CONFERENCE DES EVEQUES DE LA REGION NORD DE
L'AFRIQUE (CERNA) Rome, 15 au 18 juin 2014 |
La Conférence des
Evêques de la Région Nord de l’Afrique (CERNA)
s'est réunie à Rome du 15 au 18 juin 2014. Y ont pris
part les évêques et leurs vicaires généraux ainsi que
le préfet apostolique de Laayoune-Sahara et le nonce
apostolique à Alger et Tunis. Mgr Vincent LANDEL,
archevêque de Rabat et président de la CERNA, a
conduit cette réunion, qui s'est tenue à nouveau au
Séminaire Français. Pour la première fois,
Mgr Giovanni MARTINELLI, vicaire apostolique de
Tripoli, Mgr Sylvester MAGRO, vicaire apostolique de
Benghazi, et leurs vicaires généraux n'ont pu
participer à la CERNA, en raison de la situation
politique et sécuritaire. Nous demeurons en
profonde communion de prière avec eux, leurs
communautés chrétiennes et le peuple libyen. Nous avons eu la
grâce de concélébrer la messe présidée par le pape
FRANÇOIS à Sainte Marthe le mercredi 18
juin, et de le saluer personnellement. Nous
avons été touchés par la simplicité de sa prière et son
attention à chacun de nous.
Notre travail a
essentiellement consisté à préparer un document commun intitulé « Serviteurs de
l'Espérance » :
il dira l'« esprit de la CERNA ». Il nous
aidera à motiver nos Eglises qui sont en constant
changement, mais aussi à les faire mieux connaître. Nous
espérons pouvoir le présenter au pape FRANÇOIS en
mars 2015 durant notre visite ad limina. « Le sens de nos Rencontres » en
1979 et « Les Eglises du Maghreb en l'an
2000 » nous avaient beaucoup aidés à donner
visage à notre présence. Mais depuis, de nombreux
événements politiques et sociaux sont venus
transformer nos pays respectifs. Nos Églises aussi se
sont transformées : par-delà la présence
d'anciens et la rotation rapide de familles
d'expatriés, arrivent chez nous de nombreux étudiants
subsahariens et des migrants venus de tant de régions
qui souffrent la violence et le mal-développement ;
l'internationalisation des agents et collaborateurs
pastoraux contribue à donner un visage nouveau à notre
Église, en particulier ceux qui viennent du Sud et les
nouvelles communautés. Nous n'aurions pas imaginé il y
a quelques années la vitalité et le rajeunissement de
nos paroisses. Tout ce que nous vivons ne peut que
rejaillir sur l’Église universelle, et il nous paraît
important d'en rendre compte. La question des migrants et de la migration
est revenue à de nombreuses reprises dans nos
travaux : leur courage, leur espérance, leur foi
suscitent bien souvent notre admiration. Ils
contribuent de plus en plus à la vitalité de nos
communautés chrétiennes, et nous avons la joie de
célébrer fréquemment
baptêmes et confirmations. Nous
sommes cependant touchés par les situations
dramatiques que subissent bon nombre d'entre eux, la
violation fréquente de leurs droits, mais aussi les
trafics dont ils sont victimes. Nous dénonçons le fait
qu'ils soient trop souvent considérés comme des
délinquants, y compris par l'opinion. Dans la lignée
du travail du pape François contre la traite des êtres
humains, nous voulons nous montrer plus attentifs
encore à l'exploitation de plus en plus terrible
des femmes et des enfants. En même
temps, nous soulignons une mutation profonde qui se
joue dans nos pays : ils ne sont plus seulement
des pays de transit vers l’Europe mais des pays
d’accueil. Certains, comme le Maroc, le
reconnaissent officiellement. Mme Martina LIEBSCH, responsable migrations
à Caritas
Internationalis, nous a encouragés à nouer
des liens avec les conférences épiscopales et les
Caritas des pays d'origine et de destination des
migrants afin de mieux coordonner notre action
pastorale à leur égard. Dans ce sens, Mgr Domenico Mogavero,
évêque en Sicile, qui accueille beaucoup de migrants,
est venu une nouvelle fois réfléchir avec la CERNA et
nous a fait part de son expérience en ce domaine. Nos Eglises veulent s'engager toujours plus
dans l'accompagnement
et la défense des migrants, et proclamer
haut et fort l'injustice profonde de la situation de
ces « pauvres de Dieu ». Nous remercions
tous ceux qui œuvrent au plus près des migrants, dans
l'Eglise, mais aussi dans les sociétés civiles de nos
pays : ils contribuent à une meilleure
reconnaissance des personnes migrantes, et à aider les
pouvoirs publics à imaginer des politiques plus
respectueuses des droits de ces personnes. A son invitation, nous avons été reçus à
dîner par M. Bruno JOUBERT, l'ambassadeur de France
près le Saint-Siège, ancien ambassadeur de France au
Maroc. Parmi les convives, le cardinal TAURAN nous a
entretenus de l'actualité du dialogue interreligieux
et nous a encouragés : « Plus c'est
difficile, plus il faut s'y donner. » Le matin, le Père BOUSQUET, recteur de St
Louis des Français et consulteur au Conseil Pontifical
pour le Dialogue Interreligeux qui a aussi une
ouverture sur le dialogue avec les religions
orientales, nous avait aidés à approfondir
théologiquement certaines questions relatives à ce
dialogue, à mieux fonder notre mission en ce domaine. Au cours du traditionnel et passionnant tour
de table sur la vie de nos pays et de nos Eglises,
nous avons particulièrement noté le besoin de
formation chrétienne de beaucoup de nos communautés et
les initiatives que nos diocèses prennent en ce
domaine, en particulier auprès des catéchumènes. Nous
mesurons combien il nous faut « inculturer »
nos propositions en même temps qu'accompagner les
personnes dans leur chemin vers le Seigneur. Nous avons préparé l'intervention de notre
président au prochain Synode sur la Pastorale
Familiale à partir de la contribution de chacun de nos
pays et de la synthèse qui en a été établie en janvier
2014. Entre autres thèmes importants, nous partagerons
l'expérience que vivent les couples islamo-chrétiens
et la nécessité d'y voir une véritable vocation à
soutenir et à accompagner. Pour clôturer notre assemblée, nous avons
répondu à l’invitation du Cardinal Peter Turkson,
Président du Conseil pontifical « Justice et
Paix ». Il nous a confirmé qu’il était nécessaire
de coordonner, avec les Églises du Sud du Sahara et
celles d’Europe, notre réflexion et nos pratiques
pastorales sur le dialogue islamo-chrétien et la
migration. Il nous assure de la disponibilité du
Conseil Pontifical pour accompagner certaines de nos
démarches. La prochaine réunion
de la CERNA aura lieu à Rome du 1er au 8 mars 2015 à
l'occasion de la visite ad limina des Évêques de la
Région Nord de l'Afrique. + Vincent LANDEL Archevêque de Rabat,
président de la CERNA avec les évêques du Maghreb Rome, le 18 juin 2014 Clichés, sous- titrage, sur-lignage, et liens de la rédaction du site ADS |
![]() Sur Radio Vatican, écouter en mp3, Mgr Desfarges (5,58 mn) **** Ecouter Mgr Desfarges en real audio |
La
Croix Urbi & Orbi ***** ![]() Mgr Vincent Landel, président de la CERNA, évêque de Rabat, à la cathédrale Saint-Pierre, le 23 septembre /AFP 2006. |
L’accueil
des migrants au cœur de l’assemblée des évêques du Nord de l’Afrique
L’assemblée
ordinaire de la Conférence épiscopale de la région
Nord de l’Afrique (Cerna) se réunit actuellement et
jusqu’au jeudi 19 juin 2014 au séminaire français de
Rome, sous la présidence de Mgr Vincent Landel,
archevêque de Rabat. Elle réunit les évêques,
vicaires généraux et nonces apostoliques d’Algérie,
de Tunisie et du Maroc (l’évêque de Nouakchott s’est
excusé).
Pour la première fois, en raison de l’insécurité et des bombardements quotidiens, leurs confrères libyens n’ont pu les rejoindre, signe de la gravité de la situation dans ce pays qui a sombré dans la violence et l’anarchie généralisée... La question des migrants a été au coeur des travaux des évêques lundi 16 juin, rapporte le P. Daniel Nourissat, vicaire général de Rabat et secrétaire général de la Cerna. Une mutation profonde est en effet en train de se jouer dans ces pays qui « sont désormais des pays d’accueil », et non plus seulement de transit vers l’Europe. Ce que certains reconnaissent officiellement, « comme le Maroc ». EXPLOITATION DES FEMMES Très engagées dans l’accompagnement des migrants, les Eglises catholiques s’interrogent sur la nécessité pour elles de « se repositionner », de promouvoir davantage l’action qu’elles mènent, le plus souvent dans la discrétion. « Sans doute nos politiques d’accompagnement peuvent-elles être précieuses pour ces pays, alors qu’ils doivent désormais imaginer l’accueil de ces personnes migrantes », constate le P. Nourissat. Dans la lignée du travail du pape François contre la traite des êtres humains, les évêques de la Cerna ont décidé ensemble de se montrer plus attentifs encore à « l’exploitation de plus en plus terrible des femmes ». Par ailleurs, la Cerna planche également cette semaine sur une document commun « pour dire ce que sont les Eglises » qui la composent. Depuis le précédent texte, rédigé en 1979, celles-ci ont en effet radicalement changé de visage, « avec l’arrivée des étudiants subsahariens » (au Maroc et en Tunisie notamment), mais aussi des migrants « qui sont parfois les acteurs principaux dans les paroisses en Algérie ». « Avec la vague des ’printemps’ arabes, notre manière de vivre dans la société est différente. Nous devons nous interroger sur la manière d’accompagner les évolutions de nos sociétés », poursuit le secrétaire général. « Nous avons un texte cible mais on ne sait pas encore si le document sera prêt à la fin de la session ». DES CHRÉTIENS SOLIDEMENT CONSTRUITS La question de l’accompagnement, à la fois affectif et spirituel, des étudiants, séparés de leur famille pendant quatre années et souvent plus, sera également abordée, avec l’objectif de « les aider à devenir des adultes chrétiens, solidement construits ». Enfin, les participants échangeront des nouvelles du dialogue islamo-chrétien dans leurs différents pays et notamment quelques « initiatives récentes très fécondes », parmi lesquelles l’inauguration de la basilique de Saint-Augustin restaurée à Annaba (Algérie) par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, vendredi 2 mai. Ou encore l’ouverture de l’Institut oecuménique de théologie Al Mowafaqa, à Rabat au Maroc. En Tunisie, le diocèse présentera, lui aussi, ses initiatives en matière de formation, qui concernent également des « chrétiens tunisiens ». Enfin, mercredi 18 juin au matin, les membres de la Cerna assisteront à la messe du pape François. « Nous aurons un petit échange avec lui, l’occasion de lui dire combien nous espérons qu’il viendra nous visiter un jour », glisse le P. Nourissat. A.-B. H. 17/6/14 - 15 H 14 In la Croix Urbi & Orbi in http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Actualite/Monde/L-acc... |