Homélie d’Edouard au cours de l’Eucharistie clôturant
l’Assemblée diocésaine
" Tout ce qui fait l’originalité ou la spécificité
de la sainteté de Charles de Foucauld, nous l’avons suffisamment évoqué
et je ne peux maintenant rien ajouter, mais seulement partager ce que, personnellement
et librement, j’ai aimé en lui et ce qui, de lui, m’a aidé
à vivre.
C’est tout d’abord sa relation au Christ, à Jésus, toujours
recherché, toujours regardé, toujours aimé. Cette
relation il l’a peut-être davantage exprimée ou racontée
dans la première partie de sa vie après sa conversion, surtout
quand il est à Nazareth, à la recherche d’une conformité
de sa vie avec celle de Jésus. Dans un moment d’écoute où
l’Esprit semble lui faire entendre la voix de Jésus.
J'aime aussi dans sa vie, le tournant radical qu’il prend au moment
de son ordination : ne plus tant se préoccuper d’aller, personnellement,
le plus loin possible dans l’imitation de Jésus, mais se passionner
avant tout pour le salut des hommes, donner sa vie pour eux, spécialement
pour ceux qu’il croit être loin de Dieu, tout en gardant toujours
son regard orienté vers Jésus à travers l’Evangile
; vers Jésus qui a donné sa vie pour le salut de tous.
Et j’apprécie aussi dans l'itinéraire spirituel de Charles
de Foucauld la liberté qu'il prend dans les dernières années
vécues dans le Hoggar, sa liberté par rapport aux règles
ou résolutions qu'il a pu se fixer dans ses retraites, chaque fois
qu'il lui semble plus important d'être disponible aux autres, spécialement
mais pas uniquement aux touaregs, à des travaux linguistiques ou
aux taches humaines que sa solidarité avec les habitants de Tamanrasset
lui inspira.
Bref, tout cela que j'ai aimé ou apprécié dans
ce qu'il a vécu n'a rien, en soi, de bien original : c'est l'itinéraire
de beaucoup d'autres saints et d'autres disciples. Mais en tout cas, c'est
essentiellement de cette manière qu'il a été disciple
du Seigneur, qu'il est demeuré lui-même dans l'Amour du Seigneur,
en croyant en cet amour reconnu, accueilli, contemplé. Et c'est
ainsi qu'il a progressé dans la connaissance de Jésus et de
sa volonté sur lui et dans la fidélité à ses commandements
qu'il a su accueillir non plus comme des ordres, mais comme des Paroles
de vie, des appels à la Vie, adressés d'ailleurs à
tout disciple que le Seigneur choisit pour le suivre et porter du fruit
c'est-à-dire finalement à nous tous, qui sommes appelés
et choisis pour demeurer dans l'Amour du Seigneur, pour accueillir son amitié
et même la partager, ou espérer le faire, avec tous ceux et
celles qu'il nous est donné de rencontrer, dans ce monde du Sahara
où nous faisons Eglise et où nous voulons travailler au service
du Royaume de Dieu et de son cheminement visible et invisible dans le cœur
des hommes. Et cela en criant l'Evangile par toute notre vie. En le criant
plus ou moins fort selon nos charismes et nos insertions ! Mais toujours
sous le regard de Jésus et dans la force de l'Esprit, avec une confiance
éperdue en Dieu notre Père. "
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Et le Dimanche …
Tandis que chacun reprenait la route et retrouvait ceux qui partagent
leur quotidien, les responsables de secteurs – Martine (Hoggar) – Denys
(Est) – Karima (Nord-Ouest) – Bernard (Sud-Ouest) – Marie-Chrisine (Centre
en remplacement de Anne-Christine) – poursuivaient le travail avec l'évêque
et son conseil rapproché (Miguel, Spécioza, Alain et Cécile).
Après lecture des évaluations qui permettent de mesurer
la satisfaction de l'ensemble et les points d'attention pour d'autres
rencontres, nous avons repris les convictions énoncées par
les secteurs – et dans le respect de ce qui était dit – nous avons
formulé 3 convictions qui détermineront les axes du projet
pastoral :
1. Ecoute, accueil, gratuité, disponibilité, qualité
d'être … puisent dans le don de Dieu Amour et rejoint l'autre dans la
naissance de son humanité.
2. Nous sommes une petite Eglise, humble passerelle, lien de profondeur
et d'ouverture à l'universel.
3. Nous vivons un service libre et responsable, en collaboration avec
toute personne de bonne volonté, pour un monde plus humain, attentif
à toute pauvreté.
A partir des suggestions proposées en intersecteur, nous avons
choisi des moyens particuliers pour avancer dans une démarche ecclésiale.
Les responsables de secteur en feront le compte-rendu.
Pour le suivi et les suggestions de chacun des ateliers, nous prendrons
le temps avec chacun de ceux qui ont animé un atelier de faire
un travail spécifique. Dans la lettre diocésaine prochaine,
nous rendrons compte de la synthèse écrite.
Il nous fallait préciser par quels "canaux" nous allions faire
passer ce projet de notre Eglise diocésaine pour qu'il prenne corps
au niveau des paroisses, des secteurs, de l'Eglise diocésaine.
Nous avons déjà fait le choix de propositions concrètes.
Vous le devinez, l'Esprit a été très
présent jusqu'au bout. Il nous a donné de vivre une belle
complicité laborieuse, respectant nos différences, acceptant
de nous défaire de notre parole personnelle, soutenant nos fatigues
!
Maintenant, chaque secteur poursuivra l'appropriation de cette mise
en forme du projet pastoral, en l'enracinant dans une parole de l'Ecriture
et de la Tradition.
Aujourd'hui nous vous faisons le récit de la densité
de notre assemblée. Il y a la "face cachée", celle de notre
soirée de détente, des témoignages sur les familles
spirituelles présente dans le diocèse… l'exposé de
Bernard (petit frère à Beni Abbès) qui seront partagés
dans la lettre diocésaine de Pentecôte. Restez en éveil;
notre diocèse est une caravane en route !
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En guise de conclusion et d'envoi par Mgr Rault, évêque du
Sahara
Que dire au terme de ces trois jours de vie ensemble,où nous
nous sommes… mélangés, mieux connus, mieux aimés…dans
tout ce que nous avons de " spécific " (pour reprendre l’expression
de nos frères de Ouargla) et de commun à partager ?
Cette rencontre avait pour but de nous " projeter en avant ", mesurant le
chemin parcouru dans notre quotidien.
Nous avons dans notre première journée mieux regardé
notre monde saharien, et au cœur de ce monde notre petite Eglise mêlé
à lui comme un levain dans la pâte. Nous voulons être de
cette pâte, mais nous voulons aussi apporter un surcroît de saveur
évangélique à ce monde.
Pour cela…et je ne vais pas détailler…nous voulons être
– parce que c’est " notre mission ", notre trésor à
partager :
--Une Eglise de la relation, à l’écoute de l'autre,
les mains ouvertes pour recevoir de lui le Don de Dieu qu’il désire
nous transmettre.
--Une Eglise de la Proximité, c'est-à-dire portant au
cœur la reconnaissance que le Royaume de Dieu est proche. Et pour le rendre
plus proche encore, nous désirons vivre cette proximité qui
rejoint l’Incarnation, celle du Verbe fait chair.
--Une Eglise de l’engagement, un engagement " synodal ", qui nous
permet de faire route ensemble, de faire " caravane ensemble ", mais pas
seul, dans un compagnonnage, un partenariat et une collaboration avec tous
ces hommes et ces femmes de bonne volonté qui font aussi de leur
vie un don pour les autres.
--Une Eglise de l’Avenir. Même si cet avenir n’est pas massif,
il est déjà présent devant nous et au milieu de nous.
Nous désirons communiquer ici et dans nos pays et Eglises d’origine
la Passion qui nous habite et inviter les bonnes volontés à
nous rejoindre dans cette Aventure évangélique où nous
sommes engagés.
Pour concrétiser tout cela, nous nous sommes mieux connus dans
nos diversités, dans ces couleurs, ces âges, ces origines,
ces sensibilités si différentes, si belles lorsqu’elles s’unissent
en bouquet.
Ce matin, nous avons travaillé ensemble dans divers ateliers
qui sont comme autant de " plates-formes de rencontres " où
s’exerce un véritable partenariat.
Vous avez fait une " tempête de cerveau " et de la créativité,
et fait un certain nombre de propositions concrètes que nous mettrons
en œuvre dans ces 3 années à venir.
Mais, le travail de ces 3 jours n’est pas terminé…vos propositions
ont été retenues et vont servir à notre travail demain,
dans le cadre de notre Conseil diocésain élargi. Nous essaierons
de faire les choix les meilleurs, en vue de mieux cerner les grands axes
de notre projet diocésain et aussi en vue de mettre à votre
disposition les moyens humains et matériels pour aller plus loin
et plus profond dans nos engagements.
Merci pour votre collaboration, votre générosité,
le déchaînement de votre créativité. Nous sommes
en chemin ; continuons notre caravane…dans la patience, la stimulation mutuelle…le
soutien dans l’engagement et dans la prière.
+ Claude
04-03-06
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Partages pour rester proches
Parce que c'était Lui …
Le surlendemain de l'Aïd Kibir mourait à Adrar,
à 15H20, notre ami fidèle "Reggane"… à l'instant même
où mon petit car qui m'amenait de Ghardaïa, entrait en ville.
Ce petit détail peut être lu comme une coïncidence… Cependant
c'était l'aboutissement d'une longue maladie et de longs jours de
coma… Les gens d'Adrar ne se sont pas trompés en disant :
"Miguel va arriver et il va mourir" Ainsi se termine une longue histoire
que j'hésite à qualifier d'amitié ou de fraternité;
je pencherais pour le deuxième !
Je suis arrivé à Adrar en mai 1977, au moment de la
"ziyyara" de Sidi el Oungali, saint patron du quartier où nous
habitons. Dès le premier instant, au cours du repas commun, nous
nous sommes adoptés comme 'frère" et çà a
duré 29 ans !...
Mohammed, de son vrai nom, ne parlait pas beaucoup; dans
ces grands yeux ronds on lisait une grande bonté. Il rendait service
à tout le monde; chacun, hommes et femmes lui faisait confiance.
Entre nous, jamais de comptes; nos portes respectives étaient toujours
grandes ouvertes. Combien d'heures de bricolage avons-nous passé
ensemble à dépanner les uns et les autres, les plus démunis.
Nous avons aussi partagé les années dures de la pauvreté;
les années des commencements et des projets; les années des
amours et des amitiés fortes; les années de l'apprentissage
de la vie; les années de la joie et de la jeunesse !
Mohammed fut un des "laïcs" du diocèse sans lequel nous
ne pouvons tourner. Il fait partie de ces hommes et femmes avec qui on
a grandi. Certains nous ont quitté, récemment encore : Boudjema,
M'barka, Mouloud, Bachir … D'autres sont encore avec nous : Tayeb, Messaouda,
Saad, Kheira… tous si attachants et attachés ! au point de nous
protéger, à leur corps défendant, dans un environnement
où "nous avons beaucoup d'amis mais pas que des amis"
De même que nous avons vécu une communion en humanité,
la Foi, la Vie… nous assurent que nous serons en pleine communion en Dieu
!
Miguel
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Pèlerinage sur les traces de Charles de Foucauld
Suite à l'invitation de Mgr Claude Rault pour
faire un pèlerinage de prière sur les traces de Charles
de Foucauld à l'Assekrem, 8 personnes, dont 6 du diocèse
d'Alger, une d'Oran et une de Constantine ont répondu à l'appel
et ont pris la route vers Tamanrasset.
C'est avec une grande joie et un renouvellement spirituel que nous
avons vécus ces quelques jours inoubliables en compagnie de Ventura
et de Martine qui nous ont si formidablement guidés et aidés
à atteindre l'objectif de cette démarche.
Comme pèlerins aux traces de Charles de Foucauld, cette étape,
passée entre Tamanrasset, les ermitages à l'Assekrem et la
marche dans le désert nous a permis de vivre une expérience
de prière et d'intériorité visant à nous introduire
davantage dans l'intimité du Seigneur. Durant ces jours, l'accent
était mis sur la prière personnelle de chacun. Mais ces moments
de prière étaient précédés par des conférences
animées par Ventura et Martine et suivis de rencontre de partage.
Les homélies dans les messes étaient remplacées aussi
par des partages. Un partage de ce que " nous avons " et de ce que " nous
sommes ". Ce partage a resserré les liens entre nous et nous a enrichi
mutuellement en favorisant l'échange fraternel.
Si nous devons garder une seule image du pèlerinage,nous voudrons
conserver celle-ci : un groupe de personnes de toutes formations variées,
de profils différents, marchant dans le désert conduit par
Ventura et Martine ; c'est une église en marche, qui peine un peu
dans les montées, qui tend à se disperser aux virages, qui
cherche parfois des raccourcis, qui sent la soif, mais qui en définitive
reste unie derrière ceux que son maître lui a donnés pour
guide. Il est difficile d'exprimer les consolations reçues à
cette occasion mais nous prions pour qu'elles restent gravées en nous.
Nous avons vécu ce pèlerinage comme un moment de prière
et de silence, à l'exemple des disciples dans l'Evangile que le
Seigneur de temps en temps invite "à venir à l'écart
se reposer un peu, Lui dire ce qu'ils ont fait. " jouir sur la montagne
de sa lumière et de sa beauté, puis " descendre " de la montagne
pour rejoindre de nouveau la plaine . (Mc 6/31 et 9/2)
L'exemple de Foucauld nous a prouvé que la sainteté
est possible, car il a su se donner totalement au Seigneur, miser toute
son existence sur son amour. Aurions-nous le courage de mettre nos pas
dans son sillon en aspirant à cette maturité spirituelle,
à cette transparence grâce auxquelles tout ce que nous sommes,
tout ce que nous disons et faisons devient Bonne Nouvelle ?
Le groupe des pèlerins
Christine Nabatanzi, Felisa Maria Diaz Marin, Ghislain Mulumbu, Gisele
Nonge Agula,
Henri Delasalle, Henriette Rasoamazava, Hyam Habib, Nancy Choufani
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