Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
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D I O C E S E   D E   L A G H O U A T – G H A R D A I A
BILLET MENSUEL MAI 2009


Bien chers amis,

Alors que nous sommes encore dans la lumière de Pâques, que d’événements dans notre Diocèse, à la fois remplis de douleur et d’incertitude, viennent provoquer notre Espérance ! Nous avons vécu une Assemblée Diocésaine chaleureuse, où s’est manifesté un esprit de communion et de transparence à travers célébrations et échanges. Nous y reviendrons. Le soir même de la joyeuse clôture de cette rencontre, notre frère Xavier de Beni Abbès nous était enlevé dans un accident tragique. Vous trouverez en supplément quelques réflexions sur cet « homme de l’Evangile » dont se dévoile peu à peu la vie donnée d’avance.

Le cours de la vie ne nous laissant jamais de répit, je viens de participer à la « Commission Mixte » où des évêques du Maghreb ont rencontré à Paris une petite délégation d’évêques des pays de l’Europe méditerranéenne, notamment de France. Nous avons échangé expériences et approches sur les questions qui touchent les personnes en migration. C’est sur ce dernier point que je voudrais m’arrêter, vous livrant ce que je garde de nos partages.

    C’est tout d’abord une question de langage assez significatif. Au sud de la Méditerranée, nous parlons des « migrants » et au nord, c’est le terme d’« émigrés » qui revient le plus souvent. Les migrants sont encore en route, les émigrés, eux, sont arrivés au bout de leur quête mais pas au bout de leur peine ! Nous nous sommes redit que nous nous trouvons face à des personnes dignes d’être respectées et traitées comme telles. Il est souvent tragique de les voir définis à partir de leur manque : « sans papiers », « sans domicile fixe », comme si un document d’identité ou un logement donnaient droit à un traitement plus humain ! Jésus n’a fait aucune distinction de cet ordre, lui qui disait « ne pas avoir de pierre où reposer sa tête » !

Un autre point qui retient notre attention, c’est le danger encouru de voir migrants ou émigrés traités comme des criminels. Si un certain nombre de migrants a pris l’option de partir par goût de l’aventure, la plupart n’a fait ce choix que forcé par une situation économique sans avenir et sans issue. Nos pays sont en train de se doter d’une législation qui peut pénaliser - ou qui pénalise déjà - cette population qui a du mal à trouver sa place dans nos sociétés. Et cette pénalisation peut menacer aussi les personnes qui se mobilisent pour offrir plus de dignité à celles à qui elle est refusée. C’est ce que l’on appelle « délit de solidarité », qui s’accorde bien mal disons-le, avec notre devoir de charité : « Ce que vous n’avez pas fait au plus petit d’entre les miens, à moi non plus vous ne l’avez pas fait » disait encore Jésus. Cela vaut pour toute personne en état de faiblesse, de maladie ou de précarité. Le devoir le plus élémentaire de charité et d’humanité deviendrait-il un délit ?

    Devant ce rideau pénal qui risque de criminaliser la solidarité, quelle analyse est faite sur les causes en amont, de ce flux migratoire ? Et quelles solutions pour endiguer cette hémorragie humaine des pays subsahariens ? Les décideurs ne semblent pas montrer un zèle démesuré pour se poser la question. Pourtant elle est claire : permettre au Continent Africain de se développer ! Nous entendons quelquefois que ce serait faire le jeu de l’Occident, trop heureux de se voir offrir sur un plateau une main d’œuvre et une matière grise prêtes à l’emploi ! Il nous faut manier cet argument avec discernement.     Développer l’Afrique, c’est aussi développer les personnes, leur permettre d’arriver au plein épanouissement d’elles mêmes jusque dans leur enracinement humain originel. Notre Planète a besoin de l’Afrique pour être totalement elle-même !    Enfin, ce que nous avons pu partager, c’est la faiblesse de nos moyens mais la force de nos convictions. La moindre chose que nous pouvons entreprendre dans le soutien aux immigrés et aux migrants, dans la ligne de notre vocation de chrétiens, est le signe que ces hommes et ces femmes existent comme personnes à part entière, comme enfants de Dieu. Comme tels, ils ont droit à la dignité propre à toute personne humaine, et ils ont leur part à offrir au bonheur de l’humanité.

ltfev09_fichiers/prcr42.jpg + Claude, votre frère évêque


Nouvelles…. Pour rester proches

Vous avez été nombreux, très nombreux à nous envoyer des messages de soutien ces dernières semaines concernant le décès du petit frère Xavier Habig. La communauté a été bien évidement très touché par vos intentions, ainsi que la famille de Xavier à qui nous avons transféré vos emails. Nous tenons à vous re-dire MERCI, pour votre soutien et vos prières qui nous accompagnent, et qui apportent soutien et réconfort à ses frères de Béni Abbès.

L’assemblée Diocésaine qui s’est déroulée du 22 au 24 avril, a réuni une soixantaine de diocésains. Pour tous, ce fût l’occasion d’un beau rassemblement, de prières, de partages et de fête. La nouvelle brutale de la mort du frère Xavier nous a surpris alors que nous venions de clôturer cette rencontre, cela a renforcé l’intensité avec laquelle nous avons vécu ces jours de rencontre.

Le P. Ludo a eu l’occasion de nous envoyer un email lors de l’Assemblée Diocésaine, il récupère doucement de son opération et attend un prochain rendez-vous pour envisager une date de retour dans le diocèse. Nous lui souhaitons un bon rétablissement.

Le P. Le Clerc est en France afin de subir des examens médicaux. Il est logé à la maison des Pères Blancs rue Friant. Aux dernières nouvelles, les résultats sont plutôt positifs. Il se prépare à rejoindre El Meniaa, qu’il quittera définitivement à la fin de juin. Sa future nomination est entre les mains du Provincial du Maghreb.

Sr Lutgarde a dû quitter momentanément El Meniaa pour Blida, où elle a subi une opération, dont elle se remet progressivement.  Merci à Sr Georgine d’être venue pour un temps la remplacer auprès de Sr Marie Ignace. Prompt rétablissement à Sr Lutgarde.

La communauté de Tamanrasset ainsi que celle de Ghardaïa viennent de vivre quelques jours avec Sr Carmen autour de la communication non violente. Sœur Carmen est actuellement à Touggourt pour poursuivre son enseignement !

Toute la communauté de Ghardaïa remercie Magda et Augustin Jomier pour les mois de présence vécus ensemble. Nous leur souhaitons un bon retour chez eux, et espérons les revoir rapidement !

Le Pt Frère Zbyszek de l’Assekrem est reparti en Pologne pour quelques semaines. Nous espérons que les Frères de sa fraternité d’origine le laisseront revenir ! Il avait bon espoir puisqu’il est muni d’une carte de résidence !

Sr Annya d’Ain Sefra a maintenant regagné sa communauté. Elle était en train d’étudier l’arabe avec Xavier à Béni Abbès au moment de l’accident. Bienvenue dans ta communauté.

Le Séjour des Srs de l’Immacolata, Sr Rosilla, Supérieure Générale et de Sr Serena, s’est très bien déroulé. Elles ont été prises en charge par la communauté des petites soeurs de Ouargla qui les ont emmenées à Touggourt et surtout à Hassi Messaoud, où l’implantation d’une nouvelle communauté devrait voir le jour dans l’avenir.

Catherine Vincent, qui est actuellement dans le camp sahraoui de Smara, vient de perdre sa marraine. Prions pour elle et toute sa famille.

Sr Thérèse St Jean, SB et ancienne de Ghardaïa et de Touggourt, vient de nous faire part du décès de sa mère, âgées de 102 ans. Elle se recommande à notre prière.

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Supplément au billet de mai : A-Dieu, Xavier !

PAGES SPÉCIALES SUR  Xavier HABIG, Petit Frère de l'Evangile

Voici la lettre que notre évêque a pu envoyer de Paris à l’occasion du dernier A-Dieu à Xavier :

A tous mes frères et sœurs de Beni Abbès, A sa famille. Aux amis,
A Xavier,

Bien chers tous et bien chers toutes,

Me voici encore plus triste ce soir de ne pas pouvoir être parmi vous pour partager ce temps fort de fraternité dans l'accompagnement de notre Frère Xavier vers notre Dieu à tous. Sa pensée m'a accompagné tout au long de ces jours de rencontre assez intense à Paris. J'ai pu partager avec mes frères évêques tout ce que Xavier était pour nous, et nous avons prié pour lui. Je crois que maintenant, c'est lui qui prie pour nous.

Ce que j'aimais en Xavier, et ce qui me fascinait le plus, c'est sa radicalité, une radicalité qui le faisait souffrir et qu'il portait comme une blessure : celle de ne pas être assez à l'image de Jésus. Une radicalité qu'il pouvait exiger pour les autres parce qu'il l'exigeait pour lui-même. Cette distance entre ce qu'il aurait aimé être et comment il se voyait aurait pu le faire désespérer de lui-même, mais elle était pour lui comme un tremplin qui le projetait toujours plus en avant.
Xavier était un homme de l'Eucharistie, de l'adoration, de la célébration mais aussi un homme eucharistique dont la vie était donnée d'avance. Ce lien de l'adoration, de la célébration et de la vie était très fort.
Il aimait avec passion ses frères et sœurs de l'Islam, spécialement les petits, les humbles, les enfants, les vieillards, ceux qui sont sans puissance. Ses visites dans les familles et sa façon d'accueillir étaient une façon de les rejoindre au plus profond d'eux mêmes.
Sa passion de rejoindre l'autre en vérité l'avait poussé à apprendre la langue arabe, dialectale et classique. Il en connaissait les secrets et il aimait aussi avec passion partager son savoir, mais avec beaucoup d'humilité et de patience.
Il aimait aussi le désert, s'extasiait devant la beauté des paysages, des dunes, des oueds en crue, mais il aimait surtout les hommes et les femmes du désert, comme un reflet de la beauté divine. Il n'était pas un romantique, mais un contemplatif, ravi de cette beauté de la création qui reflétait la beauté et la bonté de Dieu.

Xavier, tu vas nous manquer, et tu nous manques déjà. Mais tu vas reposer là où tu as fait le don de toi-même, à quelques pas de cette belle chapelle où tu priais et où tu accueillais, où tu aimais partager ton trésor : cet amour pour ce Jésus qui était ta passion.
Repose en Paix, Xavier. Que Dieu t'accueille parmi les Bienheureux, et qu'Il te comble à la mesure du désir que tu avais d'être auprès de Lui.
Tu m'écrivais toujours au bas de tes lettres « Prie pour moi ». Xavier, je te fais la même demande, maintenant que tu es délivré de tout tourment : « Prie pour moi. Prie pour nous ».
Repose en Paix et que Dieu t'accueille en son vaste Paradis, avec tous les Bienheureux qui nous précèdent.

Ton frère en Jésus.
Votre frère à tous et à toutes.

paques09_fichiers/crportraitfev08.jpg + Claude
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PAGES SPÉCIALES SUR  Xavier HABIG, Petit Frère de l'Evangile


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