BILLET MENSUEL
SEPTEMBRE 2014 |
De
la Rédaction du site ADS Assemblée inter-diocésaine de l' Eglise Catholique d' Algérie 24 octobre 2014 à Notre Dame d'Afrique & 25 octobre 2014 à la Cathédrale du Savré Coeur ****** |
De
la Rédaction du site ADS "L’Etat islamique expliqué à mon fils" (extraits du site OASIS) *** Déclaration du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, 12.08.2014 "Le monde entier a assisté, stupéfait, à ce qu’on appelle désormais « la restauration du califat » qui avait été aboli le 29 octobre 1923 par Kamal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne...." (lire la suite) |
(cliché G.B.) BILLET MENSUEL SEPTEMBRE 2014 Bien chers amis Voici
quelques
jours (le 22 aout), un article du journal français
« La
Croix » avait pour titre: « Pour
le ministre algérien des affaires religieuses,
l’évangélisation vise à
‘déstabiliser’ le pays ». Cet article
parle d’une mise en garde de sa
part vis-à-vis de ceux qui seraient tentés
d’effectuer des campagnes
d’évangélisation pour « ébranler la foi
musulmane », ce qui pourrait
conduire à une peine d’emprisonnement ! Mais il rappelle par ailleurs
que la législation algérienne
déclare que « la liberté de conscience est
garantie y compris pour la
minorité chrétienne ». Il ne s’agit pas de
faire ici un procès d’intention
à M. le Ministre, M. Mohammed Aissa, apprécié pour
son ouverture et son souci
de donner leur place à tous. Mais voici une bonne
occasion de redire comment
nous essayons de répondre au mieux à l’invitation du
Christ à
« évangéliser » sans trahir son Évangile
et dans le plus grand
respect des institutions et des sensibilités de ce
pays. Visiblement
le terme même
d’évangélisation dans ce
cas comme dans bien d’autres, y compris parfois au
sein de l’Église, souffre
d’un long malentendu. Il n'est pas synonyme de
prosélytisme. Restreindre
l’évangélisation, à la seule proclamation publique,
c’est l’amputer de sa plus
belle dimension : la
manifestation
de l’Amour universel de Dieu pour toute personne.
L’Église du Christ n’est
pas une agence de publicité évangélique, ni un
bureau de recrutement religieux,
ni une organisation qui chercherait à détourner
l’autre de ses convictions
religieuses ou spirituelles par quelque moyen que ce
soit. L’œuvre
d’évangélisation telle que la vit notre Église,
fidèle à l’enseignement du
Christ, est beaucoup plus large et profonde qu’un
message à proclamer. Elle est
Charité
effective, Fraternité partagée,
Miséricorde manifestée, Pardon donné. Et les
chrétiens ne sont pas les
seuls à se laisser interpeller par ces vertus
divines. L’apôtre Jean le disait
déjà aux premières communautés
chrétiennes : « Mes petits enfants, n’aimons pas en
paroles et de langue, mais
en acte et dans la vérité » (1Jn 3,18).
Le sommet de
l’évangélisation, c’est le don de soi et l’Amour. Et
Paul à la communauté de
Corinthe :
« Quand je parlerais
en langues, celles des hommes et celles anges,
s’il me manque l’amour, je suis
un métal qui sonne, une cymbale
retentissante ». Depuis des décennies, l’Église
catholique en ce pays vit dans un climat de
confiance
qui lui permet de remplir cette
noble tâche, même si des incompréhensions passagères
viennent troubler ce
climat ; elles sont autant d’occasions de nous
expliquer, d’approfondir et
d’ajuster sa« mission ». Elle
vit celle-ci, c’est vrai, dans un contexte
assez particulier, lui
interdisant tout prosélytisme. C’est une donnée que
nous prenons en compte,
consciemment et dans le plus grand respect des
musulmans. Et c’est vrai, ce
respect des consciences peut parfois aussi nous
amener à rendre compte de notre
foi à qui nous le demande ! Toute
« conversion » est alors du
domaine de ce même respect de la liberté de l’autre.
Nous sommes dans une situation atypique
qui nous permet
d'approfondir et de comprendre à son plus haut
niveau ce qu’est
l’évangélisation. Encore une fois, réduire ce
que dans l’Église nous
appelons « évangélisation » à la seule
parole, à la seule annonce,
c’est rester bien en deçà de l’invitation du Christ.
C’est toute notre vie
personnelle et communautaire qui doit rayonner de
Son message. Et alors il ne
peut être question de stratégie ni de tentative de
déstabilisation de qui que
ce soit. Voici
plusieurs années déjà, des
sœurs travaillant dans un hôpital avaient été
faussement accusées de
prosélytisme. Amenées à s’expliquer devant un haut
responsable de la Santé,
elles ont pu certifier qu’elles faisaient leur
travail de soignantes sans aucune
tentative de prosélytisme auprès des malades. Et ce
responsable de leur
dire : « Mais, mes Sœurs, par la seule
façon dont vous faites votre travail,
vous évangélisez ! ».
Soyons en
profondeur ce que nous sommes, et
Dieu fera ce qu’Il a à faire ! +Claude, votre frère évêque. |
Nouvelles….
Pour rester proches
● Le P. Marek
vient de quitter Tamanrasset
pour son pays natal. Les mois de juillet et d’aout, il
a donné une session de
deux mois intensifs d’arabe dialectal algérien aux Srs
de Timimoun.
Celles-ci, de passage à Ghardaia, sont parties pour
reprendre leurs activités.
Le P. Marek rejoindra le PISAI à Rome pour deux
années. Et il nous reviendra
après cette période d’étude, son Archevêque, le
Cardinal Nycz de Varsovie ayant
accepté de prolonger son mandat de Fidei Donum pour 6
ans. Le P. Bertrand
Gournay a pris en charge la paroisse de
Tamanrasset et il découvre sa
nouvelle charge avec beaucoup d’attention. Après une
période estivale, peu à
peu la paroisse retrouve son rythme. Sr Martine
et Sr Marie Agnès
sont de retour. Sr Marie Jo risque d’être
retenue en France pour des
problèmes de santé. Nous avons reçu des échos de Marthe
Lefevre : à
80 ans… elle part donner des cours de français à…
Madagascar ! La jeunesse
n’a pas d’âge. Pensons à la Fraternité des Petits
Frères de Jésus, et
spécialement à Ventura actuellement en
Chapitre à Rome. ● Sr
Annammal a rejoint Hassi Messaoud avec Sr
Lourdés et vient d’obtenir un séjour d’une
année ! Sr
Joyti, encore en Inde, ne tardera
pas à revenir. ●
A Ghardaia,
la communauté des Pères
Blancs va s’élargir grâce à la nomination d’un
stagiaire de Côte d’Ivoire, Hans-Armel
NOGBOU. Est aussi annoncé
pour un an le P Mariusz BARTUZI (anciennement à Tizi Ouzou) Nous attendons le retour du P. Johan
encore en Afrique de l’Ouest. Luc et Marie
Feillée ont obtenu leur
visa pour l’Algérie. Ils vont avant de rejoindre
Ghardaia, suivre à Alger une
session d’arabe dialectal algérien avant de
s’installer à Dar Keltoum. Ils y
seront chaleureusement accueillis… avant d’y faire
l’accueil ! La
communauté des Pères de Ouargla
s’élargit
aussi grâce à la venue d’un autre stagiaire, François
Diarra qui nous arrive du
Mali. ●
Par contre, le P.
Georges Vimard
d’El Meniaa ne pourra revenir d’ici plusieurs mois à
cause d’un problème de santé.
Nous lui souhaitons un prompt retour parmi nous. Sr Ana, des Srs de ND de La Salette a
été rappelée à Madagascar
pour terminer sa formation en vue de ses vœux
perpétuels. Nous espérons que sa
communauté pourra être renforcée. ● Le P. Philippe
vient
d’arriver à Adrar, heureusement, il a fait provision
de fraicheur au pays
natal. ● A Ain
Sefra la communauté des Sœurs FMM a
accueilli une Sœur égyptienne, Sr Rahma,
venant de Tunisie, depuis le départ de Sr Rosanna pour
des soins médicaux en
Italie. ● Peu à peu, les communautés de Touggourt
se regroupent, ainsi que celles d’El
Abiodh. A Beni Abbès,
l’été, comme dans plusieurs
oasis, a été exceptionnellement rude. Ceux et celles
qui y ont passé l’été l’on
durement éprouvé. ● Notre Evêque
Claude va partir pour 3 semaines en France pour
diverses rencontres et conférences : à Angers (il
célèbrera les 60 années
de présence des Petites Soeurs de St François en
Algérie et en particulier dans
le Diocèse), donnera une conférence à Angers, puis en
Vendée (entre autres dans
la paroisse de Daniel Archambaud et d’Henri Gautron).
Ce Diocèse et son Evêque
nous ont toujours manifesté leur solidarité. Il ira
ensuite à Paris pour une
journée organisée par l’ADS, participera à la
rencontre de l’Association « Amitiés
Charles de Foucauld », et à une journée organisée
dans son Diocèse
d’origine à l’intention de notre Diocèse. Son
livre « Désert ma
cathédrale » vient d’être réédité. (
ndlr: voir sur le site ADS, les chapitres)
****
Visite de la
Communauté de Tamanrasset, Conseil financier et
Bureau Caritas. ,Conseil
épiscopal
rapproché.
fin-sept. – mi-octobre : En
France. Manifestations et conférences diverses (voir
dans
les nouvelles) |
“Toute prière authentique est suscitée par
l’Esprit Saint” Pas seulement des formules de politesse “Allah ibarek fik”. Je remercie le passant inconnu qui vient de m’aider à traverser une rue où se pressent toutes sortes de véhicules. “Que Dieu te bénisse !” Il me répond : “Fika baraka”, que je peux traduire par : “La bénédiction sur toi aussi”. Simple politesse ? Ce matin, au moment où je sors de la maison, je suis retenu quelques instants par une vieille connaissance qui, chaque année, apporte pour les Sœurs et pour nous une petite botte d’asperges de son jardin. Simple gentillesse en mémoire de quelques services rendus ? Un soir, je reçois un coup de téléphone d’une amie handicapée qui élève seule sa fille en gagnant courageusement sa vie, malgré bien des injustices graves auxquelles elle a dû faire face, tout en se battant pour les femmes handicapées. Elle est l’active présidente d’une association, à leur service. Elle me remercie pour un cadeau que je lui ai fait à l’occasion du 8 mars, et de la fête qu’elle organise chaque année pour les handicapés. Je lui avais simplement offert une belle calligraphie en arabe qu’elle a montrée et commentée à cette assemblée : “La takun mahabbatukum bel kalam, oua la bel lisan bal bel’ amali oua el haqq”, “Que votre amour ne soit pas en paroles et de langue, mais en actes et en vérité” (1 Jn 3,18). Simple échange amical ? Non, ma fréquentation des musulmans et de leur langue arabe si religieuse ne m’a pas fait mettre ma foi chrétienne au vestiaire. Certes, mon français d’occidental m’a habitué à des “mercis”, “c’est gentil de votre part” et autres formules qui, de fait, peuvent être dans ma bouche et dans mon cœur de simples banalités. Mais l’hospitalité matérielle et linguistique du monde arabo-musulman, l’accueil que nous recevons nous-mêmes, ainsi que tant d’autres gens connus ou inconnus, sont culturellement en droite descendance de l’accueil des trois voyageurs, sous le chêne de Mambré, par Abraham. Jésus nous l’assure sans ambages : “Qui vous accueille m’accueille et accueille celui qui m’a envoyé” (Mt 10,40). C’est bien par le don de l’Esprit que le Père et le Fils sont présents à des musulmans et des chrétiens qui se rendent service et se disent “merci” ou s’offrent de petits cadeaux. Ce n’est pas seulement de la banalité quotidienne : “J’étais un étranger et vous m’avez accueilli” (Mt 25,35). Au Dernier Jour, pourtant prévenus, du moins nous chrétiens, nous ne serons pas moins surpris que nos amis musulmans par cette révélation. Ainsi, nous étions, par la communion de l’Esprit Saint, ceux qui avaient le bonheur, la grâce insondable d’accueillir le Père et le Fils dans nos mots et nos gestes de tous les jours. Si, comme cela arrive facilement, nos différences doctrinales sont évoquées (cela arrive moins quand on est “apprivoisé” les uns aux autres), il est facile de calmer le jeu en disant par exemple : “Rebbna ou Rebbkum ouahed” “Notre Dieu et le vôtre est unique” ; ou bien encore : “Allah yehdina ou yehdikum” “Que Dieu nous conduise dans la voie droite ainsi que vous-mêmes”. Bien sûr que ces formules sont comprises par nos interlocuteurs en harmonie avec leur foi et leurs interprétations bien musulmanes. De même, nous, chrétiens, pouvons les employer en parfaite conformité avec notre foi chrétienne. Est-ce là cultiver l’équivoque ou bien cultiver notre foi commune au Dieu unique dans la fidélité à nos consciences, à nos cultures, à nos appartenances sociales, autant de dons de Dieu qui nous sont faits pour aller vers Lui dans la guidance de son Esprit ? C’est d’ailleurs ce que le Coran recommande quand il demande aux musulmans : “Ne discutez avec les gens du Livre que de la manière la plus courtoise” (29 : 46) ; ou encore : “Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté, mais c’était pour vous éprouver dans le don qu’il vous a fait. Rivalisez en bonnes actions” (5 :48). C’est clairement renvoyer musulmans et chrétiens à ce “meilleur” qui est don de Dieu, présence de son Esprit, communion non pas seulement philanthropique, ni simple savoir-vivre en société, mais bien la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint accueillis dans la fidélité à nos consciences et cultures différentes. Ce n’est pas autre chose que ce que saint Jean-Paul II, dans Redemptoris Missio, appelle reconnaître “ce que l’Esprit fait dans le cœur des hommes, et dans l’histoire des peuples, dans les cultures et les religions...” (n° 29) Le même Jean-Paul II qui, ayant réuni à Assise les représentants de 12 religions différentes, disait : “Les différences sont un élément moins important par rapport à l'unité qui, au contraire, est radicale, fondamentale et déterminante. (…) Ces différences doivent être dépassées dans le progrès vers la réalisation du grandiose dessein d’unité qui préside à la création” (Discours à la Curie du 22 décembre 1986 N° 3 et 5). À Assise, continue Jean Paul II, “on a découvert, de manière extraordinaire, la valeur unique qu’a la prière pour la paix, et même, que l’on ne peut obtenir la paix sans la prière, et la prière de tous, chacun dans sa propre identité et dans la recherche de la vérité (…). Nous pouvons en effet retenir que toute prière authentique est suscitée par l’Esprit Saint qui est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme” (n° 11). Les évêques d’Algérie l’ont bien compris, eux qui, en 2004, affirmaient : “Nous voulons être une Église du respect, de la réconciliation et de la communion par-dessus toutes les frontières”. Denys Pillet M.Afr.
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