Bien chers amis.
Voici quelques jours, le 1er juin, nous faisions mémoire
de Michel Gagnon, mon prédécesseur, décédé
soudainement voilà 10 ans chez un de
ses grands amis d’El Bayadh. Rien ne
laissait présupposer une fin si
rapide, même si l’on sentait chez lui
une longue et profonde fatigue. Il
avait voulu se faire accompagner pour
cet ultime voyage de Pentecôte par un jeune
stagiaire, Dieudonné. Mais qui
pouvait prévoir qu’il aurait été
emporté en pleine course, comme un
cavalier infatigable sur son
cheval ?
Permettez-moi quelques réflexions
plus personnelles. Il m’avait confié une
année plus tôt (j’étais alors
Provincial des Pères Blancs) son
intention d’écrire à la Congrégation
pour l’Evangélisation des Peuples,
pour donner sa démission, vu sa
fatigue, son usure et sa grande
difficulté à faire face maintenant à
sa charge. Au regard de la rapidité
donnée à la succession, j’en ai conclu
plus tard que sa lettre avait
effectivement été faite et prise en
compte.
Lorsqu’il avait pris
sa charge en 91, il m’avait
« reconduit » comme vicaire
général, et demandé de le rejoindre à
Laghouat au moins pour la première
année, me disant qu’après « il me
tirerait de la naphtaline » pour
une autre nomination. C’est donc
pendant cette année là que j’ai appris
à le connaître et à l’apprécier. Ce qui m’a le plus
impressionné chez cet homme, c’est
sa Foi ! Cela devrait aller de
soi chez un évêque… mais elle était
solide comme le roc, entière, sans
fioriture, bien trempée dans la
tradition de l’Eglise, et l’Ecriture.
A Laghouat, il m’arrivait de
concélébrer la messe avec lui. Nous
avions renoncé à célébrer avec la
communauté locale… c'est-à-dire à 6h30
du matin ! Michel travaillait
tard dans la nuit et il était mieux de
célébrer en fin de matinée. Je n’en
étais pas du tout mécontent. A chaque
messe célébrée, même avec moi tout
seul comme « assemblée »… il
faisait une bonne homélie ! C’est
là que j’ai pu mesurer la solidité de
cette Foi dont je viens de parler.
Elle s’enracinait et dans la vie de
l’Eglise et dans la vie des gens qu’il
côtoyait, gens simples comme personnes
plus intellectuellement équipés.
Un autre trait que je voudrais noter,
c’est l’étendue
de
son savoir, un savoir qu’il
n’étalait pas mais qui montrait une
rare mémoire. Qui
savait qu’il était un bon joueur de
saxo ? Il aimait la
musique : classique, jazz… et son
répertoire était étonnant. C’est sans
doute cela qui le tenait bien éveillé
lors de ses longues traversées du
désert. Je dois ajouter aussi sa grande connaissance
de l’arabe, de l’islamologie, de
l’histoire musulmane. Il avait une culture
générale étonnante. Il me plaisait
lors de nos grandes randonnées de le
faire parler (au volant, il s’y
prêtait volontiers !) et j’ai pu
ainsi repasser tous mes cours suivis
au PISAI quelques années auparavant.
Ce savoir était parsemé d’humour, ce
qui donnait du piquant à ses propos.
Humour qu’il ne craignait d’ailleurs
pas d’appliquer à lui-même… signe des
grands hommes ! Michel aimait les Musulmans, avec ce sens critique qui n’en voilait pas les limites. Mais il les aimait ! J’ai reçu après sa mort des témoignages bouleversants de cette amitié, qui touchaient aussi bien les lettrés que les petits. Avec les uns et les autres, il tenait le langage approprié, laissant parler son cœur aussi bien que son intelligence. J’ajouterais qu’il était « homme de devoir » dans le sens noble du terme. Pendant la longue « décennie noire », il ne s’est jamais dérobé lorsqu’il fallait prendre la route pourtant parfois dangereuse… Inconscience ? Ou plutôt grande conscience de son devoir de pasteur ? Michel, tu étais l’homme « des grands espaces et des vastes horizons ». Je ne t’imagine pas figé dans un Paradis que tu n’as pas démérité. Je te vois, parcourant le vaste Univers, circulant entre les étoiles, toujours habité par l’Amour de ce Dieu Grand et Beau qui a rempli ta vie. Un ami m’écrivait ces jours-ci en parlant de toi. Tout est dit en ces quelques mots : « Pas un jour qui ne passe sans avoir au moins une occasion qui me ramène à Michel, cet homme de Dieu qu'il m'a été donné de connaitre, de côtoyer, et de tant apprécier...Cet HOMME au sens plein du terme, avec son sens du partage, son humour sur lui-même, son intelligence si vive, son regard sur les choses simples, son regard sur ses limites.... une vraie école ! » |
Nouvelles…. Pour rester proches
● Anne et Patrick nous ont donc quittés… laissant un grand vide dans les locaux de l’évêché, dans la paroisse, et dans la maison d’accueil, Dar Keltoum. Mais sur leur calendrier, ils ont déjà noté des dates de retour pour des visites. Nous les attendons. Ils ne vont pas laisser la place vide puisque nous espérons recevoir un autre couple envoyé eux aussi par la DCC : Luc et Marie Feillée, bien dotés eux aussi de bons cv mais surtout désireux de faire caravane avec nous. Ils ont pu voir sur place les postes de travail qui les attendent (à la photothèque et au secrétariat), et prendre connaissance avec la communauté locale. Merci d’avoir choisi notre Eglise diocésaine pour commencer leur retraite… ● Depuis quelque temps le P. Marek de Tam aspirait à reprendre les études d’arabe et d’Islamologie. Notre évêque s’est mis en quête d’un successeur comme curé de Tam. Après avoir pris contact et auprès de l’intéressé (Bertrand GOURNAY) et auprès de son évêque, et fait les formalités de visa, il a obtenu celui-ci. Nous l’attendons donc pour la mi-aout. Merci à Mgr DI FALCO de bien vouloir nous l’envoyer. Voilà qui va resserrer les liens entre nos diocèses. Le Diocèse de Gap en effet a accueilli pendant longtemps le Noviciat des Pères Blancs et notre évêque Claude y a fait son noviciat, et en a été économe de 1968 à 1970. Il y a d’ailleurs gardé des liens de fidèles amitiés. Bertrand est venu voici quelques années faire un pèlerinage à Tam et les lieux ne lui sont pas inconnus. Un beau et nouveau défi pour ce prêtre qui a passé la soixantaine ! Bienvenue à Bertrand ! Notre évêque doit le visiter à Briançon à la fin du mois de juin et rencontrer Mgr di Falco, l’évêque de Gap. ● La communauté des Pères
Blancs de Ghardaia va recevoir des
renforts : le
P.
Mariusz Bartuzi,
venant de Tizi Ouzou, vient d’y être
nommé pour un an. Nous espérons aussi
un second stagiaire après le départ de
Matthieu pour les études. Un espoir se
dessine aussi de ce côté à Ouargla. Sr Serena, qui a été un peu la « mère » de la communauté des Sœurs de l’Immacolata à Hassi Messaoud (pour avoir longtemps porté ce projet…), a quitté le Diocèse pour celui d’Oran. Mais elle va être relayée par Sr Annammal, une Sœur Indienne du Cameroun, qui vient d’obtenir son visa. Une bonne nouvelle pour les deux communautés concernées ! ● Le P. Felix et notre évêque Claude vont se rendre à Rome pour participer à la CERNA du 14 au 18 juin. Felix, qui a subi une petite opération, annonce un bon bilan médical ! Il doit revenir au début de juillet.
Calendrier de Mgr
Rault
début juin : Tamanrasset et l’Assekrem. Alger : Comité National Caritas à la mi juin
: CERNA (Rome) & Visites diverses à Rome
(Congrégations) ****************************************** |
En
mémoire de Mgr Michel Gagnon Hommage de la Rédaction du Site ADS sur Youtube et diaporama sur cette page |
Avec Gérard Chanron(à d), économe du diocèse (DCC 2002-2004), Dieudonné (milieu) visionne le film DVD qu'il a réalisé sur les obsèques de Mgr Gagnon avec la caméra de Björg SIGURDARDOTTIR (à g) ****************************************** |