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ECHOS du SYNODE des EVEQUES DU MOYEN ORIENT

CHRETIENS DE LA MEDITERRANEE
  DIALOGUE ET SOLIDARITE
entre les CHRETIENS D'ORIENT ET D'OCCIDENT


Rome : 4-24 octobre 2010
 

Dans le cadre du dialogue islamo-chrétien grâce aux sites
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  et INFO CATHO,
le site ADS relaye quelques aspects de ce Synode.

1- les propositions transmises au Pape,
2 - Interventions de deux invités islamiques:
21-  M.MUHAMMAD AL-SAMMAK (LIBAN) extraits CONSEILLER POLITIQUE DU MUFTI DE LA RÉPUBLIQUE (LIBAN)
22-  AYATOLLAH SEYED MOSTAFA MOHAGHEGH AHMADABADI (IRAN) Extraits
4 - INTERVENTION DE L’ INVITÉ SPÉCIAL, RABBIN DAVID ROSEN, CONSEILLER DU GRAND RABBINAT D'ISRAËL, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT POUR LES AFFAIRES INTERRELIGIEUSES DE L'"AMERICAN JEWISH COMMITTEE" ET DE L'INSTITUT HEILBRUNN POUR L'ACCORD INTERNATIONAL INTERRELIGIEUX (ISRAËL)
5- Mgr Vincent LANDEL Archevêque de RABAT (MAROC), président de la  CONFERENCE EPISCOPALE REGIONALE D'AFRIQUE SEPTENTRIONALE ( CERNA)
6 - Mgr Maroun Elias LAHHAM, archevêque de Tunis (TUNISIE)
7-  Mgr Ghaleb Moussa Abdalla BADER, Archevêque d'Alger (ALGÉRIE)


2010-10-26 - Synode LES PROPOSITIONS TRANSMISES AU PAPE

Au terme du Synode, 'les pères synodaux' ont transmis à Benoît XVI 44 réparties selon 3 thèmes, propositions que le Pape étudiera avec ses conseillers pour promulguer son "Exhortation apostolique" finale.

Ces 3 thèmes regroupent et soulignent le points de vue des participants de ce Synode :
 - la présence chrétienne au Moyen- Orient, la communion ecclésiale et le témoignage chrétien
- patriarches et évêques reviennent aussi sur les problématiques liées au mariage des prêtres, à la "blessure" de l ́émigration,
au dialogue interreligieux, à l ́oecuménisme ou à la liturgie.

La tentation de vendre
Partant du principe que "l ́attachement à la terre natale" est "essentiel" pour l ́identité des chrétiens, les patriarches et évêques exhortent ainsi leurs fidèles et les communautés ecclésiales "à ne pas céder à la tentation de vendre leurs propriétés immobilières". Un comportement courant en particulier dans la partie musulmane de Jérusalem.
Soucieux d ́aider les chrétiens qui se trouvent dans des "situations économiques difficiles (...) à garder leurs terres ou à en acquérir de nouvelles", les ‘pères synodaux ́ proposent alors "la création de projets économiques" permettant "aux propriétaires de demeurer chez eux dignement et d ́essayer de récupérer ceux qui sont perdus et confisqués". "De même, rappellent-ils, il faut préserver les propriétés et les biens de l ́Eglise et de ses institutions".

Prêtres mariés
La question des prêtres catholiques orientaux mariés fait aussi l ́objet d ́une proposition. Rappelant que "le célibat ecclésiastique est estimé et apprécié toujours et partout dans l ́Eglise catholique, en Orient comme en Occident", les évêques demandent toutefois, dans l ́intérêt des fidèles, "d ́étudier la possibilité d ́avoir des prêtres mariés en dehors du territoire patriarcal" des Eglises d ́Orient.
Le célibat ecclésiastique est estimé et apprécié toujours et partout dans l’Église catholique, en Orient comme en Occident. Toutefois, et afin d’assurer un service pastoral en faveur de nos fidèles, partout où ils vont, et de respecter les traditions orientales, il serait souhaitable d’étudier la possibilité d’avoir des prêtres mariés en dehors du territoire patriarcal.» (Proposition n° 23) .A ce propos, le jour même de la parution de ces propositions, Mgr Cyrille Salim Bustros, président de la Commission pour le message final du synode, s ́est appuyé sur l ́exemple des membres du clergé anglican déjà mariés qui peuvent désormais revenir dans l ́Eglise catholique grâce à la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus publiée en novembre 2009. Il a demandé une modification "des actuelles directives du Saint-Siège en la matière qui imposent le célibat aux prêtres orientaux qui se trouvent en mission pastorale hors de leur territoire".

Le martyre des chrétiens
 Dans un passage consacré au "partage de la Croix", les ‘pères synodaux ́ espèrent "attirer l ́attention du monde entier sur la situation dramatique de certaines communautés chrétiennes au Moyen-Orient, qui souffrent de toutes sortes de difficultés, allant parfois jusqu ́au martyre". Et de demander "aux instances nationales et internationales un effort spécial pour mettre fin à cette situation de tension, en rétablissant la justice et la paix".
Comme dans le message final du Synode, ils leur demandent par ailleurs d ́inciter "les autorités civiles responsables à appliquer les résolutions des Nations unies concernant la région, en particulier le retour des réfugiés et le statut de Jérusalem et des Lieux Saints".Dialogue interreligieux

Le dialogue entre les chrétiens du Moyen-Orient et "leurs concitoyens des autres religions"
constitue bien sûr l ́un des thèmes récurrents de ces propositions, qui invitent, notamment "à la purification de la mémoire, au pardon mutuel du passé et à la recherche d ́un meilleur avenir commun".

Plus concrètement, les patriarches et évêques de la région souhaitent que "dans la vie de chaque jour", les fidèles des 3 religions monothéistes cherchent "l ́acceptation mutuelle malgré les différences" et forment "une société nouvelle où le pluralisme religieux est respecté et où le fanatisme et l ́extrémisme seront exclus".
"Nous refusons l ́antisémitisme et l ́antijudaïsme", affirment les prélats, soucieux cependant de faire une distinction entre "religion et politique". Concernant le dialogue avec l ́islam, les pères synodaux jugent "important de promouvoir la notion de citoyenneté, la dignité de la personne humaine, l ́égalité des droits et des devoirs et la liberté religieuse comprenant la liberté du culte et la liberté de conscience".

" Les initiatives de dialogue et de coopération avec les juifs sont à encourager, pour approfondir les valeurs humaines et religieuses, la liberté, la justice, la paix et la fraternité. La lecture de l’Ancien Testament, et l’approfondissement des traditions du judaïsme aident à mieux connaître la religion juive."(Proposition n° 41)

" Au Moyen-Orient, les chrétiens partagent avec les musulmans la même vie et le même destin. Ils édifient ensemble la société. Il est important de promouvoir la notion de citoyenneté, la dignité de la personne humaine, l’égalité des droits et des devoirs et la liberté religieuse comprenant la liberté du culte et la liberté de conscience." (Proposition n° 42)

Respect des migrants
L ́émigration est une blessure, une perte pour tous, pas que pour les chrétiens. Les migrations de chrétiens depuis et vers le Moyen-Orient font l ́objet de plusieurs propositions, dont celle de "créer un bureau ou une commission chargée de l ́étude du phénomène migratoire et de ses motivations pour trouver les moyens de le contrecarrer".
S ́ils souhaitent "éduquer les chrétiens de l ́émigration à garder la fidélité à la tradition de leurs origines", les responsables du synode sont surtout préoccupés par le respect des "droits fondamentaux des immigrés" au Moyen-Orient, "quelles que soient leur nationalité et leur religion".

Pour une bonne communion
Afin de "consolider" la communion au sein de l ́Eglise catholique, les ‘pères synodaux ́ recommandent la création "d ́une commission de coopération entre les hiérarques catholiques du Moyen-Orient, chargée de promouvoir des stratégies pastorales communes".
Ces responsables doivent particulièrement avoir "une position pastorale commune" vis-à-vis des "nouveaux mouvements ecclésiaux de tradition occidentale, de plus en plus présents", qui doivent quant à eux oeuvrer "en union avec l ́évêque du lieu, et selon ses directives pastorales". Ce qui leur praît indispensable pour que ces mouvements respectent, dans leur dynamisme, la richesse séculaire des traditions orientales.

" En dehors du territoire patriarcal, pour maintenir la communion des fidèles orientaux avec leurs Églises patriarcales, et leur assurer un service pastoral adapté, il est souhaitable que la question de l’extension de la juridiction des patriarches orientaux aux personnes de leurs Églises partout dans le monde soit étudiée en vue de mesures adaptées.» (Proposition no 18)
Oecuménisme. Au niveau oecuménique, une nouvelle fois au cours de ce synode, le souhait d ́une "traduction arabe commune du Notre Père et de l ́unification de la date de Noël et de Pâques" apparaît dans les propositions.

Liturgies
Les ‘pères synodaux ́ se montrent conscients que leurs fidèles souhaitent une liturgie plus accessible. "Il serait important et utile, écrivent-ils dans l ́une des 44 propositions, de renouveler les textes et les célébrations liturgiques, là où il y a besoin, afin qu ́ils répondent mieux aux besoins et aux attentes des fidèles sur la base d ́une connaissance de plus en plus approfondie de la tradition et adaptée au langage d ́aujourd ́hui et aux catégories d ́âge".

Dans un contexte politique explosif, des Églises divisées, malgré un temps de préparation trop bref, une durée réduite, des temps de parole très limités, ce Synode qui pouvait tourner court, ou s’étioler en pieuses considérations, est d'une grande richesse, dont désormais le Pape Benoît XVI doit tenir compte et avec lui les divers services d'une Curie romaine qui n'est pas seulement celle de l'Église latin, mais de l'Église universelle.

Dans un climat plus que vivant, avec assiduité, et le plus souvent en présence du Pape, très attentif, les 165 'Pères synodaux' des Églises orientales ont pris le risque – pour la première fois soulignent beaucoup – d’une véritable « Pentecôte » entre eux et face au monde.
Surmontant leur diversité confessionnelle (sept Églises étaient présentes), culturelle – Afrique du Nord, Inde, Turquie, Iran, Golfe, Terre sainte: autant de «mondes à part» –, ils sont allés très vite à l’essentiel, et en français, langue unifiante de ce Synode, composant, selon les termes de Benoît XVI, la «polyphonie d’une foi unique». Et ce même s’ils souhaiteraient voir l’arabe adopté comme l’une des langues officielles du Saint-Siège.

En communion dans l'Église universelle
À l’évêque de Rome, dont ils reconnaissent sans réticence la primauté, les patriarches orientaux adressent deux messages, à intensité variable. L’extension de leur juridiction hors de leur territoire patriarcal leur permettrait à la fois d’adresser un signal de liberté à leurs cousins et voisins orthodoxes, mais aussi de veiller sur leurs communautés éloignées et menacées par la sécularisation qu’ils redoutent.
Leur revendication visant à autoriser le ministère des prêtres mariés orientaux en territoires occidentaux doit se lire dans ce contexte. Le souhait de participer au conclave – et donc à l’élection du pape – sans être nécessairement cardinal ne semble pas, en revanche, rallier tous les suffrages des sept patriarches.
La liturgie, les laïcs, les jeunes, les femmes font l’objet d’un rattrapage à marche forcée, en vue de la nécessaire « révision de vie» engagée par ce Synode, selon les termes de Mgr Youhanna Golta, évêque de Curie d’Alexandrie des coptes (Égypte). Comme si Vatican II n’avait pas tout à fait touché les rivages orientaux, «en raison du poids de nos traditions», reconnaît un participant.

Seul l’œcuménisme a été maintenu, durant ces deux semaines, en basse intensité, comme s’il devait rester l’affaire de Rome. " Après tout, nous sommes tous d’anciens orthodoxes», constate un participant, désolé devant «l’orgueil historique des Églises mères». Si la formulation d’un Notre Père commun en arabe pourrait être à portée de main, la célébration de Pâques à une date commune est mise «entre les mains du Saint-Esprit».

" Pastoral ou politique? Ce Synode fut assurément pastoral dans sa parole publique, et très politique dans ces couloirs, lors des pauses ou en carrefours. Ad extra, la prudence a régné. Trop peut-être, pour Mgr Georges Casmoussa, archevêque syrien de Mossoul (Irak) ... Et Rome a, jusqu’au bout, pleinement joué son rôle: celui d’une « zone libre» à l’écart des démons du Moyen- Orient, garante d’une catholicité universelle", conclut Frédéric Mounier dans le quotidien "La Croix." (source : VIS)
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Parmi les thèmes abordés, celui de la vie des chrétiens en pays musulmans a été au centre de nombreuses interventions.
Il y fut aussi démandé une théologie et une organisation juridique de l´Eglise qui redonnent aux patriarches d´Orient
leurs privilèges des premiers temps dans l´Eglise universelle, auprès du pape, tête de toute l´Eglise.".

La situation des chrétiens et leur statut en Terre Sainte y tint une place toute particulière.

- 14 octobre : Septième congrégation générale. - Extraits : Les propos iréniques des deux invités islamiques contrastaient avec les difficiles conditions des communautés chrétiennes dans ce monde islamique.
http://www.vatican.va/news_services/press/sinodo/documents/bollettino_24_speciale-medio-oriente-2010/03_francese/b12_03.html
synodepiskmo_fihiers/muhammadalsammaksynode.jpg M.MUHAMMAD AL-SAMMAK (LIBAN) ( Extraits)

"Les problèmes qu'affrontent les chrétiens d'Orient présentent deux points négatifs: le premier point concerne le manque de respect des droits de la citoyenneté dans la pleine égalité face à la loi dans certains pays. Le second concerne l'incompréhension de l'esprit des enseignements islamiques particuliers relatifs aux relations avec les chrétiens que le Coran a qualifiés comme les plus disposés à aimer les croyants, justifiant cet amour en disant qu'il y a parmi eux des prêtres et des moines, et qu'ils ne s'enflent pas d'orgueil...

Ces deux points négatifs, dans tout ce qu'ils comportent comme contenus intellectuels et politiques négatifs, et dans tout ce qu'ils impliquent comme attitudes relatives aux accords et à leur application et qu'ils causent comme actions inquiétantes et nuisibles, nous font du mal à tous, chrétiens et musulmans, et nous offensent tous dans notre vie et dans notre destin communs. Pour cela, nous sommes appelés, en tant que chrétiens et musulmans, à travailler ensemble pour transformer ces deux éléments négatifs en points positifs:

en premier lieu, à travers le respect des fondements et des règles de la citoyenneté qui réalise l'égalité d'abord en droits et ensuite en devoirs. En second lieu, en dénonçant la culture de l'exagération et de l'extrémisme dans son refus de l'autre et dans son désir d'avoir le monopole exclusif de la vérité authentique et en œuvrant à la promotion et à la diffusion de la culture de la modération, de la charité et du pardon en tant que respect de la différence de religion et de croyance, et de la différence de langue, de culture, de couleur et de race; ensuite, comme nous l'enseigne le Coran, nous nous remettons au jugement de Dieu concernant nos différences. Oui, les chrétiens d'Orient sont à l'épreuve, mais ils ne sont pas seuls...

La présence chrétienne en Orient, qui œuvre et qui agit avec les musulmans, est une nécessité autant chrétienne qu'islamique. C'est une nécessité non seulement pour l'Orient, mais aussi pour le monde entier. Le danger que représente l'érosion de cette présence au niveau quantitatif et qualitatif est une préoccupation autant chrétienne qu'islamique, non seulement pour les musulmans d'Orient, mais aussi pour tous les musulmans du monde entier.

De plus, je peux vivre mon islam avec tout autre musulman de tout état et de toute ethnie, mais en tant qu'arabe du Moyen-Orient, je ne peux pas vivre mon arabité sans le chrétien arabe du Moyen-Orient. L'émigration du chrétien est un appauvrissement de l'identité arabe, de sa culture et de son authenticité.

C'est pour cette raison que je souligne encore une fois ici, depuis la tribune du Vatican, ce que j'ai déjà dit à la Mecque, à savoir que je suis préoccupé pour l'avenir des musulmans d'Orient à cause de l'émigration des chrétiens d'Orient. Conserver la présence chrétienne est un devoir islamique commun autant qu'un devoir chrétien commun. Les chrétiens d'Orient ne sont pas une minorité accidentelle. Ils sont à l'origine de la présence de l'Orient avant l'islam. Ils sont une partie intégrante de la formation culturelle, littéraire et scientifique de la civilisation islamique".

Pour plus, lire l'intervention complète

   synodepiskmo_fihiers/ayatollahahamadabad.jpg AYATOLLAH SEYED MOSTAFA MOHAGHEGH AHMADABADI (IRAN) Extraits

"Au cours des dernières décennies, les religions se trouvent face à de nouvelles conditions, dont l'aspect le plus important est le désordre prolongé de leurs disciples dans les lieux véritables de la vie sociale, ainsi que dans les arènes nationale et internationale. Avant la Seconde Guerre mondiale, et malgré les développements technologiques, les fidèles des différentes religions vivaient plus ou moins à l'intérieur de leurs frontières nationales. Il n'y avait ni l'énorme question de l'immigration ni la forte expansion de la communication qui met en relation autant de groupes sociaux différents...

Nous assistons aujourd'hui aux changements  profonds qui se sont produits au cours des cinquante dernières années et à une transformation qui se poursuit à une  vitesse inouïe. Ceux-ci ont eu non seulement des effets sur la qualité des rapports existant entre les religions, mais ils ont également influé sur les relations entre les différents segments des religions et même avec leurs fidèles. Certes, aucune religion ne peut rester indifférente à cette situation en mutation rapide.

Dans les sociétés où ont été placés différents groupes ethniques avec leurs propres langues et religions, il faut respecter leur présence et leurs droits aux fins de la stabilité sociale et du bon sens éthique. L'accord entre les intérêts et le bien-être social au niveau national et international est tel qu'aucun groupe ni aucun pays ne peut être ignoré. C'est la réalité de notre temps... Nous devrions aussi analyser quelle est la condition idéale pour les croyants et les disciples.

Comment parvenir à la meilleure situation possible? Le monde idéal serait un état où les croyants de n'importe quelle confession peuvent vivre libres, sans appréhensions, craintes ni obligations, selon les principes de base et les modes de leurs coutumes et de leurs traditions. Ce droit qui est universellement reconnu devrait en fait être exercé par les Etats et les communautés".

Pour plus, lire l'intervention complète

INTERVENTION DE L’ INVITÉ SPÉCIAL, RABBIN DAVID ROSEN, CONSEILLER DU GRAND RABBINAT D'ISRAËL, DIRECTEUR DU DÉPARTEMENT POUR LES AFFAIRES INTERRELIGIEUSES DE L'"AMERICAN JEWISH COMMITTEE" ET DE L'INSTITUT HEILBRUNN POUR L'ACCORD INTERNATIONAL INTERRELIGIEUX (ISRAËL)


Texte intégral de l'intervention au Synode du rabbin David Rosen
Lire la traduction du texte intégral sur le site Zenit de l'intervention prononcée en anglais par le rabbin David Rosen, conseiller du Grand Rabbinat d'Israël, directeur du département pour les affaires interreligieuses de l'American Jewish committee et de l'Institut Heilbrunn pour l'accord international interreligieux (Israël). Invité spécial du Synode pour le Moyen-Orient, il est intervenu en fin de journée, le 13 octobre, au cours de la 5e Congrégation générale.  la traduction du texte intégral de l'intervention prononcée en anglais par le rabbin David Rosen, conseiller du Grand Rabbinat d'Israël, directeur du département pour les affaires interreligieuses de l'American Jewish committee et de l'Institut Heilbrunn pour l'accord international interreligieux (Israël). Invité spécial du Synode pour le Moyen-Orient, il est intervenu en fin de journée, le 13 octobre, au cours de la 5e Congrégation générale.
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synodepiskmo_fihiers/landelsymo.jpgMGR.VINCENT LANDEL, SCI, ARCHEVEQUE DE RABAT (MAROC), PRESIDENT DE LA CONFERENCE EPISCOPALE REGIONALE D'AFRIQUE SEPTENTRIONALE (CERNA)

En partant de l’expérience du Maroc (25 000 catholiques de 90 nationalités ; pour une population de 33 millions de musulmans), les chrétiens sont tous des étrangers, et ne peuvent être citoyens du pays, même s’il y a la “liberté de culte”. Cela entraîne qu’ils participent à la vie économique, culturelle et sociale du pays, mais qu’ils ne peuvent absolument pas s’immiscer dans des rouages de décisions politiques nationales ou internationales.

Notre responsabilité d’Église est d’aider ces étrangers de passage à comprendre qu’ils sont en première ligne dans le dialogue de vie avec les musulmans. Dans les entreprises où ils travaillent, dans les universités ou les écoles, ils sont des unités au milieu de toute cette société musulmane.
- Ils sont des témoins d’un Amour qui les dépasse ;
- Ils sont les témoins de ce Dieu qui porte “un regard aimant” sur les hommes quelque soit leur culture ou leur religion.
Leur témoignage de vie est fondamental pour la vie de l’Église. Un ami musulman me disait un jour “votre présence, si minime soit-elle, est très importante pour que nous comprenions qu’il y a différents chemins vers Dieu”
Notre responsabilité d’Église est d’aider ces chrétiens à accepter de rentrer, avec leurs amis musulmans, dans une démarche d’accueil de la différence de l’autre, de rencontre, dans un esprit de totale gratuité, de rentrer dans une humble attitude de confiance envers l’autre différent. Cela n’est pas toujours facile à accepter dans un monde de l’efficacité, mais c’est cette attitude qui nous permet de continuer à vivre dans ce pays dans la paix et la sérénité, même si parfois il y a des tensions qui apparaissent.
Et les chrétiens constatent avec joie qu’au contact de l’Islam leur foi chrétienne se purifie, s’approfondit.
Notre responsabilité d’Église est d’aider ces chrétiens de passage à mieux comprendre que l’on peut vivre sa foi chrétienne avec joie et passion, dans une société totalement musulmane. Cela les aidera à revenir dans leur pays avec un autre regard sur les musulmans qu’ils rencontreront, et à détruire des “a priori” qui risquent de pourrir le monde.
Notre responsabilité d’Église est d’aider ces chrétiens à comprendre qu’ils sont “signes” ; et comme nous le rappelait le Pape Jean-Paul II lors d’une visite ad limina “on ne demande pas à un signe de faire nombre, mais de signifier quelque chose”.
Notre Église est “signe” par la communion que nous essayons de vivre, malgré la diversité de nos cultures et de nos nationalités. Malgré le très petit nombre des chrétiens qui sont originaires du Moyen-Orient, notre “signe” serait encore plus fort si nous avions dans notre presbyterium, un ou deux prêtres arabes. Une telle présence, loin de tout prosélytisme, serait un grand enrichissement pour l’Église.

[00045-03.02] [IN023] [Texte original: français]synodepiskmo_fihiers/boutonhaut.jpg

synodepiskmo_fihiers/mgrlahhan.jpg- S. Exc. Mgr Maroun Elias LAHHAM, archevêque de Tunis (TUNISIE)


Parler des relations Moyen-Orient/Maghreb n'est pas parler des relations Orient/Occident. Les pays du Maghreb font aussi partie du monde arabe et des pays musulmans. Il faut savoir qu'il y a plus de musulmans en Afrique du Nord que dans les pays du Moyen-Orient. Il est vrai que le Moyen-Orient a la grâce d'avoir des minorités chrétiennes arabes, tandis que le Christianisme des premiers siècles est totalement disparu des pays du Maghreb. Actuellement, ce sont de véritables Églises locales implantées dans leurs pays respectifs, mais avec des fidèles étrangers.
C'est à partir de ces deux points que je fais mon intervention.
- Les pays du Maghreb font partie du monde arabo-musulman. Mises à part quelques particularités dans un pays ou dans un autre, la vie à Rabat, à Alger, à Tunis ou à Tripoli est semblable à la vie à Amman, à Damas, à Bagdad ou au Caire. Cela s'applique surtout aux relations avec l'Islam et au fait de vivre la foi chrétienne dans un contexte très différent. Les Églises des pays du Maghreb ont tout intérêt à se mettre en relation avec leurs Églises soeurs du Moyen-Orient dans ce domaine, et à apporter leur spécificité d'un dialogue de vie et de pensée avec l'Islam, un dialogue vécu à partir d'une situation d'étrangers et non de concitoyens.
- Les Églises du Maghreb sont des Églises dont les fidèles sont des étrangers. Dans chaque Église du Maghreb on ne compte pas moins de 60 nationalités. Ce sont des européens (entrepreneurs, diplomates, résidents, retraités, femmes chrétiennes de mariage mixte, etc), des africains (étudiants, employés de la Banque africaine du développement, militaires en stage, familles, immigrés, etc), quelques arabes chrétiens du Moyen-Orient (Égypte, Syrie, Liban, Palestine, Jordanie) et une poignée de locaux baptisés dans l'Église catholique (en Tunisie et en Algérie).
La collaboration demandée ici est un échange de prêtres, de religieuses, de laïcs consacrés ou de volontaires pour travailler dans les paroisses et dans les diverses institutions de l'Église de l'Afrique du Nord. Jusqu'à présent, c'était l'Europe qui assurait tout cela. Actuellement, ce n'est plus envisageable, vue la diminution des vocations sacerdotales et religieuses. N'ayant pas de familles chrétiennes locales ou résidentes depuis des générations, nos Églises ont deux directions où demander du secours: l'Afrique et le Moyen-Orient.
Il est vrai que la vie d'un prêtre du Moyen-Orient ne ressemble pas à la vie d'un prêtre dans le contexte du Maghreb ( je le dis par expérience, étant moi-même, ainsi que mon confrère d'Alger, des moyen-orientaux), mais, avec la grâce de Dieu et un sérieux travail d'adaptation, c'est possible et c'est même enrichissant. Pour les religieuses, l'insertion est plus facile, car il y a le soutien de la communauté.
"Demandez, et vous recevrez" a dit le Seigneur. Nous avons demandé, nous attendons de recevoir.

[Texte original: français]

synodepiskmo_fihiers/mgrbader.jpg S. Exc. Mgr Ghaleb Moussa Abdalla BADER, Archevêque d'Alger (ALGÉRIE)

Vu sa petite réalité, notre Église est appelée chaque jour et à chaque instant à la rencontre de l'autre, du différent ... au point que notre Église a presque fait de la rencontre sa mission spécifique dans ces pays, et se définit même comme "l'Église de la rencontre". Dans cette rencontre de l'autre commence et se construit jour après jour un dialogue spontané, gratuit, sincère et très constructif.
Dans le quotidien, ce dialogue se fait simple présence, simple partage. Il se traduit concrètement par des services gratuits suscités par rien d'autre que l'amour du prochain et la recherche de répondre aux besoins de ceux avec qui on est en dialogue. Dialoguer dans le quotidien veut dire vivre, travailler, cheminer, chercher ensemble, donner et recevoir et parfois se réjouir et souffrir ensemble.
Dans ce dialogue quotidien tombent et disparaissent beaucoup de préjugés, de peurs, de craintes, de malentendus, d'ignorances et de fausses conceptions, et se construisent une connaissance et une confiance réciproques, souvent nécessaires pour assainir les rapports entre les croyants et entre les religions elles-mêmes.
Nos Églises ont la conscience d'avoir et de vivre une mission prophétique, celle de préparer et de créer pour aujourd'hui et pour demain un climat pour un dialogue plus serein.
Ce dialogue est le meilleur témoignage que nos Églises puissent donner de la foi, et il est souvent plus efficace que l'annonce directe de la Bonne Nouvelle.
Nous sommes heureux de constater que ce dialogue est accepté et est hautement apprécié par nos gens parce que gratuit et sincère, et il commence même à donner de bons fruits
Ce dialogue est fondamental pour la vie de nos chrétiens et pour la paix civile dans tous nos pays. En effet, si le dialogue officiel vient à manquer, cela peut créer tout au plus une crise dans les rapports officiels réciproques, mais si le dialogue au quotidien vient à manquer, c'est beaucoup plus grave, parce que c'est la paix, la vie et l'existence même de ces groupes qui sont remises en question.
L'expérience de nos Églises du Maghreb nous apprend que le vrai dialogue commence avec les petits détails de la vie quotidienne, le dialogue qui ne veut pas s'annoncer comme tel mais qui se veut une simple présence, un simple service ... Le vrai dialogue se fait là où se trouvent les hommes, avec leurs joies et leurs soucis, leurs questions bien terre à terre de la vie quotidienne, ainsi que leurs questions sur des thèmes fondamentaux regardant la vie et la destinée de l'homme.
Le dialogue a besoin d'éducation. Or le dialogue de la vie est la meilleure éducation et la meilleure école pour apprendre à connaître et à respecter l'autre et pour collaborer ensemble.

[Texte original: français]

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Quelques extraits d'autres interventions



P.DAVID NEUHAUS, SJ, VICAIRE DU PATRIARCAT LATIN DE JERUSALEM
POUR LA PASTORALE DES CATHOLIQUES DE LANGUE HEBRAIQUE

"L'hébreu est également la langue de l'Eglise catholique au Moyen-Orient. Des centaines de catholiques israéliens expriment tous les aspects de leur vie en hébreu, inculturant leur foi au sein d'une société qui est définie par la tradition hébraïque... Aujourd'hui, le vicariat de langue hébraïque doit affronter un profond défi... à la recherche de voies pouvant servir de pont entre l'Eglise, parlant surtout l'arabe, et la société israélienne hébraïque, afin de promouvoir aussi bien l'enseignement du respect pour les peuples de l'Ancienne Alliance qu'une sensibilité au cri de justice et de paix pour les juifs et les Palestiniens. Ensemble, les catholiques parlant l'arabe et ceux parlant l'hébreu doivent témoigner et travailler en communion pour l'Eglise dans la terre où elle a vu le jour".
 
MGR.LOUIS SAKO, ARCHEVEQUE CHALDEEN DE KIRKUK (IRAK),
ADMINISTRATEUR PATRIARCAL DE SULAIMANIYA

"L'exode mortel qui afflige nos Eglises ne pourra guère être évité. L'émigration est le plus grand défi qui menace notre présence. Les chiffres sont inquiétants. Les Eglises orientales, mais aussi l'Eglise universelle, doivent prendre leurs responsabilités et faire, avec la communauté internationale et les autorités locales, des choix communs qui respectent la dignité de la personne humaine. Des choix qui devront se baser sur l'égalité et la pleine citoyenneté, comportant des engagements de partenariat et de protection. La force d'un Etat doit se baser sur sa crédibilité dans  l'application des lois au service des citoyens, sans discrimination entre majorité et minorité. Nous voulons vivre en paix et en liberté, et non pas survivre".
 
MGR.YOUSSEF BECHARA, ARCHEVEQUE MARONITE D'ANTELIAS (LIBAN)

"Etant donné que la majorité écrasante des pays du Moyen-Orient est musulmane et refuse donc la laïcité, il serait préférable, pour notre synode, d'utiliser, à la place, le terme de citoyenneté ou d'état civique. Car c'est un terme qui est plus admis et comprend les mêmes réalités... Mais pour que la réalité de la citoyenneté soit admise, généralisée et intégrée au niveau des constitutions et surtout des mentalités, un double travail est requis: au niveau de la société populaire, les moyens de communication sociale peuvent être d'un grand secours. Car, il s'agit d'ancrer dans les masses les notions que comporte la citoyenneté, surtout l'égalité de tous et l'acceptation de la diversité religieuse et culturelle. Au niveau éducatif...la citoyenneté peut être nourrie tout au long des années de formation. Un travail d'épuration s'impose au niveau des programmes pour en éliminer les discriminations. Ce double travail s'impose si on veut dépasser le niveau des élites pour qui la citoyenneté, le dialogue et même la liberté sont admis, pour pouvoir atteindre les masses qui peuvent être manipulées et verser dans tout genre d'extrémisme".
 
MGR.SALIM SAYEGH,
VICAIRE DU PATRIARCAT LATIN DE JERUSALEM POUR LA JORDANIE

"Parmi les problèmes que rencontre l'Eglise au Moyen-Orient, il faudrait mentionner celui des sectes, qui provoquent une grande confusion doctrinale... Que faire pour garder le dépôt de la foi et limiter leur influence croissante?.. Les curés et les pasteurs d'âmes sont priés avec insistance, de visiter les familles et de prendre leur part de responsabilité pour expliquer, défendre, semer, vivre et aider à vivre la foi catholique. S'occuper sérieusement de la formation chrétienne des adultes... Sensibiliser les écoles catholiques à leur mission... Avoir le courage de réviser les livres de catéchisme pour qu'ils expriment clairement la foi et la doctrine de l'Eglise catholique".
 
 
MGR.PAUL YOUSSEF MATAR, ARCHEVEQUE MARONITE DE BEYROUTH (LIBAN)

"La responsabilité des puissances occidentales: celles-ci ont commis des injustices et des erreurs historiques à l'encontre du Moyen-Orient. Elles devraient aussi les réparer en levant ces injustices dont souffrent des peuples entiers, surtout le peuple palestinien. Les chrétiens de cette région qui étaient injustement identifiés à eux, bénéficieraient de ces réparations grâce à une cohésion avec leurs frères... La responsabilité des chrétiens occidentaux et du monde: solidaires de leurs frères du Moyen-Orient, les chrétiens occidentaux et du monde doivent connaître davantage leurs frères du Moyen-Orient pour être mieux solidaires de leurs causes. Ils doivent aussi exercer une pression sur l'opinion publique chez eux comme sur leurs gouvernants pour rétablir la justice dans les relations avec le Moyen-Orient et l'islam, et aider à libérer le monde du fondamentalisme et le conduire à la modération".

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2010-10-19 - Irak
GRACE AUX PRÊTRES MARIÉS

Le fait que des prêtres soient mariés a contribué au maintien des Eglises chrétiennes face à l'islam en Irak, a estimé mardi Mgr Guy-Paul Noujaim, évêque maronite libanais, en marge du synode sur le Moyen-Orient en cours au Vatican.

"Au temps de Saint Augustin, en Afrique du Nord, il y avait 400 évêques et, après l'invasion musulmane, il n'y en avait plus un seul, alors qu'en Irak, encore aujourd'hui, les Eglises chaldéennes et syriennes ont survécu", a dit l'évêque auxiliaire de Sarba (Liban) devant la presse.

Il a estimé que cette différence avait "deux raisons": "une liturgie proche du peuple" et le mariage des prêtres, autorisé dans les Eglises catholiques de rite oriental et "assez tôt" proscrit dans l'Eglise de rite latin.

"Un prêtre marié est comme un arbre qui a ses racines -- la famille de sa femme, le clan -- et ses branches -- ses enfants qui se marient -- et il retient la terre, il est présent dans le village", a développé Mgr Noujaim, qui a pour sa part choisi le célibat pour "être plus disponible".

Le revers du mariage est en effet pour lui une perte de disponibilité en raison justement de la famille et des enfants qui vont à l'école. Plaidant pour un choix personnel, il a indiqué que dans son diocèse, un prêtre sur deux était marié et qu'il n'y "avait pas de crise de vocations". Mgr Noujaim n'a toutefois pas souhaité se prononcer sur le mariage des prêtres dans l'Eglise latine.

Pour sa part, Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte de Guizeh (Egypte), a estimé que le mariage des prêtres devait être "un choix personnel". Pour lui, c'est un choix "qui ne résoudra pas le problème des vocations et ne changera rien aux mauvais comportements de certains".

La veille, dans sa lettre aux séminaristes, "une profonde douleur et un profond regret" face à ces abus, le Pape a de nouveau défendu la nécessité du célibat pour les hommes d'Eglise. Relevant que face à ces abus, certains peuvent se poser la question de savoir si "le chemin du célibat est raisonnable comme vie humaine", il a affirmé que "l'abus, qui est à réprouver absolument, ne peut discréditer la mission sacerdotale, laquelle demeure grande et pure". (source : Service de presse du Vatican)

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