Bien chers amis.

Pour marquer la nouvelle étape vers l’Assemblée Interdiocésaine d’octobre nous avons retenu cette phrase forte de Timothy Radcliffe : « La paix du monde naîtra de la rencontre entre l’Islam et notre Foi ». Avouons que l’enjeu est de taille et que ce défi vaut la peine d’être relevé ! A dessein, dans ce billet, je crois bon de reprendre à mon compte la trame de la réflexion proposée aux membres du diocèse qui est profondément marqué, plus que d’autres peut-être, par cette spécificité : notre existence chrétienne ne prend vraiment de sens que dans nos relations avec les musulmans. Sans celles-ci, nous serions condamnés à rester clôturés dans une bulle jusqu’à y étouffer ! Notre présence évangélique est à la fois stimulée et enrichie par un coude à coude quotidien avec les croyants de l’Islam. Au fil du temps, notre enracinement s’est fait et se poursuit comme par osmose, sans que parfois nous nous en rendions compte. Le P. Scotto, alors évêque de Constantine, l’exprimait ainsi : « Ce que je fais ici, je ne sais pas trop le dire, mais les choses ne seraient pas pareilles si je n’y étais pas » ! Revenons aux trois points de cette étape.

• A quelle conversion personnelle cela m’engage-t-il ?

D’abord à une adaptation permanente. Car c’est chaque jour que « l’autre-musulman » me confronte à nos différences, tout en me faisant réaliser que nous sommes bien de la même humanité. Cela m’empêche de me cantonner sur des positions de foi que je croyais définitivement acquises. Souvent, suite à une rencontre, un témoignage reçu, je me dis comme Jacob après sa vision : « En vérité, Dieu était là et je ne le savais pas » (Gn 28,16). Je ne puis douter de la mystérieuse présence de Dieu dans l’Islam. Et ma prière est le lieu de reconnaissance de cette Présence qui me tient en éveil.

Une autre conversion : c’est la découverte sans cesse renouvelée de la présence de Jésus dans les pauvres, les petits, ceux qui mettent leur confiance en ce Dieu et constituent déjà le peuple des Béatitudes. Eux aussi m’interpellent fortement et sont un perpétuel appel à découvrir à travers eux la présence du Dieu « Le Plus Grand » non seulement dans sa Toute Puissance, mais dans la faiblesse même.

• Quelle conversion pour l’Église ?

Nous sommes amenés à un décentrage. Si nous voulons approfondir ce que nous sommes, nous ne pouvons nous passer ni des Musulmans ni de l’Islam. C’est grâce à eux que nous consolidons notre propre identité. Il pourrait y avoir une prétention à nous croire au centre, et même à nous identifier, au Royaume de Dieu. Nous ne sommes pas le Royaume, même si nous en sommes, humbles serviteurs et servantes tout ordinaires ! Mais ne relativisons pas notre présence : elle est indispensable, quelle qu’elle soit numériquement. Tout d’abord pour discerner ce Royaume qui nous dépasse, le contempler, le faire grandir. Nous en sommes artisans avec la grâce de Dieu. Mais aussi pour le célébrer. Voilà pourquoi je pense qu’une présence d’Église, même dans sa plus grande insignifiance est essentielle.

• Les moyens concrets pour vivre notre vocation ?

C’est en premier lieu notre humble vie de présence, d’engagement et d’accueil au milieu de la population musulmane. Une vie à la suite de Jésus qui «a passé en faisant le bien » (Ac.10,38) comme le disait l’apôtre Pierre.

Pour donner tout son sens à cette présence, nous avons besoin de partager en Église notre vécu à la lumière de la Parole de Dieu. Elle est, cette Parole, le « miroir » de notre existence au milieu des croyants de l’Islam. Ce partage est indissociable de l’Eucharistie qui nous fait Pain et Vin, Corps du Christ pour la vie du monde. Tout ce qui peut rendre notre présence plus cohérente, plus vraie et plus évangélique est à mettre en œuvre. Soyons donc attentifs à ce que nous vivons et à ce que nous célébrons.

C’est dans l’approfondissement de la Parole de Dieu, dans le creuset de l’Eucharistie que le quotidien de notre existence − vie fraternelle, prière, engagement, travail, rencontres − trouve tout son sens et fait de nous un humble Pain Vivant « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

  + Claude, votre frère évêque

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Nouvelles…. Pour rester proches

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Samedi 17 mai 2014 – Fête de notre départ – Prière d'offrande – Anne et Patrick de Boissieu

Nous étions rassemblés ici en juillet dernier pour fêter nos 40 ans de mariage. Ce soir, ce sont ces 3 années en Algérie que nous offrons au Seigneur. Chantons et louons-Le en action de grâce pour son œuvre à Lui. Il nous a choisis comme ses instruments... et quand on n'a pas le bon outil, on fait comme on peut avec celui que l'on a !

C'est son œuvre à Lui : Nous ne connaissions pour ainsi dire rien à l’Algérie, rien non plus au monde arabe, rien à l'islam, rien à la langue arabe ni classique ni dialectale... Nous étions façonnés par 60 ans de vie en France, par le monde occidental et ses richesses de tous ordres, mais aussi par nos brefs voyages à l'étranger et par notre engagement avec la Mission de France.

Nous t'offrons, Seigneur, le temps des débuts, où tout était à découvrir du pays et de l’Église locale, temps de l'enthousiasme des commencements, parfois un peu béat, des premiers contacts, des tâtonnements ; temps aussi de délestage, de dépouillement pour accueillir les différences, en tous genres, à commencer par les détails de la vie quotidienne ; par exemple apprendre à se mettre dans la bonne chaîne pour acheter le pain...

Nous t'offrons les moments de joie, de rencontres, nos relations de voisinage, le pèlerinage à l'Assekrem et celui tout récent à Hippone, la retraite à Ben Smen, nos visites dans toutes les communautés du diocèse, et quelques autres, où nous avons été si chaleureusement reçus, les Assemblées diocésaines, les sessions d’islamologie, le Ribât es-Salâm ; et aussi les bons moments à Dar Keltoum et ce que l'accueil a permis : l'initiation de Patrick pour la photothèque et notre voyage en Tunisie. Nous t'offrons nos balades de weekend et l'accueil des personnes rencontrées en chemin.

Nous t'offrons notre humble travail, celui tenace de Patrick à la bibliothèque et dont on goute les prémices, les cours de français et les rencontres occasionnées ainsi que les heures de réunion et les comptes-rendus un peu ingrats à rédiger... Nous t'offrons la confiance et l'amitié de Claude pour nous...

Nous t'offrons aussi les temps d'épreuve, les moments d'incompréhension, de fatigue ou de découragement quand notre présence ici semblait perdre son sens et que sa saveur devenait fade ou amère, quand l'éloignement de la famille, des petits-enfants surtout, faisait mal. Nous t'offrons aussi le soutien que l'un ou l'autre nous a alors apporté.

Nous ne pouvons les énumérer tous, mais nous te confions tous ceux que tu as mis sur notre route, les rencontres brèves et les liens tissés au fil des mois.

Nous t'offrons ces derniers mois plus difficiles, surtout pour les gens d'ici plus que pour nous, avec les affrontements entre les communautés ici au Mzab ; avec, pour nous, beaucoup d'incertitudes au quotidien dans le travail, avec la déception de devoir annuler ou reporter ce que nous avions prévu, avec un sentiment d'inachevé...

Comment ne pas t'offrir aussi cette invitation à revenir, à ouvrir une nouvelle page, avec ce cadeau tombé du ciel que sont nos nouvelles cartes de séjour !

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Merci Anne & Patrick
la rédaction du site ADS

(cliché GB)
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