![]() Méditations sur les Evangiles de Charles de Foucauld pour l' année C (suite Ascension, Pentecôte, ...) *** ( les Méditations de Charles de Foucauld sont recueillies par les Disciples de l'Evangile) à usage interne © Disciples de l'Evangile-Viviers et pour la mise en page , légèrement modifiées par M.Feillée (secrétariat évêché Laghouat-Ghardaïa) |
edition du 16
août
2016 21ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 371 Lc 13, 22-30
« Entrez par la porte étroite. »
Quelle est cette porte ? C'est vous, mon Dieu, car vous dites ailleurs : « Je suis la porte. » Oui, mon Dieu, c'est vous, car quand on entre par vous on entre par la meilleure des portes... Et quand on n'entre pas par vous, on reste dehors. C'est donc vous qui êtes la porte ! Pourquoi dites-vous que vous êtes une porte étroite ? Pour nous indiquer qu'il nous faut passer par l'étroitesse de la porte et non à côté, qu'il nous faut absolument passer par là et non par ailleurs : il n'est pas si étroit qu'on ne puisse y passer à l'aise, mais vous entendez nous dire qu'il faut de toute nécessité nous engager dans les limites de ce passage ; c'est comme s'il y avait : « Passez dans l'étroitesse de la porte ; passez dans le passage de la porte, passez entre les limites de la porte. » Que vous êtes bon, mon Dieu, que vous êtes divinement bon ! Vous ne nous donnez d'autre moyen de nous sauver que de passer par vous, c'est-à-dire : par votre amour, et votre obéissance (laquelle est contenue dans votre amour). Que cela est doux ! Nous ordonner de vous aimer, quel commandement suave ! Nous ordonner, sous peine de ne pouvoir nous sauver, quel surcroît de suavité ! Que vous êtes bon ! Que nous sommes heureux ! Entrons par l'unique porte qui est Jésus, entrons par Jésus, en aimant Jésus, et en ne vivant que pour son amour, en ne vivant que dans sa contemplation, son imitation, son obéissance, en ne nous occupant que de l'aimer et de pratiquer les œuvres que demande son amour 1.
1 M/371, sur Lc 13,18-30, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 64-65. |
edition du 9
août
2016 20ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 365 Lc 12, 49-53 « Je suis venu apporter le feu sur la terre. Que veux-je, sinon qu'il s'allume. » Vous êtes venu apporter l'amour sur la terre ; vous êtes venu mettre au milieu de nous les flammes de votre Cœur. Que vous êtes bon ! Et vous nous dites nettement votre volonté à notre égard, c'est que nous vous aimions à notre tour ; c'est là tout ce que vous demandez, tout ce que vous voulez de nous ; vous ne voulez rien d'autre de notre part : « Que veux-je ? », si ce n'est que vos cœurs s'allument ? Que vous êtes bon d'être venu apporter sur la terre d'une manière visible ce feu d'amour ! Que vous êtes bon de ne vouloir qu'une chose de nous, que nous vous aimions ! Que vous êtes bon de nous le dire ! Dieu ne veut qu'une chose de nous, que nous l'aimions, que nous brûlions d'amour pour lui. Aimons, aimons, que toute notre occupation soit d'aimer, de contempler le Bien-aimé, de lui demander ce qu'il veut de nous, de penser, dire, faire ce qu'il veut que nous pensions, disions, fassions... Ayons une grande dévotion à ce Cœur Sacré de Jésus, par lequel Dieu a allumé le feu sur la terre ! Jésus Charitas : « Je suis venu allumer un feu sur la terre, que veux-je, si ce n'est qu'il brûle ? » O mon Dieu, faites brûler ce feu dans mon cœur et dans celui de tous les hommes ! Amen... C'est l'unique nécessaire : « Que veux-je, si ce n'est qu'il brûle ? » 1 1 M/365, sur Lc 12,49, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 59-60. |
edition du 1er
août 2016 19ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 360 Lc 12, 32-48 « Ne craignez pas, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner un royaume. » Que vous êtes bon, mon Dieu ! Quelles douces paroles en ces trois mots : « Ne craignez pas » ! Nous n'avons rien à craindre, et c'est vous qui nous le dites, suprême Vérité ! Que cela est doux ! Dans quelle paix vous nous mettez !.. « Petit troupeau », petits enfants, tendre parole toute paternelle, toute suave. « Votre Père », vous appelez Dieu « Notre Père ». Nous sommes les enfants de Dieu ! Dieu est pour nous un père, nous regarde d'un œil paternel, nous aime comme un père aime ses enfants ; que nous sommes heureux !.. « Vous a donné un royaume », le royaume du ciel dont deux pas, deux jours nous séparent encore : il est à nous, il nous est préparé, à nous de faire les deux pas qui nous en séparent. Oui, nous avons un royaume, le royaume des cieux. Ne nous attachons donc pas aux choses de la terre qui ressemblent si peu à un royaume, un peu de boue, un peu de nourriture, un peu de laine, telle ou telle misère, voilà ce que nous offre la terre. Quelle insanité de nous attacher à cela, nous rois, nous possesseurs du royaume céleste1 !
1 M/360, sur Lc 12,32, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 56. |
edition du 25 juillet
2016 18ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 357 Lc 12, 13-21 « Hommes, qui m'a établi juge ou diviseur entre vous ? Gardez-vous de toute avarice. » Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous attacher si étroitement à vous, si complètement à vous seul, en nous détachant si nettement de tout ce qui passe ! Dans quelle paix vous nous ensevelissez ou plutôt dans laquelle vous nous faites vivre de la vraie vie, en nous détachant de tout bien matériel, de toute créature ! Que vous êtes bon de nous détacher de tout ce qui n'est pas vous, pour que, absolument vides de tout le créé, parfaitement pauvres dans notre âme, dans notre esprit, vidés et dépouillés de tout attachement à ce qui n'est pas vous, nous puissions être parfaitement attachés à vous, pleins de vous seul, riches sans mesure en vous possédant autant que notre nature aidée de la grâce en est capable. Gardons-nous de toute avance... Ne nous attachons à aucun bien matériel ni pour nous, ni pour les autres... Car tous sont un néant, ils n'ont aucune valeur pour nous, ni aucune valeur pour les autres ; encore que les autres s'y attachent peut-être, nous qui savons quel néant ils sont et qu'ils ne leur sont point un avantage mais plutôt un danger, gardons-nous, gardons-nous de nous y attacher pour eux. Soyons aussi détachés de ces vanités pour les autres que pour nous, car ce détachement, c'est la vérité... Les créatures ne nous sont un avantage que si elles contribuent à nous unir à Dieu ; or les biens matériels contribuent plutôt à nous détacher de lui et (quoiqu'ils ne soient point un mal en eux-mêmes) ils sont toujours un danger : « Combien difficilement les riches entreront dans le royaume des cieux ! » 1
1 M/357, sur Lc 12,13-21, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 51-52. |
edition
du 18 juillet 2016 17ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 346 Lc 11, 1-13 « Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et on vous ouvrira. » Que vous êtes bon, mon Dieu, de nous donner en quelque sorte part à votre toute-puissance en nous promettant d'exaucer nos prières !.. Vous nous le promettez formellement, en nous donnant comme exemple celui des hommes qui, mauvais, cependant exaucent celle qu'on leur fait... Vous y mettez une condition : c'est qu'on vous prie avec constance... Ailleurs vous en mettez d'autres : qu'on vous prie avec humilité (le pharisien et le publicain), avec foi, confiance (figuier stérile. Épître de saint Jacques) ; vous recommandez aussi de demander en votre nom (discours après la Cène). Vous nous donnez par ces instructions la recette, pour ainsi dire, pour rendre nos prières infaillibles... Que vous êtes divinement bon ! Demandons, demandons, demandons constamment, et pour tous les hommes et pour ceux dont Dieu nous a spécialement chargés, et pour nous-mêmes de qui nous sommes très spécialement chargés (nous ne devons pas nous aimer plus que les autres, ni telle ou telle âme plus que telle ou telle autre, car nous leur devons à toutes tout ce que notre cœur peut donner d'amour à des créatures, en vue de Dieu, leur Père commun : l'amour que nous devons à nous-mêmes, à ceux dont nous sommes chargés, à tous les hommes, parce que nous sommes enfants de Dieu, est si grand que tous les autres motifs qui pourraient apporter des distinctions disparaissent et sont noyés dans la grandeur de cet amour qui par le rapport étroit qu'il a avec Dieu, par son motif qui est Dieu, a quelque chose de l'amour infini dont nous devons aimer Dieu)... Demandons sans cesse, puisque notre prière est si puissante... Pour les autres demandons tous les biens de l'âme, du cœur, du corps, puisque nous devons demander pour eux tout ce que nous demanderions pour Jésus vivant parmi nous, eux qui sont tous les membres du corps de Jésus, quelque chose de Jésus, en quelque sorte Jésus (Mt 25)... Demandons pour nous-mêmes les seuls biens spirituels, puisque Jésus nous a dit : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît »... Si nous prions avec constance, humilité, foi et confiance, si surtout nous prions ainsi au nom de Jésus, nous serons toujours exaucés, nous en avons pour garantie la parole de Dieu... Il met une seule restriction à sa promesse, et c'est sa bonté ineffable, son amour souverain qui la met : il nous exaucera toujours, mais il se réserve une seule chose, de nous donner quelque chose de meilleur encore que ce que nous demandons ; aveugles, nous demandons souvent des biens faux ou médiocres, ou inopportuns ; si nous demandons comme nous le devons et que nous n'obtenons pas visiblement l'objet de nos prières, c'est que Dieu dans sa bonté paternelle nous a donné ou nous donnera quelque chose de meilleur, nous exauçant non selon notre aveuglement, mais selon sa sagesse et avec surabondance. .. Mon Dieu, que vous êtes divinement bon1 ! 1 M/346, sur Lc 11,5-10, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 40-42. |
edition du
13 juillet 2016
Charles De Foucauld : Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc 16ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 344 Lc 10, 38-42 « Marie a choisi la meilleure part qui ne lui sera point ôtée. » Mon Dieu, que vous êtes bon de défendre votre servante que sa sœur attaque!.. Que vous êtes bon de défendre une fois pour toutes tous ceux qui laissent tout pour vivre dans votre divine contemplation !.. Que vous êtes bon de déclarer « la seule chose nécessaire » et « la meilleure part » ce qu'il y a de plus doux au monde, ce qui fait de notre vie un ciel, votre contemplation, ô Bien-aimé Jésus ! Une seule chose est nécessaire, ô Jésus, vous aimer et accomplir d'heure en heure les œuvres demandées par l'amour... Un seul acte d'amour vaut mieux que l'univers... Vous offrir un acte d'amour est plus vous donner que vous offrir en sacrifice mille mondes... Car l'âme humaine est tellement supérieure à la matière, que vous offrir le moindre acte de vertu purement spirituel est plus que vous offrir tous les mondes matériels possibles : à plus forte raison, le moindre acte d'amour, qui est la plus sublime des vertus, est-il une offrande infiniment supérieure à toutes les offrandes matérielles possibles... Il faut cependant dans certains cas, quand Dieu le veut, faire pour lui des œuvres matérielles, parce que esprit et matière, tout notre être doit l'adorer et le servir, mais sachons bien que la dignité de notre âme et sa supériorité sont telles, que le moindre acte de vertu purement spirituel de l'âme a plus de prix que tous les univers, tous les mondes matériels possibles ; ce qui nous montre jusqu'à quel point « une seule chose est nécessaire », l'amour brûlant dans le cœur, jusqu'à quel point « Marie a choisi la meilleure part », et jusqu'à quel point ce serait voler Dieu que de retirer à Marie une contemplation qui le glorifie plus en chacun de ses moments que ne le ferait l'offrande de tous les mondes... Cela montre aussi que l'âme qui veut glorifier Dieu doit aller avec Magdeleine à ses pieds et y vivre de la contemplation (en lui donnant comme gardiennes : le silence et la solitude), et rester dans cette vie de pure contemplation jusqu'à la mort, à moins que Dieu ne l'appelle lui-même clairement à un travail extérieur, comme il le fit pour saint Jean Baptiste et les apôtres... Alors, il faut obéir, bien entendu, puisque l'obéissance est le premier devoir de l'amour, mais tout en se livrant à toutes les œuvres extérieures que Dieu demande de nous, il faut rester par l'âme assis à ses pieds, il faut demeurer intérieurement dans la contemplation de Jésus tout en agissant extérieurement pour son service... On ne cesse pas alors de mener la vie de Magdeleine, mais on y joint celle de Marthe, comme fit Jésus dont la contemplation fut toujours incessante... Mais pour pouvoir joindre ainsi les deux vies, il faut avoir mené longtemps la vie de Marie dans la solitude et le silence, c'est pourquoi Dieu n'appelle aux œuvres extérieures les âmes qui veulent le glorifier, qu'après leur avoir fait passer longtemps d'abord dans la contemplation solitaire, où il forme et fortifie leur âme de telle sorte qu'elles peuvent rester ensuite contemplatives le reste de leur vie, tout en étant actives ; si elles étaient actives sans être contemplatives, elles le glorifieraient bien peu, les œuvres extérieures étant d'un prix infiniment moindre, comme nous l'avons vu, que les actes purement intérieurs... Saint Jean-Baptiste, saint Paul sont des exemples de cette conduite divine : Dieu les établit d'abord dans la vie contemplative, par une longue solitude, puis il les appelle à une vie active pour leur faire joindre aux mérites très supérieurs de la contemplation dans laquelle ils étaient établis et qu'ils ne cessèrent de pratiquer tous les instants de leur vie, les mérites très inférieurs, mais très réels cependant, de la vie active, ajoutant les seconds aux premiers, sans jamais perdre les premiers... La vie de Magdeleine est donc tellement supérieure à celle de Marthe, qu'on ne peut procurer grandement la gloire de Dieu par cette dernière seule et que pour y glorifier Dieu beaucoup, il faut absolument y joindre la première, dont le prix, incomparablement plus grand 1. 1 M/344, sur Lc 10,38-42, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge 1997, 36-38. |
edition
du 2 juillet 2016 15ème DIMANCHE DU
TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 343 Lc 10, 25-37 « Aime Dieu de toutes tes forces, de
toute ton âme, de tout ton cœur et de tout ton
esprit ; et aime ton prochain comme toi-même. » Que Vous êtes bon, mon Dieu, de permettre à
moi, ver de terre, de vous aimer, de lever mes yeux
vers vous, de penser à vous, de faire de vous l'objet
de mes désirs, d'aspirer à vous, de ne respirer que
pour vous, de diriger vers vous, vers votre amour tout
mon cœur, mon âme, mes forces, mon esprit ; quelle
grâce ! quelle faveur ! Mais me l'ordonner, mais en
faire le premier de vos commandements, tellement le
premier que seul il renferme tous les autres, faire
votre seul précepte de ce qui est pour mon âme toute
béatitude, de ce qui fait pour moi de la terre un
ciel, quelle bonté ineffable, quel abîme de bonté et
d'amour ! Que vous êtes bon, que vous aimez, ô mon
Dieu, ô Bon Dieu !.. Après cela, rien ne saurait être
si divinement doux, mais si rien ne peut atteindre la
divine suavité de ce premier commandement, ce qui en
approche le plus, c'est la douceur du second. Par le
second, vous voulez que je sois aimé par tous les
hommes comme ils s'aiment eux-mêmes et que je les aime
tous comme ma propre âme : c'est à ce degré que vous
voulez que m'aiment mes frères, moi, si pauvre et si
abject, ô Dieu de mon cœur ! C'est dans cette
atmosphère d'amour que vous voulez que je vive, aimant
et étant aimé avec cette chaleur en tous les hommes
!.. Oh ! Dieu d'amour, que vous êtes «Amour », « Deus
charitas est», vous dont tous les commandements se
résument à m'ordonner de brûler d'un feu d'amour tel
qu'il monte jusqu'au ciel et remplisse toute la terre
! Aimer Dieu, cela nous oblige avant tout à lui obéir,
puis à l'imiter
; ensuite à le
contempler, à l'adorer (par votre culte), et à le
servir (en cherchant à procurer son bien, c'est-à-dire
: à le glorifier le plus possible)... Obéir passe
avant tout et comprend tout ; celui qui obéit à Dieu,
imite, contemple, adore et sert... Imiter passe
après obéir (du moins dans la pratique), car pour
imiter sûrement il faut imiter d'après l'obéissance :
autrement on pourrait se tromper, car il y a des
choses qui sont perfections en Dieu et qui pourraient
être des imperfections en nous, de jeûner par exemple
: quand ce n'est pas notre devoir ; c'est le devoir de
Dieu, ce n'est pas le nôtre... Imiter parfaitement
Dieu, cela nous mettra toujours dans toute perfection,
mais, aveugles comme nous sommes, nous l'imiterions
très imparfaitement si nous n'étions dirigés par
l'obéissance... C'est pourquoi nous plaçons l'obéissance
avant l'imitation, bien qu'en réalité elles soient
sur le même rang, car l'obéissance n'est que «
se conformer à Dieu parlant» et l'imitation n'est que
« se conformer à Dieu agissant» : l'une et l'autre ne
sont que la « conformité à la perfection, à la volonté
parfaite de Dieu connue soit par ses paroles, soit par
ses exemples » ; l'une et l'autre sont « la conformité
à la perfection même, à Dieu ». Imiter comprend donc
tout, aussi : celui qui imite Jésus, obéit à Dieu, le
contemple, l'adore, le sert... La contemplation,
l'adoration, le service avec un zèle infini
doivent être, comme l'obéissance et l'imitation, de tous les
instants, mais ils viennent après elles, car bien
qu'ils les accompagnent nécessairement toujours,
chacune de ces trois vertus est séparée et ne renferme
pas les autres, comme font l'obéissance et l'imitation
: (On le voit : l'obéissance et l'imitation, sans être
identiques, ont beaucoup de ressemblances dans leurs
effets, quand elles s'adressent à Dieu ; l'une est
l'obéissance aux paroles, l'autre, l'obéissance aux
exemples). Pour aimer le prochain comme soi-même il
faut, semble-t-il, faire pour lui ce qu'on fait pour
soi... faire pour lui ce qu'on approuverait qu'il fît
pour nous... faire pour lui ce qu'on serait heureux
que Jésus fît pour nous... faire pour lui ce que Jésus
faisait, ce qu'il a dit de faire, ce qu'il ferait à
notre place... [1] [1] M/343, sur Lc
10,25-37, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints
Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge
1997, 34-36. ******* |
edition du 26
juin 2016 Charles De Foucauld : Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc 14ème DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 337 Lc 10, 1-12.17-20
« Priez le Maître de la moisson, pour qu'il envoie des ouvriers dans sa moisson. »
Que Vous êtes bon, ô divin Laboureur, de veiller avec tant de soin sur ces épis et de tant faire pour pouvoir les rentrer un jour dans les greniers du Père céleste ! Non seulement, ô Jésus, Vous prêchez Vous-même, et avec tant de fatigues et de persécutions, non seulement Vous priez Vous-même pour votre moisson, mais vous y envoyez des ouvriers ; non seulement Vous le faites dans le présent, mais Vous instituez Votre Eglise afin que, d'une part, votre parole se répète dans le monde entier, chaque jour, à toute heure ; que, de l'autre, des ouvriers évangéliques travaillent en tous lieux jusqu'à la fin des siècles à la moisson de Vos épis, et que des prières instituées par Vous et inspirées par Vous, ainsi que des sacrifices d'une sainteté infinie, ne cessent de monter, jusqu'à la fin du monde, de la terre vers le ciel, pour obtenir une abondante moisson !.. Que Vous êtes divinement bon ! Obéissons fidèlement à ce commandement de Notre Seigneur ! Prions de tout notre cœur pour que Dieu envoie de nombreux ouvriers à Sa moisson, pour qu'il leur donne toutes les vertus, tous les dons nécessaires pour bien travailler dans son champ, et qu'ainsi la récolte soit aussi abondante qu'il se peut... C'est prier pour l'Église enseignante, pour l'Église... Ne négligeons pas cette prière, que Jésus nous recommande si spécialement ! Elle est contenue dans la prière faite « pour les intentions du Souverain Pontife » : cette dernière prière contient la demande de tout ce qui était cher au Cœur de Jésus, elle contient la prière pour les ouvriers évangéliques et toutes celles que faisait et que nous recommande Jésus ; elle contient la demande de l'accomplissement de tous les désirs de Son Cœur, elle contient d'une manière générale tout ce que demandait Jésus à Son Père, tout ce que nous devons demander... Prions donc constamment, offrons donc constamment nos prières, mortifications, croix, bonnes œuvres, mérites « aux intentions de notre Saint-Père le Pape ». Appliquons même toutes nos prières, mortifications, croix, bonnes œuvres, mérites, par un acte formel renouvelé chaque matin « aux intentions de notre Saint-Père le Pape »... Nous ne saurions rien faire qui nous mette plus en union avec le Cœur de Jésus1.
1 M/337, sur Lc 10,1-2, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 317-318. |
edition du
21 juin 2016 13èME
DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Lc 9, 51-62 « Laissez les morts enterrer les morts ; vous, allez et annoncez le royaume de Dieu »... Que Vous êtes bon, mon Dieu, de nous détacher si complètement et si énergiquement de tout ce qui n'est pas Vous, pour nous attacher pleinement à Vous... Et que Vous êtes bon de nous donner à tous cette belle et merveilleuse mission, votre propre mission, d'annoncer le royaume de Dieu ! Laissons les morts enterrer les morts, laissons les affaires du siècle aux gens du siècle, laissons les affaires matérielles et les affections humaines aux hommes qui vivent pour la terre et la chair, laissons les choses vaines aux vains ; laissons tout ce qui est de la terre, hommes et choses, à ceux qui veulent vivre pour la terre et de la terre; nous qui voulons vivre pour Dieu et de Dieu, vidons de tout ce qui est créé, de tout ce qui n'est pas Dieu, des objets inanimés, des autres hommes et de nous-mêmes, notre entendement, notre mémoire, notre volonté. N'ayons pour tout cela ni intelligence, ni souvenir, ni amour ; n'y réfléchissons pas, ne nous en souvenons pas, ne l'aimons pas. Que notre âme soit radicalement vide de tout cela. Laissons ce qui est mort aux morts, ce qui est vain aux vains. Tout ce qui n'est pas Dieu est mort, car Lui seul est l'Être en soi, Lui seul est la vie en Soi... Tout ce qui n'est pas Dieu est vain car hors Dieu «tout est vanité »... Vidons notre âme complètement de tout ce qui n'est pas Dieu, de tout créé si mort et si vain, et qu'entièrement vide elle soit disposée à être entièrement remplie de Dieu : « Dilata os tuum et implebo illud1 »... Et après nous être vidés de tout ce qui n'est pas Dieu, annonçons Son royaume. C'est notre vocation à tous, les uns dans la vie publique, comme Jésus prêchant, les uns dans la vie érémitique, comme Jésus au désert, les autres dans la vie cachée, comme Jésus à Nazareth ; imitateurs de Jésus soit à l'exemple de Saint Paul, soit à celui de Sainte Magdeleine, soit à celui de Saint Joseph, nous annoncerons partout le royaume de Dieu par là même que notre vie, image de celle de Jésus, criera Jésus et Son Évangile, si nous sommes ensevelis dans un éternel silence aussi bien que si nous prêchons ! Sainte Magdeleine au désert ne crie-t-elle pas Jésus à travers tous les siècles aussi puissamment que les apôtres ?.. Menons, parmi ces 3 vies divines, parfaites, menées par Jésus, celle où Il nous veut, où Sa volonté nous place ; et soyons-y une parfaite image de Jésus. Soyons sûrs que la puissance et le fruit avec lesquels nous annoncerons le royaume de Dieu ne dépend nullement de ce que Dieu nous met dans une de ces trois vies plutôt que dans une autre, mais uniquement de la perfection avec laquelle nous menons la vie où Il nous place, quelle qu'elle soit2.
1 « Ouvre ta bouche et je l'emplirai. » 2 M/335, sur Lc 9,59-60, en C. de Foucauld, La bonté de Dieu. Méditations sur les Saints Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 314-316. |
edition du 13
juin 2016 12ème DIMANCHE DU
TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 326 Lc 9, 18-24 « Celui qui veut venir à ma suite, qu'il
s'oublie soi-même, porte sa croix tous les jours
et me suive. » Que Vous êtes bon, mon Dieu, de nous donner
des vues si lumineuses sur ce que doit être notre
vie... de nous montrer « la voie » avec tant de
clarté... et de répéter ces notions fondamentales avec
tant d'insistance dans Vos divers Évangiles !.. Que
Vous êtes bon, en nous donnant pour devoir ce qui est
le plus doux à un cœur qui aime : ne penser qu'à Vous
et Vous imiter... Vous imiter, Vous imiter, cela comprend
tout, Votre imitation comprend tout, et l'oubli de
soi, et la croix, et toute perfection... Et Votre
imitation est la douceur des douceurs pour le cœur qui
Vous aime; elle est un besoin, une nécessité
rigoureuse pour tout cœur amoureux, puisqu'elle
conduit directement à l'union parfaite avec l'être
aimé, à cette unité avec lui, à cette transformation
en lui qui est la perfection de l'amour (et qui ne
s'obtient que dans le seul amour de Dieu et seulement
au ciel car l'amour de Dieu est le seul parfait amour
et ce n'est qu'au ciel qu'il peut parvenir à sa
perfection). Merci, mon Dieu, de cette douceur des
douceurs, de nous appeler à Vous imiter, par des
paroles si pressantes et si claires ! Oublions-nous, oublions-nous radicalement, faisons comme
si nous n'existions plus, et ne cherchons que le seul
bien de Dieu, le seul avantage de Dieu, la seule
gloire de Dieu. Faisons à tout instant ce qui glorifie
Dieu davantage (c'est-à-dire : la volonté de
Dieu à notre égard, pour le moment présent...
Volonté qui nous est manifestée surtout par notre
directeur qui représente Dieu à notre égard). Ne nous
occupons désormais en aucune façon de nous, mais
faisons en tout uniquement la volonté de Dieu, en vue
de Dieu (à la vérité il nous arrivera encore de nous
occuper de notre sanctification, mais ce ne sera plus
par l'effet de notre volonté, ni en vue de nous, ce
sera pour obéir à Dieu et en vue de Dieu seul)... Portons notre
croix tous les jours, notre croix, c'est-à-dire
celle que Dieu veut pour nous, celle qui est vraiment
nôtre par
la volonté de Dieu ; notre croix
renferme deux choses, d'abord une vie crucifiée,
mortifiée, une croix,
il faut en effet que notre vie soit non seulement
sobre régulière, pauvre, mais encore qu'elle soit souffrante,
crucifiée ; pourquoi ? Parce que : 1° « Si le
grain de froment qui tombe à terre ne meurt pas, il ne
rapporte rien. » 2° C'est la seule manière certaine
d'imiter en quelque chose la passion de
Notre-Seigneur. 3° Le mot « croix » dont se sert
ici Jésus signifie nécessairement « souffrance »... Notre croix
renferme ensuite l'idée d'obéissance, il faut que
cette croix soit nôtre, nôtre
par la volonté de Dieu, que ce ne soit pas n'importe
quelle croix, mais celle que Dieu veut pour nous. Il
faut donc : 1° faire en tout la volonté de Dieu (ce
qui s'obtient en obéissant en tout à un directeur bien
choisi), 2° tâcher, autant que le permet cette sainte
obéissance, de mener une vie souffrante, crucifiée...
Suivons
Notre-Seigneur, c'est-à-dire, imitons-Le...
Imitons-Le en tout, à l'intérieur et à l'extérieur.
Choisissons, autant que nous le permet l'obéissance à
notre directeur, à Dieu, un des trois genres de vie
dont Jésus a donné l'exemple, et vivons-y comme Il y a
vécu, faisant autant que nous le pouvons, à toute
heure, ce qu'il ferait Lui-même à notre place. Pensons
ce qu'il a pensé, disons ce qu'il dirait, faisons ce
qu'il ferait, conformons-nous à Ses paroles, à Ses
exemples ; imitons ce qu'il a été, soyons ce qu'il
serait ; soyons
sa fidèle, sa vivante image : que ce ne soit
plus nous qui vivions, mais Jésus qui vive en nous[1]. [1] M/326, sur Lc
9,18-23, en C. de Foucauld,
La bonté de
Dieu. Méditations sur les Saints
Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge
1996, 302-303. |
edition du 9 juin
2016 11ème DIMANCHE DU
TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 312
Lc 7,36 - 8,3 « Il parcourait les cités et les
villages, prêchant... Et quelques femmes
l'aidaient de leurs biens »... Que Vous êtes bon, mon Dieu, de faire tant
de courses, de tant vous fatiguer pour le bien de nos
âmes !.. Le dur travail de Nazareth, le jeûne du
désert, les courses de la vie publique, le calvaire,
tout cela pour nous, que Vous êtes bon !.. Que vous
êtes bon de nous montrer le prix que nous devons
attacher aux âmes, à l'âme de chaque homme, à une âme
humaine quelle qu'elle soit, par la peine que Vous
prenez pour les éclairer !.. Que Vous êtes bon de nous
donner l'exemple du zèle infatigable avec lequel nous
devons travailler à sauver les âmes, soit par la
prédication, entrant partout, qu'on nous reçoive bien
ou mal, soit par les autres moyens que Vous mettez à
notre usage (Vous avez deux principaux moyens
d'action, prêcher et guérir, éclairer les âmes et
soulager les corps)... Que Vous êtes bon de nous
montrer si exactement la forme de vie, la pauvreté que
Vous gardiez dans Votre vie publique ; Vos journées
prises par l'évangélisation ne vous laissaient pas le
loisir de travailler de vos mains pour vivre ; Vous ne
cessâtes pas pour cela de vivre aussi pauvrement
qu'auparavant; mais dans cette période, au lieu de
demander votre pauvre pain au travail manuel, Vous le
demandâtes à l'aumône, à la charité des fidèles, de
quelques pieuses âmes. Fatiguons-nous pour Jésus, qui s'est tant fatigué pour
nous... Travaillons avec un zèle infatigable au salut des âmes
pour lesquelles Jésus s'est tant fatigué, a souffert
et est mort... Le salut de tous les hommes ou plutôt la sanctification
de tous les hommes, c'est-à-dire de nous et de
tous les autres, est ce en quoi consiste la
glorification de Dieu ici-bas. Celle-ci est notre fin
suprême, comme celle de Jésus. La sanctification de
tous les hommes en vue de Dieu est donc notre fin
secondaire comme celle de Jésus... Travaillons-y donc
de toutes nos forces, par les moyens que Dieu nous
donne, selon la vie où Il nous a mis. Soyons pauvres,
pauvres toujours et partout ; dans la vie cachée
vivons en ouvriers, en pauvres ouvriers, du travail de
nos mains, dans la vie publique vivons aussi pauvres,
aussi pauvrement que dans la vie cachée, de l'aumône
des bonnes âmes, de la charité des fidèles : le moyen
d'existence diffère, mais la pauvreté doit rester la
même [1] . [1] M/312, sur Lc 8,1-3,
en C. de
Foucauld, La bonté de
Dieu. Méditations sur les Saints
Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge
1996, 282-283. |
![]() ![]() Méditations sur les Evangiles de Charles de Foucauld ** ( les Méditations de Charles de Foucauld sont recueillies par les Disciples de l'Evangile) à usage interne © Disciples de l'Evangile-Vivierset pour la mise en page , légèrement modifiées par M.Feillée (secrétariat évêché Laghouat-Ghardaïa) ***** |
Charles De Foucauld
: Commentaires sur l’Evangile selon saint Luc 11ème DIMANCHE DU
TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 312
Lc 7,36 - 8,3 « Il parcourait les cités et les
villages, prêchant... Et quelques femmes
l'aidaient de leurs biens »... Que Vous êtes bon, mon Dieu, de faire tant
de courses, de tant vous fatiguer pour le bien de nos
âmes !.. Le dur travail de Nazareth, le jeûne du
désert, les courses de la vie publique, le calvaire,
tout cela pour nous, que Vous êtes bon !.. Que vous
êtes bon de nous montrer le prix que nous devons
attacher aux âmes, à l'âme de chaque homme, à une âme
humaine quelle qu'elle soit, par la peine que Vous
prenez pour les éclairer !.. Que Vous êtes bon de nous
donner l'exemple du zèle infatigable avec lequel nous
devons travailler à sauver les âmes, soit par la
prédication, entrant partout, qu'on nous reçoive bien
ou mal, soit par les autres moyens que Vous mettez à
notre usage (Vous avez deux principaux moyens
d'action, prêcher et guérir, éclairer les âmes et
soulager les corps)... Que Vous êtes bon de nous
montrer si exactement la forme de vie, la pauvreté que
Vous gardiez dans Votre vie publique ; Vos journées
prises par l'évangélisation ne vous laissaient pas le
loisir de travailler de vos mains pour vivre ; Vous ne
cessâtes pas pour cela de vivre aussi pauvrement
qu'auparavant; mais dans cette période, au lieu de
demander votre pauvre pain au travail manuel, Vous le
demandâtes à l'aumône, à la charité des fidèles, de
quelques pieuses âmes. Fatiguons-nous pour Jésus, qui s'est tant fatigué pour
nous... Travaillons avec un zèle infatigable au salut des âmes
pour lesquelles Jésus s'est tant fatigué, a souffert
et est mort... Le salut de tous les hommes ou plutôt la sanctification
de tous les hommes, c'est-à-dire de nous et de
tous les autres, est ce en quoi consiste la
glorification de Dieu ici-bas. Celle-ci est notre fin
suprême, comme celle de Jésus. La sanctification de
tous les hommes en vue de Dieu est donc notre fin
secondaire comme celle de Jésus... Travaillons-y donc
de toutes nos forces, par les moyens que Dieu nous
donne, selon la vie où Il nous a mis. Soyons pauvres,
pauvres toujours et partout ; dans la vie cachée
vivons en ouvriers, en pauvres ouvriers, du travail de
nos mains, dans la vie publique vivons aussi pauvres,
aussi pauvrement que dans la vie cachée, de l'aumône
des bonnes âmes, de la charité des fidèles : le moyen
d'existence diffère, mais la pauvreté doit rester la
même [1] . [1] M/312, sur Lc 8,1-3,
en C. de
Foucauld, La bonté de
Dieu. Méditations sur les Saints
Évangiles (1), Nouvelle Cité, Montrouge
1996, 282-283. |
Charles De Foucauld:
Commentaires sur les Psaumes 3ème DIMANCHE DU
TEMPS ORDINAIRE – ANNEE C Meditation Num. 36 Psaume 18b (Lc 1, 1-4; 4, 14-21) Dans cette
seconde partie du psaume on s'élève des créatures au
créateur, des beautés de la nature à celles de la loi
divine... on monte les degrés de l'échelle des
êtres... on va du matériel à l'immatériel... Quelle
admirable échelle ! Que c'est beau de la monter ! De
passer des créatures sans raison, si belles déjà et si
harmonieuses, aux créatures raisonnables, à l'âme
humaine devant laquelle toutes les autres beautés
visibles s'effacent comme un néant, et de cette âme
humaine si belle mais imparfaite à la plénitude des
perfections qui ne sont en elles qu'en germe !.. C'est
à Dieu même que nous montons dans ce psaume, car c'est
à sa parole, à sa loi, à sa volonté, aux paroles qu'il
a inspirées aux auteurs des saints livres, paroles
créées, créatures et non Dieu même, mais certaines de
ces paroles expriment des vérités éternelles, qui font
partie de l'essence même de Dieu, de ses pensées
éternelles... - Merci, mon Dieu, de nous donner cette
leçon et de nous apprendre dans ce psaume à monter
cette divine échelle des êtres. « La loi de Dieu
est immaculée, parfaite, elle convertit les âmes ; le
témoignage de Dieu est fidèle, il donne la sagesse aux
petits » il la donne aux humbles ; il la donne aussi
aux ignorants à qui il suffit de connaître et
pratiquer cette divine parole pour être infiniment
sages, mille fois plus sages que les savants du monde
; il la donne aux enfants à qui il suffit de la
pratiquer avec innocence, simplicité, amour pour être
aussi sages que de sages vieillards... « Les
commandements de Dieu sont justes, ils réjouissent les
cœurs ; les préceptes de Dieu sont lumineux, ils
éclairent les âmes »... Oui mon Dieu, votre joug est
doux et léger et la seule joie de l'homme en ce monde
est de le porter: il réjouit et lui seul peut réjouir:
car faire votre volonté est la seule chose qui puisse
donner à l'âme une joie pure et vraie dans cet exil...
Elle illumine nos âmes... Ce n'est qu'en vos paroles
que nous trouvons la lumière : votre volonté, vos
paroles qui nous la font connaître, c'est la lumière
de notre vie, la lumière qui nous est absolument
indispensable. ( Aussi sommes-nous obligés pour voir
clair et d'obéir à un directeur interprète de vos
volontés, et de méditer vos saints livres, pour nous
imprégner de vos pensées, de votre esprit )... « La
crainte de Dieu est sainte, elle durera éternellement
: ses paroles sont vraies, elles se justifient
elles-mêmes »... Oui, mon Dieu, votre crainte est
sainte et durera toujours, parce qu'elle est
indissolublement liée à votre amour... Nul ne craint
plus que celui qui aime, et plus on aime plus on
craint : on ne craint pas le châtiment, mais on craint
de faire de la peine, on craint de déplaire, on craint
de ne pas assez plaire, de ne pas assez prouver son
amour, de ne pas faire tout ce qu'on devrait pour ce
qu'on aime... On désire tellement faire tout ce qu'il
faut auprès de ce qu'on aime, on redoute tellement la
moindre désapprobation de sa part !.. L'être qu'on
craint le plus au monde est celui qu'on aime : d'un
regard il peut nous faire tant de peine ! « Mon Dieu,
votre loi est plus désirable de beaucoup que l'or et
que la pierre précieuse : elle est plus douce que le
miel et que le rayon de miel. » Oh oui, mon Dieu :
pour qui vous aime il est mille fois plus désirable de
connaître votre volonté que d'avoir toutes les
richesses ! Connaître votre volonté, que cela nous est
doux ! « Votre serviteur l'observera : cette
observation porte en elle-même sa riche récompense. »
Car par elle on évite le péché, on évite ce que
redoute le plus l'âme qui vous aime : de vous
offenser, de vous déplaire. « Qui pourra comprendre la
laideur du péché ! Purifiez-moi, mon Dieu, de tous mes
péchés, de ceux que je connais et de ceux que je ne
connais pas et que mes yeux ne voient
pas. »…« Gardez-moi de ceux qui vous sont
étrangers, des mondains: si les mondains ne me
dominent pas, s'ils ne s'emparent pas de mon esprit,
je suis sans tache et je serai sauvé d'un grand mal.
Alors mes paroles pourront vous plaire et la
méditation de mon cœur sera toujours en votre
présence. » Oui, un de mes grands périls c'est
l'esprit du monde : que les mondains ne me donnent pas
leur esprit et j'échapperai à un grand péril : le
monde c'est la concupiscence de la chair, celle des
yeux et l'orgueil, dit saint Jean : sensualité,
curiosité, orgueil. Le monde c'est la sagesse humaine,
opposée à l'Evangile, à la sagesse divine qu'elle
traite de folie... Le monde c'est l'égoïsme,
l'avarice, l'incrédulité... Il cherche à pénétrer en
nous par tous les côtés: il passe par-dessus les murs
et au travers des portes closes : le démon nous
souffle à toute heure cet esprit mondain ; les hommes
nous le communiquent par la plupart des relations que
nous avons avec eux; et hélas dans notre propre fond
nous le trouvons nous en sommes imprégnés et tout
mouvement fait monter à la surface de notre âme cette
boue qui repose en son fond... Gardons-nous-en de
toutes nos forces et pour cela employons 1° la prière
: supplions Dieu de nous rendre fous, fous de
l'Evangile, fous de sagesse divine, qui sont folie aux
yeux des hommes; 2° la lecture et la méditation du
saint Evangile: imprégnons-nous-en ; connaissons-le ;
que ses maximes viennent sans cesse à nos lèvres et
remplissent nos esprits et nos cœurs ; 3° la sainte
pauvreté : elle est l'opposé de l'esprit du monde :
plus nous la cultiverons, plus nous nous éloignerons
du monde, et plus le monde qui l'a en horreur,
s'éloignera de nous; 4° l'abjection: on peut dire
d'elle tout ce que nous venons de dire de la pauvreté
; 5° la solitude : moins nous verrons les hommes,
moins ils pourront nous donner leur esprit; 6° la
pénitence; 7° les lectures pieuses: les livres écrits
par des saints, et par conséquent pleins de l'esprit
de Dieu, d'un esprit opposé à celui du monde ; et
l'histoire des saints, c'est-à-dire l'histoire d'âmes
qui ont été ennemies du monde et qui ont mené une vie
toute opposée aux maximes mondaines, dont les exemples
sont ceux d'une guerre mortelle contre le monde ; 8°
dans les manières de faire, de dire, de penser,
s'éloigner de la manière d'être des gens du monde :
par là on déclare nettement qu'on n'est pas du monde :
on se déclare en état de guerre avec lui: ce moyen est
très puissant; mais quelle persévérance et quelle foi
il faut pour le pratiquer habituellement! 9°
par-dessus tout l'amour de Dieu: c'est lui qui chasse
de notre âme tous ces fantômes, toutes ces folies
d'idées mondaines, lui qui nous illumine, nous donne
l'intelligence, nous fait concevoir la vérité, nous
donne l'horreur des vanités, des sensualités, des
curiosités, des biens terrestres, lui qui nous fait
regarder le monde entier et tout ce qu'estime le monde
comme de la boue, et ne nous fait estimer qu'une
chose, notre sauveur Jésus, ses exemples et ses
paroles que nous aimons aussi passionnément que nous
méprisons profondément tout le reste : in lumine tuo
videbimus lumen. « C'est à la lumière de votre amour
que nous verrons la lumière », ô Jésus, « mon
Seigneur, mon soutien et mon Rédempteur ! » [1] [1] M/36, sur Ps 18,8-fin,
en C. de
Foucauld, Méditations
sur les psaumes, Nouvelle Cité, Montrouge
2002, pp. 103-107. |
texte du
frère Charles, surtout à propos du Saint Sacrement,
si central dans sa vie ! Charles De Foucauld : Commentaires sur
l’Evangile selon saint Luc LE SAINT SACREMENT –
ANNEE C Meditation Num. 325 Lc 9, 11-17 « Ayant pris les 5 pains et les deux
poissons, Il leva les yeux au ciel, les bénit, les
rompit, et les distribua à ses disciples, pour les
donner au peuple »... Que Vous êtes bon, mon Dieu, et de soulager
cette foule dans les besoins corporels, de
« donner à manger à ceux qui ont faim » !.. Que
Vous êtes bon de donner cet exemple et aux ouvriers
évangéliques et à tous les chrétiens, leur montrant
par là qu'il ne suffit pas qu'ils prêchent et qu'ils
guérissent, mais qu'il faut encore qu'ils fassent
l'aumône... Que Vous êtes bon, mon Dieu, mon Dieu,
d'annoncer, de figurer par ce miracle un bienfait
mille fois plus grand, mille fois plus doux encore, la
Sainte Eucharistie !.. « Nourrissons ceux qui ont faim. »
Nourrissons-les comme nous nous nourrissons
nous-mêmes: «Aime ton prochain comme toi-même », ou
mieux que nous-mêmes, puisque c'est les membres de
Jésus, le corps de Jésus que nous nourrissons ; « Ce
que vous faites à un de ces petits, vous me le faites
à moi-même»... Gardons-nous de conserver le poisson
pour nous et de ne donner que du pain sec aux autres:
«Aimons les autres comme nous-mêmes. » Donnons-nous du
pain sec à Jésus pendant que nous gardons le poisson
pour nous ? « Tout ce que vous faites à un de ces
petits, vous me le faites, tout ce que vous ne leur
faites pas, c'est à moi que vous ne le faites pas »...
Remercions Dieu de la Sainte Eucharistie et
profitons-en, honorons-la, ce qui est un moyen de L'en
remercier. Ne manquons jamais une communion par notre
faute. Écoutons la messe, assistons à la bénédiction
du Saint Sacrement avec grande dévotion ; passons
devant le Saint Sacrement tout le temps que nous
pouvons : Il est là aussi réellement qu'il était sur
la terre. Nous pouvons Lui tenir compagnie dans le
Saint Tabernacle aussi réellement que le faisaient la
Sainte Vierge, Saint Joseph et Sainte Magdeleine
ici-bas. Tenons donc compagnie à cette Sainte humanité
de Notre-Seigneur autant que nous le pouvons à
l'exemple de la Sainte Vierge, de Saint Joseph, de
Sainte Magdeleine, ne le quittons, autant que nous le
pouvons, jamais des yeux. De même qu'ils passèrent à
ses pieds, en Sa présence, tout le temps qu'ils
purent, passons à Ses pieds, en Sa présence, au pied
de l'autel, tout le temps qu'il nous est possible... Sainte Vierge, Saint Joseph, Sainte
Magdeleine, secourez-nous afin que nous soyons en cela
et en tout vos imitateurs fidèles[1]. [1] M/325, sur Lc
9,12-17, en C.
de Foucauld, La Bonté de
Dieu. Méditations sur les saints Evangiles (1),
Nouvelle Cité, Montrouge 1996, 300-301. |
Charles De Foucauld
: Commentaires sur l’Evangile selon Saint Jean SAINTE TRINITE – ANNEE C Jn 16, 12-15 Mon Dieu, je vous adore... Oh ! qu'elle est
douce, la vie au cénacle en ces jours ! Oh ! qu'elle
est cachée en vous !... Ce n'est plus à Nazareth et
c'est encore Nazareth : c'est à Jérusalem, et c'est
Nazareth !... Oh ! qu'elle est cachée en vous,
Jésus, la vie de la sainte Vierge et celle de sainte
Magdeleine !... Elle n'est plus cachée en vous,
visible sous votre forme mortelle, mais en vous
visible sous l'apparence de l'hostie consacrée...
Comme elles vivent de ce pain ! Comme elle est vraie
pour elles votre parole : « Celui qui me mange vit par
moi. » Comme elles vivent par vous !... Comme la
sainte Eucharistie fait leur vie désormais ! Elles
vivent d'elle en la recevant, en l'adorant dans leur
âme, en l’attendant ; elles vivent d'elle en
l'adorant placée devant elles... Quelles journées
elles passent en adoration devant ce qu'elles savent
si bien être leur Jésus ! Quels moments elles
passent en recevant dans leur bouche, dans leur âme,
ce bien-aimé passionnément chéri !... Oh ! comme elles
sont abîmées, perdues dans la sainte hostie placée
devant elles ou dans leur sein ! Comme le monde entier
a disparu pour elles ! Il n'y a plus qu'elles et
la sainte hostie : le reste est un rêve, un songe,
c'est enveloppé d'un épais brouillard : mais l'hostie
étincelle, brille, illumine ; elle seule est visible à
leurs yeux ; elles se perdent, se noient dans cette
vue, dans cette contemplation : elles sont comme dans
une nuée, en face de la sainte hostie, et séparées du
reste du monde... Aussi leur vie est cachée en Dieu,
si cachée qu'elles vivent, bien qu'au milieu des
hommes, absolument seules avec lui... d'ailleurs elles
cherchent toutes deux la solitude, même matérielle...
et si à certaines heures, elles sont au cénacle avec
les douze, d'ordinaire elles sont seules, seules
ensemble avec Jésus, cachées en Lui, perdues en Lui !
O mes mères ! prenez-moi entre vous et faites que mon
amour s'illuminant au vôtre fasse pour moi comme pour
vous une muraille entre le monde et moi, et que, comme
vous, je vive partout dans un Nazareth, partout caché
en Jésus, partout d'une vie cachée, perdue, abîmée en
Jésus. « Notre vie est cachée en Dieu avec Jésus »
dira saint Paul. Oh ! que c'est vrai de vous ! Faites,
mes mères, que ce soit vrai aussi pour moi, vivant
avec vous caché en Jésus-hostie, et vrai pour tous les
hommes, pour Jésus, en Lui et par Lui[1]. |
Méditations
de Charles de Foucauld sur les Évangiles pour le temps de Carême - Pâques - Pentecôte Année C |
Mercredi des Cendres Charles de Foucauld a écrit cette
réflexion le jour du Mercredi des Cendres[2]. Mon
Seigneur Jésus, voici la dernière nuit que vous
allez passer à Nazareth avant votre baptême, la
dernière nuit de votre vie cachée, la dernière nuit
de cette première partie de votre vie, de votre
tranquille et douce obscurité de Nazareth... Encore
une nuit à passer en prière avec la très sainte
Vierge comme vous en avez tant passées, et puis ce
sera fini pour jamais... Vous passerez encore des
nuits en prière, des nuits en prière avec votre
mère, mais plus jamais dans cette obscurité, dans
cette retraite, dans cette solitude non seulement du
lieu mais de l'âme, inconnu à tous excepté à elle,
oublié de tous excepté d'elle... La volonté de Dieu
se fasse... quelle qu'elle soit, elle est bénie...
C'est le bien qui sortira de ces douleurs, la gloire
de Dieu ; pour qu'il soit servi, que vous soyez
aimé, il faut que vous vous fassiez connaître... et
puisque vous vous êtes fait homme, ô mon Seigneur,
il faut que vous souffriez, puisque c'est une loi
universelle depuis Adam que les hommes ne peuvent
faire du bien sur la terre qu'au prix de beaucoup de
peine, « à la sueur de leur front »...
Demain matin vous quitterez cette bourgade qui vous
a abrité, caché, possédé trente ans... Quel
serrement de cœur pour votre mère, qui voit en
frémissant l'avenir, la carrière qui s'ouvre devant
vous ; pourtant elle est résignée : elle adore,
accepte, aime la volonté de Dieu : mais tout en
voulant à plein cœur tout ce que Dieu veut, même vos
douleurs, comme elle les souffre de tout son cœur
aussi... Et vous, mon Dieu, vous partirez à la fois
triste et joyeux, joyeux d'offrir à Dieu ce
sacrifice complet, joyeux de Lui donner une telle
gloire, joyeux de faire ce bien aux hommes :
« vous êtes si pressé d'être baptisé de ce
baptême de votre sang ». Vous désirez « d'un si
grand désir » en être à votre dernière Cène...
Vous êtes triste, cependant, de la tristesse de
votre mère... triste aussi de cette tristesse qui
voile si souvent votre visage en vos jours mortels,
à la pensée du grand nombre des âmes que votre
sacrifice ne sauverait pas, de ce grand nombre de
vos enfants perdus pour toujours, et de la mer de
péchés et de douleur qui inondent le monde... triste
enfin de cette tristesse qu'éprouve la nature
humaine la plus parfaite en quittant, surtout en
quittant, pour un si grand changement de vie, les
lieux où ont été coulés des jours paisibles et
heureux entre des êtres aimés. Vous avez parcouru
tant de fois ces lieux, enfant, adolescent, homme,
entre Marie et Joseph ! Comment ne seraient-ils pas
chers à votre cœur si tendre ! Vous y avez tant de
fois adoré, contemplé votre Père, vu le ciel
ouvert... Comment le souvenir de ces douceurs
célestes, attaché à ce coin de terre, ne vous
attendrirait-il pas?... Mon Seigneur Jésus,
faites-moi passer cette dernière nuit entre vous et
votre mère et faites-la moi passer de manière à vous
consoler le plus possible, je vous le demande de
tout mon cœur, en vous, par vous et pour vous. Amen. O
Mère bien-aimée, appuyez ma prière auprès du Cœur
sacré de Jésus. Mercredi des Cendres Évangile
de Jésus Christ selon saint Matthieu (6,1-6.16-18) En ce
temps- là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que
vous faites pour devenir des justes, évitez de
l’accomplir devant les hommes pour vous faire
remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour
vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi,
quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la
trompette devant toi, comme les hypocrites qui se
donnent en spectacle dans les synagogues et dans
les rues, pour obtenir la gloire qui vient des
hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont
reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais
l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta
main droite, afin que ton aumône reste dans le
secret ; ton Père qui voit dans le secret te le
rendra. Et quand
vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites :
ils aiment à se tenir debout dans les synagogues
et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes
quand ils prient. Amen, je vous le déclare :
ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand
tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus
retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est
présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le
secret te le rendra. Et quand
vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme
les hypocrites : ils prennent une mine défaite
pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen,
je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur
récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi
la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne
ne sera pas connu des hommes, mais seulement de
ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père
qui voit au plus secret te le rendra. » Commentaire de Charles de Foucauld[3] Je
ne te dis pas[4] « ne
fais jamais tes bonnes œuvres devant les
hommes », ce ne serait pas possible ; et
d'ailleurs je t'ai dit au contraire qu'il faut que
tes bonnes œuvres luisent devant les hommes et leur
fassent glorifier Dieu ; ce que je te dis, c'est de
ne jamais faire tes bonnes œuvres « pour être
loué par les hommes », dans l'intention d'être
vu, admiré, honoré par les hommes. Si tu fais le
bien dans l'intention d'en être glorifié par les
hommes, cette glorification sera ta récompense et
« tu n'auras pas de récompense de ton Père qui
est dans les cieux ». ... « Quand tu fais
l'aumône, ne le crie pas sur les toits », ne le
dis pas à ceux qui n'ont pas strictement besoin de
le savoir, ne le fais pas en public quand tu peux le
faire en particulier, ni ouvertement quand tu peux
le faire en secret ; non seulement ne le fais pas
connaître aux autres, mais tâche de l'oublier
toi-même ; une fois que c'est fait, ne t'en souviens
plus et que « ta main gauche ignore ce que fait ta
droite » ; que ton aumône soit donc un secret pour
les autres et pour toi-même oublie-la totalement. Ce
n'est pas pour les hommes que tu la fais, ni pour
toi, c'est pour Dieu seul : « Tu es une vierge
chaste, fiancée à un seul époux, moi» ; pourvu que
je connaisse tes actes et que je m'en souvienne, moi
pour qui seul tu les fais, moi pour qui seul tu vis,
moi le seul que tu aimes, cela suffit : tu n'es
l'épouse ni de toi-même, ni d'aucune créature. Tu ne
fais aucun acte pour toi ni pour eux : nul n'a
besoin de savoir ce que fait mon épouse, hormis moi
seul... Comme une « vierge chaste, fiancée à moi
seul », agis dans le secret, pour moi seul,
fais tes bonnes œuvres pour moi seul, sans chercher
à ce qu'elles soient connues d'aucun autre et même
cherchant à ce qu'elles soient ignorées de tous et
oubliées de toi-même. Je vois dans le secret, moi
ton époux et je récompenserai mon épouse de ce
qu'elle fait pour moi, en cette vie par ma grâce, en
l'autre par la gloire. ... Il en est de même pour la
prière : « Quand tu pries, ne cherche pas un endroit
en évidence, afin de faire connaître aux hommes que
tu pries et de te faire louer par eux ». Je ne te
dis pas de ne pas prier dans les églises, loin de
là, j'y suis au fond du tabernacle pour que tu
viennes m'y tenir compagnie, pour que tu viennes t'y
délecter aux pieds de ton Epoux, pour que possédant
ce bonheur ineffable de pouvoir te tenir à mes pieds
comme ma mère, S. Joseph, Magdeleine, tu en jouisses
pendant des heures et des heures, oui, oh, oui,
viens aux pieds de mon tabernacle, mais viens-y
toujours pour moi seul, n'y viens jamais « pour être
loué des hommes ». Quand tu y es, mets-toi plutôt en
un petit coin caché à tous qu'en évidence, afin que
si c'est possible, nul ne voie que tu es là, sauf
moi seul (j'excepte les cas où ton devoir, ma
volonté clairement connue, est que tu sois en
évidence) ; quand tu n'es pas devant mon tabernacle,
choisis plutôt pour me prier l'endroit le plus
secret comme le fond de ta cellule, avec la porte
bien close, le plus solitaire, celui où les hommes
connaîtront moins que tu répands ton âme à mes
pieds... Enfin autant que ma volonté te le permet
d'ailleurs, choisis toujours pour me prier comme
pour faire toute bonne œuvre, le secret, le mystère,
afin que, si c'est possible, moi, pour qui seul tu
dois la faire « vierge chaste qui m'es fiancée,
comme à ton unique époux », vierge chaste qui n'aime
que moi, ne vis que pour moi, n'agis que pour moi,
vierge chaste qui n'a de regard pour aucune
créature, qui ne te soucies d'aucune créature et
dont tous les actes ont pour but moi seul, moi ton
Epoux, je te vois dans le secret et cela te suffit. 1er Dimanche de Carême Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
(4,1-13) En
ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli
d’Esprit Saint, quitta les bords du
Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à
travers le désert où, pendant quarante jours, il
fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant
ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il
eut faim. Le diable lui dit alors : « Si
tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de
devenir du pain. » Jésus répondit :
« Il est écrit : L’homme ne
vit pas seulement de pain. » Alors
le diable l’emmena plus haut et lui montra en un
instant tous les royaumes de la terre. Il lui
dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir
et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été
remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si
tu te prosternes devant moi, tu auras tout
cela. » Jésus lui répondit : « Il
est écrit : C’est devant
le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à
lui seul tu rendras un culte. » Puis
le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au
sommet du Temple et lui dit : « Si tu es
Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il
est écrit : Il donnera
pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ;
et encore : Ils te
porteront sur leurs mains, de peur que ton pied
ne heurte une pierre. » Jésus lui
fit cette réponse : « Il est dit :
Tu ne
mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton
Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes
les formes de tentations, le diable s’éloigna de
Jésus jusqu’au moment fixé. Commentaire de Charles de Foucauld[5] Jeûne
et tentation de Notre-Seigneur au désert. Que
vous êtes bon, mon Dieu, d'avoir souffert pour nous
tant de souffrances
[6]
et tant d'abaissements...
Pendant la Sainte Quarantaine, Vous avez souffert
pour nous de la faim, de la soif, du froid, de la
fatigue, de la faiblesse, Vous avez souffert dans
Votre âme à la pensée de la Sainte Vierge privée de
Votre présence, souffrant de ne pas Vous voir et de
penser que Vous souffrez, Vous avez souffert de
toutes les douleurs, de toutes les fautes, de tous
les maux des hommes présents et futurs, car tous
Vous les aimez... Vous Vous êtes abaissé
jusqu'à permettre au démon de Vous tenter, peut-être
de Vous toucher !.. Tout cela pour nous, ô mon Dieu,
pour Dieu d'abord, sans doute : pour glorifier Dieu
par Votre obéissance ; mais ensuite pour nous, car
c'est par amour pour nous que Dieu Vous le demande,
c'est pour notre bien qu'il Vous le demande. C'est
une mer immense, ô mon Dieu, que Votre Quarantaine…
Ses enseignements sont infinis. Car c'est tout un
type de vie que Vous nous y présentez. C'est un des
trois types de vie parfaits, divins, également
saints, que Vous pratiquez, que Vous nous proposez
par Votre exemple : la vie de Nazareth, la vie du
désert, la vie publique... Vous nous y apprenez ce
que doit être la vie du désert : Une vie de solitude, de
contemplation, de pénitence, de pauvreté...
Vous nous apprenez, en menant un certain temps cette
vie que c'est un genre de vie saint, parfait, divin,
que les âmes que Vous y appelez mènent pendant toute
leur vie... Et en ne la menant que pendant un
certain temps, Vous nous montrez que, si certaines
âmes, par suite d'une vocation spéciale, doivent la
mener toujours, les autres, doivent, comme Vous, la
mener dans une certaine mesure et pendant un certain
temps, en faisant à certains moments importants de
la vie, avant des actes graves, des retraites
où pendant un certain temps elles se recueillent
dans la contemplation, la solitude, la pénitence... Vous
nous apprenez ensuite qu'on va au
désert pour être tenté, qu'il ne faut donc, ni
s'étonner, ni s'effrayer, ni se décourager, si,
lorsqu'on quitte tout pour Vous suivre, si,
lorsqu'on se retire dans la solitude, on est plus
tenté qu'auparavant : c'est la règle, et il n'est
pas étonnant que le démon s'attaque d'autant plus à
une âme qu'il la voit plus décidée à servir Dieu...
D'autre part, et ces tentations et la vue de nos
propres imperfections nous apparaissent beaucoup
plus clairement dans la clarté de la solitude, de la
méditation, de la contemplation, qu'elles ne
faisaient quand nos yeux étaient obscurcis par mille
pensées terrestres. Vous
nous donnez des moyens, des méthodes pour vaincre
les tentations : la foi en
la parole divine, la pauvreté
d'esprit qui regarde comme de la boue la terre
entière et tous ses biens, l'humilité
qui ne veut pas tenter Dieu et qui reste à la
dernière place, qui ne veut pas
faire de grandes choses même quand cela lui serait
facile et que cela produirait la conversion du
genre humain tout entier, si Dieu ne le lui
ordonne pas en lui manifestant clairement Sa
volonté à ce sujet... Cette dernière leçon est
particulièrement importante ; sans doute il faut
faire, comme Jésus le fera plus tard, des œuvres
extérieures, mais seulement quand on y est appelé
par Dieu, quand « l'heure est venue »... Tant qu'on n'a
pas reçu clairement mission de Dieu, la manière de
le glorifier n'est pas de tenter de faire par
soi-même les œuvres qui nous semblent utiles à Sa
gloire, mais de rester, comme Jésus, à Nazareth,
comme Jésus, au désert, à la dernière place,
jusqu'à ce que la main de Dieu même nous en tire,
si cela Lui plaît, et qu'il nous donne nettement
mission pour faire telle ou telle œuvre... Ayons
toujours présent aux yeux cet exemple, cet
enseignement de Jésus, cet exemple de Son obscurité
de Nazareth, et du désert, double période couronnée
et résumée par ce mot : « Il n'est pas permis de
tenter Dieu »... Or, c'est le tenter que
d'entreprendre une œuvre dont l'accomplissement
demande des grâces surnaturelles, sans avoir reçu
mission de Celui qui seul distribue ces grâces...
Imitons Saint Jean, attendant 30 ans au désert la
mission d'en haut ; imitons Saint Paul attendant
d'abord en Arabie, puis à Tarse, pendant des années,
l'heure de recevoir des hommes, représentants de
Dieu ici-bas, cette mission de convertir les
gentils, qui lui avait été si nettement annoncée par
Dieu ; ils ont été parfaits tous deux, parce que,
comme l'Esprit Saint le dit de Saint Paul, ils ont
été de « fidèles imitateurs de Jésus»... Imitons
donc surtout Jésus, qui attendit, Lui, Dieu, pendant
plus de 30 ans, la mission de prêcher l'Evangile...
Qui que nous
soyons, quelques désirs que nous ayons, à quoi que
nous nous croyons appelés, restons où nous sommes,
nous bornant à faire connaître pleinement l'état
de notre âme à un sage directeur, et vivons ainsi,
faisant chaque jour le plus parfaitement possible
ce que nous avons à faire, ne nous inquiétant, ne
nous occupant nullement de l'avenir, ni de faire
autre chose que le devoir de notre état dans le
moment présent; et pour tout le reste
abandonnons-nous à Dieu ; s'il veut rien d'autre
de nous, Il nous laissera toujours ainsi et nous
resterons toute notre vie dans cet état par Sa
volonté; s'il veut quelque chose d'autre de nous,
Il nous le fera connaître, Il nous appellera
authentiquement, Il nous donnera clairement
mission quand le moment sera venu... « Ne
tentons pas Dieu »... « Comment
prêcheront-ils, s'ils ne sont envoyés ? »...
Gardons-nous bien d'agir sans mission... Suivons
toujours cette ligne de conduite dont Jésus nous
donne ici le précepte et pendant plus de 30 ans,
l'exemple. 2ème
Dimanche de Carême Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
(9,28b-36) En
ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et
Jacques, et il gravit la montagne pour prier.
Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage
devint autre, et son vêtement devint d’une
blancheur éblouissante. Voici que deux hommes
s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et
Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son
départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre
et ses compagnons étaient accablés de
sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent
la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses
côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand
Pierre dit à Jésus : « Maître, il est
bon que nous soyons ici ! Faisons trois
tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une
pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il
disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une
nuée survint et les couvrit de son ombre ;
ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y
pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit
entendre : « Celui-ci est mon Fils,
celui que j’ai choisi :
écoutez-le ! » Et pendant que la voix se
faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus,
seul. Les disciples gardèrent le silence et, en
ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien
de ce qu’ils avaient vu. Commentaire
de Charles de Foucauld[7] «
Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-Le. » Mon
Dieu, Votre bonté Vous pressant de nous faire du
bien, de nous faire participer aux richesses de
Votre sainteté, et de Votre gloire, de nous
instruire de la manière de Vous aimer, de Vous
plaire, d'obtenir le ciel, Vous pouviez le faire en
nous instruisant chacun par Votre grâce, en nous
envoyant des prophètes, des anges, en nous faisant
instruire par une Église infaillible... Et Vous
l'avez fait, Vous le faites... Cela aurait pu Vous
suffire ; mais cela ne Vous a pas suffi... Votre
charité divine a voulu faire davantage : Amour, Vous
agissez selon la nature de Votre être, par amour, et
Vos œuvres sont amoureuses jusqu'à la fin, sans fin
: « In finem dilexit eos[8] »...
Votre
amour a voulu faire plus que tout cela pour nous,
bien que ce fût déjà un bienfait immense ; et Votre
Cœur a trouvé, a inventé de nous envoyer comme
précepteur Votre Fils Bien-aimé, c'est-à-dire
Vous-même. Ecoutons-Le...
Obéissons-Lui : Il nous parle par Sa bouche
; accomplissons Ses moindre avis, Ses moindres
conseils, conformons-nous de tout notre cœur à
toutes Ses paroles... Il nous parle par Ses exemples
: conformons-nous de tout notre cœur à tous ceux de
Ses exemples qui concernent le genre de vie auquel
Il nous appelle... Soumettons nos désirs, nos vues
de perfection, à notre directeur spirituel, non pour
les borner, mais pour les régler, non pour moins
imiter Notre-Seigneur, mais pour mieux L'imiter.
Cela pour quatre raisons principales : 1°
C'est que la première chose en laquelle nous devons
imiter Notre-Seigneur c'est celle qu'il a fait
constamment pendant tous les instants de Sa vie,
c'est-à-dire : obéir à Son
Père ; or le seul moyen certain pour nous de
faire la volonté de Dieu, c'est d'obéir en tout au
directeur spirituel, de qui Il a dit : « Qui vous
écoute, m'écoute. » 2°
C'est que les paroles et les exemples de
Notre-Seigneur nous sont connus par la Sainte
Écriture ; or nous ne devons pas interpréter
celle-ci par nous-mêmes, sans le contrôle d'un
délégué authentique de l'Église, sous peine de nous
tromper beaucoup : « Omnis interpretatio scripturae
spiritu proprio non fit[9].
» 3°
Le sens de la Sainte Écriture une fois connu et
interprété, selon l'enseignement de la Sainte
Église, il faut savoir quels sont les paroles et les
exemples de Notre-Seigneur qui s'appliquent à nous
personnellement, quelles sont celles qui
s'appliquent à nous pleinement, ou seulement
partiellement, ou qui ne s'appliquent pas du tout à
nous (par exemple : Dieu n'ordonne pas à tous
d'aller « prêcher », dans toute l'extension du mot,
bien que tous nous devions prêcher d'exemple et que
tous ceux qui parlent et agissent doivent prêcher
d'une certaine manière par toutes leurs paroles et
toutes leurs actions.) 4°
L'enseignement de Notre Seigneur étant bien compris,
et ce qu'il veut de nous en particulier étant bien
connu, il reste à savoir comment accomplir cette
volonté de Dieu, il reste à savoir les moyens
pratiques de nous conformer aux paroles et aux
exemples de Notre-Seigneur, comme Il le veut de
nous. Ce qu'on ne peut connaître avec certitude
qu'en consultant le directeur spirituel de qui il a
dit : « Qui vous écoute m'écoute » et en lui
obéissant comme à Dieu même au nom de qui il parle. 3ème
Dimanche de Carême Évangile de Jésus Christ selon saint
Luc (13,1-9) Un
jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des
Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant
leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient.
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que
ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que
tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel
sort ? Eh bien, je vous dis : pas du
tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas,
vous périrez tous de même. Et ces dix-huit
personnes tuées par la chute de la tour de Siloé,
pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que
tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh
bien, je vous dis : pas du tout ! Mais
si vous ne vous convertissez pas, vous périrez
tous de même. » Jésus disait encore cette
parabole : « Quelqu’un avait un figuier
planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit
sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à
son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens
chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en
trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser
épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui
répondit : ‘Maître, laisse-le encore cette
année, le temps que je bêche autour pour y mettre
du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à
l’avenir. Sinon, tu le couperas.’ » Commentaire de Charles de Foucauld[10] Parabole
du figuier qu'on coupera, si malgré les soins, le
temps, la patience avec laquelle on l'attend, il
persiste à être stérile. Que
vous êtes bon, mon Dieu, de nous répéter tant et
tant de fois, sous tant et tant de formes, que le
temps est court, qu'il nous est donné pour produire
de bons fruits (« La gloire de mon père, c'est que
vous deveniez mes disciples et que vous rapportiez
du fruit »), que nous ne savons ni le jour ni
l'heure jusqu'à laquelle le divin jardinier
patientera, à laquelle le Père de famille rentrera,
à laquelle le juge nous fera rendre compte ; que
nous devons produire beaucoup de fruits, nous à qui
il a été tant donné, nous qui savons la volonté du
Maître, nous qui avons entendu et compris sa voix...
Que vous êtes bon, de nous appeler à votre amour par
tant de moyens et par cette crainte salutaire que
vous ne cessez de tâcher de nous inspirer !
Depuis combien de temps Dieu patiente ! Depuis
combien de temps il jardine notre âme sans qu'elle
rapporte de fruit ! Hâtons-nous,
hâtons-nous de rendre ce qu'il nous a donné,
de faire ce qu'il nous a appris, de pratiquer sa
volonté qu'il nous a fait connaître... Hâtons-nous,
hâtons-nous de rapporter ces fruits de vertu,
ces fruits de vie évangélique, ces fruits de
fidélité, ces fruits de pur amour pour lesquels Dieu
jardine depuis si longtemps, si inutilement, notre
âme ! 4èmeDimanche de Carême Évangile de
Jésus Christ selon saint Luc (15,1-3.11-32) En ce temps-là, les publicains et les
pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient
contre lui : « Cet homme fait bon
accueil aux pécheurs, et il mange avec
eux ! » Alors Jésus leur dit cette
parabole : « Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père : ‘Père,
donne-moi la part de fortune qui me revient.’ Et
le père leur partagea ses biens. Peu de jours
après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il
avait, et partit pour un pays lointain où il
dilapida sa fortune en menant une vie de
désordre. Il avait tout dépensé, quand une
grande famine survint dans ce pays, et il
commença à se trouver dans le besoin. Il alla
s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui
l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il
aurait bien voulu se remplir le ventre avec les
gousses que mangeaient les porcs, mais personne
ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même
et se dit : ‘Combien d’ouvriers de mon père
ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs
de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon
père, et je lui dirai : Père, j’ai péché
contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus
digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme
l’un de tes ouvriers.’ Il se leva et s’en alla
vers son père. Comme il était encore loin, son
père l’aperçut et fut saisi de compassion ;
il courut se jeter à son cou et le couvrit de
baisers. Le fils lui dit : ‘Père, j’ai
péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis
plus digne d’être appelé ton fils.’ Mais le père
dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le
plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui
une bague au doigt et des sandales aux pieds,
allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons
et festoyons, car mon fils que voilà était mort,
et il est revenu à la vie ; il était perdu,
et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent à
festoyer. Or le fils aîné était aux champs.
Quand il revint et fut près de la maison, il
entendit la musique et les danses. Appelant un
des serviteurs, il s’informa de ce qui se
passait. Celui-ci répondit : ‘Ton frère est
arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce
qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’
Alors le fils aîné se mit en colère, et il
refusait d’entrer. Son père sortit le supplier.
Mais il répliqua à son père : ‘Il y a tant
d’années que je suis à ton service sans avoir
jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne
m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes
amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu
après avoir dévoré ton bien avec des
prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau
gras !’ Le père répondit : ‘Toi, mon
enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui
est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se
réjouir ; car ton frère que voilà était
mort, et il est revenu à la vie ; il était
perdu, et il est retrouvé ! » Commentaire
de Charles de Foucauld[11] «
Accourant, il tomba sur son cou et l'embrassa...
Apportez sa tunique première et des chaussures et
tuez le veau gras. » Mon
Dieu, que vous êtes bon ! C'est ce que vous avez
fait pour moi ! Oui, jeune, je suis allé loin de
vous, loin de votre maison, de vos saints autels,
de votre Église, dans un pays éloigné, le pays des
choses profanes, des créatures, de l'incrédulité,
de l'indifférence, des passions terrestres... Oh !
qu'il est douloureusement loin de vous ce pays-là!
J'y suis resté longtemps, 13 ans, dissipant ma
jeunesse dans le péché et la folie. Votre première
grâce (non la première de ma vie, car elles sont
innombrables à toutes heures de mon existence,
mais celle en laquelle je vois comme la première
aube de ma conversion), c'est de m'avoir fait
éprouver la famine, famine matérielle et
spirituelle ; vous avez eu la bonté infinie de me
mettre dans des difficultés matérielles qui m'ont
fait souffrir et m'ont fait trouver des épines
dans cette folle vie ; vous m'avez fait éprouver
la famine spirituelle en me faisant éprouver des
désirs intimes d'un meilleur état moral, des goûts
de vertu, des besoins de bien moral ; et puis,
quand je suis revenu vers vous, bien timidement,
en tâtonnant, vous faisant cette étrange prière :
« Si vous existez, faites que je vous connaisse »,
ô Dieu de bonté qui n'aviez cessé d'agir depuis ma
naissance en moi et autour de moi pour amener ce
moment, avec quelle tendresse, « accourant
aussitôt, vous tombâtes sur mon cou, m'embrassâtes
» ; avec quel empressement vous me rendîtes la
tunique d'innocence... Et à quel divin festin,
bien autre que celui du père de l'enfant prodigue,
vous m'invitâtes aussitôt... Comme il est bon ce
Père de l'enfant prodigue ! Mais comme vous êtes
mille fois plus tendre que lui ! Comme vous avez
fait mille fois plus pour moi qu'il n'a fait pour
son fils ! Que vous êtes bon, mon Seigneur et mon
Dieu ! Merci, merci, merci, sans fin merci ! Enfant
prodigue, non seulement reçu avec une si ineffable
bonté, sans punition, sans réprimande, sans nul
souvenir du passé, mais avec des baisers, la
tunique première et l'anneau d'enfant de la
maison, non seulement reçu ainsi, mais cherché par
ce Père béni et rapporté par lui de ces pays
lointains, quels sont mes devoirs envers ce Père
Bien-aimé ? D'abord de l'aimer,
ensuite de l'aimer
et enfin encore de l'aimer,
car aimer contient tout. Aimer contient l'obéissance;
aimer contient l'imitation
de tout ce qu'on lui voit faire et qu'il permet
que nous imitions ; aimer contient une continuelle
contemplation;
aimer contient le repentir
des fautes commises contre lui ; aimer contient l'humilité
à la vue de la distance qui sépare notre misère de
sa perfection ; aimer contient le zèle à
accomplir toutes les œuvres utiles à son service
et conformes à sa volonté ; aimer contient
l'application continuelle à être et à
faire continuellement ce qui lui est le plus
agréable... Et assurément une des choses qui
lui sont le plus agréables, c'est que nous nous
montrions tendres comme il l'a été, envers nos
frères cadets prodigues à leur tour, que nous les
cherchions comme il nous a cherchés, entrant dans
son travail, par nos prières toujours et par tous
les autres moyens en notre pouvoir lorsqu'il nous
en donne mission... Non seulement que nous les
cherchions, mais que, soit dans nos prières, soit
dans nos autres œuvres dirigées dans ce but, nous
mettions un
zèle presque infini, un zèle infini même,
autant que cela est possible à des hommes, car ce
n'est pas pour des créatures que nous travaillons,
c'est pour Dieu ; c'est pour accomplir cette œuvre
d'une conversion, qui lui est si agréable, que le
ciel s'en réjouit plus que de la persévérance de
99 justes ; c'est pour accomplir cette œuvre, qui
lui est si agréable, qu'il dit : « Il convient de
se réjouir, car ton frère était mort et voici
qu'il vit. » C'est pour accomplir cette œuvre qui
lui est si agréable qu'il nous ordonne d'en
demander, non
conditionnellement mais formellement, la
réussite à son Père, en nous faisant dire :
« Que votre nom soit sanctifié... Que votre
règne arrive... Que votre volonté se fasse sur la
terre comme au ciel... » Et puis quand notre petit
frère prodigue rentre au foyer, il faut le
recevoir comme notre Père le reçoit, comme notre
Père nous a reçus nous-mêmes, sans retour sur le
passé, sans réprimande, sans méfiance
pour l'avenir, en disant : « Mais je suis sûr
qu'il ira au ciel » (cette parole qui m'a fait
tant de bien !), en lui montrant la même confiance,
la même affection, la même tendresse, la même estime
que s'il n'était jamais sorti de la maison, avec
cet oubli
complet de ses fautes que nous avons besoin
que Dieu ait pour nous, avec ce sentiment que ses
fautes, non cachées, non couvertes, mais radicalement
détruites par la confession, sont aussi radicalement
détruites pour nous ; que le seul, le seul
vestige du passé qui paraisse en nous soit la joie
profonde et débordante du retour, la joie se
manifestant en courant à sa rencontre, en tombant
sur son cou, en lui rendant son vêtement premier,
sa place première, en tuant le veau gras, en
appelant nos amis à se réjouir avec nous, en
faisant en ce jour réjouissance sur la terre,
comme il y a « réjouissance dans les cieux » ! 5ème Dimanche de Carême Évangile de
Jésus Christ selon saint Jean (8,1-11) En ce temps-là, Jésus s’en alla au
mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au
Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il
s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et
les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait
surprise en situation d’adultère. Ils la mettent
au milieu, et disent à Jésus :
« Maître, cette femme a été surprise en
flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi,
Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là.
Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient
ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de
pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et,
du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on
persistait à l’interroger, il se redressa et
leur dit : « Celui d’entre vous qui
est sans péché, qu’il soit le premier à lui
jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau
et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir
entendu cela, s’en allaient un par un, en
commençant par les plus âgés. Jésus resta seul
avec la femme toujours là au milieu. Il se
redressa et lui demanda : « Femme, où
sont-ils donc ? Personne ne t’a
condamnée ? » Elle répondit :
« Personne, Seigneur. » Et Jésus lui
dit : « Moi non plus, je ne te
condamne pas. Va, et désormais ne pèche
plus. » Commentaire
de Charles de Foucauld[12] La
femme adultère. « Va et
ne pèche plus. » Que
vous êtes bon, mon Dieu ! Que vous êtes bon pour
cette femme et en la sauvant et en la
convertissant par votre bonté ! Que vous êtes
bon et pour les assistants et pour les races
futures, en leur donnant cette leçon de
miséricorde, de bonté, d’humilité (car il y a de
l’humilité à ne pas juger son prochain, mais à
penser plutôt à ses propres péchés) !.. Que vous
êtes bon, et pour les assistants et pour les races
à venir, en augmentant par cet acte de divine
bonté et leur espérance
en vos miséricordes et leur amour
pour un Dieu si bon ! Ne
condamnons pas. Imitons Notre Seigneur… Quand nous
sommes chargés par devoir d’état de juger, de
condamner, alors, faisons-le pour obéir à Dieu,
avec conscience, prudence, en priant Dieu de nous
éclairer, de ne pas permettre que nous fassions du
mal et, si nous en faisons, de le corriger, de le
rectifier, avec humilité et douceur, en songeant à
nos propres péchés, en nous rappelant que celui
qui a péché hier est, par ses dispositions
intérieures, peut-être déjà devenu un saint, ou le
deviendra demain, et que nous qui semblons debout
serons peut-être demain bien coupables. Hors ce
cas, « ne jugeons pas », « ne condamnons pas »,
par obéissance
à Notre Seigneur, par imitation
de notre Bien-aimé, « qui n’est pas venu juger,
mais sauver » ; parce que nous n’avons ni
connaissance, ni mission pour cela; parce qu’il ne
faut jamais s’occuper des choses extérieures, des
créatures, quand on n’en reçoit pas l’ordre de
Dieu, mais rester toujours dans la solitude, le
silence, la contemplation des divines beautés,
seul avec Dieu dans l’univers, quand Dieu lui-même
ne nous jette pas dans des œuvres extérieures…
N’abandonnons pas, en jugeant le prochain, la pensée de
Dieu, la contemplation
du Bien-aimé pour la pensée des hommes, la
considération des créatures, à moins d’y être
obligé par l’obéissance même à Dieu. Dimanche des
Rameaux La Passion de notre Seigneur Jésus
Christ selon saint Luc (23,1-49) [13] En
ce temps-là, l’assemblée tout entière se leva, et
on l’emmena chez Pilate. On se mit alors à
l’accuser : « Nous avons trouvé cet
homme en train de semer le trouble dans notre
nation : il empêche de payer l’impôt à
l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le
Roi. » Pilate l’interrogea :
« Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus
répondit : « C’est toi-même qui le
dis. » Pilate s’adressa aux grands prêtres et
aux foules : « Je ne trouve chez cet
homme aucun motif de condamnation. » Mais ils
insistaient avec force : « Il soulève le
peuple en enseignant dans toute la Judée ;
après avoir commencé en Galilée, il est venu
jusqu’ici. » À ces mots, Pilate demanda si
l’homme était Galiléen. Apprenant qu’il relevait
de l’autorité d’Hérode, il le renvoya devant ce
dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en
ces jours-là. À
la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie
extrême : en effet, depuis longtemps il
désirait le voir à cause de ce qu’il entendait
dire de lui, et il espérait lui voir faire un
miracle. Il lui posa bon nombre de questions, mais
Jésus ne lui répondit rien. Les grands prêtres et
les scribes étaient là, et ils l’accusaient avec
véhémence. Hérode, ainsi que ses soldats, le
traita avec mépris et se moqua de lui : il le
revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le
renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate
devinrent des amis, alors qu’auparavant il y avait
de l’hostilité entre eux. Alors
Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et
le peuple. Il leur dit : « Vous m’avez
amené cet homme en l’accusant d’introduire la
subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même
instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits
dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme
aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode
non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme,
cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. Je
vais donc le relâcher après lui avoir fait donner
une correction. » Ils se mirent à crier tous
ensemble : « Mort à cet homme !
Relâche-nous Barabbas. » Ce Barabbas avait
été jeté en prison pour une émeute survenue dans
la ville, et pour meurtre. Pilate, dans son désir
de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la
parole. Mais ils vociféraient :
« Crucifie-le !
Crucifie-le ! » Pour la troisième fois,
il leur dit : « Quel mal a donc fait cet
homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de
condamnation à mort. Je vais donc le relâcher
après lui avoir fait donner une correction. »
Mais ils insistaient à grands cris, réclamant
qu’il soit crucifié ; et leurs cris
s’amplifiaient. Alors Pilate décida de satisfaire
leur requête. Il relâcha celui qu’ils réclamaient,
le prisonnier condamné pour émeute et pour
meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir. Comme
ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de
Cyrène, qui revenait des champs, et ils le
chargèrent de la croix pour qu’il la porte
derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le
suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la
poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se
retourna et leur dit : « Filles de
Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez
plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira :
‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont
pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’
Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur
nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous.’ Car
si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra
l’arbre sec ? » Ils emmenaient aussi
avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les
exécuter. Lorsqu’ils
furent
arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire),
là ils crucifièrent Jésus, avec les deux
malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père,
pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils
font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements
et les tirèrent au sort. Le
peuple restait là à observer. Les chefs tournaient
Jésus en dérision et disaient : « Il en
a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même,
s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ;
s’approchant, ils lui présentaient de la boisson
vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi
des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Il y
avait aussi une inscription au-dessus de
lui : « Celui-ci est le roi des
Juifs. » L’un
des malfaiteurs suspendus en croix
l’injuriait : « N’es-tu pas le
Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous
aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs
reproches : « Tu ne crains donc pas
Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi
aussi ! Et puis, pour nous, c’est
juste : après ce que nous avons fait, nous
avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien
fait de mal. » Et il disait :
« Jésus, souviens-toi de moi quand tu
viendras dans ton Royaume. » Jésus lui
déclara : « Amen, je te le dis :
aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le
Paradis. » C’était
déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire :
midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre
jusqu’à la neuvième heure, car le soleil s’était
caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le
milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri :
« Père, entre tes
mains je remets mon esprit. » Et
après avoir dit cela, il expira. À
la vue de ce qui s’était passé, le centurion
rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était
réellement un homme juste. » Et toute la
foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce
spectacle, observant ce qui se passait, s’en
retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses
amis, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis
la Galilée, se tenaient plus loin pour regarder. Commentaire de Charles de Foucauld[14] «
On se moquait de lui... On le raillait... En vérité
je te le dis : tu seras aujourd'hui avec moi en
Paradis. » Que
vous êtes bon, mon Dieu ! Que vous nous aimez ! vous
qui embrassez volontairement tant de douleurs pour
notre amour, pour notre sanctification, pour nous
porter à vous aimer par la vue de votre amour,
et pour nous
porter à embrasser la souffrance (qui nous est
nécessaire pour nous détacher du créé et, par là,
disposer notre âme à s'attacher à Dieu seul... «qui
nous est nécessaire pour la conservation de la
charité, de l'amour de Dieu», comme dit saint
Benoît), par l'exemple que vous nous en donnez, la
faisant désirer désormais par tous les cœurs qui
vous aiment, comme une condition indispensable de
votre ressemblance !.. Et que vous êtes bon de vous
oublier jusqu'à la fin, pensant jusque du haut de la
croix tantôt à vos bourreaux, pour prier pour eux,
tantôt à votre compagnon de supplice pour lui donner
le ciel, tantôt à votre mère, à votre disciple, à
tous les hommes ! Aimons
Jésus qui nous
a tant aimés, « qui nous a aimés le premier », lui
tout aimable qui nous aime, nous misérables, plus
que nul autre cœur humain ne peut aimer, plus que
nous ne pouvons le concevoir, lui qui nous a prouvé
son amour par des délicatesses si célestes et en
souffrant de si effroyables tourments. Embrassons la
souffrance, recevons avec bénédiction, pour
l'amour de Jésus, à son exemple et en la lui
offrant, toute souffrance qui nous atteindra : ne
nous contentons pas de cela ; recherchons la
souffrance pour imiter notre Bien-aimé, pour le
suivre, pour partager son sort, mortifions-nous
volontairement dans la plus grande mesure
possible, sans autre mesure que celle de
l'obéissance à notre directeur... Oublions-nous
pour Jésus d'abord en lui consacrant tous les
instants de notre vie... Pour tous les hommes
ensuite, ses enfants chéris, en leur consacrant tous
les instants qu'il veut que nous leur consacrions et
en les aimant « comme il les a aimés », « comme
nous-mêmes », eux et nous également en vue de Lui
seul ! Jeudi saint Évangile de Jésus Christ selon saint
Jean (13,1-15) Avant la fête de la Pâque, sachant que
l'heure était venue pour lui de passer de ce monde
à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui
étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. Au cours du repas, alors que le démon a
déjà inspiré à Judas Iscariote, fils de Simon,
l'intention de le livrer, Jésus, sachant que le
Père a tout remis entre ses mains, qu'il est venu
de Dieu et qu'il retourne à Dieu, se lève de
table, quitte son vêtement, et prend un linge
qu'il se noue à la ceinture ; puis il verse de
l'eau dans un bassin, il se met à laver les pieds
des disciples et à les essuyer avec le linge qu'il
avait à la ceinture. Il arrive ainsi devant Simon-Pierre. Et
Pierre lui dit : « Toi, Seigneur, tu veux me laver
les pieds ! » Jésus lui déclara : « Ce que je veux
faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu
comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me
laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui
répondit : « Si je ne te lave pas, tu n'auras
point de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : «
Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais
aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : «
Quand on vient de prendre un bain, on n'a pas
besoin de se laver : on est pur tout entier.
Vous-mêmes, vous êtes purs, ... mais non pas tous.
» Il savait bien qui allait le livrer ; et c'est
pourquoi il disait : « Vous n'êtes pas tous purs.
» Après leur avoir lavé les pieds, il
reprit son vêtement et se remit à table. Il leur
dit alors : « Comprenez-vous ce que je viens de
faire ? Vous m'appelez 'Maître' et 'Seigneur', et
vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc
moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les
pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds
les uns aux autres. C'est un exemple que je vous
ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme
j'ai fait pour vous. » Commentaire
de Charles de Foucauld[15] « Ayant
aimé les siens qui étaient dans le monde, il les
aima jusqu'à la fin. » Que
vous êtes bon, mon Dieu, de continuer votre œuvre
« d'allumer sur la terre le feu » de
l'amour de Dieu, en nous disant et en nous prouvant
que Dieu nous aime... Rien ne porte plus à aimer
quelqu'un que de se savoir aimé de lui... Vous nous
portez à vous aimer en nous disant
(parole d'une douceur ineffable) que vous nous aimez
et en nous le prouvant
par un miracle d'amour... Vous nous dites, vous nous
déclarez
(suave déclaration ! Que nous sommes
heureux !) à deux reprises que vous nous aimez
: « Ayant aimé les siens » dites-vous une
première fois, et vous ajoutez : « Il les aima jusqu'à
l'extrémité la plus inouïe »... Et après cette
double
déclaration d'amour, notre Dieu nous prouve
l'immensité de son amour, en se donnant
lui-même à nous, don qui est la preuve qu'on
aime totalement, sans réserve celui à qui on se
donne totalement et sans réserve, qu'on aime de tout
son cœur, de tout son être, celui à qui on
abandonne, à qui on donne, tout son être. Ô mon
Dieu, que vous êtes immensément, infiniment,
divinement aimant ! Cœur sacré de Jésus, quel abîme
d'amour vous êtes ! « Cor altum[16]
» je vous adore, je me jette en vous, consumez-moi. « Aimons Dieu,
puisqu'il nous a aimés le premier. » Donnons-nous
enfin tout à lui puisque non seulement il s'est donné une fois
pour nous, dans les douleurs du calvaire, mais
qu'il se donne chaque jour à
nous dans l'embrassement d'un infini
amour !.. Il se donne tout à nous !.. Il nous
donne le plus que Dieu même puisse donner : Dieu
même ne peut nous donner plus que lui-même... et il
nous donne tout lui-même, dans l'union la plus
intime, la plus amoureuse, la plus désirable, dans
notre corps et notre âme ; il se livre à nous,
s'abandonne à nous, tout entier, et avec sa
divinité, et avec le corps et l'âme humains qu'il a
pris pour nous ressembler. Il nous livre le tout et
nous donne dans notre corps et dans notre âme son
corps et son âme, pour le posséder tout entier, dans
une possession parfaite, sans mesure et sans fin. O
Cœur de Jésus, enflammez-moi pour que je vous
reçoive bien quand je vous reçois ainsi et pour que
je brûle toujours du désir de vous recevoir ! Vendredi saint La Passion
de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean
(18,1-19,42) Après le
repas, Jésus sortit avec ses disciples et
traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un
jardin, dans lequel il entra avec ses disciples.
Judas, qui le livrait, connaissait l'endroit, lui
aussi, car Jésus y avait souvent réuni ses
disciples. Judas prit
donc avec lui un détachement de soldats, et des
gardes envoyés par les chefs des prêtres et les
pharisiens. Ils avaient des lanternes, des torches
et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui
allait lui arriver, s'avança et leur dit : « Qui
cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Jésus le
Nazaréen. » Il leur dit : « C'est moi. » Judas,
qui le livrait, était au milieu d'eux. Quand Jésus
leur répondit : « C'est moi », ils reculèrent, et
ils tombèrent par terre. Il leur demanda de
nouveau : « Qui cherchez-vous ? » Ils dirent :
« Jésus le Nazaréen. » Jésus répondit : « Je
vous l'ai dit : c'est moi. Si c'est bien moi que
vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. »
(Ainsi s'accomplissait la parole qu'il avait dite
: « Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés
».) Alors Simon-Pierre, qui avait une épée, la
tira du fourreau ; il frappa le serviteur du grand
prêtre et lui coupa l'oreille droite. Le nom de ce
serviteur était Malcus. Jésus dit à Pierre : «
Remets ton épée au fourreau. Est-ce que je vais
refuser la coupe que le Père m'a donnée à boire ?
» Alors les
soldats, le commandant et les gardes juifs se
saisissent de Jésus et l'enchaînent. Ils
l'emmenèrent d'abord chez Anne, beau-père de
Caïphe, le grand prêtre de cette année-là. (C'est
Caïphe qui avait donné aux Juifs cet avis : « Il
vaut mieux qu'un seul homme meure pour tout le
peuple. ») Simon-Pierre
et un autre disciple suivaient Jésus. Comme ce
disciple était connu du grand prêtre, il entra
avec Jésus dans la cour de la maison du grand
prêtre, mais Pierre était resté dehors, près de la
porte. Alors l'autre disciple — celui qui
était connu du grand prêtre — sortit, dit un
mot à la jeune servante qui gardait la porte, et
fit entrer Pierre. La servante dit alors à Pierre
: « N'es-tu pas, toi aussi, un des disciples de
cet homme-là ? » Il répondit : « Non, je n'en suis
pas ! » Les serviteurs et les gardes étaient là ;
comme il faisait froid, ils avaient allumé un feu
pour se réchauffer. Pierre était avec eux, et se
chauffait lui aussi. Or, le grand prêtre
questionnait Jésus sur ses disciples et sur sa
doctrine. Jésus lui répondit : « J'ai parlé au
monde ouvertement. J'ai toujours enseigné dans les
synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs
se réunissent, et je n'ai jamais parlé en
cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j'ai
dit, demande-le à ceux qui sont venus m'entendre.
Eux savent ce que j'ai dit. » À cette
réponse, un des gardes, qui était à côté de Jésus,
lui donna une gifle en disant : « C'est ainsi
que tu réponds au grand prêtre ! » Jésus lui
répliqua : « Si j'ai mal parlé, montre ce que j'ai
dit de mal ; mais si j'ai bien parlé, pourquoi me
frappes-tu ? » Anne l'envoya, toujours enchaîné,
au grand prêtre Caïphe. Simon-Pierre était donc en
train de se chauffer ; on lui dit : « N'es-tu pas
un de ses disciples, toi aussi ? » Il répondit : «
Non, je n'en suis pas ! » Un des serviteurs du
grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait
coupé l'oreille, insista : « Est-ce que je ne
t'ai pas vu moi-même dans le jardin avec lui ? »
Encore une fois, Pierre nia. À l'instant le
coq chanta. Alors on
emmène Jésus de chez Caïphe au palais du
gouverneur. C'était le matin. Les Juifs
n'entrèrent pas eux-mêmes dans le palais, car ils
voulaient éviter une souillure qui les aurait
empêchés de manger l'agneau pascal. Pilate vint au
dehors pour leur parler : « Quelle accusation
portez-vous contre cet homme ? » Ils lui
répondirent : « S'il ne s'agissait pas d'un
malfaiteur, nous ne te l'aurions pas livré. »
Pilate leur dit : « Reprenez-le, et vous le
jugerez vous-mêmes suivant votre loi. » Les Juifs
lui dirent : « Nous n'avons pas le droit de
mettre quelqu'un à mort. » Ainsi s'accomplissait
la parole que Jésus avait dite pour signifier de
quel genre de mort il allait mourir. Alors
Pilate rentra dans son palais, appela Jésus et lui
dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui
demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce
que d'autres te l'ont dit ? » Pilate répondit : «
Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les
chefs des prêtres t'ont livré à moi : qu'as-tu
donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté ne
vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce
monde, j'aurais des gardes qui se seraient battus
pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma
royauté ne vient pas d'ici. » Pilate lui dit : «
Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C'est toi
qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu
dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la
vérité. Tout homme qui appartient à la vérité
écoute ma voix. » Pilate lui dit :
« Qu'est-ce que la vérité ? » Après
cela, il sortit de nouveau pour aller vers les
Juifs, et il leur dit : « Moi, je ne trouve
en lui aucun motif de condamnation. Mais c'est la
coutume chez vous que je relâche quelqu'un pour la
Pâque : voulez-vous que je vous relâche le roi des
Juifs ? » Mais ils se mirent à crier : « Pas lui !
Barabbas ! » (Ce Barabbas était un bandit.) Alors
Pilate ordonna d'emmener Jésus pour le flageller.
Les soldats tressèrent une couronne avec des
épines, et la lui mirent sur la tête ; puis ils le
revêtirent d'un manteau de pourpre. Ils
s'avançaient vers lui et ils disaient : « Honneur
à toi, roi des Juifs ! » Et ils le giflaient.
Pilate sortit de nouveau pour dire aux Juifs : «
Voyez, je vous l'amène dehors pour que vous
sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de
condamnation. » Alors Jésus sortit, portant la
couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et
Pilate leur dit : « Voici l'homme. » Quand
ils le virent, les chefs des prêtres et les gardes
se mirent à crier : « Crucifie-le ! Crucifie-le !
» Pilate leur dit : « Reprenez-le, et crucifiez-le
vous-mêmes ; moi, je ne trouve en lui aucun motif
de condamnation. » Les Juifs lui répondirent :
« Nous avons une Loi, et suivant la Loi il
doit mourir, parce qu'il s'est prétendu Fils de
Dieu. » Quand
Pilate entendit ces paroles, il redoubla de
crainte. Il rentra dans son palais, et dit à Jésus
: « D'où es-tu ? » Jésus ne lui fit aucune
réponse. Pilate lui dit alors : « Tu refuses de me
parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir
de te relâcher, et le pouvoir de te crucifier ? »
Jésus répondit : « Tu n'aurais aucun pouvoir sur
moi si tu ne l'avais reçu d'en haut ; ainsi, celui
qui m'a livré à toi est chargé d'un péché plus
grave. » Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher
; mais les Juifs se mirent à crier : « Si tu le
relâches, tu n'es pas ami de l'empereur. Quiconque
se fait roi s'oppose à l'empereur. » En
entendant ces paroles, Pilate amena Jésus
au-dehors ; il le fit asseoir sur une estrade à
l'endroit qu'on appelle le Dallage (en hébreu :
Gabbatha). C'était un vendredi, la veille de la
Pâque, vers midi. Pilate dit aux Juifs : « Voici
votre roi. » Alors ils
crièrent : « À mort ! À mort !
Crucifie-le ! » Pilate leur dit : « Vais-je
crucifier votre roi ? » Les chefs des prêtres
répondirent : « Nous n'avons pas d'autre roi que
l'empereur. » Alors, il
leur livra Jésus pour qu'il soit crucifié, et ils
se saisirent de lui. Jésus, portant lui-même sa
croix, sortit en direction du lieu dit : Le Crâne,
ou Calvaire, en hébreu : Golgotha. Là, ils le
crucifièrent, et avec lui deux autres, un de
chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate avait
rédigé un écriteau qu'il fit placer sur la croix,
avec cette inscription : « Jésus le Nazaréen, roi
des Juifs. » Comme on avait crucifié Jésus dans un
endroit proche de la ville, beaucoup de Juifs
lurent cet écriteau, qui était libellé en hébreu,
en latin et en grec. Alors les prêtres des Juifs
dirent à Pilate : « Il ne fallait pas écrire :
'Roi des Juifs' ; il fallait écrire : 'Cet homme a
dit : Je suis le roi des Juifs'. » Pilate répondit
: « Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit. » Quand les
soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses
habits ; ils en firent quatre parts, une pour
chacun. Restait la tunique ; c'était une tunique
sans couture, tissée tout d'une pièce de haut en
bas. Alors ils
se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas,
tirons au sort celui qui l'aura. » Ainsi
s'accomplissait la parole de l'Écriture : Ils se
sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon
vêtement. C'est bien ce que firent les soldats. Or, près
de la croix de Jésus se tenait sa mère, avec la
sœur de sa mère, Marie femme de Cléophas, et Marie
Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d'elle
le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : « Femme,
voici ton fils. » Puis il dit au disciple : «
Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le
disciple la prit chez lui. Après
cela, sachant que désormais toutes choses étaient
accomplies, et pour que l'Écriture s'accomplisse
jusqu'au bout, Jésus dit : « J'ai soif. » Il y
avait là un récipient plein d'une boisson
vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce
vinaigre à une branche d'hysope, et on l'approcha
de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus
dit : « Tout est accompli. » Puis, inclinant la
tête, il remit l'esprit. Comme
c'était le vendredi, il ne fallait pas laisser des
corps en croix durant le sabbat (d'autant plus que
ce sabbat était le grand jour de la Pâque). Aussi
les Juifs demandèrent à Pilate qu'on enlève les
corps après leur avoir brisé les jambes. Des
soldats allèrent donc briser les jambes du
premier, puis du deuxième des condamnés que l'on
avait crucifiés avec Jésus. Quand ils arrivèrent à
celui-ci, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui
brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec
sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en
sortit du sang et de l'eau. Celui qui a vu rend
témoignage, afin que vous croyiez vous aussi. (Son
témoignage est véridique et le Seigneur sait qu'il
dit vrai.) Tout cela est arrivé afin que cette
parole de l'Écriture s'accomplisse : Aucun de ses
os ne sera brisé. Et un autre passage dit encore :
Ils lèveront les yeux vers celui qu'ils ont
transpercé. Après
cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de
Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda
à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et
Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le
corps de Jésus. Nicodème (celui qui la première
fois était venu trouver Jésus pendant la nuit)
vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe
et d'aloès pesant environ cent livres. Ils prirent
le corps de Jésus, et ils l'enveloppèrent d'un
linceul, en employant les aromates selon la
manière juive d'ensevelir les morts. Près du lieu
où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin,
et dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on
n'avait encore mis personne. Comme le sabbat des
Juifs allait commencer, et que ce tombeau était
proche, c'est là qu'ils déposèrent Jésus. Commentaire
de Charles de Foucauld[17] « J'ai soif. » Vous avez soif, mon Dieu !.. Soif
matériellement, car la fièvre vous accable, vous
avez perdu votre sang, vous souffrez des douleurs
inexprimables, votre gorge est desséchée, et à tant
d'autres tourments s'ajoute celui de la soif... Vous
avez plus soif encore spirituellement ; votre cœur
est dévoré de cette soif qui vous a fait descendre
sur la terre, ô Dieu tout-puissant, de cette soif
qui vous a fait y vivre 33 ans et qui vous fait
mourir sur ce Calvaire ! de cette soif de notre
salut, de notre sainteté qui vous a fait vous
incarner, vivre et mourir... Vous avez soif de nous,
mon Dieu, soif de notre Bien, soif de notre bonheur
éternel, ô Dieu de Bonté ! C'est cette soif qui vous
a conduit ici, qui vous a cloué sur cette
croix !.. Ô Cœur de Jésus, quel excès de bonté,
quel excès d'amour, c'est la violence de vos désirs,
de notre bonheur éternel qui vous fait battre en ce
moment si douloureusement sur la croix et qui tout à
l'heure vous y fera percer ! Aimons Jésus puisque Jésus nous a tant aimés !.. Aimons
Jésus qui pour notre sanctification est mort
dans de telles douleurs !.. Sanctifions-nous,
puisqu'il a tant souffert pour que nous nous
sanctifiions ! Qu'est-ce que nous sanctifier ? C'est
aimer Jésus: l'amour de Jésus comprend toute
sanctification, car il comprend nécessairement par
sa nature même l'obéissance à Jésus (laquelle
nous prescrit toute perfection: « Soyez
parfaits comme votre Père céleste est
parfait. ») et l'imitation de Jésus (qui
est la sainteté même)... Aimons donc Jésus
puisqu'il nous aime tant, désire tant
d'être aimé de nous, a acheté notre amour
au prix de son sang... (acheter notre sanctification
au prix de son sang n'est autre chose qu'acheter notre
amour; et non seulement il nous prouve,
en achetant à ce prix notre amour, qu'il le
désire, mais il nous le dit: «
Que veux-je sinon qu'il s'allume
?.. »)... Aimons Jésus qui nous
aime, désire être aimé de nous, a acheté
notre amour au prix de sa vie, nous dit
qu'il nous aime, nous prouve qu'il nous
aime en mourant pour nous, nous ordonne de
l'aimer (c'est « le premier
commandement »), nous dit que son seul
désir est que nous l'aimions (« Que
veux-je sinon... »), enfin qui est tout
aimable, qui est l'infinie perfection !.. Aimons-le
en accomplissant les œuvres de l'amour, en lui
obéissant, l'imitant, le contemplant,
aimons-le en nous unissant à lui dans la sainte
Eucharistie, en faisant pour lui les plus
grands sacrifices, et tant que nous ne sommes
pas parfaitement unis à lui (ce qui n'a lieu qu'au
ciel), en le désirant et en soupirant après
lui. Veillee Pascale Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
(24,1-12) Le
premier jour de la semaine, à la pointe de
l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau,
portant les aromates qu’elles avaient préparés.
Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du
tombeau. Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas
le corps du Seigneur Jésus. Alors qu’elles étaient
désemparées, voici que deux hommes se tinrent
devant elles en habit éblouissant. Saisies de
crainte, elles gardaient leur visage incliné vers
le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi
cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il
n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce
qu’il vous a dit quand il était encore en
Galilée : Il faut que le Fils de l’homme soit
livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié
et que, le troisième jour, il ressuscite.’ » Alors
elles se rappelèrent les paroles qu’il avait
dites. Revenues du tombeau, elles rapportèrent
tout cela aux Onze et à tous les autres. C’étaient
Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de
Jacques ; les autres femmes qui les
accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres.
Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils
ne les croyaient pas. Alors Pierre se leva et
courut au tombeau ; mais en se penchant, il
vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna
chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé. Commentaire
de Charles de Foucauld[18] 4 heures. Où allez-vous, Marie Magdeleine, en
compagnie des saintes femmes ? Où marchez-vous de ce
pas rapide ? Vous allez vers le sépulcre... Vous y
arrivez, la terre tremble, le sépulcre s'ouvre, un
ange apparaît... Jésus n'est plus là; il est
ressuscité comme il l'avait dit... Vous cherchez
mort celui qui est vivant... Où courez-vous
Magdeleine, où courez-vous si vite : vos autres
compagnes prennent une autre direction : où
allez-vous toute seule ?... Les autres saintes
femmes retournent à la maison de celles d'entre
elles où, avec vous, elles ont passé la nuit. Vous,
vous courez avertir les apôtres : « Le tombeau
est vide, et nous ne savons où est le corps du
Seigneur. » Pierre et Jean à ces mots courent vers
le sépulcre : ils courent très vite et vous, fidèle
Magdeleine, Magdeleine très fidèle, vous courez avec
eux... Jean arrive le premier, Pierre ensuite, avec
vous... Pierre et Jean voient le sépulcre vide,
crient à la résurrection et s'en retournent
émerveillés... Vous, vous restez, fidèle Magdeleine,
vous restez à la porte du sépulcre et vous
pleurez... 5 heures sonnent, vous vous penchez pour
regarder l'intérieur du sépulcre, pleurant toujours
: vous y voyez deux anges vêtus de blanc :
« Femme, disent-ils, pourquoi pleures-tu ? Ils
ont enlevé mon Seigneur et je ne sais où ils l'ont
mis... » Magdeleine, vous n'avez pas autant de
science que Pierre et Jean : mais ce n'est pas la
science que récompense Jésus c'est l'amour : vous
avez plus d'amour... Une ombre paraît derrière vous
dans le demi-jour du matin : vous vous retournez :
cette ombre est à quelque distance du sépulcre à la
porte duquel vous êtes, près de la maison du
jardinier. C'est peut-être le jardinier, vous
dites-vous : ne saurait-il pas ce qu'est devenu le
corps de mon Seigneur : « Femme pourquoi
pleurez-vous ? Que cherchez-vous ? » vous dit
l'ombre au même moment... C'est le jardinier,
pensez-vous, et vous dites : si c'est vous qui
l'avez enlevé ! Seigneur, dites-moi où vous l'avez
mis, et je l'emporterai... Et en même temps vous
vous approchez de cet homme... Vous êtes arrivée à
deux pas de lui : il ouvre la bouche de nouveau :
« Marie. » Oh, alors bienheureuse et très
fidèle Magdeleine, vous tombez à ses pieds, ravie,
« Rabboni » . « Mon
Maître » dites-vous... C'est votre Maître qui
vous a apparu, à vous, la première, après sa mère
immaculée, ô Magdeleine la pécheresse, ... c'est
vous qu'il a aimée plus que tous ses apôtres, plus
que tous les hommes après sa mère : oh, vous aussi
toute la terre vous proclamera bienheureuse... Votre
Sauveur est là, vous tenez ses pieds entre les mains
: vous pleurez encore, vous pleurez plus encore
qu'avant, très fidèle Magdeleine, mais c'est de
joie, c'est de bonheur, c'est d'un bonheur dont il
vous semble que vous allez mourir... Votre bien-aimé
Seigneur est ressuscité, glorieux pour toujours,
heureux pour toujours ! O Magdeleine,
votre bonheur se tait maintenant, vous baisez ses
pieds : vous n'avez plus de paroles, mais seulement
des baisers et des larmes : votre bien-aimé est
bienheureux pour toujours, toujours... Pleurez,
pleurez Magdeleine : oui, pleurez, pleurez, pleurez
de joie, vous qui avez tant pleuré de douleurs, et
faites-moi partager vos larmes, à moi, votre indigne
enfant et à tous les hommes, tous enfants de Jésus,
et tous par conséquent les vôtres... Dimanche
de la Resurrection Évangile de Jésus Christ selon saint
Jean (20,1-9) Le
premier jour de la semaine, Marie Madeleine se
rend au tombeau de grand matin, alors qu'il fait
encore sombre. Elle voit que la pierre a été
enlevée du tombeau. Elle
court donc trouver Simon-Pierre et l'autre
disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit
: « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et
nous ne savons pas où on l'a mis. » Pierre
partit donc avec l'autre disciple pour se rendre
au tombeau. Ils
couraient tous les deux ensemble, mais l'autre
disciple courut plus vite que Pierre et arriva le
premier au tombeau. En se
penchant, il voit que le linceul est resté là ;
cependant il n'entre pas. Simon-Pierre,
qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans
le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et
le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé
avec le linceul, mais roulé à part à sa place. C'est
alors qu'entra l'autre disciple, lui qui était
arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là,
en effet, les disciples n'avaient pas vu que,
d'après l'Écriture, il fallait que Jésus
ressuscite d'entre les morts. Commentaire
de Charles de Foucauld[19] « Marie !.. Rabboni !.. Va à mes frères...
» Mon Dieu que vous êtes divinement tendre
!.. Que vous êtes aimant, que vous êtes bon !..
Ressuscité, vos premières apparitions sont deux
apparitions de consolation aux deux âmes les plus
mourantes de douleur de votre Passion et de votre
mort : à votre Mère d'abord, « à qui vous apparûtes
en premier lieu, et près de qui vous restâtes
longtemps », comme vous l'avez dit à sainte
Thérèse ; à Marie Magdeleine ensuite... Avec quelle
douceur vous apparaissez à cette chère sainte, votre
« adoratrice passionnée » comme on
l'appelle ! Quelle douceur dans ce « Marie » !.. De
quelle voix il a dû être dit !.. Et ensuite,
mon Dieu, quelle divine tendresse pour nous tous,
pour tous les hommes de tous les âges, dans les
paroles que vous laissez tomber : « Va dire à
mes frères » ! Vous nous appelez tous « vos
frères » ! Que cela est doux, que vous êtes
bon ! Soyons tendres comme Jésus, aimants comme
lui... Consolons comme lui les affligés, et d'abord
ceux qu'il a mis lui-même plus près de nous dans la
vie, une mère, une âme chérie ; et ceux qui ont le
plus besoin de consolation, ceux qui sont plus près
de fléchir sous une douleur plus poignante...
Consolons, consolons comme lui ses frères qui sont
les nôtres, consolons ses membres, les parties de
son propre corps, ces membres de lui-même dont il a
dit : « Ce que vous ferez à un de ces petits, vous
me le ferez »... Soyons comme lui de tendres
consolateurs, des frères aimants pour tous les
affligés, pour tous les hommes, surtout pour ceux
dont il nous a plus spécialement chargés, mais pour
tous, car de tous il a dit : « Ce que vous ferez à
un de ces petits, vous me le ferez »... Puisque
Jésus daigne nous appeler ses frères,
montrons-nous vraiment ses frères, en
l'aimant, en lui tenant compagnie, par une imitation
et une contemplation
continuelles, en cherchant sans cesse à lui être
agréable au moyen d'une obéissance
parfaite, en le
servant, en faisant tous nos efforts pour
l'aider (c'est-à-dire: pour lui servir d'instruments
fidèles ; car comment un homme qui ne peut rien
que par Dieu, peut-il aider Dieu ?) à accomplir son
œuvre sur la terre, c'est-à-dire à glorifier Dieu
(ce qui se fait en tâchant de sanctifier le
plus qu'on peut soi-même et tous les
autres hommes et pour cela il faut se
sanctifier soi-même le plus possible et se
sanctifier soi-même consiste à aimer Dieu
le plus qu'on peut... Tout revient toujours à aimer Dieu,
aimer Dieu : c'est là que tout commence, là
que tout finit ; c'est par là qu'il faut
nous-mêmes commencer et finir ; c'est cet amour
qui doit remplir le commencement, le milieu et la
fin de tous nos instants, de tous nos actes, de
toute notre vie... Aimons Jésus
parfaitement et nous serons ses frères
parfaits, ses vrais frères... L'amour
contient l'accomplissement de tous les devoirs, de
toutes les perfections : aimons, aimons Jésus !) 2ème Dimanche de Pâques Évangile de Jésus Christ selon saint
Jean (20,19-31) C'était
après la mort de Jésus, le soir du premier jour de
la semaine. Les disciples avaient verrouillé les
portes du lieu où ils étaient, car ils avaient
peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au
milieu d'eux. Il leur dit : « La paix soit avec
vous ! » Après
cette parole, il leur montra ses mains et son
côté. Les disciples furent remplis de joie en
voyant le Seigneur. Jésus leur
dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De
même que le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous
envoie. » Ayant
ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il
leur dit : « Recevez l'Esprit Saint. Tout
homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui
seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez
ses péchés, ils lui seront maintenus. » Or, l'un
des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau)
n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres
disciples lui disaient : « Nous avons vu le
Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne
vois pas dans ses mains la marque des clous, si je
ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je
ne mets pas la main dans son côté, non, je ne
croirai pas ! » Huit jours
plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau
dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus
vient, alors que les portes étaient verrouillées,
et il était là au milieu d'eux. Il dit : « La paix
soit avec vous ! » Puis il
dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes
mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté :
cesse d'être incrédule, sois croyant. » Thomas lui
dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui
dit : « Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux
ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a
encore beaucoup d'autres signes que Jésus a faits
en présence des disciples et qui ne sont pas mis
par écrit dans ce livre. Mais
ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que
Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que,
par votre foi, vous ayez la vie en son nom. Commentaire de Charles de Foucauld[20] «
Paix avec vous... Paix avec vous... Comme mon Père
m'a envoyé, je vous envoie... Ceux dont vous
remettrez les péchés, ils leur seront pardonnés...
Paix avec vous... Heureux ceux qui croient sans voir
! » Que
vous êtes bon, mon Dieu... Quel doux abord est le
vôtre : « La paix soit avec vous... La
paix soit avec vous ! » « Comme mon
Père m'a envoyé, je vous envoie. » Que vous êtes bon
et quelle plus douce faveur, quel plus grand honneur
pouvez-vous nous faire que de nous donner la même
mission que vous avez eue Vous-même, la même fin sur
la terre que vous avez eue ! de nous appeler si
nettement à vous imiter, à vous être semblables, à
reproduire votre vie, vos œuvres, à être votre
fidèle image ! Quoi de plus doux à un cœur qui aime
que l'invitation à imiter ainsi!.. Vous donnez le
moyen à tous les hommes de voir leurs péchés remis,
effacés, détruits, presque aussitôt qu'ils ont eu le
malheur de les commettre, d'être purifiés presque
aussitôt qu'ils ont eu le malheur de se souiller,
d'être en quelque sorte toujours purs à vos yeux,
toujours purs aux yeux de leur Bien-aimé, d'être
toujours agréables aux yeux de leur Époux, toujours
en grâce près de lui et de paraître en grâce et
agréables à ses yeux à l'heure de la mort et du
jugement suprême ! Que vous êtes divinement bon
et que nous sommes heureux ! Jusqu'à la fin et après
même votre résurrection vous accomplissez votre
œuvre, vous remplissez votre but, vous travaillez à
atteindre «
votre unique volonté », votre unique désir :
allumer dans nos cœurs le feu de votre amour
que « vous êtes venu porter sur la terre » ; nous
souhaiter la paix, qu'est-ce sinon nous souhaiter de
vous aimer,
puisque cela seul peut nous donner la paix ?..
Nous offrir la rémission de nos péchés, qu'est-ce
sinon nous offrir le moyen d'être toujours purs, ou
ce qui est la même chose, saints et parfaits,
c'est-à-dire aimants,
puisque toute perfection et toute sainteté sont
contenues dans l'amour
divin !.. Que vous êtes bon, mon Dieu, de
nous tirer toujours, toujours à la chose la plus
douce qui soit en cette vie et dans l'autre, à celle
qui fait tout le bonheur de la terre et tout celui
du ciel, à l'amour
de Dieu ! «
Paix avec vous
», que ce soit le mot que nous disions en
entrant dans les maisons, en abordant les humains, à
l'exemple de notre Époux... « Comme mon Père
m'a envoyé, je vous envoie » ; notre Époux nous
donne la même mission qu'il a eue lui-même : c'est
dire que nous devons l'imiter en
tout et continuer sa
vie, accomplir sa mission comme il l'a
accomplie lui-même, être en tout sa fidèle image;
c'est dire aussi que notre fin sur la terre est la
même que la sienne : glorifier Dieu, cela en sanctifiant
nous-mêmes et les autres ; ce qui se fait
en nous sanctifiant
nous-mêmes d'abord, en ne pensant d'abord
qu'à notre seule sanctification personnelle, car
tant que nous ne sommes pas saints, nous ne pouvons
rien pour les autres, et dès que nous sommes saints
nous leur faisons naturellement et nécessairement un
bien immense ; se sanctifier soi-même consiste
à aimer Dieu
parfaitement, amour qui contient toute
perfection. Aimons
donc Dieu puisqu'en cela consiste
l'accomplissement de notre fin et toute l'imitation
de notre Bien-aimé Jésus !.. Approchons-nous
souvent, et aussitôt que nous nous sentons la
conscience troublée, lourde d'une faute
considérable, du sacrement qui détruit les péchés,
nous purifie, nous rend de nouveau agréables aux
yeux de notre Époux... Soyons profondément contrits
de nos péchés par lesquels nous lui déplaisons,
l'offensons ; notre douleur de lui déplaire, d'être
désapprouvés, blâmés par lui, de l'avoir offensé,
d'avoir contristé son Cœur, doit être d'autant plus
amère que nous l'aimons davantage. La mesure de
notre contrition sera donc celle de notre amour :
on a une telle douleur d'avoir déplu, offensé,
contristé, si peu que ce soit, l'être aimé, quand on
aime !.. Croyons sans voir : « Le juste vit de
foi »... Il aime « par foi » un Dieu qu'il ne
voit pas et cet amour est sa vie... Il obéit
« par foi » à un homme faillible à cause
de la parole infaillible de Dieu : « Qui vous
écoute m'écoute », parole qu'il n'entend pas,
mais qu'il croit « par foi ». Il imite « par
foi » Jésus qu'il ne voit pas, par « foi » aux
livres saints et à l'Église... Il contemple «
par foi » un Dieu qu'il ne voit pas, mais en qui il
« a foi »... Vivons
de foi, c'est la vie du juste, la vie
surnaturelle, la vie divine ici-bas. Paix avec
vous... Vous nous souhaitez l'amour qui
peut seul nous donner[21]... Oui aimons Jésus.
Souhaitons à toute âme d'aimer Jésus.
C'est « l'unique nécessaire ». 3ème
dimanche de Pâques Évangile de Jésus Christ selon saint
Jean (21,1-19) Jésus
se manifesta encore aux disciples sur le bord de
la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait
là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé
Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana
de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de
ses disciples. Simon-Pierre leur dit :
« Je m’en vais à la pêche. » Ils lui
répondent : « Nous aussi, nous allons
avec toi. » Ils partirent et montèrent dans
la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent
rien. Au
lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais
les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Jésus leur dit : « Les enfants,
auriez-vous quelque chose à manger ? »
Ils lui répondirent : « Non. » Il
leur dit : « Jetez le filet à droite de
la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent
donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas
à le tirer, tellement il y avait de poissons.
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à
Pierre : « C’est le
Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit
que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car
il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivèrent en barque,
traînant le filet plein de poissons ; la
terre n’était qu’à une centaine de mètres. Une
fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé
là, un feu de braise avec du poisson posé dessus,
et du pain. Jésus leur dit : « Apportez
donc de ces poissons que vous venez de
prendre. » Simon-Pierre remonta et tira
jusqu’à terre le filet plein de gros
poissons : il y en avait cent
cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le
filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit
alors : « Venez manger. » Aucun des
disciples n’osait lui demander : « Qui
es-tu ? » Ils savaient que c’était le
Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain
et le leur donne ; et de même pour le
poisson. C’était la troisième fois que Jésus
ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses
disciples. Quand
ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre :
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment,
plus que ceux-ci ? » Il lui
répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu
le sais : je t’aime. » Jésus lui
dit : « Sois le berger de mes
agneaux. » Il lui dit une deuxième
fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu
vraiment? » Il lui répond : « Oui,
Seigneur ! Toi, tu le sais : je
t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le
pasteur de mes brebis. » Il lui dit, pour la
troisième fois : « Simon, fils de Jean,
m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce
que, la troisième fois, Jésus lui demandait :
« M’aimes-tu ? » Il lui
répond : « Seigneur, toi, tu sais
tout : tu sais bien que je t’aime. »
Jésus lui dit : « Sois le berger de mes
brebis. Amen, amen, je te le dis : quand tu
étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour
aller là où tu voulais ; quand tu seras
vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre
qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu
ne voudrais pas aller. » Jésus disait cela
pour signifier par quel genre de mort Pierre
rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui
dit : « Suis-moi. » Commentaire de Charles de Foucauld[22] «
Pais mes brebis. » Que
vous êtes bon, ô mon Dieu, ô bon Pasteur, de laisser
en montant au ciel un pasteur à vos brebis, un
pasteur infaillible dans ses définitions de foi,
conduisant infailliblement nos âmes dans les
pâturages de la vérité, un pasteur nous gouvernant,
nous instruisant en votre nom ! Ayons
une grande dévotion pour notre saint père le Pape,
un grand respect pour ses ordres, une grande foi en
ses enseignements, une foi catholique pour tout ce
qu'il définit ex
cathedra, comme dogme de foi... Prions
beaucoup pour lui, aimons-le beaucoup, offrons à
Dieu pour être appliquées à ses intentions toutes
nos prières, bonnes œuvres, mérites, mortifications,
croix de notre vie ; appliquons nos messes, nos
communions très souvent à lui et à ses intentions.
Qu'il soit une de nos principales dévotions.
Vénérons-le, obéissons-lui, aimons-le ;
soutenons-le, secourons-le, défendons-le, de tout
notre cœur... Soyons pour lui le plus tendre des
fils... Si « tout ce que nous faisons à un de ces
petits » nous le faisons à Jésus, combien plus lui
faisons-nous tout ce que nous faisons à celui qu'il
a choisi, placé, pour le représenter ici-bas ! 4ème
dimanche de Pâques Évangile de Jésus Christ selon saint
Jean (10,27-30) Jésus
déclara :
« Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je
les connais, et elles me suivent. Je leur donne la
vie éternelle : jamais elles ne périront, et
personne ne les arrachera de ma main. Mon Père,
qui me les a données, est plus grand que tout, et
personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. » Commentaire de Charles de Foucauld[23] «
Il est possédé et il déraisonne... Moi et mon Père,
nous sommes un... Les juifs prirent des pierres... » Que
vous êtes bon, mon Dieu ! À quel mépris, à quelles
injures, à quelles violences vous vous exposez, dans
quel milieu épouvantable vous vous mettez, par amour
pour nous ! Courage, à
l'exemple de Jésus ! Courage à dire
tout ce que nous devons dire, soit en particulier,
soit en public, à l'exemple de Jésus qui, malgré les
menaces, les violences, les contradictions, malgré
un peuple ameuté et les autorités décidées à
l'emprisonner, dit, répète, prêche hautement tout ce
qu'il a à dire, aussi longtemps, aussi longuement
qu'il doit le dire... Courage à faire
ce que nous devons faire soit en particulier, soit
en public, à l'exemple de Jésus qui, malgré les
menaces, les violences, les injures, les complots
des Juifs, vient au milieu d'eux, y reste aussi
longtemps que son devoir est d'y rester, et fait
tout ce qu'il doit y faire, se souciant uniquement
de faire et de dire ce qu'il plaît à Dieu qu'il dise
et qu'il fasse, et ne s'occupant en aucune manière
de ce qui pourra en advenir pour lui (s'il lui en
arrive un surcroît de peine, ce ne sera qu'un
sacrifice de plus offert à Dieu, une glorification
de Dieu de plus, un surcroît de gloire pour Dieu, un
surcroît de joie pour Jésus !). 5ème
Dimanche de Pâques Évangile de Jésus Christ selon saint
Jean (13,31-33a.34-35) Au
cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses
disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus
déclara : « Maintenant le Fils de
l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le
glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits
enfants,
c’est pour peu de temps encore que je suis avec
vous. Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je
vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les
autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes
mes disciples : si vous avez de l’amour les
uns pour les autres. » Commentaire de Charles de Foucauld[24] «
Je vous donne un commandement nouveau : de vous
aimer les uns les autres, comme je vous ai aimés ;
de vous aimer ainsi les uns les autres. C'est à cela
qu'on reconnaîtra que vous êtes mes disciples, si
vous vous aimez les uns les autres. » Que
vous êtes bon, mon Dieu, plus votre fin approche,
plus vous redoublez de tendresse !.. Il semble qu'à
ces derniers moments, vous vouliez tirer tout le
monde à vous, non seulement par le sacrifice suprême
de votre croix, non seulement par le don suprême de
la sainte Eucharistie, mais encore par la tendresse
suprême de vos dernières paroles : « Mes petits
enfants » — filioli — « mes amis »... « Le disciple
que Jésus aimait » appuyé sur son cœur, quelle scène
de tendresse infinie précédant d'une heure seulement
les horreurs de Gethsémani !.. Plus que jamais vous
avez à cœur « d'allumer sur la terre », que vous
allez quitter, le feu de l'amour de Dieu
et de
l'amour du prochain. C'est à quoi tend ce
dernier discours comme tous les autres... Vous nous
tirez à votre
amour et par le don de
tout vous-même, que vous venez de nous faire dans la
sainte Eucharistie, et par la tendresse
infinie de vos derniers entretiens, et par l'appel à
l'obéissance
à Dieu tant de fois répétée dans ce discours après
la Cène, et par l'appel à votre imitation
qu'il contient aussi, et par l'appel au sacrifice
que vous nous faites, en nous montrant que c'est par
là que vous glorifiez tout particulièrement votre
Père, et par conséquent que nous aussi nous
glorifierons Dieu : « Maintenant le Fils de
l'Homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui »,
s'écrie-t-il au moment où Judas sort pour le
livrer... Vous nous tirez à l'amour du
prochain, et par votre
exemple, vous qui nous montrez que vous aimez
tant les hommes que vous donnez et livrez à chacun
d'eux, en toute propriété, pour les recevoir dans
leur corps, votre corps et votre âme tout
entiers,... et par vos paroles,
vous qui ne cessez de nous répéter dans ce dernier
discours «Aimez-vous les uns les autres...
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai
aimés... jusqu'à donner votre vie pour votre
prochain, comme je vais le faire moi-même... C'est à
cela qu'on reconnaîtra que vous êtes mes disciples.
» Non seulement vous nous répétez et nous répétez
ces paroles, mais vous les dites avec une solennité
que vous ne donnez à aucune autre peut-être : «
Voici que je vous donne un commandement nouveau. »
C'est comme le commandement distinctif du Nouveau
Testament que vous établissez en cette nuit suprême
: « C'est à cela que l'on reconnaîtra que vous êtes
mes disciples. » C'est comme votre testament, c'est
votre recommandation suprême: c'est un nouveau
commandement, non nouveau pour le fond, mais nouveau
par l'instance
avec laquelle vous le recommandez, nouveau par l'étendue que
vous
lui donnez: « aimer les hommes comme vous les avez
aimés », nouveau par l'importance
que vous lui donnez: « On reconnaîtra à cela que
vous êtes mes disciples », nouveau par la solennité avec
laquelle vous l'établissez, faisant de lui votre testament
suprême, l'expression de votre recommandation
dernière, dans cette nuit funèbre. Aimons
Dieu qui nous aime jusqu'à se donner, se
confier, se livrer, s'abandonner à nous totalement,
nous donnant son corps et son âme pour les posséder
pleinement, les unir à notre corps et à notre âme,
les avoir en nous dans une possession parfaite...
Qui nous aime jusqu'à verser pour nous son sang à
Gethsémani, sur la voie douloureuse, au prétoire, au
Calvaire, et tant
souffrir dans son âme et dans son corps... Qui
nous aime jusqu'à nous le dire et nous le
déclarer dans des termes d'une douceur
infinie... Qui nous aime jusqu'à tant s'oublier
lui-même, même en ces heures suprêmes et les
consacrer entièrement à la sanctification et à la
consolation de nos âmes... Aimons le
prochain, puisque Dieu l'aime tant qu'il nous
dit que c'est à l'amour que nous aurons pour lui,
qu'on reconnaîtra que nous sommes ses disciples...
Aimons-le par
obéissance au commandement si solennel et si
pressant qu'il nous en fait... Aimons-le puisque
c'est le testament
suprême, la recommandation suprême que nous
fait notre Bien-aimé la veille de sa mort...
Aimons-le puisque tout humain est enfant
bien-aimé de Dieu, à qui Dieu s'offre dans la
sainte Communion, à qui il
s'offre dans le ciel, en l'y appelant, pour qui Dieu
verse son sang sur le calvaire, duquel Dieu dit
que « tout ce qu'on lui fait, on le fait à
lui-même » (Mt 25), qu'il constitue «membre de
son corps» et par là quelque chose de lui-même. 6ème Dimanche
de Pâques Évangile de Jésus Christ selon saint
Jean (14,23-29) Jésus
disait à ses disciples : « Si quelqu’un
m’aime, il gardera ma parole ; mon Père
l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui,
nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime
pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que
vous entendez n’est pas de moi : elle est du
Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant
que je demeure avec vous ; mais le Défenseur,
l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
lui, vous enseignera tout, et il vous fera
souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je
vous laisse la paix, je vous donne ma paix ;
ce n’est pas à la manière du monde que je vous la
donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni
effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai
dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous.
Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque
je pars vers le Père, car le Père est plus grand
que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant,
avant qu’elles n’arrivent ; ainsi,
lorsqu’elles arriveront, vous croirez. » Commentaire de Charles de Foucauld[25] «
Je vous laisse ma paix... Que votre cœur ne se
trouble pas et ne craigne pas. » Mon
Dieu, que vous êtes bon ! Que nous laissez-vous ?
Quel est ce don suprême ? La paix !..
Vous êtes le Dieu
de paix, les prophètes l'avaient prédit...
Quand vous paraissez parmi vos disciples, vous leur
dites : « La
paix soit avec vous » ; au moment de mourir
vous leur dites : « Je vous laisse la paix, ma
paix, pas celle que le monde donne »...
Qu'est-ce donc que cette paix différente de celle
que donne le monde ?.. Cette paix,
c'est celle que donne votre amour; la paix du
monde, c'est la paix dans l'exemption des
souffrances, dans l'exemption des inimitiés, des
persécutions, des tribulations ; votre paix,
c'est l'indifférence aux souffrances, aux inimitiés,
aux persécutions, aux tribulations, à tous les maux
sensibles, c'est la paix profonde et surabondante
qu'éprouve l'âme qui vous aime au milieu de tous ces
maux : « ivre de votre amour, elle ne sent aucune
des croix intérieures ni extérieures, comme l'homme
ivre de vin ne sent pas les coups », dit saint
Bonaventure. « Ne vivant plus en elle-même, mais
ayant toute sa vie en vous seul son Bien-aimé »,
comme dit saint Jean de la Croix, elle ne sent pas
les coups qui l'atteignent et jouit délicieusement
de la paix ineffable dans laquelle vous régnez...
Vous qui « êtes venu porter le feu sur la terre »,
et dont l'unique
désir était de le voir s'enflammer, « Que
veux-je, sinon qu'il s'allume ? », votre don
suprême, c'est ce feu même et ses effets, c'est l'amour de Dieu
et la paix suprême
que produit cet amour, la paix supérieure aux
souffrances, non la paix sans la guerre, mais la
paix malgré la guerre, dans la guerre, au-dessus de
la guerre, la paix de l'âme ayant par l'amour sa
vie tout entière dans le ciel, et jouissant ainsi de
la paix
du ciel malgré tout ce qui peut se passer sur la
terre autour d'elle ou contre elle. Entrons
dans la paix
en entrant dans
l'amour de Dieu : l'un et l'autre sont
indissolublement liés, la paix est l'effet et
le signe
de l'amour
divin. Cherchons-les, désirons-les tous deux,
la paix en vue de l'amour, et l'amour en vue de
Dieu... « Ne vivons plus en nous, mais seulement en
notre Bien-aimé », et alors rien de ce qui nous
atteint ne sera senti de nous, et tout ce qui est le
partage de notre Bien-aimé sera le nôtre : nous ne
sentirons plus aucune des tribulations terrestres,
parce que nous ne vivrons pas en nous et le bonheur
dont jouit éternellement notre Bien-aimé nous mettra
dans une paix, dans une satisfaction inaltérable...
Quand nous aimerons Dieu ainsi, ne vivant plus en
nous mais en lui, notre cœur ne
se troublera plus et ne craindra plus, car
nous ne nous occuperons plus de nous-mêmes, mais de
lui seul : que les tribulations pleuvent sur nous,
que nous importe, lui, il est heureux !.. Le
quatrième degré de l'amour divin, dit saint
Bonaventure (Incendie de l'amour) « est l'ivresse
spirituelle. Or cette ivresse consiste en ce
que l'on aime
Dieu d'un si grand amour, que non seulement
déjà on dédaigne la consolation terrestre, mais
encore que par amour pour Dieu, on ne trouve des
charmes, avec l'apôtre, que dans les peines, les
opprobres et les tourments ; comme on voit un homme
dans l'ivresse se dépouiller sans pudeur, et
supporter les coups sans douleur... Le cinquième
degré est la
sécurité qui naît de l'ivresse. De ce que
l'âme, à ce degré, souffre volontiers pour Dieu
tout, tout dommage et tout opprobre, elle bannit la
crainte et conçoit une si grande espérance du
secours de Dieu, qu'elle pense que rien ne pourra la
séparer de lui... Le sixième (et dernier) degré est
la vraie et
pleine tranquillité, dans laquelle l'âme goûte
une paix si profonde qu'elle semble endormie... Car,
qui peut inquiéter une âme que nul désir n'inquiète
et que nulle crainte n'agite. Dans cette âme est la
paix suprême.
» Ascension du Seigneur Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
(24,46-53) Jésus ressuscité, apparaissant à ses
disciples, leur dit : « Il est écrit que
le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait
d’entre les morts le troisième jour, et que la
conversion serait proclamée en son nom, pour le
pardon des péchés, à toutes les nations, en
commençant par Jérusalem à vous d’en être les
témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que
mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la
ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une
puissance venue d’en haut. » Puis Jésus les
emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et,
levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il
les bénissait, il se sépara d’eux et il était
emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui,
puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie.
Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir
Dieu. Commentaire de Charles de Foucauld[26] «
Restez dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez
revêtus de la vertu d'en haut... Et en les bénissant
il s'éleva dans le ciel. » Que
vous êtes bon, mon Dieu ! Votre dernier acte en
cette terre est une bénédiction ! Votre premier acte
après votre incarnation a été la sanctification de
saint Jean, votre dernier est la bénédiction de
votre Église... Vous finissez comme vous avez
commencé, par un acte de bonté, d'amour... Vous êtes
venu sur la terre par amour, ô Dieu qui êtes charité
! Vous y êtes venu pour y enseigner l'amour, « y
allumer un feu », le feu de l'amour de Dieu et du
prochain ! Tout ce que vous avez fait, dit aux
hommes, vous l'avez fait et dit par amour ! Vous
avez aimé les hommes jusqu'à la fin, jusqu'à vous
donner pour eux au calvaire, jusqu'à vous donner à
eux non seulement une fois au cénacle, mais dans
tous les temps, dans tous les lieux, à tous ceux qui
voudront vous recevoir ! Vous quittez la terre en
lui donnant une dernière bénédiction... Oui, vous
deviez la quitter ainsi : c'est le départ qui vous
convient, ô Bien-aimé Jésus, ô Dieu d'amour ! «
Restons dans la ville jusqu'à ce que nous ayons
reçu la vertu d'en haut » ;
restons au lieu, dans la situation où Dieu nous a
mis, jusqu'à ce que, en nous donnant entièrement mission
pour en occuper une autre, pour faire autre chose,
il nous donne par là même, grâce pour cela... Bénissons,
à l'exemple de Jésus, bénissons comme lui tous les
hommes, qui tous sont ses enfants ; même les plus
mauvais sont ses membres, objets d'amour et de
respect ; bénissons-les tous toujours ; ne les
maudissons jamais... Bénissons-les tous chaque jour
en priant chaque jour pour tous. Pentecôte Évangile de Jésus Christ selon saint
Jean (14,15-16.23b-26) En
ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Si vous m’aimez, vous garderez mes
commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous
donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours
avec vous. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma
parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons
vers lui et, chez lui, nous nous ferons une
demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes
paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas
de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je
vous parle ainsi, tant que je demeure avec
vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que
le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera
tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je
vous ai dit. » Commentaire de Charles de Foucauld[27] 2
heures matin. Merci,
mon Seigneur Jésus, merci notre Dame du
Perpétuel-Secours, merci sainte Magdeleine, merci,
mon saint ange gardien de m'avoir éveillé et fait
lever pour me tenir avec vous en prière aux pieds de
Jésus... Faites-m'y rester avec vous toute cette
nuit, tout ce jour, toute ma vie. O mes mères, ô mon
bon ange, faites-moi partager toujours, toujours
votre contemplation, votre adoration, votre
amour ! ... Faites-moi avec vous faire
sans cesse la volonté du divin Jésus et ainsi le
glorifier le plus possible en tous mes instants.
Voici la dixième nuit qu'il passe au ciel. Comme Il
est heureux ! Merci, merci, mon Seigneur de
votre bonheur. Oh ! quelle joie de penser qu'en ce
moment vous êtes au ciel ! Merci mon Dieu, de me le
faire sentir !... Faites-le moi sentir
toujours, toujours puisque cela est jouir sur la
terre en vue de vous. Mais vous me dites, ô mes
mères, d'attendre entre vous, et que pour cela, pour
vivre de votre vie et glorifier Jésus, il me faut
quelque chose, quelque chose que Dieu seul donne ;
pour faire à toute heure ce que veut Jésus, pour
L'aimer, L'imiter, Lui obéir, et pour ainsi Le
glorifier : à tout instant, il faut son Esprit, son
Esprit à Lui, cet esprit par lequel Il connaissait
les choses et les voyait dans leur vérité, cet
esprit par lequel Il aimait ce qu'il faut aimer,
comme il faut l'aimer, cet esprit par lequel il
accomplissait avec un si parfait courage tout ce
qu'il fallait accomplir... « Suivez-moi » nous
a dit Jésus, et désormais c'est notre vie sur la
terre : L'imiter,
L'imiter, en L'aimant et
en Lui
obéissant... Mais pour l'imiter il nous faut
son esprit, son esprit qui nous fera connaître ce
qu'il pensait, ce qu'il aimait, ce qu'il faisait...
Il faut que cet esprit, son esprit, nous anime, nous
inspire ses
pensées, ses vues, nous inspire son
amour, sa charité... pour Dieu et les hommes,
nous inspire
son courage pour accomplir ce qu'il a
accompli, ce qu'il veut continuer à accomplir en
nous la sienne... Oh ! mon Seigneur Jésus,
envoyez-nous votre Esprit, envoyez-Le à tous les
hommes vos enfants, à tous les hommes pour qui vous
êtes mort, à tous les hommes que vous aimez, à tous,
puisque vous voulez que tous vous suivent,
que tous vous imitent
en vous aimant,
en vous obéissant,
envoyez-le en particulier à tous ceux que vous avez
mis plus près de moi sur la terre, à tous ceux pour
qui vous voulez que je prie plus spécialement.
Envoyez-Le-moi, mon Dieu, afin qu'animé par ce même
esprit qui vous a animé vous-même, plein de votre lumière,
vous connaissant clairement, voyant nettement vos
pensées, vos volontés, plein de cet amour dont
vous avez aimé Dieu et les hommes en vue de Dieu,
plein de ce courage
qui vous a fait embrasser tout ce qui était le plus
parfait et l'accomplir entièrement malgré les
souffrances de la nature et les persécutions des
hommes et de l'enfer, je vous imite ô mon
Dieu, je vous aime
moi aussi du plus grand amour, et je vous obéisse en
accomplissant moi aussi le plus parfait en tout,
selon votre parole « soyez parfaits comme votre Père
est parfait »... Oh ! mon Dieu !
donnez-nous à tous votre esprit, à moi votre indigne
enfant, qui me tiens les yeux levés vers vous entre
la sainte Vierge et sainte Magdeleine, à ceux que
vous m'avez donnés plus particulièrement, à tous les
hommes vos enfants et mes frères . Donnez-nous
votre esprit, ô bien-aimé Jésus, pour qu'animés de
Lui nous pensions
toutes vos pensées. Donnez-nous votre esprit,
ô Jésus, pour qu'animés de Lui nos cœurs soient unis
au vôtre, et que nous aimions Dieu et
les hommes comme votre cœur les aime.
Donnez-nous votre esprit, ô Jésus, pour que pleins
de votre force nous
accomplissions vos œuvres ; que nous fassions en
tout le plus parfait comme vous l'avez fait,
que nous obéissions
en tout à votre Père comme vous avez fait en tout
sa volonté. O Jésus, donnez-nous votre esprit,
afin qu'il nous
anime comme il vous a animé, et nous fasse penser vos
pensées, aimer comme vous avez aimé, agir comme
vous avez agi, et ainsi par là vous imiter,
vous aimer,
vous obéir
parfaitement, ô bien-aimé Jésus.
Amen, amen, amen ! [1]
C.
de Foucauld, Qui peut résister à
Dieu ? Méditations sur l’Écriture Sainte
(1896-1898), Nouvelle Cité, Paris 1980,
304. [2] C. de Foucauld,
Considérations
sur les fêtes de l’année, Nouvelle Cité,
Paris 1987, 142-143. [3] Commentaire
à Mt
6,1-4, en C. de Foucauld,
Commentaire de Saint Matthieu. Lecture
Commentée de l’Évangile, Nouvelle Cité, Paris 1989, 265-267. [4] Dans
ce
commentaire, Charles de Foucauld fait parler
Jésus à la première personne. [5] M/270, sur Lc
3,23-4,13, en C. de Foucauld,
La Bonté
de Dieu. Méditations sur les saints Evangiles
(1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996,
227-230. [6] Les
mots
en italique, dans les écrits originaux de
Charles de Foucauld sont soulignés une fois, les
mots en gras ont été soulignés par lui plusieurs
fois. [7] M/329, sur Lc
9,27-35, en C. de Foucauld,
La Bonté
de Dieu. Méditations sur les saints Evangiles
(1), Nouvelle Cité, Montrouge 1996,
306-308. [8] « Il les aima jusqu'à la fin.
» [9] « Aucune interprétation de
l'Écriture ne peut être faite selon le jugement
personnel. » [10] M/368, sur Lc
13,1-9, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé. Méditations sur les Saints
Évangiles (2), Nouvelle Cité, Montrouge
1997, 62. [11] M/382,
sur
Lc 15,11-32, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé, 78-80. [12] M/459,
sur
Jn
8,2-11, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé, 177-178. [13] Nous
reproduisons
ici la lecture brève. [14] M/423,
sur
Lc
23,35-43, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé, 137-138. [15] M/479,
sur
Jn
13,1, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé, 204-205. [16] Cœur
immense. [17] M/517,
sur Jn
19,28, en C. de Foucauld, L’imitation du Bien Aimé,
278-279. [18] C. de Foucauld,
Considérations
sur les fêtes de l’année, 329-331. [19] M/521,
sur Jn
19,38-20,18 en C. de Foucauld, L’imitation du Bien Aimé,
283-285. [20]
M/522, sur Jn
20,19-29 en C. de Foucauld, L’imitation
du Bien-Aimé, 285-287. [21] Un mot manque par suite de la
déchirure du papier. [22] M/523, sur
Jn
20,30-21,17, en C.
de Foucauld, L’imitation du Bien-Aimé, 287-288. [23]
M/469, sur Jn
10,19-39, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé 191-192. [24]M/482,
sur Jn
13,21-35, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé, 209-211. [25]
M/489, sur Jn
14,24-27, en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé, 221-223. [26] M/427,
sur Lc
24,48-53 en C. de Foucauld,
L’imitation
du Bien-Aimé, 142-143. [27] C. de Foucauld,
Considérations
sur les fêtes de l’année, 412-414. |
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(12mn) : Vie du frère Charles de Foucauld,
textes lus à partir de ses écrits
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Interview (50mn) de Nathalie
Zanon avec Dominique Salin, professeur aux facultés
jésuites de Paris
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