Un vieux rabbin demandait à ses disciples à quoi
l’on peut reconnaître le moment
où la nuit s’achève et où le jour commence.
– Est-ce lorsqu’on peut sans
peine distinguer de loin un chien d’un mouton ?
– Non, dit le rabbin.
– Est-ce
lorsqu’on peut distinguer un figuier d’un dattier ?
– Non, dit encore le rabbin.
– Mais alors, quand est-ce donc
?, demandèrent les élèves.
Le rabbin répondit : C’est lorsqu’en regardant le
visage de n’importe quel homme,
tu reconnais ton frère ou ta sœur. Jusque-là, il
fait encore nuit dans ton cœur.
(Jean-François Six.
Les Béatitudes aujourd’hui,
p. 221)
La clé de cet événement
de la guérison de l’aveugle-né est, bien sûr,
dans la ligne de cette autre vision qu’est la vision
intérieure. Si nous voulons accéder à la
lumière, il faut d’abord reconnaître que nous en
sommes dépourvus. Et si nous faisons cet aveu,
alors nous commençons à voir.
Si vous étiez
des aveugles, vous seriez sans péché ; mais vous
dites «Nous voyons»: votre péché
demeure (Jn 9,41). Il a seulement manqué aux
pharisiens de laisser de côté leur savoir usé et
trop sûr de lui-même et d’accueilli cette Lumière
nouvelle venue éclairer leur nuit.
Tout cet épisode est
construit à la façon d’un procès qui n’est autre
que celui de la Lumière elle-même. Il est facile
d’en suivre les diffé- rentes étapes. Vivons ce
procès « de l’intérieur ». Avec
l’aveugle, nous entrons dans une démarche de foi
qui nous conduira à percevoir Jésus avec des yeux
renouvelés.
À moins de renaître, nul ne peut
VOIR le Royaume de Dieu... (Jn 3,3)
Jésus guérit l’aveugle-né (Jn 9,1-7)
Dans tout procès... il
faut un délit, sinon, il n’y a pas d’accusation !
Celui de l’aveugle-né sera d’y voir clair ! Et
celui que l’on imputera à Jésus sera bien sûr
d’avoir été à l’origine de la vue de cet homme
qui n’avait jamais vu.
En passant, il VIT un
homme qui était aveugle de naissance... (Jn
9,1). Jésus est peut-être passé plusieurs fois
devant cet aveugle... et ils étaient nombreux en
son temps ! Aujourd’hui, il passe et il le «
voit » dans un nouveau relief. C’est un homme
qui n’a pas encore achevé de naître puisqu’il ne
sait pas encore ce que c’est que de voir. Comme tous
les handicapés, les mal voyants, les boiteux, cet
homme est à part, marginalisé, regardé de travers
ou par pitié par ceux qui le voient car s’il est
aveugle, c’est qu’il y a quelque chose dans sa vie
qui doit se situer dans l’ordre du péché, de
quelque faute cachée... Les disciples aussi le
voient... et ils interrogent Jésus avec la question
classique :
Rabbi, qui a péché, lui ou ses
parents ? (Jn 9,2). La souffrance de l’autre –
le malheur innocent – nous désarçonne toujours :
« Dieu a été bien trop souvent diffamé par
ceux qui semblent être de vrais descendants des
amis de Job et qui se croient mieux informés que
tout le monde et se
comportent comme s’ils étaient reliés par
téléphone rouge à la salle de conseil de la
divine Trinité. Avec respect, nous devons
reconnaître notre manque total de
connaissance en
la matière. En fin de compte le mal et la
souffrance restent un mystère. Connaître leur
pourquoi, leur sens profond, c’est être Dieu et non
plus
homme. Nous ne saurons jamais tout ce qu’il y a à
savoir, car nous sommes chair et non pas Dieu.
» (Desmond Tutu.
Prisonnier de
l’Espérance, p. 27)
Remarquons que Jésus ne cherche
pas le « pourquoi ». Il ne s’attarde pas
à cela, il ne se tourne pas vers le passé, mais
une fois encore il se tourne vers l’avenir. Car pour
lui, cet homme a un avenir et dans cet avenir, il va
lui manifester la miséricorde et l’humanité de
Dieu. La lumière qui est en lui, il va, par un
geste créateur, la communiquer à cet homme qui en
est privé.
Il me faut travailler aux œuvres de
celui qui m’a envoyé (Jn 5,17 ; 9,4). De sa
propre salive, il fait de la boue et en met sur les
yeux de l’aveugle. C’est le geste de Dieu modelant
l’homme.
Yahvé modela l’homme avec la glaise du
sol ; il insuffla dans ses narines une haleine de
vie... (Gn 2,7).
Et il l’envoie à la
piscine de Siloé, « la piscine de l’Envoyé
». Jésus n’est pas un magicien, ni un simple
guérisseur. Il fait de l’homme un partenaire de sa
propre guérison. Il faut qu’il fasse une démarche
libre, ce ne sera pas immédiat. Il renvoie l’homme
aveugle avec sa propre obscurité. Sa démarche
confiante, dans la nuit de sa foi, avec la seule
parole reçue de Jésus va devenir lumière pour les
générations futures.
« Les
pauvres qui se lèvent à l’appel de Dieu sont les
premiers théologiens qui nous appellent à
redécouvrir que la Parole de Dieu
est la
seule qui fasse ce qu’elle dit. En faisant ce
qu’elle dit, ils nous révèlent qu’elle est à
l’œuvre dans l’histoire »
(Vincent Cosmao.
Problématique de la théologie
de la libération).
La guérison n’est ni
automatique ni instantanée. L’aveugle doit faire
une démarche de foi, partir tout seul, pour être
libéré de sa nuit. La seule lumière est une
parole dite par un homme qu’il n’a pas encore vu.
Nous sommes d’emblée aux prises avec notre
existence chrétienne.
L’aveugle s’en alla, il
se lava, et il revint voyant clair (Jn 9,7 ;
cf. Jn 9,11b). Mais il va lui falloir maintenant
assumer sa guérison.
Ce défi d’assumer me fait
penser à un cousin qu’un accident est venu enlever
soudainement à la vie. Profondément handicapé
depuis sa naissance, il avait, avec l’aide de ses
parents, mais avec une volonté farouche, surmonté
cet handicap, passant son permis de conduite, se
lançant dans les études jusqu’à obtenir un
doctorat en droit... Un jour, au cours d’un repas
pris ensemble, sa sœur qui avait beaucoup de mal à
accepter le handicap de ce frère qu’elle
chérissait, et qui le connaissait fort bien, lui
demanda: «mais pourquoi n’as-tu jamais prié
pour ta guérison ? » Et lui de répondre :
« Parce que je ne suis pas sûr de pouvoir
assumer ma guérison ! ».
C’est maintenant ce que va
devoir faire l’aveugle guéri qui est maintenant
lancé dans une aventure à rebondissement, et qui
va l’exclure de sa communauté ! Il va falloir que
son entourage l’accepte : maintenant... il voit !
Rencontre avec les voisins, les gens
habitués à le voir mendier (Jn 9,8-13)
Est-ce lui ? Non, mais
quelqu’un qui lui ressemble... Mais non, c’est bien
moi ! On voit comme cet homme va déranger tout le
monde. Il est maintenant sujet de division autour de
lui... On veut l’enfermer dans le vase clos de son
statut social antérieur, dans son image de
mendiant. La question de ces gens n’est au fond
qu’une manifestation de curiosité. Ce sont des
«voyeurs». Devant cet événement qui
apporte du neuf dans leur actualité, on s’interroge
sur le « comment ».
Comment il avait
recouvré la vue (Jn 9,15). Non pas «
pourquoi », « par qui » mais
« comment » ? C’est toute la distance
entre le « signe » et le fait
extraordinaire, le « miracle »,
l’attachement à un sensationnel qui va faire la
«une»! Si la télévision avait existé,
il y aurait sûrement eu un « scoop ».
Rencontre avec les Pharisiens et début du
procès (Jn 9,13-17)
C’est à partir de
maintenant que l’événement prend la tournure d’un
procès. Jésus le constatera à la fin :
C’est
pour un jugement que je suis venu en ce monde :
pour que voient ceux qui ne voient pas et pour que
ceux qui voient deviennent aveugles (Jn
9,39). Les questions vont toujours tourner autour du
«comment»... Et plus nous allons avan-
cer, plus nous allons voir les pharisiens s’enfoncer
dans la nuit tandis que peu à peu, l’homme guéri
va parvenir à la vraie lumière.
Jésus est déjà condamné
: il a osé faire de la boue un jour de sabbat !
Toujours la Loi. Rien que la Loi. Bien sûr, pour
protéger l’honneur de Dieu ! Mais voici que
l’ardeur de l’observance de la Loi, ferme les yeux
à ce que Dieu peut faire de neuf dans la vie des
hommes. Devant cette fermeture, l’ancien aveugle est
catégorique :
C’est un prophète ! (Jn
9,17). Première démarche vers la foi, une foi qui
ne va cesser de grandir au fur et à mesure que le
procès va se dérouler.
L’intervention des parents (Jn 9,18-23)
On fait venir les parents.
En termes juridiques, on appelle cela « la
comparution des témoins ». On cherche à
noyer le poisson : et si cet homme n’avait pas été
vraiment aveugle ? Quelle aubaine si cette guérison
n’était qu’un truquage ! Mais ce sera, comme
souvent, la déposition de la peur. Oui, il était
aveugle... c’est tout ! Pour le reste, surtout ne
nous en demandez pas plus.
Il a l’âge, il
s’expliquera lui- même (Jn 9,22). Surtout,
pas d’histoire... Notre homme est lâché par sa
propre famille et se trouve de plus en plus seul. Et
Jésus est toujours absent.
Mais peu à peu une autre lumière semble faire son
chemin en lui.
De nouveau devant les Pharisiens (Jn
9,24-34)
On revient devant les
Pharisiens. La parodie de procès continue.
L’aveugle guéri va opposer aux pièges de ses
accusateurs, son simple et lumineux bon sens : celui
d’une foi simple, non pas basée sur ce qu’il sait,
mais sur ce qu’il a vécu, sur sa vérité
intérieure. Sa clair- voyance est gênante et ne va
faire que mettre en relief la nuit où ses
adversaires s’enfoncent un peu plus à chaque
investigation.
Il n’y a rien de pire que
l’aveuglement religieux, d’où qu’il vienne. Tous
les intégristes du monde sont des gens tristes,
sans humour, absolument démunis de ce bon sens où
peut se greffer la vraie foi. Ils se prennent pour
les serviteurs d’un dieu terriblement ennuyeux et
tyrannique : alors, il vaut mieux se mettre de son
côté ! Le fanatique en vient à se substituer à
Dieu sous prétexte d’en défendre l’honneur...
alors en son nom, les intégristes aveugles peuvent
tout justifier: la violence, le mensonge, la
torture, la corruption... et que savons nous encore
! Puisque c’est la Loi de Dieu que l’on défend !
À l’orgueilleux
Nous
savons, nous, que cet homme est un pécheur
(Jn 9,24) des Pharisiens, notre homme oppose un
très humble Je ne sais pas. Et il poursuit avec un
pointe d’humour ce que ceux d’en face font tout pour
ne pas voir : ...
je ne sais qu’une chose :
j’étais aveugle et maintenant, j’y vois ! (Jn
9,25). Nouveau questionnement sur le passé :
Comment
t’a-t-il ouvert les yeux ? (Jn 9,26). Et le
nouveau voyant de continuer à ironiser sur
l’intention de ces hommes qui décidément
deviennent de plus en plus aveugles :
Auriez-vous
envie de devenir ses disciples vous aussi ?
(Jn 9,27). Le ton monte, l’écart se creuse... Nous
avons d’un côté la science sclérosée (notez
l’utilisation répétée du verbe « savoir
») et de l’autre un homme tout seul qui ne
peut témoigner que de ce qui lui est arrivé. Au
savoir moisi et durci de ses accusateurs, l’homme en
procès oppose la sagesse des humbles et des petits.
Il n’a jamais pu lire dans les livres. Il n’a pas
fait d’études. Il confesse ce qu’il croit : S
i
cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait
rien faire (Jn 9,33). Ces hommes de science
n’apprécient guère qu’on leur fasse la leçon et
leur dernier argument est celui de la violence par
l’exclusion. L’aveugle guéri est chassé de la
synagogue, pour simple délit de vérité et de
guérison.
J’ai reçu un jour
cette belle lettre d’une vieille amie quasiment
aveugle, lettre écrite à la machine: «Jésus
est notre lumière. Il peut faire de nous des
aveugles qui voient, des sourds qui entendent. De
toute façon, ceux qui croient voir doivent
s’incliner très fort pour l’apercevoir, tant il est
petit, notre Dieu, à moins d’être eux-mêmes des
enfants... Prie pour moi qui ne reverrai que dans la
mesure où je deviendrai petite »..
Rencontre entre l’aveugle et Jésus (Jn
9,35-41)
Ce qui est frappant et à la
limite choquant dans ce récit, c’est l’absence de
Jésus ! Il s’est tenu à l’écart, lâchant
l’aveugle guéri, obligé d’avancer tout seul, de
s’éveiller peu à peu à la liberté. Jésus veut
des disciples libres et debout. Jamais il ne se
substituera à notre propre liberté. Il dit plus
souvent « va ! » que « viens !
»
La rencontre finale est d’une grande brièveté.
Quelques mots échan- gés : l’essentiel est dit.
Crois-tu au Fils de l’Homme ? –
Et qui
est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? –
Tu le vois : c’est lui qui te parle. Alors il
dit: «Je crois, Seigneur». Et il se
prosterna devant lui. (Jn 9,35-38)
La rencontre finale est
d’une grande brièveté. Quelques mots échangés :
l’essentiel est dit. Crois-tu au Fils de l’Homme ?
– Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en
lui ? – Tu le vois : c’est lui qui te parle. Alors
il dit: «Je crois, Seigneur». Et il se
prosterna devant lui. (Jn 9,35-38)
Et maintenant...
Dans les Évangiles, il
n’est de plus belle parabole de notre vie de foi que
celle de l’aveugle-né, il n’est pas de cheminement
plus significatif de notre existence de croyants.
Comme l’aveugle, nous avons été
«baptisés», nous avons eu les yeux
lavés à la piscine de l’Envoyé.
Notre baptême s’est
déroulé pour la presque totalité d’entre nous
dans la nuit de notre petite enfance. Il nous a
fallu assumer notre baptême dans une absence
quasi-totale d’évidence, voire même dans une
solitude qui n’est autre que celle de notre propre
liberté ! Il faut que Jésus s’efface de notre
existence, précisément pour que notre liberté se
mette en branle. Il nous faut marcher parfois seul
et dans la nuit, affronter les doutes, les
questionnements qui ébranlent, et marcher dans
notre vie chrétienne ou notre engagement religieux,
sur la seule parole qui nous a été dite :
Va
te laver à la piscine de l’envoyé.
La foi du disciple n’est
pas une démarche qui baigne dans l’évidence ; il
nous faut affronter les contradictions de la vie –
celles du dehors, et plus encore, celles qui nous
viennent de l’intérieur. Nous aurions tellement de
bonnes raisons de laisser notre engagement sur le
bord de la route : nos échecs, nos insuffisances,
nos médiocrités. La tentation la plus subtile qui
nous guette, ce ne sont pas les grandes tentations
à la saint Antoine, c’est le découragement du
« à quoi bon... »
Nous étions partis
«tout feu tout flamme» dans l’ardeur de
notre engagement premier, souvent tout à fait
inconscients de nos propres limites et des épreuves
du futur. Et voici qu’avec le temps, nos ardeurs se
sont émoussées. Nous allions transformer la face
du monde... le monde est resté tel... et souvent,
nous avons été pris par le piège de l’habitude,
des conventions et des pratiques pieuses. Nous nous
sommes quelque peu tassés ! Nous nous découvrons
avec plus de réalisme et donc moins d’enthousiasme.
Un certain nombre de nos compagnons et de nos
compagnes, autrefois militants, prêtres, religieux,
religieuses, ont parfois choisi d’autres
engagements. Des collaborateurs proches, amis, sont
partis militer ailleurs. Des membres de nos familles
religieuses – et pas des moins donnés - ont fondé
une famille, et il leur a fallu souvent beaucoup de
courage pour affronter une nouvelle existence.
Et comme Élie, nous nous
disons :
Je ne suis pas meilleur que mes pères
(1 R 19,4). Subtilement, le découragement risque de
s’installer... À quoi bon ? Le Seigneur n’a pas
besoin du bien piètre croyant que je suis, et
finalement, la sainteté (celle que l’on couronne
d’une auréole...) est une aventure qui n’est pas
faite pour moi...
Il faut chasser ce démon,
parce qu’il nous conduit à la médiocrité ou à la
démission. Je ne puis le faire qu’en sortant de
moi-même, qu’en prenant acte de ma propre
faiblesse. Oui, je suis pécheur... je suis
difficile en communauté ou en famille, indolent
dans mon service, lent à me mettre en route... Je
sens et je sais mes blessures.
Et puis après ? Mon
handicap peut être le lieu où va se manifester les
œuvres de Dieu. Jésus croit en l’avenir de
l’aveugle que je suis :
C’est pour qu’en lui se
manifestent les œuvres de Dieu (Jn 9,3). Je
suis une terre en travail, une terre d’avenir.
Voilà ce que je suis. Et je n’ai pas le droit de
dire qu’avec moi le Seigneur n’a rien à faire. Mon
insuffisance, mon péché, mes chutes, tout cela
peut être le point de départ d’une existence sans
cesse renouvelée. Pourquoi ? Parce que le regard de
Jésus s’est porté sur moi.
En passant, il vit
un homme... Il me voit. Avec lui, une nouvelle
étape commence. Parce que lui croit en mon avenir.
Le Père Aimé Duval, ce
jésuite à la guitare dont certains anciens
chantent encore les refrains, raconte comment le
retour à la vie et à la lumière lui ont été
possibles après avoir sombré dans l’alcoolisme.
Tout a commencé le jour où, devant d’autres
personnes pauvres comme lui, le voile est tombé.
« Je m’appelle Lucien et je suis alcoolique.
Si vous saviez le choc que l’on reçoit en disant
ces mots ! À haute voix ! En public ! Tout seul, je
me le disais depuis un
an, mais jamais je n’avais osé le dire, pas même
à mes copains. Pour la première fois enfin,
publiquement, je fondais ma vie sur cette vérité.
Vérité douloureuse
mais vérité capitale : « Je m’appelle Lucien
et je suis alcoolique. » Et les autres me
regardent. Et nous scellons une amitié, à la vie
et à la mort. Un respect à la vie
et à la mort. Une confiance à la vie et à la
mort. Quelque chose de monumental se fissurait dans
ma tête : la honte. Et puis la raideur. Et puis le
désespoir... Comme
si nous autres chrétiens qui n’avons pas assez de
cou- rage, nous nous mettions à dire devant la
communauté rassemblée : je tiens à vous dire que
j’ai volé... que
j’ai humilié mon voisin... que j’ai été
dédaigneux et fricailleur... À coup sûr, on
serait guéri de la peur, de la méfiance. De la
peur des autres, de la peur de leur
jugement sur nous... L’humilité guérit de tout.
» (Aimé Duval.
L’enfant qui jouait avec
la lune, p. 57-58)
Nos pauvretés, notre
lenteur à croire, nos limites, notre péché même,
peuvent être, en creux, le lieu où Dieu déverse
la grâce pour un nouveau départ.
POUR ALLER PLUS LOIN DANS LA PRIÈRE
Je prends plus grande conscience de ce
qu’est la Foi. Elle est un don à conquérir. Je
prends du temps pour remercier le Seigneur pour le
baptême, pour la Foi
accueillie, pour cette lumière intérieure qui
brille dans ma vie. Je Le remercie de pouvoir donner
sens à ma vie.
Il me laisse libre, au point de me faire éprouver
absence et solitude.
Ai-je parfois éprouvé cette absence de Dieu ? Le
vide ? La nuit ? La solitude ? Qu’est-ce qui m’a
aidé à surmonter ces heures de doute ?
Qu’est-ce qui a
fortifié ma foi ?
Ces heures difficiles m’ont-elles aidé à être
plus proche de ceux et de celles qui marchent dans
la nuit ?
Comme l’aveugle guéri, je me prosterne et j’adore.
Je crois, Seigneur ! Je le reconnais comme la
lumière dans ma nuit.