J'ai lu avec beaucoup
d'attention et d'émotion, les différents messages et
témoignages que le Père Georges m'a fait suivre suite
à l'annonce du décès de tonton René.
Ces messages parlent de l'homme de prière et de l'homme du
désert, mais moi j'ai envie tout simplement de vous parler du
« tonton ».
Ces dernières années, quand le téléphone
sonnait et que nous entendions « Allo .... la rue du
Château... ! » cela voulait dire que Tonton
René arrivait en France pour passer l'été avec
nous.
Alors c'était l'effervescence dans la famille. Tonton Marcel
libérait sa chambre pour la laisser à tonton René.
Il ne manquait pas de lui prendre certains rendez-vous médicaux
. En effet, tonton René commençait à
apprécier son séjour qu'une fois rassuré sur son
état de santé. Il fallait qu'il ai vu tous ces
« carabins » c'est à dire tous les
médecins et aussi que tous ses tabourets de la salle à
manger soient remis en état. Il parlait bien sûr de ses
dents.
Pendant son séjour, il avait un emploi du temps de ministre. On
était sûr de le trouver « rue du
château » pendant ses siestes ( moment sacré
pour tonton René). Le reste du temps c'était un pigeon
voyageur.... Et comme tonton René était gentil (cela tout
le monde le sait) et surtout qu'il ne savait pas dire
« non », résultat ? Il pouvait alors avoir
deux rendez-vous en même temps, on gérait et on ne lui en
voulait pas... c'était tonton René.
Les repas étaient de véritables moments de fête et
de détente. Il nous appelait et disait « venez on va
casser une croûte.... »C'était plutôt un
prétexte pour se retrouver et surtout pour rire et là je
peux vous dire que tonton René n'était jamais le dernier.
On avait même parfois du mal à savoir quand est-ce qu'il
plaisantait. Un jour, il a été pris à son propre
piège. Il a avalé de travers en mangeant de la brioche.
Il a faillit s'étouffer mais personne ne réagissait car
on croyait qu'il faisait le « pitre » pour amuser
la galerie comme d'habitude.
Les fins de repas étaient consacrés aux jeux d'adresse.
Il fallait faire tenir en équilibre sur la tasse sa petite
cuillère. Tonton René disait : « On a tout le
temps, le café va refroidir et on pourra la boire plus
facilement.
Ma sœur et moi, étions très jeune quand tonton
René nous a surnommé « les
pinopes » parce ce que nous avions osé le
déranger pendant son sommeil, nous voulions relever tout
simplement sa couverture qui était tombée et le
recouvrir. Mais « grave erreur », nous avions
réveillé le dinosaure... Ce mot
« pinopes » est sorti suivi de d'autres que je ne
répéterais pas aujourd'hui. Ce surnom est resté et
il ne manquait pas de nous le redire fréquemment.
Il aimait aussi à me rappeler que j'étais une petite
coquine car, lorsque l'été ou il m'a vu pour la
première fois, ainsi que ma sœur. j'avais tiré sa barbe
et filé à l'anglaise et surtout j'avais attendu
qu'il soit reparti pour faire mes premiers pas.
On profitait de ces moments de bonheur, tout simple, car hélas
Tonton René n'a pas pu être présent aux
différentes fêtes familiales. Il nous a manqué dans
ces moments là, c'est sûr mais c'était son choix et
on ne pouvait que s'incliner. Il a été présent
uniquement aux 40 ans de mariage de mon papa et de ma maman et c'est
hélas la dernière fête où tous les
frères LE CLERC ont été rassemblés.
Samedi dernier quand nous étions à déjeuner Aline
a dit c'est triste aujourd'hui et en plus il pleut, Tonton René
aurait dit « po...po....po.... quel fichu pays »,
et elle a ajouté c'est normal qu'il pleut. Dieu a du chagrin, il
a perdu un apôtre.
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Obsèques
du Père
René Le Clerc. Paris, mercredi 27 janvier 2010.Témoignages
Jean Louis ( Liban ) a
écrit
Allah irhamou ... Lorsque je l'ai revu en février dernier, j'ai
compris qu'il trouvait sa carcasse très lourde et qu'il lui
tardait de la poser au bord du chemin. Voilà qui est fait ... Je
veux bien l'imaginer à Bel Bachir , …
Larbi (Lyon) a écrit
Je suis touché et ému par le décès du
Père Le Clerc, dont j'ai un souvenir affectueux. Par sa
présence et son témoignage à El-Goléa, il
a, concrètement, contribué à la
compréhension et au respect entre les deux religions et les
cultures, mission noble de tous les temps, et en particulier à
notre époque.
Jean-Claude (Var) a écrit
Demain (c’était dimanche dernier 23/01/10) nous prierons pour
cet homme exceptionnel tout rempli de partage, de respect des autres.
Il était triste de devoir quitter El Goléa son "essence
de vie". Mais c'est ainsi.
Je peux vous dire, j’ai connu René Le Clerc en Père
Le Clerc des Pères Blancs à El Méni`a. C’est un
ami personnel et aussi un ami de L’Algérie, pays qui m’est cher.
Il y a consacré une bonne partie de sa vie ; il a
travaillé à mettre en valeur un patrimoine national en
créant à El- Méni`a un musée qui, aux
dernières nouvelles, est promu au rang de musée
régional par le Ministère de la culture.
D’une vie, faite de prières et de travail, le père
René Le Clerc est devenu le frère de
l’humanité ; à ce titre je lui dédie ces
quelques vers de Ibn ‘Arabi.
لقد صار قلبي قابلا كل
صورة
فمرعى للغزلان و دير
للرهبان
وبيت الأوثان و كعبة
طائف
و ألواح توراة و مصحف
قرآن
أدين بدين الحب أين توجهت
ركائبه
فالحب ديني و
إيماني
« Mon cœur est devenu capable de toutes les formes
Une prairie pour les gazelles, un couvent pour les moines,
Un temple pour les idoles, la Ka’ba du pèlerin
Les tables de la Thora, le livre du Coran.
Je professe la religion de l’Amour, et quelque direction
Que prenne sa monture, l’Amour est ma Religion et ma Foi. »
A vous tous ici présents
Paix
سلام
À
vousلكم
En
vousفيكم
Avec vous
معكم
Sur
vous.عليكم
عبدالقادر
د.
Abdelkader
D.
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