Préface.Introït: chant d’entrée par Mgr Michael L.Fitzgerald, M.Afr. I. SURPRISES ET GRÂCES DE L’HISTOIRE De l’indépendance aux nationalisations: le temps du développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des nationalisations à la montée de l’islamisme radical: le temps de la rencontre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les années d’épreuve et de violence: le temps de la faiblesse et des semailles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Et maintenant? Le temps du grain jeté en terre… et qui germe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Quels champs prioritaires pour l’Église d’aujourd’hui? Annexe 1: Billet de Saïd Mekbel: « Comment et pourquoi?» Annexe 2: Méditation chrétienne sur la réconciliation et le pardon II. EN PELERINAGE VERS L’AUTRE Jésus, l’homme de la rencontre . . . . . . . . . . . . . . À la rencontre des siens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Au-delà des frontières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La mission comme relation, rencontre et dialogue Accueillir l’autre dans sa différence . . . . . . . . . . Être bien enraciné dans sa foi . . . . . . . . . . . . . . . Mission et être . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Être une présence fraternelle . . . . . . . . . . . . . . . . . Être témoin de l’amour de Dieu dans notre histoire Être une Église pour les autres et avec les autres . . III. UNE VOCATION EN TERRE D’ISLAM Genèse d’une vocation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Premières approches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’abbé Pierre et le père Mercier . . . . . . . . . . . . Premiers pas au pays de l’autre . . . . . . . . . . . . . Un islam composé de visages . . . . . . . . . . . . . . . Le Ribât Essalâm. Le Lien de la Paix. Les premiers pas d’une expérience commune . . . . Le lien avec le monastère de Tibhirine . . . . . . . . . Le Ribât:une vocation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une vocation à l’utopie au sein de l’Église universelle Le témoignage d’une croyante de l’«autre rive» . |
IV. AU DÉSERT .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un coin de notre terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un espace intérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un lieu d’accueil et de patience . . . . . . . . . . . . . . . Le désert, premier barrage pour les migrants . . . . . Le désert, entre l’exil et l’oubli: les camps de réfugiés sahraouis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le désert, un lieu de vie choisi par Charles de Foucauld V. VENT DE SABLE, SOUFFLE DE L’ESPRIT Le Sahara, terre d’accueil et d’enracinement . . . . Un désert tiraillé entre abondance et pauvreté . . La vie culturelle et religieuse à l’épreuve de la mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . Notre Église diocésaine.Au rythme de la vie des Secteurs Le Hoggar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Ouest – Saoura . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Atlas saharien et les hauts plateaux (Nord-Ouest) Des confins du Grand Erg à la vallée du Mzab .. Sur les bords du Grand Erg oriental . . . . . . . . . .. Les fondations évangéliques d’une Présence . . . . Prière,Eucharistie et vie fraternelle . . . . . . . . . . . . Engagement dans le service de l’autre . . . . . . . . . Enracinement et adaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . Nos engagements sur le terrain . . . . . . . . . . . . . . . Soucis d’aujourd’hui… et de demain . . . . . . . . . . Et maintenant? Dans le vent de sable et le souffle de l’Esprit . . Final: UNE MESSE EN ISLAM. Méditation eucharistique Chant d’entrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Liturgie pénitentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Gloire à Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Liturgie de la Parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Offrande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prière eucharistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Communion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Action de grâces et envoi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . © rédac ADS |
A l'occasion de
la parution de "Désert,
ma cathédrale",
Mgr Claude Rault, évêque du Diocèse du Sahara algérien ,tient à Paris Conférence en l'église St Denys du St Sacrement Mercredi 19 novembre 2008 à 20h 30.
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Retraite prêchée à Notre Dame de la Salette en septembre 2008. Disponible sur CD, près du Père Hervé Bougeard Recteur Sanctuaire NDS - F- 38 970 La Salette |
En partenariat avec béatification de Frère Charles de Foucauld interview de Mgr RAULT en vidéo : la voix de l'évêque du désert & le NOTRE PERE chanté en arabe (cliquez sur l'image) |
L’abbé Pierre et le père Mercier (ci-dessous Mgr Mercier
célébrant la messe à Béni-Abbès, la photo étant
prise par l'abbé Pierre lui-même, tient à souligner
le Père Mercier au Père Michel Gagnon -auquel est adressée
cette carte - alors à Hodeida (Al
Hudaydah) au Yémen du Nord.
Le premier pas vraiment déterminant, je le dois à l’abbé Pierre et à Mgr Georges Mercier, alors évêque du Sahara. En décembre 1961, je faisais mon service militaire dans une caserne de France, et je venais de finir mes classes. Je bénéficiais d’une courte permission. L’abbé Pierre et ses compagnons étaient venus faire une campagne de ramassage de ferraille, de vieux papiers, de chiffons et autres matériaux dans la région. Un soir, le 9décembre, il donna une grande conférence dans le hall du Haras de la ville d’Avranches, dans la Manche, et Mgr Mercier, avec lequel il était très lié, projeta un film sur la récente évolution du Sahara. Cet évêque avait entendu l’appel de la jeunesse algérienne et avait mis en œuvre la construction et la bonne marche de centres de formation professionnelle dans son diocèse pour permettre aux Algériens de bénéficier au moins des miettes de la manne pétrolière en leur proposant une formation professionnelle appropriée. Seules les grandes compagnies françaises et étrangères en effet en ramassaient les dividendes: nous étions encore en pleine période coloniale. Bref, au début de la soirée, Mgr Mercier nous projeta un film sur le Sahara.Ce film,j e m’en souviens, était abîmé par une rayure qui traversait l’image de haut en bas. L’évêque saharien nous confia que cette faille était celle de la souffrance d’un pays traversé par l’injustice! Après la projection du film, l’abbé Pierre prit longuement la parole. Ses mots sonnent encore à mes oreilles avec des accents prophétiques : «Écoutez bien ce que je vais vous dire, dit-il en substance. Écoutez bien ce que je vais vous dire! Beaucoup de pays d’Afrique viennent d’accéder à l’indépendance. D’autres sont en passe de le faire. Nous allons laisser derrière nous des pays qui sont loin d’obtenir notre degré de développement. Nous avons profité de leurs richesses, notre pays s’est développé grâce à ce que nous sommes allés chercher chez eux. Nous avons le devoir de les aider à acquérir un degré de développement digne et juste. C’est urgent. Si nous ne le faisons pas, ils viendront eux-mêmes chercher chez nous ce qu’ils ne trouvent pas chez eux, et nous n’aurons pas le droit de leur refuser!» Il disait cela… voici plus de quarante-cinq ans! Les tragiques transhumances subsahariennes d’aujourd’hui et les nombreux migrants qui s’amassent dans nos pays du Maghreb ne lui donnent-ils pas raison? Cet événement fut donc une première sensibilisation sérieuse. Mais le pas décisif n’était pas encore fait de façon définitive. Désert, ma cathédrale Page 106 © rédac ADS ( les photos, gras, liens et couleurs sont de la rédaction ADS) |
Un lieu d’accueil et de patience Cette évocation du désert fait de terre et d’esprit m’invite à contempler la profondeur de cette humanité qui lui donne une âme.Traverser le désert, c’est à coup sûr être accueilli. L’accueil de l’autre, surtout lorsqu’il est étranger, n’est pas que proverbial. Il est réel. L’hospitalité y est sacrée. Je l’ai maintes fois éprouvé: l’hôte est l’envoyé de Dieu et traité comme tel,quelle que soit l’heure ou la circonstance de son arrivée. L’empressement de notre ancêtre Abraham à recevoir ses trois visiteurs inconnus n’est pas de la légende. L’entraide et la solidarité vont de soi. Il ne peut en être autrement.Mais l’hospitalité a ses rites.On n’importune pas l’hôte qui reçoit… Il en est de sa durée comme du nombre des verres de thé:«tlêtaou bâb,arbaa lil’ahbâb»… «trois et la porte,quatre pour les amis».Une règle de politesse qui a cependant ses belles exceptions: Tayeb, un de nos amis a recueilli chez lui par une nuit glaciale le fou du village. Il l’a accueilli chaque nuit pendant plusieurs années alors que la vie était dure et qu’il avait une nombreuse famille à nourrir. Il a toujours considéré ce geste comme normal, et n’a jamais été décoré pour cela! À côté de l’hospitalité, comme compagne de cette vertu nomade, je placerai la patience… Un ami me rapporta une tradition remontant au Prophète de l’islam. Un de ses compagnons lui demanda: « Quelles sont les trois grandes vertus dont doit se munir un musulman?» Et le Prophète de répondre:«La première c’est la patience,la seconde c’est la patience,et la troisième… c’est la patience!» Oui,de la patience,il en faut! Attendre la pluie, le bus qui ne vient pas, le chameau au bord du puits, l’heure du ftour (rupture du jeûne) aux journées d’été. Voici une trentaine d’années, le Ramadan tombait juste en plein été. Je demandai à Bachir,notre cuisinier,comment il allait faire pour affronter cette dure épreuve. « Mais nous patienterons, mon père! » Tout était dit:«La patience est la clé du paradis.» Suis-je sûr de l’avoir bien accrochée à mon trousseau de voyage? N’est- elle pas celle qui ouvre aussi la porte du désert? Désert, ma cathédrale Page 141 © rédac ADS |
Le
désert,
premier barrage
pour
les migrants Mais cet espace d’hospitalité et d’accueil peut aussi être une terre interdite. Le Sahara est en effet un grand couloir de migrations subsahariennes. Un contrôle de gendarmerie barre la route.Un minibus est arrêté et les agents vérifient les papiers.Trois Africains seront laissés sur place,avec leur maigre bagage.Peut-être auront-ils la chance de pouvoir prendre le bus suivant? Pour un retour à la case départ, ou pour une nouvelle étape dans leur transhumance. Le désert est aussi un mur, une mer, une marâtre. On y meurt beaucoup ces temps-ci. C’est le premier bastion, le premier rempart entre l’Occident et l’Afrique subsaharienne. Les migrants venus du Nigeria, du Liberia, du Cameroun, du Congo ou autre pays africain en savent quelque chose. La traversée n’a pas pour eux le charme d’un voyage touristique.Ils ont souvent amassé avec patience les quelques milliers d’euros nécessaires au départ pour se voir souvent dépossédés rapidement de cette manne de papier.Ils arrivent dans les oasis affamés, assoiffés, souvent dépouillés de tout, et ne doivent leur subsistance qu’à la solidarité de leurs compagnons qui les précèdent. Non, ce n’est pas un voyage touristique qu’ils ont entamé, mais une aventure dont ils n’ont pas pu ou voulu mesurer les dangers.Danger de la soif, de la faim, de la corruption des passeurs, de la cupidité des réseaux qui leur promettent le paradis occidental. S’ils ont quitté leur pays,leur famille,leur village,ce n’est pas nécessairement par goût de l’aventure,mais par nécessi- té. Le miroir aux alouettes des sociétés occidentales où un proche a réussi,où un frère a fait petite fortune,où un cousin a presque miraculeusement atterri, est parvenu à les convaincre et à faire sauter leurs dernières hésitations.Et ils sont partis,souvent poussés par leur propre famille qui s’est saignée à blanc pour trouver la somme nécessaire.Et ils sont partis sans autre retour possible que celui de la réussite en poche.Dès lors les ponts sont coupés.Je connais un migrant qui a été reconduit trois ou quatre fois à la frontière et qui est toujours revenu. Et pour la plupart, ils sont prêts à la même épreuve,au même risque. S’ils quittent leur pays, c’est bien parce que l’horizon de leur avenir est devenu un désert! Alors désert pour désert, autant partir que de dessécher sur place! S’ils partent ainsi, c’est parce qu’ils sont en quête de travail, c’est-à-dire de dignité et de moyen de vivre, tout simplement. Le travail, même pénible,est au moins un signe que l’on est homme et que l’on peut redresser la tête. Et si ce droit ne leur est pas donné, ils vont le chercher ailleurs, quitte à affronter les dangers du désert,avant de faire face à ceux de la mer. Désert, ma cathédrale Page 143 © rédac ADS |