Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
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QUELLE ESPERANCE AUJOURD’HUI
POUR LA PALESTINE ?

par Mgr Maroun LAHHAM

mise à jour du 24 avril 2013

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Nouvelles…. Pour rester proches
mise à jour du 20 avril 2013

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de la rédaction du site ADS,
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interview de Mgr Rault sur Radio Vatican le 26 mars 2013:
 alerte sur la situation des réfugiés saharaouis
(4mn, 922 Ko)
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BILLET MENSUEL AVRIL 2013
édition 30 mars 2013
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VŒUX DE PAQUES 2013

 

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Bien chers frères sœurs et amis.

 

       Un temps gris pèse sur nos sociétés, nos pays, nos continents et nous fait oublier que le soleil brille quelque part.

       Et la morosité ambiante nous empêche souvent de cueillir les petites fleurs de bonheur qui poussent à nos pieds.

        Ne les écrasons pas.

 

      De fortes bourrasques viennent malmener les bourgeons de liberté, et d’espoir que nous voyons éclore dans les foules agitées.

        Mais une autre Histoire est en marche.

       Partout des artisans de paix, hommes et des femmes, se dressent pour inverser la vague qui emporte les pays en guerre ou en mal de vivre.

        L’Espérance est têtue.

 

        Un certain Jésus de Nazareth, toujours vivant, a vécu ces drames et ces espérances. Il en est mort.

       Et pourtant, rien n’a pu le retenir dans le tombeau. S’Il vient nous arracher au nôtre c’est parce qu’Il a besoin de nous.


      Il y existe une complicité profonde entre Pâques et le Printemps… Notre nouveau Pape François en serait-il l’hirondelle ?

 

          Belles fêtes pascales, fêtes de l’Espérance et d’une Vie qui ne peut s’éteindre.



ltavr13_fichiers/cr130.jpg   +Claude, votre frère évêque.

 

Nouvelles…. Pour rester proches
mise à jour du 20 avril 2013

 


· Voici quelques échos de notre session diocésaine avec Mgr Maroun Lahham des 24, 25 et 26 mars, à Ghardaïa, sur « Le monde arabe : religions, Eglises et défis actuels » : les participants ont été unanimes pour apprécier son témoignage, celui d’un chrétien palestinien. Sa simplicité, sa sérénité et son espérance dans ce contexte de violence, nous ont tous conquis ! Il était heureux, quant à lui, de découvrir Ghardaïa qu’il imaginait comme un village entouré de sable !

Cette session s’est déroulée en trois temps :

- D’abord une journée et demie sur le rôle des religions dans l’évolution des sociétés arabes. Le fait religieux musulman, voire même chrétien déroute les occidentaux. De plus en plus, les arabes chrétiens demandent la reconnaissance d’une citoyenneté totale, le droit à la différence et à la liberté de conscience, ce qui est indispensable pour un enrichissement réciproque de la minorité et de la majorité. Mgr Lahham nous a aussi fait pénétrer dans cet univers qu’il connaît bien que sont les Eglises au Moyen Orient, les Eglises non catholiques et les Eglises catholiques, nous donnant quelques repères historiques qui nous permettent de mieux saisir cette riche diversité.

- Puis nous nous sommes focalisés sur la Terre Sainte : après avoir passé en revue les divers enjeux locaux – historique, humain, politique et religieux – nous nous sommes interrogés sur le sens qu’avait Jérusalem pour nous avant d’aborder la signification de Jérusalem d’une part pour les chrétiens palestiniens et d’autre part pour les musulmans.

- Et nous avons terminé par une conférence publique : « Quelle espérance pour la Palestine aujourd’hui ? ». Des amis musulmans se sont joints à nous, fort intéressés par le sujet mais moins nombreux que prévu (en raison de quelques manifestations dans la ville autour des problèmes sociaux et du chômage). Le texte de cette conférence est disponible sur le site de l’ADS.

Une rencontre que nous ne sommes pas près d’oublier. Nous avons mesuré la chance que nous avions d’avoir un témoignage direct, pas filtré par les médias.

 

· Après quelques semaines d’absence pour des raisons de santé, nous avons vu le retour du P. Jean Gaignard, qui a vite rejoint Ouargla. Bon et définitif rétablissement !

 

·  Notre évêque a participé à la semaine de rencontre de la Famille Spirituelle de Charles de Foucauld à Viviers (rencontre qui a lieu tous les deux ans). Une vingtaine de branches (religieux, religieuses, prêtres, laïcs) a vu le jour depuis la mort du Frère Charles en 1916. Le thème de la rencontre était centré sur la façon dont Charles de Foucauld a lu et médité les Ecritures, notamment les Evangiles. Ce recours assidu était assez novateur à une époque où l’accès direct aux textes était réservé à une élite. Sa passion pour Jésus et la découverte de son Visage était un fort stimulant pour le fr. Charles.
ndlr du site ADS: voir ci-dessous le texte de renvoi sur site

 

· Le diocèse était bien représenté lors de la cérémonie où Mgr Ilario Antoniazzi a reçu sa charge de l’Archidiocèse de Tunis. Le P. Johannes représentait notre évêque et deux stagiaires Pères Blancs, Lambi et Mathieu, étaient présents pour un stage à Tunis.

 

· Enfin, n’oublions pas l’événement du mois pour notre Diocèse : l’Assemblée Diocésaine annuelle qui se tiendra à Ghardaia du mercredi 24 au soir au dimanche 28 au matin sur le thème « Notre foi vécue à la lumière des Actes des Apôtres ». Vous en aurez des échos.

 

·  Sr Marie-Ignace qui partageait son temps entre El Meniaa et Blida depuis plusieurs années quitte El Meniaa et regagne sa communauté de Blida après avoir passé le relais aux Sœurs de Notre Dame de la Salette, Anna, Bernadette et Lalaïna, qui avec le P. Georges Vimard ont ainsi exprimé son départ :

 

Au moment de prendre le relais des sœurs de la Charité Maternelle à El Meniaa, nous avons apprécié la présence énergique de Sr Marie-Ignace.

Pendant quinze jours, c’est une véritable page du livre des Actes qu’elle a écrit pour nous sans le savoir. Avec elle, nous avons gagné beaucoup de maisons, frappé au battant des portails (Ac12, 13) jusqu’ à ce qu’on reconnaisse sa voix et qu’on nous ouvre ! Durant les visites aux nombreuses familles qui vivent le drame d’enfants handicapés, nous avons été marqués par la spontanéité de Sr Marie-Ignace, qui lui vient de son métier. Elle est tenace à trouver le plus petit moyen d’encouragement, de soin jusqu’à notre départ où la plupart des enfants, détendus, veulent nous garder.

Sr Marie-Ignace part ce dimanche 7 Avril 2013… comme St Paul faisant ses adieux à Milet (Actes 20). Il y avait de l’émotion : un quotidien qui se termine avec les derniers « sachets » en rangeant sa chambre, une procession jusqu’au quai de la gare.

Sr Marie-Ignace part, sa trace énergique reste un appel pour nous de ce que l’Esprit dit à notre petite communauté naissante.

Vraiment, un grand merci à Sr Marie-Ignace pour sa persévérance !

 

·   Dernière minute : un 4ème garçon, Ethan, est né chez Maëlys et Jean-Michel Jamet (anciens de Tam). MABROUK !


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calendrier de Mgr Rault avril 2013 :


Première quinzaine,  en France, d’abord à Viviers à l’assemblée de la famille spirituelle de Charles de Foucauld puis à Paris         

puis ensuite, préparation & Assemblée diocésaine , Conseil épiscopal élargi .

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QUELLE ESPERANCE AUJOURD’HUI
POUR LA PALESTINE ?

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Par Mgr Maroun LAHHAM(*)

Parler d’« espérance », au lieu d’« espoir », est significatif. « Espoir » s’arrête aux efforts des hommes, tandis que « espérance » contient une note spirituelle. Je dis cela en tant que palestinien chrétien d’abord, ensuite en tant que palestinien qui a vécu en Palestine 24 ans pendant lesquelles on a cru à certains moments que la solution était à portée de main (surtout avec les accords d’Oslo en 1994). Malheureusement rien n’a abouti et tous les « espoirs » s’évanouissent les uns après les autres.

Néanmoins, je crois qu’il faut rester optimiste pour plusieurs raisons : D’abord par principe, sinon tout devient noir et la vie devient impossible, ensuite parce qu’il faut croire en une évolution positive, quoi que lente, de l’Histoire, une évolution qualitative vers plus de justice, de solidarité et de paix. Pour un croyant cela s’appelle croire que Dieu mène l’Histoire. Une autre raison d’optimisme est le fait que les deux parties du conflit commencent à être convaincues que l’unique solution du problème est la négociation sincère et franche, avec deux Etats souverains et viables. Enfin, il y a l’Espérance qui est une vertu religieuse et qui est la dernière à mourir.

 

Quelle espérance donc, aujourd’hui, pour la Palestine ? Je parlerai de deux dimensions, une politique et l’autre religieuse.

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Dimension politique : Qui dit espérance dit nécessairement le futur. On essaiera donc de faire abstraction du présent douloureux que les mass média nous montrent tous les jours.

  • Il y a une conscience mondiale, une conviction même, que l’État palestinien est devenu une nécessité politique. Et pas n’importe quel État. Même les USA parlent d’un État palestinien « souverain et viable », c'est-à-dire avec une continuité géographique, pour barrer la route au rêve israélien, irréalisable et impossible, d’un mini État palestinien, constitué de cantons séparés par des zones « tampons » israéliennes. Cette évolution politique n’est pas un détail lorsqu’on pense qu’il y a seulement trente ans, la résolution 242 du Conseil de Sécurité parlait seulement de résoudre la question des « réfugiés palestiniens ».

  • Il y a une conscience politique palestinienne très poussée. Presque tous les jeunes palestiniens sont « politisés ». Trois facteurs ont aidé la formation de cette conscience politique :

  1. La conviction générale et généralisée chez les palestiniens que la solution de la fameuse « question palestinienne » est uniquement entre les mains des palestiniens eux-mêmes. Il aura fallu plusieurs expériences négatives avec les pays arabes « frères » – je parle de l’aspect purement politique – pour que le peuple palestinien arrive à la conviction que – comme le dit un proverbe arabe – « pour gratter ton dos, il n’y a que tes propres ongles » ما بحكّ ظهرك الاّ ظفرك.

  2. Le niveau intellectuel très élevé des palestiniens. Le peuple palestinien est l’un des peuples arabes les plus alphabétisés (98%). Ayant perdu leur pays et leurs maisons – et certains plus de trois fois – les palestiniens ont investi dans l’éducation. Et plus on a à faire à un peuple éduqué, plus la conscience politique est élevée, et par conséquent, l’espérance pour l’avenir est grande.

  3. Le contact avec les israéliens a forgé chez les palestiniens un sens politique assez aigu. Car il ne faut pas s’imaginer que les contacts israélo-palestiniens étaient seulement « pierre – canon ». Il y a de forts contacts économiques, mais il y a eu, et il y a toujours des contacts politiques… Des négociations sans fin, en Palestine et dans tous les pays du globe. Les politiciens palestiniens sont les plus capables de traiter avec les israéliens. Ils ont appris leur manière de penser, de tergiverser, de renvoyer l’application des décisions sine die, de « gérer » le problème au lieu de le résoudre.

  • La conscience politique israélienne est en train de changer. Rabin était un exemple, peut-être prématuré. Sharon a fait un retour en arrière dont on souffre encore aujourd’hui, surtout avec Netanyahou. Néanmoins, il y a une lente évolution dans les convictions politiques de la rue israélienne. Evolution causée par la fatigue, la peur, la volonté de pouvoir vivre tranquille. Il suffit de voir la peur des israéliens lorsqu’ils entendent les sirènes annonçant l’arrivée d’un missile palestinien de 50 dollars. Il est certain que lorsque la majorité de l’opinion publique israélienne (je parle de la rue) optera pour deux Etats souverains, la chose sera faite. On n’est pas encore là.

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Dimension religieuse. En Palestine, il y a les Lieux saints des trois religions monothéistes. Les chrétiens, les musulmans et les juifs y ont vécu ensemble pendant des siècles. Parler de dialogue en Terre sainte, c’est donc parler du pain quotidien. Un habitant de Palestine, fût-il chrétien, musulman ou juif, ne peut pas vivre sans des relations avec l’autre qui est différent. La Terre sainte est une terre de dialogue religieux par vocation, mais aussi par nécessité. Je traiterai non seulement le dialogue, mais aussi la vie commune entre chrétiens et musulmans en Palestine, toujours dans la perspective de l’avenir.

Je commence par dire que les relations islamo-chrétiennes dans la future Palestine seront la continuation de ce qu’elles sont actuellement, avec quelques notions qui ont besoin d’être mises au clair.

Les relations islamo-chrétiennes en Terre sainte sont bonnes. Elles sont bonnes d’abord au niveau officiel, c’est-à-dire au niveau de l’autorité palestinienne. Elles sont bonnes aussi au niveau de l’intelligentsia palestinienne. Je parle des hommes de pensée, des professeurs d’université, des écrivains, etc. Mais lorsqu’on descend dans la rue palestinienne, il y a des nuances à faire, et j’en parlerai un peu plus loin. Voici quelques raisons pour lesquelles ces relations sont bonnes :

  1. Une longue histoire. Cela fait plus de quinze siècles que les chrétiens et les musulmans palestiniens vivent ensemble. Il serait naïf de penser que ces 15 siècles se soient passés sans heurts, sans des hauts et des bas. Mais il est aussi vrai qu’une si longue coexistence a forgé chez les uns les autres la conviction que l’autre (chrétien ou musulman) constitue une partie intégrante de sa propre histoire, de sa propre culture et de sa propre civilisation. Il ne s’agit pas là d’un simple détail.

  2. Les palestiniens chrétiens ne se sont jamais considérés autres que palestiniens. Leur appartenance au peuple palestinien, dans sa large composante musulmane n’a jamais fait problème. On a pu dire que la Palestine (comme partie de la grande Syrie qui comprend l’actuelle Syrie, le Liban, la Jordanie et la Palestine) était la partie du monde arabe la plus “arabisée”, ce qui n’est pas le cas pour d’autres chrétiens dans le reste du monde arabe. Cette appartenance acceptée et assimilée, indiscutée et indiscutable, détermine largement le caractère spécifique des relations islamo-chrétiennes en Palestine. Concrètement, cela veut dire que le dialogue islamo-chrétien en Palestine se porte bien parce que les palestiniens chrétiens partagent sereinement avec leurs concitoyens musulmans, la même histoire, la même langue, le même patrimoine culturel, les mêmes espoirs, voire les mêmes réactions psychologiques.

  3. Une troisième raison pour laquelle les relations islamo-chrétiennes sont positives en Palestine est le fait que les chrétiens palestiniens sont originaires du pays, au même niveau, et même plus que les musulmans palestiniens. Cela leur donne une assurance morale et rend logique pour eux comme pour les musulmans, que le pays, la société et la vie quotidienne est islamo-chrétienne.

  4. Enfin, “à quelque chose malheur est bon”. Il est vrai que la situation politique dans laquelle vit la Palestine depuis le début du 20ème siècle a aidé, d’une certaine manière, le dialogue islamo-chrétien. Car la souffrance unit, aussi bien que le fait de se trouver devant un adversaire commun. Et ce qui se fait aujourd’hui s’est répété dans l’histoire : Chrétiens et musulmans se sont unis pour combattre les Croisés (chrétiens), les Turcs (musulmans) et maintenant les Israéliens (juifs). Ce n’est pas pour rien que nos fidèles sont passés du statut de chrétiens palestiniens” à celui de “palestiniens chrétiens”.

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Mais avec tous ces aspects “positifs” il y a aussi les malentendus, des soucis, des poids historiques, des préjugés, des prises de positions, des questions encore sans réponse, et qui constituent une matière pour continuer l’effort de recherche et de discussion dans la Palestine à venir. Je cite quelques points :

  • Nous avons mentionné la rue musulmane palestinienne. La rue musulmane palestinienne regarde parfois le chrétien palestinien avec une petite ombre de doute sur son appartenance totale et franche à la cause palestinienne et arabe en général. Le motif de ce nuage de doute populaire se trouve dans le fait que les trois institutions essentielles qui forment la base musulmane (la famille, l’école et la mosquée) font peu ou rien pour éduquer la rue palestinienne à un sain pluralisme, et par conséquent à un regard d’égalité foncière entre chrétiens palestiniens et musulmans palestiniens. En fait, dans les cercles fermés de famille (c’est aussi vrai dans les familles chrétiennes), on parle souvent mal de l’autre. Le curriculum scolaire palestinien parle plus des non- musulmans que des chrétiens, ce qui est déjà un signe, et les mosquées, qui sont un lieu de formation populaire par excellence, parlent timidement du concitoyen chrétien. Il y a là un grand effort à faire du côté palestinien musulman. L’absence d’une autorité palestinienne efficace, le désordre politique, la séparation entre palestiniens, n’aident pas encore à pousser dans ce sens.

  • Un autre malentendu est de couleur historique. Comme l’Occident confond facilement entre arabe et musulman, l’Orient confond facilement entre l’Occident et le christianisme. Le palestinien chrétien est facilement lié à l’Occident et à tout ce que fait l’Occident (croisades, colonialisme, sionisme, conflit israélo-arabe, capitalisme, guerre du Golfe, de l’Afghanistan, Iraq etc.) Le chrétien sent qu’il a sans cesse besoin d’affirmer son arabité, et de répéter qu’il n’a rien à faire avec ce que l’Occident fait au niveau politique, économique ou militaire.

  • Une troisième source de malaise est de l’ordre des nombres. Car, des 15 siècles de coexistence avec les musulmans, il y en a bien 13 de statut de minorité. Pendant des siècles, le statut de majorité musulmane et de minorité chrétienne a forgé chez les uns et chez les autres une mentalité qui ne facilite pas toujours le dialogue. Du côté majoritaire, on parle facilement de tolérance, de protection, voire même de privilèges, ce que les chrétiens ne veulent pas ; car ils considèrent justement que la citoyenneté, les droits et les devoirs, relèvent de la personne humaine, non des statistiques. Et du côté minoritaire, il y a une certaine tendance à la peur, à la recherche d’une protection étrangère, une certaine résistance à descendre dans la place publique, et l’exagération de petits incidents quotidiens. Le côté musulman (majoritaire) n’a pas encore donné des assurances claires aux chrétiens, et qui soient capables de dissiper ces appréhensions qui relèvent à la fois de la psychologie, de l’histoire et de la prudence.

  • Un dernier élément est l’islamisme montant dans différents pays, quoique avec des couleurs différentes. Disons aussi que l’Islamisme palestinien (le Hamas) n’est pas dangereux pour les chrétiens palestiniens. Il est né dans un contexte d’injustice politique, et une fois la justice et la paix rétablies, nous espérons qu’il se transformera en un mouvement politique avec une référence religieuse. Néanmoins, et comme le religieux et le politique s’entre pénètrent dans l’Islam, nous voyons l’apparition d’un nouveau vocabulaire à couleur islamique, et qui donne quelques appréhensions au chrétien palestinien; des expressions comme “L’Islam est la solution”, Jérusalem – et la Palestine est un Waqf (propriété religieuse) islamique, les nouvelles Croisades etc.


Conclusion

Les petites ombres du dialogue islamo-chrétien en Palestine n’arrivent pas à la crise, et certainement pas à la panique. C’est que le fil conducteur des relations islamo-chrétiennes est autre. Il y a, de part et d’autres, des “sages” – concept très important en Orient – qui déjouent les petits incidents et les empêchent de s’envenimer. Et ces sages, de côté musulman, se trouvent dans la classe politique dirigeante aussi bien que dans le monde des responsables religieux. Mais les responsables religieux, de part et d’autre, ont aussi autre grand défi à relever: celui d’aller souvent à contre-courant, i.e. contre la mentalité de la rue palestinienne, chrétienne et musulmane. Du côté chrétien, les responsables religieux doivent prêcher que la présence chrétienne palestinienne dans un monde musulman n’est pas le fruit du hasard, mais qu’elle est bien la volonté de Dieu. Il s’agit donc d’une mission. Dieu veut que les palestiniens chrétiens le soient, au milieu, avec, au service et pour les palestiniens musulmans. Et du côté musulman, les responsables religieux musulmans doivent dire tout haut que la société palestinienne musulmane et le futur Etat palestinien sont inconcevables sans la composante chrétienne. Il y faut du courage, une vision objective et claire et de la réalité palestinienne, et surtout beaucoup de patience ... et de prière.

(*) Archevêque de Tunis jusque janvier 2012, Mgr LAHHAM est vicaire patriarcal pour la Jordanie près du patriarche latin de Jérusalem.

(Nota : illustrations & *, de la rédaction du site ADS)
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Des communautés de Prière en Terre d'Islam
de Claude Rault, évêque de Laghouat ( Sahara algérien)
partage donné à Viviers le 5 avril 2013

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