Amis du Diocèse du Sahara (ADS)

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Edition du 20 février  2016

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Méditations de Charles de Foucauld sur les Évangiles pour le temps de Carême - Pâques Année C

1 ° — Pour vous donner une preuve d'amour,
Pour vous imiter

Pour vous obéir.

2°— Pour apprendre à mieux vous aimer,
         Pour apprendre à mieux vous imiter,
         Pour apprendre à mieux vous obéir.

3°— Pour pouvoir vous faire aimer par les autres,
         Pour pouvoir vous faire imiter par les autres,
        Pour pouvoir vous faire obéir par les autres.


CC. DE FOUCAULD,
Qui peut résister à Dieu ? Méditations sur l’Écriture Sainte (1896-1898), Nouvelle Cité, Paris 1980, 1

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© éditées par les Disciples de l'Evangile- à usage interne -
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*****

EXPOSITION" Amour de Dieu, amour des hommes"
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Commentaires de frère Charles
édition du 20 février 2016
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Bien chers amis.

Comme vous le savez, nous célébrons en 2015-2016 le centenaire de la mort de Charles de Foucauld. Pour  cette célébration, j’ai pensé vous transmettre chaque semaine un commentaire de l’évangile du dimanche tiré de ses écrits.

Ce commentaire est préparé par la Communauté des Soeurs “Discepole del Vangelo” de Viviers.

Je les remercie de nous faire bénéficier de leur travail.

Bonne lecture à l’école du Frère Charles de F.

Bien amicalement à tous et à toutes,

cdfviviers_fichiers/cr32.jpg +Claude, votre frère évêque

Commentaires de frère Charles

Charles De Foucauld : Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc

1er DIMANCHE DE CARÊME – ANNEE C

Meditation Num. 270

Lc 4,1-13
Dimanche 14 fevrier 2016

0
Charles De Foucauld : Considerations sur les Fêtes de l’Annee

MERCREDI DES CENDRES

Mt 6,1-6.16-18
1
0 février 2016

Charles De Foucauld: Commentaires a l’Evangile selon saint Luc

5ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 276

Lc 5, 1-11
(
dimanche 7 février 2016)

Charles De Foucauld: Commentaires a l’Evangile selon saint Luc

4ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 271

Lc 4, 21-30
(le 31 janvier 2016)

Charles De Foucauld: Commentaires sur les Psaumes

3ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 36

Psaume 18b (Lc 1, 1-4; 4, 14-21)
(le 24 janvier 2016)

Charles De Foucauld: Commentaires de l'Evangile de Jean

2ème dimanche du temps ordinaire – ANNEE C

Meditation Num. 429

Jn 2,1-11
(le 17 janvier 2016)

Ci dessus, année C

***
EXPOSITION" Amour de Dieu, amour des hommes"
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De la Rédaction du site ADS
Diocèse de Viviers
avant programme
Centenaire de la mort de Charles de Foucauld

1916  -  2016
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Présidée par Mgr Jean Louis BALSA, évêque de Viviers
Messe télévisée depuis la Grande Chapelle
 maison diocésaine de VIVIERS
(Ardèche)
  dimanche 22 novembre 2015

10h30 sur France 2

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"Ayant pris comme devise JESUS CARITAS (Jésus Amour) et comme emblème un Cœur surmonté de la Croix,
 son désir d’imiter Jésus dans sa Charité universelle lui fait accepter la perspective du sacerdoce.
Il s’y prépare à la Trappe de Notre-Dame-des-Neiges
et, le 9 juin 1901dans la Grande Chapelle, il est ordonné prêtre du diocèse de Viviers :
c’est pourquoi il sera béatifié avec la qualification de « prêtre diocésain »."

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De la Rédaction du site: le 1er décembre 2015

Fête du Bhx, 10ème anniversaire de sa béatification  
25 Pages sur Bhx Charles de Foucauld
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attente d'un nouveau miracle pour sa canonisation
*****
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Béatification à Rome
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Triduum romain
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l'évêque du Sahara présente la vie de Charles de Foucauld
et extraits de la cérémonie de la Béatification

(9 vidéos)
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Interview de Mgr Rault par l'ADS, &
Chant du Notre Père en arabe à Tre Fontane
le lendemain

en partenariat avec croire.com
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clichés anciens Frère Charles
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Fêtes du 1er Décembre, à El Ménia...
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Association famille spirituelle
Charles de Foucauld
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CHAPELLE du  BIENHEUREUX CHARLES de JESUS
Eglise St Augustin PARIS

St Augustin, évêque d'Algérie
Lieu de conversion de Charles de FOUCAULD
****
Edition du 19 novembre 2015
De la Rédaction du site:
Pour Information, la famille spirituelle Charles de Foucauld en France
a créé un site internet http://centenaire.charlesdefoucauld.org, dédié aux évènements du centenaire.

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édition du 7 février 2016
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Commentaires de frère Charles

Charles De Foucauld : Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc

1er DIMANCHE DE CARÊME – ANNEE C

Meditation Num. 270

Lc 4,1-13
Dimanche 14 fevrier 2016

Charles De Foucauld : Considerations sur les Fêtes de l’Annee

MERCREDI DES CENDRES

Mt 6,1-6.16-18
1
0 février 2016
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Charles De Foucauld: Commentaires a l’Evangile selon saint Luc

5ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 276

Lc 5, 1-11
(
dimanche 7 février 2016)

Charles De Foucauld: Commentaires a l’Evangile selon saint Luc

4ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 271

Lc 4, 21-30
(le 31 janvier 2016)

Charles De Foucauld: Commentaires sur les Psaumes

3ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 36

Psaume 18b (Lc 1, 1-4; 4, 14-21)
(le 24 janvier 2016)

Charles De Foucauld: Commentaires de l'Evangile de Jean

2ème dimanche du temps ordinaire – ANNEE C

Meditation Num. 429

Jn 2,1-11
(le 17 janvier 2016)

Ci dessus, année C

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Jean

34ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num.510

(Jn 18,33b-37)

(le 22 novembre 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Luc

33ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 411

(Mc 13, 24-32) Parallele Lc 21, 25-33

(le 15 novembre 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc

32ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 408

(Mc 12, 38-44) parallele Lc 20,45-21,4
(le 8 novembre 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon saint Matthieu

Solennité tous les saints

Mt 5, 1- 12a
(le 1er novembre)

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon saint Marc

30ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditations 226

Mc 10, 46-52

(le 25 octobre)

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon saint Marc

29ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditations Num. 224 et Num. 225

Mc 10, 35-45
(le 18 octobre)

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Marc

28ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

(11 OCTOBRE 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile Selon saint Marc

27ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(4 octobre 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile Selon saint Marc

26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(27 septembre 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile Selon saint Marc

25ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(20 septembre 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile Selon saint Marc

24ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(13 septembre 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile Selon saint Marc

23ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(6 septembre 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A l’Evangile selon saint Marc

22ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(30 août 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile selon Saint Marc

21ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(23 août 2015)


Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile Selon saint Marc

13ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(28 juin 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A l’Evangile selon saint Marc

14ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(5 Juillet 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile selon Saint Marc

15ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(12 Juillet 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires A l’Evangile selon saint Marc

16ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(19 Juillet 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires à l’Evangile selon saint Jean

17ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(26 Juillet 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires à l’Evangile selon Saint Jean

18ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(2 août 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires à l’Evangile selon saint Jean

19ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(9 août 2015)

Charles De Foucauld: Commentaires à l’Evangile selon saint Jean

20ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(16 août 2015)

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01 Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
02 où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
03 Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
04 Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
05 Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
06 Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
07 Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
08 Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
09 Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;
10 car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ;
11 et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
12 Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
13 Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

Charles De Foucauld : Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc

1er DIMANCHE DE CARÊME – ANNEE C

Meditation Num. 270

Lc 4,1-13
Dimanche 14 fevrier 2016

 

Jeûne et tentation de Notre-Seigneur au désert.

 

Que vous êtes bon, mon Dieu, d'avoir souffert pour nous tant de souffrances et tant d'abaissements... Pendant la Sainte Quarantaine, Vous avez souffert pour nous de la faim, de la soif, du froid, de la fatigue, de la faiblesse, Vous avez souffert dans Votre âme à la pensée de la Sainte Vierge privée de Votre présence, souffrant de ne pas Vous voir et de penser que Vous souffrez, Vous avez souffert de toutes les douleurs, de toutes les fautes, de tous les maux des hommes présents et futurs, car tous Vous les aimez... Vous Vous êtes abaissé jusqu'à permettre au démon de Vous tenter, peut-être de Vous toucher!.. Tout cela pour nous, ô mon Dieu, pour Dieu d'abord, sans doute : pour glorifier Dieu par Votre obéissance ; mais ensuite pour nous, car c'est par amour pour nous que Dieu Vous le demande, c'est pour notre bien qu'il Vous le demande. C'est une mer immense, ô mon Dieu, que Votre Quarantaine. .. Ses enseignements sont infinis. Car c'est tout un type de vie que Vous nous y présentez. C'est un des trois types de vie parfaits, divins, également saints, que Vous pratiquez, que Vous nous proposez par Votre exemple : la vie de Nazareth, la vie du désert, la vie publique... Vous nous y apprenez ce que doit être la vie du désert : Une vie de solitude, de contemplation, de pénitence, de pauvreté... Vous nous apprenez, en menant un certain temps cette vie que c'est un genre de vie saint, parfait, divin, que les âmes que Vous y appelez mènent pendant toute leur vie... Et en ne la menant que pendant un certain temps, Vous nous montrez que, si certaines âmes, par suite d'une vocation spéciale, doivent la mener toujours, les autres, doivent, comme Vous, la mener dans une certaine mesure et pendant un certain temps, en faisant à certains moments importants de la vie, avant des actes graves, des retraites où pendant un certain temps elles se recueillent dans la contemplation, la solitude, la pénitence...

Vous nous apprenez ensuite qu'on va au désert pour être tenté, qu'il ne faut donc, ni s'étonner, ni s'effrayer, ni se décourager, si, lorsqu'on quitte tout pour Vous suivre, si, lorsqu'on se retire dans la solitude, on est plus tenté qu'auparavant: c'est la règle, et il n'est pas étonnant que le démon s'attaque d'autant plus à une âme qu'il la voit plus décidée à servir Dieu... D'autre part, et ces tentations et la vue de nos propres imperfections nous apparaissent beaucoup plus clairement dans la clarté de la solitude, de la méditation, de la contemplation, qu'elles ne faisaient quand nos yeux étaient obscurcis par mille pensées terrestres.

Vous nous donnez des moyens, des méthodes pour vaincre les tentations: la foi en la parole divine, la pauvreté d'esprit qui regarde comme de la boue la terre entière et tous ses biens, l'humilité qui ne veut pas tenter Dieu et qui reste à la dernière place, qui ne veut pas faire de grandes choses même quand cela lui serait facile et que cela produirait la conversion du genre humain tout entier, si Dieu ne le lui ordonne pas en lui manifestant clairement Sa volonté à ce sujet... Cette dernière leçon est particulièrement importante ; sans doute il faut faire, comme Jésus le fera plus tard, des œuvres extérieures, mais seulement quand on y est appelé par Dieu, quand «l'heure est venue»... Tant qu'on n'a pas reçu clairement mission de Dieu, la manière de le glorifier n'est pas de tenter de faire par soi-même les œuvres qui nous semblent utiles à Sa gloire, mais de rester, comme Jésus, à Nazareth, comme Jésus, au désert, à la dernière place, jusqu'à ce que la main de Dieu même nous en tire, si cela Lui plaît, et qu'il nous donne nettement mission pour faire telle ou telle œuvre...

Ayons toujours présent aux yeux cet exemple, cet enseignement de Jésus, cet exemple de Son obscurité de Nazareth, et du désert, double période couronnée et résumée par ce mot: «Il n'est pas permis de tenter Dieu »... Or, c'est le tenter que d'entreprendre une œuvre dont l'accomplissement demande des grâces surnaturelles, sans avoir reçu mission de Celui qui seul distribue ces grâces... Imitons Saint Jean, attendant 30 ans au désert la mission d'en haut ; imitons Saint Paul attendant d'abord en Arabie, puis à Tarse, pendant des années, l'heure de recevoir des hommes, représentants de Dieu ici-bas, cette mission de convertir les gentils, qui lui avait été si nettement annoncée par Dieu ; ils ont été parfaits tous deux, parce que, comme l'Esprit Saint le dit de Saint Paul, ils ont été de « fidèles imitateurs de Jésus»... Imitons donc surtout Jésus, qui attendit, Lui, Dieu, pendant plus de 30 ans, la mission de prêcher l'Evangile... Qui que nous soyons, quelques désirs que nous ayons, à quoi que nous nous croyons appelés, restons où nous sommes, nous bornant à faire connaître pleinement l'état de notre âme à un sage directeur, et vivons ainsi, faisant chaque jour le plus parfaitement possible ce que nous avons à faire, ne nous inquiétant, ne nous occupant nullement de l'avenir, ni de faire autre chose que le devoir de notre état dans le moment présent; et pour tout le reste abandonnons-nous à Dieu ; s'il veut rien d'autre de nous, Il nous laissera toujours ainsi et nous resterons toute notre vie dans cet état par Sa volonté; s'il veut quelque chose d'autre de nous, Il nous le fera connaître, Il nous appellera authentiquement, Il nous donnera clairement mission quand le moment sera venu... «Ne tentons pas Dieu»... « Comment prêcheront-ils, s'ils ne sont envoyés ? »... Gardons-nous bien d'agir sans mission... Suivons toujours cette ligne de conduite dont Jésus nous donne ici le précepte et pendant plus de 30 ans, l'exemple[1].

 

 



[1] M/270, sur Lc 3,23-4,13, en C. de Foucauld, La Bonté de Dieu. Méditations sur les saints Evangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 227-230.

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01 « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.
02 Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
03 Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite,
04 afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
05 Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
06 Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.
16 Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense.
17 Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ;
18 ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra.

Charles De Foucauld : Considerations sur les Fêtes de l’Annee

MERCREDI DES CENDRES

Mt 6,1-6.16-18
10 février 2016

 

Charles de Foucauld a écrit cette réflexion le jour du Mercredi des Cendres.

 

Mon Seigneur Jésus, voici la dernière nuit que vous allez passer à Nazareth avant votre baptême, la dernière nuit de votre vie cachée, la dernière nuit de cette première partie de votre vie, de votre tranquille et douce obscurité de Nazareth... Encore une nuit à passer en prière avec la très sainte Vierge comme vous en avez tant passées, et puis ce sera fini pour jamais... Vous passerez encore des nuits en prière, des nuits en prière avec votre mère, mais plus jamais dans cette obscurité, dans cette retraite, dans cette solitude non seulement du lieu mais de l'âme, inconnu à tous excepté à elle, oublié de tous excepté d'elle... La volonté de Dieu se fasse... quelle qu'elle soit, elle est bénie... C'est le bien qui sortira de ces douleurs, la gloire de Dieu ; pour qu'il soit servi, que vous soyez aimé, il faut que vous vous fassiez connaître... et puisque vous vous êtes fait homme, ô mon Seigneur, il faut que vous souffriez, puisque c'est une loi universelle depuis Adam que les hommes ne peuvent faire du bien sur la terre qu'au prix de beaucoup de peine, « à la sueur de leur front »... Demain matin vous quitterez cette bourgade qui vous a abrité, caché, possédé trente ans... Quel serrement de cœur pour votre mère, qui voit en frémissant l'avenir, la carrière qui s'ouvre devant vous ; pourtant elle est résignée : elle adore, accepte, aime la volonté de Dieu : mais tout en voulant à plein cœur tout ce que Dieu veut, même vos douleurs, comme elle les souffre de tout son cœur aussi... Et vous, mon Dieu, vous partirez à la fois triste et joyeux, joyeux d'offrir à Dieu ce sacrifice complet, joyeux de Lui donner une telle gloire, joyeux de faire ce bien aux hommes : « vous êtes si pressé d'être baptisé de ce baptême de votre sang ». Vous désirez « d'un si grand désir » en être à votre dernière Cène... Vous êtes triste, cependant, de la tristesse de votre mère... triste aussi de cette tristesse qui voile si souvent votre visage en vos jours mortels, à la pensée du grand nombre des âmes que votre sacrifice ne sauverait pas, de ce grand nombre de vos enfants perdus pour toujours, et de la mer de péchés et de douleur qui inondent le monde... triste enfin de cette tristesse qu'éprouve la nature humaine la plus parfaite en quittant, surtout en quittant, pour un si grand changement de vie, les lieux où ont été coulés des jours paisibles et heureux entre des êtres aimés. Vous avez parcouru tant de fois ces lieux, enfant, adolescent, homme, entre Marie et Joseph ! Comment ne seraient-ils pas chers à votre cœur si tendre ! Vous y avez tant de fois adoré, contemplé votre Père, vu le ciel ouvert... Comment le souvenir de ces douceurs célestes, attaché à ce coin de terre, ne vous attendrirait-il pas?... Mon Seigneur Jésus, faites-moi passer cette dernière nuit entre vous et votre mère et faites-la moi passer de manière à vous consoler le plus possible, je vous le demande de tout mon cœur, en vous, par vous et pour vous.

           Amen.

 

O Mère bien-aimée, appuyez ma prière auprès du Cœur sacré de Jésus[1].

 

 



[1] C. de Foucauld, Considérations sur les fêtes de l’année, Nouvelle Cité, Paris 1987, 142-143.

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01 Or, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth.
02 Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets.
03 Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules.
04 Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. »
05 Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. »
06 Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer.
07 Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient.
08 A cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. »
09 En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ;
10 et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
11 Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

Charles De Foucauld: Commentaires a l’Evangile selon saint Luc

5ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 276

Lc 5, 1-11
(
dimanche 7 février 2016)

 

 

Jésus prêche les Galiléens... Il appelle Saint Pierre à l'apostolat. .. Il guérit un lépreux et lui défend de dire que c'est Lui qui l'a guéri...

 

Que Vous êtes bon, mon Dieu, de prêcher ainsi, avec tant de fatigue ! Que vous êtes bon de préparer Votre Église et la prédication future de l'Evangile à toutes les nations en appelant Pierre à l'apostolat, et en lui inspirant courage et confiance par la pêche miraculeuse ! Que Vous êtes bon de guérir ainsi les malades !

Travaillons au salut des âmes et au soulagement des corps par tous les moyens en notre pouvoir sans autres limites que celles imposées par l'obéissance à Dieu et à Ses représentants. Le salut de tous les hommes pour procurer la gloire de Dieu, c'est la fin de Notre-Seigneur ici-bas, c'est celle de l'Eglise, c'est celle de tout humain. Travaillons donc de toutes nos forces, dans les bornes de la sainte obéissance au salut de tous les hommes ; aimons-les, prions pour eux, mortifions-nous pour eux, sanctifions-nous pour eux, donnons-leur le bon exemple, soyons affectueux et bons avec eux, pratiquons envers eux toutes les oeuvres de miséricorde que nous pouvons et devons ; quand Dieu le veut, parlons, exhortons, consolons, conseillons, corrigeons, punissons, soyons quand il le faut les défenseurs de ceux qu'on attaque injustement... Souvenons-nous toujours que notre fin sur la terre c'est la glorification de Dieu, et que cette glorification s'obtient par la sanctification de tous les hommes; la glorification de Dieu c'est donc notre but final, notre fin suprême ; la sanctification de tous les hommes, c'est notre but prochain, notre fin prochaine [1].

 

 



[1] M/276, sur Lc 4,42-5,14 en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 235-236.

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21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »
22 Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »
23 Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” »
24 Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.
25 En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ;
26 pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère.
27 Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »
28 À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux.
29 Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas.
30 Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

Charles De Foucauld: Commentaires a l’Evangile selon saint Luc

4ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 271

Lc 4, 21-30
(le 31 janvier 2016)

 

Notre-Seigneur prêche à Nazareth et en est chassé.

 

Que Vous êtes bon, mon Dieu, d'avoir essuyé pour nous tant de travaux, de fatigues, de mépris, d'outrages, de violences, de persécutions !.. Oh ! mon Dieu, l'amour qui Vous remplit, que Vous êtes, qui est Votre essence, vous a fait descendre du ciel et Vous a fait choisir, pour la mener parmi nous, la vie la plus souffrante, la plus abaissée, qui fut jamais... Vous avez jugé cette vie admirablement propre à sanctifier les hommes, c'est pourquoi Votre bonté l'a choisie... Vous auriez pu choisir une vie de douceur « proposito sibi gaudio[1] », mais Vous avez jugé que la souffrance sanctifierait plus les hommes; et une vie de souffrance convenait mieux à Votre amour, car l'Amour aime à donner, à se donner, à se sacrifier... Que Vous êtes bon, mon Dieu, Vous qui, si grand, avez trouvé le moyen de Vous sacrifier tellement pour nous !

Vous nous donnez ici, ô mon Dieu, l'exemple de bien des vertus : Vous n'agissez que par obéissance ; ne prévenant pas la volonté divine, mais la suivant dès qu'elle Vous appelle ; Vous n'agissez pas par Votre esprit humain, si sublime qu'il soit, mais Vous Vous laissez conduire par « la vertu de l'Esprit Saint », Vous agissez non par Vous-même, mais selon « l'onction » que Vous avez reçue, la « mission », qui Vous a été donnée...

Mais autant est grande l'humilité avec laquelle pendant 30 ans Vous Vous tenez obscur et caché, prêt à recevoir ou à ne pas recevoir de Dieu quelque mission que ce soit, autant est grande l'ardeur avec laquelle Vous Vous précipitez pour accomplir la mission que Dieu Vous a donnée, aussitôt que Vous l'avez reçue ; comme Vous embrassez aussitôt toutes les fatigues, les travaux, les dangers du Saint ministère !.. Vous nous donnez une leçon de courage : avec quel courage Vous parlez aux Juifs de Nazareth, et comme leur colère ne Vous empêche pas de leur adresser les sévères paroles que Vous avez à leur dire ! Avec quel courage Vous affrontez leurs injures, leurs menaces, leurs violences, et le danger de mort où Vous Vous trouvez !.. Vous nous enseignez aussi l'amour de l'abjection : si Vous avez été ainsi méprisé, rejeté, persécuté, Vous notre Dieu, Vous notre Bien-aimé, avec quel amour et quel empressement nous devons recevoir et désirer tout mépris, toute violence, toute persécution, pour Vous ressembler, ô Bien-aimé Jésus [2]!

 



[1] « La joie qui lui était proposée. »

[2] M/271, sur Lc 4,14-30 en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 230-231.

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02 Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte l'ouvrage de ses mains.
03 Le jour au jour en livre le récit et la nuit à la nuit en donne connaissance.
04 Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende;
05 mais sur toute la terre en paraît le message et la nouvelle, aux limites du monde. Là, se trouve la demeure du soleil : +
06 tel un époux, il paraît hors de sa tente, il s'élance en conquérant joyeux.
07 Il paraît où commence le ciel, + il s'en va jusqu'où le ciel s'achève : rien n'échappe à son ardeur.
08 La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ; * la charte du Seigneur est sûre, qui rend sages les simples.
09 Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le coeur ; * le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard.
10 La crainte qu'il inspire est pure, elle est là pour toujours ; * les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables :
11 plus désirables que l'or, qu'une masse d'or fin, * plus savoureuses que le miel qui coule des rayons.
12 Aussi ton serviteur en est illuminé ; + à les garder, il trouve son profit. *
13 Qui peut discerner ses erreurs ? Purifie-moi de celles qui m'échappent.
14 Préserve aussi ton serviteur de l'orgueil : qu'il n'ait sur moi aucune emprise. * Alors je serai sans reproche, pur d'un grand péché.
15 Accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon coeur ; * qu'ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

Charles De Foucauld: Commentaires sur les Psaumes

3ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C

Meditation Num. 36

Psaume 18b (Lc 1, 1-4; 4, 14-21)

 (le 24 janvier 2016)

Dans cette seconde partie du psaume on s'élève des créatures au créateur, des beautés de la nature à celles de la loi divine... on monte les degrés de l'échelle des êtres... on va du matériel à l'immatériel... Quelle admirable échelle ! Que c'est beau de la monter ! De passer des créatures sans raison, si belles déjà et si harmonieuses, aux créatures raisonnables, à l'âme humaine devant laquelle toutes les autres beautés visibles s'effacent comme un néant, et de cette âme humaine si belle mais imparfaite à la plénitude des perfections qui ne sont en elles qu'en germe !.. C'est à Dieu même que nous montons dans ce psaume, car c'est à sa parole, à sa loi, à sa volonté, aux paroles qu'il a inspirées aux auteurs des saints livres, paroles créées, créatures et non Dieu même, mais certaines de ces paroles expriment des vérités éternelles, qui font partie de l'essence même de Dieu, de ses pensées éternelles... - Merci, mon Dieu, de nous donner cette leçon et de nous apprendre dans ce psaume à monter cette divine échelle des êtres.

« La loi de Dieu est immaculée, parfaite, elle convertit les âmes ; le témoignage de Dieu est fidèle, il donne la sagesse aux petits » il la donne aux humbles ; il la donne aussi aux ignorants à qui il suffit de connaître et pratiquer cette divine parole pour être infiniment sages, mille fois plus sages que les savants du monde ; il la donne aux enfants à qui il suffit de la pratiquer avec innocence, simplicité, amour pour être aussi sages que de sages vieillards... « Les commandements de Dieu sont justes, ils réjouissent les cœurs ; les préceptes de Dieu sont lumineux, ils éclairent les âmes »... Oui mon Dieu, votre joug est doux et léger et la seule joie de l'homme en ce monde est de le porter: il réjouit et lui seul peut réjouir: car faire votre volonté est la seule chose qui puisse donner à l'âme une joie pure et vraie dans cet exil... Elle illumine nos âmes... Ce n'est qu'en vos paroles que nous trouvons la lumière : votre volonté, vos paroles qui nous la font connaître, c'est la lumière de notre vie, la lumière qui nous est absolument indispensable. ( Aussi sommes-nous obligés pour voir clair et d'obéir à un directeur interprète de vos volontés, et de méditer vos saints livres, pour nous imprégner de vos pensées, de votre esprit )... « La crainte de Dieu est sainte, elle durera éternellement : ses paroles sont vraies, elles se justifient elles-mêmes »... Oui, mon Dieu, votre crainte est sainte et durera toujours, parce qu'elle est indissolublement liée à votre amour... Nul ne craint plus que celui qui aime, et plus on aime plus on craint : on ne craint pas le châtiment, mais on craint de faire de la peine, on craint de déplaire, on craint de ne pas assez plaire, de ne pas assez prouver son amour, de ne pas faire tout ce qu'on devrait pour ce qu'on aime... On désire tellement faire tout ce qu'il faut auprès de ce qu'on aime, on redoute tellement la moindre désapprobation de sa part !.. L'être qu'on craint le plus au monde est celui qu'on aime : d'un regard il peut nous faire tant de peine ! « Mon Dieu, votre loi est plus désirable de beaucoup que l'or et que la pierre précieuse : elle est plus douce que le miel et que le rayon de miel. » Oh oui, mon Dieu : pour qui vous aime il est mille fois plus désirable de connaître votre volonté que d'avoir toutes les richesses ! Connaître votre volonté, que cela nous est doux ! « Votre serviteur l'observera : cette observation porte en elle-même sa riche récompense. » Car par elle on évite le péché, on évite ce que redoute le plus l'âme qui vous aime : de vous offenser, de vous déplaire. « Qui pourra comprendre la laideur du péché ! Purifiez-moi, mon Dieu, de tous mes péchés, de ceux que je connais et de ceux que je ne connais pas et que mes yeux ne voient pas. »…« Gardez-moi de ceux qui vous sont étrangers, des mondains: si les mondains ne me dominent pas, s'ils ne s'emparent pas de mon esprit, je suis sans tache et je serai sauvé d'un grand mal. Alors mes paroles pourront vous plaire et la méditation de mon cœur sera toujours en votre présence. » Oui, un de mes grands périls c'est l'esprit du monde : que les mondains ne me donnent pas leur esprit et j'échapperai à un grand péril : le monde c'est la concupiscence de la chair, celle des yeux et l'orgueil, dit saint Jean : sensualité, curiosité, orgueil. Le monde c'est la sagesse humaine, opposée à l'Evangile, à la sagesse divine qu'elle traite de folie... Le monde c'est l'égoïsme, l'avarice, l'incrédulité... Il cherche à pénétrer en nous par tous les côtés: il passe par-dessus les murs et au travers des portes closes : le démon nous souffle à toute heure cet esprit mondain ; les hommes nous le communiquent par la plupart des relations que nous avons avec eux; et hélas dans notre propre fond nous le trouvons nous en sommes imprégnés et tout mouvement fait monter à la surface de notre âme cette boue qui repose en son fond... Gardons-nous-en de toutes nos forces et pour cela employons 1° la prière : supplions Dieu de nous rendre fous, fous de l'Evangile, fous de sagesse divine, qui sont folie aux yeux des hommes; 2° la lecture et la méditation du saint Evangile: imprégnons-nous-en ; connaissons-le ; que ses maximes viennent sans cesse à nos lèvres et remplissent nos esprits et nos cœurs ; 3° la sainte pauvreté : elle est l'opposé de l'esprit du monde : plus nous la cultiverons, plus nous nous éloignerons du monde, et plus le monde qui l'a en horreur, s'éloignera de nous; 4° l'abjection: on peut dire d'elle tout ce que nous venons de dire de la pauvreté ; 5° la solitude : moins nous verrons les hommes, moins ils pourront nous donner leur esprit; 6° la pénitence; 7° les lectures pieuses: les livres écrits par des saints, et par conséquent pleins de l'esprit de Dieu, d'un esprit opposé à celui du monde ; et l'histoire des saints, c'est-à-dire l'histoire d'âmes qui ont été ennemies du monde et qui ont mené une vie toute opposée aux maximes mondaines, dont les exemples sont ceux d'une guerre mortelle contre le monde ; 8° dans les manières de faire, de dire, de penser, s'éloigner de la manière d'être des gens du monde : par là on déclare nettement qu'on n'est pas du monde : on se déclare en état de guerre avec lui: ce moyen est très puissant; mais quelle persévérance et quelle foi il faut pour le pratiquer habituellement! 9° par-dessus tout l'amour de Dieu: c'est lui qui chasse de notre âme tous ces fantômes, toutes ces folies d'idées mondaines, lui qui nous illumine, nous donne l'intelligence, nous fait concevoir la vérité, nous donne l'horreur des vanités, des sensualités, des curiosités, des biens terrestres, lui qui nous fait regarder le monde entier et tout ce qu'estime le monde comme de la boue, et ne nous fait estimer qu'une chose, notre sauveur Jésus, ses exemples et ses paroles que nous aimons aussi passionnément que nous méprisons profondément tout le reste : in lumine tuo videbimus lumen. « C'est à la lumière de votre amour que nous verrons la lumière », ô Jésus, « mon Seigneur, mon soutien et mon Rédempteur ! » [1]

 



[1] M/36, sur Ps 18,8-fin, en C. de Foucauld, Méditations sur les psaumes, Nouvelle Cité, Montrouge 2002, pp. 103-107.

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01 Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.
02 Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples.
03 Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
04 Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
05 Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
06 Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).
07 Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
08 Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
09 Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié
10 et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
11 Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Charles De Foucauld: Commentaires de l'Evangile de Jean

2ème dimanche du temps ordinaire – ANNEE C

Meditation Num. 429

Jn 2,1-11

(le 17 janvier 2016)

 

«Venez et voyez… Ils n’ont plus de vin.»

 

Que vous êtes bon, mon Dieu, et de nous donner en un mot la règle de toute notre vie: « Venez et voyez, suivez et regardez, imitez et contemplez ! » Que vous êtes bon de nous donner le moyen, la recette, si j’ose dire, pour rendre nos prières infaillibles, en nous apprenant à les offrir par l’intermédiaire de la très sainte Vierge.

Venons et voyons, suivons et regardons, imitons et contemplons; c’est la première parole de Notre Seigneur dans l’Évangile de saint Jean… Ce sera la dernière: « Toi, suis-moi », « Imite-moi », dit-il à saint Pierre à la fin du dernier chapitre… Et c’est ce qu’il dit à tous ceux qui veulent être ses disciples: « Renoncez-vous, portez votre croix et suivez-moi… Imitez-moi ! » C’est toute notre vie : imiter Jésus et le contempler… Accomplissons ce programme à toute heure, à tout instant, comme Marie et Joseph qui ne firent que cela toute leur vie; comme Magdeleine, comme saint Jean, comme saint Paul… Imitons et contemplonsContemplons-le : il n’est pas loin, il est en nous par la divine essence de la Personne du Verbe… Imitons-le, tenons-lui compagnie en nous où il réside, en le contemplant et l’imitantPrions-le par l’intercession de la sainte Vierge, demandons à cette bonne Mère d’intercéder pour nous comme elle fit pour la famille de Cana… Une fervente prière à la sainte Vierge n’est jamais repoussée: Jésus tient à montrer, aujourd’hui comme à Cana, qu’il aime sa Mère, l’exauce toujours et se plaît à la voir priée et honorée par nous… Il est naturel que les enfants demandent à leur mère; demandons donc à la sainte Vierge ; il ne nous est pas possible d’être vraiment les frères de Jésus, de l’imiter, de lui ressembler, si nous ne sommes de vrais enfants pour la sainte Vierge, enfants par la tendresse, par la vénération, par la confiance, enfants en lui parlant souvent, en nous entretenant avec elle aussi souvent que Jésus s’entretenait avec elle dans sa vie mortelle: nous entretenir avec cette mère chérie aussi souvent que le faisait Notre Seigneur à Nazareth ne saurait être une rapine faite à Dieu, quelque chose de pris sur le temps que nous devons à Dieu seul, puisque nous ne faisons qu’imiter Jésus lequel certainement, tout en parlant à sa mère, rendait à Dieu ce qu’il devait à Dieu, et d’une part, ne le perdait pas de vue un seul moment, d’autre part, consacrait à l’oraison tout le temps qu’il fallait, enfin passait un certain temps à parler avec sa mère pour Dieu même, afin de lui obéir, par amour pour lui, en vue de lui seul… Faisons de même… Il faut remarquer que l’on doit, d’après ces mêmes principes, consacrer un certain temps à prier saint Joseph, à s’entretenir avec lui, si on veut imiter parfaitement Jésus dans sa vie de Nazareth [1].

 

 

 



[1] M/429, su Gv 1,37-2,11, in C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 146-147.


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33 Alors Pilate rentra dans le Prétoire ; il appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? »
34 Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
35 Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »
36 Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. »
37 Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Jean

34ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num.510

(Jn 18,33b-37)

(le 22 novembre 2015)


«Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité… Non lui, mais Barabbas.»
Que vous êtes bon, mon Dieu, de vous efforcer en toute occasion de faire du bien aux âmes! Vous ne répondez rien aux juges quand il s’agit de vous défendre; mais vous leur parlez avec détail et bonté quand il y a lieu d’essayer de les convertir… Que vous êtes bon, mon Dieu, de souffrir pour l’amour de nous (car tout ce que vous faites ici-bas, vous le faites et pour la gloire de Dieu, par justice, et pour notre bien, par bonté et amour pour nous) tant d’opprobres: traîné lié dans les rues de la ville, conduit de tribunal en tribunal, chargé d’accusations, d’injures et de coups, couvert de vociférations par la populace, mis au-dessous d’un brigand!
Tâchons en tout, toujours, de faire du bien aux âmes; mais pour cela, avant tout, sanctifions-nous nous-mêmes: n’oublions pas que nous ne pouvons faire aucun bien aux autres qu’à condition d’être saints nous-mêmes. Si nous sommes saints, nous ferons naturellement et nécessairement du bien aux âmes, même sans action apparente à leur égard, comme leur en fit sainte Magdeleine à la Sainte-Baume, Joseph à Nazareth; si nous ne sommes pas saints, tous nos efforts, si grands qu’ils soient, ne pourront produire l’ombre de bien. Pour donner, il faut avoir; pour rendre saint, il faut l’être; pour que Dieu donne à nos œuvres intérieures ou extérieures cette bénédiction qui seule les rend fécondes, il faut l’aimer, mériter cette bénédiction par notre amour, amour dans lequel consiste la sainteté. Rendons témoignage à la vérité, non en la disant toujours à tous, souvent on peut et on doit la taire; Jésus la tait souvent: il se tait devant Hérode; il dit « Ne jetez pas vos perles aux pourceaux »; il dit: « Je ne vous dis pas cela maintenant, l’Esprit vous le dira plus tard »; mais quand il faut la dire, disons-la comme lui sans crainte, sans hésitation; comme Notre Seigneur dit aux Pontifes qu’il est le Messie, à Pilate qu’il est roi… Recevons avec joie, bénédiction, reconnaissance, amour, tout mépris, tout dédain, toute humiliation, toute mauvaise parole et tout mauvais traitement, à l’exemple de Jésus, lui offrant amoureusement ce sacrifice, heureux de pouvoir le lui offrir et désirant lui en offrir toujours et toujours davantage

 1.M/510, sur Jn 18,24-40, en C. de  Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 268-269.


Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Luc

33ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 411

(Mc 13, 24-32) Parallele Lc 21, 25-33

(le 15 novembre 2015)

24 En ces jours-là, après une pareille détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ;
25 les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées.
26 Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire.
27 Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.
28 Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche.
29 De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte.
30 Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive.
31 Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas.
32 Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père.
*******

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Luc

33ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 411

(Mc 13, 24-32) Parallele Lc 21, 25-33

 

«Veillez donc, priant en tout temps. »

 

Que vous êtes bon, mon Dieu, et de nous amener à votre amour par la crainte, en nous montrant des visions si terribles, et de nous amener à votre amour par l'espérance, en nous prédisant des bonheurs si célestes, et de nous amener à votre amour en nous donnant de si nombreux conseils sur la manière de vivre en union avec vous.

Veillons et prions sans cesse, veillons, c'est-à-dire: ayons une grande prudence dans nos pensées, nos paroles, nos actions ; je ne dis pas lenteur, mais prudence: tout en étant vif, rapide, énergique, faisons grande attention à tout ce que nous disons, pensons, faisons, afin de ne rien dire, penser, faire qui déplaise à Dieu, qui soit autre que ce que Notre Seigneur ferait, dirait, penserait à notre place. En agissant, en pensant, en parlant, faisons une extrême attention... Et après avoir pensé, parlé, agi, examinons ce que nous avons pensé, dit, fait, pour voir si nous avons fait en tout la volonté de Dieu, fait le plus parfait, fait ce qui plaît le plus à Notre Seigneur, fait ce que Notre Seigneur aurait fait à notre place... Et prions en tout temps: prions en contemplant sans cesse Notre Seigneur, comme Marie et Joseph le contemplaient sans cesse, comme Notre Seigneur contemplait sans cesse son Père, comme sainte Magdeleine, saint Jean contemplaient sans cesse leur Bien-aimé ; comme la sainte Vierge après l'Ascension continuait à contempler sans cesse son Fils... C'est la prière continuelle, celle qui consiste à ne jamais quitter des yeux le Bien-aimé. Prions aussi à certaines heures déterminées, comme Notre Seigneur disait les prières canoniales, comme il s'ensevelissait en certains moments, la nuit surtout, en de longues oraisons solitaires. Prions plus particulièrement encore dans ce dernier genre de prières certains jours, comme il consacrait plus de temps à ces prières les jours de sabbat et de fête... et même certains temps comme il y consacrait certaines périodes toutes entières comme celle de la sainte quarantaine [1].



[1] M/411, sur Lc 21,20-36, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 116-117.


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Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc

32ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 408

(Mc 12, 38-44) parallele Lc 20,45-21,4
(le 8 novembre 2015)


38 Dans son enseignement, il disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques,
39 les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.
40 Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
41 Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.
42 Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.
43 Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres.
44 Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc

32ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 408

(Mc 12, 38-44) parallele Lc 20,45-21,4

 

Le denier de la veuve.

 

Que vous êtes bon, mon Dieu, d'accepter ainsi les dons des pauvres, non seulement de les accepter, mais de les déclarer, quand on donne tout ce qu'on a, supérieurs à ceux des riches, qui tout en donnant beaucoup, ne donnent pas tout leur vivre... Que vos paroles sont douces pour les pauvres, mon Dieu, puisque vous leur rendez possible, facile, de donner autant que les plus riches. Et ces paroles, comme tant d'autres, tendent à nous vider de tout le créé, à nous détacher de tout ce qui n'est pas vous, pour nous faire vous aimer uniquement, ô mon Dieu ! En effet, si les plus pauvres peuvent donner autant que les plus riches, et si les richesses n'ont d'autre avantage que de pouvoir faire l'aumône, à quoi celles-ci sont elles bonnes ? Vous leur faites perdre, par vos paroles présentes, ce seul avantage : elles ne sont donc utiles absolument à rien. (Et en effet : 1°) Dieu infiniment riche, s'il veut faire du bien matériellement aux pauvres, peut le faire sans nous, tandis que nous au contraire, nous ne pouvons le faire sans lui ; 2°) nous-mêmes, par la prière, pouvons bien plus soulager les besoins matériels du prochain que par aucun autre moyen, car, par la prière, nous puisons dans les trésors inépuisables de Dieu.)

Donnons, comme la veuve, tout notre vivre... Soyons généreux... Donnons tout pour Dieu... Dieu nous rendra dans la mesure où il nous faut ; il nous l'a promis : « Cherchez le royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît ». .. Ayons de la foi: donnons tout ce que Dieu veut que nous donnions, sans limite, sans mesure... par obéissance à sa volonté... par amour pour faire ce qui lui plaît, avant tout... en esprit de foi, convaincus que Dieu, à cause de la parole qu'il nous en a donnée, ne peut manquer de nous donner tout ce qu'il nous faut dans la mesure où il nous le faut (non pas toujours peut-être dans la mesure la plus agréable pour notre corps, mais toujours dans la mesure la plus avantageuse pour notre âme)... Soyons donc généreux! Donnons comme la veuve, sans hésiter, tout ce que nous avons, « tout notre vivre » : nous l'avons reçu de Dieu seul. Dieu le redemande et nous ne le donnerions pas ? Donnons-le généreusement, comme elle le donne... Quand même Dieu ne nous le rendrait pas, quand même nous mourrions de faim, pour l'avoir donné, heureux, heureux serions-nous, de mourir de faim pour avoir fait ce que demandait de nous l'amour de Jésus, pour avoir obéi à notre Bien-aimé... Si nous mourons de faim pour cela, si nous souffrons pour cela, nous mourrons par pur amour, nous souffrirons par pur amour : que peut-il nous arriver de plus heureux ? « Heureuses, heureuses mille fois les carmélites de Saint-Joseph d'Avila, si elles mouraient pour un tel motif », disait sainte Thérèse à ses filles... Et en effet, mourir, souffrir pour l'amour du Bien-aimé, qu'y a-t-il de plus fortuné ?.. Soyons donc généreux, généreux sans mesure, puisque cette générosité, quand elle est selon la volonté de Dieu, ne peut, soit dans la vie, soit dans la souffrance, soit dans la mort, que nous apporter le plus doux des biens, l'union à Jésus dans son amour, l'accomplissement de la volonté du Bien-aimé, l'accomplissement de ce qui plaît au Bien-aimé... Et n'ayons pas l'ombre d'estime pour les biens terrestres, ne les recherchons en rien : Dieu est plus riche que nous, il n'a pas besoin de nous pour faire l'aumône aux pauvres ; ce que nous acquérons nous est donné par lui seul, il lui est aussi facile de le donner directement aux pauvres que de le leur donner par nos mains... D'ailleurs par nos prières nous pouvons soulager les infortunés, les pauvres, mille fois plus que par les richesses matérielles, car par elles nous puisons dans les richesses infinies de Dieu... Le plus pauvre solitaire, un Paul ermite, peut par ses prières répandre plus de consolations et d'aumônes sur la terre que les plus riches souverains... Comme sainte Thérèse, par ses seules prières, convertit, dit-on, autant d'âmes que saint François-Xavier par son apostolat... Ne recherchons donc pas les biens matériels, ne leur donnons aucune estime ! Cherchons le seul amour de Dieu, la sainteté, « le royaume de Dieu et sa justice » et soyons sûrs que nous ferons par là le plus grand bien possible, même matériellement, au prochain [1].

 



[1] M/408, sur Lc 20,41-21,4, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997,112-114.

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Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon saint Matthieu

Solennité tous les saints

Mt 5, 1- 12a


01 Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
02 Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
03 « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
04 Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
05 Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
06 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
07 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
08 Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
09 Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
11 Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
12 Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

                                                                                                                                     ********

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon saint Matthieu

Solennité tous les saints

Mt 5, 1- 12a
1er novembre 2015

 

 

« Jésus voyant la foule, monta sur une montagne, il s’y assit et ses disciples l’entourèrent. Ouvrant la bouche, il se mit à les instruire, disant : ... »

 

J'instruis non seulement mes disciples, mais la foule... La montagne des Béatitudes est une colline couronnée d'un plateau pouvant contenir une foule nombreuse ; à une extrémité du plateau est une petite éminence formant comme une tribune naturelle. Assis là au milieu des apôtres, et voyant devant moi toute la foule assise sur le reste du plateau, je parle a tous réunis[1].

 

« Bienheureux les pauvres d'esprit, car à eux est le royaume des cieux. »

 

Ah, mon Seigneur, expliquez-moi cela, je vous en prie. Explique-moi ces béatitudes qui ont une si grande importance dans votre doctrine, ces béatitudes qu'il est si nécessaire de bien connaître pour vous imiter, car elles forment comme un miroir où Vous Vous reflétez. ... Toutes les perfections qu'elles expriment Vous les possédez souverainement. Pour vous imiter il faut les posséder aussi le plus possible. Faites-les moi donc bien connaître, mon Seigneur.

Je Vous le demande, pressé contre Vous, Vous écoutant et Vous regardant, me tenant à vos pieds entre la Ste. Vierge et S. Joseph, durant ces très doux jours de retraite. ...

Les pauvres d'esprit sont ceux qui ont l'âme, l'esprit détaché, dépouillé, nu, vide, libre, dégagé, pauvre, dénué de  tout amour du créé, de tout amour de ce qui n'est pas Dieu, qui ont, en d'autres termes, l'esprit, l'âme, mort, crucifié à tout le créé, à tout ce qui n'est pas Dieu, en un mot qui sont absolument vides de tout attachement au créé. ...

Je les proclame bienheureux, car ils remplissent la condition indispensable pour posséder le ciel ; on ne peut posséder le ciel, sans remplir tous ses devoirs ; le premier devoir est d'aimer Dieu de tout son cœur, et l'exécution de ce premier devoir n'est possible qu'à condition d'avoir le cœur vide de tout ce qui n'est pas Dieu. Pour donner tout son cœur à Dieu, il faut évidemment ne le donner à rien de ce qui n'est pas Dieu, le Lui réserver tout entier, le tenir complètement vide de tout ce qui n'est pas Lui. Avant d'entrer au ciel il faut nécessairement que toute âme remplisse ce premier devoir de se vider, se détacher, se dénuder, se dépouiller de tout amour autre que l'amour de Dieu, et de se remplir entièrement, tout entier du seul amour de Dieu. Si elle ne remplit pas ce premier devoir sur la terre, elle devra l'accomplir au purgatoire. Bienheureux ceux qui l'accomplissent dès cette vie, car à eux dès leur mort appartient « le royaume des cieux » et en cette vie même l'union intime avec Dieu que leur donne Celui-ci en récompense de leur parfait amour, est pour eux comme un ciel anticipé, et fait de leur vie mortelle, dès qu'ils se sont donnés tout à Dieu, en se vidant, s' appauvrissant intérieurement de tout attachement à ce qui n'est pas Lui, comme une aurore, un commencement de la vie céleste et du « royaume des cieux ».

Mon Dieu, la pauvreté extérieure nous est-elle commandée par cette parole ? — Non, je ne parle ici que du détachement intérieur, de la pauvreté d'esprit; la pauvreté extérieure est nécessaire aussi pour mener la vie parfaite sur la terre, puisque j'ai été pauvre dans les trois vies dont j'ai donné l'exemple ; mais ce n'est pas ici que j'en donne le précepte : Je la recommanderai dans plusieurs autres passages. ... La pauvreté d'esprit n'oblige pas à la pauvreté extérieure, car on peut posséder des biens tout en étant parfaitement détaché d'eux; elle est différente en plusieurs points de la pauvreté matérielle, et surtout en ce que celle-ci ne porte que sur les biens matériels, tandis que la pauvreté intérieure, spirituelle, la liberté d'esprit, la pauvreté d'esprit, porte non seulement sur les biens temporels, mais aussi sur tous les biens sensibles, sur le prochain et sur soi-même. Être pauvre extérieurement c'est se débarrasser de l'or et de l'argent ; être pauvre intérieurement, c'est n'avoir plus aucun amour pour rien de ce qui est créé, or, argent, corps, âmes, grâces spirituelles, tout ce qui n'est pas Dieu enfin (excepté l' amour que dieu même ordonne d'avoir ; et Il ordonne d'en avoir un très ardent soit pour ta propre âme, soit pour le prochain). Mais comme ces amours tu ne les as que dans la mesure où Dieu te les ordonne, que parce qu'Il te les ordonne et que tu es prêt à les quitter s'Il te les interdisait, en un mot, comme tu ne les as qu'en vue de Lui, ils disparaissent dans le sien, sont compris dans le sien, enveloppés dans le sien, renfermés dans le sien et il est très vrai de dire (encore que tu aimes ta propre âme et le prochain très vivement) que tu es totalement vide de tout amour de toi, du prochain et de tout le créé et que tu es totalement plein du seul amour de Dieu[2].

 

 



[1] Commentaire sur Mt 5,1-2, en C. de Foucauld, Commentaire de Saint Matthieu. Lecture Commentée de l’Évangile, Nouvelle Cité, Paris 1989, 229.

[2] Commentaire sur Mt 5,3, en C. de Foucauld, Commentaire de Saint Matthieu. Lecture Commentée de l’Évangile, Nouvelle Cité, Paris 1989, 229-231.

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Evangile selon saint Marc
Mc 10, 46-52
25 octobre 2015

46 Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin.
47 Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! »
48 Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »
49 Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »
50 L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus.
51 Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! »
52 Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.
                                                                                                                                        ****

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon saint Marc

30ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 226

Mc 10, 46-52
le 25 octobre 2015

 

«Va, ta foi t'a sauvé!.. Et il vit aussitôt»...

Que Vous êtes bon, mon Dieu, de faire du bien ainsi, non seulement aux âmes immortelles, mais aussi aux corps corruptibles, et de soulager l'homme en tous ses maux! Que Vous êtes bon d'avoir par Vos exemples constants et Vos préceptes répétés étendu les devoirs de charité des hommes entre eux à tous les besoins, toutes les infirmités, tous les maux de l'âme, du corps et du cœur !

Vous faites ces miracles pour diverses raisons, mon Dieu, et pour le bien des âmes, afin de prouver aux assistants et aux races futures la divinité de votre mission, et pour donner à tous les siècles l'exemple en même temps que le précepte de la charité, non seulement envers les âmes, mais aussi envers les corps, et aussi pour le bien des corps et la consolation des cœurs que Vous voulez procurer simplement parce que Vous êtes miséricordieux et bon : « Quoniam bonus quoniam in aeternum misericordia ejus[1] »... Suivons cet exemple. Faisons le plus de bien possible à toutes les âmes et à tous les corps, pour Vous imiter, ô Jésus, pour Vous obéir (Mt 25), pour pratiquer la miséricorde et la bonté, qu'on ne peut aimer sans les pratiquer et qu'on doit aimer pour elles-mêmes, puisqu'elles sont Dieu (elles sont de l'essence divine, Deus charitas est[2]), puis parce que tout homme est membre de Jésus et qu'on fait à la tête, à Jésus, tout ce qu'on fait aux membres (Mt 25) [3].

 



[1] « Parce qu'Il est bon et Sa miséricorde éternelle. »

[2] « Dieu est Amour. »

[3] M/226, sur Mc 10,46-52, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 164-165.


Evangile selon saint Marc
Mc 10, 35-45
18 octobre 2015
35 Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
36 Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
37 Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. »
38 Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
39 Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
40 Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
41 Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
42 Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
43 Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur.
44 Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous :
45 car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
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Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon saint Marc

29ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditations Num. 224 et Num. 225

Mc 10, 35-45
le 18 octobre

 

« Celui d'entre vous qui voudra être le plus grand, sera votre serviteur ; et celui qui voudra être le premier, devra être le serviteur de tous. »

Que Vous êtes bon, mon Dieu, de nous rendre à tous, sans exception, si facile d'être les premiers, les plus grands, d'avoir la première place dans le royaume des cieux !.. Puisqu'il suffit pour cela de descendre, de s'abaisser, de prendre la dernière place sur la terre, d'y servir les autres ; ce que tous, tous, tous peuvent faire avec une facilité infinie...

Servons les autres... Servons-les en leur rendant les plus bas offices, les plus vils, les plus humbles, les plus abjects services, ceux que rendent les valets à leurs maîtres, comme Jésus les rendait à ses parents à Nazareth... Et servons les autres en nous dévouant au bien de leurs âmes et de leurs corps, leur rendant tous les services dont nous sommes capables, en vue de Jésus, dans les seules limites de l'obéissance aux représentants de Dieu... Et, autant que nous le permet cette même obéissance, tenons-nous toujours à la dernière place, comme il convient aux serviteurs, aux valets de tous[1].

 

 

« Le Fils de l'Homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rédemption pour beaucoup. »

Que Vous êtes bon, mon Dieu, Vous qui avez tellement envoyé Votre Fils pour notre bien qu'il résume dans ces deux mots la mission que Vous lui avez donnée sur la terre et qu'il a accomplie en vue de Vous, pour Vous aimer et Vous obéir : servir les hommes et les racheter!.. Envoyer Votre Fils dans le monde pour y accomplir un tel ouvrage, Vous Dieu Tout-Puissant, que Vous êtes divinement bon !

Servons et rachetons les hommes... Imitons Jésus !.. Servons-les comme Il les a servis ; de deux manières : servons-les en leur rendant les plus bas offices, les plus vils, les plus humbles services, des services de valets, comme faisait Jésus servant ainsi Ses parents à Nazareth... Servons-les en leur rendant dans leurs âmes d'abord, dans leurs corps ensuite, tous les services en notre pouvoir, en leur faisant tout le bien en notre pouvoir, sans autres limites que celles que nous impose l'obéissance à ceux qui représentent Dieu pour nous... Et rachetons les hommes avec Jésus, en priant, faisant des pénitences, offrant à Dieu des communions, des messes, des mérites, pour tous les hommes, et faisant par tous les moyens que l'obéissance met entre nos mains, du bien aux âmes, le plus de bien possible, au plus grand nombre d'âmes possible, sans autres limites que celles que nous impose la sainte obéissance [2].

 



[1] M/224, sur Mc 10,35-44, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 163.

[2]M/225, sur Mc 10,45, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 163-164.

Evangile selon saint Marc
Mc 10, 17-30

(11 octobre 2015)

17 Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
18 Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
19 Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. »
20 L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »
21 Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »
22 Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
23 Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
24 Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu !
25 Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
26 De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »
27 Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »
28 Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. »
29 Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre
30 sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.

 

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Marc

28ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 221 et Num. 222

Mc 10, 17-30

 

«Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel, et viens, suis-moi. »

Merci, mon Dieu, de nous donner cette loi, cette règle générale de la vie parfaite, et d'établir ainsi de votre propre bouche, si nettement, ce qu'il faut faire pour être parfait, pour Vous plaire entièrement, pour ne pas suivre seulement les commandements, mais encore les conseils... Ces quelques mots s'adressent à tous ceux qui veulent « courir à l'odeur de Vos parfums », qui veulent ne rien Vous refuser, se donner pleinement à Vous, Vous glorifier le plus possible sur la terre, et pour cela Vous aimer, Vous obéir, Vous imiter aussi parfaitement que le peuvent des créatures.

Quiconque veut Vous glorifier le plus possible, mon Dieu, et pour cela Vous aimer, Vous obéir, Vous imiter le mieux possible, doit, à moins que l'obéissance à Vos représentants ne le lui défende, 1°: se dépouiller de tous ses biens matériels ; 2° suivre Jésus comme Le suivaient Ses apôtres, c'est-à-dire, en l'imitant parfaitement à l'intérieur et à l'extérieur, en conformant entièrement notre âme à la Sienne, embrassant, faisant nôtres toutes Ses pensées, Ses sentiments, Ses affections, rendant notre âme et notre cœur semblables aux Siens... et conformant entièrement notre vie extérieure à la Sienne, partageant en tout Sa vie extérieure comme le faisaient les apôtres, Le suivant pas à pas et ayant part à Sa pauvreté, à Son abjection, à Ses fatigues, à Ses travaux, à Ses persécutions, à Ses rebuts, à toutes Ses peines et à tous les traitements bons ou mauvais qu'on Lui faisait... Selon cette loi de la perfection que Vous nous donnez, ce code, cette règle que Vous déterminez, on parvient à la perfection fort simplement, sans cette multitude de moyens indiqués dans les livres, par deux degrés qui sont : 1° la pauvreté volontaire unie à la charité envers les pauvres, 2° soin continuel à Vous imiter en tout [1].

 

 

Merci, Mon Dieu, de nous montrer avec cette charité et les écueils à éviter et la voie à suivre... Les écueils : la richesse, toutes les douceurs qu'on trouve dans les créatures ;... la voie : la pauvreté, l'abandon de la famille, des biens, de tout le créé.

Quittons nos champs, nos maisons, nos pères, nos mères, nos frères, nos sœurs, nos amis, quittons biens, êtres chéris, tout ! Quittons tout le créé et nous recevrons, non pas cent fois autant en créatures, comme le veulent des malheureux qui n'ont assurément quitté ces choses que de corps et non d'esprit (et sont bien loin d'être pauvres d'esprit), puisqu'ils aspirent à recevoir dès ce monde cent fois plus de ces mêmes biens sensibles qu'ils disent avoir quittés pour Dieu... Plaisante pauvreté d'esprit qui désire avoir cent fois plus de jouissances matérielles, terrestres, sensibles, dans la vie religieuse qu'on en avait dans le monde... Saint Jérôme se moque de ces pauvres d'esprit qui « quittent une femme», dit-il, pensent-ils en recevoir cent de la main de Dieu?.. Et le saint docteur ajoute: non, ils ne recevront pas le centuple en biens sensibles, mais ils recevront des grâces spirituelles dont la valeur sera cent fois plus grande que n'était celle des biens sensibles qu'ils ont quittés pour Dieu... Plus nous quitterons tous les biens sensibles pour Dieu, plus Il nous donne à la place de biens spirituels, voilà ce que veut dire ce passage ; plus nous quittons du naturel, plus nous recevons du surnaturel... Plus nous faisons le vide en nous, plus Dieu nous remplit de Sa grâce... Plus nous sommes pauvres du créé, plus nous sommes riches du divin... Quand nous avons quitté tout le naturel, tout le créé, que nous avons vidé parfaitement notre âme de tout ce qui n'est pas Dieu, que nous sommes parfaitement pauvres d'esprit, que notre esprit n'a gardé aucune attache à rien de ce qui n'est pas Dieu, qu'il est entièrement dépouillé et nu de tout le créé, alors Dieu qui entre en nous dans la proportion où nous nous vidons de ce qui n'est pas Lui, se donne à nous pleinement, nous remplit entièrement, s'unit complètement à nous, s'installe en notre âme et y fait Sa demeure ; alors c'est l'état d'union, le ciel sur la terre. « Ce n'est plus nous qui vivons, mais c'est Jésus qui vit en nous »... Faites-nous la grâce de parvenir là, mon Dieu, nous le devons tous [2].

 

 



[1] M/221, sur Mc 10,17-21, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 160.

[2] M/222, sur Mc 10,22-31, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 161-162.



Evangile selon saint Marc
Mc 10, 2-16

(4 octobre 2015)

02 Des pharisiens l’abordèrent et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
03 Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? »
04 Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
05 Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle.
06 Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme.
07 À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère,
08 il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
09 Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
10 De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
11 Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle.
12 Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
13 Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.
14 Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
15 Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
16 Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

 

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon saint Marc

27ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 220

Mc 10,2-16

 

Mon Dieu, que Vous êtes bon, que Vous êtes tendre pour les enfants : « Vous les embrassez, Vous leur imposez les mains ! Vous les bénissez. » Oh que cela est doux, que cela est tendre !.. Mon Dieu! que Vous êtes bon, tendre!.. Cœur de Jésus, comme Vous êtes «humble et doux», comme Vous Vous inclinez miséricordieusement, avec une maternelle tendresse, vers les plus petits d'entre nous !

Soyons bons, tendres, pleins de douceur pour tous, comme Jésus ; aimons, embrassons comme Lui les petits enfants, ayons pour tous un cœur de mère... Aimons-les, et parce qu'ils sont membres de Jésus, portion de Jésus, et parce que Jésus les a aimés, aimés non seulement jusqu'à les embrasser, mais jusqu'à embrasser pour eux la croix et y mourir ; parce qu'ils sont purs, innocents, en état de grâce, en amitié avec Dieu, comme les anges,... parce qu'ils sont faibles, ignorants, qu'ils ont une foule de besoins et qu'ils comptent parmi ces membres de Jésus auxquels nous devons des soins, des attentions toutes particulières, à cause de leurs besoins... pour imiter Jésus enfin !..

Aimons d'ailleurs tous les hommes et surtout ceux qui ont plus de besoins, ces pauvres, ces nus, ces infirmes, que Notre-Seigneur nous a tant recommandés, nous rappelant si fortement qu'ils sont Ses membres, qu'ils sont quelque chose de Lui, qu'ils sont une portion de Lui-même (Mt. 25) !.. Les religieux, les apôtres, les prêtres, les âmes consacrées à Dieu sont le sel de la terre ; c'est-à-dire que ce sont elles qui empêchent par leur sainteté, leurs prières, leur vie de victimes, leur réaction contre l'esprit du monde, le monde de tomber en pourriture, (comme le sel empêche la chair de tomber en décomposition) ; que les religieux ne cessent donc pas d'avoir ces qualités, d'être saints, d'être des âmes de prière, d'être pénitents, de réagir sans cesse contre l'esprit du monde; dès qu'ils ne les auront plus, ils ne seront qu'un sel affadi, digne du mépris de Dieu et des hommes... «Ne séparons pas ce que Dieu a uni», soit dans le mariage, soit dans les autres unions que Dieu a faites ; ne contrarions pas son œuvre ; ne défaisons pas ce qu’Il a fait; quand Il a fait une chose, ne la changeons pas de nous-mêmes, ne changeons rien, tant que Lui-même ne nous dit pas de modifier... Respectons l'action de Dieu, et n'y mêlons pas notre propre action [1].

 



[1] M/220, sur Mc 9,48-10,16, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 158-159.

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Evangile selon saint Marc
Mc 9, 38-43.45.47-48
38 Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
39 Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
40 celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
41 Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
42 « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer.
43 Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas.
45 Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
47 Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux,
48 là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.
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Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon saint Marc

26ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 219

Mc 9, 38-43.45.47-48

 

 

« Couper notre bras droit, s'il nous scandalise »...

Merci, mon Dieu, de nous donner avec tant d'insistance un avertissement si salutaire, avertissement qui renferme à lui seul toute la doctrine de beaucoup de livres spirituels, lesquels ne font qu'enseigner sous mille formes : Coupez, retranchez tout le créé, tout le naturel, videz-vous de tout le créé, car ce n'est qu'obstacle à l'union avec Dieu, et alors vous serez plein de Dieu.

Coupons, retranchons toute occasion de faute, de péché, afin de nous sauver : C'est la crainte de Dieu, « le commencement de la sagesse »... Coupons, retranchons, tout le créé, tout le naturel, car tout cela nous distrait du pur amour de Dieu. C'est l'amour de Dieu, c'est la sagesse parfaite ; une fois que c'est accompli, c'est l'union avec Dieu, le ciel sur la terre [1].

 

 



[1] M/219, sur Mc 9,37-47, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 158.

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Evangile selon saint Marc
Mc 9, 30-37

30 Partis de là, ils traversaient la Galilée, et Jésus ne voulait pas qu’on le sache,
31 car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
32 Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.
33 Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »
34 Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
35 S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
36 Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit :
37 « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon Saint Marc

25ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 218

Mc 9, 30-37

 

« Quiconque reçoit un de ces petits en Mon nom me reçoit »...

Que Vous êtes bon, mon Dieu ; Vous aimez tant les hommes que Vous déclarez qu'ils font partie de Vous, qu'ils sont Vos membres, Votre corps, et que, par conséquent, tout ce qu'on fait à l'un d'eux, on le fait à l'un de Vos membres, à Votre corps, à Vous-même !

Tout ce que nous faisons à un humain, en bien ou en mal nous le faisons à un membre de Jésus, à une portion de Son corps, à Lui-même. .. Ayons donc un soin infini, qui n'aura d'autre mesure que la mesure de notre amour pour Jésus, à faire le plus de bien possible, (bien spirituel à l'âme, consolation au cœur, bien temporel au corps), à Jésus en faisant le plus de bien possible au plus grand nombre possible de Ses membres... et comme les membres de Jésus ont des besoins divers, que les uns en ont beaucoup, les autres moins, commençons comme tout amour intelligent, par rendre les soins nécessaires, à ceux de ses membres qui en ont un pressant besoin, avant d'oindre de parfums ceux de ses membres qui n'ont pas un besoin pressant de nos services: Ainsi, pansons Ses plaies dans les malades, baignons Ses pieds fatigués dans les hôtes, soutenons la faiblesse de Son âge dans les enfants et les vieillards, nourrissons-Le dans Sa faim, couvrons-Le dans Sa nudité, faisons-Lui l'aumône dans Sa pauvreté, avant de parfumer Ses cheveux en faisant des cadeaux aux riches : assurément les riches sont dignes d'autant d'amour et d'honneur que les pauvres, mais il faut « ordonner la charité ».

Parmi les membres de Jésus les plus besogneux, sont les enfants dont l'âme a tant besoin d'être formée et instruite, conduite à Dieu, le corps besoin d'être soigné, le cœur besoin de vivre dans une atmosphère d'amour pour s'attendrir et devenir bon, tendre, affectueux. Quiconque élève des enfants, élève donc Jésus enfant ! Quelle grâce des grâces ! [1].

 

 



[1] M/218, sur Mc 9,35-36, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 157-158.

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon Saint Marc
Evangile selon saint Marc
Mc 8, 27-35

27 Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples :
 « Au dire des gens, qui suis-je ? »
28 Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. »
29 Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. »
30 Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.
31 Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.
32 Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches.
33 Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
34 Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.
35 Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon Saint Marc

24ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Meditation Num. 212

Mc 8, 27-35
 

 

Que vous êtes bon, mon Dieu, de reprendre si vivement Saint Pierre, pour notre instruction à tous, de ce qu'il ne goûtait pas la croix ! Que Vous êtes bon de nous montrer par la vivacité de Vos paroles combien la croix est du goût de Dieu, combien aimer la croix, chercher la croix, désirer, demander la croix à Dieu, c'est avoir le même goût que Dieu; et combien fuir, tâcher d'éviter la croix, c'est avoir le même goût que le monde... Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous apprendre ici d'une manière si vive et si péremptoire que tous tant que nous sommes, si nous voulons avoir le même goût que Dieu, imiter Dieu, être unis à Dieu, il faut désirer, chercher la souffrance, la croix ! Merci, mon Dieu, de nous dire ici si nettement cette vérité que Vous nous avez enseignée par tant de paroles et d'exemples, mais qui, malgré tout, par la ruse du démon et la lâcheté de notre nature, semble être sans cesse en travail pour s'effacer de notre pensée.

Aimons, cherchons, désirons, demandons la croix, la souffrance, en disant toujours, des lèvres et du cœur: «Toutefois, non ma volonté, mais la vôtre », et en restant en tout dans l'obéissance à Dieu et à ses représentants, dans nos désirs comme dans nos actes, car « l'obéissance vaut mieux que le sacrifice », car nous devons porter non une croix quelconque, mais celle que Dieu nous destine, et nous devons porter, non celle qui nous plaît, mais celle qui glorifie le plus Dieu, et que Lui seul connaît... Aimons, cherchons, désirons, demandons la croix toujours, toujours, et par la prière, et en la demandant à notre directeur spirituel... Mais restons dans une parfaite obéissance, car nos croix ne glorifient Dieu qu'à condition de nous être données par Lui-même, par Sa propre main ou par celle de ses représentants... Et chaque fois que la croix nous est donnée, demandée ou non, attendue ou non, baisons-la avec amour, embrassons-la de tout notre cœur, portons-la amoureusement, gardons-nous de la laisser tomber, et de la jeter à terre, portons-la comme Notre-Seigneur, jusqu'à tomber sous son poids... Il est tombé trois fois sous son poids durant le chemin de croix, pour nous apprendre à ne la quitter jamais, mais à la porter toujours, toujours, sans la lâcher, dussions-nous tomber et retomber sous elle... Après tout, pourquoi nous est donnée cette vie, si ce n'est pour porter notre croix, jusqu'à tomber avec Notre-Seigneur Jésus et être cloué sur elle comme Son vrai frère, partageant Ses tourments pour participer à Ses bonnes œuvres et partager Sa gloire... Si Jésus a tant souffert, s'il nous a dit de l'imiter, n'est-il pas évident qu'il veut que tous nous souffrions... S'il nous a dit que la deuxième condition pour être Son disciple c'est de porter notre croix chaque jour, n'est-ce pas parce qu'il veut que la souffrance soit notre pain quotidien ?.. Mon Seigneur Jésus, daignez, je Vous en prie, bien me pénétrer du prix, de la nécessité de la souffrance, du soin avec lequel nous devons porter amoureusement notre croix chaque jour, afin que nous goûtions ainsi ce qui est de Dieu et que nous ne goûtions pas ce qui est du monde [1].

 

 



[1] M/212, sur Mc 8,27-33, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 148-149.

Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon Saint Marc
Evangile selon saint Marc
Mc 7,31-37

31 Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole.
32 Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler et supplient Jésus de poser la main sur lui.
33 Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue.
34 Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! »
35 Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement.
36 Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient.
37 Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. »


Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Marc

23ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(6 septembre 2015)

Meditation Num. 208

Mc 7,31-37
 

Que vous êtes bon, mon Dieu, que Vous êtes bon de guérir ce pauvre être malade ! Et que Vous êtes bon de gémir sur lui !.. Permettez à Votre petit enfant, mon Dieu, de Vous demander comment Vous gémissez, Vous qui voyez Dieu dans la vision béatifique, Vous dont la volonté est parfaitement conforme à la Sienne, qui voulez la maladie de cet être comme Dieu Lui-même la veut, d'une certaine manière au moins, en la permettant ?.. Tout en voyant Dieu face à face, je suis homme, par conséquent passible tant que je suis mortel, et malgré le bonheur infini dont jouit sans cesse mon âme dans la vision de Dieu, je souffre de tout ce qui fait souffrir un cœur bon et tendre, des douleurs de ceux que j'aime, de l'absence, de la mort de mes amis, de tout ce qui naturellement, nécessairement fait souffrir un cœur mortel bon et tendre ; la vision béatifique ajoute à la nature humaine une grâce infinie, mais ne détruit pas cette nature ; il en est de même de la conformité à la volonté de Dieu ; je veux pleinement tout ce que Dieu veut, mais parfois je le veux en en souffrant; en moi la nature humaine est revêtue de grâces infinies, de perfections infinies, mais elle reste passible, et par là même nécessairement, naturellement, je souffre de tout ce qui d'après la qualité des choses, doit faire souffrir une nature comme la nature humaine !.. J'en souffre tout en les voulant pleinement, tout en jouissant ineffablement dans le fond de mon âme de la vision de Dieu.

Charité, charité envers les corps et envers les âmes, mais celles-ci d'abord, envers les corps ensuite, mais envers tous deux toujours ; charité qui dans les sentiments du cœur ne doit être bornée que par l'amour de Dieu qui seul les surpasse et qui surpasse tout, charité qui dans ses manifestations extérieures ne doit être bornée que par les prescriptions du directeur spirituel, par l'obéissance aux représentants de Dieu [1].

 



[1] M/208, sur Mc 7,31-37, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 143.


Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon Saint Marc
Evangile selon saint Marc
Mc 7,1-8.14-15.21-23

01 Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus,
02 et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.
03 – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ;
04 et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats.
05 Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. »
06 Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi.
07 C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.
08 Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »

14 Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien.
15 Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »

21 Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres,
22 adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.
23 Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »


Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Marc

22ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(30 août 2015)

Meditation Num. 206

Mc 7,1-8.14-15.21-23
 

Merci, mon Dieu, de tous les enseignements que Vous nous donnez ici!.. Et merci de nous donner ces enseignements malgré les persécutions des pharisiens qui s'indignent de Vous entendre nous parler ainsi... Que vous êtes bon de nous faire tant de bien, de nous donner si largement tous les moyens de salut dont nous avons besoin, et de nous les donner au prix de tant de fatigues, de peines, de périls !

Par Votre exemple Vous nous enseignez le courage à dire la vérité, même quand elle doit déplaire, même quand elle doit nous attirer des contradictions, des inimitiés, des persécutions, des peines, des périls... Vous nous apprenez à n'attacher aucun prix aux institutions humaines quand elles ne s'accordent pas avec les enseignements divins, mais au contraire à les arracher sans pitié et à les faire disparaître pour laisser croître à leur place celles que Vous-même, ô mon Dieu, avez plantées et dont les racines sont dans le St Évangile, dans Votre loi, dans les lois de l'Église... Arrachons sans crainte, sans ménagement, avec zèle et courage, toutes les institutions si anciennes qu'elles soient, si autorisées qu'elles soient par un long usage et l'attachement qu'on a pour elles, quand elles contredisent Vos enseignements, ô Jésus, quand elles montrent, par leur désaccord avec Vos paroles, Vos exemples, Vos lois, Vos conseils, qu'elles ne sont pas plantées par Votre main... Arrachons sans hésiter tout le mondain, toute la vanité, tout ce que Vous n'avez pas planté par Vos paroles ou Vos exemples et faisons tous nos efforts pour faire croître à la place, ce qu'a planté Votre main bien aimée, ô Jésus, ce qui fleurit de Vos paroles et de Vos actions... Et puis n'oublions jamais que ce ne sont pas les observances, les cérémonies extérieures qui ont de l'importance, qui rendent saint, mais les actes intérieurs ; les actes extérieurs n'ont de prix que parce qu'ils aident à produire, à conserver les actes intérieurs, ou qu'ils en sont les effets nécessaires: «Toute la beauté de la reine est au-dedans», toute la beauté des actes est dans les sentiments qui les font accomplir, qui les accompagnent... Ainsi attachons-nous toujours, toujours, aux actes intérieurs ; et aux extérieurs ne nous attachons que dans la mesure où ils sont unis aux actes intérieurs, soit qu'ils facilitent leur production, soit qu'ils doivent nécessairement en résulter [1].



[1] M/206, sur Mc 7,1-23, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 140-141.




Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Évangile selon Saint Jean
Evangile selon saint Jean
Jn 6, 60-69

60 Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »
61 Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?
62 Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !...
63 C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
64 Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.
65 Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
66 À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.
67 Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
68 Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
69 Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »


Charles De Foucauld: Commentaires sur l’Evangile selon st Jean

21ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(23 août 2015)

Meditation Num. 452

Jn 6, 60-69

 
 

« Personne ne peut venir à moi, s'il ne lui a été donné par mon Père. »

Que vous êtes bon, mon Dieu, non seulement d'appeler tout le monde à vous, en mourant pour tous les hommes, en donnant à tous les hommes pour devoir de vous aimer de tout leur cœur, de tout leur esprit, de toute leur âme, de toutes leurs forces, et en leur donnant à tous la grâce suffisante et pour se sauver et pour vous aimer parfaitement selon leur devoir, mais encore d'appeler certaines âmes à vous d'une manière plus spéciale en ajoutant à cette grâce suffisante d'autres grâces, des grâces particulières, des grâces efficaces et pour leur salut, et pour le parfait amour!.. Que vous êtes bon, ô mon Dieu, et que vous comblez les hommes au-delà de toute mesure !

Tous les hommes sont appelés au salut, qui consiste dans l'accomplissement des commandements, et reçoivent pour cela la grâce suffisante... Tous les hommes sont appelés à aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur esprit, de toutes leurs forces, ce qui consiste, dans le Nouveau Testament, dans l'accomplissement des conseils (c'est-à-dire de la vie religieuse, chasteté, pauvreté, obéissance), et reçoivent pour cela la grâce suffisante... Une partie seulement des hommes reçoit, outre cette grâce suffisante, des secours particuliers, des grâces efficaces soit pour le salut, soit pour la pratique de la vie religieuse... De sorte que, bien que tout le monde soit appelé et au salut et à la vie religieuse, en ce que tout le monde reçoit la grâce suffisante pour l'une et pour l'autre, il est vrai aussi que, comme le dit ici Notre Seigneur, tout le monde n'est pas appelé, en ce que tout le monde ne reçoit pas la grâce efficace, tous ne la reçoivent ni pour le salut, ni pour la pratique de la vie religieuse... Ne soyons pas infidèles à la grâce; nous pouvons tous par notre fidélité rendre efficaces les grâces suffisantes que nous avons reçues et non seulement faire notre salut, mais le faire dans l'accomplissement des devoirs du parfait amour, c'est-à-dire dans la vie religieuse... Que nous sommes heureux! Non seulement le salut, mais la sainteté est entre nos mains !.. Il dépend de nous d'aimer notre Dieu, notre Bien-aimé parfaitement : quel bonheur divin ! Merci ! Merci! Mon Dieu [1]!

 



[1] M/452, sur Jn 6, 59-72, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 169-170.


Evangile selon saint Jean
Jn 6, 51-58
51 Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
52 Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
53 Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
58 Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

Charles De Foucauld: Commentaires à l’Evangile selon saint Jean

20ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(16 août 2015)

Meditations Num. 450 et Num. 451

Jn 6, 51-58

 

« Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, vous n'aurez pas la vie en vous. »

Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous faire un précepte si sévère de la chose du monde qui nous est la plus douce !.. Que vous êtes bon, fidèle à votre dessein d'« allumer un feu sur la terre», de prendre, en instituant la sainte Eucharistie et en nous ordonnant si fortement de la recevoir et de la recevoir souvent, un moyen si fort pour nous unir à vous par l'amour, pour nous établir dans votre amour!.. Nous unir à vous par la sainte communion, nous unir à ce point à votre cœur qui bat quelques instants en nous, à votre corps qui est quelques instants dans notre corps, à votre âme qui se trouve quelques instants dans notre corps avec notre propre âme, quoi de plus propre, mon Dieu, à « allumer en nous ce feu » de l'amour divin que vous êtes venu porter sur la terre ? Ô mon Jésus, comment n'aimerions-nous pas Dieu, quand vous l'aimez vous-même en nous si souvent ? Comment n'aimerions-nous pas Dieu, quand la source de toute perfection et de tout amour s'unit à nous si étroitement ?.. Quand Dieu lui-même se serre contre nous, entre en nous, si tendrement, si suavement, si bienheureusement!.. Oui, de plus en plus, dans ce quatrième Évangile, vous nous établissez dans votre amour par la vie de foi, l'obéissance, la sainte Eucharistie, après nous y avoir préparés, dans les trois autres, par le détachement, le vide de toutes les jouissance sensibles.

Communions aussi souvent que nous le pouvons ; ne communions pas, que lorsqu'il y a impossibilité matérielle ou que nous avons la certitude, en conscience, que la volonté de Dieu est que nous ne communiions pas. Et tâchons, par les moyens que Dieu nous donne, suivant la mission que nous recevons de lui, de faire que le plus grand nombre d'âmes possible reçoivent la sainte communion aussi souvent que Dieu le demande d'elles [1].

 

« Comme je vis par mon Père, ainsi celui qui me mange vit par moi. »

Que vous êtes bon, mon Dieu, et quelle parole infiniment douce!.. «Vivre par vous», vivre de vous, de votre inspiration, vivre non plus de notre vie naturelle, mais de votre vie divine, vivre de telle manière que nous pouvons dire comme saint Paul : « Ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus qui vit en moi »... Voilà la vie que produira en nous la sainte communion, si nous la recevons dignement, voilà l'effet qu'elle doit produire, voilà ce à quoi vous nous invitez, voilà ce que vous voulez établir en nous en nous ordonnant de communier, de communier souvent... Que vous êtes bon, mon Dieu !.. Que vous êtes bon, non seulement de vous donner à nous dans la sainte communion, ce qui est déjà une grâce sans pareille et sans nom, mais encore de nous ordonner de la recevoir souvent, et enfin, pour porter le comble à des bontés qui semblent ne plus pouvoir être augmentées (à Dieu tout est possible), de nous apprendre l'effet quelle produira en nous, un effet si divin qu'il doit être l'objet de tous nos désirs, de toutes nos prières, qu'il suffit pour faire que nous fassions en tout le plus parfait, que nous glorifiions Dieu autant qu'il le veut de nous, que nous fassions en tout sa volonté, que nous lui plaisions à tout instant autant qu'il nous est possible, cet effet, c'est qu'en nous comme en saint Paul, «ce ne soit plus nous qui vivions, mais Jésus qui vive en nous»... Mon Dieu, que vous êtes bon de poursuivre avec cette force, cette constance, ce but si bienheureux pour nous «d'allumer un feu sur la terre», d'allumer en tous les hommes le feu de l'amour de Dieu ! Avec quelle joie vous nous établissez dans l'amour divin par la sainte Eucharistie, puisque par elle vous faites que «ce n'est plus nous qui vivons en nous, mais Jésus qui vit en nous ». C'est l'amour parfait que vous établissez dans nos cœurs par la sainte Eucharistie... En nous la donnant, «vous nous aimez jusqu'à la fin», non seulement parce que vous nous aimez jusqu'à l'excès le plus incompréhensible, le plus surhumain, le plus divin, mais encore parce que vous nous aimez jusqu'à produire l'effet, jusqu'à atteindre le but, « la fin » que vous poursuivez par toutes vos paroles, tous vos exemples, c'est-à-dire, l'établissement dans nos cœurs de l'amour de Dieu par-dessus tout... Combien merveilleusement vous atteignez « cette fin » par la sainte Eucharistie, puisque par elle, comme vous nous le dites ici, « ce n'est plus nous qui vivons, c'est Jésus qui vit en nous», «nous vivons par Jésus, comme il vit par son Père » !

Demandons sans cesse à Dieu d'accomplir en nous cette « fin » de ses enseignements, de ses paroles, de ses exemples, cette fin de la sainte Eucharistie elle-même, cette fin qui contient toute perfection possible et qui consiste en ce que «ce ne soit plus nous qui vivions en nous, mais Jésus qui vive en nous». Que ce soit notre prière, notre désir de toute heure, en vue de Dieu, en vue de sa gloire... Et demandons-la pour tous les hommes comme pour nous-mêmes en vue de Dieu [2].



[1] M/450, sur Jn 6, 53-54, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 167-168.

[2] M/451, sur Jn 6, 55-58, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 168-169.

Evangile selon saint Jean
Jn 6, 41-51
41 Les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. »
42 Ils disaient : « Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : “Je suis descendu du ciel” ? »
43 Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous.
44 Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
45 Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi.
46 Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père.
47 Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit.
48 Moi, je suis le pain de la vie.
49 Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ;
50 mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas.
51 Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Charles De Foucauld: Commentaires à l’Evangile selon saint Jean

19ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(9 août 2015)

Meditation Num. 449

Jn 6,41-51

 

« Le pain que je vous donnerai est ma chair. »

Mon Dieu, que vous êtes divinement bon ! Vous nous « aimez jusqu'à la fin »... Jusqu'à la fin de votre infini amour et de votre infinie puissance, semble-t-il, si cela était possible... Vous nous donnez tout ce que vous êtes, humanité, divinité, votre divine personne, votre double nature, tout entier vous entrez en nous, dans notre corps, dans notre bouche, tout entier vous vous unissez à notre âme... S'unir, c'est l'idéal de l'amour... S'unir au point d'avoir en soi, complètement en soi, le Bien-aimé, c'est ce que l'amour peut entrevoir de plus fortuné... L'amour humain ne peut même en imaginer la possibilité ; il se perd et se consume en aspirations impuissantes, mais, comme dit Bossuet, « Ce qui est impuissance dans l'amour humain est réalité dans l'amour divin »... « Defecit in te anima mea. » Que nous sommes heureux, mon Bien-aimé!

À moins d'impossibilité, à moins de la volonté de Dieu, nettement exprimée et nous en empêchant, ne manquons jamais de recevoir la sainte Communion... Ne perdons jamais une communion par notre faute, par notre négligence, par notre lâcheté, par notre volonté... Si Dieu nous en écarte, soumettons-nous amoureusement à cette privation du plus doux des biens, comme à tout; mais par notre propre volonté, jamais ne perdons une communion ! Et puisque cet acte divin de la sainte Communion glorifie tant Dieu, efforçons-nous et par nos prières et, quand Dieu nous en donne mission, par nos autres œuvres, de porter les autres âmes à recevoir le bon Dieu aussi souvent qu'il le veut d'elles[1].

 



[1] M/449, sur Jn 6, 41-52, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997,166.

Evangile selon saint Jean
Jn 6, 24-35
24 Quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus.
25 L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
26 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés.
27 Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
28 Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »
29 Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
30 Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?
31 Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
32 Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
33 Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
34 Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. »
35 Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.

Charles De Foucauld: Commentaires à l’Evangile selon Saint Jean

18ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(2 août 2015)

Meditation Num. 445

Jn 6,24-35

 

«L'œuvre de Dieu c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. »

Que vous êtes bon, mon Dieu, vous qui nous donnez ce principe général, ce principe de direction qui suffit pour conduire toute notre vie, ce principe que l'Esprit Saint a développé ensuite dans presque tous les livres de saint Paul : l'œuvre de Dieu, c'est la foi, la sainteté c'est la foi, la volonté de Dieu, la perfection, la gloire de Dieu, ce qui plaît à Dieu, de notre part, d'une manière parfaite, c'est la foi... La foi de l'âme et la foi dans les œuvres, l'une et l'autre réunies composent la foi vraie, la foi vivante : une foi sans œuvres ne serait pas la foi, ce serait une foi morte, ce serait une dérision de la foi.

Croyons, croyons en ce que Dieu veut que nous croyons, en ce que l'Eglise nous enseigne, en ce que nous disent, en son nom, ceux à qui il a dit : « Qui vous écoute, m'écoute »... Croyons et faisons ce que la foi nous apprend être la volonté de Dieu; cette pratique fait partie de la foi ; la foi sans elle ne saurait plaire à Dieu, car croire que Dieu veut de nous telle chose et ne pas le faire, loin d'être un honneur rendu à Dieu, est lui faire la plus grave injure... Croire ce que Dieu nous enseigne et ne pas le faire, loin d'être un mérite, est un motif de châtiment plus grave, selon cette parole : « Celui qui a ignoré la volonté de son maître, et ne l'a pas faite, sera puni légèrement ; mais celui qui l'a connue et ne l'a pas faite, sera puni très sévèrement »... En ramenant tout à la foi, vous ramenez donc tout à l'obéissance, cette obéissance fille aînée de l'amour, premier effet de l'amour, quand l'amour s'adresse à un Être infaillible, cette obéissance indissolublement liée à l'amour de Dieu, et par la nature même de l'amour, et d'après la parole infaillible de Notre Seigneur : « Celui-là m'aime qui accomplit mes paroles. » [1]



[1] M/445, sur Jn 6, 22-29, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997,162-163.

Evangile selon saint Jean
Jn 6, 1-15
01 Après cela, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade.
02 Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades.
03 Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples.
04 Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche.
05 Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? »
06 Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire.
07 Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. »
08 Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit :
09 « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »
10 Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes.
11 Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient.
12 Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. »
13 Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.
14 À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. »
15 Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.

Charles De Foucauld: Commentaires à l’Evangile selon saint Jean

17ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(26 Juillet 2015)

Meditations Num. 444

Jn 6, 1-15

 

«Jésus, voyant qu'ils voulaient le faire roi, s'enfuit seul dans la montagne. »

Merci, mon Dieu, de nous donner cette double leçon : leçon de fuite des honneurs même les plus mérités, leçon de solitude ! Toujours, mon Dieu, vous poursuivez votre même but : nous faire aimer Dieu de tout notre cœur. Vous disposez ici nos cœurs à cet amour en les vidant de l'amour des honneurs, de la gloire, de tout ce qui est grand aux yeux des hommes, et en les vidant de l'amour de la société, de la famille, des amis, des relations avec les humains... Que vous êtes bon, mon Dieu, de poursuivre avec cette constance un but qui est pour nous toute félicité...

Refusons tout honneur, même juste, même mérité, même avantageux en apparence pour les âmes, à moins que l'obéissance ne nous oblige à l'accepter (soyons sûrs que, quand l'obéissance à notre directeur ou (à son défaut) à la volonté de Dieu clairement exprimée et consciencieusement reconnue ne nous oblige pas à l'accepter, les âmes, loin de perdre en réalité, gagnent tout à ce que nous imitions Jésus «notre voie», Jésus toute perfection, bien qu'en apparence elles puissent sembler y perdre... L'exemple d'imitation de Jésus, l'exemple d'humilité que nous leur donnons vaut mieux que le bien problématique que nous eussions fait autrement... Si Dieu avait jugé le contraire, il nous aurait fait commander par l'obéissance ou manifesté clairement sa volonté.) — Cherchons toujours la solitude, quand la volonté de Dieu ne nous pousse pas parmi les hommes... Notre Seigneur a vécu à Nazareth dans la solitude des cénobites, au désert dans la solitude des ermites, dans sa vie publique, jeté par la volonté de Dieu dans le monde, il se réserve de nombreux moments de retraite et de solitude... À son exemple, embrassons, selon la vocation que Dieu nous donne, soit la solitude des cénobites, soit celle des ermites, soit, si Dieu nous donne mission d'exercer la vie apostolique, cette triple retraite, cette triple solitude qui consiste dans la solitude continuelle de l'âme adorant Dieu dans le sanctuaire intérieur d'elle-même, dans la solitude quotidienne de l'âme se recueillant d'une manière particulière à certaines heures, spécialement consacrées à la prière, dans la solitude accidentelle de l'âme passant des jours entiers, des périodes entières dans la « retraite » et la prière[1].

 




[1] M/444, sur Jn 6, 14-15, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997,161-162.

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Evangile selon saint Marc
Mc 6, 30-34
30 Les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné.
31 Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger.
32 Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart.
33 Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux.
34 En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

Charles De Foucauld: Commentaires A l’Evangile selon saint Marc

16ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(19 Juillet 2015)

Meditation Num. 202

Mc 6, 30-34

 

Que vous êtes bon, mon Dieu, Vous avez pitié de ces hommes, parce qu'ils sont comme des « brebis sans pasteurs »... Oh ! que cela est vrai et que nous sommes des brebis sans pasteurs lorsque nous ne nous serrons pas, obéissants, autour de Vous ! Que vous êtes bon, mon Dieu, d'avoir pitié de nous !.. Votre amour, Votre pitié se traduisent en deux actes et annoncent un troisième bienfait ineffable : Vous donnez d'abord la nourriture aux âmes de ces pauvres brebis, leur enseignant beaucoup de choses, puis, ayant encore pitié de leurs corps, Vous les nourrissez de pain et de poisson... Et ces bienfaits ne sont que le commencement des effets de Votre Amour, ô mon Dieu ; le pain que Vous multipliez pour nourrir cette foule est la figure de la Sainte Eucharistie, de ce mystère par lequel Vous nous aimez « jusqu'à la fin », sans fin, nous donnant comme nourriture Vous tout entier, Dieu tout entier, Jésus Homme-Dieu tout entier ! Oh ! mon Dieu, que Vous êtes divinement bon !

Ayons pitié des hommes, soyons tendres, pitoyables à la vue de tous leurs besoins ; faisons tout le bien à leurs âmes et à leurs corps ; que notre charité soit agissante comme celle de Jésus,... qu'elle ne se réduise pas à des sentiments, à une pitié intérieure, ni à des paroles, mais qu'elle se traduise en actions et que ces actions n'aient d'autres limites que la volonté de Dieu, volonté que nous pouvons toujours connaître par notre directeur spirituel...

Soyons reconnaissants sans fin à Dieu du don par lequel Il nous aime sans fin, Il se donne à nous sans fin, s'abandonnant, se confiant si complètement à nous, nous à qui tant d'hommes ne se confieraient pas; nous épousant, se donnant à nous si complètement, nous que tant de mortels trouveraient indignes de leur union ; nous donnant, dès ici-bas, ce qui fait le bonheur des élus, le bonheur de Dieu même, Dieu tout entier, à nous pécheurs... Ne perdons jamais par notre faute ni une communion, ni un moment de présence auprès du Tabernacle... Ce n'est plus le fini, ici, c'est l'infini... Rien de créé, mille univers comme celui-ci ne sont qu'un néant à côté de la grâce, de la faveur qu'il y a d'être un seul instant au pied du Tabernacle, bien plus encore, de recevoir la divine Hostie. C'est Dieu, c'est tout : tout le reste n'est que la créature, c'est-à-dire le néant [1].



[1] M/202, sur Mc 6,33-44, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 134-136.



Evangile selon saint Marc
Mc 6, 7-13
07 Il appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,
08 et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.
09 « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »
10 Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ.
11 Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »
12 Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir.
13 Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile selon Saint Marc

15ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(12 Juillet 2015)

Meditations Num. 199 et Num. 200

Mc 6, 7-13

 

Vous envoyez Vos douze apôtres, deux par deux, leur disant de ne rien emporter avec eux que leur seul bâton : ni souliers, ni pain, ni argent, mais seulement des sandales, et point de tunique de rechange... Merci, mon Dieu, de nous donner cet enseignement, cette règle de vie... Merci d'avoir envoyé ainsi Vos apôtres, et de leur avoir donné cette prescription pour augmenter leur foi, pour leur montrer le dédain que l'apôtre doit avoir pour les choses matérielles, la pauvreté dans laquelle doit vivre celui qui prêche l'évangile et combien la seule chose qui remplit son esprit et son cœur, doit être le zèle des âmes... Merci de cette divine leçon, ô mon Dieu !

Oui, c'est là les enseignements qu'il faut tirer de ce passage... C'est dire qu'il faut y appliquer ces paroles : « La lettre tue, l'esprit vivifie »... Il faut distinguer ici les règles générales pour tous les temps et tous les lieux, des prescriptions données dans un cas particulier et pour une occasion déterminée seulement... Il faut aussi, en étudiant ce passage, se souvenir que la grande règle d'interprétation des paroles de Jésus, c'est Ses exemples : Il est Lui-même le commentaire de Ses paroles; a-t-il toujours accompli telle prescription ? Cela indique que c'était une prescription; ne l'a-t-Il que rarement ou jamais appliquée? Cela montre que c'était un ordre particulier qui ne concernait qu'une circonstance spéciale... Quand Il a toujours fait Lui-même ce qu'il prescrit, il faut le faire toujours aussi, c'est une loi générale, loi ou conseil... Quand Il ne l'a point fait ou point toujours fait, il faut chercher pourquoi, dans quelles circonstances, il a fait cette prescription, ce qu'il a voulu en la faisant ; et il faut le faire dans les circonstances analogues, ne pas le faire dans les autres où Il ne l'a pas fait... Le faire quand on y trouve les biens qu'il a voulus, ne pas le faire quand on ne les y trouve pas ou qu'on y trouve mêlés des inconvénients qui Lui auraient fait y renoncer... Mais même alors continuons à chercher les biens qu'il a eus en vue, et tout en quittant la lettre qui, dans l'esprit de Jésus, ne s'applique pas à la circonstance présente, restons fidèles à l'esprit qui est de tous les temps et de tous les moments. Dans le cas présent, nous voyons que Jésus prescrit des choses qu'il n'a, non seulement pas toujours, mais pas habituellement, peut-être jamais pratiquées Lui-même. D'être sans argent dans les courses apostoliques : nous savons qu'il vivait des aumônes des saintes femmes, qu'il y avait une bourse commune pour Lui et les apôtres et que Judas en était chargé... De ne point emporter de pain : nous voyons que Notre Seigneur en faisait emporter par ses apôtres... Ce n'est donc pas une règle générale que tracent les paroles ci-dessus, mais une prescription temporaire, indiquant ce que les apôtres devaient faire dans une circonstance seulement, ou dans certains cas particuliers seulement... Mais ce qui est éternel, ce que Jésus a toujours pratiqué, ce que les apôtres ont pratiqué en toutes les circonstances, toujours, toujours, c'est les vertus que Jésus a en vue de développer dans les apôtres par ces prescriptions passagères: c'est la confiance absolue en Dieu (Il leur dira un jour : « Vous a-t-il manqué quelque chose quand je vous ai envoyés sans argent ? — Non — Eh bien ! Ce temps est passé : maintenant que celui qui a une bourse la prenne »...), c'est le désintéressement absolu, la pauvreté volontaire qui va jusqu'à aller sans aucun argent comme dans ce cas particulier, quand on le peut sans scandaliser personne, comme les apôtres, qui dans ces courses en Galilée recevaient partout l'hospitalité chez des amis, des connaissances, ou trouvaient comme tous les pauvres l'hospitalité toujours prête dans toutes les synagogues, selon l'usage juif; la pauvreté volontaire qui vit, ou d'un humble travail manuel, ou des aumônes des fidèles, quand le temps, employé tout entier à l'apostolat, ne laisse pas le loisir de travailler, et qui dans tous les cas se contente du strict nécessaire, vit de la vie des pauvres, n'a en vêtements, nourriture, argent, logement, mobilier, que ce qu'ont les pauvres, ce que peuvent avoir de pauvres ouvriers; le zèle des âmes en vue de la gloire de Dieu, qui seul remplit l'âme des chrétiens, laquelle, attachée à Dieu, le souverain bien, doit avoir un dédain infini pour tous les biens périssables.

La prescription dont il s'agit n'est donc nullement une règle générale, mais il faut en prendre l'esprit, il faudra même la suivre à la lettre dans certaines circonstances, pour des courses de peu de durée, ou même longues, mais faites en pays amis, chrétiens, où on peut sans scandaliser ni être à charge demander tout le nécessaire autour de soi... En tous les autres cas, il faut faire comme Jésus faisait habituellement, comme d'après l'ensemble des Saints Evangiles nous voyons qu'il ferait à notre place... [1]

 

 

« Quand vous serez entrés dans une maison, restez-y sans en sortir»...

Merci, mon Dieu, de ce précepte, contraire aux usages juifs, et qui renferme une leçon de tempérance, de recueillement, de reconnaissance et d'humilité.

Ceci encore est un précepte particulier, ayant trait aux coutumes juives... Il faut donc, pour cette prescription comme pour la précédente, suivre l'esprit toujours, la lettre dans certains cas seulement... Chez les Juifs, quand un rabbin, un prédicateur va dans une bourgade, afin de lui faire plus d'honneur, et pour que l'hospitalité qu'on lui donne ne soit pas trop à charge à un seul, chaque personne un peu riche l'invite à son tour, lui offre à son tour un repas ; de sorte que, pendant tout son séjour, le rabbin ne fait qu'aller de maison en maison, et si les habitants sont à leur aise, de festin en festin... Cela n'est nullement propre à entretenir la tempérance et le recueillement... Jésus veut empêcher cet usage d'exister dans son Église ; Il le prohibe formellement et c'est là ce qu'il défend en disant « N'allez pas de maison en maison. » Dans ce sens, qui est celui de la lettre, le précepte est formel, général, et il faut toujours l'accomplir : c'est la prohibition une fois pour toutes dans l'Église d'un usage établi dans la synagogue... Il faut aussi prendre, non seulement en voyage, mais toujours, l'esprit qui a dicté cette défense ; c'est un esprit de tempérance, de recueillement, de reconnaissance envers les premiers hôtes qui nous ont reçus, et qu'il ne faut pas quitter pour aller festiner chez d'autres ; d'humilité qui veut qu'on reste tranquille, sans bruit, à la dernière place, sans déranger personne, sans occuper de nous le monde, et non qu'on trône dans les festins, aux premières places, jetant autour de soi le dérangement et le bruit... Mais il ne faut pas donner à ce précepte un sens qu'il n'a nullement, en donnant à la lettre une extension qu'elle n'a point, ce qui arriverait, si on voulait, d'après ces mots, empêcher dans tous les cas, les religieux, les prêtres qui ont reçu l'hospitalité dans une maison, d'en changer : comme on l'a dit, les paroles de Notre-Seigneur ont un sens bien déterminé et ne font que prohiber un usage juif, auquel elles font allusion... Ce serait une faute d'interprétation que de leur donner un autre sens... Il faudra donc, dans la pratique, ne point changer de maison, chaque fois que les vertus que Jésus a en vue dans cette prohibition, tempérance, recueillement, humilité, reconnaissance, et d'une manière générale, chaque fois que le bien des âmes y gagnera : mais si, au contraire, la pratique de ces vertus, et en général le bien des âmes demandait que l'on changeât, il faudrait changer sans hésiter ; en cela on obéirait à l'esprit de Jésus, sans s'écarter de l'obéissance à Sa lettre, celle-ci n'ayant trait qu'à un usage de la synagogue, usage particulier n'existant pas parmi les chrétiens [2].

 

 



[1] M/199, su Mc 6,7-9, in C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 127-129.

[2] M/200, sur Mc 6,10, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 129-131.

Evangile selon saint Marc
Mc 6, 1-6
01 Sorti de là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent.
02 Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ?
03 N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.
04 Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
05 Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains.
06 Et il s’étonna de leur manque de foi. Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.

Charles De Foucauld: Commentaires A l’Evangile selon saint Marc

14ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(5 Juillet 2015)

Meditation Num. 198

Mc 6, 1-6

 

Que Vous êtes bon, mon Dieu! Que Vous êtes bon de présenter la vérité à des endurcis, malgré les mépris que vous prévoyez qu'ils feront de Vous! Leur ingratitude que Vous connaissez d'avance ne Vous empêche pas de leur faire tout le bien qui les sanctifierait s'ils le voulaient... Que Vous êtes bon d'endurer pour nous le mépris, le dédain : «Hic est faber[1]»... Que Vous êtes bon d'employer Vos jours, de Vous fatiguer à nous évangéliser !

Présentons la vérité avec foi et avec zèle, lorsque nous avons mission pour cela, même à des âmes dont nous avons peu sujet d'espérer la conversion, et cela pour suivre l'exemple de Notre-Seigneur qui l'a prêchée et aux habitants de Jérusalem et à ceux de Nazareth et à tant d'autres dont Il prévoyait l'incrédulité, et pour suivre Son précepte: «Prêchez à toute créature»... Faisons-le d'autant plus que Notre-Seigneur l'a fait bien qu'il connût avec certitude qu'on devait être incrédule à Sa parole, tandis que nous n'avons absolument jamais cette certitude : aidés de la prière qui peut tout auprès de Dieu, avec cette charité qui « espère tout», nous pouvons et devons toujours espérer la conversion de tout homme vivant ; il est certain, en effet, que sa conversion est possible ; nous ne pouvons jamais affirmer qu'elle ne se fera pas ; prions donc, espérons, faisons pénitence pour la conversion des âmes, et travaillons dans la mesure où Dieu nous en donne mission...

Jetons-nous dans l'abjection, la pauvreté, l'humble travail manuel de Notre-Seigneur. L'amour demande l'imitation ; aimons et imitons : « Le serviteur n'est pas plus grand que le maître. » Soyons aussi petits que Jésus... Jésus nous dit de Le suivre, suivons-Le, partageons Sa vie, ses travaux, ses occupations, ses abaissements, Sa pauvreté, son abjection, soyons ouvriers, pauvres ouvriers dédaignés avec Lui!.. Soyons couronnés de la même couronne de mépris et de dédain que Notre Époux... « Celui qui me suit, ne marche pas dans les ténèbres. » Suivons, imitons, soyons-Lui comme des petits frères, vivant en tout comme Lui : «Je suis la voie, la vérité et la vie. » Suivons cette voie, vivons de la vie de Jésus, faisons ses œuvres qui sont vérité... «Je suis venu sauver le monde. » Nous avons la même fin, nous devons aussi, non pas racheter le genre humain, mais travailler à son salut ; employons les moyens que Lui-même a employés ; or ces moyens ne sont pas la sagesse humaine entourée de faste et d'éclat et assise à la première place, mais la sagesse divine, cachée sous l'apparence d'un pauvre, d'un homme vivant du travail de ses mains, d'un homme sage et plein de science, mais pauvre, méprisé, abject, n'ayant jamais étudié dans les écoles des hommes, mais sous leurs yeux et connu d'eux comme vivant humblement d'un travail vil... Suivons ce divin exemple : soyons les images fidèles de Jésus... Soyons vraiment, en partageant toute sa vie, les petits frères de Jésus... Ne nous séparons jamais, comme Son amant Saint Paul, de Son travail, de son abjection, de Son imitation : « Soyez mes imitateurs comme je suis l'imitateur du Christ»... Soyons toujours, toujours les petits frères, les vrais frères de Jésus, en entrant complètement dans sa vie, en la pratiquant en tout, en Lui étant indissolublement attaché ! Sainte Vierge, Saint Joseph, Sainte Magdeleine, Saint Jean-Baptiste, Saint Pierre et Saint Paul, Saint François d'Assise, Saints solitaires, si pauvres devant les hommes, et si riches devant Dieu, obtenez-moi cette grâce, en Notre-Seigneur, par Lui et pour Lui, dans la mesure où c'est Sa Très Sainte Volonté. Amen [2].

 



[1] « C'est l'ouvrier. »

[2] M/198, su Mc 6,1-6, in C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 125-127.

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Edition du 7 juillet 2015
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13ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

Evangile selon saint Marc
Mc 5, 21-43

21 Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer.
22 Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds
23 et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. »
24 Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.
25 Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… –
26 elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré –…
27 cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement.
28 Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. »
29 À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal.
30 Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? »
31 Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” »
32 Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela.
33 Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité.
34 Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
35 Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? »
36 Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. »
37 Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques.
38 Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
39 Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. »
40 Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant.
41 Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »
42 Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur.
43 Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.

Charles De Foucauld: Commentaires A L’Evangile Selon saint Marc

13ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(28 juin 2015)

Meditations Num. 195, Num. 196 et Num. 197

Mc 5, 21-43

 

 

« Et il alla avec lui »...

Que Vous êtes bon, mon Dieu, à la première nouvelle de la maladie de cette enfant, à la première demande qu'on vous fait de la guérir, quittant tout, Vous suivez celui qui vous appelle! Que Vous êtes bon !

Quittons tout, interrompons toutes nos occupations, dès qu'une œuvre de charité se présente. Jésus faisait ainsi pour les hommes : imitons-le!.. Et faisons-le d'autant plus que non seulement nous l'imitons en faisant ainsi, mais c'est envers Lui-même que nous pratiquons la charité, c'est envers un de Ses membres, par conséquent envers Son Corps, envers Lui-même que nous sommes charitables, c'est pour Lui-même que nous quittons tout... Quelle double raison, infiniment puissante, pour nous faire tout quitter aussitôt que la charité appelle ! C'est Jésus Lui-même qui appelle, et c'est Son exemple qui nous incite... Quittons tout aussi, quand l'heure de la prière, de la méditation, de la fin du travail manuel arrive ; là aussi c'est Jésus qui appelle : il demande non les services matériels pour Son corps, mais les hommages et les tendresses, les paroles d'amour, les caresses auxquelles il a droit comme notre Dieu et notre Epoux... Avec quel zèle nous devons les Lui donner ! Comme nous devons tout quitter pour les Lui offrir [1] !

 

« Ma fille, ta foi t'a sauvée ; va en paix et sois guérie »...

Mon Dieu, que Vous êtes bon ! Que Vous êtes bon envers cette femme en la guérissant ! Que Vous êtes bon envers tous les hommes futurs en leur donnant cet exemple de charité et cette preuve de Votre bonté et de la confiance qu'ils doivent avoir envers Vous !.. Que Vous êtes bon envers les assistants en leur prouvant la divinité de Votre mission par ce miracle!.. Que Vous êtes bon envers tous les hommes futurs en leur donnant cette preuve miraculeuse de Votre mission divine !.. Que Vous êtes bon envers cette femme, les assistants et toutes les générations avenir, en leur donnant cette leçon de foi et d'humble et muette prière !

Soyons charitables comme Jésus, pour les âmes et les corps... Par cette guérison Jésus fait du bien à un corps et un plus grand bien encore à une foule innombrable d'âmes : faisons de même tout le bien possible, suivant les moyens que Dieu nous donne et dans l'obéissance à notre père spirituel; que cette obéissance et la possibilité soient nos seules limites... Faisons du bien aux corps et aux âmes, à tous deux toujours, autant que possible, mais surtout, surtout aux âmes immortelles : aux deux, mais faisant toujours passer les âmes infiniment avant les corps, comme Jésus qui faisait ici du bien à un seul corps et à une foule incalculable d'âmes... Ayons foi en la puissance de Dieu, de Jésus Dieu, Dieu en nous, Dieu en tout homme, Dieu partout ( « En Lui nous nous mouvons et nous sommes » ), Dieu qui nous voit du ciel, Dieu qui nous voit du tabernacle, et ayons foi en Sa bonté, en Son Cœur percé, épuisé, mort pour nous, pour chacun de nous... Prions-Le dans tous nos besoins, et dans tous les besoins de ceux dont Il nous a spécialement chargés, parents, amis, voisins, tous ceux qu'il a mis près de nous dans le pèlerinage de la vie, dans les besoins de tous les hommes qui sont tous nos frères, que nous devons tous aimer avec une tendresse d'autant plus grande que nous aimons plus tendrement leur Père, Dieu, et Jésus dont ils forment le corps, Jésus dont ils sont les membres, Jésus qu'on aime Lui-même en aimant Ses membres, Jésus qui a donné Son sang pour chacun d'eux... Prions avec foi, foi dans la bonté et la puissance de Dieu, foi dans Sa promesse cent fois répétée de nous exaucer chaque fois que nous Le prierions avec foi ; prions-Le avec foi qu'il nous exaucera ; qu'il nous exaucera ou en nous accordant ce que nous Lui demandons, ou en nous accordant quelque chose de meilleur ( puisque dans Son ineffable bonté Il s'est réservé ce droit miséricordieux en nous promettant de nous exaucer )...

Prions-Le sans beaucoup de paroles, mais avec beaucoup de foi, d'humilité, d'amour, de confiance filiale : on peut le prier sans aucune parole, comme Il nous le montre ici en louant la prière muette de cette femme ; un regard, un désir, une élévation humble et tendre vers Lui suffisent : « Ne priez pas avec beaucoup de paroles comme les païens », a-t-il dit... « Ils n'ont pas de vin »... « Celui que vous aimez, est malade »... Et ici, un simple attouchement... Voici les prières qui plaisent à Celui « qui connaît tout ce dont nous avons besoin avant que nous demandions. » Notre besoin demande de lui-même à Celui qui voit tout ; accompagnons cette demande naturelle d'un regard silencieux vers Dieu, d'un élan muet de confiance, d'abandon, d'amour, d'un cri : « Que votre volonté se fasse », et soyons sûrs que nous serons exaucés et que nous recevrons pour nous, pour les autres, pour tous les hommes ce qui est le plus désirable, les grâces les meilleures du Père des Miséricordes...

Oh ! Oui, mon Dieu, que Votre volonté se fasse en moi, et en tous les hommes... Je ne demande rien de plus, mais cela je le demande de toute mon âme, en Vous, par Vous et pour Vous. Amen, amen, amen [2].

 

Mon Dieu, que Vous êtes bon ! A cette jeune fille Vous rendez la vie, et en même temps, les moyens, les grâces pour acquérir dans l'éternité un accroissement de bonheur... A ces parents Vous rendez leur fille... A vos apôtres, à cette famille, à tous ceux qui ont eu alors connaissance du miracle et à tous ceux qui depuis ont connu vos Évangiles, Vous avez donné ou augmenté la foi en Votre mission divine, donné une leçon de charité, donné un enseignement sur le devoir de croire, par cette parole : « Crois seulement », montré jusqu'où il faut pousser la bonté, la tendresse, la délicatesse de la bonté, non en Vous contentant de ressusciter cette enfant, mais en disant ensuite : « Donnez-lui maintenant à manger », ne dédaignant pas, aussitôt après avoir fait ce grand miracle, d'entrer dans ce petit détail familier, ce petit soin maternel... A tous ceux qui ont connu ce miracle, Vous inspirez confiance, espérance, courage, en leur faisant voir l'infinie bonté de Votre Cœur... Vous portez, par tous ces bienfaits et surtout par cette vue de Votre infinie bonté, les hommes à Vous aimer, ô Très Doux Jésus, et à aimer la Bienheureuse Trinité dont Vous êtes la deuxième Personne...

Croyons... Croyons que Jésus peut tout et qu'il nous accordera tout ce que nous Lui demandons avec foi : Il nous l'accordera, parce qu'il est infiniment bon et tout-Puissant ; Il nous l'accordera d'autant plus qu'il nous l'a formellement promis ; Il nous l'accordera, soit en nous donnant la chose demandée soit en nous en donnant une meilleure; s'il nous fait attendre, si nous recevons tard ou jamais, soyons sûrs que l'attente est ce qui nous est le meilleur, que recevoir tard ou jamais nous est meilleur que recevoir tout de suite... Soyons charitables et pour les âmes et pour les corps, autant que Dieu nous en donne le moyen, que Ses représentants nous le permettent, que Dieu le veut de nous ; faisons du bien aux âmes, travaillons à leur salut, à leur perfectionnement ; consolons les cœurs ; soulageons les corps : les trois sont nécessaires ; Jésus nous donne l'exemple des trois ; nous devons les trois à Jésus, au corps de Jésus, aux membres de Jésus et, par conséquent, à tous les hommes, tous membres de Jésus, tous partie de Jésus : « Tout ce que vous faites à un de ces petits, vous me le faites »... Nous devons faire à tous les hommes, aux corps, aux cœurs, aux âmes, tout le bien que le père le plus tendre veut que ses enfants se fassent entre eux...

Et soyons délicats sans fin dans notre charité ; ne nous bornons pas aux grands services, ayons cette tendre délicatesse qui entre dans les détails et sait par des riens mettre tant de baume dans les cœurs — « Donnez-lui à manger », dit Jésus —, entrons de même avec ceux qui sont près de nous dans les petits détails de santé, de consolations, de prières, de besoins, consolons, soulageons par les plus minutieuses attentions ; ayons, pour ceux que Dieu met près de nous, ces tendres, délicates, petites attentions qu'auraient entre eux des frères très tendres, et des mères très tendres pour leurs enfants, afin de consoler autant que possible tous ceux qui nous entourent et d'être pour eux un objet de consolation et un baume comme le fut toujours Notre-Seigneur pour tous ceux qui l'approchèrent, soit pour la Sainte Vierge et Saint Joseph, soit pour les apôtres, Sainte Magdeleine et tous les autres... A quel point Il fut une consolation, une douceur pour ceux qui l'approchèrent; nous devons, autant qu'il est en nous, tâcher de Lui ressembler en cela ainsi qu'en tout, et passer dans ce monde, en sanctifiant, en consolant, en soulageant dans la plus grande mesure qu'il nous est possible [3].



[1] M/195, sur Mc5,21-24, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 120-121.

[2] M/196, sur Mc 524-34, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 121-123.

[3] M/197, sur Mc 5,35-43, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 123-125.

12ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Evangile selon saint Marc
Mc 5, 35-41
35 Ce jour-là, le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. »
36 Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus, comme il était, dans la barque, et d’autres barques l’accompagnaient.
37 Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait.
38 Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? »
39 Réveillé, il menaça le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! » Le vent tomba, et il se fit un grand calme.
40 Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? »
41 Saisis d’une grande crainte, ils se disaient entre eux : « Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? »
Edition du 19 juin 2015
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Charles De Foucauld: Commentaires A l’Évangile selon Saint Marc
12ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
(21 juin 2015)
Meditation Num. 105
Mc 4, 35-41
 
« Il menaça le vent et dit à la mer : tais-toi, calme-toi ! Et le vent cessa, et il se fit un grand calme » (Mc 4,39).
 
Espérons ! Le divin Maître est au fond de notre âme, comme au fond de la barque de Pierre... Parfois il semble dormir, mais toujours il est là, prêt à nous sauver, prêt à exaucer notre demande, n'attendant ou que notre appel, ou parfois que le moment le plus favorable à notre âme pour dire à la mer : tais-toi... D'un mot il peut toujours calmer tous les orages, éloigner tous les dangers et faire suivre un grand calme à des angoisses mortelles... Prions toujours ! Plus la tempête nous agite, plus il nous faut lever vers lui seul le cœur et les mains, et en priant espérons invinciblement ! [1]

[1] M/105, sur Mc 4,39, en C. de Foucauld, En vue de Dieu seul. Meditations sur les passages des Saints Évangiles relatifs à quinze vertus, tome IV/1, Nouvelle Cité, Montrouge 1999, 292.
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vitrail à la Basilique du Sacré Coeur de Montmartre à Paris
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