Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
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MESSE COMMEMORATIVE
de Mademoiselle Claude GIRAUD dite Keltoum
présidée par l'évêque du Sahara


A l'invitation des Pères Jérôme Gavois, curé de paroisse à Sainte-Bernadette
et administrateur de Saint-Saturnin de Champigny
et Alain DUTERTRE, responsable du secteur paroissial de Champigny sur Marne,
Mgr Claude RAULT, évêque du Diocèse du Sahara a concélébré la messe
Samedi 19 juin 2010 à 18h.

Messe suivie d'un pot de l'amitié avec les membres de la famille
 et les paroissiens venus pour la messe des familles

Pour écouter le chant d'entrée, cliquez sur la photo

Les Pères Dutertre et Gavois accueillent Mgr Rault

Pour écouter l'homélie (15mn mp3) cliquez sur la photo

Messe concélébrée avec les Pères Gavois et Michel Racaud, prêtre ouvrier dans le diocèse de Créteil

Mgr Rault, avec la famille de Claude Giraud-Keltoum,
le Père Jérôme Gavois, administrateur de St-Saturnin de Champigny et quelques amies -" laïques "- de Keltoum


MESSE A ST SATURNIN. CHAMPIGNY.
19 JUIN 2010. HOMELIE.

pour écouter l'homélie, cliquez ici
(15 minutes en mp3)


Bien chers amis,


Depuis le départ de Claude Giraud pour le Ciel –car si elle n’y est pas, qui pourra y être ? – j’ai promis de venir à Champigny pour y célébrer une messe en mémoire d’elle.
Et pour commencer ce petit mot, je voudrais citer un Père Blanc, le P. Raphaël Deillon,  qui est resté de nombreuses années à Ghardaia et qui a écrit à son intention ces quelques lignes.

« C’était un petit bout de femme. Pas plus haut que trois pommes quand elle était jeune, et elle n'a jamais grandi davantage. Très vive et résolue, elle avait une haute idée du témoignage de Dieu que tous peuvent porter, grands ou petits.  "T'as pas besoin d'être un 'Mon Père' ou 'Ma Sœur' pour témoigner de l'Amour de Dieu…" me disait-elle, "il suffit d'être toi et d'être là".
Elle était tellement "là", qu'au plus fort des années noires de 90 en Algérie, où assassinats et kidnappings ne se comptaient plus, alors qu'elle aurait eu plus d'une raison de partir, elle est restée. Au milieu des gens du Sahara qui l'avaient accueillie trente ans auparavant comme institutrice. Dans les vieux quartiers de la ville de Ghardaïa, tous, mais surtout les enfants, qui la considéraient comme une maman, l'appelaient "Mademoiselle"… ou "Keltoum", son nom d'adoption dans le quartier.
Elle avait ouvert un Centre de couture pour les femmes du quartier et d'autres à des kilomètres de là, dans les dunes qu'elle parcourait en 2 CV, la dernière à hanter l'Oasis.
Elle parlait bien l'arabe, celui des marchés, celui de la cuisine et des gens simples. Dans une langue où le rude "r" roulé s'impose et fait de l'arabe la langue de l'homme, elle avait gardé son "r" parisien. Voulu, pas voulu ? Qui le dira ? Elle avait choisi de rester femme parmi les femmes comme Jésus s'était fait homme parmi les hommes. Ce Jésus remplissait sa vie. Elle était là, chaque matin à la messe de la communauté des Pères et des Sœurs. Et, comme elle était, un temps, la seule "laïque" de la communauté chrétienne, on l'appelait gentiment "notre paroisse". Elle est partie vers son Seigneur, il y a un an, laissant auprès d'une population de culture et de religion différente, le souvenir inoubliable d'une femme qui rayonnait l'amour de Dieu et Sa paix.
Si vous allez un jour à Ghardaïa, vous pourriez être reçu dans le nouveau Centre d'Accueil diocésain. Il a pour nom "Dar Keltoum", la maison de Keltoum. C'était en fait, le lieu où elle avait son petit logement. Mais 'Mademoiselle', - et ses amis l'auront reconnue -  avait un nom.  Sur ses lettres, le facteur lisait: Mlle Claude Giraud. »
   
    Ce petit mot a été écrit il y a près d’un an, mais il est toujours d’actualité, et il le restera toujours.
    Personnellement, j’ai bien connu Claude, à qui les gens avaient en effet donné le nom de « Keltoum ».
    Vous ne le savez peut-être pas, mais « Keltoum » était aussi le nom d’une chanteuse égyptienne très célèbre. Lorsque cette chanteuse est morte, ce fut un grand sujet de tristesse dans Ghardaia auprès de toutes les familles qui connaissaient Claude Giraud. Parce qu’ils croyaient que c’était elle qui était décédée. Cela pour vous dire qu’elle était très chère au cœur de nombreuses familles.

    Elle était venue à Ghardaia parce que, souffrant de problèmes respiratoires,  le médecin lui avait conseillé un climat sec et chaud. Alors un jour, elle est arrivée au désert et l’évêque l’a d’abord nommée dans une école. Et puis des personnalités de Ghardaia ont demandé qu’elle aille dans les familles démunies pour former les femmes au tricot, à la couture. Et c’est ainsi qu’elle a commencé à sillonner le désert auprès des familles qui vivaient sous la tente dans le désert. Sa petite 2 CV a vite été repérée, et elle arrivait à peine à suffire à toutes les demandes.
    Lorsque l’Algérie a connu des jours difficiles comme le disait le P. Raphaël Deillon dans son petit message, elle a dû arrêter de circuler, et malgré le danger, elle est restée dans son quartier, où toute la population veillait sur elle. Sa maison était une vraie ruche où défilaient grands et petits, femmes et enfants. Elle aimait beaucoup les enfants, qui partaient rarement les mains vides, et réussissaient toujours à obtenir d’elle un bonbon ou un gâteau ! Elle a toujours continué à recevoir des petits groupes de femmes pour enseigner couture, tricot et même broderie car elle était très habile de ses mains.
   
    Claude « Keltoum » était connue et respectée comme chrétienne dans son quartier. Elle donnait ainsi le témoignage d’une amitié et d’une solidarité et d’un amour qu’elle puisait dans la prière. Ayant vécu à Ghardaia, je puis en témoigner, chaque jour elle consacrait un bon temps à la chapelle de Ghardaia, ou elle priait chez elle. C’est là qu’elle puisait sa force, dans un attachement profond à Jésus. Elle n’en parlait pas, mais cela se lisait dans sa vie.
    Elle vivait ainsi au milieu d’une population exclusivement musulmane. Cette population était devenue sa famille, elle illustrait bien la parole de la lettre de Paul que nous venons de lire : « vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus ». Elle ne faisait plus qu’un avec Jésus, et elle voyait dans toute personne quelle qu’elle soit Jésus lui-même.
    C’est la forme la plus haute du témoignage chrétien : regarder toute personne, grande ou petite, riche ou pauvre, comme étant de sa propre famille. Le Chrétien ne doit pas faire de différence entre ses frères et ses sœurs en humanité. Toute personne rencontrée fait partie de la grande famille humaine où tous et toutes nous sommes aimés de Dieu. La vie de Claude Giraud, de Keltoum en est un exemple vivant.
    Bien sûr, cela n’a pas toujours été facile pour elle. La vie chrétienne n’est pas un chemin facile si nous voulons suivre Jésus. Il le dit lui-même, vous l’avez entendu : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive ».
Elle aussi a eu sa croix à porter, elle était d’une santé fragile, elle partageait aussi les souffrances des autres, mais elle l’a toujours fait  dans la joie, dans la disponibilité, dans le service, dans les petites choses.
    Elle nous présente la sainteté à la portée de tous. La sainteté n’est pas réservée à des grands personnages importants, ou qui le deviennent parce que l’on a beaucoup parlé d’eux, non, la sainteté aussi c’est la vie chrétienne toute simple, le service des autres, l’attachement à Jésus rencontré et servi dans les plus petits, les plus lointains, les plus faibles.
    Je suis heureux de vous parler de Claude Giraud, de Keltoum, parce que c’est à travers le service tout simple des autres qu’elle a vécu le témoignage de la vie chrétienne.
    Là où nous sommes, grands et petits, nous pouvons le faire. Sa vie et son exemple nous le montrent, et je suis sûr qu’il y en a beaucoup parmi vous qui le font, sans pour autant aller jusqu’au Sahara pour cela. Les villes, les cités sont aussi des déserts où le Seigneur nous attend.
   
    Un dernier mot. Nous avons reconstruit la maison où vivait Claude Giraud. J’ai voulu que son nom y soit attaché. C’est maintenant la maison d’accueil du Diocèse, et nous l’avons appelée « Dar Keltoum », la maison de Keltoum. Elle a gardé son nom, parce que c’est comme cela que les gens du quartier l’appelaient. Même si elle a quitté notre terre, c’est donc elle qui continue d’accueillir les personnes qui en franchissent la porte.
    Elle a si souvent ouvert sa porte pour les autres, je suis sûr que maintenant, elle est dans la maison de Dieu, une maison ouverte à tous ceux et à toutes celles qui à travers le monde frappent à Sa porte. Cette maison qui nous est ouverte aussi, à condition bien sûr que nous sachions nous aussi accueillir. Notre maison peut alors devenir à son tour « la maison du Bon Dieu », comme on le dit de toutes ces maisons qui savent s’ouvrir aux autres.
    Voilà le bel exemple d’une vie toute simple, que je suis heureux ce fêter avec vous. Soyons des maisons ouvertes, et elles deviendront vite des maisons de fête où
Jésus lui-même sera accueilli, comme il l’a été dans la maison de Claude Giraud, « Dar Keltoum » comme les gens du quartier aimaient l’appeler et continuent de le faire.

+Claude Rault.




Eglise Saint Saturnin de Champigny sur Marne
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autres pages sur Claude Giraud

Obsèques de Mlle Claude Giraud, dite" Keltoum"
(sous bandes vidéo-sonores)
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de la Genèse
à la Prière universelle

* Agneau de Dieu
(chanté en arabe)

en hommage à
 CLAUDE


En présence des membres de leurs familles
HOMMAGES à Claude GIRAUD & Mgr Michel Gagnon,
ancien évêque (+ 1er juin 2004)

brycrhommages.jpg
 par Mgr Claude RAULT,  évêque du Sahara

Bry sur Marne - 20 avril 2008

( sous bandes video -sonores)


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