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1
- un
reportage " retraite dans le désert" avec le Père Anselme
Tarpaga |
"Dans le désert, je cherche ta face" !
Vendredi 19 mars, dans plusieurs villes d’Algérie quelques jeunes étudiants étaient en train de faire leurs sacs à dos ! Enfin le jour J tant attendu était là, seulement à quelques heures près. En effet depuis début janvier ces jeunes s’étaient inscrits pour une expérience spirituelle dans le grand sud algérien intitulée « Dans le désert je cherche ta face ». Situé en plein milieu du temps de carême cet évènement avait pour but de donner aux jeunes l’opportunité de découvrir le désert, de prier et de méditer autour des personnages bibliques qui ont fait l’expérience du désert. Ainsi pendant une semaine ce petit groupe, formé d’une trentaine de jeunes venants de 13 pays différents d’Afrique, a vécu au rythme de l’Esprit Saint, décortiquant les textes bibliques sur Abraham, Moïse, le peule de Dieu au désert après l’exode, Elie, et Jésus. reflexions bibliques . Messe et
prières
Cette réflexion était soutenue par un rythme liturgique très étoffé : 4 temps de prières des psaumes par jour, 2 heures de silences par jour même pendant les marches, plus une messe quotidienne précédée toujours de 15 minutes de méditations communautaires en silence. Chaque participant avait, en plus de son livret de prière (conçu spécialement pour cette retraite) un petit carnet pour écrire son journal et recueillir les grâces de cette belle expérience spirituelle. Il y’eut aussi des moments où les jeunes ont eu l’opportunité d’aborder d’autres thèmes en toute libertés à travers des questions qu’ils avaient.
Pause .
Les causeries étaient animées par le Frère Bernard Bussion, petit frère de Jésus et José Maria Cantal, MAfr. En tant qu’organisateur je me suis privé de donner une causerie car j’étais très pris par les questions pratiques du déroulement de cette retraite. Au delà de cette profonde expérience spirituelle, les jeunes ont vécu aussi quelque chose de très fort en lien avec la population du Sud et l’Algérie profonde : le contact avec les personnes qui ont aidé dans le camping et pendant la marche, le contact avec la population de Timimoun, et la vie sous la tente étaient toutes extraordinaires pour beaucoup. Vie sous la tente
La diversité du groupe et
les origines des jeunes frappaient beaucoup d’algériens et
touristes qui nous ont vus. C’était des jeunes africains
lusophones, francophones, et anglophones (sans nommer les langues
africaines) étudiant dans différentes filières des
universités algériennes. On n’a pas manqué
d’entendre des expressions telles « nous sommes tous africains
» !
Messe avec Mgr Claude Rault,
dernier soir . autour de Mgr Claude Rault
Un grand merci à tous ceux qui ont supporté cette première édition du projet. Un merci particulier aux amis des Pères Blancs en Espagne, à Denys et à Francis, à l’évêque de Ghardaïa et à son économe diocésain Emmanuel Auphan. Les sœurs blanches de Timimoun ont été très discrètes mais efficaces et nécessaires pour préparer la logistique avant la retraite. Je remercie aussi José Maria, provincial des Pères blancs qui a beaucoup encouragé le projet. Photos et Texte
Anselme Tarpaga, MAfr, Ouargla Extrait du site Missionnaire d'Afrique Pères Blancs |
Mes conseils pour une spiritualité du
désert par Mgr Claude Rault 1 Pratiquez l’hospitalité C’est une vertu essentielle dans le désert, où l’on doit s’entraider pour survivre. En la pratiquant, on en découvre le sens profondément spirituel. Accueillir l’étranger, c’est accueillir Dieu, comme l’avait compris Abraham, père commun des juifs, des chrétiens et des musulmans. L’Évangile de Jean nous apprend au contraire que le Verbe de Dieu est venu parmi les siens, mais que les siens ne l’ont pas reçu. L’exercice de l’hospitalité passe par des actions concrètes. À une époque où l’émigration est de plus en plus criminalisée, pourquoi ne pas s’associer aux groupes qui, dans l’Église, prennent soin de ces hommes et femmes émigrés ? Ou pourquoi ne pas s’engager à Noël dans l’organisation paroissiale d’un réveillon pour les plus pauvres ? 2 Réservez-vous des plages de silence C’est une condition essentielle pour retrouver Dieu dans le désert. Mais également pour découvrir sa personnalité dans un monde qui pousse à l’uniformisation. N’ayez pas peur d’affronter ce silence qui peut d’abord déranger si l’on n’y est pas habitué, mais qui libère et apaise ensuite. N’allumez pas systématiquement la radio ou la télévision lorsque vous rentrez chez vous. Apprenez à vivre en silence et à cultiver chaque jour un rendez-vous silencieux avec le Seigneur. Fixez-vous une durée quotidienne et soyez-y fidèle. Vous permettrez ainsi à Jésus de naître progressivement dans votre cœur, comme il est né à Bethléem dans une simple étable. 3 Témoignez par votre vie sans vous décourager Notre monde déchristianisé peut paraître comme un désert de la foi à celui qui veut annoncer le Christ. « L’essentiel n’est pas de faire nombre, rappelait Jean Paul II, mais d’être signe », où l’on vit. De témoigner sans jamais se décourager. Jean Baptiste a ainsi préparé les chemins du Seigneur dans le désert de Judée. C’est ce que nous essayons de faire dans le Sud algérien et ce que vous pouvez faire dans vos lieux de vie. **** |
Transmission Claude
Rault
D’abord animé d’une « trouille » à l’égard des algériens, l’évêque du Sahara prépare aujourd’hui les chemins de la foi dans le désert, au milieu de ce peuple généreux. Le bus s’enfonçait dans le Sud algérien. Il faisait grand soleil, ce jour de janvier 1975. À mesure que s’effaçaient les traces d’habitation et de végétation, l’expérience du désert entrait en moi. C’était une plongée dans mon âme, que je découvrais vaste, à la fois aride et lumineuse, recelant sa vie secrète et ses oasis. Ce fut comme une sorte de renaissance. Ma vocation a grandi dans une famille paysanne normande. Une famille pauvre, mais heureuse. Nous vivions à quatorze dans trois pièces. Mon père et mes frères aînés travaillaient dur. Le soir, ma mère conduisait la prière. Forte femme que les gens venaient solliciter de loin, elle avait reçu un don de guérison pour les zonas et les brûlures. Je suis le seul de ma fratrie à avoir fait des études secondaires. Pour devenir prêtre. Un jour, au séminaire, un Père blanc – longue barbe blanche, burnous et rosaire à la ceinture – est venu nous parler. Sa vision de la mission me bouleversa : il ne s’agissait pas de juxtaposer l’Évangile à une culture indigène, mais de l’y infuser tout en enrichissant le christianisme de cette culture. Le lendemain matin, j’annonçais à mon père spirituel mon désir de rejoindre ces missionnaires d’Afrique parmi lesquels est née ma vocation à l’islam. Une trouille inconsciente des Algériens m’habitait lorsque j’ai été nommé à Alger, dans le début des années 1970. Deux de mes frères étaient revenus très fortement marqués de la guerre encore récente. Il a fallu un geste d’hospitalité inouï pour que tombe cette pierre qui pesait sur mon cœur. La mère d’un de mes élèves, dont le mari avait été tué par les Français, a appris par son fils que je recevais des amis. Elle a demandé à ce que nous venions chez elle et nous a servi le couscous. D’innombrables gestes de géné rosité m’ont attaché à ce peuple depuis 40 ans. Je me souviens par exemple de cette élève, un jour où une de ses amies m’avait demandé de prononcer la profession de foi musulmane sous peine d’aller en enfer, sortant du rang pour dire : « Si tu es en enfer, monsieur, je descendrai du ciel pour aller te chercher. » Ou d’un ami que j’attendais chez lui. Il venait de faire 30 kilomètres dans le désert en plein ramadan. Pour me convaincre de m’hydrater en dépit de son jeûne, il me demanda de boire à sa place. L’Esprit nous parle à travers ces gestes. Le Renouveau charismatique m’a beaucoup marqué à ses débuts. À Rome, où j’étais venu me former en 1972, j’ai vécu une crise très profonde de la foi. À cette époque, beaucoup de religieux quittaient les ordres. Un soir, sur la vaste terrasse de notre maison générale, ébranlé par la défection de plusieurs amis, j’ai eu l’impression que j’avais bâti ma vie sur une illusion. Le vide en contrebas me tendait les bras : la tentation d’en finir m’a traversé. C’est un groupe du Renouveau découvert le surlendemain qui m’a redonné le goût de la prière. Aussi, lorsque j’ai pu rentrer en Algérie, j’en ai fondé de semblables. Mais, progressivement, il m’est apparu que ces assemblées n’étaient pas en mesure de prendre en compte l’expérience spirituelle des musulmans. Il manquait dans l’Église un lieu pour cela. C’est à cette fin qu’avec Christian de Chergé, moine de Tibhirine, nous avons fondé en 1979 le « Ribat es-Salâm », un petit cercle d’abord composé de religieux chrétiens auxquels se sont joints des soufis (mystiques musulmans). Il ne s’agissait pas tant de dialoguer sur le fond que de prier les uns à côté des autres, en laissant une grande place au silence. Trop souvent, en voulant à tout prix christianiser, on oublie de reconnaître le Christ dont la présence nous précède toujours. Ces modestes efforts n’ont pas empêché les violences qui ont déchiré l’Algérie et entraîné l’assassinat de Christian et de ses frères. En 1994, au plus fort de la crise qui a déchiré le pays, mes supérieurs m’ont demandé de partir. C’était terrible. J’ai contracté une tumeur à l’aine. Durant son ablation, le chirurgien m’a sectionné le nerf crural. Je pensais ma jambe perdue, mais un médecin a réussi, grâce à une greffe, à me faire marcher à nouveau. C’était comme un signe qu’il ne fallait pas désespérer pour l’Algérie. Cinq ans plus tard, j’y retournais pour devenir en 2004 évêque dans le Sud algérien. Mon diocèse est un océan de sable, de montagnes et de pierres, parsemé de quelques îlots urbains. J’y suis le pasteur d’une petite centaine de chrétiens disséminés sur ce territoire. Devant notre situation d’ultraminoritaires, on me dit que nous prêchons dans le désert, un peu comme si c’était vain ! Mais nos engagements, en toute gratuité, se veulent une réponse à l’appel de l’Évangile. Jean Baptiste ne dit pas en effet : « Une voix crie dans le désert… », mais : « Une voix crie : “Dans le désert, préparez les chemins du Seigneur.” » Cela donne un tout autre sens à notre existence au milieu de ce peuple. Sur ces chemins, c’est aussi le Seigneur qui vient à notre rencontre.. Les étapes de sa vie 1940 Naissance dans la Manche. 1959 Entrée au grand séminaire de Coutances. 1963 Noviciat chez les Pères blancs. 1970 Arrivée en Algérie. 1999 Retour en Algérie après cinq ans d’absence. 2004 Nomination comme évêque de Laghouat-Ghardaïa (Sud algérien). Durant l’Avent, temps d’espérance, qu’est-ce que j’attends de Dieu ? « Qu’il demeure “dieu-avec-moi” » Qu’il demeure « Dieu-avec-moi », « Emmanuel ». J’ai connu cette épreuve du doute où Dieu semble s’éclipser. Tout ce que j’avais entrepris me semblait une vaste blague. Mon existence n’avait plus de sens. C’était affreux. C’est pourquoi je cherche à être perméable à cette présence que le Seigneur manifeste en moi ou à travers les personnes que je rencontre. Je ne le sens jamais aussi proche que dans ces grandes traversées du Sahara en solitaire, quand je me déplace d’une ville à l’autre. Ce sont des moments d’intense recueillement et méditation. À côté de moi, il y a cette place vide. Et j’ai l’impression qu’Il est là, que c’est Lui. La Vie Édition du 10 décembre 2009 (N°3354) Xavier Accart - publié le 10/12/2009 |
Ma
figure spirituelle : Léon-Étienne Duval « Mohammed Duval », ainsi avait été surnommée cette grande figure de l’Église d’Algérie, tant ses positions pour l’autodétermination des Algériens ont choqué. Rien ne prédestinait ce prêtre du diocèse de Chambéry, affecté au séminaire d’Annecy jusqu’à 44 ans, à devenir le capitaine d’un navire dans la tempête. En 1947, il fut nommé évêque de Constantine, dans la droite ligne de saint Augustin. Dès le départ, il manifesta une exigence de justice évangélique, interpellant les colons qui abusaient des ouvriers agricoles et allant à la rencontre des plus pauvres. Cette exigence de justice se manifesta en particulier durant la guerre d’Algérie. Nommé archevêque d’Alger quelques mois avant son déclenchement, il prit publiquement parti pour le droit à l’autodétermination du peuple algérien. Il condamna également la torture, qu’elle soit le fait de l’armée française ou celui de membres du FLN. Des hommes politiques, et même des membres de son diocèse, tentèrent de le faire taire. Mais il maintint sa position. En 1965, le gouvernement lui offrit la nationalité algérienne, l’année où Paul VI le créait cardinal. Je l’ai revu en 1996 au cours d’un voyage en Algérie. La violence battait son plein, j’avais éprouvé le besoin de revenir de mon « exil » pour quelques semaines. Les moines de Tibhirine avaient été enlevés et nous étions sans nouvelles sur leur sort. « Je suis un homme crucifié, m’a-t-il dit. Ce n’est pas le temps de la moisson, mais celui des semailles. » Trois semaines plus tard, il rendait l’âme. La voix des algériens 1903 Naissance à Chênex (74). 1927 Doctorat en théologie au séminaire français de Rome et ordination. 1930 Professeur puis économe et maître de cérémonies au séminaire d’Annecy. 1947 Évêque de Constantine et de Bône. 1954 Archevêque d’Alger. 1965 Cardinal l’année où il reçoit la nationalité algérienne. 1988 Retraite acceptée par Jean Paul II. 1996 Mort à Alger à l’âge de 93 ans. À lire Le cardinal Duval : un homme d’espérance en Algérie de Marie-Christine Ray L’itinéraire d’un homme d’Église qui, dans des circonstances tragiques, a fait preuve d’une rectitude exemplaire. Cerf, 17,70 €. Au nom de la vérité : Algérie 1954-1962 du cardinal Duval Les sermons et circulaires qui ont valu à l’archevêque d’Alger le surnom de « Mohammed Duval » sont ici réunis et replacés à chaque fois dans leur contexte historique. Un entretien achève le livre. Albin Michel, 7,50 €. Henri Teissier, un évêque en Algérie de Martine de Sauto À travers le portrait du successeur de Léon-Étienne Duval, une journaliste retrace cinquante ans de l’histoire de l’Église d’Algérie, dont les caractéristiques sont la faiblesse numérique et le témoignage qui est allé pour plusieurs d’entre ses membres jusqu’au martyre. Bayard, 19,80 €. Christian de Chergé. Une théologie de l’espérance de Christian Salenson Alors que Léon-Étienne Duval était archevêque d’Alger, Christian de Chergé, prieur de Tibhirine, a développé une vision singulière du dialogue avec l’islam. Ce livre nous aide à découvrir cette approche audacieuse. Bayard, 18 €. Désert, ma cathédrale de Claude Rault Ce livre est autant le récit d’un itinéraire de vie qu’une méditation sur le rapport à l’islam. DDB, 19 €. À méditer « Le respect des consciences a pour application essentielle le respect des libertés. La liberté de l’homme est une création continuelle de l’Esprit de Dieu dans les consciences. Le véritable apostolat est aux antipodes de toute espèce de polémique. Il est au contraire service de la liberté, celle-ci étant considérée sous ses divers aspects : individuel, familial, social et communautaire. » Extrait du bulletin diocésain d’Alger Rencontres, juin 1997. ******************************************************************************************************************************************************** IN LES ESSENTIELS La Vie Claude Rault Édition du 10 décembre 2009 (N°3354) |
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