Bien chers amis, Pour nous, chrétiens, la période du Carême rappelle inévitablement le désert : c’est là que Jésus y a affronté les forces du Mal. Mais le désert évoque bien d’autres aspects. Pour certains, il est un lieu d’évasion dans une région où lumière et ombre se croisent à l’état nu. Pour d’autres, c’est un espace de solitude qui permet recul et intériorisation. Pour d’autres encore, le parcourir, y voyager, y travailler, voir même y vivre sont leur condition ordinaire Mais le désert, dans sa dure actualité, peut être aussi une rude épreuve, et c’est cela que je voudrais surtout évoquer. Aujourd’hui encore, faut-il le rappeler, beaucoup de migrants venus des pays subsahariens en tentent la traversée pour réaliser le rêve d’une vie meilleure qui se noie dans la désillusion. Je vous en parlais dans un billet récent. Ils sont encore plus nombreux actuellement en raison de la guerre ou des conflits qui sévissent dans les pays voisins. De plus en plus, nous voyons maintenant affluer des femmes et de tout jeunes enfants contraints de mendier dans les rues de plusieurs villes du Sahara. Ils sont surtout originaires du Niger, ayant souvent transité par la Lybie. Entassés dans des lieux publics, ils bénéficient de la solidarité et de la charité de bienfaiteurs locaux, mais ils sont bien loin de vivre dans des conditions décentes. Quel sera leur avenir ? D’autres encore se trouvent toujours emmurés dans une interminable attente, peu à peu recouverts par les sables de l’oubli. Dans l’extrême sud-ouest du désert algérien, vous le savez, c’est le cas de plusieurs milliers de réfugiés sahraouis qui ont dû fuir leur terre occupée par le pays voisin. Ils sont toujours privés du droit de prendre en main leur propre destin comme l’ont prescrit les conventions internationales. Et cela dure depuis près de 40 ans ! Faut-il le répéter ? Cela veut dire que, depuis cette fuite au désert, des générations n’ont connu ni liberté ni droit à leur terre. Ils vivent refoulés dans l’extrême sud de l’Algérie qui a bien voulu les accueillir. Les voici figés dans une attente interminable que les grands de ce monde consentent enfin à ce que leur droit soit reconnu. Ces « prisonniers du désert » ne vivent que grâce à la solidarité internationale, le Programme Alimentaire Mondial, que la récession économique amenuise d’année en année. Quelques ONG viennent y apporter une aide humanitaire supplémentaire pour leur permettre de ne pas mourir et les tirer de l’oubli. Leur pays d’accueil offre ce qui lui est possible d’offrir. Mais l’application de leurs droits fondamentaux reste en suspens… Que dire de l’injustice qui pèse sur ceux qui, sur la terre qui est la leur, osent redresser la tête? Des instances internationales ont dénoncé récemment le procès injuste et les conditions d’incarcération qu’ils ont connus. Ils ont été récemment sanctionnés par des peines sans mesure au regard de leur légitime revendication. Que faire et que dire pour que le droit de tous ces « prisonniers du désert » soit reconnu et que soient appliquées les conventions internationales dûment réitérées ? Ces propos, je les exprime et au nom de ma foi et au nom de mes convictions humaines les plus profondes, que ce temps de Carême vient réveiller. Ils sont comme l’écho en moi de ce passage du Prophète Isaïe, entendue au début de ce temps liturgique : « Ne savez-vous pas quel est le jeûne qui me plaît ? Rompre les chaînes injustes, délier les liens du joug ; renvoyer libres les opprimés, briser tous les jougs ; partager ton pain avec l’affamé, héberger les pauvres sans abri, vêtir celui que tu vois nu et ne pas te dérober devant ta propre chair. Alors ta lumière poindra comme l’aurore… » (Isaïe 58, 6-8). Et si cette lumière
était l’annonce de l’entrée dans
la Terre promise de ceux qui en son
exclus ? + Claude, votre frère évêque. |
Nouvelles….
Pour rester proches
● Après plusieurs jours d’attente, nous avons la joie d’accueillir deux Sœurs de la Congrégation des Sœurs de Notre Dame du Lac, fondée par les Sœurs Blanches. Elles viennent pour une visite dans le diocèse ; c’est un premier contact plein d’espérance. Ce voyage fait suite à une visite faite par notre évêque au Burkina Faso l’an dernier, en vue de trouver des relais pour des communautés qui doivent nous quitter faute de relève. ● Nous allons accueillir à Ghardaïa pendant deux jours Najet Majid et Jean-François Debargue pour une « évaluation des capacités organisationnelles » de la Caritas diocésaine. Nous leur souhaitons un travail fructueux avec la Caritas locale. ● Le P. Jean d’Ouargla va devoir prolonger son séjour en France, suite à une opération réussie mais qui exige un suivi médical. Il espère nous rejoindre au milieu d’avril. Nous l’attendons avec empressement, mais que cela ne soit pas au détriment d’une nécessaire convalescence. ● Le P. Raphaël Deillon a séjourné quelques semaines à Ouargla pour une visite et un renfort à la communauté. Il est aussi passé par Ghardaïa saluer ses amis. ● Thibault Dallara, volontaire DCC arrivé en novembre, a dû, à regret, quitter Ouargla mais il s’est bien adapté à sa nouvelle mission à Ghardaïa. ● La communauté de Ghardaïa se réjouit de la visite de S. Appoline qui a quitté le diocèse en juin pour poursuivre sa formation. Elle y passe une quinzaine de jours puis partira pour Rome jusqu’en juillet. ● Il y a une trentaine d’inscrits à la session diocésaine qui aura lieu à Ghardaïa les 24, 25 et 26 mars sur « le Monde arabe : religions, Eglises et défis ». Nous remercions d’avance Mgr Maroun Lahham de venir de Jordanie pour nous ouvrir les yeux et le cœur sur ce Moyen-Orient qui nous parait souvent bien lointain. ● Notre évêque Claude va participer durant la première semaine d’avril à l’Assemblée de l’Association de la Famille Spirituelle de Charles de Foucauld. Cette Assemblée, qui a lieu tous les deux ans, se tiendra à Viviers, dans le sud de la France, dans le diocèse où Charles de Foucauld avait été ordonné prêtre. ● Durant le mois de février, Petite sœur Féli (Felisa Maria) a quitté sa fraternité à El Abiodh pour rejoindre la Région d'Espagne. En arrivant de l'autre côté de la mer, elle a été disponible pour entourer Moadh, un jeune algérien, soigné pour son œil à Barcelone. Elle prendra ensuite un temps de prière, de réflexion et de repos avant de rejoindre sa nouvelle fraternité. ● Nous venons juste d’apprendre
l’élection de notre
nouveau pape François. Ce nom n’est pas sans
référence à François
d’Assise, bel exemple de simplicité et de
paix évangélique. ******** Visite dans l'Ouest (El Abiod et Aïn
Sefra) Accueil des Sœurs
de Notre Dame du Lac (du Burkina Faso) à
Alger,
|
Dans ces trois lectures je vois qu’il y a quelque chose de
commun : c’est le mouvement. Dans la première
lecture le mouvement sur le chemin ; dans la
deuxième lecture, le mouvement dans
l’édification de l’Église ; dans la
troisième, dans l’Évangile, le mouvement
dans la confession. Marcher, édifier,
confesser. Marcher. « Maison de Jacob, allons, marchons à la lumière du Seigneur » (Is 2, 5). C’est la première chose que Dieu a dite à Abraham : Marche en ma présence et sois irrépréhensible. Marcher : notre vie est une marche et quand nous nous arrêtons, cela ne va plus. Marcher toujours, en présence du Seigneur, à la lumière du Seigneur, cherchant à vivre avec cette irréprochabilité que Dieu demandait à Abraham, dans sa promesse. Édifier. Édifier l’Église. On parle de pierres : les pierres ont une consistance ; mais des pierres vivantes, des pierres ointes par l’Esprit Saint. Édifier l’Église, l’Épouse du Christ, sur cette pierre angulaire qui est le Seigneur lui-même. Voici un autre mouvement de notre vie : édifier. Troisièmement, confesser. Nous pouvons marcher comme nous voulons, nous pouvons édifier de nombreuses choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG humanitaire, mais non l’Église, Épouse du Seigneur. Quand on ne marche pas, on s’arrête. Quand on n’édifie pas sur les pierres qu’est ce qui arrive ? Il arrive ce qui arrive aux enfants sur la plage quand ils font des châteaux de sable, tout s’écroule, c’est sans consistance. Quand on ne confesse pas Jésus Christ, me vient la phrase de Léon Bloy : « Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable ». Quand on ne confesse pas Jésus Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon. Marcher, édifier-construire, confesser. Mais la chose n’est pas si facile, parce que dans le fait de marcher, de construire, de confesser, bien des fois il y a des secousses, il y a des mouvements qui ne sont pas exactement des mouvements de la marche : ce sont des mouvements qui nous tirent en arrière. Cet Évangile poursuit avec une situation spéciale. Le même Pierre qui a confessé Jésus Christ lui dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Je te suis, mais ne parlons pas de Croix. Cela n’a rien à voir. Je te suis avec d’autres possibilités, sans la Croix ; Quand nous marchons sans la Croix, quand nous édifions sans la Croix et quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur : nous sommes mondains, nous sommes des Évêques, des Prêtres, des Cardinaux, des Papes, mais pas des disciples du Seigneur. Je voudrais que tous, après ces jours de grâce, nous ayons le courage, vraiment le courage, de marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur ; d’édifier l’Église sur le sang du Seigneur, qui est versé sur la Croix ; et de confesser l’unique gloire : le Christ crucifié. Et ainsi l’Église ira de l’avant. Je souhaite à nous tous que l’Esprit Saint, par la prière de la Vierge, notre Mère, nous accorde cette grâce : marcher, édifier, confesser Jésus Christ crucifié. Qu’il en soit ainsi ! © Copyright 2013 - Libreria
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la Chapelle Sixtine le jeudi 14
mars 2013 |
*** Ouvrages à offrir comme "oeufs de Pâques" *** "Ouargla, une oasis saharienne à travers l'histoire " de Denys Pillet, M.Afr |
"Jésus , l' Homme de la rencontre " de Mgr Claude Rault, évêque du Sahara Algérien ***** |
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