Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
Accueil/sommaire
**************************************
Site : http://www.eglise-catholique-algerie.org                                              Site ADS : http://amisdiocesesahara.free.fr
comixtmai13_fichiers/bijousahara.jpg
comixtmai13_fichiers/totmixtamai13.jpg
Commission Episcopale mixte
 Europe-Maghreb
Marseille mai 12013
comixtmai13_fichiers/titrearticleprovence.jpg

Etre évêque en terre musulmane
comixtmai13_fichiers/laprovencecom.jpg
MARSEILLE / PUBLIÉ LE MERCREDI 08 MAI 2013 À 20H52
Un groupe de religieux catholiques installés dans des pays du Maghreb s'est réuni près de Marseille pour évoquer leur quotidien après le "printemps arabe"

Durant trois jours au prieuré de Saint-Jean-de-Garguier, les évêques des pays du Maghreb et des pays de la Méditerranée ont noué un dialogue fort sur les liens entre les religions. Ils ont écouté l'iman Ahmed Souki.

"Désert, ma cathédrale", résume superbement le titre du livre Mgr Claude Rault, évêque du Sahara en Algérie. Il quitte régulièrement Ghardaia, la ville où il réside, pour parcourir son "diocèse de dunes et de plateaux pierreux". "Mon diocèse fait quatre fois la France et je prêche pour, selon les époques, entre 100 et 500 catholiques, travailleurs du pétrole expatriés, ouvriers philippins ou coréens, immigrés maliens ou camerounais."

Il a participé durant trois jours, dans un prieuré près de Gémenos, avec dix-huit autres évêques et religieux, à la rencontre de la commission mixte Maghreb-Europe-Méditerranée conclue par une messe sous les auspices de la Bonne-Mère.
"Vous me demandez comment je vis ma foi en terre d'islam, je vous réponds que lorsque j'ouvre ma porte à Ghardaia, je ne rencontre que des musulmans. C'est ce dialogue, cette réalité qui donne un sens à ma vie de prêtre. Au-delà de tous les mouvements qui traversent le monde arabe, nous tissons des liens fraternels dans le temps."

Détenteur d'une carte de résident, il raconte se déplacer librement dans le Sahara et "rarement sous escorte".
"Aujourd'hui, notre église est plus universelle"

Les évêques d'Oran et de Constantine, Mgrs Paul Desfarges et Jean-Paul Vesco soulignent "qu'au quotidien, la rencontre ne se fait pas avec l'islam mais avec des musulmans".

"Les habitants ont assisté à un changement profond de notre Église, reprend Claude Rault. Aujourd'hui, elle est plus universelle. Parmi les 60 religieux qui oeuvrent dans le Sahara, il y a quinze nationalités, des personnes venues du sud du Sahara et peu d'Européens." Les prêtres d'Oran, Alger et Constantine, ont les mêmes paroissiens avec aussi des étudiants et "des disciples algériens". "Le débat sur la foi et les religions est très ouvert dans la presse francophone. Avec des réflexions sur la raison d'être ou pas du ramadan, sur la nécessité même de la foi."

Nicolas Lhernoud est vicaire général de Tunis et vit l'après-printemps arabe. "Il n'y a pas de crispation antichrétienne comme en Libye ou en Égypte, la révolution n'a pas eu de dimension religieuse, assure-t-il. Sans rôle politique, je vis comme les 30 000 chrétiens du pays ce qui est le quotidien des Tunisiens, c'est-à-dire l'incertitude du lendemain. Le souffle de la révolution a apporté une vraie liberté de parole mais les habitants sont au milieu du gué. L'aspiration à la liberté, les aspects positifs du printemps sont toujours là mais dans la population, cela cohabite avec l'angoisse du présent avec l'inflation, le chômage et parfois, cette sensation du 'c'était mieux avant'."

Les chrétiens sont présents, "porteurs des espérances et des souffrances".

"Il ne faut pas minorer les violences subies par les chrétiens coptes"

Le vicaire parle des discussions en cours sur la place des minorités religieuses en Tunisie, "des chrétiens, des juifs mais aussi des confréries musulmanes comme les soufistes".

Emilio Plati est un dominicain qui vit sept mois par an au Caire. Ce spécialiste du monde musulman présent lui aussi au prieuré de Saint-Jean-de-Garguier, à Gémenos, ne croit pas à un "hiver islamiste".

"Bien sûr, il ne faut pas minorer les violences que subissent les chrétiens coptes, qui forment 10 % de la population en Égypte mais la population, qui estime que les idéaux de la révolution sont trahis voit que les Frères Musulmans ne sont pas aptes à gérer, à régler les problèmes sociaux. Et Ahmed el-Tayyib, grand imam d'al-Azhar, autorité suprême des sunnites et troisième personnage de l'État, a, avec ses conseillers religieux et intellectuels, promulgué un texte clé sur les libertés fondamentales d'expression, de croyance, d'égalité et de citoyenneté. "

Loin des images sanglantes qui tournent en boucle, un texte d'espoir.


17 ans après le meurtre de sept moines : 7000 pelérins par an à Tibhirine
comixtmai13_fichiers/provencecrmai2013.jpg

     Sous l'autorité de Christian de Chergé, prieur de la communauté depuis 1984, ils étaient sept moines trappistes à vivre au monastère de Tibhirine, près de Médéa à 90 km au sud d'Alger dans une zone montagneuse. Selon Jean-Marie Rouart, c'était des hommes qui "avaient choisi de s'installer dans ce lieu loin de tout mais proche de l'essentiel, de la beauté, du ciel, des nuages". Ils travaillaient la terre et étaient au service des villageois.

Au coeur de la guerre civile algérienne, ils ont été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 et leur assassinat a été annoncé le 21 mai suivant. La version officielle d'Alger a longtemps été celle d'un acte du Groupe islamique armé mais la thèse qui prévaut largement est celle d'une bavure de l'armée algérienne. L'histoire des moines de Tibhirine a touché un public au-delà des croyants avec le film de Xavier Beauvois "Des hommes et des Dieux" qui a réuni plus de 3 millions de spectateurs.

"Le monastère connaît aujourd'hui un véritable renouveau après avoir, il y a quelques années, interdit d'accès, indique l'évêque d'Alger, Mgr Ghaleb Bader.C'est un symbole fort. Un diacre y vit avec sa femme et des volontaires y séjournent durant des périodes plus ou moins longues pour y faire vivre l'Église. Ils sont attirés là par le message du film et l'engagement des moines qui sont restés jusqu'au bout. Les autorités algériennes n'ont aucune réticence à ce mouvement de foi."

Ce sont près de 7 000 pèlerins qui effectuent chaque année le voyage à Tibhirine,"se recueillant quelques jours et restant pour une retraite de quelques jours".Selon le site du monastère, la moitié des visiteurs sont algériens et l'autre moitié vient d'une soixantaine de pays différents. Les volontaires se sont mobilisés pour aider au nettoyage, à l'entretien, à la rénovation des locaux et du jardin du monastère ou à l'intendance que nécessitent la présence de bénévoles et l'afflux de visiteurs.

Des artisans algériens ont également été mis à contribution. Les réparations ont porté sur des toitures, des plafonds, des vitres, des fenêtres, des volets, des portes, des meubles. Sans oublier l'aménagement et l'enrichissement de la salle d'exposition.

L'esprit de Tibhirine est toujours celui exposé par Christian de Chergé, avec qui Mgr Claude Rault, évêque du Sahara, avait fondé en 1979 le "Lien de la Paix" qui regroupe des religieux désireux de pratiquer le dialogue islamo-chrétien. "Nous organisons le 24 mai prochain un pèlerinage à partir d'Alger pour commémorer l'espérance portée par les moines de Tibhirine et la mémoire des quatre pères blancs tués à Noël 1994", souligne Mgr Ghaleb Bader.


Philippe Larue
comixtmai13_fichiers/messagepapecerna.jpg

Message du pape François à la CERNA, dont l'Algérie
******
Amis du Diocèse du Sahara (ADS)

Accueil/sommaire