéristique est la prière… ‘ Toute prière authentique est suscitée par l’Esprit Saint qui est mystérieusement présent dans le cœur de chaque homme…’ ‘La présence et l’activité de l’Esprit…ne concernent pas seulement les individus, mais la société et l’histoire, les cultures, les religions(7). Normalement, ‘c’est à travers la pratique de ce qui est bon dans leurs propres traditions religieuses et en suivant les injonctions de leur conscience, que les membres des autres religions répondent positivement  à l’invitation de Dieu et reçoivent le salut en Jésus Christ, même s’ils ne le reconnaissent pas comme leur Sauveur’(8). ‘Puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal (Gaudium et Spes n°22)…Précisément en vertu de la présence et de l’action de l’Esprit, les éléments de bien à l’intérieur des diverses religions disposent mystérieusement les cœurs à accueillir la révélation plénière de Dieu en Jésus Christ. Pour les raisons rappelées ici, l’attitude de l’Eglise et de chaque chrétien à l’égard des autres religions est caractérisée par un respect sincère, une profonde sympathie…une collaboration cordiale. Cela ne signifie pas oublier que Jésus Christ est l’unique Médiateur et Sauveur du genre humain, ni même ralentir l’action missionnaire…(Mt28, 19). L’attitude de respect et de dialogue constitue plutôt une reconnaissance des ‘semences du Verbe’ et ‘des gémissements de l’Esprit’. "

Affaire ni de mode, ni d’idéologie, ni de sociologie ou de stratégie, la rencontre et la relation inter-religieuses sont bien une affaire de foi, de théologie et de mystique. C’est à pareille source que doit se nourrir aujourd’hui la spiritualité missionnaire afin de mieux comprendre et respecter la présence et l’action de l’Esprit Saint en ceux qu’il envoie et en ceux auxquels ils sont envoyés. Le changement de regard évoqué par le contraste entre Evangelii Nuntiandi de Paul VI et l’enseignement insistant de Jean Paul II nous appelle à sans cesse convertir notre propre regard. Le pape ne dit-il pas lui-même que la compréhension de ‘l’ordination au Peuple de Dieu’(cf. LG 16) est ‘encore assez nouvelle’ (discours aux cardinaux n°8). Lui-même contribue puissamment à concrétiser cette expression du Concile, reflet de toute une expérience missionnaire ; il la traduit en gestes significatifs et nous encourage à faire de même.

On peut en donner un exemple avec les orientations des évêques d’Algérie au sujet de ‘la relation avec les autres communautés chrétiennes’ en date du 18 Octobre 2004 suite à l’Assemblée inter-diocésaine de Septembre 2004. Le prosélytisme vrai ou supposé d’autres confessions chrétiennes dans ce pays musulman appelait en effet une clarification de la présence, de l’action et de la position de l’Eglise catholique, spécialement du fait des remous suscités par et dans les médias… Aussi, après avoir souligné que ‘les chrétiens algériens sont au cœur de notre Eglise’, ils ajoutent : " nous voulons aussi, de toutes nos forces, garder le don que Dieu a fait et dont nous apprécions toute la grandeur, celui d’une rencontre respectueuse de nos frères musulmans, dans le respect de leur identité personnelle et communautaire. Nous croyons que Dieu nous appelle à vivre dans le respect de l’autre, même s’il n’est pas baptisé…il nous invite à nous faire proches de tous… Nous voulons demeurer libres de reconnaître le don de Dieu dans la vie de nos frères qui ne sont pas baptisés, comme Jésus admirant la foi du centurion… Nous voulons, à la fois, respecter les frères et les sœurs des nouvelles communautés (chrétiennes) mais aussi leur dire que nous voulons offrir à Dieu, dans le pays, une Eglise du respect de l’autre, de la réconciliation et de la communion par-dessus toutes les frontières. "

pillet  Denys Pillet                                                                                               
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1  P. Jacques Dupuis, Jésus-Christ à la rencontre des religions, Desclée, 1989.
2   P. Jacques Dupuis, Jésus-Christ à la rencontre des religions, Desclée, 1989,  page 164.

3  1Cor8,6.
4  Jac1, 17.
5   Rom 8, 26 cité par P. Jacques Dupuis, page 209.
6  Cf. Redemptor hominis 6&12.
7   Redemptoris Missio n°28.
8   Cf. Ad Gentes n° 3, 9, 11.
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Page 1 Lettre du Diocèse Laghouat-Ghardaïa
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