Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
Accueil/sommaire
**************************************
Site : http://www.eglise-catholique-algerie.org                                              Site ADS : http://amisdiocesesahara.free.fr
***
de la rédaction du site ADS,
ltmai13_fichiers/crsynodezenit.jpg
ce 21 mai 2013, le pape François a nommé Mgr Rault,
comme membre du Conseil spécial du synode des évêques pour l'Afrique
*****
ltmai13_fichiers/billetitre.jpg

BILLET MENSUEL MAI 2013

Annexe au billet de mai 2013

Quelques échos de notre Assemblée Diocésaine

ltmai13_fichiers/bijousahara.jpg

Bien chers amis,

    Ces dernières semaines ont été bien lourdes d’événements... Cela peut-il expliquer le retard de ce billet ? J’en retiendrai seulement un, qui touche de près la situation sociopolitique et religieuse qui englobe notre région. Par ailleurs, vous pouvez lire en annexe un compte-rendu de notre Assemblée diocésaine qui, une fois encore, a été appréciée pour son climat de convivialité, de communion, de réflexion et d’ouverture à notre temps.

    Les 6 et 7 mai, s’est tenue à Marseille la « Commission Mixte », rencontre d’évêques de France et d’Europe avec des évêques du Maghreb. Tous les deux ans, cette commission se réunit pour échanger sur des questions qui touchent de près notre Eglise d’un rivage et de l’autre de la Méditerranée. Cette fois-ci, nous étions une vingtaine à nous informer et à réfléchir sur deux séries d’événements très actuels : le déroulement douloureux des « printemps arabes » (avec le P. Emilio Platti, Dominicain du Caire) et de la situation au Sahel, notamment au Mali (avec le P. Etienne Renaud, Père Blanc de Marseille).

    Le cadre étroit de ce petit billet ne me permet pas de m’étendre longuement sur ces sujets ! Mais qu’en retenir ? Nous avons constaté une peur montante de l’islamisme radical et dans les communautés chrétiennes et dans les communautés musulmanes. Ceci nous incite une fois de plus à bannir tout amalgame d’un côté comme de l’autre. Il est trop facile de se cantonner dans des images ou des caricatures réductrices et de l’Islam et du Christianisme. La montée des intégrismes de tous bords n’est pas un phénomène purement religieux. Il faut le dire, celle de l’islamisme est largement instrumentalisée à des fins politiques et financières où les « pétrodollars » ont une place non négligeable. Nous nous demandons parfois si les nations occidentales en ont conscience : elles sont parfois les premières à courtiser ces puissances en se laissant séduire par leurs avoirs et leurs placements fonciers et financiers. Or certaines puissances pétrolières sont aux premières lignes pour soutenir l’islamisme radical et violent ! Nous le constatons aussi bien au Proche Orient qu’au Sahel, même si les situations ne sont pas les mêmes. Et les premières victimes sont toujours les petits, les pauvres, les plus fragilisés : ce sont eux qui, aujourd’hui, sont crucifiés ! On les retrouve parmi les blessés et les familles endeuillées et parmi les nombreux exilés et réfugiés, contraints de quitter leur patrie et leur lieu d’origine, vivant dans des situations absolument inhumaines,

    Il est vrai que la complexité des situations est grande, mais jamais elle ne trouve son origine dans des raisons purement religieuses, les fractures sont toujours d’ordre ethnique, économique et politique. Les chrétiens aussi bien que les musulmans sont invités, plus que jamais, à une plus grande connaissance mutuelle et à une analyse plus rigoureuse des événements et des courants qui traversent nos sociétés. Chez tous, il y a une grande aspiration à la justice et à la paix ! Notre environnement est rempli d’hommes et de femmes de bonne volonté. Nous sommes tous appelés par Dieu à rendre notre Terre plus humaine, plus juste et plus fraternelle. Notre Pape François ne cesse de le dire et redire « Je désire vraiment que le dialogue entre nous aide à construire des ponts entre les hommes, si bien que chacun puisse trouver dans l’autre non un ennemi, non un concurrent mais un frère à accueillir et à embrasser » (Discours au Corps Diplomatique). C’est une ambition à notre portée. Elle commence à la maison, dans notre voisinage, dans nos associations, dans nos communautés de référence. Allons sans peur à la rencontre les uns des autres ! Nous avons vu que les initiatives ne manquent pas, mais qu’elles ne sont pas assez prises au sérieux par les médias eux-mêmes. Le bien ne se « vend pas » surtout lorsqu’il ne fait pas de bruit ! Le mal, la perversion, la violence et la méchanceté existent et crèvent nos écrans.

Mais le bien fait sur notre terre crève les yeux… ne le voyez-vous pas ?

ltmai13_fichiers/cr130.jpg + Claude, votre frère évêque

Nouvelles…. Pour rester proches

● Notre évêque Claude a participé à la réunion de la Commission Mixte à Marseille. Il en donne quelques échos dans son billet mensuel. Merci à Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et nouveau Président de la Conférence des Evêques de France, d’avoir accueilli cette commission qui s’est terminée par une messe à Notre Dame de la Garde.

● Nous venons d’accueillir pour une visite d’une semaine deux Sœurs de l’Immaculée Conception de Ouagadougou. Elles ont répondu à l’appel « Venez et voyez », et leurs yeux ont été comblés par l’accueil qui leur a été réservé dans les communautés du diocèse qu’elles ont pu visiter, en particulier celle de Ouargla. Accueil chaleureux aussi de la part des familles visitées. Merci aussi à la Communauté des Sœurs SMNDA de Parmentier qui a tout fait pour les accueillir au départ et au retour. « Ce n’est qu’un au revoir, mes Sœurs… ? » A la grâce de Dieu !

● Pte Sr Gabrielle a rejoint pour quelque temps la Fraternité de Béni Abbès pour renforcer cette communauté bien éprouvée par le décès subit de Pte Sr Bernadette Chantal.

● Thibault est rentré très satisfait du « week-end des DCC » organisé à Ben Smen, un week-end, bien dense, de relecture sur leur séjour en Algérie, occasion de liens avec ceux du Nord.

● Notre cher ami Saad de Laghouat vient d’avoir une grosse épreuve de santé. Mais aux dernières nouvelles, il semble aller mieux attendant encore des résultats médicaux pour bien ajuster son traitement. Nous lui souhaitons un prompt et total rétablissement.

● Notre ami Tayeb d’Ain Sefra vient de perdre son fils Miloud. Il est décédé subitement sans doute d’une crise cardiaque foudroyante. Nous assurons sa famille de notre prière et de notre profonde amitié dans cette épreuve.

● Nous avons reçu des nouvelles du P. Norbert, antérieurement à Ghardaïa, parti en 2012 à Paris, pour des soins médicaux touchant sa colonne vertébrale et sa hanche. Il vient de subir une longue et délicate opération, qui semble réussie. Il devra suivre une longue convalescence avant de subir une nouvelle opération. Nous l’accompagnons dans l’épreuve comme dans l’espoir de retrouver un bon usage de sa jambe malade.

● Après la terrible nouvelle de la mort de Ps Thérèse-Suzanne et de Ps Janine-Olga de Tripoli, dans un accident de voiture, nous partageons la peine des Petites Sœurs de Jésus et leur action de grâce pour ces vies données. Les funérailles ont eu lieu le 2 mai à Tripoli où elles sont inhumées dans cette terre libyenne qu’elles ont tant aimée (la fraternité y était présente depuis plus de 60 ans), liées aussi dans la vie comme dans la mort avec leur amie Zohra, elle aussi décédée dans l’accident. Et Ps Pascale-Yvonne va continuer en France les soins que nécessite son état. Nous lui souhaitons de se remettre au plus vite. Ps Franca d’El Abiodh est actuellement à Tunis pour être avec ses sœurs dans ce temps d’épreuve.

A Ghardaia nous venons d’avoir la visite du P. Josef Mauser, Père Blanc allemand qui a passé voici 40 ans quelques mois à El Meniaa pour un stage d’arabe. Il avait ensuite été nommé à Oran pour quelques années puis il a travaillé en Allemagne auprès des Migrants d’origine arabe et turque. Il a trouvé bien sûr que la région avait bien changé mais son attachement pour le pays est resté aussi vif que par le passé ! Merci pour sa visite ! 

 ******
(liens de la rédaction du site ADS )

calendrier de Mgr Rault avril 2013 :

Première semaine,  en France, Commission Mixte à Marseille.     

puis ensuite, Alger-Ghardaïa-Ouargla : accueil des Sœurs de l’Immaculée Conception (SIC) de Ouagadougou, et les oasis de l' Est
et enfin,
rencontre des Evêques d’Algérie.

 ******


Annexe au billet de mai 2013

Quelques échos de notre Assemblée Diocésaine

C’est toujours bien difficile de rendre compte en quelques lignes des journées bien denses de notre assemblée qui, cette année, s’est tenue du 24 avril au soir au 28 au matin. La date a son importance parce que, à quelques jours près, nous aurions eu bien chaud, ce qui laisse les corps et les esprits moins disponibles…

Vous n’êtes pas sans connaître notre diocèse, son étendue et le petit nombre que nous sommes, de sorte que notre assemblée annuelle revêt une importance toute particulière au niveau relationnel ainsi qu’à celui de la communion dans la prière.

  • Les pauses, les repas ainsi que la soirée festive finale prennent une grande importance sur ce registre des relations interpersonnelles, occasion de se retrouver et de faire connaissance avec les nouveaux venus dans le diocèse. J’en compte une petite dizaine, nous vous les avons annoncés au fur et à mesure de leur arrivée, qui à Ghardaïa, qui à Ouargla, qui à Hassi Messaoud ou Aïn Sefra.

  • Notre assemblée est un temps de célébration de l’Œuvre de Dieu dans nos existences et nos communautés1. Les prières du matin ou les eucharisties, préparées par les différentes communautés, reflètent la diversité des membres de ce Corps du Christ que nous sommes sur ce petit coin de la planète. Il y a les différences de nationalité, une quinzaine pour une soixantaine de participants, mais aussi de familles spirituelles. Et si nous sommes, pour une grande majorité, des permanents d’Eglise, la présence de quelques étudiants et travailleurs subsahariens ainsi que de quelques algériens chrétiens a peut-être marqué notre assemblée, plus encore cette année que les années précédentes. Cette communion profonde nous l’avons vécue, de façon particulière, commençant notre assemblée en partageant le deuil des Petites Sœurs de Jésus : nous avons tous été bouleversés par la terrible nouvelle de la mort de Pte Sr Thérèse-Suzanne et de Pte Sr Janine-Olga dans un accident de voiture à Tripoli… Elles avaient fait leur noviciat à El Abiodh ; Pte Sr Franca les connaissait particulièrement bien. Notre communion, elle est aussi avec le peuple algérien, c’est ce que nous voulons signifier en priant en arabe, la langue des gens dont nous partageons la vie ; c’est pourquoi nous avons symboliquement commencé avec une répétition de chants en arabe dès le premier soir.

Nous vous avions annoncé le thème de cette assemblée, « Notre foi vécue à la lumière des Actes des Apôtres ». En effet, comme l’an dernier, nous avons entrepris une lecture commune de la Parole de Dieu tout au long de l’année, celle des premiers chapitres des Actes des Apôtres. Et nous avions proposé à ceux et celles qui voudraient de faire par écrit le récit de leurs « actes » de disciples ; c’est ainsi que le livret « Quelques pages des actes des disciples du Sahara algérien » a été remis aux participants au début de l’Assemblée, nous faisant partager et recevoir les un(e)s des autres ce qui nous tient à cœur dans notre expérience de disciple.

La 1ère journée est venue prolonger cette lecture commune des Actes des Apôtres et l’écriture de nos propres « actes » : En ouverture, notre frère évêque nous a partagé la lecture qu’il a faite de ce livret de nos « Actes » à nous, Eglise diocésaine, sans cesse naissante dans cette région du Sahara Algérien. Et nous avons consacré la majeure partie de la journée à la lecture de l’épisode de « l’Assemblée de Jérusalem » (Ac 15), guidés par le P. Gaby Piroird. Après avoir rappelé comment et pourquoi l’’Église est arrivée à tenir cette assemblée, il a analysé le texte en précisant d’abord les enjeux de l’assemblée, ensuite son déroulement et enfin les décisions prises ; pour en conclusion, voir la portée de ce premier "Concile".

A la lumière des Actes des Apôtres et dans le cadre de l’année de la Foi, au cours de la 2ère journée, le P. José Maria Cantal Rivas  a guidé notre réflexion sur notre foi à nous, ici, en contexte musulman et dans un pays du continent africain :

  • Partant de ce que signifie pour nous « faire confiance », nous avons exploré ce qui est mis sous le mot « foi » dans la Bible, abordant ensuite la conception musulmane de la foi, la foi en Dieu, Al Mou’min - Celui qui est digne de confiance - et regardant ce que cette conception de la foi musulmane peut nous révéler sur notre propre foi.

  • Une « table ronde » a rassemblé les membres du Ribat es-Salaam2 présents à l’assemblée ainsi qu’un ami musulman, qui en est membre lui aussi. Nous avons partagé sur nos expériences respectives du Ribat, comment nous vivons cette « vocation », permettant aux uns et aux autres d’en savoir un peu plus sur le Ribat.

  • L’après-midi nous avons élargi notre regard aux dimensions du continent africain : c’est à un regard plein d’espérance que le P. José nous a invités, nous présentant à l’aide d’un diaporama, le document « Africae Munus », l’engagement de l’Afrique3. Puis nous avons préparé l’Eucharistie, en échangeant, en groupes, sur notre propre foi, invités à choisir chacun 3 mots pour la qualifier.

Notre foi est vaine si elle n’est pas vécue ; aussi, au cours de la 3ère journée, nous avons abordé cette mise en œuvre de notre foi, nous limitant à un seul aspect de celle-ci, les relations aux migrants. Nous sommes souvent « pris aux entrailles » par leur rencontre et il nous a semblé bon de prendre du recul sur la question complexe des migrations.

  • Avec quelques flashs sur les phénomènes migratoires en Afrique : une approche historique, le témoignage du P. Johan qui a vécu au service de populations émigrées dans des contextes fort divers ainsi que celui d’un camerounais vivant ici depuis quelques temps et la présentation de quelques extraits du film « Paris mon paradis »4 que je vous recommande.

  • Avec l’intervention très éclairante de Sr Laurence Huard, sur la santé des migrants qui a insisté sur la diversité des personnes rencontrées et de leurs affections de santé ; il n’y a pas de pathologies propres aux migrants, mais il est indéniable que le parcours migratoire met le corps et l’esprit à rude épreuve.

  • Et celle, très appréciée, de Jean-François Debargue sur le cas particulier des réfugiés Sahraouis, qui concerne spécifiquement notre diocèse. Il y a fait plusieurs séjours, tout récemment encore. Il nous a partagé son attachement pour ce peuple. Nous avons apprécié les photos qui nous ont aidés à mieux percevoir leur lutte quotidienne dans cette zone particulièrement inhospitalière.

Et, en conclusion, notre évêque a partagé de ces fruits qu’il emporte lui-même, glanés au fil des trois jours de cette Assemblée.

Une belle assemblée dont nous repartons renouvelés…

                           Anne

1 Selon les termes de notre évêque dans son « Ouverture » de l’Assemblée.

2 C’est un petit groupe de chrétiens et de musulmans qui se réunit deux fois par an depuis 1979 pour un partage sur nos chemins spirituels et notre relation à Dieu. Il a été créé par notre évêque Claude et le frère Christian de Chergé.

3 Document rendu public par le pape Benoit XVI en novembre 2011

4 Un film documentaire réalisé en 2010 par la réalisatrice burkinabè Éléonore Yameogo, sur l’image rêvée de Paris et la réalité qui est sans pitié.



Amis du Diocèse du Sahara (ADS)

Accueil/sommaire