Bien chers amis.

Durant ce mois de juillet, j’ai retrouvé avec plaisir le pays natal pour un temps de vacances, et je viens d’y bénir le mariage de l’une de mes nièces. Ce fut une belle occasion pour renouer des relations que l’espace et le temps ne permettent pas toujours de bien maintenir. Parlant « vacances », surtout avec les plus jeunes, un certain nombre m’ont dit qu’ils avaient choisi de visiter Japon, Népal, Vietnam, Cambodge, Thaïlande, ou encore Madagascar… Parfois les aléas de la profession les propulsent dans ces pays, c’est maintenant devenu presque banal. Nous sommes dans des sociétés où bon nombre sont en perpétuelle « migration planétaire », qu’elle soit estivale ou professionnelle !

Mais cela nous mène assez loin de ces autres« migrations » qui marquent profondément notre diocèse, comme l’ensemble du Maghreb, et de la Planète. Elles deviennent un sérieux défi, voire même une grâce à saisir.

Au cours de la dernière Conférence des évêques d’Afrique du Nord, nous nous sommes longuement arrêtés sur cette préoccupation majeure pour nos communautés. Nous l’avons bien marqué dans le communiqué final :

« La question des migrants est revenue à de nombreuses reprises dans nos travaux : leur courage, leur espérance, leur foi suscitent bien souvent notre admiration. Ils contribuent de plus en plus à la vitalité de nos communautés chrétiennes… Nous sommes cependant touchés par les situations dramatiques que subissent bon nombre d'entre eux, la violation fréquente de leurs droits, mais aussi les trafics dont ils sont victimes. Nous dénonçons le fait qu'ils soient trop souvent considérés comme des délinquants, y compris par l'opinion. Dans la lignée du travail du pape François contre la traite des êtres humains, nous voulons nous montrer plus attentifs encore à l'exploitation de plus en plus terrible des femmes et des enfants. En même temps, nous soulignons une mutation profonde qui se joue dans nos pays : ils ne sont plus seulement des pays de transit vers l’Europe mais des pays d’accueil…

Nos Eglises veulent s'engager toujours plus dans l'accompagnement et la défense des migrants, et proclamer haut et fort l'injustice profonde de la situation de ces « pauvres de Dieu ». Nous remercions tous ceux qui œuvrent au plus près des migrants, dans l'Eglise, mais aussi dans les sociétés civiles de nos pays : ils contribuent à une meilleure connaissance des personnes migrantes, et à aider les pouvoirs publics à imaginer des politiques plus respectueuses des droits de ces personnes. »

Cela valait la peine de reprendre cette citation que les conversations avec ma famille m’ont ramené à l’esprit. Les migrants ne sont pas tant des « problèmes » qu’une question posée à nos Eglises. Et la clé de toute réponse est qu’ils sont avant tout des personnes. Et l’on ne peut les accueillir de façon conforme à l’Evangile et aux droits humains que comme telles.

Il est bon de voir que souvent la façon même de les nommer subisse une réelle évolution. De plus en plus les personnes engagées parlent de « personnes » lorsqu’il s’agit de handicapés, de s.d.f. de prostituées…La tentative est bien de remettre la personne au centre de nos sociétés et de nos communautés. Ce qui fait en effet problème, ce n’est pas elle en tant que telle, mais la situation dans laquelle elle se trouve.

Sans aller plus loin, aborder la migration et les migrants sous cet angle, c’est se rappeler qu’ils sont nos frères et sœurs en humanité, enfants de Dieu comme nous le sommes, créés à son image et aimés de Lui. Une fois que nous l’avons bien compris, notre relation n’est plus la même.

« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 34).Cette parole est tranchante. Les accueillir comme personnes, c’est donc accueillir Jésus lui-même.

  + Claude, votre frère évêque

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                       Juillet 2014

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