Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
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Edition 15 novembre 2012

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INAUGURATION DU 125° ANNIVERSAIRE DE LA CAMPAGNE ANTIESCLAVAGISTE DU CARDINAL LAVIGERIE.
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Rome, le 9 novembre 2012


            Bien chers amis,

            Merci à vous tous d’être venus pour cette inauguration du 125ème anniversaire de la campagne anti-esclavagiste du Cardinal Lavigerie. Votre présence montre votre attachement au Continent Africain et à l’Eglise d’Afrique. Elle est pour nous, Société des Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique et Société des Missionnaires d’Afrique, le signe d’une profonde communion dans l’œuvre de Justice et de Paix qui sont au cœur de notre foi commune.

            Nous ne célébrons pas seulement la mémoire d’une initiative ponctuelle et passée, comme si l’esclavage était une calamité définitivement abolie. Depuis les temps les plus anciens, cette rude condition marque notre histoire humaine et chrétienne. Saint Paul en parle en des termes qui peuvent sembler une position modérée mais qui rappellent la dignité de toute personne, y compris de l’esclave. Pour le disciple de Jésus,  dit-il aux chrétiens de  Colosse :
«... il n’y a plus d’esclave, d’homme libre, il n’y a que le Christ qui est tout et en tout » (Col. 3, 11).
            Il est un fait que l’Eglise a manqué d’audace dans les siècles qui ont suivi sa fondation. Elle n’a pas pris assez en compte la dignité de toute personne humaine. Elle s’est parfois éloignée de son Maître qui a pris la condition du serviteur. En lavant les pieds de ses disciples, il a pris la condition de l’esclave, et de l’esclave païen.
            Mais elle n’a pas manqué de prophètes et de saints, d’hommes et de femmes d’Eglise, partout dans le monde, qui ont privilégié leur engagement auprès des pauvres qui ployaient sous le joug de l’esclavage. Certains se sont même identifiés à eux, prenant eux-mêmes la condition d’esclave à la façon du Christ Serviteur.
            D’autres ont élevé une voix vigoureuse pour dénoncer publiquement l’esclavage, allant à contre-courant des conceptions de leur temps. Ils ont proclamé haut et fort que cette condition était un scandale social et moral et une négation de la dignité humaine et du cœur même de l’Evangile.
           
            Si les Missionnaires d’Afrique, Sœurs, Frères et Pères, ont pris l’initiative de célébrer le 125eme anniversaire du début de la campagne antiesclavagiste menée par le Cardinal Lavigerie, ce n’est pas seulement pour faire œuvre d’histoire. Cette condition scandaleuse n’est pas définitivement rayée de la société humaine. Il nous est nécessaire de voir d’abord comment elle s’inscrit dans notre fondation et dans nos engagements.
            A partir des lettres et des témoignages qui lui parvenaient, le Cardinal Lavigerie a pris conscience de l’ampleur et du scandale de ce fléau quasiment généralisé en Afrique. Un exposé historique nous en sera fait au cours de ces journées.
Il écrivait en 1888 quel était son propos : « dire enfin ce que je sais des crimes sans nom qui désolent l’intérieur de notre Afrique, et (…) jeter ensuite un grand cri, un de ces cris qui remuent jusqu’au fond de l’âme, tout ce qui dans le monde, est encore digne du nom d’homme et de celui de chrétien » (cit. par François Renault dans « Le Cardinal Lavigerie » Ed. Fayard. p 557.)
            Pour lui, porter l’Evangile aux populations d’Afrique, voire même du monde entier, n’était pas délivrer un message de patience et de soumission. Porter l’Evangile était restaurer la dignité de la personne humaine dans toutes ses dimensions, y compris dans le domaine social. Faire œuvre d’histoire, en ce domaine, c’est revenir au message évangélique intégral qui construit la personne, la société, en lui redonnant sa dimension primitive.  C’est redire notre conviction que tous les êtres humains sans distinction sont créés à l’image de Dieu et qu’aucune personne humaine ne peut s’arroger le droit d’asservir qui que ce soit et donc de nier la ressemblance et la dignité d’enfant de Dieu que tout être humain porte en lui.
           
            L’exposition que vous êtes invités à visiter s’inscrit donc au point de départ dans la trame de l’intuition et du grand cri poussé par Lavigerie face au scandale de l’esclavage. Mais il va beaucoup plus loin et nous amène à notre aujourd’hui.

            L’esclavage est un asservissement subtil qui s’est diversifié dans le temps et a pris aujourd’hui de nombreux visages, même s’il n’en porte pas toujours le nom.
Il persiste encore dans sa forme primitive en Afrique et dans d’autres Continents, mais il s’est multiplié sous diverses formes dans de nombreux pays de la Planète. Cela sera sous vos yeux dans l’exposition que vous êtes invités à visiter :

- Asservissement de personnes travaillant de génération en génération dans des tâches avilissantes, sans aucun droit reconnu et sans recours possible.

- Enfants soldats enrôlés de force sous la tutelle de chefs de guerre devenus leurs maîtres absolus.

- Femmes prises dans des réseaux de prostitution où tout retour en arrière signifierait leur propre mort.

- Travailleurs employés dans des tâches inhumaines et traités comme du bétail dans les mines ou autres travaux de force, sans d’autre droit que celui de se taire, au mépris des droits humains les plus élémentaires.

- Ouvriers agricoles embauchés en Europe, avec ou sans papiers,  comme saisonniers dans des conditions que des travailleurs locaux se refusent à subir.

- Asservissement religieux dans des sectes où le responsable s’arroge tous les droites sous des prétextes d’ordre religieux et de messages reçus de Dieu.

- Pression faite sur des populations entières par des lois du marché décidées dans les grandes capitales occidentales où sont décidées les prix des matières premières sans tenir aucun compte des répercussions sur les petits producteurs agricoles.

- Migrations clandestines soumises à des réseaux maffieux où peu à peu les migrants sont délestés de tout leur avoir et à la merci de ceux qui étaient sensés les protéger.  

Et nous pourrions allonger encore la liste. Un exposé nous sera fait ces jours-ci sur la prolifération de ces esclavages modernes.

            Cette exposition a pour dessein de nous faire prendre une plus grande conscience et de l’histoire et de son prolongement dans l’Afrique d’aujourd’hui. Elle peut être une sorte de méditation visuelle sur la mémoire et sur l’actualité. Elle doit être aussi un renforcement de notre engagement dans la société au nom de l’Evangile et des droits humains qui ne peuvent que se conjuguer.

            Permettez-moi pour prolonger ce mot d’ouverture de donner un témoignage personnel. Voici quelques jours, je suis allé faire la visite de la communauté chrétienne de Tamanrasset, une des grandes villes du sud de mon diocèse. Quelques minutes seulement après mon arrivée, je participais à l’assemblée eucharistique de cette communauté, composée surtout de migrants venant des pays subsahariens.
            Un des chants repris par l’assemblée était  « Tu es, Seigneur, le lot de mon cœur… » Vous connaissez peut-être ce cantique. Chanté par des voix africaines dans l’église de Tam, il m’a ramené à ce Negro Spiritual dont il a emprunté la musique : « No body knows the trouble I’ve seen… » Ce chant est né dans les communautés d’esclaves d’Amérique du Nord et a été immortalisé par de nombreux chœurs de Gospel Songs.
            Mais bien plus que ce chant, c’est l’assemblée eucharistique elle-même qui m’a le plus marqué. La majorité de l’assistance était composée de chrétiens migrants, hommes et femmes, soit stabilisés dans cette grande ville du Sud, soit en instance de départ vers le nord, toujours dans le risque d’une reconduite à la frontière.
            Ces chrétiens et ces chrétiennes ne sont pas venus à l’église pour demander quelque secours matériel ; ils n’exigent pas d’être pris en charge ou assistés. Ils sont venus prier, crier vers Dieu leurs espoirs et leurs détresses, comme le faisaient dans de longues soirées les esclaves des cotonniers d’Amérique.
            C’est dans cette assemblée presque quotidienne, à travers leurs chants de louange, leurs cris vers  Dieu, qu’ils retrouvent et manifestent leur dignité d’hommes et de femmes. Ils ne peuvent l’exprimer ailleurs.
Dans la rue, ils sont souvent agressés, sur leur lieu de travail, exploités, dans leurs ghettos, insécurisés.
            Ici, ils sont pleinement eux-mêmes : des enfants de Dieu à qui ils demandent la protection et adressent leur merci. Nos Eucharisties sont alors des lieux où ils retrouvent leur identité de filles et de fils du Très Haut, où ils réentendent cette voix impérative de Pierre au mendiant de la porte du Temple : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, marche ! » (Ac. 3,6) ?

 Nos frères et sœurs de la migration n’ont pas quitté leurs pays d’Afrique subsaharienne par désir d’aventure (même si quelques-uns le font dans cette intention). Ils l’ont fait parce qu’ils n’ont pas d’autre issue que de quitter leur patrie soit pour des raisons économiques, ce qui est le cas le plus fréquent, soit pour des raisons politiques. Se fiant à des réseaux mafieux en général très bien organisés, après avoir souvent demandé l’assistance de leurs familles ou de leurs amis, ils ont pris la route sans trop savoir où les amènerait leur exode. Leur but est de rejoindre l’Europe de leurs rêves, afin d’y trouver de quoi vivre et faire vivre leur famille qui s’est sacrifiée pour eux. Dans la majorité des cas, progressivement dépouillés de tout, c’est la désillusion qui les attend. Après une première et périlleuse traversée du désert, ils échouent à Tamanrasset ou quelque autre ville du sud. Il leur reste encore une autre longue route à parcourir, vers le Nord, pour enfin embarquer sur des esquifs surchargés vers une Europe qu’ils n’atteindront peut-être pas.
Ce qui  sauve beaucoup d’entre eux, c’est leur foi indéracinable. C’est aussi une solidarité souvent chèrement acquise, mais sans laquelle ils seraient irrémédiablement perdus. C’est enfin leur désir tenace d’atteindre leur but. Ils savent qu’un retour en arrière est impossible : revenir chez les leurs après l’échec est impensable. Même reconduits à la frontière dans des conditions presque inhumaines, ils reviennent pour de nouveau tenter l’aventure.
La seule façon de rompre cette chaîne ininterrompue de l’esclavage moderne qu’est cette migration est de supprimer les raisons qui les poussent à partir. C'est-à-dire faire en sorte que l’Afrique se développe. Non par des dons « charitables » mais par une justice rigoureuse.
Pourquoi certaines rebellions sont-elles entretenues grâce à la prolifération des armes ? Pourquoi le prix du coton, des arachides, du thé, du café, des métaux précieux est-il décidé à New York, à Londres, à Bruxelles, à Paris, voire même à Pékin ou ailleurs sauf en Afrique ? Aider le Continent, c’est lui rendre justice. D’abord ! C’est cesser de l’assister avec condescendance et en faire un véritable partenaire économique,  culturel… et religieux. C’est restaurer la dignité de la femme et de l’homme Africain, leur redire qu’ils nous sont un frère, une sœur ; et leur donner la place qui leur revient de droit dans la grande famille humaine.
Bien chers amis, nous sommes venus ici par amour de l’Afrique, par amour de l’Eglise d’Afrique et de l’Eglise Universelle, pour lutter contre toutes les forces oppressives qui emprisonnent aujourd’hui encore ce Continent. Ouvrons nos yeux, nos oreilles, notre cœur au cri poussé en ces lieux par le Cardinal Lavigerie et qui est encore aujourd’hui d’une pressante actualité.

Voici quatre ans, les évêques présents au Synode consacré à l’Afrique adressaient au monde ce message. C’est un message d’espérance et je vous en livre la conclusion.

            « Chers frères dans l'Épiscopat, chers fils et filles de l'Église-Famille de Dieu en Afrique, vous tous, hommes et femmes de bonne volonté en Afrique et au-delà, nous partageons avec vous la solide conviction de ce Synode: l'Afrique n'est pas désespérée.
Notre destinée est encore en nos mains. Tout ce qu'elle demande, c'est de disposer de l'espace pour respirer et s'épanouir. L'Afrique est en marche, et l'Église chemine avec elle en lui procurant la lumière de l'Évangile.
La mer a beau être houleuse, mais, si nous gardons les yeux fixés sur le Seigneur Jésus, nous parviendrons sains et saufs au port de la réconciliation, de la justice et de la paix (cf. Mt 14, 28-32).
Ce message ainsi que notre fervent engagement, nous les confions à la maternelle intercession de Marie notre très Sainte Mère, la Reine de la Paix, Notre Dame d'Afrique.
Afrique, lève-toi, prends ton grabat et marche ! (Jn 5, 8)

A vous tous et à vous toutes, bienvenue, et merci pour votre attention bienveillante.

125antiesclav_fichiers/125anticonfcr.jpg +Claude Rault. Evêque de Laghouat-Ghardaïa.

(liens & photos de la rédaction ADS)
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De la rédaction du site ADS ...
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ROMPRE LES CHAÎNES – ROMPRE LE PAIN
 
(Homélie prononcée par Mgr Michael Fitzgerald, à l’occasion du 125ème anniversaire de la Campagne Anti-esclavagiste du Cardinal Lavigerie)
(Eglise du Gesù, Rome, le 11 novembre 2012)



Frères et Sœurs dans le Christ,

En ce jour, le 11 novembre, et en bien des pays, on se souvient des victimes de la guerre du 1914 au 1918. Nous devons, nous aussi, célébrer ce mémoire en priant pour toutes ces personnes, et en priant également pour que cessent les guerres où qu’elles sévissent, afin que tous puissent jouir de la Paix.
Néanmoins aujourd’hui, en célébrant cette liturgie à l’ouverture du 125ème anniversaire de la Campagne anti-esclavagiste lancée par le Cardinal Lavigerie, fondateur des Missionnaires d’Afrique et des Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique, nous voulons nous souvenir d’autres victimes de la violence. Sœur Carmen Sammut vous a déjà présenté en quoi consiste cet anniversaire, et par conséquent il n’est pas nécessaire pour moi d’en entrer dans les détails. Mon propos est d’en indiquer le sens, à l’aide des lectures de la liturgie de ce 32ème dimanche ordinaire de l’année.
C’est peut-être une ironie que, dans le passage de l’évangile désigné pour ce jour, Jésus s’insurge contre ceux qui « se plaisent à circuler en longues robes » et « à occuper les premiers sièges ». On serait tenté de dire que cette description convient parfaitement au Cardinal Lavigerie lorsqu’il circulait dans les villes capitales de l’Europe, vêtu de toute la splendeur d’un cardinal de la Sainte Eglise Romaine, pour prononcer des discours à l’église de Saint Sulpice, à Paris, au Prince’s Hall (appelé maintenant le Royal Albert Hall), à Londres, à l’église de Sainte Gudule, à Bruxelles, et ici, dans cette église du Gesù, à Rome. Lavigerie pourtant ne cherchait pas sa propre gloire. A l’invitation du pape Léon XIII, une invitation qui était pour lui un ordre, il avait laissé temporairement son diocèse d’Alger pour entreprendre une campagne contre l’esclavage, une cause qui tenait une grande place dans son cœur.
Comme Lavigerie a expliqué à ses auditeurs, on avait déjà mis fin au commerce des esclaves par voie de mer, ainsi que l’usage des esclaves dans les colonies. De fait, l’occasion de sa campagne était l’abolition de l’esclavage au Brésil en 1888, une décision applaudie par Léon XIII dans une lettre encyclique écritespécialement à cette fin. Lavigerie savait pourtant, à partir des informations fournies par les missionnaires qu’il avait envoyés au cœur de l’Afrique, que la chasse aux esclaves et la vente des esclaves sur les marchés étaient encore très répandues sur le Continent africain. Il faisait appel aux leaders des pays d’Europe, qui en cette même période étaient engagés dans the scramble for Africa – la ruée sur l’Afrique – à réaliser que s’ils établissaient ce qu’ils considéraient leurs droits en Afrique, ils encouraient aussi le devoir de respecter la dignité humaine, et par conséquent d’opposer tout ce qui pourrait enfreindre à cette dignité, et en particulier l’esclavage.
La seconde lecture de la liturgie aujourd’hui nous présente le prophète Elie. Elle nous montre le coté plus doux de ce prophète qui opère un miracle en faveur de la veuve de Sarepta comme récompense pour sa générosité envers lui. Nous savons, pourtant, qu’Elie pouvait être très dur et qu’il parlait fort et sans peur contre les iniquités perpétrées par le roi Achab. Il y a un vrai ton prophétique dans les discours prononcés par Lavigerie. Après avoir décrit en long et en large les horreurs de l’esclavage en Afrique, il s’est exclamé dans une de ses discours : « Quel sacrilège abominable ! O la corruption engendrée par l’âpreté au gain ! Peut-on même y penser sans trembler, et sans condamner ceux qui abusent de la nature humaine et l’abaissent à la condition d’une bête de somme. Mais il n’est pas resté à la condamnation. Il a suggéré des moyens pour éliminer l’esclavage. Il se rendait compte que le rachat des esclaves, aussi bon que cela soit en lui-même et aussi bénéfique pour ceux qui trouvaient ainsi leur liberté, pouvait ne faire qu’encourager la chasse aux esclaves à être rachetés. Il a fait appel aux puissances européennes engagées en Afrique à utiliser de la force contre ces chasseurs et commerçants d’esclaves. Il soutenait que c’était dans l’intérêt des ces puissances d’établir la paix en ces régions pour promouvoir le commerce légitime. Il était conscient aussi qu’il fallait susciter l’opinion publique, sachant que les gouvernements sont sensibles à cette pression. En insistant sur le fait que les victimes de l’esclavage africain étaient spécialement des femmes et des enfants, il a fait appel en particulier aux femmes dans l’auditoire pour les encourager à entreprendre cette mission de « miséricorde et pitié ».
J’ai l’impression que si le Cardinal Lavigerie vivait aujourd’hui, il serait au front dans le combat contre l’esclavage moderne, en Afrique comme ailleurs dans le monde. Il s’emploierait pour que les masses média fassent connaitre l’iniquité de forcer les enfants à travailler et à les engager comme soldats, les horreurs du trafic d’humains que ce soit pour le commerce sexuel ou dans l’immigrationclandestine. Les Missionnaires d’Afrique, les fils et les filles du Cardinal Lavigerie, s’efforcent de poursuivre sa campagne contre ces fléaux dans le monde d’aujourd’hui.

Ce qui motivait Lavigerie était sa foi, puisqu’il voyait dans les souffrances des africains aux mains des esclavagistes une continuation des souffrances du Seigneur Jésus dans sa passion. A Saint Paul Jésus a dit : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?» Au temps de Lavigerie, et aujourd’hui encore, ces paroles peuvent se transposer en « Pourquoi tu me trafiques ? » Le Concile Vatican II, le cinquantième anniversaire de l’ouverture duquel nous venons de célébrer il y a un mois, nous a rappelé que le Fils de Dieu, en devenant homme, s’est identifié avec chaque membre de la race humaine. Jésus a pris sur lui les souffrances de chaque personne. Le passage de la Lettre aux Hébreux, que nous avons entendu en deuxième lecture, nous donne de l’espoir. Jésus s’est offert une fois pour toutes pour la rédemption de tous. Ce sacrifice unique de Jésus, que l’eucharistie rend présent, enlève les péchés d’une multitude. Jésus a vaincu le péché; il a vaincu le mal. Nous vivons dans cette foi et cette espérance, mais nous savons que nous devons vivre selon notre foi et notre espérance, sans attendre passivement la victoire, mais au contraire en contribuant activement à la lutte contre le mal.
Lavigerie était conscient néanmoins qu’il devait s’adresser au-delà du monde catholique, et appeler tous les chrétiens à s’engager dans cette campagne contre l’esclavage. Il savait qu’il devait dépasser même le cercle des chrétiens, en basant son appel à l’action sur le principe du respect pour la dignité humaine. Dans le discours qu’il a prononcé dans cette église, il a cité l’auteur latin, Térence: “Homo sum et nihil humani a me alienum puto – Je suis un homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger ». Aujourd’hui encore il faut que toutes les forces s’unissent, celles des croyants comme celles des non-croyants, afin d’œuvrer pour le respect de la dignité humaine partout dans le monde.
Parfois nous nous sentons complètement démunis devant les forces du mal. Elles paraissent si fortes. Que pouvons-nous faire? Elie a encouragé la veuve de Sarepta à donner généreusement du peu qu’elle avait. Lavigerie a invités ses auditeurs, les a encouragés gentiment, à la charité et à fournir le support financier nécessaire pour l’action contre l’esclavage. Nous aussi, nous pouvons fournir de l’aide financière; aussi peu qu’elle soit, tout s’ajoute à la fin. Nous aussi, nous pouvons joindre nos voix à celles qui protestent contre les abus que souffrent les femmes et les enfants. Nous aussi, nous pouvons donner de notre temps a celles qu’on a sauvées de la prostitution ou à ceux qui sont durement traités
d’immigrants illégaux, les encourageant en leur montrant le respect qui leur est dû en tant que nos frères et soeurs en humanité.

Au cours de l’eucharistie nous rompons le pain ensemble, et en ce faisant nous partageons le Corps du Christ, brisé, offert pour nous. Que la force que nous puisons de cette communion avec notre Seigneur et Sauveur nous aide à rompre les chaines de l’esclavage dans notre monde d’aujourd’hui, afin que le Christ soit respecté et honoré même, et tout particulièrement, dans ceux qui souffrent. Amen.

125antiesclav_fichiers/pape_fitzgerald.jpg + Mgr Michael Fitzgerald
,archevêque, ancien nonce d' Egypte & délégué auprès de la Ligue Arabe, M.Afr.
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Texte Pris sur le site AGENCE Fides

AFRIQUE - Le trafic d'êtres humains, épidémie silencieuse du XXI° siècle

Rome (Agence Fides) - « Au cours des seules années 1980, le nombre de femmes et d'enfants réduits en esclavage par les trafiquants asiatiques a dépassé celui de l'ensemble des esclaves africains des 400 ans de la traite des nègres ». C'est ce que rappelle Soeur Maggi Kennedy, des Soeurs Missionnaires de Notre-Dame d'Afrique, dans son rapport intitulé « Le trafic des êtres humains : une épidémie silencieuse du XXI° siècle » rendu public à l'occasion de la présentation de l'exposition photographique « Brisons les chaînes, exposition anti-esclavage » qui s'est ouverte à Rome le 8 novembre. L'exposition veut rappeler la campagne contre l'esclavagisme lancée en 1888 par S.Em. le Cardinal Charles Martial Allemand Lavigerie, fondateur des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs et Soeurs Blanches).
« Le Kenya, où je travaille, est une source, un lieu de transit et de destination du trafic d'êtres humains » a dénoncé la religieuse. « La situation est terrible. Il s'agit d'une épidémie silencieuse en croissance, surtout à Nairobi et à Mombasa, véritables points chauds à cause du tourisme ». Outre l'exploitation sexuelle, les êtres humains font l'objet d'un trafic pour d'autres finalités également : « En Afrique, l'ablation de parties du corps est une pratique courante surtout pour accomplir des rites de sorcellerie » a affirmé Soeur Maggi. « Les jeunes filles sont violées pour les « soigner » contre le SIDA ou sont contraintes à concevoir un enfant qui est ensuite vendu au mieux disant. Il existe ensuite les enfants soldats, qui restent traumatisés et marqués pour toute leur vie. La liste n'est certainement pas exhaustive ».
Soeur Maggi rappelle l'engagement passé et présent de l'Eglise et en particulier des instituts missionnaires pour combattre ce crime et a proposé un certain nombre de mesures concrètes à cet égard. Parmi celles-ci, la création de structures de coordination diocésaines dans les zones d'Afrique et du reste du monde, où les personnes les plus vulnérables représentent des proies faciles pour les trafiquants et la création de réseaux d'information reliant les différents Diocèses afin de les sensibiliser à ce grave problème. (L.M.) (Agence Fides 17/11/2012)

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EUROPE/ITALIE -
“Il y a plus d’esclaves aujourd’hui que dans toute la période de la traite africaine qui a duré de 1450 à 1900”
dit le Procurateur Général des Mercédaires, dans son exposé au Congrès sur les nouveaux esclavages

Rome (Agence Fides)-
“Paradoxalement peu savent que l’esclavage existe encore. Peu sont informés de l’existence d’un Comité des Nations Unies qui se réunit chaque année à Genève pour discuter des formes modernes de l’esclavage » affirme le P. Damaso Masabo, Procurateur Général de l’Ordre des Mercédaires, dans son exposé au congrès « Les esclavages du IIIe Millénaire et la réponse des Mercédaires » qui s’est ouvert aujourd’hui, 10 novembre 2006, à Rome.

« L’esclavage est un business en expansion et le nombre des esclaves augmente » rappelle le P. Masabo, citant une étude récente. « On utilise des esclaves pour devenir riches, et, une fois qu’on a fini de les utiliser, on ne fait pas autre chose que les éliminer. Tel est le nouvel esclavage, fondé sur les hauts profits et des vies de peu de prix ».

Le religieux en décrivant cette triste réalité affirme que « l’esclavage aujourd’hui n’est pas exprimé dans les mêmes termes qu’autrefois : l’esclave ne doit pas nécessairement être d’une certaine couleur pour être vendu ou acheté. Actuellement la question se formule dans les termes suivants : « est-il suffisamment vulnérable pour être réduit à l’état d’esclavage ? ». L’esclavage moderne est donc intrinsèquement lié aux migrations qui concernent des dizaines de millions de personnes dans le monde entier.

Le P. Masabo rappelle en effet que « les migrations ont sensiblement augmenté durant les 40 dernières années. Elles tendent à être temporaires, suscitant ainsi des mouvements répétés ; ce qui constitue un marché fructueux pour les agences de recrutement. Les flux migratoires, avec le trafic des êtres humains, prennent un aspect qui peut être défini par un seul mot : le profit. On suppose que 15/30% des immigrés dépourvus de papiers ont recours aux services des trafiquants”.

Le religieux note d’autre part que « le manque de structures économiques, politiques, et sociales pour garantir aux femmes les mêmes opportunités dans le monde du travail qu’aux hommes a contribué certainement à la féminisation de la pauvreté, qui a provoqué à son tour une féminisation des migrations, obligeant les femmes à abandonner leurs maisons à la recherche de solutions économiques vitales ». Sont donc sujets aux nouvelles formes d’esclavage surtout les femmes et les enfants. Les chiffres rapportés par le P. Masabo sont impressionnants : actuellement plus de 27 millions de personnes sont dominées dans le monde, chiffre supérieur aux 11.698.000 déportés capturés en Afrique entre 1450 et 1900.

Selon les données de l’ONU, 4 millions de femmes sont vendues chaque année pour être obligées de se prostituées et réduites à l’état d’esclaves ou soumises au mariage forcé, 2 millions d’enfants entre 5 et 15 ans sont introduits chaque année dans le commerce sexuel. On calcule que durant les 30 dernières années, plus de 30 millions de femmes asiatiques sont tombées dans des réseaux d’exploitation.

« En réponse à ces situations, les Mercédaires créent des espaces de liberté et de réalisation personnelle pour ces masses de gens que la société post-moderne continue à abandonner à leur sort » affirme le P. Masabo. « Dans les paroisses, dans les écoles et dans d’autres institutions les Mercédaires apportent une forte dose de cet esprit rédempteur et constituent un cadre privilégié de formation pour rendre témoignage par des paroles, des faits et des signes vivants, à l’action de l’Esprit de Dieu qui agit dans le monde contemporain à travers le charisme libérateur de la Mercedes ».

En plein 21ème siècle, les Mercédaires gardent ainsi vivant l’esprit de leur Congrégation religieuse née au 13ème siècle pour libérer les esclaves chrétiens. (L.M.)

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Texte Pris sur le site Zénith

400 millions d’enfants esclaves dans le monde

Le 16 avril proposé comme Journée mondiale contre l’esclavage des enfants


ROME, (ZENIT.org) - Le Mouvement culturel chrétien et d'autres organisations d'inspiration chrétienne demandent, dans un communiqué, que la date du 16 avril soit proclamée Journée mondiale contre l'esclavage des enfants.

« En plein XXIème siècle, souligne le Mouvement culturel chrétien dans son communiqué envoyé à Zenit, nous assistons à une des situations les plus honteuses de notre époque : l'esclavage des enfants. Guerre, prostitution, exploitation au travail, faim, mauvais traitements... constituent le paysage quotidien de plus de 400 millions d'enfants dans le monde ».

Les enfants, selon le communiqué, représentent plus de 10% du potentiel de main-d'œuvre, estimé à plus de trois milliards de personnes. Les petits esclaves rapportent chaque année, selon les estimations les plus basses, environ 13 milliards d'euros au PIB mondial.

« Nous affirmons, dénonce le texte, que l'esclavage des enfants est le plus grand problème de l'emploi dans le monde et, donc, le plus grand problème syndical du monde ».

L'esclavage des enfants, selon ces organisations, « est devenu un instrument de la guerre commerciale internationale. Enfants et adolescents constituent le groupe de travail le plus vulnérable et le moins protégé. De grosses entreprises multinationales, bien connues dans le monde entier, avec leurs productions qui vont de l'automobile à l'habillement jusqu'aux boissons et aux chaussures de sport, exploitent des petites filles et des petits garçons dans les pays pauvres, les soumettant à des sous-contrats pour faire baisser le prix d'une marchandise qui sera vendue en d'autres lieux et dont ces enfants ne pourront jamais bénéficier ».

Les organisations militent pour une abolition totale de l'esclavage des enfants, contre « le chômage et la précarité de l'emploi imposé aux adultes, contre les salaires de faim, les contrats temporaires et pour l'accès aux services sociaux fondamentaux ».

On ne peut oublier, ajoutent-ils, au regard des derniers chiffres que « plus de 1,5 milliards de travailleurs sont sans emploi et vivent dans la précarité, avec des revenus qui ne dépassent pas les deux dollars par jour et par famille ».

La date du 16 avril a été choisie en souvenir d'un enfant de 12 ans, Iqbal Masih, qui été tué par les mafias de l'industrie du tissu au Pakistan, le 16 avril 1995, après avoir voulu les dénoncer.

Iqbal était un petit chrétien vivant dans un pays à majorité musulmane, le Pakistan. Il travaillait depuis l'âge de 4 ans, comme esclave, au service des mafias du tissu dans son pays. Il fut libéré en même temps que d'autres enfants, leur libération marquant le début d'une lutte associée pour la libération de millions d'enfants esclaves dans le monde.

Ceci lui valut une renommée internationale et plusieurs interventions devant les parlements et universités d'Amérique du nord et d'Europe, où il dénonçait la responsabilité des habitants du nord et de la planète dans la misère de l'enfance du sud.

On ne le lui pardonna pas et à son retour la mafia du tissu l'assassina. C'était le jour de Pâques en 1995. Sa mort a révélé la dimension dramatique de cette réalité : 400 millions d'enfants soumis à de multiples formes d'esclavage.

Nieves San Martín
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 Et, toujours de la rédaction du site ADS ...
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Les deux images tirées de la BD Tintin au Congo, révèlent clairement la situation de l'homme blanc en Afrique. Dans la première, on voit Tintin, figure du Blanc avec son chapeau colonial, se trouvant dans une automobile qui symbolise sa supériorité sur les indigènes. Ces derniers lui adressent la parole dans un français incorrect. La seconde présente Tintin toujours dans sa positon dominatrice porté par des « bon sauvages » portant seulement une culotte, marchant pieds-nus. Par ailleurs, notons que l'oeuvre d'Hergé est symptomatique de la représentation européenne de l'Afrique. ( Idem pour le savon Dirtoff)

Hergé, Tintin au Congo, publié en 1931, puis en 1946.
autres pages sur le site ADS,

Qui se souvient encore des "colères" de l' Abbé Pierre  pour expliquer le drame des transmigrants des populations subsahariennes,
condamnées "à se battre  au péril de leur vie" (voir les barbelés ci-dessous)
 "à traverser la mer, même à la nage ..., pour avoir droit , -  ne serait-ce qu'aux miettes  - du repas des pays riches."  ?



Psaume d'un migrant abandonné au désert


Seigneur mon aide et mon refuge,
Depuis le sein de ma mère, tu me connais et tu m'aimes….
Ma mère m'a dit que tu n'abandonnes jamais
Ceux qui ont confiance en toi,

Mais que tu les guides sur des chemins droits
Et que tu les nourris avec le pain du ciel.

Regarde- moi, Seigneur,
Je suis perdu, ici, loin de mon pays,
Dans un pays qui n'appartient à personne.

Je voudrais VIVRE !


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Je voudrais échapper au grappin des multinationales
Qui ont fait de notre terre un tas de détritus….
Je voudrais échapper aux guerres
Qui nous ont apporté à nous les pauvres,
Tant de famines et de détresses
Je voudrais VIVRE, Seigneur !

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Mais regarde où je suis.
Autour de moi, il n'y a pas de vie,
Mais seulement les corps sans vie de mes compagnons d'infortune.
Je sais que bientôt ce sera la même chose pour moi.
Je sais que je vais mourir, Seigneur,

Mais je voudrais te demander une chose :

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Ne laisse pas ma mère, ma sœur, mes petits frères
Et tous ceux que je ne reverrai jamais être malheureux
Parce que je ne suis plus là.


Sois leur refuge, leur aide et leur berger, Seigneur !
Accueille - nous dans une place
Où il n'y a ni guerres, ni multinationales, ni exploitation,
Mais seulement la vie et la vie en abondance.

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RAquita Reche, SMNDA.  


Avec les Migrants à Tamanrasset


relire aussi  :
"avec les Migrants à Tamanrasset"
La clé de la paix,
selon un
évêque en pays musulman
LE PIEGE
un projet mis en oeuvre
par le C.I.S.P.
et
ram-network
 Voir la vidéo
"LE PIEGE"

par Réseau Afrique Migration



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