Amis du Diocèse du Sahara (ADS)
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A Montréal, Mg Rault avec, au milieu, Sr. Thérèse St-Jean,(SMNDA), longtemps au Sahara

A Québec, Mgr RAULT est reçu par Liliane Lehouiller-Gagnon  et François GAGNON avec Louise son épouse,
soeur et frère de Mgr Michel GAGNON (+ 2004 à El Bayad),
son prédécesseur comme évêque du diocèse du Sahara


Mgr Rault offre "Désert, ma cathédrale"
à Dom André Barbeau
Père Abbé de la Trappe de l'Abbaye Val Notre Dame au Québec
BILLET MENSUEL MARS 2010

Bien chers amis.

                          La facilité des déplacements des personnes comme des idées continue d’influer en profondeur sur les relations sociales, culturelles et religieuses dans notre grand village planétaire. Au Québec, j’ai pu sentir ce phénomène, avec un peu de recul par rapport au quotidien qui est le nôtre. Pendant que je m’y trouvais, s’est tenu en Algérie un colloque international organisé les 10 et 11 février, par le Ministère des Affaires religieuses sous le titre : «L’exercice du culte, un droit garanti par la religion et par la loi».  Nous ne pouvons que saluer cette initiative, que  l’on peut qualifier de bienvenue, dans un contexte où il est parfois difficile de faire entendre notre voix. Je ne vais pas vous en donner la teneur, étant donné que je n’y étais pas… Merci à Felix Tellechea, notre Vicaire Général, d’avoir bien voulu nous y représenter. Il va nous en donner un écho en annexe de ce billet mensuel.
   
                         Au Canada, pays séculaire de migrations successives, il m’a été donné de faire quelques conférences avec débats, et quelques entretiens radiophoniques, soit à Montréal soit à Québec. Dans le contexte social, comme dans le contexte religieux, le flux de nouvelles migrations non occidentales ne fait qu’accentuer une certaine « crise d’identité », aussi bien chez les Québécois eux-mêmes, que chez les personnes venues de ces différents horizons. L’Eglise dans son ensemble a vécu un grand bouleversement ces dernières décennies, se caractérisant par un éloignement progressif de la pratique religieuse. Le poids important qu’elle a eu sur la société  y a été pour quelque chose. Mais l’irruption de tout ce que véhicule le phénomène de la  mondialisation y joue aussi son rôle. Il est un fait que, maintenant, la « recherche du sens » ne se fait  plus dans le seul cadre de la tradition chrétienne. Comme dans beaucoup de pays (et pas seulement dans les pays occidentaux !) les grands événements mobilisateurs sont plus sportifs que religieux ou même nationaux ! (CAN 2010, Jeux Olympiques de Vancouver, futur « Mondial 2010 »). La mondialisation de l’information et des médias y est pour beaucoup, étant donné leur support économique et financier. Devant ces changements profonds, là aussi un certain désarroi règne, à la fois dans les consciences et  les groupes religieux, de quelque origine qu’ils soient. Ce désarroi entraîne parfois un inévitable « repli identitaire », qui ne facilite pas les relations mutuelles.

                         Beaucoup de chrétiens d’origine cherchent à retrouver une identité, dans ce monde qui ne leur offre pas ce qu’il faut pour les nourrir. Ils le font parfois à travers de nouvelles expériences, offertes par les religions orientales ou certains mouvements religieux ou parareligieux. Ils le font aussi en se réfugiant dans le passé, qu’ils ont tendance à scléroser (traditionalisme, voire même intégrisme, retour à « l’avant Vatican II »). D’autres encore se laissent gagner par la culture du moment (« Dieu ? N’habite plus à l’adresse indiquée » disait  le P. J. Loew). D’autres enfin, et ils ne sont pas insignifiants, tracent des chemins nouveaux pour répondre à leur quête de sens, dans une fidélité éclairée à l’Eglise et un retour approfondi à la Parole de Dieu (réflexion chrétienne pour lire « les signes des temps »,  lecture de l’Evangile, prière, ressourcement dans des Monastères). Ils préparent et rendent déjà présente une façon de « faire Eglise », au sein d’un monde dont ils sont prêts à vivre les valeurs, tout en lui apportant le ferment évangélique dont ils sont porteurs.

                         Ce que j’ai pu  saisir du monde musulman, dans ce même contexte, a de fortes consonances avec ce que je viens de dire sur les évolutions que vivent les chrétiens. Le « repli identitaire » existe, prenant diverses formes, notamment – et ce n’est pas propre au Canada – celle d’une plus grande visibilité. La revendication est d’autant plus forte que le décalage culturel est grand. Commencent à émerger la multiplication des lieux de prière, le port de l’habit « islamique », etc. Sans se généraliser, tout un mouvement prend place dans un paysage socioreligieux diversifié, avec une certaine nouveauté qui n’est pas sans questionner les citoyens de ce pays, voire les chrétiens eux-mêmes.
 
                         Dans les rapports islamo-chrétiens, un long chemin reste à faire. D’abord celui d’une connaissance respective, tant les clichés réducteurs sont encore importants, ici comme ailleurs. La non-connaissance et l’ignorance entraînent la peur et la méfiance mutuelle et celles-ci sont sûrement de bien mauvaises conseillères. Timidement, un désir de rencontre prend forme, notamment dans telle Université, ou dans tel ou tel mouvement d’Eglise. L’effort est à soutenir et à renouveler sans cesse. Les obstacles, les méfiances, les regards sceptiques, l’accusation de naïveté - au sein même de  nos communautés chrétiennes - ne doivent pas nous arrêter ! Il y va de l’essence même de notre vocation chrétienne, il y va aussi de la qualité de la Terre que nous laisserons en héritage aux générations montantes. Nous avons un avenir commun : il s’inscrit dans le sens de la paix, du respect mutuel, de notre appartenance au même Dieu Unique, dans notre souci commun de la personne humaine : voilà des piliers sur les quels nous apportons notre pierre au monde de demain.

  +Claude, votre frère évêque.


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Nouvelles…. Pour rester proches


               Notre PS Solange Paule était partie accompagner sa maman hospitalisée en Bretagne. Sa maman souffrait d’une fracture de la hanche, et était déjà très handicapée (non voyante et non entendante). Elle est décédée le 17 février après des journées de grande souffrance. Solange est restée près d’elle le plus possible, et doit passer quelques jours de repos avant de nous revenir. Nos prières et notre amitié l’accompagnent, ainsi que sa famille.
               
              Le P. Emanuele Cardani
a dû se faire opérer d’un genou. Il est en repos dans le nord de l’Italie et doit nous revenir le 21 mars… avec le printemps !

              Les rencontres intersecteurs. Malgré l’absence du P. Etienne Renaud qui n’a pu avoir son visa, pour nous y accompagner, la rencontre a eu lieu à Béni Abbès les 6 et 7 mars, elle se tient à Ghardaïa les 12 et 13 mars. Le P. Miguel s’est activé pour pallier à cette absence et susciter  la participation de chacun. Notre réflexion avance, en vue des journées diocésaines, avec toutes  nos compétences mises en commun.

               Notre évêque est de retour en Algérie après un long périple en France et au Canada, dans la "Belle Province de Québec". Il avait déjà fait de longs séjours au Canada, notamment pour ses études de théologie. Il avait été invité par le Fr. André Barbeau, Abbé d'un Monastère construit de façon modeste mais magnifique, à animer la retraite des Moines Cisterciens. Une telle expérience est toujours émouvante. En même temps, ce contact avec le « Nouveau Monde" lui a permis de renouveler son regard sur ce peuple si accueillant. Mais il a pu aussi (à travers conférences, retraites, émissions de radio) mieux faire connaître l’Eglise d’Algérie et  sensibiliser à l’expérience que nous vivons : la rencontre et le partenariat avec les musulmans. Le Canada accueille de nombreux migrants algériens.  Merci aux communautés des Pères Blancs qui l'ont si bien accueilli! Merci aussi aux Petits Frères de la Croix (nouvelle famille foucauldienne), venus le chercher à Québec et dont il a admiré le sens de l'hospitalité. Sœur Thérèse Saint-Jean, Sr Cécilia et Sr Jacqueline David saluent tout le Diocèse !

               Emmanuel Auphan est reparti dans les Camps Sahraouis vendredi 5 dans la nuit. Il va y poursuivre le projet de soutien à l’apprentissage du français pour des adultes.

               Sr Marie Christine Rousseau, dans le cadre des activités Caritas, a rendu visite aux communautés de Timimoun et Adrar. Leur isolement et leur petit nombre n’empêche pas  les sœurs « d’inventer du nouveau » dans leurs activités de promotion féminine. A Timimoun, Soeur Anne Christine s’est lancée dans l’alphabétisation en français des femmes de l’un des ksours, Sœur Simone Dislaire explore avec ardeur de nouvelles pistes pour la vente des travaux des artisanes de son groupe.  A  Adrar, Sr Colette  initie ces jours-ci une expérience d’échanges de compétence : des femmes  de la coopérative initiée par  P.S Odile Claude à Béni Abbès viennent apprendre  aux jeunes femmes des ksours voisins d’Adrar (dont s’occupe Colette) une de leur technique traditionnelle de tissage. Que toute cette créativité porte le fruit que les sœurs en attendent

              Marie-Bernadette, au secrétariat de l’évêché et  à « Dar Keltoum », se met progressivement au courant du quotidien, avec le soutien et la patience de tous. Elle est heureuse d’être ici et remercie pour l’accueil reçu… en espérant une relève !

               A Tamanrasset,  . Ces dernières semaines, de nombreux pèlerins sont venus (temps des  vacances  scolaires en  France). Il y avait  près de 100 personnes, à la  messe de samedi soir, le 27 février ! Le pèlerinage  des nouveaux arrivants a lieu, comme prévu, fin mars. Il  y a 5 inscrits ; il reste donc 3 places.

                A Ghardaïa, les « diocésains de cœur », Cécile et Alain Mignot, Benoît Blin, sont repartis heureux des amis rencontrés. « Que jusqu’à la prochaine rencontre, Dieu les garde dans la paume de ses mains !»
Les étudiants de la session d’arabe dialectal (méthode Kamel !)  sont allés  « souffler » un week-end à Ouargla : leur effort est très important et cela se voit sur leur visage ! La session se termine le 11 de ce mois
Denys Pillet est parti avec Anselme Tarpaga, à Alger, pour le Ribât des 5 et 6 mars; il y a retrouvé notre évêque.

                   Norbert Mwishabongo a été célébrer l’Eucharistie à El Goléa, pour la grande joie de sœur Marie Ignace ; il était accompagné de Sr Odile (FMM de Chechar, diocèse de Constantine), de passage dans le diocèse avec deux autres de ses sœurs.

                  A Ouargla, la paroisse accueille plusieurs étudiants subsahariens : ceux-ci mettent du dynamisme dans la vie paroissiale et de même, dans les liturgies. Le Père Anselme Tarpaga est plus particulièrement chargé d’eux ; leur besoin de réflexion et de formation est grand : ils sont chaque jour confrontés aux défis et aux questions de leurs collègues musulmans. Quelques-uns sont inscrits au pèlerinage « Au désert, je cherche ta face  », ouvert aux étudiant(e)s des autres diocèses (Cf. « Pax et Concordia ») et animé par Anselme,du 21 au 29 mars.
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Calendrier de notre évêque

1-3 mars : Alger : USMDA
4 mars : Alger. Ass. Gle ADA et ACRCA
5-6 mars : Alger : Ribât. Retour à Ghardaia.
12-13 mars : Inter secteur à Ghardaia
15-21 : Visites pastorales
23 : Conseil rapproché
Vers le 25 : Visites  pastorales (Pour Pâques)

A l’initiative du Ministère des Affaires religieuses, s’est tenu à Alger,

Le Colloque International sur l’exercice du culte, un droit garanti par la religion et par la loi

Le regard d’un participant


    L’ambiance était très fraternelle dans ce Colloque, organisé à Alger le Mercredi 10 et le Jeudi 11 Février 2010, par le Ministère des Affaires Religieuses.

    Environ 200 personnes, chrétiens et musulmans de divers pays : Algérie, Maroc, France, Allemagne, Egypte, Palestine, Etats-Unis, cherchaient à se rencontrer et à échanger dans les pauses ou les repas. Il y a eu des très bons échanges à ces moments-là.
    Chaque jour,  quatre séances de travail se sont déroulées, séparées par une pause ou par le repas de midi. Chaque séance comportait trois ou quatre conférences, suivies des questions, réflexions et des réponses.
    Certaines conférences étaient assez techniques, juridiques, mais il y a eu aussi des témoignages très concrets sur des rencontres interreligieuses.

    Tous les intervenants chrétiens ont remercié les responsables algériens pour la tenue de ce colloque. L’un ou l’autre a évoqué l’ordonnance de février 2006, qui réglemente l’exercice du culte non musulman en Algérie. Les aspects positifs en ont été soulignés,  mais il a été dit que les chrétiens rencontrent quand même des difficultés et qu’il fallait peut-être penser à revoir l’ordonnance.
    D’autres ont parlé de leur expérience personnelle de rencontre et de la richesse de tout ce qu’ils pouvaient partager. Ainsi des rencontres entre prêtres et Imams sont organisées en France, pour une connaissance mutuelle. Ces rencontres incitent les uns et les autres à avancer, tout en restant chacun fidèle à sa foi.
    Dans un débat, un chrétien a parlé de l’accompagnement spirituel des personnes, où un musulman exprime se sentir appelé à suivre Jésus. Il a affirmé qu’en répondant à cet appel, il ne faut pas oublier la souffrance de la famille de voir un des membres changer de religion. Il a cité des exemples concrets : dans une famille chrétienne connue, un enfant devient musulman. Il a connu aussi une famille musulmane, dont un des fils est devenu chrétien. Grande a été la souffrance de ces familles.

    Les intervenants musulmans ont aussi loué et remercié les responsables pour la tenue de ce colloque. Deux ou trois ont parlé de l’ordonnance de 2006. Une personne a dit qu’il ne fallait pas s’attendre à un changement de la loi prochainement et une autre semblait avoir du mal à comprendre les difficultés des chrétiens.
    Plusieurs ont affirmé la richesse de la rencontre entre chrétiens et musulmans. L’un a affirmé que la présence et l’amitié  des chrétiens et des musulmans ont aidé à sortir de la décennie de violence. Il a affirmé aussi que les musulmans se sentaient beaucoup plus proches des chrétiens que des islamistes qui prônent la violence.
              Un intervenant mozabite a parlé du rôle positif qu’a eu la présence des Pères Blancs et des Sœurs Blanches dans la région du M’zab.

    Les échanges étaient spontanés et libres. Un algérien musulman a raconté qu’il avait assisté à un prêche dans un Temple aux Etats-Unis. Il en avait été ému au point qu’il s’était présenté au prédicateur pour l’inviter à devenir musulman afin qu’il soit sauvé. Peu après cette intervention, un chrétien évangélique américain a dit que c’était très bien et que lui aussi aimait témoigner de sa foi et inviter les musulmans au christianisme. Il disait que c’était bon que chrétiens et musulmans témoignent de leur foi et invitent les autres à la partager, tout en se respectant et en s’appréciant.
    Le deuxième jour, une séance a été consacrée à présenter la réglementation de l’exercice du culte en Algérie, en France et en Allemagne.

    En résumé, un colloque très enrichissant, qui ne débouche pas sur une solution immédiate de nos difficultés, mais qui est porteur d’espérance.           

 Félix  Tellechea 

vicaire général du diocèse de Laghouat - Ghardaïa



 Le wali de Ghardaïa reçoit l'ambassadeur de France en Algérie
auquel il présente, comme il est d'usage, plusieurs délégations et personnalités,
dont Mgr Rault, évêque du sahara,

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