Il
parait important pour
la Rédaction du
site ADS de mettre sur ce site, le billet "Moula
Moula " de Mgr Claude Rault ", évêque émérite du Diocèse du
Sahara, billet qui évoque la situation au
Moyen Orient en cet automne 2023.
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MOULA-MOULA 57
Bien chers tous
et
toutes.Paris. Le 21
novembre 2023
Sautillant devant moi sur la
grille d’un jardinet, Moula-Moula avait
revêtu sa tenue de merle et semblait me défier comme
si je ne l’avais pas
reconnu ! Il a l’art du camouflage, mais il a
mis bien du temps à
réapparaître ! Il est temps que je vous
l’envoie , même si le temps
est à la grisaille !
Je vais me limiter aux dernières
nouvelles du conflit
israélo-palestinien... terrain miné s’il en est, je
n’aurai pas la prétention à
la totale impartialité... et c’est déjà
beaucoup !
Le
rapport à la guerre entre l’Ukraine et la Russie, au
Soudan (pour ne parler que
de ces pays) est sans doute moins complexe. Ces
conflits semblent
s’éterniser au point que parfois cela devient
« banal », excusez-moi
du mot. Rien de plus terrible que de s’habituer à la
guerre, même si elle est
loin de nous.
Pour ce qui est du conflit au Proche
Orient, depuis quelques
semaines, les nouvelles courent tellement vite qu’il
est difficile d’en suivre
l’actualité . Faut-il se positionner ? S’il est
une position à prendre,
elle est bien du côté de la justice et de la
paix !
Prenons un peu de recul... si cela est
possible. Israël a eu droit à
la reconnaissance internationale comme État, et la
Palestine a eu elle aussi le
« droit » à la sienne, mais dans quelles
conditions ! Actuellement,
cet État morcelé est en deux parties qui ne
communiquent pas : pas de passage
entre la Cisjordanie et Gaza.
La
Cisjordanie a été petit à petit spoliée, grignotée
par des colons israéliens, sans
jamais de retour en arrière. Les fameuses
« résolutions » de l’ONU
sont rejetées aux calendes grecques, et finalement
oubliées... là aussi on
s’était habitué !
Et
Gaza, maintenant un champ de ruines et de morts,
était une grande prison à ciel
ouvert sous l’œil très attentif et dominateur du
voisin qui vivait dans la peur
d’un Hamas lui aussi sans concession.
La
tragédie se déroule sous nos yeux. La guerre,
maintenant inégale, mène à des
débordements inhumains. Sous prétexte d’éliminer le
Hamas, on tue et blesse à
coups de bombes et d’obus hommes, femmes, enfants,
vieillards par milliers.
L’Occident a apporté un appui
« inconditionnel » à l’État hébreu, et
notre pays en est. On essaie de combler les brèches
par « l’humanitaire »
alors que l’humain aurait dû se déclencher dès les
premiers débordements et
même l’anticiper.
Oui,
il y a eu des massacres et des prises d’otages
civils, hommes, femmes et
enfants commis par le Hamas au mépris de la dignité
humaine le 7 octobre, et
c’est inacceptable, injustifiable, inexcusable. Ce
n’est pas parce que le Hamas
est tombé dans la démesure ce 7 octobre que l’armée
israélienne doit y sombrer.
Et c’est le cas.
Maintenant,
toute une population, par milliers de personnes, est
actuellement prise dans la
tenaille de l’armée israélienne et ses alliés
appellent seulement à la
« retenue » en distribuant au
compte-goutte cette aide
« humanitaire »! Des enfants, des femmes,
des vieillards, sont privés
d’eau, de soins, de toit… et même du droit à la vie.
Eux aussi sont pris en otage.
Un
otage d’un camp a-t-il plus de valeur humaine que
celui de l’autre ? Une
personne palestinienne serait-elle moins noble
qu’une autre ? Je
n’invoquerai ici aucun argument religieux. Quelle
que soit sa religion, ses
convictions, ses choix personnels, une personne est
une personne et a le droit
au respect et à la dignité, à la vie. Toute dérive
dans ce domaine doit être
dénoncée.
En
arrière-fond, disons-le, le poids culpabilisant de
la Shoah continue de peser
lourd sur nos épaules occidentales, et
puissions-nous ne jamais laisser tomber
dans l’oubli de telles horreurs.
Pour
ce qui est du monde arabe, le passé colonial de
notre pays pèse encore lourd dans
l’opinion et dans les relations mutuelles avec les
anciens pays colonisés. Les
musulmans de France rasent les murs. Les israélites
sont pris à parti. L’antisémitisme
est aussi intolérable que toute forme de racisme.
Autant dire qu’un abîme se
creuse...
Des signes de
conciliation s’allument et c’est urgent. Des petites
flammes d’espérance aussi.
Ténues, fragiles, elles sont comme des passerelles
entre nos communautés. Je
crois que les chrétiens ont ici un grand rôle à
jouer avec les autres
communautés croyantes.
Un ami m’envoyait il y a
quelques jours une prière sur l’Espérance et il
écrivait : « Où veux-tu
trouver un chemin d’espérance,
dans notre monde d’aujourd’hui ? Elle ne va pas
venir d’un coup, nous
dis-tu, il va falloir monter à l’Espérance
marche par marche ».Le
possible
nous est offert, et il dépend de chacun d’entre
nous. Quant à
l’impossible, Dieu le tient en sa main.
Demandons-le-Lui.
+Claude
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(Microsoft Word - En chemin-1 octobre-novembre 2018
r\351duit.do
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