Bien chers amis, « Tu es, Seigneur, le lot de mon cœur… » Vous connaissez ce cantique. Chanté par des voix africaines dans l’église de Tam, il m’a ramené à ce Negro Spiritual dont il a emprunté la musique, « Nobody knows the trouble I’ve seen… », immortalisé par Louis Armstrong. Mais bien plus que ce chant, c’est l’assemblée eucharistique elle-même qui m’a le plus marqué. La majorité de l’assistance était composée de chrétiens migrants soit stabilisés dans cette grande ville du Sud, soit en instance de départ vers le nord, toujours avec le risque d’une reconduite à la frontière. Ces chrétiens, hommes et femmes, ne sont pas venus à l’église pour demander quelque secours matériel, pour être pris en charge ou assistés. Ils sont venus prier, crier vers Dieu leurs espoirs et leurs détresses, comme le faisaient les esclaves des producteurs de coton d’Amérique. C’est dans cette assemblée presque quotidienne, à travers leurs chants de louange, leurs cris vers Dieu, qu’ils retrouvent et manifestent leur dignité d’hommes et de femmes. Ils ne peuvent l’exprimer ailleurs. Dans la rue, ils sont souvent agressés, sur leur lieu de travail, exploités, dans leurs ghettos, insécurisés. Ici, ils sont pleinement eux-mêmes : des enfants de Dieu, à qui ils demandent la protection et adressent leur merci. Et si nos Eucharisties étaient vraiment des lieux ouverts où retrouver notre identité de fils et de filles du Très-Haut, où réentendre cette voix impérative de Pierre au mendiant de la porte du Temple : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, marche ! » (Ac 3,6) ? Nos amis migrants ont quitté leurs pays d’Afrique subsaharienne non par désir d’aventure (même si quelques-uns le font aussi avec cette intention), mais parce qu’ils ne voient pas d’autre issue que de quitter leur pays soit pour des raisons économiques, ce qui est le cas le plus fréquent, soit pour des raisons politiques. Se fiant à des réseaux mafieux, en général très bien organisés, après avoir souvent demandé l’assistance de leurs familles ou de leurs amis, ils ont pris la route sans trop savoir où les mènerait leur exode. Mais leur but est de rejoindre l’Europe de leurs rêves, afin d’y trouver de quoi vivre et faire vivre leur famille qui s’est sacrifiée pour eux. Dans la majorité des cas, progressivement dépouillés de tout, c’est la désillusion qui les attend. Après une première et périlleuse traversée du désert, ils échouent à Tamanrasset ou quelque autre ville du Sud. Il leur reste encore une autre longue route à parcourir, vers le Nord, pour enfin embarquer sur des esquifs surchargés vers une Europe qu’ils n’atteindront peut-être pas. Ce qui sauve beaucoup d’entre eux, c’est leur foi indéracinable. C’est aussi une solidarité souvent chèrement acquise, mais sans laquelle ils seraient irrémédiablement perdus. C’est enfin leur désir tenace d’atteindre leur but. Il leur est impossible de faire demi-tour : revenir chez les leurs les mains vides est impensable. Leur détermination est telle que rien ni personne ne peut les décourager. Même reconduits à la frontière dans des conditions parfois presque inhumaines, ils reviennent pour tenter l’aventure encore et encore. . Nous devons tout faire pour rendre aux migrants leur dignité d’hommes et de femmes. Et il est heureux que nos assemblées puissent être des lieux d’accueil pour cela. Elles sont aussi le point de départ de solidarités et de prise en main par les migrants eux-mêmes de leur propre condition. Mais nous ne pouvons séparer ces préoccupations immédiates des graves problèmes économiques et sociaux. Comment ne pas ressentir un sentiment d’impuissance face à l’ampleur de ce phénomène ? Nous le savons, l’Europe après avoir fermé ses portes aux migrants, exporte son savoir faire sécuritaire. Nous sommes loin de l’aide au développement ! Réaffirmons sans cesse la primauté du respect des droits humains sur le contrôle des flux migratoires. Notre foi et nos convictions humaines les plus fortes nous invitent à humaniser la mondialisation. Cela veut dire, en amont, promouvoir d’autres politiques de développement et dénoncer les échanges commerciaux inégaux qui appauvrissent l’Afrique, et rendent inéluctables les migrations que nous connaissons.
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Nouvelles….
Pour rester proches
● Le 1er décembre, deux Petites Sœurs de Jésus, Giulia (italienne) et Jasmin (allemande), présentes dans le diocèse depuis plusieurs mois, feront leur premier engagement dans leur Congrégation. Que Dieu les bénisse et multiplie leur nombre ! ● Le P. Philippe, d’Adrar, après une série de soins médicaux, est revenu parmi nous. Ses bilans sont rassurants : bienvenue et total rétablissement ! Il y retrouve Sr Christiane qui vient d’y passer une partie de l’été ! ● Thibault Dallara, volontaire, de la DCC, ainsi que Lambi Lokolwa, stagiaire des SMA (Pères Blancs) viennent d’obtenir leur visa et ont aussitôt rejoint la communauté de Ouargla qui retrouve une première jeunesse. La bibliothèque va de nouveau pouvoir être ouverte de façon régulière. Bienvenue à eux et longue vie aux Anciens ! ● Le Pt Fr. Sbechek a quitté le Plateau de l’Assekrem pour ses congés. Il va passer quelques semaines en Pologne pour y rejoindre ses parents et visiter les Fraternités. Il reviendra au seuil de l’hiver, moins rigoureux qu’en Pologne. Encore que… ● Nous venons d’apprendre le décès de la maman de Pte Sr Raymonde Andrée de Béni Abbès le 6 novembre dans sa 97ème année. Nous l’assurons de notre fraternelle amitié et de notre prière. ● Le P. René de Tiaret est maintenant remis après avoir été bien secoué par un accident de voiture sur la route d’Aïn Sefra où il allait rendre visite aux Sœurs ; par contre sa voiture est encore sur la table d’opération ! ● Voici quelques nouvelles d’Assunta, repartie dans son pays, le Japon : « Je suis au Japon déjà pour le 4ème mois mais je suis très grande étrangère à mon pays, Quant j’étais passagère cela s'était tout bien passé ; mais maintenant je suis résidente alors je suis une grande handicapée, il me semble qu’il faut passer par là. Jai visité Fukushima 2 fois, j'ai rencontré les victimes et les lieux de catastrophique naturelle déjà 1an et demi... mais les gens sont bien tristes et angoissés pour leur avenir. L’Eglise continue à aider par les volontaire et avec les groupes de protestants aussi, et nous cherchons le chemin de mission avec eux... in châ Allah bon chemin s'ouvre avec notre année de la Foi… ». ● Notre évêque
Claude a participé à Rome à
l’ouverture du 125° anniversaire de la
campagne antiesclavagiste de Charles
Lavigerie, alors
archevêque d’Alger. Ce fut l’occasion
d’éveiller les nombreux participants aux
nouvelles formes d’esclavage toujours
présentes dans notre monde d’aujourd’hui.
Deux conférences ont été
données qui pourront vous être
transmises lorsqu’elles seront disponibles, l’une
sur l’historique de cette campagne, l’autre sur
les nouvelles formes d’esclavage moderne.
Calendrier de Mgr Rault Novembre
2012
Célébration
de la Toussaint à Tamanrasset *
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(liens & photos de la rédaction ADS)
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Communiqué
de presse de la CERNA
21 novembre 2012 ![]() A noter l'élection de Mgr Claude RAULT, vice-président de la CERNA. CONFERENCE DES EVEQUES DE LA REGION NORD DE L'AFRIQUE (CERNA) Communiqué final La Conférence
des Evêques de la Région Nord
de l’Afrique (CERNA)
s'est réunie du 18 au 21 novembre
2012. Y ont pris part tous les
évêques et leurs collaborateurs
ainsi que l'administrateur apostolique de
Laayoune, à l'exception de Mgr
Giovanni Martinelli, vicaire apostolique de
Tripoli, convalescent. Le Père
Jean-Louis Barrain, vicaire
général de Nouakchott, et Mgr
Domenico Mogavero, notre hôte, ont
participé à nos travaux. Mgr
Vincent Landel, archevêque de Rabat et
président de la CERNA, a conduit
cette réunion. Regardant avec foi et espérance l'évolution des pays du Maghreb depuis un an, la CERNA constate que les 3 défis (religieux, politique et socio-économique) qu'elle a relevés en novembre 2011 sont toujours actuels, mais les transitions se révèlent plus complexes et douloureuses qu'on ne pouvait le prévoir. La situation chez notre voisin du sud, le Mali, la difficile reconstruction de la Libye, l'incertitude du lendemain dans le processus de transition en Tunisie en sont des signes évidents. Nous nous réjouissons de la fidélité des communautés de religieux et religieuses qui servent et prient avec persévérance : nous rendons grâce pour la vitalité et la stabilité qu'elles procurent à nos Eglises. Elles sont souvent le seul signe de l'amour du Christ pour les populations parmi lesquelles elles vivent. Nos Eglises sont modestes et fragiles, le départ de certaines communautés religieuses implantées depuis longtemps au Maghreb et la mobilité toujours plus rapide des membres de nos paroisses nous conduisent à compter toujours plus sur la solidarité des autres Eglises, et nous rendons grâce pour la générosité des diocèses qui nous proposent des prêtres Fidei Donum, et des congrégations – en particulier africaines – qui choisissent de s'implanter dans notre région. Nous nous réjouissons aussi de la présence fervente de nombreux étudiants, de migrants issus de toute l'Afrique, de fidèles implantés depuis longtemps, de familles de passage, de travailleurs expatriés, de volontaires : ils contribuent aussi à la vitalité de nos Eglises. Dans ce contexte géopolitique mouvant, mais aussi dans la dynamique du synode sur la nouvelle évangélisation, nous désirons repréciser le sens du témoignage de nos communautés chrétiennes au Maghreb ; humanisation, rencontre, dialogue, service, prière, contemplation, confiance, espérance… sont des termes qui reviennent souvent dans les points de repère de nos Eglises. Nous nous réjouissons encore de l'esprit de responsabilité dont font preuve laïcs, prêtres, congrégations religieuses, évêques pour que nos Eglises exercent leur témoignage : cette coresponsabilité est une réalité dont certaines communautés prennent plus conscience, comme, par exemple, l'Eglise de Tunisie dans l'attente d'un nouvel archevêque, l'Eglise au Maroc qui se réjouit d'un renforcement sensible de la présence de frères franciscains, l'Eglise en Algérie où un certain nombre de communautés ont pu se renouveler cette année, l'Eglise en Libye qui bénéficie de l'arrivée de nombreux professionnels de la santé et de l'éducation philippins et indiens – très souvent chrétiens. Nous faisons volontiers nôtre l'espérance confiante exprimée par le synode qui s'est tenu à Rome en octobre dernier : un "courage serein inspire également notre regard sur le monde contemporain. Nous ne nous sentons pas intimidés par les conditions des temps que nous vivons. C’est un monde plein de contradictions et de défis, mais il reste création de Dieu, blessé certes par le mal, mais toujours aimé de Dieu, dans lequel peut germer à nouveau la semence de la Parole afin qu’elle donne un fruit neuf. Il n’y a pas de place pour le pessimisme dans les esprits et dans les cœurs de ceux qui savent que leur Seigneur a vaincu la mort et que son Esprit œuvre avec puissance dans l’histoire. Avec humilité, mais aussi avec détermination - celle qui vient de la certitude que la vérité vaincra à la fin - nous rejoignons ce monde et voulons y voir une invitation de Dieu à être témoins de son Nom. Notre Église est vivante et affronte, avec le courage de la foi et le témoignage de tant de ses fils, les défis que l’histoire nous lance" (Message au peuple de Dieu § 6). La tenue de cette CERNA en Sicile, au cœur de la Méditerranée, souligne l'urgence du dialogue des cultures, des civilisations et des religions, entre les trois rives de cette mer. Beaucoup d'aspirations, mais aussi d'interrogations saisissent les peuples du pourtour méditerranéen, et la guerre en Syrie, la situation au Nord-Mali, l'extrémisme de certains groupes religieux intensifient les migrations forcées et renforcent ces craintes. Mais nous faisons quotidiennement l'expérience de la fécondité de la connaissance mutuelle, du dialogue de vie, dans le respect, l'écoute, l'accueil et le partage : nous croyons et expérimentons que "l'amour parfait chasse la crainte" (1Jn 4,18). Nous nous réjouissons aussi de ce que le dernier synode conforte notre expérience quotidienne : le dialogue de vie est la modalité fondamentale du témoignage que nous rendons à la Bonne Nouvelle. "L'Eglise invite en particulier les chrétiens à persévérer et à intensifier leurs relations avec les musulmans selon l'enseignement de la Déclaration Nostra Aetate. Malgré les difficultés, ce dialogue doit se poursuivre. Il dépend toujours de la formation adéquate des partenaires, de leur fondement ecclésial authentique comme chrétiens et d’une attitude de respect de la conscience des personnes et de la liberté religieuse pour tous. Fidèle à l'enseignement de Vatican II, l'Eglise respecte les autres religions et leurs adeptes et elle est heureuse de collaborer avec eux dans la défense et la promotion de la dignité inviolable de chaque personne" (proposition 53). Mgr Domenico Mogavero, membre de la commission pour les migrations de la Conférence Episcopale Italienne, nous a présenté la situation des migrants en Italie, la politique du pays en ce domaine, et les efforts de l'Eglise pour rendre plus humains non seulement l'accueil des migrants mais aussi les lois les concernant. Cet accent prophétique de l'Eglise d'Italie nous stimule dans notre ministère auprès des migrants : selon les propos de Mgr Mogavero, "le phénomène des migrations ne peut plus être considéré comme un phénomène d'urgence, mais comme un phénomène culturel inhérent à l'homme, qui de tout temps a été mobile. La terre appartient à tous, et il ne saurait y avoir de territoire excluant telle ou telle catégorie de personnes". En réponse à la demande du Saint-Siège, comme chaque conférence épiscopale, nous avons travaillé à l'élaboration d'orientations pastorales pour nous aider en cas d'abus sexuels. Une commission a été désignée pour finaliser ce travail. Nous avons approuvé la traduction liturgique de la Bible élaborée par la CEFTL (Commission Episcopale Francophone pour les Traductions Liturgiques). Notre travail a été magnifiquement soutenu par l'accueil chaleureux et la prière fervente des communautés chrétiennes du diocèse de Mazara del Vallo avec lesquelles nous avons quotidiennement célébré l'eucharistie. Nous avons pris dans notre prière les migrants, les personnes qui souffrent de la violence en Terre Sainte, en Syrie et au Mali, les réfugiés accueillis par les pays voisins, mais aussi tant d'artisans de paix entre les peuples et de solidarité avec les plus démunis. Mgr Lahham, administrateur apostolique de Tunis, nous a partagé ce que vit la Jordanie où il exerce désormais son ministère épiscopal : nous avons ainsi été en communion avec le peuple jordanien et son Eglise. La CERNA a procédé au renouvellement de son bureau. Elle a de nouveau confié la présidence à Mgr Vincent Landel archevêque de Rabat ; elle a élu vice-président Mgr Claude Rault évêque de Laghouat-Ghardaïa et membre du Bureau, Mgr Ghaleb Bader archevêque d'Alger. Le père Daniel Nourissat a été confirmé comme Secrétaire Général. Elle a reconduit Mgr Vincent Landel comme délégué à la CEFTL et Mgr Paul Desfarges comme délégué au SCEAM (Symposium des Conférences Episcopales d'Afrique et de Madagascar). La prochaine réunion de la CERNA aura lieu à Tanger du 6 au 9 octobre 2013 . + Vincent LANDEL Mazara
del Vallo, le 21 novembre
2012
![]() CERNA - 1 rue Hadj Mohammed Riffai – B.P. 258 RP – 10001 Rabat / MAROC Téléphone 00 212 537709239 .Fax 00 212 537706282; E-Mail secrcerna@yahoo.fr; vincent.landel@gmail.com ******** |
![]() 125ème anniversaire de la Campagne anti-esclavagiste de Lavigerie, * A Rome, discours d'ouverture par Mgr Claude Rault, évêque de Laghouat- Ghardaïa ** Illustrations & textes divers par la rédaction du site ADS *******
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