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Amis du Diocèse du Sahara
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MESSAGE de ROME
de
Mgr Claude RAULT
 évêque du diocèse de LAGHOUAT-GHARDAÏA
en date du 16 septembre 2006
Discours de Benoit XVI
Palais apostolique à Castel Gandolfo
Audience du 25 septembre 2006 en présence du cardinal Paul
Poupard, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, des
ambassadeurs des pays à majorité musulmane accrédités au Saint-Siège et
de représentants de la communauté musulmane en Italie .

Homélie de Mgr C. Rault
Chez les Petites Sœurs de Jésus
Tre Fontane (Rome)
ce dimanche 17 septembre 2006

Suite aux propos  
de Benoit 16 , à Ratisbonne
quelques analyses complémentaires

                                                                  
Rome, le 16 septembre 2006

Bien cher amis,

    Me voici donc à Rome depuis plus d’une semaine pour suivre une session organisée par la Congrégation romaine que dans notre jargon ecclésiastique nous appelons " Propaganda Fide ". C’est un organisme dépendant du Vatican qui regroupe un certain nombre de Diocèses à travers le monde (environ 40%), qui n’ont pas encore atteint leur plein autonomie.
Nous nous trouvons donc 99 nouveaux évêques nommés depuis deux ans, venant des quatre points de la Planète : Asie, Océanie, Amérique du Sud, Afrique, pour le plus grand nombre. C’est une belle expérience d’abord de rencontre et de partage sur nos différents horizons humains et religieux. 
Le but de cette session est de nous donner une formation de base concernant notre service d’évêque, aussi bien au niveau du droit, de la gouvernance, des relations avec les chrétiens qui nous sont confiés, des liens à entretenir avec les différents services du Vatican, que du sens profond attaché à ce service. Chaque jour, nous avons deux conférences, la plupart du temps données par des Cardinaux en charge, mais aussi quelques théologiens. Je vous avoue que le meilleur que nous pouvons recevoir passe par les expériences qui nous sont partagées, sans négliger pour autant le reste.
L’après-midi, nous la consacrons à des travaux de groupes. Celui dans lequel je me trouve est surtout africain. Cela vient du fait que la répartition s’est faite selon le partage linguistique. Dix groupes se sont ainsi constitués, 3 francophones, 4 anglophones, 1 lusophone (portugais) et 1 hispanophone, 1 vietnamien en raison des difficultés de langue.
L’ambiance est assez détendue malgré un programme assez chargé. Rassurez-vous, nous avons mis nos mitres, soutanes, et calottes de côté, nous les réservons pour la visite au Pape dans une semaine. Les questions fusent, de toute part, et sont en général " au ras du sol " et les débats sont francs, concrets malgré notre grande diversité.
Dans cette grande assemblée, je sens bien sûr la spécificité d’un Diocèse comme le nôtre… si grand et si petit à la fois, mais cela m’aide à sortir de cette spécificité pour en rejoindre d’autres et partager les soucis des autres " jeunes évêques " aux prises avec des difficultés bien concrètes comme la vie de leurs prêtres, l’inculturation de la liturgie, ou bien dramatiques comme la guerre, l’insécurité, la faim, la solitude.
    Donc… la session se déroule plutôt bien, et mes craintes de me trouver dans une ambiance un peu trop protocolaire se sont vite évanouies.

    Je profite de ce séjour à Rome pour réanimer des contacts avec les Responsables des Congrégations religieuses présentes dans notre Diocèse.
Ma première visite a été pour les PIME. J’y ai fait connaissance avec Silvano, qui n’avait pas encore son visa, mais qui vient tout juste de l’obtenir. Il se sent maintenant tout prêt à rejoindre la communauté de Ouargla pour s’installer à Touggourt. Notre Silvano est plein d’enthousiasme, et voit sa nomination comme une continuation. Il a été longtemps présent au Cameroun. Une visite au Supérieur Général des PIME m’a permis d’aller plus loin dans la continuation du projet de communauté.

J’ai pu déjà visiter le Conseil Général des SMNDA (Sœurs Blanches) voici 2 jours. Je me suis " pointé "chez elles " trempé comme une soupe ", elles m’ont même trouvé une chemise d’homme… que j’ai gardé " en souvenir !…non seulement elles habillent notre Diocèse par leur présence et leur service, mais elles habillent aussi l’évêque !

Hier soir, j’étais invité chez les Sœurs Missionnaires de l’Immaculata, actuellement en  Chapitre Général, pour leur présenter le projet de Hassi Messaoud. Malheureusement les transports romains étaient en grève et il nous a fallu plus de 2 heures pour sortir de Rome. Sr Theresa (leur Responsable Générale) et Sr Francesca (Provinciale d’Italie) m’attendaient avec impatience, je ne les avais pas revues depuis leur passage chez nous en avril. Elles étaient encore toutes ravies de leur visite et n’ont oublié aucun visage rencontré, spécialement la communauté de nos Sœurs de Ouargla. J’ai donc exposé à leur Chapitre Général notre projet sur Hassi Messaoud. Les questions ont fusé… et j’ai trouvé un accueil assez prometteur. Mais… l’avenir dira le reste. La demande est faite. Espérons.

En arrivant à Rome, j’ai été accueilli par Raphaël qui vous salue tous chacun et chacune par votre nom… nous devons prendre une pizza ce soir ensemble. J’ai pu aussi rencontrer – mais de façon informelle – le Conseil Général des Pères Blancs au complet. Il se trouve en ce moment en période de Conseils.

Demain dimanche, je vais passer la journée à Tre Fontane chez les Petites Sœurs de Jésus.(ndlr: lire l'homélie plus bas)  J’ai renoncé au pèlerinage à Assise pour pouvoir prendre le temps de ces visites. Je vais faire de mon mieux pour la semaine prochaine voir les Sœurs Franciscaines, les Sœurs Maristes… Oui, le calendrier est bien chargé, mais ce serait dommage d’être à Rome et de négliger toutes ces rencontres possibles.

    Je dois rentrer à Alger le lundi 25 et y rester quelques jours, avant de filer sur Ghardaia pour y rejoindre l’équipe diocésaine déjà au travail… notamment dans la transmission des tâches. Je leur souhaite enthousiasme et courage. Je sais qu’ils en débordent, et je leur demande de m’en réserver un peu, j’en aurai besoin pour continuer le chemin.

 Avec l’assurance de ma toute fidèle amitié.
xcr22.jpg + Claude, votre frère évêque.

P.S. Bien sûr vous avez tous été au courant des propos de notre Pape… et surtout de leur résonance dans un bon nombre de milieux musulmans… Le texte avait-il été préparé par lui-même ou par un de ses théologiens et historiens de son entourage ? Quel regrettable glissement ! Je viens tout juste d’en lire le texte. (*)
Cela montre en tout cas que la suppression du Secrétariat pour le dialogue inter-religieux n’a pas été une heureuse initiative… et que ce service permettait au moins la préparation de documents plus appropriés !  (**)

(*) NDLR: Recevant  le texte de l'Homélie, en soirée de ce 17 septembre, nous la mettons tout de suite en ligne ci dessous
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Homélie de Mgr Claude Rault, évêque de Laghouat
Chez les Petites Sœurs de Jésus à Tre Fontane (Rome)
ce dimanche 17 septembre 2006
Le P. Claude Rault, invité par les Petites Sœurs de Jésus, a prononcé cette homélie au cours de la messe célébrée à Tre Fontane. Nous avons pensé vous la transmettre à la suite de la conférence de notre Pape Benoît XVI à l’université de  Ratisbonne, et devant les réactions violentes qu’elle a provoquées dans le monde musulman.
Le P. Claude Rault propose cette médiation en commentant l’évangile de ce dimanche (Marc 8, 27-35) où Pierre confesse que Jésus est le Christ et, immédiatement après, se met en travers de sa route.

Bien chères Sœurs en Jésus.,

" Tu es Pierre ".
Cette reconnaissance historique et actuelle de Pierre comme fondement de notre Eglise peut passer parfois par des turbulences, et l’actualité nous plonge dans cette réalité.

Je ne passerai pas au fil de l’analyse ce que notre Pape Benoît a déclaré à l’université de Ratisbonne. Ce n’est pas le lieu. Et puis, il faut un certain recul que je n’ai pas pris le temps de prendre.

Comme vous, je souffre à la fois de ce glissement fort regrettable dans les paroles prononcées et des conséquences qui en résultent dans le climat déjà tendu entre les communautés musulmanes et les communautés chrétiennes. Nous n’avions pas besoin de cela !

Des paroles dites peuvent déchaîner des violences démesurées, et la langue nous dit St Jacques est un gouvernail qui requiert une grande sagesse humaine et spirituelle et peut aussi mettre le monde en feu…  Nous en avons une fois de plus une tragique illustration.
Mais voilà une occasion de nous positionner justement par rapport à la personne même de Pierre.
C’est à ce positionnement que je me sens plus particulièrement appelé aujourd’hui. Jésus lui-même nous a dit que " c’est sur cette pierre qu’il bâtirait son Eglise ". Et il n’a pas craint de le faire sur la fragilité de ce fondement. Pierre est une fondation fragile. Mais il est la pierre de base de la communauté voulue et édifiée par Jésus.

L’évangile d’aujourd’hui nous le met en avant dans une double situation.

Celle où le premier, Pierre confesse sa foi en Jésus. Mis au pied du mur, il est le premier à répondre à la question : " Tu es le Christ ". Il l’affirme sans ambages, avec la franchise et la spontanéité que nous lui connaissons.

Et c’est cela que nous attendons de Pierre ; qu’il nous redise qui est ce Jésus en qui l’on reconnaît le Christ, l’envoyé, le Messie de Dieu. Et il le fait à temps et à contre temps, contre vents et marées. Des siècles de son histoire nous le disent. Et aujourd’hui encore nous recevons ce dépôt grâce au don qui est fait à Pierre. Et en cela nous nous reconnaissons en Pierre, et en cela nous nous référons à lui.

Mais en même temps nous devons en reconnaître la fragilité, voire même les volte-faces. Aussitôt après avoir fait cette profession de foi, Pierre se met en travers du chemin que Jésus veut prendre.
Nous sommes décontenancés devant la réaction de Jésus qui dit à Pierre " Passe derrière-moi, Satan ! ". Pierre a fait un faux pas. Peut-être s’est-il trop vite pris au sérieux. Peut-être a-t-il cru bien faire de suggérer à Jésus de prendre un autre chemin que celui de sa Passion et de sa Résurrection. Peut-être a-t-il pensé qu’il y avait mieux à faire… et il s’est mis en travers du chemin que Jésus avait décidé de prendre. La réponse de Jésus a été nette et sans détour. La tentation était sans doute trop grande pour lui, et Jésus à ce moment a été profondément touché. Cela explique la violence de la réponse. Et Jésus remet Pierre à sa place.

Sommes-nous aussi solidaires de ce Pierre qui a confessé Jésus comme étant le Christ que de ce Pierre qui s’est mis en travers de sa route ? Il n’y a pas deux Pierre. Il n’y a pas de notre côté deux sortes de fidélités. Une fidélité à Pierre confessant. Une mise à l’écart de Pierre faisant une faux pas. Notre solidarité avec Pierre doit être aussi déterminée dans un cas comme dans l’autre. Et tout à l’heure, nous allons tous prier pour lui, comme chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie.

Cela ne veut pas dire que nous devons rester comme des brebis muettes. Après la Pentecôte, nous aurions pu penser que Pierre serait une fois pour toute délivré de ses glissements possibles. Mais même après la Pentecôte, Paul a repris Pierre : " Je lui résistai en face parce qu’il s’était donné tort… " nous relate l’Apôtre des Nations  (Galates 2,11). Mais il l’a fait parce que son amour pour Pierre était indéfectible. Parce qu’il reconnaissait en Pierre le fondement même de l’Eglise.
   
Chères Sœurs en Jésus, que retirer de tout cela ? Loin de moi de vouloir semer la confusion dans vos esprits ! Dans cette épreuve qui traverse aujourd’hui notre Eglise, spécialement là où elle vit dans un rapport parfois difficile avec le monde musulman… nous avons à réaffirmer notre confiance en Pierre et dans le Christ à la fois. Pierre n’est pas Jésus. Il en est le serviteur fragile, le plus exposé. Comme toute personne, il est soumis à des faux pas et de fausses appréciations.
Reconnaissons à Pierre le droit à l’erreur. Il y a en nous cette faiblesse qui est en lui. Porter notre croix et suivre Jésus, c’est cela qui nous est demandé aujourd’hui, à travers cet événement même.

    Si nous nous restons profondément solidaires de Pierre. Si nous aimons vraiment Pierre, de cet amour fraternel, réel, nous pourrons alors avoir l’audace évangélique de Paul de le contester. Ce ne peut se faire que dans une grande humilité.

Humiliés, nous le sommes, Pierre l’est aussi. Nous portons cette blessure qui atteint beaucoup de musulmans aujourd’hui. Nous pouvons même désavouer ces paroles regrettables qui nous atteignent nous aussi. Je ne sais par quel biais cela pourra se faire. Mais cela s’est déjà fait, et cela se fera encore.

Cela ne peut se faire que dans un réel amour de Pierre. Cela ne peut se faire que parce que cet amour trouve son origine en Celui qui a donné sa vie pour Pierre et pour nous. Nous sommes indissociablement liés dans cette Eglise secouée par nos propres errances, et pas seulement par les événements qui lui viennent du dehors.

Prions pour Pierre. Prions pour ceux qui ont ressenti douloureusement cette violence verbale. Prions pour ceux qui l’utilisent et la manipulent.
Prions les uns pour les autres pour que notre amour de Pierre soit à la mesure de l’amour de cette humanité où le Christ nous envoie.

Amen.                                                                                                                                 boutonhaut.jpg


quelques analyses complémentaires, suite aux propos de Benoit16 ,à Ratisbonne (cliquez sur la ligne)

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