Cette inscription
arabe présente le même texte écrit deux fois, d'abord
de droite à gauche, puis à l'envers dans un effet de miroir.
Il dit
"LUI, leVivant, l'Eternel" Tous, chrétiens
et musulmans peuvent le dire, l'écrire, se souvenant que Dieu,
LUI, est au-delà de tous les noms que nous Lui donnons... Au-delà
de nos systèmes religieux, Dieu reste... LUI-même.
Face à face comme les signes de cette inscription, chrétiens et musulmans ont souvent l'impression d'aborder le mystère de Dieu... à l'envers les uns des autres ! Un effort est donc à faire pour SE COMPRENDRE Il est bien facile de se combattre et de se condamner mutuellement. Chrétiens et musulmans l'ont fait pendant des siècles et continuent de le faire actuellement. Le monde ne s'en est pas trouvé plus paisible pour autant. Bien au contraire. Dans un monde toujours plus désireux de communiquer, le plus urgent n'est pas de parler, mais de mieux comprendre l'autre dans l'espoir de s'en faire comprendre à son tour. |
Extraits du site![]() 12 septembre 2006 : Extraits d'une conférence à l'université de Ratisbonne Foi et Raison selon Benoît XVI
Nous ne reproduisons ici que les extraits ci-dessous sur
lesquels se greffent les protestations musulmanes. Pour trouver le texte
complet en français : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20060912_university-regensburg_fr.htmlNoter ci-dessous l'interprétation qu'en donne le bureau de presse du Vatican. Voir http://www.oumma.com/spip.php?article2158 pour quelques réflexions sur les raisons de ces protestations. voir l'émission(7 minutes) du Jour du Seigneur du dimanche 24 septembre (visible pendant une semaine) sur les liens Islamo chrétiens ( Père J.M Gaudeul) Ratisbonne,
le mardi 12 septembre 2006 «... Tout cela me revint en mémoire récemment à la lecture de l'édition publiée par le professeur Theodore Khoury (Münster) d'une partie du dialogue que le docte empereur byzantin Manuel II Paléologue, peut-être au cours de ses quartiers d'hiver en 1391 à Ankara, entretint avec un Persan cultivé sur le christianisme et l'islam et sur la vérité de chacun d'eux. L'on présume que l'Empereur lui-même annota ce dialogue au cours du siège de Constantinople entre 1394 et 1402; ainsi s'explique le fait que ses raisonnements soient rapportés de manière beaucoup plus détaillées que ceux de son interlocuteur persan. Le dialogue porte sur toute l'étendue de la dimension des structures de la foi contenues dans la Bible et dans le Coran et s'arrête notamment sur l'image de Dieu et de l'homme, mais nécessairement aussi toujours à nouveau sur la relation entre — comme on le disait — les trois « Lois » ou trois « ordres de vie »: l'Ancien Testament — le Nouveau Testament — le Coran. Je n'entends pas parler à présent de cela dans cette leçon ; je voudrais seulement aborder un argument — assez marginal dans la structure de l'ensemble du dialogue — qui, dans le contexte du thème « foi et raison », m'a fasciné et servira de point de départ à mes réflexions sur ce thème. Dans le septième entretien (dialexis — controverse) édité par le professeur Khoury, l'empereur aborde le thème du djihad, de la guerre sainte. Assurément l'empereur savait que dans la sourate 2, 256 on peut lire: « Nulle contrainte en religion ! ». C'est l'une des sourates de la période initiale, disent les spécialistes, lorsque Mahomet lui-même n'avait encore aucun pouvoir et était menacé. Mais naturellement l'empereur connaissait aussi les dispositions, développées par la suite et fixées dans le Coran, à propos de la guerre sainte. Sans s'arrêter sur les détails, tels que la différence de traitement entre ceux qui possèdent le « Livre » et les « incrédules », l'empereur, avec une rudesse assez surprenante qui nous étonne, s'adresse à son interlocuteur simplement avec la question centrale sur la relation entre religion et violence en général, en disant: « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l'épée la foi qu'il prêchait ». L'empereur, après s'être prononcé de manière si peu amène, explique ensuite minutieusement les raisons pour lesquelles la diffusion de la foi à travers la violence est une chose déraisonnable. La violence est en opposition avec la nature de Dieu et la nature de l'âme. « Dieu n'apprécie pas le sang — dit-il —, ne pas agir selon la raison , “sun logô”, est contraire à la nature de Dieu. La foi est le fruit de l'âme, non du corps. Celui, par conséquent, qui veut conduire quelqu'un à la foi a besoin de la capacité de bien parler et de raisonner correctement, et non de la violence et de la menace... Pour convaincre une âme raisonnable, il n'est pas besoin de disposer ni de son bras, ni d'instrument pour frapper ni de quelque autre moyen que ce soit avec lequel on pourrait menacer une personne de mort...». L'affirmation décisive dans cette argumentation contre la conversion au moyen de la violence est : ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu. L’éditeur Théodore Khoury commente : pour l'empereur, un Byzantin qui a grandi dans la philosophie grecque, cette affirmation est évidente. Pour la doctrine musulmane, en revanche, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle du raisonnable. Dans ce contexte, Khoury cite une œuvre du célèbre islamologue français R. Arnaldez, qui explique que Ibn Hazn va jusqu'à déclarer que Dieu ne serait pas même lié par sa propre parole et que rien ne l'obligerait à nous révéler la vérité. Si cela était sa volonté, l'homme devrait même pratiquer l'idolâtrie. Ici s'ouvre, dans la compréhension de Dieu et donc de la réalisation concrète de la religion, un dilemme qui aujourd'hui nous met au défi de manière très directe. La conviction qu'agir contre la raison serait en contradiction avec la nature de Dieu, est-elle seulement une manière de penser grecque ou vaut-elle toujours et en soi ? Je pense qu'ici se manifeste la profonde concordance entre ce qui est grec dans le meilleur sens du terme et ce qu'est la foi en Dieu sur le fondement de la Bible...»Intervention du Père Lombardi, du Bureau de presse du Saint-SiègeRatisbonne, 13 septembre 2006 (Apic) Il ne faut pas oublier les positions "non-violentes" existant dans l'islam, relève le Père Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. S'adressant le 12 septembre aux vaticanistes pour commenter le discours prononcé mardi soir par le pape aux représentants du monde des sciences à Ratisbonne, il a souligné "qu’au sein de l’islam, il y a beaucoup de positions différentes", dont des positions opposées à la violence. Le Père Lombardi a relevé que la chose la plus importante de ce discours du pape était la réconciliation que Benoît XVI faisait entre foi et raison. La chose qui lui semble la plus importante dans ce discours sont ses conclusions, quand le pape dit que ce qui lui importe est “l’élargissement de l’utilisation de la raison“, en d’autres termes, “ne pas séparer la foi de la raison, parce que c’est risqué pour l’homme moderne“, a ainsi commenté le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. |
La source Un livre de la collection des " Sources Chrétiennes " : N°115, Manuel II Paléologue, Entretiens avec un musulman - 7ème controverse, introduction, texte critique, traduction et notes par Théodore Khoury (Cerf, Paris, 1966, 233 pp.), p. 144-145. L’occasion Le pape visite l’université où il a enseigné, retrouve des anciens collègues et donne une " leçon " dans le grand amphithéâtre. On note le ton très familier et très personnel : réminiscences et souvenirs, avant d’aborder le sujet dont il veut parler : le lien entre Raison et Foi. L’amorce elle-même est très personnelle : " Tout cela me revint en mémoire récemment à la lecture de... ". Manifestement, Benoît XVI parle de façon détendue... d’autant plus que ce texte, quand il apparaît sur le site Internet du Vatican, est accompagné d’une mention bien étrange pour un texte " pontifical " : le Saint Père a l’intention de fournir une version ultérieure de ce texte complétée de notes. Le texte actuel peut donc être considéré comme provisoire. Tout indique donc que l’on a pas ici un document dont l’auteur a pesé tous les mots. Le vrai débat Ce qui a étonné et même indigné les musulmans, ce n’est pas le sujet principal de la conférence du pape : personne ne conteste, ni parmi les chrétiens, ni parmi les musulmans, le lien qu’il établit entre la rationalité et la foi. Leur première source d’étonnement vient du fait que, pour trouver un exemple à ne pas suivre, il est allé puiser chez les musulmans, comme s’il n’en existait pas dans la longue histoire des débats théologiques du Christianisme. L’impression - première et superficielle, j’en conviens - qu’on en retire est que la rationalité se trouve chez les chrétiens et non dans l’islam. A juste titre, les musulmans nous citent l’exemple des Mu’tazilites et des Philosophes qui, tout musulmans qu’ils étaient, en venaient à dire que la vérité recherchée par les philosophes est du même ordre que la vérité prêchée par les prophètes à travers des symboles. On pense à Avicenne ou à Averroès, mais on rappelle que beaucoup de penseurs musulmans du 20ème siècle sont, en fait, des néo-mu’tazilites. Une deuxième surprise vient du fait que le pape puise ses idées dans la littérature des controverses : Manuel Paléologue (1350-1425) ; Ibn Hazm (994-1064), si bien que les paroles qu’il cite sont, en elles-mêmes, provocantes. D’ailleurs le pape lui-même le souligne ! Deux points provoquent un véritable choc En citant ces textes, Benoît XVI ajoute des commentaires qui sont, à la fois, offensants et inexacts. En effet, le pape commente de son propre chef : " Assurément l’empereur savait que, dans la sourate 2, 256, on peut lire : " Nulle contrainte en religion ! ". C’est l’une des sourates de la période initiale, disent les spécialistes, lorsque Mahomet lui-même n’avait encore aucun pouvoir et était menacé. Mais naturellement l’empereur connaissait aussi les dispositions, développées par la suite et fixées dans le Coran, à propos de la guerre sainte. " Il s’agit là des propos du pape lui-même. L’ennui, c’est que Benoît XVI se trompe : ce verset coranique - de l’avis unanime de tous les commentateurs - tant chrétiens que musulmans - n’est pas de la période initiale, mais bien de la période médinoise quand Muhammad est au pouvoir. L’implication que les musulmans ont bien saisie, c’est que le pape attribue à Muhammad lui-même le contenu des versets. On ne saurait faire au pape le reproche de ne pas croire en l’inspiration du Coran ! Mais on peut lui reprocher de fournir - involontairement sans doute - une version faussée de l’Histoire. Un autre point suscite la controverse : n’étant sans doute pas très versé dans l’histoire des courants théologiques de l’islam, Benoît XVI suit, sans la mettre en doute, l’opinion - très discutable - de T. Khoury qui dit : " Pour la doctrine musulmane, en revanche, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle du raisonnable " et qui cite, pour justifier cette idée, une phrase, tirée hors contexte, d’Ibn Hazm, un auteur espagnol qui voulait condamner toute spéculation théologique mais qui, justement, n’a pas fait école parmi les penseurs musulmans. Les musulmans s’indignent que cette opinion marginale soit présentée comme représentative de l’ensemble de la doctrine islamique. Ajoutons que ce désir de présenter Dieu comme libre de nos petites logiques est un thème familier de la littérature biblique : Mes pensées ne sont pas vos pensées - comme le ciel est au-dessus de la terre, ainsi ma pensée au-dessus des vôtres - vos meilleurs pensées sont comme du linge sale - les voies de Dieu sont insondables et incompréhensible ses voies, - ce qui est folie aux yeux des hommes est sagesse aux yeux de Dieu... etc... Il n’est pas sûr que les penseurs musulmans voulaient dire autre chose que cela ! Conclusion Bon nombre de leaders musulmans souhaitent un apaisement rapide de la crise. Il serait dangereux de refuser de reconnaître que le texte de Benoît XVI contient des inexactitudes et qu’il donne trop d’importance à une citation d’un auteur marginal. Cet incident, cependant, a donné aux musulmans l’impression que le pape ne les aiment pas et qu’il manque de cette sensibilité qui aurait pu lui faire sentir le retentissement de ses paroles dans le monde musulman. Il ne s’agit plus ici de doctrine mais d’empathie. L’Eglise est sacrement de l’amour de Dieu... Cette histoire n’aura rien fait pour le manifester. P. Jean-Marie Gaudeul Publié
le dimanche 17 septembre 2006
Mis à jour le lundi 18 septembre 2006 par Jean Marie GAUDEUL ![]() |
Suite
aux propos du Pape à Ratisbonne,![]() Homélie de Mgr Rault, évêque de Laghouat Tre Fontane - ROME 17 septembre 2006 |